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Présentation

La Nouvelle Revue du Travail est une revue scientifique dont les auteurs, chercheurs ou praticiens, s’adressent au public académique et à celui des entreprises et des administrations publiques, à un moment où l’enseignement supérieur forme plus d’intervenants que de chercheurs. Le travail est pensé comme une notion transversale au carrefour des différents courants de la sociologie. La revue est ouverte à toutes les disciplines dès lors que les auteurs traitent du travail (au sens large). La nouvelle revue du travail s’intéresse au travail à l’échelle internationale ; elle encourage le bilinguisme en diffusant des articles publiés dans une des grandes langues internationales et en français.

Dernier numéro en ligne
26 | 2025
Le travail, espace du politique

Couverture 26 | 2025
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Crédits : ©Ministère de la Culture - Médiathèque du patrimoine et de la photographie, Dist. GrandPalaisRmn /Willy Ronis

Le Corpus de ce numéro s’intéresse aux implications politiques du travail : pourtant au cœur des questionnements fondateurs de la sociologie du travail, celles-ci ont été peu à peu délaissées par cette discipline, tandis que traditionnellement la sociologie politique les marginalise. Ce dossier rassemble une série d’articles illustrant une possible ouverture en cours de cette boîte noire. Il peut s’agir de différenciations dans les modes de participation dans l’entreprise et dans la cité (et de leurs liens) ou bien de relations entre les formes de désengagement professionnel et l’évitement des discussions politiques dans des collectifs de travail divisés. Un autre article traite de la manière dont l’expérience du travail ouvrier subalterne favorise à la fois la défiance vis-à-vis de la politique instituée, l’abstention et/ou le vote à l’extrême droite. Ce qui peut conduire, selon, un autre auteur, à un déplacement des conflits du travail en dehors des lieux d’exercice professionnel : selon quelles modalités et dans quelles conditions ? Le Corpus scrute aussi le renouvellement des modalités de défense de métiers ou de quête d’un sens social et écologique attaché à l’activité. Ces interrogations sur l’engagement professionnel et citoyen peuvent conduire à la reproduction d’une politisation à gauche, dans certaines fractions du salariat, notamment dans les services publics. Ainsi, ce Corpus éclaire les dimensions politiques du travail et les transformations profondes des rapports à la politique dans l’espace de travail qui ont marqué ces dernières décennies.

La Controverse, qui prolonge le Corpus, s’interroge sur la possibilité de voir la subordination dans le travail reculer ici et maintenant. Ou bien s’agit-il d’une naïveté, finalement coupable, si l’objectif reste de révolutionner les finalités sociales de la production définies par la structure de classes capitaliste. Le débat permet aux participant·e·s de préciser leur point de vue, leurs divergences et leurs convergences, sur une série de questions théoriques et politiques associées aux démarches visant à transformer le travail. Y compris en interrogeant le rôle actuel ou potentiel des organisations syndicales.

L'article de Varia interroge le rapport des propriétaires à leurs biens immobiliers, selon leur appartenance de classe. Il explore le « travail de la propriété », c’est-à-dire qu’il s’intéresse à l’ensemble des tâches que les propriétaires accomplissent sur et avec leur patrimoine (en premier lieu, leur logement pour les classes populaires et moyennes). Ce qui inclut le travail que réalisent les copropriétaires pour entretenir leur immeuble d’une part, à l’activité de loueur·loueuse de logements, d’autre part. Ce « travail » varie intensément d’une classe sociale ou d’une fraction de classe à l’autre, notamment parce qu’il est étroitement articulé à la position professionnelle et au rapport à l’emploi pour les uns et à l’importance du patrimoine immobilier pour les autres.

Dans Champs et contrechamps, les deux réalisateurs de Nomades du nucléaire, vivent comme eux et avec eux, dans des camping-cars, près des centrales nucléaires en France. Cette proximité physique conduit les documentaristes à faire vivre aux spectateurs les aspirations, les émotions et les troubles des techniciens prestataires d’EDF pour la maintenance des centrales nucléaires. L’entretien avec les réalisateurs revient sur les conditions du tournage et sur les interrogations partagées durant le montage par ceux-ci. Il met en exergue la qualité esthétique et sociologique du documentaire à partir de la sensibilité des deux cinéastes, de leur monteur et du compositeur de la musique originale. Trois longs extraits du film permettent de saisir sa portée et l’originalité esthétique.

Dans Matériaux et Méthodes, l’article présente les résultats empiriques d’une enquête ethnographique conduite dans un centre de l’Établissement public pour l’insertion dans l’emploi (l’Épide) situé dans la grande couronne parisienne. En combinant des notes d’observation et des extraits d’entretiens semi-directifs réalisés avec des « volontaires à l’insertion » et des agents, l’article interroge la fabrique d’un consentement à une discipline dite « d’inspiration militaire ». Si l’observation approfondie de l’apprentissage de « l’ordre serré » renseigne un mode de socialisation disciplinaire ancré dans des rapports sociaux de race et de classe, l’enquête de long terme et la réalisation d’entretiens semi-directifs montrent que les volontaires à l’insertion y consentent sans céder, dans l’espoir de construire une vie choisie.

La rubrique Recensions et notes de lecture rend compte de l’attachement de la sociologie et des autres sciences sociales à débattre des idées et des analyses que les un·es et les autres avancent dans leurs ouvrages scientifiques sur et autour du travail.

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