Nous tenons à remercier l'équipe HUT et tout le consortium, dont le travail et la passion ont été déterminants pour le succès de la conférence HUTlaconf2022.
- 1 https://www.hut-occitanie.eu/
1Dans le cadre de ses activités de recherche, le consortium HUT1 « HUman at home projecT » a organisé une série de manifestations scientifiques sur la thématique des environnements intelligents et l’impact du « tout numérique » sur la manière de concevoir et de vivre la ville intelligente de demain. Les questions posées lors du dernier colloque sur l’interdisciplinarité au service des environnements intelligents qui s’est déroulé les 16, 17 et 18 novembre 2022 à Montpellier avaient pour objectif d’étudier comment les espaces connectés pouvaient contribuer au bien-être de leurs habitants afin d’anticiper les nouveaux usages, d’évaluer le rôle des interfaces homme-machine et d’étudier la gestion et la protection des lacs de données générés par ces espaces.
- 2 Dans le cadre du programme HUT, le sous-projet Walk@Home, piloté par le directeur d’Euromov, vise (...)
2La « maison intelligente », l’espace architectural « connecté », l’« habiter augmenté », qui font depuis maintenant quatre ans l’objet d’une expérimentation « grandeur nature » au sein de l’appartement observatoire du projet HUT, nourrissent de nombreux espoirs, tout autant qu’ils alimentent de nombreux questionnements (Ait Haddou et al., 2018). HUT a par exemple expérimenté l’utilisation des dispositifs connectés à des fins de bien-être au travers du projet Walk@home2. Ce projet étudie le comportement locomoteur des usagers et a permis d'obtenir des informations précieuses sur le comportement spatial (trajectoire, stationnarité) mais aussi temporel (temps d'occupation, durée de la marche) en mobilisant l’approche interdisciplinaire (Sannier et al. 2021).
3Les environnements intelligents (ou connectés, ou Smart) déclinés en ville, quartier, bâtiment ou encore en logement intelligent, résultent de l’intégration de l’Internet des Objets (IoT) au sein de l’environnement construit. L’objectif de ces environnements intelligents est notamment de répondre aux besoins des habitants pour améliorer leur bien-être et leur sécurité tout en favorisant une meilleure gestion des flux et des ressources.
4La perception des objets connectés et la surcharge cognitive méritent une attention particulière. La prolifération des dispositifs intelligents peut entraîner une saturation d'informations, suscitant des préoccupations quant à la gestion de la surcharge cognitive. Comment concevoir des environnements numériques qui améliorent la qualité de vie sans accroître le stress et une certaine forme de burn out urbain? (Vidal 2020). Le bien-être est une notion multidimensionnelle par essence, qui englobe par exemple le bien-être physique et la santé, le bien-être psychologique et l’acceptation de soi, mais aussi le confort, les relations sociales et la maîtrise de l’environnement. Ce faisant le bien-être est aussi une question géographique (Bourdeau-Lepage et al. 2018). Partant de ses composantes historiques que sont la tradition hédonique qui met l’accent sur les affects positifs et négatifs, la satisfaction de vie d’une part, et la tradition eudémonique qui met en avant le fonctionnement positif et le développement personnel d’autre part, on peut se demander quelles dimensions du bien-être vont être impactées par ces espaces technologiques.
5Avec HUT, nous explorons les pistes d’adaptation pour mieux démocratiser les solutions technologiques dans l’environnement construit et ainsi esquisser un avenir numérique plus équitable, transparent et respectueux de la vie privée. De nombreuses disciplines participent. Chacune apporte ses méthodes, ses techniques d’investigation au bénéfice de la démarche collective. Ainsi, HUT travaille sur la notion d’environnement intelligent, dont l’évolution, depuis les années 60 avec les maisons reliées au réseau électrique et téléphonique, puis dans les années 80-90 avec l’informatisation des villes, puis enfin à partir des années 2010 avec la ville intelligente, ne cesse de massifier ses usages (Gallissot 2012).
6Ce numéro spécial issu d’un appel à contributions ouvert à toutes les disciplines telles que les sciences des modèles et de l'ingénieur, les sciences humaines et sociales (anthropologie, géographie, aménagement, sociologie, psychologie, philosophie, droit, économie, management, les sciences de l’information et de la communication, l'histoire et la théorie de l'art…), invitait à mettre en perspective les enjeux multiples des environnements intelligents. Ce volume comprend trois articles scientifiques et se complète d’un article varia sur la fracture numérique à Madagascar.
7L'article de Marielle Montginoul constitue une plongée dans l'univers de la télé-relève des compteurs d'eau et des services qui y sont associés. Il explore les interfaces entre le numérique, les environnements intelligents et leur interaction sociale du point de vue des logiques d’adoption.
8Un deuxième article proposé par Anne Sophie Cases et Claire Noy se penche sur une dimension essentielle de l'habitat connecté : la redéfinition de la valeur du temps à travers l'intégration d'objets connectés. En se basant sur l'idée que l'expérience des usagers dépend du nombre d'objets connectés interagissant ensemble, l'étude s'inscrit dans la lignée des travaux de Hoffman et Novak (2018). Elle explore comment la valeur attribuée à l'utilisation de ces objets influence la propension à les intégrer dans le quotidien au fil du temps, selon les concepts de Vargo et Lusch (2008). En mettant l'accent sur la définition du temps dans l'organisation quotidienne des occupants, cet article contribue ainsi à la compréhension approfondie des interactions entre les objets connectés, temporalité et bien-être dans les environnements intelligents.
9Le dernier article de Bernard Fallery revient sur l’échec de la tentative d’édification de la smart city de Google à Toronto. Il propose une réflexion critique sur le solutionnisme technologique, en pointant notamment la dimension éthique des projets d'hyper-connexion.