1L’ouvrage présenté par Odina Sturzenegger-Benoist est le volume dédié à l’Argentine dans la collection « Méridiens » des éditions Karthala. Il s’agit, comme pour l’ensemble des autres volumes de cette collection, de brosser un tableau complet du pays dont il est question, sous ses différents aspects, historiques, géographiques et culturels, dans une optique de vulgarisation qui ne se départirait pas d’un souci de rigueur.

2Cet ouvrage relève donc un défi redoutable : retracer en 365 pages l’histoire complexe de ce grand pays latinoaméricain depuis les premières expéditions de conquête espagnoles, au début du XVIe siècle jusqu’à la présidence actuelle du président Nestor Kirchner, et mettre en lumière les principales caractéristiques sociales et culturelles qui font l’originalité de l’Argentine, en évitant les écueils mortels d’un trop grand schématisme historique et d’une vision folklorisante de ses habitants.

3Huit des seize chapitres sont logiquement consacrés à l’histoire du pays, les huit autres s’attachant à présenter les questions démographiques et culturels de la société argentine.

4La partie historique fait la part belle à l’histoire de l’Argentine indépendante : seuls deux chapitres sont en effet consacrés à la période coloniale, tandis que les six suivants retracent l’histoire mouvementée des XIXe et XXe siècles. On y retrouve un résumé clair des principales étapes de vie de la jeune république, des luttes de pouvoir des caudillos qui secouèrent les premières décennies de l’Argentine indépendante jusqu’aux conséquences désastreuses des dix ans de gestion néo-libérale du président Menem, en passant naturellement par l’âge d’or du début du XXe siècle, caractérisé par un essor prodigieux dans tous les domaines, la crise des années trente, l’ère péroniste et les dictatures militaires successives des années 1950-1980. Si l’espace et la nature même de l’ouvrage interdisent d’espérer y trouver une analyse véritablement profonde des problématiques historiques de chacune des époques traversées, il n’en reste pas moins que chaque chapitre offre au lecteur une présentation claire et un résumé de qualité, fondé sur une lecture en général bien informée des études historiques plus spécialisées qui apparaissent d’ailleurs en bibliographie à la fin du volume.

5Les chapitres 9 et 10 sont consacrés à la présentations des diverses composantes de la population argentine, indiennes, hispano-créoles et descendante des divers contingents d’immigrants européens dont l’importance numérique conjuguée à l’idéologie des élites créoles a pu faire croire au mythe d’une nation « blanche ». Cette dernière idée est naturellement battue en brèche et remise dans son contexte sociologique et historique, et l’on sait gré à l’auteur d’avoir rendu une profondeur historique aux groupes amérindiens vivant ou ayant vécu sur ce qui est aujourd’hui le territoire de la république argentine, d’autant que leur visibilité est d’autant plus réduite pour un lecteur français qu’il n’a guère accès aux études plus récentes qui corrigent cette vision faussée de la population argentine.

6Dans les derniers chapitres, Odina Sturzenegger-Benoist revient sur les principales productions culturelles ainsi que sur les divers aspects caractéristiques –on n’ose écrire « typiques »– de la société argentine. Le lecteur retrouvera donc un historique du tango, une présentation synthétique des principales figures de la littérature argentine, ainsi qu’une série de vignettes destinées à illustrer ce qui compose l’image du pays : Buenos Aires et le lunfardo, la pampa et ses gauchos, le football, la psychanalyse et le dulce de leche. Des instantanés qui ont leur place dans une collection consacrée explicitement aux voyages et découvertes et a pour ojectif premier d’ouvrir une fenêtre sur la réalité quotidienne de chacun des pays visités.