Le morphotype du cheval dans l’art mobilier du magdalénien moyen de la grotte de Las Caldas (Asturies, Espagne) : analyse technique et formelle
Texte intégral
1Le travail présenté propose une définition du morphotype du cheval dans l’art mobilier du Magdalénien moyen de la grotte de Las Caldas, à partir de l’identification des caractéristiques techniques et formelles de ce type de représentation. Un ensemble de 40 figures d’équidés a été analysé du point de vue technique et formel (figure).
2L’analyse technologique a été réalisée sur les pièces les mieux conservées, selon une méthodologie fondée sur l’expérimentation et l’analyse microscopique des traits gravés de façon à mettre en évidence les séquences opératoires dans la réalisation des représentations d’équidés.
3Conjointement, une analyse formelle a été développée sur l’ensemble des figures d’équidés. Les données obtenues ont complété les informations d’ordre technique afin d’identifier et de caractériser les morphotypes.
4Du point de vue technique, les figures d’équidés de Las Caldas suivent les paramètres communs aux représentations figuratives du Magdalénien moyen. Elles sont réalisées selon des séquences gestuelles fixes, du point de vue aussi bien du sens du geste que de l’ordre de réalisation des différentes parties des figures. Ces paramètres répondent à un schéma opératoire des représentations figuratives partagé par la Région cantabrique, les Pyrénées et l’Aquitaine.
5L’on remarque également qu’un nombre très élevé de figures de chevaux à Las Caldas a été réalisé avec un faible degré d’élaboration technique, ce que l’on note dans le nombre très réduit de passages de l’outil dans les sillons de gravure et dans l’absence de variabilité des tracés.
6En ce qui concerne les données issues de l’analyse formelle, les chevaux gravés sont des figures simples, limitées à la représentation du contour et des détails nécessaires à l’identification de l’animal (la crinière principalement). Les organes sensoriels sont souvent absents, ainsi que les sabots ou autres détails comme le jarret. Il s’agit d’une tendance majoritaire, indépendante du type de support employé (plaquette, support osseux) et des éléments anatomiques figurés (animal complet, protomé ou tête isolée).
7Ces deux types d’information ont montré que, à Las Caldas, les figures de chevaux sont réalisées de manière sommaire, sur le plan aussi bien technique que formel. Cette tendance peut être considérée comme caractéristique des représentations d’équidés de cette grotte, car plus de 65 % des figures ont été faites selon ces paramètres, ce qui nous permet de parler d’un morphotype propre à ce site. Néanmoins, sur l’ensemble des objets ornés de figures de chevaux, il existe aussi des exemples de réalisations plus élaborées, parfois avec des caractéristiques que l’on peut considérer comme pyrénéennes. Il s’agit d’exemplaires typiques du Magdalénien moyen pyrénéen, tels les contours découpés représentant une tête de cheval, ou les sculptures sur support lithique (rondes‑bosses). D’autres éléments du Magdalénien pyrénéen, tels l’utilisation du relief, mise en évidence dans la grotte de Bédeilhac, ou la représentation de pattes de cheval isolées (Mas d’Azil), se retrouvent également dans le corpus de Las Caldas.
Exemples de pièces étudiées, avec des représentations de chevaux, provenant du Magdalénien moyen de la grotte de Las Caldas

Clichés : S. Corchón, O. Rivero
8L’ensemble des données issues de l’analyse des représentations d’équidés du Magdalénien moyen de la grotte de Las Caldas nous apporte des informations précieuses sur les relations entre ce site et les gisements de la région pyrénéenne. Le corpus étudié montre que les concepts formels, techniques et stylistiques qui ont circulé entre la Région cantabrique, les Pyrénées et l’Aquitaine pendant le Magdalénien moyen sont parvenus à Las Caldas et ont été incorporés dans la production artistique de cette grotte. Néanmoins, un modèle formel spécifique semble avoir été utilisé de manière préférentielle pour la réalisation des figures d’équidés. Il s’agit des représentations sommaires, que l’on peut considérer comme étant le morphotype caractéristique des figures de cheval à Las Caldas.
9La comparaison avec le corpus du Magdalénien moyen pyrénéen et aquitain permettra de cerner les données obtenues, et d’établir s’il s’agit d’une tendance partagée par les différentes régions du sud-ouest de l’Europe occidentale, ou si cela constitue une particularité locale ou régionale. Notre démarche, qui prend la variabilité morphologique et technique des représentations figuratives comme point de départ pour caractériser la production artistique d’un site, nous permet d’envisager de nouvelles perspectives d’étude de l’art mobilier du Magdalénien moyen. Mettant à profit l’information culturelle dont cet art est porteur, notre objectif est, en effet, de parvenir à une connaissance plus approfondie des relations entre les sociétés qui ont peuplé la Corniche cantabrique, les Pyrénées et l’Aquitaine pendant cette période.
Table des illustrations
![]() |
|
---|---|
Titre | Exemples de pièces étudiées, avec des représentations de chevaux, provenant du Magdalénien moyen de la grotte de Las Caldas |
Crédits | Clichés : S. Corchón, O. Rivero |
URL | http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/4909/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 47k |
Pour citer cet article
Référence électronique
María Soledad Corchón et Olivia Rivero, « Le morphotype du cheval dans l’art mobilier du magdalénien moyen de la grotte de Las Caldas (Asturies, Espagne) : analyse technique et formelle », Palethnologie [En ligne], 5 | 2013, mis en ligne le 30 janvier 2013, consulté le 17 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/palethnologie/4909 ; DOI : https://doi.org/10.4000/palethnologie.4909
Haut de pageDroits d’auteur
Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Haut de page