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Symposium 1 - L'art pléistocène en Europe

Découverte d’une nouvelle grotte ornée paléolithique en Roumanie (département du Bihor)

Jean Clottes, Mihaï Besesek, Bernard Gély, Călin Ghemiș, Marius Kenesz, Viorel Traia Lascu, Marcel Meyssonnier, Michel Philippe, Valérie Plichon, Françoise Prud’homme, Valentin Alexandru Radu, Tudor Rus et Roxana Laura Tociu
Traduction(s) :
The Discovery of a New Paleolithic Decorated Cave in Romania (Bihor Department) [en]

Texte intégral

1La cavité de Coliboaia où des dessins pariétaux ont été découverts, le 20 septembre 2009, par cinq spéléologues roumains, est située dans les Monts Apuseni (Carpates occidentales de Roumanie). Des habitats du Paléolithique supérieur sont répertoriés dans la région.

2En mai 2010, lors d’une mission coordonnée par Viorel Lascu, président de la Fédération roumaine de spéléologie, une équipe française constituée de Jean Clottes et Bernard Gély, (art pariétal), Michel Philippe (spécialiste des Ursidés), Marcel Meyssonnnier et Valérie Plichon (Fédération française de Spéléologie) et Françoise Prud’homme (Musée de Préhistoire d’Orgnac, Ardèche) s’est rendue dans la grotte pour un premier examen, accompagnée de spéléologues roumains, dont certains découvreurs des peintures.

3Toutes les mesures de protection physique et administratives de la cavité ayant été prises, l’annonce officielle de la découverte a été effectuée le 11 juin 2010.

Les indices de fréquentation de la grotte par les ours

4Des crânes et autres vestiges osseux sont visibles en de nombreux endroits et la grotte recèle également des traces d’activité, ce qui témoigne d’une longue fréquentation de la cavité par les Ursidés, essentiellement dans la partie amont du réseau, au-delà de la voûte mouillante.

5Tous ces vestiges sont ceux d’ours des cavernes (animaux adultes, juvéniles et tout jeunes oursons). La plupart sont recouverts d’une pellicule noirâtre (bioxyde de manganèse et / ou matière organique), ce qui témoigne d’un long séjour dans le lit de la rivière

6La cavité a donc longtemps servi pour l’hibernation des ours. Ce qui explique la présence de nombreuses surfaces de parois griffées ou polies par le frottement des plantigrades, notamment dans la galerie ornée et dans la salle chaotique, à l’extrémité amont de la galerie principale. Il conviendra d’en tenir compte lors de l’étude du site afin de bien différencier ce qui revient aux hommes et aux ours et s’il existe des indices d’interaction entre eux.

Tête de rhinocéros visible en profil droit (environ 30 cm de long)

Tête de rhinocéros visible en profil droit (environ 30 cm de long)

S’il ne s’agit pas d’une érosion, la corne nasale très longue a été laissée « ouverte »

Cliché : A. Posmosanu / Fédération roumaine de Spéléologie)

La galerie ornée

7Les dessins sont conservés dans une galerie haute, à 6 ou 7 m au‑dessus du lit actuel de la rivière. Bien d’autres ont pu être détruits par les eaux dans les parties basses. On accède à la galerie en escaladant une petite cascade stalagmitique qui recouvre sans doute des banquettes argileuses. L’entrée de la galerie est donc légèrement plus basse que le sol de la zone ornée.

8Les deux parois présentent des polis d’ours et plus rarement des griffades dont certaines recoupent les œuvres, mais peu d’ossements sont directement visibles. La paroi droite en entrant, globalement verticale, paraît plus propice à l’instauration d’un décor et effectivement c’est elle qui livre le plus de dessins. Aucun artefact n’a été repéré à ce jour.

Description des œuvres

9Les dessins noirs, au charbon de bois utilisé comme fusain, représentent un bison, un cheval, un indéterminé (cheval ou félin), une ou peut-être deux têtes d’ours, deux têtes de rhinocéros, d’autres tracés indéterminés et quelques gravures. Ils se trouvent sur les deux parois de la galerie sans recherche de symétrie, sauf peut-être dans la partie profonde (cheval et rhinocéros se faisant face).

10L’homogénéité de la décoration paraît évidente : tracés linéaires noirs, animaux réduits à des protomés visibles en profil droit, utilisation des reliefs naturels (silhouettes intégrant des défauts de paroi ou cadrées sur les décrochements…).

11En première hypothèse et sur la base d’analyses stylistique et thématique, en particulier la nette prédominance d’animaux « dangereux » – on rattachera ces dessins à une phase ancienne de l’art paléolithique. Cette opinion a été confirmée par deux dates radiocarbone : 27 870 ± 250 BP (GifA11002) pour un animal indéterminé et 31 640 ± 390 BP (GifA11001) pour un charbon prélevé au-dessous.

Projet de recherche, de formation et de valorisation

12L’étude sera coordonnée par le Musée Tarii Crisurilor d’Oradea et l’archéologue Călin Ghemis¸, sous la responsabilité scientifique de Jean Clottes, en collaboration avec les scientifiques et les spéléologues roumains et en accord avec le Parc Naturel Apuseni. Un accord de coopération entre le Musée et Orgnac – Grand Site de France ®, Grotte et Musée de Préhistoire, signé en avril 2010, prévoit une collaboration franco-roumaine pour les recherches karstologiques, paléontologiques et archéologiques sur Coliboaia et sur son contexte.

13L’objet principal de cette étude globale vise à identifier les traces d’activités humaines paléolithiques d’en dresser le cadre chronologique et paléo-environnemental. En parallèle sera conduite l’étude des traces et des vestiges osseux laissés par les Ursidés. L’ensemble de ces nouvelles données servira de base à une approche comparative avec d’autres sites régionaux.

14C’est la première fois qu’un art pariétal aussi ancien est indiscutablement avéré en Europe centrale ou orientale.

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Table des illustrations

Titre Tête de rhinocéros visible en profil droit (environ 30 cm de long)
Légende S’il ne s’agit pas d’une érosion, la corne nasale très longue a été laissée « ouverte »
Crédits Cliché : A. Posmosanu / Fédération roumaine de Spéléologie)
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/2754/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 444k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Jean Clottes, Mihaï Besesek, Bernard Gély, Călin Ghemiș, Marius Kenesz, Viorel Traia Lascu, Marcel Meyssonnier, Michel Philippe, Valérie Plichon, Françoise Prud’homme, Valentin Alexandru Radu, Tudor Rus et Roxana Laura Tociu, « Découverte d’une nouvelle grotte ornée paléolithique en Roumanie (département du Bihor) »Palethnologie [En ligne], 5 | 2013, mis en ligne le 30 janvier 2013, consulté le 18 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/palethnologie/2754 ; DOI : https://doi.org/10.4000/palethnologie.2754

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Auteurs

Jean Clottes

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Droits d’auteur

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