Sur cette œuvre, créée par les patients, figurent les deux tours de l’abbaye de Mont-Saint-Éloi.
© D. Penez
1L’archéologie et la santé mentale sont deux mondes éloignés. L’un inspire le mystère et l’aventure, l’autre est souvent occulté. Le premier étudie le passé, le deuxième s’intéresse surtout au présent et à l’avenir de personnes qui souffrent de troubles psychiques. L’archéologue œuvre en plein air, le patient est enfermé dans ses pensées.
2Les projets culturels à destination de publics dits « éloignés » se multiplient ces dernières années. Les initiatives se développent auprès des malentendants, des malvoyants ou encore des détenus ou des personnes en difficultés sociales. Cependant, les actions envers les individus atteints de maladies psychiques sont encore rares. « Apporter sa pierre à l’édifice » est donc un projet novateur, né de l’association de la direction de l’Archéologie du Pas-de-Calais et du centre hospitalier d’Arras. Pendant un an, plus de 25 patients du pôle Santé mentale ont découvert l’archéologie et le Moyen Âge. Ils ont profité de cette ouverture sur l’extérieur pour s’exprimer, s’évader quelques instants et créer des œuvres originales.
3En quoi ce partenariat inédit a-t-il permis à la fois de valoriser le patrimoine local et d’apporter un apaisement à des personnes qui souffrent de pathologies psychiatriques ?
4La convention signée entre les deux institutions a donné le coup d’envoi à des rencontres marquées par une médiation adaptée au public ciblé. Les premières séances de travail avec les patients ont été une fenêtre sur le monde et une mise en valeur du patrimoine archéologique. Le processus de création qui a suivi, ainsi que la restitution du projet sous la forme d’une exposition et d’un livret, ont favorisé l’expression personnelle et la confiance en soi, deux objectifs thérapeutiques essentiels pour les soignants.
La santé mentale et l’art-thérapie en France
Selon l’Organisation mondiale de la santé, la santé mentale se définit comme un état de bien-être « dans lequel une personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté ». Elle peut être altérée par des troubles psychiques tels que la schizophrénie ou la bipolarité. Le handicap psychique est une conséquence de la maladie psychique. Généralement, les capacités intellectuelles sont préservées et peuvent évoluer dans un sens comme dans l’autre. En revanche, la possibilité de les mobiliser est déficiente. Le handicap mental a d’autres causes : traumatisme, anomalie génétique, accident cérébral, etc. Les capacités intellectuelles, et souvent aussi cognitives, sont limitées et restent stables.
D’après Santé mentale France, 22 % de la population est susceptible d’être touchée au moins une fois dans sa vie par un trouble de santé mentale. En France, plus de deux millions de personnes sont soignées ou accompagnées chaque année par les établissements sanitaires et médico-sociaux pour troubles ou handicap psychique. Les troubles les plus courants sont la dépression résistante, les schizophrénies, la bipolarité et « l’état limite ».
Les personnes atteintes de schizophrénie présentent des troubles cognitifs : difficulté à organiser sa pensée, une attention limitée, une mémoire altérée. Elles s’isolent, perdent du plaisir, deviennent apathiques, sans en avoir toujours conscience. Elles peuvent souffrir de perturbations des perceptions ou d’hallucinations qui peuvent conduire à des idées délirantes et des comportements incohérents.
Les troubles bipolaires se caractérisent par une alternance de phases maniaques où l’individu est hyperactif, euphorique, très productif, se considère sans limites, et de phases dépressives où le plus grand risque est le suicide.
La personnalité en « état limite » souffre d’une grande instabilité dans ses relations interpersonnelles et la gestion de ses émotions, d’une mauvaise appréciation d’elle-même, d’une impulsivité marquée. Les conséquences sont l’agressivité, l’automutilation et les tentatives de suicide.
L’art-thérapie est utilisée au quotidien dans les hôpitaux psychiatriques français en complément des soins médicaux apportés aux patients. À la clinique Aloïse-Corbaz d’Arras, où une centaine de lits sont ouverts, une galerie d’activités permet de proposer aux patients des travaux manuels et artistiques variés (peinture, mosaïque, menuiserie, poterie, cinéma, danse, etc.). L’importance de l’art dans la santé mentale est reconnue par de nombreuses études scientifiques et par une déclaration récente de la directrice régionale de l’Organisation mondiale de la santé pour l’Europe, le Dr Piroska Östlin. Lors d’une conférence à Helsinki en 2019, elle a déclaré que « faire entrer l’art dans la vie de quelqu’un par le biais d’activités telles que la danse, le chant ou la fréquentation de musées et de concerts nous donne une clé supplémentaire pour améliorer notre santé physique et mentale ».
5La direction de l’Archéologie du Pas-de-Calais réalise des diagnostics et des fouilles archéologiques sur tout le territoire du département. Les vestiges mis au jour sont étudiés et conservés dans les locaux de la maison de l’Archéologie du Pas-de-Calais. La direction de l’Archéologie a également pour mission de sensibiliser le public au patrimoine archéologique local. Sa politique de médiation culturelle est essentiellement tournée vers les scolaires et les familles. Cependant, elle développe depuis quelques années des actions dédiées à des publics spécifiques : accueil de jeunes d’IEM (Institut d’éducation motrice), participation au Gestival (festival à destination des publics malentendants et du grand public), accompagnement de familles issues du champ social en partenariat avec les services sociaux du département, projet intergénérationnel associant écoliers et résidents d’Ehpad (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). Afin de continuer dans cette voie de l’accès à la culture pour tous, l’équipe de médiation souhaitait mettre en place un projet à destination de personnes hospitalisées.
6De son côté, le centre hospitalier d’Arras mêle culture et santé depuis de nombreuses années déjà. En témoigne sa participation aux Journée européennes du patrimoine depuis six ans. Convaincus de l’influence de l’art sur la santé, en particulier mentale, les professionnels de santé s’engagent dans de nombreux projets en partenariat avec des artistes et des institutions culturelles, avec Tandem scène nationale par exemple. Ce dynamisme remarquable et cette ouverture sur l’extérieur n’avaient pourtant pas encore permis d’établir un lien avec l’archéologie.
7Avec de tels objectifs en commun, le partenariat entre les deux institutions était une évidence. Plusieurs rencontres professionnelles ont abouti à la signature d’une convention et à la définition d’un projet construit autour de l’exposition intitulée Apporter sa pierre à l’édifice. Archéologie de l’abbaye de Mont-Saint-Éloi. Elle venait d’ouvrir ses portes à la maison de l’Archéologie et présentait les fruits de six années de fouilles programmées au pied des deux tours de Mont-Saint-Éloi. Sur ce site emblématique des plaines de l’Artois, situé à 7 km d’Arras, les archéologues ont mis au jour les vestiges d’une abbaye à l’histoire millénaire. La vie quotidienne des religieux, l’évolution architecturale des trois églises qui se sont succédé au fil des siècles ainsi que les savoir-faire artisanaux du Moyen Âge étaient évoqués par des documents d’archives, des données archéologiques et des restitutions numériques en 3D.
8Le projet s’est déroulé sur un an et s’est décliné sous deux formes distinctes. D’une part, une exposition portant sur le métier d’archéologue et les découvertes archéologiques du site de l’abbaye de Mont-Saint-Éloi a été installée dans le hall de l’hôpital d’Arras. De janvier 2020 à janvier 2021, les objets archéologiques et les photographies de fouilles ont attiré des milliers de visiteurs, patients, accompagnants et professionnels. D’autre part, les médiateurs de la direction de l’Archéologie ont initié les patients au travail de l’archéologue, au patrimoine médiéval et aux techniques ancestrales du vitrail, de l’enluminure et de la calligraphie. Les soignants du pôle Santé mentale, pour qui le rôle essentiel de l’art-thérapie n’est plus à démontrer, ont été rapidement séduits par le côté artistique de ces ateliers.
9Au total, plus de 25 patients répartis en plusieurs groupes ont participé au projet. À la clinique psychiatrique Aloïse-Corbaz, ils souffrent de troubles bipolaires, de schizophrénie, de dépression ou sont dits en « état limite ». Ils peuvent être hospitalisés « à vie », sous contrainte ou de façon passagère, le temps de se stabiliser. Ils se trouvent parfois aussi en situation de handicap mental. À l’hôpital de jour Tony-Lainé, les personnes sont en voie de stabilisation. Elles sont accompagnées tous les jours de la semaine en vue d’un retour progressif à une vie sociale adaptée. Enfin, au centre d’accueil thérapeutique à temps partiel, les individus sont suivis une à trois demi-journées par semaine lors de séances individuelles ou collectives. Cette prise en charge permet de maintenir un lien avec des patients qui ont réintégré une vie sociale normale ou, dans de rares cas, de diagnostiquer des pathologies plus lourdes qui nécessitent un soutien plus fort. La variété des profils de patients s’annonçait comme un défi pour la médiatrice en charge des ateliers. Il fallait mettre en place une médiation adaptée aux contraintes de l’hospitalisation, au degré d’attention des patients, à leurs capacités cognitives et intellectuelles.
10Pour l’immense majorité des patients, l’archéologie était un monde mystérieux et lointain. Après l’appréhension que peut susciter une rencontre avec l’inconnu, c’est l’émerveillement qui a conquis les patients lorsqu’ils ont découvert le métier d’archéologue et l’histoire de l’abbaye de Mont-Saint-Éloi.
11Les premières séances, au printemps 2020, avaient pour objectifs la mise en valeur du patrimoine local et l’établissement d’une relation de confiance entre tous les participants. Certains patients ont pu se déplacer sur le site des deux tours de Mont-Saint-Éloi ainsi qu’à la maison de l’Archéologie pour visiter l’exposition Apporter sa pierre à l’édifice. Archéologie de l’abbaye de Mont-Saint-Éloi. Pour les autres, l’introduction à l’archéologie s’est déroulée dans les locaux de l’hôpital à travers la présentation d’objets archéologiques, d’outils d’archéologues et de photographies de fouilles. Les ateliers d’initiation au vitrail, à la calligraphie et à l’enluminure, d’une durée d’une à deux heures, ont tous eu lieu au sein de l’hôpital.
12Réunis autour d’une table, sans qu’aucune différence ne soit faite entre patients, soignants et intervenants, les participants commencent par découvrir le sujet à partir de supports visuels et d’objets à voir et à toucher. Une large place est laissée à la discussion, aux échanges, aux questions-réponses. Ces moments sont propices au dialogue, à l’éveil de la curiosité et à l’expression des sentiments : « C’est beau », « Et les vitraux de l’église de ma rue ? », « Depuis quand la plume en métal existe ? », etc. Parfois, les troubles psychiatriques reprennent le dessus : des questions ardues sur de petits détails anecdotiques, des associations d’idées qui dérivent vers des pensées malsaines. La présence du personnel soignant est absolument nécessaire pour identifier ces moments délicats, pour accompagner les patients et maintenir la cohésion du groupe. Lors de l’atelier calligraphie, une dame bipolaire s’est par exemple exclamée : « Un calame ? Oh, ça calme l’âme… » avant d’enchaîner sur des réflexions symptomatiques de la maladie. L’un des enjeux de la médiation dans ce contexte est de réussir à créer un espace de communication où chacun peut s’exprimer tout en veillant à ce que les mots utilisés n’engendrent pas de réactions démesurées.
13À chaque rencontre, un temps long est accordé à l’atelier pratique car le toucher et l’expérimentation revêtent autant d’importance, sinon plus, que la parole. La calligraphie et l’enluminure requièrent concentration, patience, minutie. Pour certains patients, l’attention portée sur le geste, la plume, le dessin ou la couleur est un moment de répit : ce sont quelques minutes d’apaisement pendant lesquelles les pensées suicidaires ou les hallucinations sont mises de côté. Pour d’autres, la finesse et la précision des gestes à adopter ont été un effort cognitif important. Pour tous, la technique semble inaccessible au début mais les encouragements portent leurs fruits et la satisfaction est finalement au rendez-vous.
14La pandémie de Covid-19 a malheureusement interrompu le projet pendant quelques mois. Cependant plusieurs patients ont profité de ce temps pour s’approprier les nouveaux savoir-faire acquis et pour commencer à créer des œuvres originales.
Une patiente, dite « en état limite », a trouvé dans la calligraphie un moyen de s’apaiser. Depuis, elle continue à pratiquer.
© CD62 / DA / J. Hucteau
15À l’automne 2020, le projet a enfin pu reprendre son cours. Lors d’une séance dédiée à l’architecture romane et gothique, les patients ont coopéré pour construire des maquettes de voûtes. Le travail de groupe est un exercice à visée thérapeutique particulièrement intéressant car chacun doit trouver sa place et interagir avec les autres.
16Les dernières rencontres étaient destinées à accompagner les patients dans un travail de réinterprétation des techniques artistiques médiévales. Des œuvres uniques, collectives ou individuelles, ont vu le jour.
17Les patients de la clinique Aloïse-Corbaz ont créé une œuvre collective impressionnante de par sa taille. À l’aide de cartons de récupération et guidés par une art-thérapeute, ils ont construit un arc brisé de deux mètres de haut. Ils ont ensuite découpé des papiers colorés translucides pour créer un vitrail à insérer à l’intérieur de la structure. La fabrication de cette imposante structure a permis à chaque patient de s’investir à la hauteur de ses capacités. L’association des couleurs donne des reflets d’une grande beauté et procure à chacun une sensation de plaisir parfois oubliée derrière la maladie.
18Au centre d’accueil thérapeutique à temps partiel, un vitrail en papiers translucides représentant les ruines de l’abbaye de Mont-Saint-Éloi a été produit. Il est le fruit d’un travail collectif et montre bien comment la découverte du patrimoine local a marqué les esprits des patients.
19Le grand médaillon figurant saint Éloi, créé par les patients de l’hôpital de jour Tony-Lainé, est certainement l’œuvre qui rassemble le plus de techniques artistiques différentes. Le personnage central est réalisé en broderie diamant, une technique qui nécessite des gestes précis, beaucoup de patience et qui évoque la brillance et la lumière du vitrail. Autour, des lettres en Zentangle® font penser à la calligraphie et à l’enluminure. L’ensemble est inséré dans le cadre d’une ancienne horloge dont les chiffres en métal imitent les baguettes de plomb du vitrail.
20Ces trois œuvres collectives originales sont nées alors que la collaboration entre patients est loin d’être évidente à cause des pathologies de chacun. Pour le personnel soignant, ces créations sont des réussites thérapeutiques.
21La plupart des patients ont aussi créé des œuvres individuelles. Quelques peintures sur verre et assemblages de papiers translucides reprennent les codes du vitrail. La calligraphie et l’enluminure sont les deux techniques qui ont le plus servi de support à la création artistique. Des poèmes, proverbes et citations au sujet de l’amour, du temps qui passe, de la guérison, du bonheur, de l’acceptation de soi et de ses difficultés, des sentiments, de la résilience prennent tout leur sens quand ils sont choisis, calligraphiés et enluminés par des patients qui souffrent de troubles psychiques.
22Toutes ces œuvres singulières ont été mises en lumière lors d’une exposition qui s’est tenue en décembre 2020 dans le hall de l’hôpital d’Arras. Grâce à une subvention de la Drac Hauts-de-France, un livret a aussi été édité et largement distribué. La mise sous cadre, la présentation sur chevalet, des photographies en gros plan et des éclairages travaillés révèlent la qualité du travail, la précision des détails et l’émotion du geste artistique.
23Les patients éprouvent une grande fierté à voir aboutir le projet de cette façon. Être capable d’aller jusqu’au bout de la démarche, présenter un travail fini, fruit d’un cheminement personnel ou d’une collaboration difficile, s’exprimer et accepter le regard des autres, sociabiliser et se réintégrer à la société : ces objectifs thérapeutiques sont atteints par la voie de l’archéologie.
Citation choisie, calligraphiée et enluminée par les patients.
© D. Penez
24Grâce au partenariat inédit entre la direction de l’Archéologie du Pas-de-Calais et le centre hospitalier d’Arras, le projet « Apporter sa pierre à l’édifice » a jeté un pont entre deux mondes, celui de l’archéologie et celui de la santé mentale.
25C’est par une médiation adaptée que ce lien avec un public dit « éloigné » a pu se tisser. En créant une relation de confiance et une atmosphère bienveillante, les professionnels de santé et de la médiation archéologique ont réussi à créer un espace de liberté qui a largement favorisé l’ouverture sur le monde, l’expression des ressentis et la création artistique.
26Pour les patients, les bénéfices thérapeutiques sont nombreux : connaissance et affirmation de soi, confiance en soi, acceptation de la maladie, apaisement des relations sociales, travail sur les émotions et les sensations, développement de la curiosité, progrès cognitifs, etc. À tel point que la calligraphie fait désormais partie des ateliers proposés régulièrement en galerie d’activités à la clinique Aloïse-Corbaz ! Si l’art-thérapie avait déjà prouvé son intérêt dans l’amélioration du bien-être chez les patients souffrant de troubles psychiques, ce projet montre que l’archéologie apporte elle aussi ses bienfaits. Elle interroge le passé, les vestiges encore visibles dans le paysage environnant. Elle élargit les horizons. Elle fait découvrir de nouvelles façons de penser et de voir le monde. Elle est source d’inspiration pour créer des œuvres contemporaines en réinterprétant d’anciennes techniques artistiques.
27Le projet a également bénéficié aux professionnels de santé mentale et de médiation archéologique. Certes, il a demandé un fort investissement en temps de travail, mais il a surtout été l’occasion d’un renouvellement des pratiques et la source d’une grande motivation. Les deux institutions se sont engagées à poursuivre leur partenariat. D’autres structures médicosociales se sont également manifestées pour tisser des liens avec l’archéologie et mettre en place des actions similaires. Si le bilan est si positif, c’est parce que tous les acteurs, patients, soignants et médiateurs, ont apporté leur pierre à l’édifice !
28L’autrice de l’article remercie chaleureusement tous les acteurs du projet : les patients pour leur confiance, les professionnels de santé pour leur bienveillance, les équipes du centre hospitalier d’Arras et de la direction de l’Archéologie du Pas-de-Calais pour leur soutien opérationnel et la Drac Hauts-de-France pour son appui financier.
« Santé mentale, renforcer notre action », OMS : https://bit.ly/3tUyW8U
Plaquette de présentation de Santé mentale France : https://bit.ly/3nQb31q
Site de l’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques : https://bit.ly/3lJ8NpU
« Pouvez-vous améliorer votre santé et votre bien-être en dansant ? Pour la première fois, l’OMS étudie le lien entre les arts et la santé », OMS Europe : https://bit.ly/3nQm0zO