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1La lucha por la nacionalización del cobre est une recherche passionnante et très documentée. Elle retrace l’histoire des luttes sociales dans le monde des mines de Potrerillos et d’El Salvador, au nord du Chili. Renouant avec l’histoire récit, c’est un livre écrit à la manière d’un reportage. Nourri de témoignages, d’archives de presse, d’analyses et de commentaires, il met en intrigue le processus qui a conduit à la nationalisation de la firme étatsunienne Andes Copper Mining Company, et à l’engagement des mineurs au moment de l’Unité Populaire. L’histoire s’arrête brutalement sur l’arrêt de cette expérience ouvrière et sa répression à la suite du coup d’État militaire du 11 septembre 1973.

3Au fil du récit, René Cerda Inostroza interroge la vitalité du mouvement syndical. Il s’est imposé sur ces deux sites, en résistant au paternalisme patronal, à l’emprise et au contrôle de la firme. Il a fait face à l’autoritarisme et à la brutalité du gouvernement chilien venant défendre les firmes étatsuniennes dont il soutient les intérêts élargis à la suite du nouveau traité de 1955. Mais la situation est très différente en comparaison des CMI de Chuquicamata et El Teniente où l’emprise patronale reste forte. À Potrerillos depuis les années 1920, puis à El Salvador, le mouvement syndical s’est organisé. Il a construit le rapport de force qui lui a permis de s’affirmer comme l’interlocuteur auprès de la Andes Co. et de l’exécutif chilien, la Confédération des Travailleurs du Cuivre (CTC) créée en 1951 étant légalisée en 1955. René Cerda Inostroza observe conjointement l’évolution des revendications syndicales qui mobilisent les travailleurs durant des décennies. En effet, caractérisées par des demandes économiques (salariales) et locales dans les années 1950, elles sont élargies à des revendications plus politiques et nationales dans les années (nationalisation du cuivre), observables notamment avec les appels aux grèves de solidarité. Dans les années 1950, la demande de nationalisation était présente dans les revendications, mais elle relevait davantage de la rhétorique. Dans les années 1960, elle est devenue programmatique. À travers l’analyse du processus de chilénisation puis la nationalisation, René Cerda Inostroza montre en quoi les luttes portées par la CTC ont conduit à cristalliser une identité de classe au sein de la société minière de Potrerillos et El Salvador, et comment une aristocratie ouvrière a émergé dans ces CMI au cours des années 1950 et 1960. En ce sens, au moment de l’Unité Populaire et de la nationalisation, ils incarnaient l’une des figures de proue du mouvement social et de l’émergence du pouvoir populaire. Des cadres de la CTC ont ainsi participé à la direction de la compagnie minière nationalisée et expérimenté la nouvelle gestion d’une entreprise collectivisée. Le CMI d’El Salvador s’est alors engagé dans la bataille de la production, mobilisant pour ce faire les travailleurs, leurs familles, les militants et sympathisants, en appelant au travail volontaire. Conjointement, le site accroissait les investissements dans la santé publique, la lutte contre la silicose, l’éducation et les jardins d’enfants, le droit aux loisirs des familles.

4La lucha por la nacionalización del cobre, est ainsi un livre très stimulant sur la vitalité du mouvement social et l’originalité de l’expérience ouvrière chilienne dans les années 1950, 1960. Jusqu’à ce que le coup d’État militaire y mette un terme avec une grande violence, le 11 septembre 1973.