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Se mobiliser pour le bien-être et la qualité de vie, des enjeux de la transition énergétique du Royaume-Uni

Mark Bailoni
p. 53-76

Résumé

Alors que le Royaume-Uni est engagé dans la décarbonation de son économie, avec comme objectif la neutralité carbone en 2050, la transition nécessaire de son modèle énergétique s’accompagne de nombreuses mobilisations citoyennes locales contre certains projets d’infrastructures. Dans ce contexte, cet article analyse les enjeux et les perceptions du bien-être et de la qualité de vie dans ces mobilisations locales. Il revient sur les évolutions de la stratégie énergétique du pays, très mouvante selon les gouvernements en place et le contexte politique général, montrant que le processus même de transition est loin d’être défini. Dans une approche plus générale, il montre aussi la prise en compte de plus en plus claire des notions de bien-être et de qualité de vie dans les réflexions sur la transition énergétique, avant d’étudier comment elles sont appréhendées par les populations locales mobilisées autour de projets énergétiques.

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Texte intégral

  • 1 Committee on Climate Change, Net zero: The UK’s Contribution to Stopping Global Warming, 2019, http (...)
  • 2 Sara Priestley, Net zero in the UK, Briefing Paper n°CBP8590 (Londres, House of Commons Library, 20 (...)
  • 3 Labour Party, Make Britain a clean energy superpower, 2024, https://commonslibrary.parliament.uk/re (...)

1Comme les autres États européens, le Royaume-Uni est engagé dans une profonde mutation de son modèle énergétique. En effet, le gouvernement de Theresa May (2016-2019) a légiféré en juin 2019 pour engager le pays vers le net zero, c’est-à-dire la décarbonation de son économie, d’ici à 2050, amendant ainsi le Climate Change Act de 2008. Cette loi demeure le pilier de la politique environnementale britannique, fixant des objectifs clairs de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. L’engagement du net zero en 2050 suit les recommandations de la Commission sur le Changement Climatique1, organisme public indépendant créé par la loi de 2008. Cet engagement a été repris, voire renforcé, par les principaux partis politiques dans leurs manifestes pour les élections générales de décembre 20192, montrant un consensus politique apparent sur la question. Le Royaume-Uni est le premier pays du G7 à légiférer sur un tel engagement. Si Rishi Sunak a renoncé à certains engagements intermédiaires en septembre 2023, il maintient officiellement le cap du net zero en 2050. Le parti travailliste promet lui de faire du Royaume-Uni « une superpuissance de l’énergie propre », s’engageant à une production décarbonée de l’électricité pour 20303.

  • 4 Simon Evans et Verner Viisainen, “Analysis: UK electricity from fossil fuels drops to lowest level (...)
  • 5 Simon Evans, “Analysis: UK emissions fall 3.4% in 2022 as coal use drops to lowest level since 1757 (...)
  • 6 Zeke Hausfather, “Analysis: Why the UK’s CO2 emissions have fallen 38% since 1990”, Carbon Brief, 4 (...)
  • 7 Selon l’historien Jean-Baptiste Fressoz (p. 18), « si l’on prend en compte le charbon incorporé dan (...)

2Cet objectif impose des mutations majeures dans la production énergétique, notamment la production d’électricité, et dans les systèmes productifs du pays, et renforce des engagements de la transition écologique. Une série de mesures a été annoncée, sur l’interdiction à terme des voitures thermiques, sur des investissements massifs dans les innovations en matière de stockage du carbone, sur le financement de la rénovation thermique des bâtiments, etc. Ainsi, conformément aux annonces de 2020, la dernière centrale thermique à charbon, celle de Radcliffe dans le Nottinghamshire, fermera au 1er octobre 2024, mettant fin à l’utilisation du charbon dans la production électrique du pays. Au printemps 2020, la production d’électricité s’est d’ailleurs faite pendant plusieurs semaines sans recours au charbon, qui représentait encore 75% du mix électrique en 1990. S’il s’agit là du résultat d’une conjonction particulière mêlant crise sanitaire – et donc baisse de la demande – et forte production d’énergies renouvelables, le pays est néanmoins engagé dans une transformation de fond. Le charbon n’a représenté que 1% de la production d’électricité en 20234, contre près de 40% en 2012 (voir figure 1). La part du gaz ayant aussi diminué, le Royaume-Uni n’a pas utilisé aussi peu d’énergies fossiles depuis 1957 pour produire de l’électricité. Et, plus généralement, la demande de charbon pour tous les secteurs confondus n’a pas été aussi faible depuis 17575 ! En conséquence, le recours aux énergies renouvelables a atteint un record en 2023 : elles représentent plus que 43% des sources utilisées pour produire de l’électricité, contre 33% pour les énergies fossiles. Conjointement à d’autres facteurs, notamment économiques, la forte diminution du recours au charbon permet au Royaume-Uni d’être le pays développé dans lequel les émissions de CO2 ont le plus fortement baissé depuis 30 ans6. Ceci doit néanmoins être relativisé, puisque la désindustrialisation du pays et l’importation de bien manufacturés produits en grande partie grâce au charbon, a délocalisé une grande partie de la consommation de charbon du Royaume-Uni7.

Figure 1 : Production d’électricité par source au Royaume-Uni entre 1998 et 2022 (en TWh) : l’usage du charbon diminue de 95% entre 2012 et 2019

Figure 1 : Production d’électricité par source au Royaume-Uni entre 1998 et 2022 (en TWh) : l’usage du charbon diminue de 95% entre 2012 et 2019

Graphique de l’auteur ; Source : Department for Energy Security and Net Zero (DESNZ), Digest of UK Energy Statistics (DUKES) Annual data for UK 2022, 2023, https://www.gov.uk/​government/​statistics/​digest-of-uk-energy-statistics-dukes-2023.

  • 8 Mark Bailoni, « Opportunités et acceptabilité de l’exploitation des gaz non-conventionnels au Royau (...)

3Cette politique de décarbonation de la production électrique et de l’économie britannique s’inscrit dans un contexte environnemental international, dans lequel le Royaume-Uni, comme ses voisins européens, a fixé des objectifs ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais elle s’inscrit également dans d’autres logiques spatiales, dans un contexte politique interne particulier et en réponse à de nombreuses mobilisations locales contestant le recours à certaines sources énergétiques. Ainsi, si la fin du charbon répond à des impératifs environnementaux et économiques, la multiplication des conflits locaux autour des sites d’extraction et des centrales thermiques, ainsi qu’autour des sites des nouveaux projets de mine à l’étude, ont également joué un rôle important dans les décisions politiques. Ces mouvements de contestation semblent avoir en effet précipité la fermeture des centrales thermiques et donc des exploitations8. Comme dans beaucoup de conflits locaux autour d’équipements énergétiques et industriels ou d’aménagements, ces mobilisations regroupent militants écologistes, activistes politiques et riverains. Si bien sûr la transition énergétique est au cœur de leurs revendications, la question du bien-être et de la qualité de vie sont également des facteurs très importants de mobilisation, notamment chez les riverains. C’est particulièrement net dans l’opposition au charbon dans les vieux territoires miniers et industriels, où les revendications pour rouvrir les mines semblent bien loin.

  • 9 La notion de transition, qui décrit un passage d’un état à un autre, est très large en sciences soc (...)
  • 10 Philippe Subra, Géopolitique locale (Paris, A. Colin, 2016).
  • 11 Ó Tuathail Gearoid, Critical Geopolitics: The politics of writing global space (Minneapolis, Univer (...)
  • 12 Le travail de terrain en géographie a pour objectif de s’imprégner des enjeux locaux liés à la ques (...)
  • 13 Ó Tuathail Gearoid et Agnew John, “Geopolitics and discourse”, Political Geography, 11(2) (1992), p (...)
  • 14 L’étude des représentations se fait à partir des entretiens, d’une analyse de la presse, notamment (...)
  • 15 Yves Lacoste, Dictionnaire de géopolitique (Paris, Flammarion, 1995).

4Il convient alors de s’interroger sur les enjeux et les perceptions du bien-être et de la qualité de vie dans la mobilisation des populations locales contre certains projets énergétiques, dans un contexte de transition9 portée par des impératifs environnementaux et surtout politiques. Cet article entend ainsi montrer comment la question du bien-être est prise en compte dans les politiques de transition énergétique au Royaume-Uni, et dans les mobilisations locales qu’elles suscitent. Cela contribuera donc à préciser les objectifs de cette transition énergétique. Ce travail s’appuie sur une approche géographique, et plus particulièrement de géopolitique locale10 et de géopolitique critique11, et sur une méthodologie axée sur un travail de terrain12 et d’analyse critique des discours13 et des représentations14 15.

L’absence d’une véritable stratégie de transition énergétique au Royaume-Uni

  • 16 Mark Bailoni, « Les évolutions du modèle énergétique britannique face aux enjeux géopolitiques inte (...)
  • 17 Department for Energy Security and Net Zero (DESNZ), Digest of UK Energy Statistics (DUKES) Annual (...)
  • 18 Le propos concerne ici l’ensemble du Royaume-Uni. Il y a en effet une certaine ambiguïté sur la res (...)

5L’engagement vers le net zero s’inscrit dans un contexte plus général de refonte du modèle énergétique britannique. En effet, au-delà de ses engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre, certes prioritaires, le Royaume-Uni a aussi entrepris de réformer complètement son modèle énergétique pour répondre à de nouveaux enjeux stratégiques apparus dès les années 199016. En effet, le pays doit trouver des ressources alternatives pour pallier le déclin de ses richesses naturelles (charbon et hydrocarbures de la mer du Nord), sur lesquelles il a construit son modèle énergétique, afin de garantir son approvisionnement et sa production électrique. Le pays est en effet entré dans une nouvelle ère de dépendance énergétique dans les années 2000 : s’il était exportateur net d’énergie jusqu’en 2004, cette tendance s’est inversée, pour arriver à une dépendance énergétique de l’ordre de 37% en 202217, notamment à la suite de la baisse de production des hydrocarbures. Toutefois, selon les orientations des gouvernements successifs depuis la fin des années 1990, cette mutation du modèle énergétique britannique doit rester économiquement soutenable et ne doit pas contribuer à augmenter la dette du pays, ni à handicaper la compétitivité de son économie. Le Brexit et les incertitudes qui l’accompagnent ont renforcé ce dogme gouvernemental. L’ambition serait même que cette mutation soit porteuse de croissance économique, grâce à l’emploi induit, à l’innovation et l’exportation de technologies. Les principaux partis politiques, conservateurs, libéraux-démocrates et travaillistes, sont d’accord sur les engagements de réduction des émissions de carbone et sur les objectifs économiques de la mutation du modèle énergétique britannique18.

  • 19 HM Government, “The UK Low Carbon Transition Plan - National Strategy for Climate and Energy”, 2009 (...)

6Cependant, malgré cet apparent consensus autour d’objectifs très ambitieux, la stratégie gouvernementale manque de cohérence et de stabilité depuis le début des années 2000. En effet, les travaillistes au pouvoir (1997-2010) ont longtemps tergiversé sur la relance du nucléaire, énergie certes contestée mais en grande partie décarbonée, avant d’en faire un pilier de leur low carbon transition lancée en 200919. Les conservateurs ont poursuivi ces objectifs, mais la construction de nouveaux réacteurs nucléaires a pris beaucoup de retard et certains projets ont même été abandonnés à cause d’un modèle économique trop incertain et d’un manque clair d’investissements de l’État. Les travaillistes ont certes promu le développement massif des énergies renouvelables et de l’éolien en particulier, mais les conservateurs ont ensuite réduit drastiquement les possibilités de développer des parcs éoliens terrestres (tout en développant les parcs offshore). Par ailleurs, le gouvernement Cameron (2010-2016) a envisagé l’exploitation du gaz de schiste – théoriquement moins émetteur de gaz à effet de serre que le charbon – mais un moratoire a par la suite arrêté toute prospection. Enfin, si la fermeture des centrales thermiques à charbon a été annoncée dès la fin des années 2000 et suivie des faits, réduisant drastiquement la consommation nationale de charbon, un projet de nouvelle mine a été approuvé par le gouvernement en décembre 2022.

  • 20 Neil Carter et Ben Clements, “From ‘Greenest Government Ever’ to ‘Get Rid of all the Green Crap’: D (...)
  • 21 Fiona Harvey, “Sunak’s U-turns make net zero harder and keep bills high, watchdog warns”, The Guard (...)

7Ces changements de cap et ces incohérences montrent que le net zero est conditionné par des nombreux facteurs politiques, électoraux, économiques et territoriaux, observables à des échelles différentes, qui s’ajoutent à des questions et des contraintes plus techniques (par exemple l’intermittence de l’éolien, la non maturité des techniques de stockage de l’énergie ou du carbone, les retards des programmes nucléaires, etc.). Ainsi, les mesures mises en place par le gouvernement Cameron à partir de 2015 pour freiner le développement de l’éolien terrestre, alors qu’il se présentait comme le gouvernement le plus vert de l’histoire, répondaient en grande partie aux revendications de l’électorat conservateur traditionnel des espaces ruraux anglais, radicalement opposé aux éoliennes20. De même, en septembre 2023, le gouvernement Sunak annonce l’ajournement de mesures visant à la disparition progressive des véhicules à moteurs thermiques ou des chaudières à gaz. S’il ne renonce pas au net zero, il compromet ainsi les possibilités d’atteindre cet objectif, s’attirant de vives critiques de la Commission sur le Changement Climatique21. Ce changement de cap répond avant tout à des objectifs politiques, cherchant à satisfaire l’aile droite du parti conservateur très sceptique sur les questions climatiques et environnementales, et alimentant certains discours populistes à un moment où les intentions de votes sont au plus bas pour le parti au pouvoir.

  • 22 Mark Bailoni, « La fin du charbon et le net zero : un modèle britannique de transition ? », Bulleti (...)

8Comme l’illustre cet énième revirement, les positionnements officiels des gouvernements conservateurs successifs ont été particulièrement versatiles, plus guidés par des objectifs électoraux que par une véritable vision claire et déterminée quant à l’avenir énergétique du pays. Ce dernier point est d’autant plus important que si l’objectif est là, la stratégie pour l’atteindre n’existe pas. Les étapes jusqu’en 2050 restent floues, sans réel objectif intermédiaire, sans analyse de l’impact de cette transition énergétique sur l’ensemble de l’économie, sans réelle alternative évidente à la suppression des sources d’énergie fossiles, et toujours suspendues à de nombreuses incertitudes techniques et financières. Si l’objectif final est là, il n’existe pour le moment aucun projet concret expliquant le modèle énergétique du pays en 2050, et donc encore moins de stratégie de transition – en tant que processus, que passage d’un état à un autre – ou de transition planifiée (quelle que soit la définition qu’on lui donnerait) pour aller vers ce projet inexistant22.

9Si la transition n’est pas officiellement définie par le gouvernement britannique, ses enjeux sont clairs : il s’agit de décarboner l’économie sans la contraindre. Au-delà du discours officiel, la question de la perception de ce que sont la transition énergétique/écologique et la décarbonation, est également essentielle, puisque la réussite de ces processus dépend aussi de l’adhésion des citoyens. Si la notion de transition énergétique apparait dans les années 1980, elle a beaucoup évolué depuis, notamment avec l’apparition de l’impératif climatique. Si elle reste très discutée et si ses définitions peuvent répondre à des ambitions politiques, économiques, intellectuelles et citoyennes diverses et parfois contradictoires, elle s’est également enrichie d’enjeux sociaux et sociétaux, notamment en matière de coût, d’inégalités, de conditions de vie ou de bien-être.

Le bien-être, question géographique, enjeu de la transition énergétique

  • 23 Tim Schwanen et Sarah Atkinson, “Geographies of wellbeing: an introduction”, The Geographical Journ (...)
  • 24 Danny Dorling, Injustice: Why social inequality persists, (Bristol, Policy Press, 2011).
  • 25 Sébastien Fleuret et Jérôme Prugneau, “Assessing students' wellbeing in a spatial dimension”, The G (...)
  • 26 Sarah Atkinson et Kerry E. Joyce, “The place and practices of wellbeing in local governance”, Envir (...)
  • 27 David Conradson, “Landscape, care and the relational self: therapeutic encounters in rural”, Englan (...)

10Les enjeux liés au bien-être et à la qualité de vie font l’objet de nombreux travaux de recherche en sciences humaines sociales, depuis les années 1970. Certains géographes contribuent à ces travaux23, par des approches quantitatives et qualitatives, en lien avec des thématiques classiques de la discipline et dans une approche spatiale fondamentale. Ils abordent par exemple l’enjeu du bien-être dans l’étude des inégalités socio-spatiales24, et plus généralement, en géographie sociale – notamment à travers différentes composantes de la population, souvent vulnérables, comme les personnes handicapées, les personnes âgées, les enfants, les étudiants25, etc. Les spécialistes de géographie de la santé, qui abordent les enjeux de santé dans de multiples dimensions, des inégalités à l’organisation spatiale des soins, en passant par les espaces thérapeutiques, s’en emparent également. La notion de bien-être apparait aussi dans l’analyse critique de la gouvernance, des politiques publiques et de l’aménagement des territoires26. À travers ces approches, ces géographes réfléchissent à ce que pourrait être un territoire du bien-être, aménagé et gouverné pour favoriser le bonheur personnel, des relations sociales apaisées, la réussite scolaire ou même dans une approche thérapeutique27.

  • 28 Antoine Bailly, Géographie du bien-être, (Paris, PUF, 1981).
  • 29 Sébastien Fleuret, « Bien-être, santé et territoire », Les Cahiers Nantais, (2) (2009), https://cah (...)
  • 30 Ian Gough, “Theories of wellbeing, Social policy”, association conference Well-being and Social Jus (...)
  • 31 Sébatien Fleuret, op. cit.

11Selon le géographe Antoine Bailly28, « rapport à la conscience, rapport à la société, rapport à l’espace, le bien-être est une notion qui fait appel à la fois aux analyses individuelles et collectives. Il nous renvoie à la totalité des relations entre les hommes, la société et le milieu ». Pour autant, le bien-être reste une notion relativement floue et mal définie en sciences sociales29, tant il dépend de l’angle d’approche, de l’échelle et de la méthodologie de ceux qui l’emploient. « Umbrella concept »30, voire concept fourre-tout, le bien-être est difficilement mesurable, car reposant sur une multitude de composantes et donc théoriquement sur une multitude d’indicateurs31.

  • 32 Guillaume Faburel, « Du paysage au bien-être : la puissance d’agir des habitants. Le cas des grands (...)
  • 33 Wil Gesler, “Therapeutic landscapes: an evolving theme”, Health & Place, 11(4) (2005), DOI: 10.1016 (...)
  • 34 Anne Sgard, « Une « éthique du paysage » est-elle souhaitable ? », VertigO, 10(1) (2010), DOI : 10. (...)
  • 35 Eloi Laurent (dir.), The Well-being Transition - Analysis and Policy, (Londres, Palgrave Macmillan, (...)
  • 36 Guillaume Faburel, « Le bruit des avions, facteur de révélation et de construction de territoires » (...)
  • 37 Jimmy Grimault, Un climat électrique : résistances aux nouvelles infrastructures de « transition én (...)
  • 38 Patrick Devine-Wright et Yuko Howes, “Disruption to place attachment and the protection of restorat (...)

12Les géographes abordent souvent le bien-être en lien avec l’un de leurs objets d’études privilégiés, le paysage32. Si le « beau » paysage – dont la définition est particulièrement subjective, tout comme celle du bien-être – possède une valeur thérapeutique33, il apparait également comme un idéal auquel aspirent les habitants et qu’ils sont potentiellement prêts à défendre. Comme le souligne la géographe Anne Sgard34, « tout lieu, toute portion de territoire peut être érigée en paysage, que chacun a dès lors le droit de revendiquer en paysage quotidien procurant bien-être et satisfaction, et dénoncer en son nom l’exclusion et la relégation ». Le paysage, le bien-être et la qualité de vie deviennent ainsi des enjeux de justice spatiale et environnementale35. En effet, défendre son environnement au sens général, son cadre de vie et donc son bien-être, est un élément clé pour comprendre la mobilisation de riverains dans des conflits d’aménagement36. Même quand l’environnement semble banal, avec des paysages communs de grande culture et des espèces animales non protégées, les riverains sont susceptibles de se mobiliser contre toute altération, au nom du bien-être et de la qualité de vie, comme l’a montré le géographe Jimmy Grimault37 à propos de l’implantation de parcs éoliens dans le Grand Est en France. L’attachement au lieu, parfois jugé comme un environnement réparateur, peut être perturbé par certains projets d’aménagement énergétique, et donc suscité une opposition locale forte38.

  • 39 Jimmy Grimault, « Spatialisation et territorialisation du grand éolien en France : le gigantisme co (...)

13La question du bien-être est également abordée par des géographes, parce qu’elle croise les enjeux du développement durable, concept – qui peut également être qualifié de fourre-tout – qui a été pleinement investi par la discipline et qui croise ambitions écologiques, économiques et sociales. Ainsi, aménager des territoires favorisant pleinement le bien-être et la qualité de vie, dans une approche à la fois sociale et environnementale, serait pleinement faire œuvre de développement durable. Naturellement favoriser le bien-être et la qualité de vie sont devenus des objectifs des transitions énergétique, écologique ou sociale-écologique – concepts qui ont succédé à celui de développement durable dans le vocabulaire politique, médiatique et scientifique. Par cette approche, la notion de bien-être peut également s’interpréter comme un enjeu de justice spatiale et environnementale, que la transition énergétique est censée favoriser39.

  • 40 Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), Changement climatique : les (...)
  • 41 Committee on Climate Change, Building a low-carbon economy – the UK’s contribution to tackling clim (...)
  • 42 HM Government, The UK Low Carbon Transition Plan - National Strategy for Climate and Energy, 2009, (...)
  • 43 Department of Health (DH), Health Effects of Climate Change in the UK, 2002, https://www.epicentro. (...)
  • 44Acting on climate change also brings the opportunity for wider benefits for our society individual (...)
  • 45 HM Treasury, Wellbeing Guidance for Appraisal: Supplementary Green Book Guidance, 2021)
  • 46 UK Health Security Agency (UKHSA), Health Effects of Climate Change (HECC) in the UK: 2023 report, (...)

14Les questions de bien-être et de qualité de vie sont prises en compte dès l’émergence des préoccupations environnementales, médiatisées à partir des années 1970. Dès son premier rapport (1992), le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)40 explique d’ailleurs que les changements climatiques pourraient avoir un impact sur le bien-être des sociétés humaines. Pour autant, la prise en compte du bien-être dans la transition et dans les politiques nationales est beaucoup moins précoce. Par exemple, dans le contexte britannique, le Climate Change Act 2008, texte phare qui fixe les objectifs de décarbonation de l’économie britannique à horizon 2050, n’évoque pas la notion de bien-être, ni les 511 pages de recommandations de la Commission sur le Changement Climatique41, ni le document-cadre qui en découle, publié par le gouvernement en 200942. Seuls les effets du changement climatique sur la santé sont alors abordés dans les rapports officiels43. Les enjeux liés au bien-être et à la qualité de vie dans la transition énergétique apparaissent seulement à partir de la fin des années 2010 dans les documents officiels britanniques, notamment en lien avec l’engagement d’atteindre le net zero pris par le gouvernement May en 2019. Le document-cadre publié à la suite de cette décision explique que « agir contre le changement climatique donne l’opportunité de bénéfices plus larges pour le bien-être individuel dans notre société, l’économie et l’environnement, de l’amélioration de la santé publique jusqu’à la protection de la biodiversité »44, alors que le Trésor souligne l’importance de favoriser le bien-être pour améliorer les résultats économiques du pays45. Les services de santé britanniques soulignent également les enjeux du bien-être dans la décarbonation du pays46.

15Dans ces documents officiels, la prise en compte du bien-être dans la décarbonation est cependant souvent réduite à trois dimensions, en lien avec la santé physique des individus : l’amélioration du confort des logements et la lutte contre la précarité énergétique ; la réduction de la pollution atmosphérique ; la lutte contre le réchauffement climatique et les températures extrêmes. Les autres aspects du bien-être et de la qualité de vie, notamment l’importance de la question paysagère, sont cependant négligés, contrairement à certaines mobilisations citoyennes.

Le bien-être et la qualité de vie, au cœur de mobilisations citoyennes

  • 47 Gordon Walker, “Renewable energy and the public”, Land Use Policy, 12(1) (1995), pp. 49-59; Devine- (...)

16Les questions énergétiques provoquent depuis plusieurs décennies de nombreux conflits locaux au Royaume-Uni, à propos du recours à telle ou telle source ou de projets d’infrastructures. Les enjeux de la mutation du modèle énergétique britannique et les réflexions liées à la nécessaire transition énergétique ont renouvelé contestations et mobilisations. Ainsi, le mouvement anti-nucléaire, issu des mouvances pacifistes des années 1950, reste particulièrement actif contre tout nouveau projet de réacteur. De même, le développement des parcs éoliens est fréquemment contesté par des riverains, et ce dès les premières implantations d’éoliennes dans les années 199047. Les projets d’exploitation de gaz de schiste suscitent également une opposition très forte.

  • 48We placed a moratorium on fracking in England with immediate effect. Having listened to local comm (...)

17Le recourt au gaz de schiste était soutenu par les gouvernements Cameron et May, ce qui pourrait paraitre paradoxal, puisque d’un côté, ces gouvernements entendaient décarboner l’économie, et de l’autre, ils soutenaient l’exploitation d’une ressource fossile particulièrement décriée pour son impact environnemental. Toutefois, le gaz de schiste était alors présenté comme une solution alternative et surtout temporaire, indispensable à la transition vers une économie décarbonée, et permettant de réduire la dépendance énergétique du pays et les importations de gaz. Cependant, face à une forte opposition, y compris de députés conservateurs, et suite de petits tremblements de terre après des tests de fracturation près de Blackpool, un moratoire est mis en place en 2019. Le manifeste conservateur de 2019 garantit ce moratoire jusqu’à ce que des avancées scientifiques permettent une exploitation sans risque48. Pourtant, au moment où elle était première ministre, Liz Truss a voulu lever le moratoire, que Rishi Sunak a confirmé en octobre 2022. Le parti conservateur est donc divisé sur la question, et certains dirigeants seraient toujours favorables à cette exploitation. Rishi Sunak n’a d’ailleurs jamais rejeté cette option. Les travaillistes et les libéraux-démocrates, comme les nationalistes gallois et écossais, y sont quant à eux radicalement opposés et prêts à légiférer sur l’interdiction de la fracturation hydraulique.

  • 49 Mark Bailoni, « La fin du charbon et le net zero : un modèle britannique de transition ? », Bulleti (...)
  • 50 Anthony Lewis, “Giant, filthy Ffos y Fran opencast mine in Merthyr Tydfil near people's homes order (...)

18L’extraction du charbon et son usage pour produire de l’électricité font également l’objet d’une forte mobilisation depuis plusieurs décennies. Des opérations spectaculaires, comme l’occupation de mines et de centrales, ont même été organisées par des militants écologistes dans les années 2000 et 2010, précipitant sans doute les annonces de son abandon49, même si des projets d’extraction existent toujours. Ainsi, dans le sud du pays de Galles, la mine à ciel ouvert de Ffos-y-fran et les projets de son extension ont focalisé la lutte contre le charbon dans les années 2010 jusqu’à sa fermeture en novembre 2023. Située à proximité de de Merthyr Tydfil, ville née de l’industrie et de la mine, Ffos-y-fran est alors la plus grande exploitation du Royaume-Uni. Elle fournit la centrale thermique d’Aberthaw, située à une quarantaine de kilomètres, jusqu’à la fermeture de cette dernière en mars 2020. Le fonctionnement de cette centrale était elle-même fortement contestée. La fermeture de la mine est décidée par le conseil du borough de Merthyr Tydfil en avril 2023, refusant alors une demande de prolongation de l’exploitation demandée par la compagnie Merthyr (South Wales) Ltd. Celle-ci arguait que, malgré la fermeture de la centrale, le charbon pourrait être vendu à l’usine sidérurgique Tata de Port Talbot (au sud du pays de Galles) ou à d’autres consommateurs (trains à vapeur patrimonialisés, particuliers, etc.), évitant ainsi les importations et maintenant les emplois au Royaume-Uni50. Sous pression du gouvernement gallois et de l’opposition locale, les autorités locales préfèrent alors respecter les engagements de sortie du charbon.

  • 51 Andera Brock et Alexander Dunlap, “Normalising corporate counterinsurgency: Engineering consent, ma (...)
  • 52 Steffan Messenger, “Coal: UK’s last opencast mine shuts after legal row”, BBC News (30 novembre 202 (...)

19La mobilisation contre le charbon et ses motivations sont très diverses. L’opposition est composée notamment d’ONG internationales, comme Friends of the Earth, Earth First! ou Greenpeace, qui agissent au Royaume-Uni et ailleurs dans le monde. Il y a par exemple de fortes connections entre la mobilisation anti-charbon au Royaume-Uni et celle contre les exploitations de lignite en Allemagne51. L’opposition comprend également des collectifs et associations britanniques, comme Campaign against Climate Change ou Reclaim The Power. Issus de Earth First!, des militants ont créé le collectif Coal Action Network en 2008 pour fédérer les oppositions locales aux différents projets miniers en cours dans le pays. C’est devenu un acteur central de l’opposition au charbon. Ces mouvements organisent de très nombreuses manifestations, très régulières, sur les sites concernés et les lieux de pouvoir où sont prises les décisions. Des évènements plus importants ont également été organisés, comme le End Coal Now Camp à proximité de la mine de Ffos-y-fran au printemps 2016, qui a rassemblé 9 000 personnes (selon les organisateurs), reprenant le modèle des camps pour le climat organisés autour des centrales thermiques de Drax en 2006 et de Didcot en 2015, ou autour de sites de prospection de gaz de schiste en 2013, 2014 et 2018. En effet, si ces manifestations réclament la fin de l’exploitation du charbon et la fermeture des centrales thermiques, leurs revendications sont souvent plus larges, dénonçant l’ensemble de la politique énergétique du gouvernement, les projets de fracturation hydraulique, des projets d’aménagement variés, comme l’extension d’Heathrow ou la construction de lignes à grande vitesse (la HS2), mais aussi la politique d’austérité du gouvernement britannique ou sa politique migratoire. Dans cette approche très large de la lutte écologiste et sociale, Extinction Rebellion, mouvement créé au Royaume-Uni en 2018, s’est également impliqué dans ces mobilisations, contre les projets de fracturation et contre l’exploitation du charbon à Ffos-y-fran. Ses membres y ont d’ailleurs mené une opération de blocage en juillet 2023, pour demander l’arrêt effectif des activités et pour dénoncer le manque de financements pour la renaturation du site, la compagnie n’ayant pas suffisamment abondé le fonds dédié à l’après-mine52.

20Au côté de ces grandes structures, dont les militants ne sont pas forcément que des locaux, des organisations locales, composées essentiellement de riverains et de militants écologistes locaux, se sont également constituées pour lutter contre le charbon, telle que le United Valleys Action Group (UVAG) fondé en 2003 spécifiquement pour réclamer la fin des activités sur la mine de Ffos-y-fran et s’opposer à toute extension. Cette mobilisation contre le charbon se compose donc en grande partie d’habitants de ces vallées galloises, c’est-à-dire issus des (anciennes) communautés minières. Si elle n’est pas unanime, cette opposition pourrait paraitre surprenante, tant le charbon est au cœur de l’identité de ces territoires, souvent encore touchés par des difficultés sociales importantes. La population locale dénonce les nuisances de l’exploitation (bruit ou poussière) et la pollution générée (méthane libéré par l’excavation ou pollution des machines excavatrices), d’autant plus que la mine de Ffos-y-fran est très proche des premières maisons de Merthyr Tydfil. La centrale d’Aberthaw est, elle, contestée localement pour ses émissions de dioxyde d’azote, deux fois plus importantes que celles autorisées, ce qui a d’ailleurs valu au Royaume-Uni d’être épinglé par la cour européenne de justice en septembre 2016. Un rapport de Friends of the Earth estime que la centrale a provoqué le décès prématuré de 18 000 personnes depuis son ouverture53. Les populations de ces vieux territoires miniers sont particulièrement sensibilisées à la question des retombées des microparticules autour des mines et des centrales, tant ces communautés ont été frappées par les problèmes sanitaires liés à l’exploitation du charbon et par les risques inhérents à l’activité minière.

  • 54 Les données exactes ne sont pas disponibles. Les articles de la BBC sur la fermeture de Ffos-y-fran (...)
  • 55 L’industrie minière des vallées du Sud gallois employait de l’ordre de 250 000 personnes à son apog (...)

21Par ailleurs, l’exploitation se faisant dans des mines à ciel ouvert et non plus dans des mines de fond, la perception même de la mine a beaucoup changé : d’une part, l’exploitation contemporaine, à l’aide d’immenses excavatrices, est loin du mythe de la mine et du mineur de fond tel qu’il reste célébré dans ces communautés ; d’autre part, les craintes sanitaires sont d’autant plus fortes que les poussières ne sont pas confinées dans des galeries. De plus, l’importance sociale de la mine contemporaine n’a plus rien à voir avec celle du passé : le site de Ffos-y-fran employait moins de 200 personnes54 avant sa fermeture, loin des milliers de mineurs encore actifs dans les années 198055. Enfin, autre rupture provoquée par l’exploitation à ciel ouvert, les paysages des vallées minières traditionnelles auxquels ces communautés restent profondément attachées, sont complètement transformés, renforçant l’opposition locale. L’attachement au paysage, même considéré comme banal et sans aménité particulière, est en effet un facteur majeur de mobilisation, comme l’ont montré d’autres travaux sur d’autres types d’espaces (voir supra). La mobilisation locale contre le charbon et les activités minières montrent que le contexte a beaucoup changé depuis les années 1980, quand les revendications locales étaient unanimement pour le maintien de l’activité, voire pour la réouverture des puits fermés (voir figure 2). Malgré un contexte social local encore compliqué, l’enjeu de l’emploi, mis en avant par la compagnie minière et ses soutiens politiques, n’est plus aussi décisif. Les questions environnementales, les paysages, la qualité de vie et le bien-être sont devenus clairement des enjeux prépondérants au regard des arguments avancés par les opposants, et, semble-t-il, incompatibles avec l’activité minière.

Figure 2 : L’évolution des perceptions du charbon dans les vallées minières galloises

a. Affiche soutenant la grève des mineurs (1984-85)

a. Affiche soutenant la grève des mineurs (1984-85)

Source : site museum.wales

b. Mobilisation écologiste pour la fermeture de la mine de Ffos-y-Fran (2016)

b. Mobilisation écologiste pour la fermeture de la mine de Ffos-y-Fran (2016)

Photo : collectif Reclaim The Power, 2016

22Cette logique, observée dans les vallées galloises, se retrouve dans d’autres vieux bassins miniers. Ainsi, de fortes mobilisations ont concerné le projet de mine à ciel ouvert à Bradley dans le Comté de Durham – où l’extraction a duré de fin 2018 à fin 2020, après que les autorités locales aient rejeté les demandes de prolonger l’exploitation – ou celui de Highthorn, au bord de la baie de Druridge dans le Northumberland, qui a été approuvé par les autorités locales, mais rejeté en septembre 2020 par le gouvernement, soucieux de verdir son image. En décembre 2020, le conseil de Newcastle a rejeté un autre projet de mine à ciel ouvert, à proximité de Throckley, dans la ceinture verte de la ville. Si à chaque fois des acteurs locaux défendaient ces projets, une forte opposition mêlant grandes organisations écologistes et riverains est apparue, autour des mêmes arguments environnementaux et sanitaires, avec une forte préoccupation locale pour la qualité de vie et le bien-être.

  • 56 Éléments clairement mis en avant sur la page d’accueil du site web de la compagnie : https://www.we (...)
  • 57 Fiona Harvey, “UK’s first new coalmine for 30 years gets go-ahead in Cumbria”, The Guardian, 7 déce (...)

23Malgré les échecs de ces nouveaux projets de mine à ciel ouvert, la fermeture progressive de celles en services, la fin de la production électrique par le charbon et les ambitions gouvernementales de décarbonation, un autre projet de mine de charbon a quant à lui reçu l’approbation du gouvernement, en décembre 2022. Il s’agit d’un projet de mine de fond – la dernière création d’une mine de fond en Angleterre remonte à 1991, et il n’en existe plus en activité depuis 2015 – près de Whitehaven sur la côte de Cumbria. Le site prévu pour la mine est une friche industrielle, à l’emplacement d’une ancienne usine chimique fermée en 2005. Si la compagnie West Cumbria Mining, financée par des capitaux australiens, envisage des processus de production réduisant les émissions et des compensations56, elle devrait produire de l’ordre 400 000 tonnes de gaz à effet de serre par an57. Si le gouvernement a accordé un droit d’exploitation jusqu’en 2049 – soit un an avant l’objectif fixé pour le net zero – sa décision va clairement à l’encontre de sa stratégie de décarbonation de l’économie et de ses engagements climatiques.

24Le charbon extrait doit avant tout servir à l’industrie sidérurgique. Toutefois, les producteurs britanniques ne souhaitent pas l’acheter, car d’une part il ne convient pas à leur usage, et d’autre part, les hauts-fourneaux des deux dernières usines sidérurgiques britanniques devraient fermer à court terme. En effet, British Steel (qui appartient au groupe chinois Jingye), qui exploite le site de Scunthrope, et Tata Steel, qui possède celui de Port Talbot, ont annoncé la conversion de leur production avec l’installation de fours à arc électrique, pour remplacer leurs hauts-fourneaux à charbon et décarboner leur production58. La plupart des autres sidérurgistes européens opèrent la même mutation, pour des objectifs similaires, ce qui réduit encore les marchés potentiels du charbon de Cumbria. Autre paradoxe, le gouvernement qui approuve donc l’ouverture de la mine pour fournir du charbon aux sidérurgistes, s’est engagé à verser des aides publiques pour aider Tata Steel et British Steel à investir dans des fours à arc électrique pour se passer du charbon. Selon les opposants à ce projet, l’accord gouvernemental serait une contrepartie accordée par Rishi Sunak à l’aile droite du parti conservateur et aux députés mécontents de la fin du moratoire sur les nouveaux projets de parcs éoliens terrestres59.

  • 60 Richard Frédéric, « La gentrification des « espaces naturels » en Angleterre : après le front écolo (...)

25Même si ce projet a été validé par le conseil du comté de Cumbria et que la compagnie promet la création de 500 emplois, il suscite une forte opposition, menée par les branches locales de grandes organisations, comme West Cumbria & North Lakes Friends of the Earth, des associations écologistes locales, comme South Lakes Action on Climate Change ou Climate Emergency West Cumbria, et par des riverains soucieux des nuisances, rassemblés entre autres dans l’association Keep Cumbrian Coal in the Hole. Si Whitehaven et d’autres localités littorales de Cumbria, comme Workington, ont été fortement marquées par la mine et l’industrie et ont subi une désindustrialisation très difficile, le site se trouve à proximité du parc naturel du Lake District, espace très singulier dans le Nord, qui a connu un processus marqué de gentrification rurale60 et où se concentrent des résidents très soucieux des enjeux environnementaux et très mobilisés. Par ailleurs, le site de la mine en projet se situe près de zones littorales sensibles (comme St Bees Head) et surtout de Sellafield, où sont stockés les déchets nucléaires britanniques. La question nucléaire est extrêmement conflictuelle dans la région : si d’un côté Sellafield est un important pourvoyeur d’emplois très qualifiés, de l’autre, il est le symbole du risque nucléaire, depuis l’accident de Windscale (ancien nom du site) en 1957. Le mouvement anti-nucléaire est ainsi très implanté dans la région et se mobilise également contre la mine. L’association Radiation Free Lakeland est d’ailleurs très impliquée, pour des raisons environnementales et idéologiques, mais aussi parce que l’exploitation minière, qui serait essentiellement sous-marine, pourrait contribuer à déstabiliser le sous-sol déjà très faillé, ce qui augmenterait le risque sismique autour de Sellafield. Entre les incohérences économiques du projet et les recours juridiques déposés, les opposants espèrent son abandon ou son interdiction. Les opposants à la mine usent également de nombreux arguments liés au bien-être et à la qualité de vie, notamment South Lakes Action on Climate Change qui a placé ces enjeux au cœur de son action.

  • 61 Christian Krekel et Alexander Zerrahn, “Does the presence of wind turbines have negative externalit (...)
  • 62 Philippe Subra, Géopolitique de l’aménagement du territoire (Paris, A. Colin, 2007).

26Si cette étude se focalise sur le discours des mouvements d’opposition au charbon, l’analyse des arguments de mouvements d’opposition à d’autres projets d’infrastructures énergétiques, comme l’éolien61 ou le gaz de schiste (figure 3), montrerait là-encore une place centrale des enjeux de bien-être et de qualité de vie. Les arguments liés au bien-être peuvent être utilisés dans une approche défensive, face à des projets d’infrastructure énergétiques, dont celles classiquement liées à la transition énergétique (éoliennes), pour dénoncer les changements qu’elles provoqueraient sur le territoire. Les arguments liés au bien-être peuvent aussi être utilisés pour encourager la transition énergétique et les changements qu’elle implique, notamment quand il s’agit de lutter contre le charbon et les pollutions qu’il engendre. Toutefois, si le bien-être est souvent évoqué dans ces mobilisations, il est rarement défini de manière claire, reproduisant finalement ce qui a été observé dans le champ scientifique. Il mêle des préoccupations diverses, notamment liés à la santé, au bruit, aux aménités paysagères, à la préservation d’identités territoriales spécifiques, voire à la justice spatiale et environnementale. Dans ces mobilisations, le bien-être s’oppose au risque et à la nuisance, autres notions polysémiques et largement dépendantes des représentations individuelles et collectives, transcendant les clivages politiques et incontournables dans les arguments des opposants à des projets d’aménagement62.

Figure 3 : Riverains opposés à la fracturation hydraulique pour préserver leur qualité de vie à Kirby-Misperton, Yorkshire (en haut) et à Roseacre, Lancashire (en bas)

Figure 3 : Riverains opposés à la fracturation hydraulique pour préserver leur qualité de vie à Kirby-Misperton, Yorkshire (en haut) et à Roseacre, Lancashire (en bas)

Photos de l’auteur, 2018

Conclusion

27Les nombreuses études menées dans différentes disciplines pour définir et évaluer les facteurs du bien-être montrent que celui-ci ne peut se réduire qu’à des critères liés à la bonne santé physique. D’autres éléments, plus subjectifs et moins tangibles, doivent également être pris en compte, notamment le cadre de vie, l’environnement et les paysages du quotidien, objets d’étude classiques des géographes. Par ailleurs, favoriser le bien-être et la qualité de vie sont devenus des enjeux de société, liés entre autres à la recherche d’une plus grande justice socio-spatiale et environnementale. À ce titre, les enjeux sociétaux du bien-être croisent ceux de la transition écologique/énergétique.

28Il n’est donc pas surprenant que le bien-être et la qualité de vie soient devenus des éléments extrêmement mobilisateurs dans les conflits locaux liés à la transition énergétique comme l’ont montré les exemples développés ci-dessus. Si l’évocation du bien-être recoupe souvent de multiples préoccupations pour les personnes mobilisées, elle traduit aussi à la fois une forme d’inquiétude face à la transition énergétique et aux changements qu’elle implique, et un espoir en celle-ci. Cela montre donc que le bien-être doit donc être un objectif fondamental de la transition énergétique, et qu’une transition réussie, quelle qu’elle soit et quel que soit le modèle auquel elle a abouti, devra avoir amélioré le bien-être des populations concernées.

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Notes

1 Committee on Climate Change, Net zero: The UK’s Contribution to Stopping Global Warming, 2019, https://www.theccc.org.uk/wp-content/uploads/2019/05/Net-Zero-The-UKs-contribution-to-stopping-global-warming.pdf

2 Sara Priestley, Net zero in the UK, Briefing Paper n°CBP8590 (Londres, House of Commons Library, 2019).

3 Labour Party, Make Britain a clean energy superpower, 2024, https://commonslibrary.parliament.uk/research-briefings/cbp-8590/

4 Simon Evans et Verner Viisainen, “Analysis: UK electricity from fossil fuels drops to lowest level since 1957”, Carbon Brief, 3 janvier 2024, https://www.carbonbrief.org/analysis-uk-electricity-from-fossil-fuels-drops-to-lowest-level-since-1957/

5 Simon Evans, “Analysis: UK emissions fall 3.4% in 2022 as coal use drops to lowest level since 1757”, Carbon Brief, 6 mars 2023, https://www.carbonbrief.org/analysis-uk-emissions-fall-3-4-in-2022-as-coal-use-drops-to-lowest-level-since-1757/

6 Zeke Hausfather, “Analysis: Why the UK’s CO2 emissions have fallen 38% since 1990”, Carbon Brief, 4 février 2019, https://www.carbonbrief.org/analysis-why-the-uks-co2-emissions-have-fallen-38-since-1990/

7 Selon l’historien Jean-Baptiste Fressoz (p. 18), « si l’on prend en compte le charbon incorporé dans les importations, la Grande-Bretagne consommerait 90 millions de tonnes (en 2016) – au lieu des 9 millions officiellement brûlées –, presque autant qu’à la veille de l’assaut de Margaret Thatcher contre les mineurs britanniques ». Fressoz Jean-Baptiste, Sans Transition – Une nouvelle histoire de l’énergie (Paris, Seuil, 2024).

8 Mark Bailoni, « Opportunités et acceptabilité de l’exploitation des gaz non-conventionnels au Royaume-Uni : un débat géopolitique », in Raggi Pascal (dir.), Un après-mine imprévu (Nancy, PUN - Editions Universitaires de Lorraine, 2019) ; Bailoni Mark, « La fin du charbon et le net zero : un modèle britannique de transition ? », Bulletin de l’Association de Géographes Français, 97(4) (2020), DOI : 10.4000/bagf.7480

9 La notion de transition, qui décrit un passage d’un état à un autre, est très large en sciences sociales (certains évoquent même un champ de recherche à part entière, les transition studies), et en géographie en particulier. Elle est souvent déclinée dans des approches particulières (la transition démographique, urbaine, alimentaire, paysagère, forestière, etc.), sectorielles (transition énergétique, agro-alimentaire, etc.) ou transversales (transition territoriale, écologique, etc.). Cette étude portera essentiellement autour de la notion de transition énergétique, c’est-à-dire au passage d’un système reposant sur des énergies fossiles ou de stock, à un modèle reposant sur des énergies de flux plus sobres et plus efficaces, qui peut être considérée comme un élément d’une transition écologique souvent défendue dans les discours politique et qui aspire à un modèle de société plus respectueux de l’environnement. La notion de transition énergétique comme écologique répond aussi à des objectifs sociaux, avec l’idée notamment de lutter contre les inégalités et la vulnérabilité énergétiques. Pour des définitions plus complètes, voir le glossaire du site Géoconfluences : https://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire

10 Philippe Subra, Géopolitique locale (Paris, A. Colin, 2016).

11 Ó Tuathail Gearoid, Critical Geopolitics: The politics of writing global space (Minneapolis, University of Minnesota Press, 1996).

12 Le travail de terrain en géographie a pour objectif de s’imprégner des enjeux locaux liés à la question étudiée, à la rencontre avec des acteurs clés et des habitants et à mieux comprendre les réalités spatiales du territoire étudié. Le propos de cet article s’appuie sur un travail de terrain effectué lors de plusieurs séjours au pays-de-Galles et dans le Nord de l’Angleterre, en 2018, 2019 et 2022.

13 Ó Tuathail Gearoid et Agnew John, “Geopolitics and discourse”, Political Geography, 11(2) (1992), pp. 190-204

14 L’étude des représentations se fait à partir des entretiens, d’une analyse de la presse, notamment locale, de la littérature grise (rapports techniques, contre-études, etc.), des productions diverses des différents acteurs et des réseaux sociaux.

15 Yves Lacoste, Dictionnaire de géopolitique (Paris, Flammarion, 1995).

16 Mark Bailoni, « Les évolutions du modèle énergétique britannique face aux enjeux géopolitiques internes », VertigO, 14(3),(2015), DOI : 10.4000/vertigo.15550

17 Department for Energy Security and Net Zero (DESNZ), Digest of UK Energy Statistics (DUKES) Annual data for UK 2022, 2023, https://www.gov.uk/government/statistics/digest-of-uk-energy-statistics-dukes-2023

18 Le propos concerne ici l’ensemble du Royaume-Uni. Il y a en effet une certaine ambiguïté sur la responsabilité de chacun en matière d’énergie, depuis la dévolution. Si théoriquement les enjeux de production et d’approvisionnement énergétique sont des domaines « réservés » (du gouvernement et Parlement britanniques), la politique nationale a des conséquentes fortes sur des domaines « dévolus » (aux institutions décentralisées), comme le développement économique, le logement, la pauvreté, la santé, l’environnement (autant d’éléments composant la notion de bien-être d’ailleurs), etc. Lié au modèle énergétique du pays, l’engagement du net zero pour 2050 concerne donc l’ensemble du Royaume-Uni. L’Écosse, le pays de Galles et l’Irlande du Nord ont donc tous légiféré à la suite de la loi de 2008 et de sa révision de 2019 pour atteindre cet objectif, que le Scottish National Party et le Plaid Cymru soutiennent pleinement. Les autorités écossaises ont même fixé un objectif encore plus ambitieux de zéro émission à 2045 par une nouvelle loi votée en septembre 2019.

19 HM Government, “The UK Low Carbon Transition Plan - National Strategy for Climate and Energy”, 2009, https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/228752/9780108508394.pdf

20 Neil Carter et Ben Clements, “From ‘Greenest Government Ever’ to ‘Get Rid of all the Green Crap’: David Cameron, the Conservatives and the Environment”, British Politics, 10 (2015), pp. 204-225

21 Fiona Harvey, “Sunak’s U-turns make net zero harder and keep bills high, watchdog warns”, The Guardian, 12 octobre 2023, https://www.theguardian.com/environment/2023/oct/12/sunak-u-turns-make-net-zero-harder-keep-bills-high-watchdog

22 Mark Bailoni, « La fin du charbon et le net zero : un modèle britannique de transition ? », Bulletin de l’Association de Géographes Français, 97(4) (2020), DOI : 10.4000/bagf.7480

23 Tim Schwanen et Sarah Atkinson, “Geographies of wellbeing: an introduction”, The Geographical Journal 181(2) (2015), DOI: 10.1 1 1 1/geoj.12132

24 Danny Dorling, Injustice: Why social inequality persists, (Bristol, Policy Press, 2011).

25 Sébastien Fleuret et Jérôme Prugneau, “Assessing students' wellbeing in a spatial dimension”, The Geographical Journal, 181(2) (2014), DOI: 10.1111/geoj.12098

26 Sarah Atkinson et Kerry E. Joyce, “The place and practices of wellbeing in local governance”, Environment and Planning C: Government and Policy, 29 (2011), pp. 133-148, DOI: 10.1068/c09200 ; Pacione Michael, “Urban environmental quality and human wellbeing: a social geographical perspective”, Landscape and Urban Planning 65, (2003), pp. 19-30.

27 David Conradson, “Landscape, care and the relational self: therapeutic encounters in rural”, England Health & Place, 11(4) (2005), DOI: 10.1016/j.healthplace.2005.02.004; Bourdeau-Lepage Lise, « Bien-être en Rhône-Alpes. Regards sur les inégalités entre espaces ruraux et espaces urbains », Géographie, Économie, Société 22(2) (2020), DOI : 10.3166/ges.2020.0018 ; Bourdeau-Lepage Lise, « Bien-être en ville et changement climatique, la part de la nature », Bulletin de l’association de géographes français, 99(4), (2023), DOI : 10.4000/bagf.10316 ; Bourdeau-Lepage Lise et Rolland Lisa, « Bien-être et diagnostic territorial », VertigO, 21(1) (2021), DOI : 10.4000/vertigo.31459 ; Bourdeau-Lepage Lise et Rolland Lisa, « Explorer le bien-être sur les territoires - Avancées méthodologiques et retour réflexif sur une recherche dite partenariale », Revue d’Économie Régionale & Urbaine, (2024), DOI : 10.3917/reru.pr1.0053

28 Antoine Bailly, Géographie du bien-être, (Paris, PUF, 1981).

29 Sébastien Fleuret, « Bien-être, santé et territoire », Les Cahiers Nantais, (2) (2009), https://cahiers-nantais.fr/index.php?id=794

30 Ian Gough, “Theories of wellbeing, Social policy”, association conference Well-being and Social Justice, University of Bath (27th-29th June 2005).

31 Sébatien Fleuret, op. cit.

32 Guillaume Faburel, « Du paysage au bien-être : la puissance d’agir des habitants. Le cas des grands projets d’équipement (et de leurs concertations officielles) », L’Information géographique, 81(4) (2017), DOI : 10.3917/lig.814.0058

33 Wil Gesler, “Therapeutic landscapes: an evolving theme”, Health & Place, 11(4) (2005), DOI: 10.1016/j.healthplace.2005.02.003

34 Anne Sgard, « Une « éthique du paysage » est-elle souhaitable ? », VertigO, 10(1) (2010), DOI : 10.4000/vertigo.9472

35 Eloi Laurent (dir.), The Well-being Transition - Analysis and Policy, (Londres, Palgrave Macmillan, 2021).

36 Guillaume Faburel, « Le bruit des avions, facteur de révélation et de construction de territoires », L’Espace géographique, 32(3) (2003), DOI : 10.3917/eg.323.0205 ; Subra Philippe, Géopolitique de l’aménagement du territoire, (Paris, A. Colin, 2007) ; Subra Philippe, « L'aménagement, une question géopolitique ! », Hérodote, 130 (2008), DOI : 10.3917/her.130.0222 ; Melé Patrice (dir.), Conflits de proximité et dynamiques urbaines, (Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2013).

37 Jimmy Grimault, Un climat électrique : résistances aux nouvelles infrastructures de « transition énergétique » et gouvernement des critiques dans les espaces ruraux populaires du Grand Est, Thèse, Université de Lorraine (2023).

38 Patrick Devine-Wright et Yuko Howes, “Disruption to place attachment and the protection of restorative environments: A wind energy case study”, Journal of Environmental Psychology, 30(3) (2010), DOI: 10.1016/j.jenvp.2010.01.008

39 Jimmy Grimault, « Spatialisation et territorialisation du grand éolien en France : le gigantisme contre l’utopie ? », Bulletin de l’association de géographes français, 96(4)(2020), DOI : 10.4000/bagf.7559

40 Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), Changement climatique : les évaluations du GIEC de 1990 et 1992, Organisation météorologique mondiale / Programme des Nations Unies pour l’environnement, 1992, https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/05/ipcc_90_92_assessments_far_full_report_fr.pdf

41 Committee on Climate Change, Building a low-carbon economy – the UK’s contribution to tackling climate change, 2008, https://www.theccc.org.uk/publication/building-a-low-carbon-economy-the-uks-contribution-to-tackling-climate-change-2/

42 HM Government, The UK Low Carbon Transition Plan - National Strategy for Climate and Energy, 2009, https://assets.publishing.service.gov.uk/media/5a74b4b1e5274a3cb2866852/9780108508394.pdf

43 Department of Health (DH), Health Effects of Climate Change in the UK, 2002, https://www.epicentro.iss.it/ambiente/pdf/c-change_Uk02.pdf

44Acting on climate change also brings the opportunity for wider benefits for our society individual wellbeing, economy, and environment from improving public health to protecting biodiversity”, HM Governement, Net Zero Strategy: Build Back Greener, 2021, p.50.

45 HM Treasury, Wellbeing Guidance for Appraisal: Supplementary Green Book Guidance, 2021)

46 UK Health Security Agency (UKHSA), Health Effects of Climate Change (HECC) in the UK: 2023 report, 2023.

47 Gordon Walker, “Renewable energy and the public”, Land Use Policy, 12(1) (1995), pp. 49-59; Devine-Wright Patrick, “Beyond NIMBYism: Towards an Integrated Framework for Understanding Public Perceptions of Wind Energy”, Wind Energy, 8(2) (2005), pp. 125-139, DOI : 10.1002/we.124

48We placed a moratorium on fracking in England with immediate effect. Having listened to local communities, we have ruled out changes to the planning system. We will not support fracking unless the science shows categorically that it can be done safely.”

49 Mark Bailoni, « La fin du charbon et le net zero : un modèle britannique de transition ? », Bulletin de l’Association de Géographes Français, 97(4) (2020), DOI : 10.4000/bagf.7480

50 Anthony Lewis, “Giant, filthy Ffos y Fran opencast mine in Merthyr Tydfil near people's homes ordered to close”, Wales Online, 26 avril 2023) https://www.walesonline.co.uk/news/wales-news/huge-dirty-dusty-open-cast-26788484

51 Andera Brock et Alexander Dunlap, “Normalising corporate counterinsurgency: Engineering consent, managing resistance and greening destruction around the Hambach coal mine and beyond”, Political Geography, 62 (2018), pp. 33–47.

52 Steffan Messenger, “Coal: UK’s last opencast mine shuts after legal row”, BBC News (30 novembre 2023), https://www.bbc.com/news/uk-wales-67564413

53 Chris Austin, Aberthaw Power Station, Cardiff, Friends of the Earth Cymru, 2016, https://foe.cymru/sites/default/files/6507_aberthaw_a4_doc_english_online_V5-ilovepdf-compressed.pdf

54 Les données exactes ne sont pas disponibles. Les articles de la BBC sur la fermeture de Ffos-y-fran parlent du licenciement de 115 personnes, avec le maintien d’une petite équipe sur place pour sécuriser et entretenir le site, et pour préparer l’après-mine. Les conservateurs gallois – qui regrettent la fermeture et critiquent l’action des travaillistes locaux – évoquent la perte de 200 emplois.

55 L’industrie minière des vallées du Sud gallois employait de l’ordre de 250 000 personnes à son apogée, dans les années 1910 et 1920. Il y avait encore 22 000 mineurs dans les années 1980, notamment au moment de la grande grève de 1984-85. Début 2024, seul le site de Aberpergwm produit encore du charbon (un anthracite particulier) au pays de Galles, mais n’emploie que 160 personnes selon la compagnie exploitante (Energybuild).

56 Éléments clairement mis en avant sur la page d’accueil du site web de la compagnie : https://www.westcumbriamining.com/

57 Fiona Harvey, “UK’s first new coalmine for 30 years gets go-ahead in Cumbria”, The Guardian, 7 décembre 2022, https://www.theguardian.com/environment/2022/dec/07/uk-first-new-coalmine-for-30-years-gets-go-ahead-in-cumbria

58 Si cette mutation de la production devrait permettre de garantir des activités industrielles en parallèle aux objectifs de décarbonation, elle aura un coût social, car plusieurs milliers d’emplois devraient être supprimés dans le secteur. La production par arc électrique nécessite en effet moins de main d’œuvre que les haut-fourneaux.

59 Selon le Climate Change Committee, opposé à ce projet : https://www.theccc.org.uk/publication/letter-deep-coal-mining-in-the-uk/

60 Richard Frédéric, « La gentrification des « espaces naturels » en Angleterre : après le front écologique, l’occupation ? », L’Espace politique 9(3) (2009), DOI : 10.4000/espacepolitique.1478

61 Christian Krekel et Alexander Zerrahn, “Does the presence of wind turbines have negative externalities for people in their surroundings? Evidence from well-being data”, Journal of Environmental Economics and Management 82 (2017), DOI: 10.1016/j.jeem.2016.11.009

62 Philippe Subra, Géopolitique de l’aménagement du territoire (Paris, A. Colin, 2007).

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Table des illustrations

Titre Figure 1 : Production d’électricité par source au Royaume-Uni entre 1998 et 2022 (en TWh) : l’usage du charbon diminue de 95% entre 2012 et 2019
Crédits Graphique de l’auteur ; Source : Department for Energy Security and Net Zero (DESNZ), Digest of UK Energy Statistics (DUKES) Annual data for UK 2022, 2023, https://www.gov.uk/​government/​statistics/​digest-of-uk-energy-statistics-dukes-2023.
URL http://journals.openedition.org/osb/docannexe/image/6542/img-1.png
Fichier image/png, 81k
Titre a. Affiche soutenant la grève des mineurs (1984-85)
Crédits Source : site museum.wales
URL http://journals.openedition.org/osb/docannexe/image/6542/img-2.png
Fichier image/png, 657k
Titre b. Mobilisation écologiste pour la fermeture de la mine de Ffos-y-Fran (2016)
Crédits Photo : collectif Reclaim The Power, 2016
URL http://journals.openedition.org/osb/docannexe/image/6542/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 188k
Titre Figure 3 : Riverains opposés à la fracturation hydraulique pour préserver leur qualité de vie à Kirby-Misperton, Yorkshire (en haut) et à Roseacre, Lancashire (en bas)
URL http://journals.openedition.org/osb/docannexe/image/6542/img-4.jpg
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Crédits Photos de l’auteur, 2018
URL http://journals.openedition.org/osb/docannexe/image/6542/img-5.jpg
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Pour citer cet article

Référence papier

Mark Bailoni, « Se mobiliser pour le bien-être et la qualité de vie, des enjeux de la transition énergétique du Royaume-Uni »Observatoire de la société britannique, 32 | -1, 53-76.

Référence électronique

Mark Bailoni, « Se mobiliser pour le bien-être et la qualité de vie, des enjeux de la transition énergétique du Royaume-Uni »Observatoire de la société britannique [En ligne], 32 | 2024, mis en ligne le 31 décembre 2024, consulté le 17 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/osb/6542 ; DOI : https://doi.org/10.4000/13byw

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Auteur

Mark Bailoni

Université de Lorraine, LOTERR 

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Droits d’auteur

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