Introduction Paysages urbains Sociˇtˇs en mutation La ville transfigurˇe Conclusion
 
 

Depuis l’époque des grands muralistes mexicains, les murs sont devenus le reflet des aspirations, des craintes et des combats des populations latino-américaines. Entre les grandes fresques commanditées par les institutions publiques ou privées, afin d’inscrire leur projet politique et social dans une image consensuelle, les tags ou les graffs vite griffonnés par des jeunes en colère ou par des artistes de rue, comblent peu à peu tous les interstices du monde urbain. La peinture murale fait désormais partie du paysage : elle est le miroir de la ville qui lui sert à la fois de support et de modèle. Elle se confond parfois avec elle quand, par un effet de transparence et de trompe-l’œil, le dessin imite la ville pour mieux en dénoncer les dangers ou les travers. Perçue comme une agression par certains habitants, qui regrettent de voir leurs murs souillés par des délinquants armés de bombes aérosol, elle est aussi, indiscutablement, une forme d’art. En lui dédiant une exposition virtuelle, il ne s’agit pas pour Mondes Nouveaux de prétendre faire le tour d’une question complexe, mais plutôt de permettre aux lecteurs de se poser des questions sur l’évolution des traditions picturales en Amérique latine, à l’heure où la mondialisation semble favoriser une synthèse des cultures de la rue.

L’exposition présentée ici s’articule sur trois axes

 

Dans l’ancien quartier bourgeois de la capitale argentine, longtemps délaissé par les élites locales mais en cours de gentryfication, nombreux sont les murales, officiels ou non, qui jouent sur l’image du tango pour redonner une identité à des rues en quête d’un nouveau souffle. Derrière l’image d’Épinal de la femme fatale, à la jupe fendue et aux talons hauts, et de l’homme en complet veston, costaud mais élégant, c’est un portrait en pied de la société argentine qui apparaît — un portrait nostalgique, idéalisé, mais dont on a coupé la tête, comme si celle-ci n’avait plus vraiment d’importance.