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208 | 2024
avril 2024

Musées décentrés - Renouveler les regards sur les collections
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Crédits : The Michael C. Rockefeller Memorial Collection. Domaine public.

Notes de la rédaction

Une promesse d'altruisme

Ce numéro de La lettre de l’Ocim s’attèle à un vaste sujet : le décentrement. Un concept à géométrie variable, polyphonique, dont les origines pluridisciplinaires imprègnent la psychologie, la philosophie et la sociologie.

Dans le paysage dynamique des institutions muséales, une évolution notable prend forme : celle du décentrement du regard. Un concept qui embrasse des idéaux de pluralisme disciplinaire, d’universalisme, de décolonialisme, de déconstruction des récits dominants, qui défie les pratiques d’appropriation culturelle, les hiérarchies de pouvoir, l’anthropocentrisme, l’unicité de la perspective.

Le décentrement dans sa mise en pratique requiert un double mouvement de reconnaissance et de mise en lumière de ce qui est demeuré dans l’obscurité. Ce faisant, il fait appel à la capacité morale de l’individu à sortir desoi, à élargir son jugement pour envisager le regard d’autrui avec la même considération que le sien. Il confronte ainsi sérieusement les normes et conventions établies adeptes des prises de position qui ne livrent qu’une part de l’Histoire. Décentrer le regard c’est aussi prendre acte du caractère discriminatoire des catégories taxonomiques et des caractérisations utilisées en dehors du cadre idéologique qui les a vues naître. En quelque sorte, c’est réclamer une compréhension plus holistique des objets exposés, conservés, étudiés en intégrant la diversité des savoirs, notamment ceux des marges et des minorités.

En termes éthiques, le décentrement est une promesse d’altruisme, un appel à l’ouverture et à la remise en question de nos représentations du monde.

Mais plus largement, cela questionne toutes les tensions entre ancien et nouveau, entre singulier et pluriel, entre ici et ailleurs, entre l’intime et le public, où se niche un changement de nos outils théoriques. Il s’agit de penser le décentrement dans une quête de réévaluation et de réappropriation de l’histoire, sans gommer l’avant. C’est un moment privilégié où anciens et nouveaux ordres se trouvent confrontés, nous mettant ainsi en demeure de penser et de documenter le contemporain. Nous intimant la nécessité de faire lien, pour entrer dans cette dialectique du semblable et du différent, sans dichotomie. Un sujet passionnant sur lequel se penche notre dossier thématique, sans avoir la prétention de l’embrasser dans sa totalité.

Merci aux autrices et auteurs qui ont participé à l’élaboration de ce numéro.

Nous vous souhaitons une bonne lecture.

Isabel Nottaris, directrice de l’Ocim

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