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Présentation

La Nouvelle Revue du Travail is a scientific review providing authors, researchers and practitioners with a forum for addressing academics, businesses and public administrations at a time when higher education has started to train more practitioners and experts than researchers. Work is viewed here as a transversal construct that exists at the intersection between the different currents found within the field of sociology. The review remains open to all disciplines insofar as authors focus on 'work', in the broadest sense of the term. La nouvelle revue du travail looks at work on an international scale and encourages bi-lingualism by publishing articles in both French and the main international languages.

Latest issue
22 | 2023
Innovation et travail

Innovation and work
Innovación y trabajo

Le Corpus de cette livraison de la Nouvelle Revue du Travail s’attaque à une question majeure : le rôle et les usages des innovations dans les entreprises et plus généralement par le pouvoir politique depuis plus d’un quart de siècle. Ce n’est pas une nouvelle tentative de taxinomie, mais la recherche des fonctions attribuées aux innovations au nom de l’efficience. Au-delà des raisons techniques et économiques, les articles qui suivent la présentation théorique et historique identifient d’autres facteurs justifiant les décisions d’innover. La logique et le dessein managériaux de l’innovation émergent ainsi de manière significative depuis plusieurs décennies sous la forme, entre autres, de dispositifs de gestion de la créativité ; ce phénomène s’accélérant depuis le début des années 2010. La recherche scientifique elle-même est fortement contrainte par les logiques de l’innovation, par exemple à travers le discours sur la start-up nation.

Alors, les querelles de définition de l’innovation dans le champ politique et dans l’action publique occupent une position de choix. Tandis que la représentation schumpétérienne célèbre la figure de l’entrepreneur aventureux, l’innovation et son développement en France demandent à être saisis dans leurs racines politiques. Ce numéro s’attache à mettre en exergue le socle partagé qui irrigue les pratiques tant du secteur public que du secteur privé. Tout l’enjeu est de décrire une sorte « d’idéologie dominante » autour de l’injonction à innover, laquelle s’affranchit des frontières d’espaces sociaux a priori régis par des logiques et des règles pourtant différentes.

Dans la Controverse, la Nouvelle Revue du Travail fait débattre deux enseignants-chercheurs sur la pratique plus ou moins intensive de la visioconférence dans leurs enseignements, dans le travail administratif d’accompagnement et dans la vie des laboratoires. La pandémie de la Covid-19 a introduit de façon rapide et inattendue l’enseignement en distanciel, hier disqualifié. Comment s’est déroulé cet apprentissage ? Qu’en reste-t-il ? Mais surtout quelles leçons tirer de ces pratiques et quels pourraient être les effets à moyen et long termes de cette technologie sur les relations pédagogiques ou, plus généralement, sur le métier ?

Dans la rubrique Varia, le premier article cherche à comprendre les conditions de renouvellement d’un collectif syndical CGT dans un hôpital psychiatrique, lors du départ du secrétaire de section : quelles recompositions locales et au fond, qu’est-ce qu’être secrétaire syndical ? Le second article montre, à partir de la lecture croisée de deux ouvrages récemment parus, l’extraordinaire contraste entre deux expériences dans le monde ouvrier : la victoire contre les licenciements économiques chez Lip en 1973 versus la solitude, la violence managériale et le paternalisme chez Michelin. Ce qui ne manque pas d’interroger les formes contemporaines d’action collective au travail. Le troisième article s’intéresse à l’injonction croissante à la mobilité des fonctionnaires avec ses modes d’intériorisation. Comment alors, cette norme construit des écarts entre généralistes et spécialistes, entre modèles familiaux et entre statuts d’emploi, écarts qui sont systématiquement défavorables aux carrières des femmes ?

Champs et contrechamps revient sur la construction de la « pensée manuelle » à partir d’une dizaine de films réalisés par les auteurs de l’article, à la fois dans le sport et dans le travail, essentiellement agricole. Les corps, les gestes et les mains témoignent d’une expression de l’identité professionnelle, sociale et corporelle des sujets filmés : les photogrammes de l’article montrent l’importance de l’approche ethnographique du geste par l’image.

Dans Matériaux et Méthodes, des travailleurs indépendants, concevant et réalisant des escape rooms, s’interrogent sur leur collectif de travail bâti autour d’un idéal d’horizontalité qui se trouve bousculé par les contraintes de la réalité quotidienne. C’est aussi l’occasion de revenir sur l’intérêt de l’entretien collectif pour produire des connaissances, y compris lorsqu’il conduit à l’émergence d’enjeux de régulation qui sont abordés et négociés pour la première fois dans le groupe…

Enfin, la section Recensions et notes de lecture présente une vingtaine d’approches critiques d’ouvrages plus ou moins récemment publiés.

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