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Indécision vocationnelle des adolescent·es et jeunes adultes avec un trouble du spectre de l’autisme : revue de la littérature

Vocational indecision in adolescents and young adults with autism spectrum disorder : A systematic review
Solenn Vaillant, Emmanuelle Bonjour and Sandrine Le Sourn-Bissaoui
p. 367 – 391

Abstracts

People with ASD struggle to access and remain in the workplace. The french national strategy « autism within neurodevelopmental disorders » acknowledges « insufficient anticipation of transitional moments » as an obstacle to the socio-professional integration of young adults with ASD. Vocational indecision is one of the potential barriers to the elaboration of career projects identified during typical development ; it is therefore justified to question the relevance of this factor and its measurement in order to adapt support practices to the specific characteristics of people with ASD. To achieve this objective, our review systematically explores the international literature (between 1975 and 2021) on vocational indecision in young people with ASD. We identify the likely existence of vocational indecision in these people. Potential singularities in its expression suggest new paths for future research and adapted support.

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Full text

Introduction

1Le trouble du spectre de l’autisme (TSA) est un trouble du neurodéveloppement (TND) caractérisé par des difficultés dans la communication et les relations interpersonnelles, des intérêts restreints et des comportements stéréotypés apparaissant dès la petite enfance (Crocq et al., 2016). Ces particularités peuvent avoir un impact fonctionnel sur le quotidien personnel, scolaire et/ou professionnel des personnes avec un TSA. Les chiffres de l’insertion socioprofessionnelle reflètent bien cet état de fait : uniquement 0,5 % des personnes avec un diagnostic de TSA posé travailleraient en milieu ordinaire (Secrétariat d’État chargé des personnes handicapées, 2018). Ces personnes ont ainsi plus de difficultés à accéder à l’emploi et à s’y maintenir que les personnes au développement typique (Centre Ressource Autisme (CRA) Bretagne, 2017 ; Schovanec, 2017). Ce constat vaut également lorsqu’on compare leur insertion à celle de personnes présentant d’autres handicaps (Reyes et al., 2022 ; Roux et al., 2013). La stratégie nationale 2018-2022 « Autisme au sein des troubles neurodéveloppementaux » prend d’ailleurs en compte cette problématique de l’insertion dans son engagement n° 4 « soutenir la citoyenneté des adultes » (Secrétariat d’État chargé des personnes handicapées, 2018). Néanmoins, la nature exacte des obstacles auxquels les personnes avec un TSA sont confrontées reste peu explorée. Parmi eux, l’insuffisante anticipation et préparation des moments charnières au cours de la scolarité est considérée comme un facteur de risque des ruptures de parcours (Secrétariat d’État chargé des personnes handicapées, 2018). Aussi, un certain nombre d’études sur la problématique de l’emploi des personnes avec un TSA se concentrent sur les années antérieures à l’arrivée sur le marché de l’emploi, avec un focus particulier sur les périodes de transition (Alverson et al., 2019 ; Nuske et al., 2019).

2Durant ces périodes de transition, les personnes avec un TSA sont amenées à choisir parmi différentes options d’orientation, de formation ou de carrière. Les difficultés rencontrées pour effectuer et exprimer un choix entre différents parcours scolaires ou professionnels caractérisent le concept d’indécision vocationnelle. Dans le cadre du développement typique, de nombreux travaux s’intéressent à ce concept et à son rôle lors des périodes de transition (Creed et al., 2005 ; Lam & Santos, 2017). L’indécision vocationnelle est ainsi associée dans la littérature à un large éventail de variables individuelles ou environnementales, incluant des obstacles à la carrière, des facteurs liés à l’identité, le sentiment capacitaire, les compétences de prise de décision ou encore des stratégies d’adaptation (Stărică, 2012). Si ce concept apparaît dans les recherches à la fin des années 1970, à la convergence de plusieurs champs théoriques, il n’existe toujours pas, aujourd’hui, de définition consensuelle du concept, ni d’outil partagé pour l’évaluer et soutenir l’accompagnement vocationnel (Xu & Bhang, 2019). En effet, les échelles existantes se basent sur des socles théoriques différents, entraînant ainsi une confusion terminologique et des usages synonymiques des termes « vocationnel », « de carrière », « professionnel » dans la littérature. L’indécision vocationnelle est ainsi définie selon quatre grands courants théoriques : (1) l’approche développementale considérant l’état d’indécision vocationnelle comme une étape à part entière du développement, (2) les modèles de la personnalité y voyant l’expression d’un état d’indécision chronique, (3) l’approche cognitiviste la considérant comme un dysfonctionnement et s’attachant à identifier les facteurs individuels qui la sous-tendent. Enfin, (4) les modèles les plus récents tentent d’intégrer ces différents courants dans une approche multidimensionnelle conceptualisant l’indécision vocationnelle comme étant le résultat d’une diversité de processus individuels et environnementaux.

3La conception développementale de la notion d’indécision décrit, au cours de l’adolescence, une période transitoire d’élaboration des choix scolaires et/ou professionnels. Cette conception articule, notamment, le développement vocationnel aux notions de soi et d’identité. Les individus élaborent, au cours de ces étapes développementales, un « Soi vocationnel » rassemblant les attributs de soi qui semblent les plus pertinents sur le plan vocationnel (Super, 1963) et qui pourraient s’incarner dans des choix professionnels. La notion de Soi vocationnel se rapproche, ici, de celle d’identité professionnelle proposée par Holland, qui se caractérise par une représentation claire, stable et cohérente des objectifs, intérêts et capacités d’une personne (Holland, 1997 ; Holland et al., 1980). Ces caractéristiques clairement identifiées ont un impact positif sur la décision vocationnelle et la confiance en sa propre capacité à prendre de bonnes décisions en contexte d’incertitude. D’après ces modèles, l’indécision vocationnelle se réduirait au cours du développement de la personne, au fur et à mesure de la construction de son identité vocationnelle. Pourtant, chez de nombreux jeunes, l’indécision vocationnelle perdure au-delà de l’adolescence (Lannegrand-Willems & Perchec, 2017). Une hypothèse, pour expliquer ce phénomène, serait qu’elle signe plutôt, dans ce cas, une indécision chronique, ie. la manifestation d’un trait de personnalité indécise (Fabio et al., 2013). La nécessité d’adapter les pratiques d’orientation et d’accompagnement a probablement participé, en parallèle, au développement des modèles cognitivistes de l’indécision vocationnelle. Leur approche, loin de considérer l’indécision vocationnelle comme une étape développementale, l’envisage plutôt comme un facteur « dysfonctionnel », faisant obstacle à la prise de décision. Les échelles d’indécision issues de ces modèles visent, alors, à identifier les déterminants de l’indécision en vue de les contrecarrer. Cette dernière décennie, les vade-mecum de l’accompagnement vocationnel et des théories identitaires professionnelles ont fait état d’une nécessité de convergence et d’intégration des théories et modèles (Athanasou & Perera, 2019 ; Hughey et al., 2012 ; Schwartz et al., 2011). Les modèles les plus récents de l’indécision vocationnelle ont ainsi cherché à proposer une vision plus intégrative ; par exemple, Savickas (2013) élabore la théorie de la construction de carrière (CCT) autour d’un concept central d’adaptabilité à l’environnement social. Cette théorie intègre, à la fois, des caractéristiques stables de l’ordre du trait et des ressources adaptatives personnelles pour rendre compte de l’indécision vocationnelle ; ici, il ne s’agit pas tant de faire disparaître cet état d’indécision que d’évaluer une capacité à s’adapter à l’incertitude du monde professionnel. En France, l’échelle multidimensionnelle de l’indécision vocationnelle de Forner (2010, 2018) repose également sur une approche intégrative en ciblant six sources d’indécision pouvant être liées au profil de la personne, à son état émotionnel ou à des facteurs environnementaux.

4Si l’indécision vocationnelle a été étudiée ces dernières décennies au cours du développement typique, peu de données existent concernant les personnes au développement atypique. Dès lors, il est légitime de s’interroger sur la pertinence de ces modèles théoriques à rendre compte d’un développement vocationnel chez les personnes en situation de handicap. D’une part, l’indécision vocationnelle ne peut émerger que si la personne fait face à plusieurs alternatives scolaires ou professionnelles. Or, les personnes en situation de handicap ont moins d’opportunités d’effectuer des choix, leur environnement social prenant souvent les décisions pour elles (Blanck & Martinis, 2015 ; Lansade, 2019). D’autre part, les personnes avec un TSA présentent plus de rigidités cognitives et/ou comportementales que les individus tout-venant (D’Cruz et al., 2013 ; Geurts et al., 2014 ; Leung & Zakzanis, 2014). Cette caractéristique est même un des critères diagnostiques actuels du TSA selon le DSM-5 (Crocq et al., 2016), qui décrit ainsi une « intolérance au changement, l’adhésion inflexible à des routines », ou encore « des intérêts extrêmement restreints et fixes ». Ces caractéristiques communes aux personnes sur le spectre amènent à s’interroger : les personnes avec un TSA n’auront-elles pas tendance à souhaiter poursuivre des études et exercer un métier en lien avec un de leurs intérêts spécifiques, sans souhait d’exploration d’autres possibilités ? Auquel cas, leur est-il possible de se sentir indécises face à leurs choix vocationnels ? On peut également se demander, de manière plus générale, si l’indécision-trait existe dans les mêmes proportions chez les personnes avec un TSA et chez les personnes au développement typique. Cette hypothèse peut être soutenue par des travaux récents suggérant une influence de la flexibilité cognitive sur l’indécision vocationnelle (Flandermeyer, 2019). Enfin, certains facteurs identifiés comme dysfonctionnels dans l’approche cognitive de la prise de décision apparaissent plus fréquemment chez les élèves avec un TSA : plus d’anxiété (Attwood, 2019 ; Syriopoulou-Delli et al., 2020), une moindre connaissance et conscience de Soi (Baron-Cohen et al., 1985 ; McCauley et al., 2019 ; Peterson et al., 2016), la présence accrue de biais cognitifs et de croyances dysfonctionnelles (Bergman et al., 2020) ainsi que d’obstacles environnementaux liés à la situation de handicap.

5Certaines études suggèrent que l’expression de l’indécision vocationnelle chez les personnes présentant un développement typique pourrait différer selon le genre. Les femmes semblent notamment être plus indécises, et rencontrer plus d’obstacles externes face au choix de carrière (Fort & Murariu, 2018 ; Levin et al., 2022). Il peut être intéressant de rechercher si de telles différences liées au genre sont également constatées chez les adolescent·es et jeunes adultes avec un TSA (Allely, 2018), dans une perspective d’individualisation des accompagnements. Ce facteur apparaît d’autant plus pertinent à explorer que la recherche actuelle questionne l’existence d’un phénotype féminin de l’autisme, avec une présentation moins atypique et plus internalisée.

6Nous avons adopté l’approche SPIDER (Cooke et al., 2012) pour élaborer nos questions de recherche. L’acronyme réfère aux éléments suivants : l’échantillon (S pour Sample), le phénomène d’intérêt (PI), le design de l’étude (D), la façon dont l’évaluation est menée (E) et le type de recherche (R). Cette revue de question a ainsi pour objectif d’explorer, dans la littérature internationale, chez les jeunes avec un TSA, 1/ les apports et limites des outils de mesure de l’indécision vocationnelle, 2/ l’existence d’un état d’indécision vocationnelle, 3/ la nature de ses déterminants.

Méthode

Stratégie de recherche bibliographique

7L’identification des études a été réalisée à partir des bases de données PsycINFO, Researchgate, MEDLINE, Sciencedirect, Google scholar, sans bornage de date. Sur la base de la formulation des questions de recherche, les termes (autism OR ASD OR pervasive developmental disorder) AnD (vocational indecision OR career indecision OR career readiness OR vocational readiness OR vocational certainty OR career certainty OR vocational maturity OR career maturity) ont été utilisés, en anglais et en français. Seuls les articles scientifiques en langues française et anglaise ont été retenus.

Sélection des études

8Les critères d’inclusion des études initialement choisis comportaient la présence d’un groupe composé uniquement d’individus avec un TSA, afin de pouvoir explorer spécifiquement l’indécision vocationnelle chez ces personnes en période de transition vocationnelle. Si nous l’appliquions, aucune étude ne remplissait tous nos critères d’inclusion. Nous avons donc décidé d’écarter ce critère, ce qui explique l’hétérogénéité des populations étudiées au regard de la présence ou non d’un TSA. Au final, la sélection des études a été réalisée en fonction des critères d’inclusion suivants : (1) études incluant des collégien·nes, lycéen·nes ou étudiant·es ; (2) études publiées dans des revues scientifiques à comité de lecture ; (3) études dont une des variables testées est l’indécision vocationnelle. Au final, un total de 1 251 articles publiés entre 1975 et 2021 a été recensé. Une recherche de doublons via Zotero a permis de retirer 137 études. Suite à la lecture des titres et/ou résumés, 997 articles ne présentant pas l’intégralité des critères ont été retirés. Cette première phase a permis de présélectionner 117 articles. À partir de l’analyse détaillée de ces articles, 37 ont été exclus car étant uniquement des revues de littérature, trois sont exclus car présentant les données d’une même étude et 64 sont exclus car ils ne remplissent pas tous les critères d’inclusion. Au final, 13 études publiées de 1999 à 2021 sont incluses dans cette revue systématique (voir figure 1).

Figure 1 - Diagramme PRISMA du processus de sélection des études
Figure 1 - PRISMA diagram of the study selection process

Figure 1 - Diagramme PRISMA du processus de sélection des étudesFigure 1 - PRISMA diagram of the study selection process

9L’âge des participant·es, les concepts relatifs à l’indécision vocationnelle évalués et la dénomination des outils de mesure des études sélectionnées sont présentés dans le tableau 1.

Tableau 1 - Caractéristiques des études sélectionnées
Table 1 - Characteristics of the selected studies

Auteurs

Âge

Concepts évalués

Dénomination des outils

Crisan et al. (2015)

16-18

Indécision de carrière

Sentiment d’auto-efficacité dans le processus de décision de carrière

Career Decision Difficulties Questionnaire (CDDQ) | Career Decision-Making Self-Efficacy - Short Form Scale (CDMSE-S)

Farley et al. (1999)

16-19

Conscience de soi vocationnel

Confiance en sa capacité à prendre des décisions vocationnelles

Indécision de carrière

Performance pour postuler à un emploi et en entretien d’embauche

Vocational Self Awareness Scale | My Vocational Situation (MVS) | Career

Decision Scale (CDS) | The Job-Seeking Skills Assessment

Hitchings et al. (2001)

18-51

(Étude Qualitative)

Processus de décision de carrière

Impact du handicap

Landine J. R. (2016)

17-54

Soi vocationnel

Pensée rationnelle

Indécision de carrière

Vocational Rating Scale (VRS) | Extended Objective Measure of Ego Identity Status-II (EOMEIS-II) | Rational-Experiential Inventory, Revised (REI-R) | Career Decision Scale (CDS)

Lee et al. (2019)

16-18

(ÉtudeQualitative)

Social Responsiveness Scale-2 (SRS-2) | Questionnaire socio-démographique auto et hétéro (parents) rapporté | Théorie ancrée (Charmaz)

Lombardi et al. (2019)

Grade 9-12

(3è à terminale)

Constance des Intérêts et passions | Persévérance

Grit Scale - 12 item version | Questionnaire socio-démographique auto-rapporté | Moyenne générale

Lombardi et al. (2020)

Grade 9-12

(3è à terminale)

Employabilité (career readiness)

Sentiment d’auto-efficacité dans les compétences vocationnelles

Student Career Construction Inventory (SCCI) | Vocational Skills Self-Efficacy (VSSE)

Luzzo et al. (1999)

18-51

Sentiment d’auto-efficacité dans le processus de décision de carrière

Évaluation des attributions pour la prise de décision de carrière (Stabilité, Locus, Contrôlabilité)

Career Decision-Making Self-Efficacy Scale Short Form | Assessment of Attributions for Career Decision Making

Nagib et al. (2019)

15->60

(Étude Qualitative)

Logiciel Nvivo 11

Picard F. (2015)

M =17.7

Indécision académique

Indécision de carrière

Connaissance de Soi

Méthode en prise de décision

Épreuve de décision vocationnelle EDV-9s | Questionnaire socio-démographique

Reid Yates et al. (2017)

M =18.1

Confusion dans la prise de décision

Employabilité (Career readiness)

Career Thoughts Inventory subscales Decision Making Confusion, Commitment Anxiety, External Conflict | DS14 Type D Personality Scale | Questionnaire socio-démographique

Salman et al. (2021)

M =22.13

Obstacles perçus

Indécision vocationnelle

Difficultés dans la prise de décision

Sentiment d’auto-efficacité dans la prise de décision

Career Decision Difficulties Questionnaire (CDDQ) | Career Decision-Making Self-Efficacy - Short Form Scale (CDMSE-SF) | Perceived Career Barriers Scale (PCBS)

White et al. (2013)

M =22.42

Intérêt persistant pour les Sciences

Indécision de carrière

Échelle réalisée pour l'étude avec des items de la CDS et de la CDDQ

Analyse de la qualité méthodologique des publications

10Afin de systématiser l’évaluation de la qualité méthodologique de ces études, les critères d’analyse suivants ont été définis selon le guide de recommandations Cochrane pour les revues systématiques (Higgins et al., 2019). Le premier critère concerne la composition de l’échantillon : intègret-il des personnes diagnostiquées avec un TSA, avec un TnD, en situation de handicap ou au développement typique ? Le second critère porte sur la taille de l’échantillon. Le troisième correspond à la nature de l’étude menée, quantitative ou qualitative et au type d’approche utilisée, transversale ou longitudinale. Le quatrième critère concerne la présence ou non d’un groupe témoin. Le cinquième correspond à la nature des outils de mesure utilisés : tests psychométriques standardisés et étalonnés, échelles de mesure validées, questionnaires, entretiens... Ces critères méthodologiques sont présentés dans le tableau 2.

Tableau 2 - Critères méthodologiques des études sélectionnées
Table 2 - Methodological criteria of the selected studies

Auteurs

Population

Taille de l’échantillon

Groupe témoin

Nature de l’étude

Type d’étude

Nature des outils

Crisan et al. (2015)

Étudiant·es en psychologie

n =160

Non

Quantitative

Étude transversale

Échelles validées

Farley et al. (1999)

Lycéen·nes en situation de handicap

n =38

Oui

Quantitative

Étude d’intervention non contrôlée non randomisée

Échelles validées

Hitchings et al. (2001)

Étudiant·es en situation de handicap (dont avec un TSA)

n =97

Non

Qualitative

Étude de cas

Entretiens semi-structurés | Analyse de contenu

Landine J. R. (2016)

Étudiant·es en psychologie

n =202

Non

Quantitative

Étude transversale

Échelles validées

Lee et al. (2019)

Lycéen·nes avec un TSA

n =5

Non

Méthodes mixtes

Étude transversale

Focus group | Entretiens semi-structurés | Analyse de contenu | Échelles validées

Lombardi et al. (2019)

Élèves en situation de handicap (dont avec un TSA)

En situation de handicap =784 dont 5 % avec TSA

Sans handicap n =4253

Oui

Quantitative

Étude transversale

Échelle validée

Lombardi et al. (2020)

Élèves en situation de handicap (dont avec un TSA)

En situation de handicap =334 dont 9 % avec TSA

Sans handicap n =482

Oui

Quantitative

Étude d'intervention contrôlée non randomisée

Échelles validées

Luzzo et al. (1999)

Étudiant·es en situation de handicap (dont avec un TSA)

n = 75 dont TSA n =3

Oui

Quantitative

Étude transversale

Échelles validées

Nagib et al. (2019)

Personnes avec un TSA

Femmes n =255

Hommes n =252

Non

Qualitative

Étude phénoménologique

Analyse de contenu par logiciel | Sélection randomisée | Double codage

Picard F. (2015)

Étudiant·es

n =973

Oui

Méthodes mixtes

Étude d'intervention contrôlée non randomisée

Échelle validée | Focus group | Analyse de contenu

Reid Yates et al. (2017)

Élèves en situation de handicap (dont avec un TND)

En situation de handicap n =52 dont TND n =22

Sans handicap n =60

Oui

Quantitative

Étude transversale

Échelles validées

Salman et al. (2021)

Étudiant·es

n =426

Oui

Quantitative

Étude transversale

Questionnaire auto-rapporté | Échelles validées

White et al. (2013)

Étudiant·es (dont en situation de handicap)

n =639 dont étudiant·es en situation de handicap n =121

Oui

Quantitative

Étude transversale

Questionnaire auto-rapporté | Échelle non validée

Résultats

11L’analyse des articles retenus s’est opérée par la catégorisation de l’information en trois axes : 1/ les apports et limites des outils de mesure de l’indécision vocationnelle, 2/ l’existence d’un état d’indécision vocationnelle, 3/ la nature de ses déterminants.

1/ Apports et limites des outils de mesure de l’indécision vocationnelle

12Les études de notre sélection se sont basées sur des conceptualisations théoriques différentes de l’indécision vocationnelle, ce qui se reflète dans la variété des outils de mesure utilisés.

13Trois études (Farley & Johnson, 1999 ; Landine, 2016 ; White & Mitchell, 2013) ont mesuré l’indécision vocationnelle à l’aide de la Career Decision Scale (CDS) (Osipow, 1980). La CDS fait partie de la première génération d’outils dédiés à la mesure de l’indécision vocationnelle. Elle ne s’inscrit pas dans une approche théorique particulière mais répond, en premier lieu, à un besoin émanant du terrain ; elle a été conçue dans l’optique d’adapter les accompagnements pour faire disparaître ou, pour le moins, atténuer l’état d’indécision.

14Huit études, en revanche, utilisent des outils basés sur des approches théoriques distinctes :

151) deux études ont utilisé des outils issus des modèles développementaux de l’indécision vocationnelle ; celle de Landine (2016) utilise le Vocational Rating Scale (VRS ; Barrett & Tinsley, 1977), basée sur le modèle théorique de Super (1963) : elle intègre l’évaluation du Soi vocationnel. L’étude de Farley et Johnson (1999) s’appuie sur l’échelle My Vocational Situation (MVS ; Holland et al., 1980). Cette échelle et sa souséchelle, The Vocational Identity Scale (Holland et al., 1993), sont basées sur le modèle d’identité professionnelle de Holland. Ces échelles, ainsi que la VRS, mesurent un construit certitude/incertitude vraisemblablement similaire à celui de la CDS (Holland et al., 1993 ; Tinsley et al., 1989).

162) Trois études ont choisi un outil de mesure basé sur les modèles de prise de décision. Crişan et Turda (2015), Salman et Kan (2021), ainsi que White et Mitchell (2013) ont utilisé le Career Decision-Making Difficulties Questionnaire (CDDQ) qui est une échelle développée par Gati et al. (1996).

173) Trois études ont privilégié des échelles et inventaires proposant une mesure multidimensionnelle de l’indécision vocationnelle. L’équipe de Reid Yates (2017) a choisi le Career Tought Inventory (CTI ; Peterson et al., 1996). Cet inventaire a été élaboré sur la base d’une approche théorique du traitement cognitif de l’information en matière de développement de carrière et de services de carrière (Peterson et al., 1996) et d’une approche théorique de la thérapie cognitive visant à restructurer les croyances dysfonctionnelles (Beck, 1991). L’étude de Lombardi et al. de 2020 s’est appuyée sur le Student Career Construction Inventory (SCCI) développé par Savickas et al. en 2018 et basé sur sa théorie de la construction de carrière, afin d’évaluer la volonté d’explorer et de s’engager dans une voie professionnelle. Picard (2015), quant à elle, a adopté l’Épreuve de Décision Vocationnelle (EDV-9) développée par Forner (2018). Inscrites dans cette approche multidimensionnelle de l’indécision vocationnelle, deux études utilisent des échelles qui ne la mesurent pas en tant que telle, mais évaluent certaines de ses dimensions. Nous avons donc fait le choix de les intégrer à notre analyse. L’étude de Luzzo et al. (1999) utilise l’échelle Assessment of Attributions for Career Decision Making (CDM-Att) de Luzzo et Jenkins-Smith (1998). Cette échelle se fonde, en partie, sur le postulat que la manière dont la personne s’explique les événements liés à son parcours scolaire ou professionnel (sous son contrôle vs. hors contrôle) dépend de la responsabilité qu’il s’attribue dans la prise de décision vocationnelle (causalité interne vs. externe). Nous pouvons ainsi faire un lien avec la perception des obstacles internes ou externes évaluée par les échelles multidimensionnelles. L’étude de Lombardi et al. de 2019 quant à elle, se base sur l’utilisation de la Grit Scale (Duckworth & Quinn, 2009). Ce sont Duckworth et al. (2007) qui ont introduit le concept de grit qui pourrait être traduit par « endurance » et défini comme la conjonction de la persévérance et le souhait d’engagement dans des objectifs professionnels à long terme. Nous avons, ainsi, considéré que ce concept se rapproche de la notion de « cristallisation » des intérêts et valeurs qui est un facteur commun aux échelles CDS et CDDQ (Tinsley et al., 1989).

18Différentes dimensions de l’indécision vocationnelle sont donc explorées en fonction des échelles de mesure utilisées dans nos études : l’indécision-trait est évaluée par les échelles CDS, CDDQ et SCCI ; le manque de connaissance de Soi et le manque d’information sur les métiers et carrières sont évalués par les échelles CDDQ et EDV-9 ; la cristallisation du concept de soi, par le SCCI ; l’anxiété, par le CTI et l’EDV-9 ; la détermination, par les échelles CDS, SCCI et Grit Scale ; les croyances dysfonctionnelles, par les échelles CDDQ, CTI et CDM-Att. Enfin, la perception d’obstacles externes est évaluée par les échelles CDS, CDDQ, CTI, CDM-Att et EDV-9.

2/ Existence d’un état d’indécision vocationnelle chez les jeunes avec un TSA

19Concernant l’existence d’un état d’indécision vocationnelle, nous ne pouvons que constater qu’aucune étude de notre sélection ne l’évalue spécifiquement auprès d’une population avec un TSA. D’une part, seules six des treize études retenues comportent des échantillons incluant des personnes identifiées avec un TSA : quatre comportent un groupe composé à la fois d’élèves ou étudiant·es avec un TSA et d’élèves sans TSA (Hitchings et al., 2001 ; Lombardi et al., 2019 ; Lombardi et al., 2020 ; Luzzo et al., 1999) et seulement deux études s’intéressent spécifiquement à un groupe avec un TSA (Lee et al., 2019 ; Nagib & Wilton, 2019). D’autre part, ces deux études s’intéressant spécifiquement à la population avec un TSA (Lee et al., 2019 ; Nagib & Wilton, 2019) sont des études qualitatives qui ne mesurent donc pas formellement l’indécision vocationnelle. Quant à l’étude récente de Reid Yates et al. (2017), elle s’intéresse à une population d’élèves en situation de handicap parmi lesquels figurent des jeunes avec un TND. Aucune de ces sept études n’inclut la vérification systématique du diagnostic de TSA ou de TND.

20De l’étude de Nagib et Wilson (2019), il ressort que 40 % des contenus postés sur un forum par des personnes avec un TSA peuvent être considérés comme relevant d’un état d’indécision vocationnelle, révélant ainsi sa présence dans cette population. Ce pourcentage doit, néanmoins, être relativisé au regard de la source d’information : les personnes inscrites sur ce forum sont précisément en recherche d’informations leur permettant d’envisager un avenir professionnel en adéquation avec leurs compétences et particularités. Les études de Lombardi et al. (2020) et de Reid Yates et al. (2017) auprès d’un groupe d’étudiant·es tout-venant et d’un groupe d’étudiant·es en situation de handicap révèlent un niveau d’indécision comparable dans les deux groupes.

21Ces premiers éléments suggèrent donc l’existence d’une indécision vocationnelle chez les jeunes avec un TSA.

3/ Nature des déterminants de l’indécision vocationnelle

22Concernant la nature des déterminants de l’état d’indécision vocationnelle, nous constatons également qu’aucune étude ne l’étudie de manière spécifique auprès d’une population avec un TSA. Les études de notre sélection se centrent davantage sur les similarités et différences existant entre les jeunes en situation de handicap et les jeunes au développement typique.

23L’analyse des études de notre sélection montre des résultats inconsistants concernant l’influence du genre sur l’indécision vocationnelle. Alors que certaines études ne relèvent pas de lien significatif entre genre et indécision vocationnelle, que le développement soit typique ou atypique (Hitchings et al., 2001 ; Reid Yates et al., 2017 ; White & Mitchell, 2013), deux études identifient, en revanche, dans la population typique, des différences selon le genre. Ainsi, l’étude de Crişan et Turda (2015) repère des niveaux d’indécision vocationnelle plus élevés chez l’une ou l’autre population en fonction de la filière considérée (scientifique ou littéraire). L’étude de Picard (2015), quant à elle, rapporte une différence significative de l’impact des interventions : des accompagnements comparables réduisent davantage le manque de connaissance de soi chez les filles et l’indécision vocationnelle chez les garçons. Enfin, Nagib et Wilton (2019), en s’intéressant spécifiquement à cette question du genre dans la population avec un TSA, relèvent que, contrairement aux hommes, les femmes font mention de stéréotypes de genre liés au choix de métier, les concernant, ce qui augmenterait leurs difficultés au moment de la décision vocationnelle. Par ailleurs, quelle que soit la population considérée, l’indécision vocationnelle est négativement corrélée au sentiment d’autoefficacité dans la prise de décision (Farley & Johnson, 1999 ; Salman & Kan, 2021), au concept de soi vocationnel/professionnel (Landine, 2016) ; elle est, au contraire, positivement corrélée aux croyances dysfonctionnelles (Reid Yates et al., 2017), notamment à la perception d’obstacles à la carrière (Salman & Kan, 2021 ; White & Mitchell, 2013). Luzzo et al. (1999) relèvent, d’ailleurs, chez des jeunes en situation de handicap, une tendance plus marquée à attribuer leurs difficultés, dans la construction de leur projet de carrière, à des obstacles internes. Ce sentiment peut être renforcé par l’environnement. L’étude de Hitchings et al. (2001) rapporte, par exemple, les propos d’étudiant·es en situation de handicap s’étant senti·es dissuadé·es de poursuivre leur parcours d’intérêt par des conseiller·ères d’orientation.

24Concernant les accompagnements étudiés, quelle que soit la population considérée, les mises en situation professionnelle (Lee et al., 2019 ; Picard, 2015) et cours d’acculturation à la formation et au monde professionnels (Farley & Johnson, 1999 ; Lombardi et al., 2020) entraînent une diminution de l’indécision vocationnelle. Les portes ouvertes ou dispositifs type « semaine de l’orientation professionnelle » auraient, au contraire, tendance à faire augmenter l’indécision et les croyances dysfonctionnelles (Picard, 2015), dans la population typique. Il est en effet largement documenté que l’expérimentation de la transition vers l’emploi augmente le sentiment capacitaire (Brooks & Youngson, 2016 ; Reddan, 2015), réduisant par ce biais l’indécision vocationnelle. Le simple recueil d’informations sur les métiers ou parcours pourrait, en revanche, augmenter mécaniquement l’indécision en multipliant les possibilités de choix, d’une part, et, d’autre part, accroître le sentiment d’obstacles internes ou externes perçus.

Discussion

25Cette revue systématique de la littérature confirme que le concept d’indécision vocationnelle appliqué aux populations au développement atypique est un champ en émergence. Ces premières données corroborent, cependant, sa présence et la pertinence des approches multidimensionnelles de son évaluation, tant pour repérer des profils spécifiques que pour adapter l’accompagnement en fonction du type de difficultés relevé.

  • 0 Les interventions auprès des personnes avec un TSA ont en effet tendance à être découpées par domai (...)

26L’existence d’un sentiment d’indécision vocationnelle chez les personnes avec un TSA est cohérente avec une vision multidimensionnelle de l’indécision, où les facteurs intrinsèques ne seraient pas seuls déterminants. Ainsi, l’hypothèse d’une rigidité cognitive influant sur l’indécision-trait au point d’effacer toute indécision vocationnelle apparaît trop réductrice. Nos résultats invitent au contraire à explorer et comparer spécifiquement les différents facteurs d’indécision vocationnelle. Par exemple, le sentiment capacitaire et la perception des obstacles à la carrière sont deux déterminants majeurs de l’indécision vocationnelle (Farley & Johnson, 1999 ; Reid Yates et al., 2017 ; Salman & Kan, 2021 ; White & Mitchell, 2013). Or, il semble, au vu de notre revue de la littérature, que les personnes en situation de handicap aient précisément un sentiment capacitaire plus altéré et une perception accrue d’obstacles à la carrière. Ce sentiment, selon les études sélectionnées, pourrait être renforcé par le fait que parents comme enseignant·es prennent bon nombre de décisions éducatives et professionnelles à leur place. Les jeunes en situation de handicap ont, par ailleurs, tendance à se projeter dans des perspectives de vie plus négatives (Luzzo et al., 1999). Or, ces obstacles externes à la carrière sont une réalité (CRA Bretagne, 2017 ; Schovanec, 2017) : la réticence des milieux professionnels à recruter des personnes avec un TSA existe (OMS, 2011) et elle est apparente dès les périodes d’orientation. Ce constat explique sans doute, en partie, le fait que les aspirations des étudiant·es en situation de handicap soient souvent découragé·es par les professionnel·les de l’orientation (Ashley & Graf, 2018 ; Deuchert et al., 2017 ; Luzzo et al., 1999 ; Nagib, 2020). Cette attitude pourrait également s’expliquer par un manque de connaissances des professionnel·les relatives aux spécificités des situations de handicap (Chan et al., 2016) ou à une vision particulière de ces dernières. En effet, une représentation partagée, en France, du « travailleur handicapé » réduit ses possibilités d’orientation et d’emploi à des circuits et dispositifs spécifiques, aux périmètres très délimités (Inspection générale des affaires sociales, 2020). Cette représentation pourrait favoriser la décision d’orienter les personnes vers des structures de milieu protégé, alors que se dessine une tendance générale en Europe en faveur de l’inclusion en milieu ordinaire, notamment au moyen de l’emploi accompagné. Pour s’inscrire dans cette dynamique, une intervention globale0 devrait donc associer un accompagnement plus individualisé et une réflexion sur les adaptations environnementales pouvant permettre une meilleure inclusivité des milieux scolaires, universitaires et professionnels. Celles-ci pourraient notamment s’incarner par une meilleure compréhension des caractéristiques particulières des personnes avec un TSA, la lutte contre la discrimination et les stéréotypes qui y sont associés, ainsi que par la prise en compte des besoins réels et non supposés des personnes.

27En accord avec la littérature existante, l’expression de l’indécision vocationnelle pourrait être différente selon le genre, y compris chez les personnes avec un TSA. Les différences identifiées pourraient justifier la réalisation d’accompagnements adaptés telle que le préconisent Nagib et al. (2020) et Sung et al. (2015) pour la population avec un TSA, au vu de la particularité du profil féminin. Ces auteurs incitent, par exemple, les professionnel·les de l’orientation à contrer les stéréotypes de genre, en encourageant les femmes avec un TSA à (oser) s’orienter vers des disciplines moins traditionnelles mais avec une forte demande du marché de l’emploi, telles que les Sciences et les Technologies.

28Sur le plan des accompagnements à privilégier, notre analyse de la littérature confirme l’impact positif des immersions en milieu professionnel sur la réduction de l’état d’indécision (Folsom & Reardon, 2003). En effet, en incluant la préparation aux missions, le processus de socialisation au sein de la structure d’accueil et la mobilisation des compétences requises, le dispositif de stage permet aux apprenant·es d’explorer leurs intérêts et d’exploiter leur potentiel, de s’acculturer au monde du travail tout en envisageant leur avenir et les différentes voies possibles. Ce dispositif de découverte pourrait, en particulier, améliorer les conditions de l’insertion professionnelle ultérieure des jeunes avec un TSA qui présentent souvent des atypicités sensorielles (Hayward et al., 2019 ; Waisman-Nitzan et al., 2020) ou encore des difficultés avec le changement et les environnements inconnus (Waisman-Nitzan et al., 2020). Ces particularités peuvent entraîner des situations d’inconfort sur certains lieux de travail et le fait de pouvoir les identifier précocement favorise la gestion du stress lié à la nouveauté de la situation et ouvre la possibilité de développer des stratégies de coping et/ou d’envisager des aménagements de postes de travail.

29Au regard des facteurs environnementaux qui influent l’indécision vocationnelle, on peut tout à fait supposer une dimension culturelle à l’expression de celle-ci, auquel cas le peu d’études de notre sélection réalisée sur le continent européen limite la généralisation de nos résultats. En effet, il est à noter que les populations du continent Nord-américain sont majoritaires dans les études incluses : six études portent sur des populations américaines, trois sur des populations canadiennes, une sur une population australienne et une sur une population roumaine. En ce qui concerne cette dernière, l’auteur souligne d’ailleurs que l’échelle utilisée (CDDQ) n’a pas été étalonnée et validée en Roumanie (Crişan & Turda, 2015).

Conclusion

30Malgré l’absence d’étude explorant précisément l’état d’indécision vocationnelle chez les adolescent·es et jeunes adultes avec un TSA, tout au moins dans le cadre de cette approche contextuelle, notre analyse de la littérature révèle auprès de cette population la possibilité de l’inférer et la pertinence de l’approche multidimensionnelle pour construire des outils de mesure spécifiques. Le repérage de singularités relatives, notamment, au genre et aux trajectoires développementales (Tardif, 2017) permettrait de proposer un accompagnement vocationnel plus individualisé et adapté aux besoins identifiés de chacun. Par exemple, il semble, au vu de notre analyse de la littérature, que la mise en place d’actions visant à augmenter le sentiment d’auto-efficacité dans la prise de décision vocationnelle soit recommandée. Dans cette optique, un accompagnement mettant en évidence les points forts et le pouvoir d’agir des individus plutôt que leurs déficits/incapacités, est le plus pertinent. L’implication de jeunes avec un TSA dans des projets de recherche, idéalement participatifs (Cobigo et al., 2014), servirait ce double objectif d’ajustement des outils de mesure et des dispositifs d’accompagnement vocationnel.

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Notes

0 Les interventions auprès des personnes avec un TSA ont en effet tendance à être découpées par domaine d’intervention (job coaching, éducation spécialisée, ergothérapie...), et à se placer dans un paradigme déficitaire. Les interventions vont concerner les personnes, souvent de manière non écologique (ou cela se limite souvent à des préconisations d’aménagements fournies à l’école ou au lieu de travail, à l’écrit). Par intervention globale, nous entendons des actions réfléchies et coordonnées incluant ces interventions directes auprès de la personne, les aménagements individualisés de l’environnement mais également des modifications systémiques de ce dernier (afin de le rendre plus inclusif).

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List of illustrations

Title Figure 1 - Diagramme PRISMA du processus de sélection des étudesFigure 1 - PRISMA diagram of the study selection process
URL http://journals.openedition.org/osp/docannexe/image/16234/img-1.jpg
File image/jpeg, 50k
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References

Bibliographical reference

Solenn Vaillant, Emmanuelle Bonjour and Sandrine Le Sourn-Bissaoui, “Indécision vocationnelle des adolescent·es et jeunes adultes avec un trouble du spectre de l’autisme : revue de la littérature”L'orientation scolaire et professionnelle, 51/2 | 2022, 367 – 391.

Electronic reference

Solenn Vaillant, Emmanuelle Bonjour and Sandrine Le Sourn-Bissaoui, “Indécision vocationnelle des adolescent·es et jeunes adultes avec un trouble du spectre de l’autisme : revue de la littérature”L'orientation scolaire et professionnelle [Online], 51/2 | 2022, Online since 01 June 2024, connection on 16 May 2025. URL: http://journals.openedition.org/osp/16234; DOI: https://doi.org/10.4000/osp.16234

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About the authors

Solenn Vaillant

Psychologue et doctorante, Univ Rennes, LP3C (Laboratoire de Psychologie : Cognition, Comportement, Communication), UR 1285, F-35000 Rennes
Thèmes de recherche : inclusion ; insertion socio-professionnelle ; trouble du spectre de l’autisme. solenn.vaillant@etudiant.univ-rennes2.fr

Emmanuelle Bonjour

Maître de Conférences, Univ Rennes, LP3C (Laboratoire de Psychologie : Cognition, Comportement, Communication), UR 1285, F-35000 Rennes
Thèmes de recherche : insertion socio-professionnelle ; compétences ; troubles des apprentissages. emmanuelle.bonjour@univ-rennes2.fr

By this author

Sandrine Le Sourn-Bissaoui

Maître de Conférences H.D.R., Univ Rennes, LP3C (Laboratoire de Psychologie : Cognition, Comportement, Communication) - UR 1285, F-35000 Rennes, Centre Ressources Autisme Bretagne
Thèmes de recherche : inclusion ; trouble du spectre de l’autisme ; trajectoires développementales. sandrine.lesourn-bissaoui@univ-rennes2.fr

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