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La signature archéologique de l’activité de chasse appliquée à la comparaison des industries moustériennes, châtelperroniennes et aurignaciennes des Pyrénées : nature des équipements et fonctions des sites

François Bachellerie, François Bon, Marianne Deschamp, Laura Eizenberg, Dominique Henry-Gambier, Vincent Mourr, Christian Normand, Jacques Pelegrin, Jérôme Primault, René Scandiuzzi et Céline Thiébaut
Traduction(s) :
Archaeological Signatures of Hunting Activities Applied to Comparisons of Mousterian, Chatelperronian and Aurignacian Industries in the Pyrenees: the Nature of Hunting Tools and Site Functions [en]

Résumé

La comparaison des industries lithiques provenant d’un échantillon de sites des Pyrénées et de leur prolongement vasco‑cantabrique tend à illustrer l’existence de degrés de spécialisation fonctionnelle plus marqués en contexte châtelperronien que cela n’est le cas pour l’Aurignacien. En l’occurrence, si des occupations spécialisées autour de l’activité de chasse (« haltes de chasse ») s’articulent à des habitats aux fonctions diversifiées dans le premier contexte, le second possède un seul type de site : des installations plurifonctionnelles où la chasse est certes une activité importante mais non la seule. Cependant, afin d’interpréter correctement ces résultats, il faut tenir compte de la difficulté à comparer la signature fonctionnelle d’industries aussi différentes du point de vue de leurs systèmes d’armement ; il faut en effet chercher à pondérer la visibilité relative, d’un assemblage à l’autre, d’instruments de chasse armés de pointes lithiques apicales (modèle Châtelperronien) vis‑à-vis d’instruments formés de pointes en bois de cervidé ou peut-être végétal, et dont certaines seulement ont pu être garnies de lamelles peu ou pas retouchées (modèle Aurignacien ancien).
Cette discussion méthodologique autour de la signature archéologique de l’activité de chasse selon les contextes et les industries considérés prend toute son importance lorsque l’on adopte davantage de recul temporel et que l’on compare ces données avec celles du Moustérien récent de cette même région.
Quoi qu’il en soit, la conjugaison de deux critères – la nature des équipements de chasse et la spécialisation vraisemblable de certains sites autour de cette même activité –, permet de s’interroger sur certaines des raisons du contraste apparent entre le Châtelperronien et les cultures qui l’encadrent chronologiquement. Cette approche est susceptible de nourrir de nouvelles perspectives d’investigation sur l’évolution des comportements humains à la charnière des Paléolithiques moyen et supérieur.

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Texte intégral

Les auteurs remercient vivement Sandrine Costamagno et Boris Valentin pour leur précieuse relecture de ce texte, ainsi que Paola Villa pour le prêt d’illustrations.

1 - Introduction

  • 1 À l’appui de ces réflexions, on citera notamment le travail de Steven Kuhn et Mary Stiner (2006). C (...)

1Des travaux récents conduits sur les industries moustériennes, châtelperroniennes et aurignaciennes se sont penchés sur la nature des armes de chasse réalisées au sein de chacune de ces traditions (Pelegrin, 1990 ; O’Farrell, 2005 ; Shea, 2006 ; Tartar et al., 2006 ; Villa, Lenoir, 2006 ; Normand et al., 2008). L’analyse comparée des résultats obtenus a permis de proposer que la conception de l’armement et la place qu’il occupe au sein des systèmes de production lithique et, avec l’Aurignacien, également osseuse, soit l’un des principaux moteurs de l’évolution technique ressentie entre la fin du Paléolithique moyen et le début du Paléolithique supérieur (Bon, 2005 ; Teyssandier, 2007 ; Teyssandier et al., 2010). En effet, au contraire de ce que nous connaissons dans le Moustérien, la conception de pointes destinées à la confection d’armes de chasse devient une préoccupation majeure des artisans du Châtelperronien, inaugurant une orientation technologique amplement poursuivie par les Aurignaciens (lesquels ajouteront aux pointes lithiques celles confectionnées en matières dures animales). Dans le prolongement de cette idée, il a pu alors être envisagé que cette transformation technologique soit sous-tendue par des transformations d’ordre sociologique – une plus forte « individualité » de l’équipement de chasse pouvant signifier une plus forte « individuation » du chasseur lui-même (Bon, 2009). Cette interprétation s’inspire de réflexions ethnologiques, selon lesquelles il existe une relation étroite entre la nature des armes et la sociologie de la chasse (Testart, 1985). À partir de cette idée, on peut en effet suggérer que les armes moustériennes – s’il s’agit bien d’épieux utilisés en armes de hast (Shea, op. cit. ; Villa, Lenoir, op. cit.) – étaient employées dans le cadre de chasses collectives, tandis que des armes de jet, dont l’invention pourrait avoir justement entraîné le développement d’armatures en pierre ou en os, sont de nature à favoriser la pratique de chasses plus individuelles1.

  • 2 Cette démarche s’inspire notamment de celles entreprises dans d’autres contextes chronologiques, en (...)

2Un tel modèle s’est principalement appuyé sur des arguments d’ordre technologique, sans tenir compte de la nature des sites ni du type d’organisation territoriale dont ils témoignent. C’est dans cette direction qu’il convient d’aller à présent, en tentant d’inscrire cette démarche dans une dialectique articulant : nature des armes et du gibier/ caractère plus ou moins collectif de la chasse / répartition socio-économique des activités dans un territoire2. Naturellement, pour être menée à bien, une telle enquête nécessite, à terme, le concours des approches archéozoologiques. Mais il convient aussi de mieux cerner les principes méthodologiques permettant de mobiliser les seules industries afin de traiter le problème de la fonction des sites, préalable indispensable à toute entreprise de modélisation d’une exploitation territoriale.

3C’est à cette démarche que le présent article est consacré. Pour l’aborder, notre choix s’est porté sur la comparaison d’une sélection de gisements provenant des Pyrénées centrales et occidentales (figure 1). Le point de départ de notre enquête a été la station de Brassempouy (Landes), car une nette distinction des activités pratiquées par les Châtelperroniens et les Aurignaciens de ce site avait déjà été envisagée à partir de l’étude leurs industries respectives (Buisson, Delporte, 1990 ; Bon et al., à paraître). Après avoir présenté les données réunies sur ce site puis s’être interrogé sur leur valeur d’exemple grâce à la comparaison avec d’autres stations appartenant au Châtelperronien et à l’Aurignacien ancien des Pyrénées, notre enquête se déploiera dans un champ chronologique plus large, tant en direction de la phase intermédiaire représentée par l’Aurignacien archaïque (ou Protoaurignacien) que plus en amont, avec le Moustérien. Grâce à la confrontation de ces différents contextes, nous tenterons tout à la fois de déterminer si une trajectoire évolutive est ou non perceptible dans l’organisation territoriale des groupes humains à la charnière entre le Paléolithique moyen et le Paléolithique supérieur, et de nourrir les bases d’une réflexion méthodologique sur la portée des observations effectuées.

Figure 1 - Carte de répartition des sites pyrénéens et cantabriques mentionnés dans le texte

Figure 1 - Carte de répartition des sites pyrénéens et cantabriques mentionnés dans le texte

1 : El Pendo ; 2 : Morín ; 3 : Polvorin ; 4 :Venta Laperra ; 5 : Ekaïn ; 6 : Labeko Koba ; 7 : Chabiague ; 8 : Le Basté ; 9 : Olha ; 10 : Isturitz ; 11 : Gatzarria ; 12 : Bouheben ; 13 : Brassempouy ; 14 : Garet ; 15 : Le Noisetier ; 16 : Les Abeilles ; 17 : Aurignac ; 18 : Mauran ; 19 : Les Tambourets ; 20 : Tarté ; 21 : Tuto de Camalhot ; 22 : La Güelga ; 23 : Valina.

2 - Les occupations châtelperroniennes et aurignaciennes de Brassempouy : d’une halte de chasse à un campement résidentiel

4Dans l’intervalle entre 37 000 et 32 000 BP environ, la grotte des Hyènes et l’abri Dubalen de Brassempouy ont abrité une succession de groupes humains appartenant aux traditions du Châtelperronien et de l’Aurignacien (figure 2 ; tableau 1). Notre connaissance à leur égard est toutefois assez disparate : pour des raisons relatives à l’histoire géologique de ce site, l’enregistrement des traces rapportables à l’Aurignacien ancien est bien plus satisfaisant que celui des phases antérieures, Aurignacien archaïque et Châtelperronien, dont les niveaux ont subi une forte érosion. C’est l’une des raisons pour lesquelles les assemblages lithiques châtelperroniens réunissent seulement quelques centaines de pièces, tandis que les corpus de l’Aurignacien ancien se composent de plusieurs milliers d’objets, permettant une description beaucoup plus précise des activités réalisées par les groupes appartenant à cette culture (Henry-Gambier, Bon, en préparation).

Figure 2 - Brassempouy (Landes) : vues et schéma stratigraphique de l’abri Dubalen

Figure 2 - Brassempouy (Landes) : vues et schéma stratigraphique de l’abri Dubalen

Cliché : Fr. Bon

Tableau 1 - Brassempouy (Landes) : datations radiométriques obtenus à partir d’échantillons d’ossements provenant des niveaux châtelperroniens et aurignaciens de la grotte des Hyènes et de l’abri Dubalen

Secteurs du site de Brassempouy

Couche(s)

Culture archéologique

Datation radiocarbones sur os (dates BP non calibrées)

 Grotte des Hyènes 

Couche 2A,
sommet de la séquence aurignacienne

33 100 ± 920 (GifA-101093)

Couches 2A-2C,
sommet de la séquence aurignacienne

 

31 690 ± 780 (Gif-8569)
31 820 ± 550 (Gif-8568)
32 190 ± 620 (Gif-8174)

Couche 2D/2F,
partie médiane de la séquence aurignacienne

 Aurignacien ancien

30 100 ± 400 (Gif-9031)

Couche 2E,
partie médiane de la séquence aurignacienne

 

31 960 ± 160 (Gif/LSM-11035)

2DE,
base de la séquence aurignacienne

 

32 410 ± 370 (GifA-98105)
33 600± 240 (Gif/LSM-11034)

2F,
base de la séquence aurignacienne

 

34 810 ± 540 (GifA-101094)

Abri Dubalen

I2

Aurignacien ancien

31 520 ± 360 (GifA-98106)

Ebc1

Aurignacien archaïque

Non daté

Ebc2,
sommet de la séquence châtelperronienne

Châtelperronien

36 130 ± 690 (GifA-101045)

Méthodes « classique » et AMS ; d’après Fontugne, in Henry-Gambier, Bon, en préparation

  • 3 Ces effectifs concernent le mobilier châtelperronien du seul secteur Dubalen, qui réunit le corpus (...)

5Cependant, au-delà de tels contrastes taphonomiques et de leur incidence sur les sources de la présente étude, il n’en demeure pas moins que le corpus attribuable au Châtelperronien correspond à une très forte représentation d’une seule catégorie d’objets retouchés, la pointe de Châtelperron (figure 3), dont 42 exemplaires ont été retrouvés contre seulement 5 autres outils3. L’analyse de ces objets souligne le rôle prépondérant d’une seule et unique gamme d’activités, en l’occurrence la chasse et vraisemblablement la découpe du gibier, à l’aide d’instruments dont la plupart n’ont à l’évidence pas été produits sur place mais apportés sous la forme d’objets finis. En effet, tandis que la série comporte très peu de vestiges attestant de l’obtention sur place des supports de pointes, plusieurs d’entre-elles (12 ; figure 4) portent des macrotraces d’impact signant leur utilisation comme éléments d’armature – ceci n’excluant pas un usage en couteau pour une autre partie de ces objets, selon une hypothèse fréquemment avancée (pour une synthèse : voir Pelegrin, 1995) mais qui ne peut être confirmée ici faute d’observations microtracéologiques.

Figure 3 - Brassempouy (Landes), Châtelperronien : échantillon de pointes de Châtelperron provenant de l’abri Dubalen

Figure 3 - Brassempouy (Landes), Châtelperronien : échantillon de pointes de Châtelperron provenant de l’abri Dubalen

D’après Buisson, Delporte, 1990, modifié ; dessins : D. Buisson

Figure 4 - Brassempouy (Landes), Châtelperronien : 4 pointes de Châtelperron provenant de l’abri Dubalen (fouilles Delporte, Buisson 1983-1985) portant des stigmates de choc apical axial, autrement dit d’un emploi en armature

Figure 4 - Brassempouy (Landes), Châtelperronien : 4 pointes de Châtelperron provenant de l’abri Dubalen (fouilles Delporte, Buisson 1983-1985) portant des stigmates de choc apical axial, autrement dit d’un emploi en armature

Clichés : J. Pelegrin ; montage : G. Monthel

  • 4 L’analyse archéozoologique tendant à montrer qu’il pourrait s’agir d’un campement estival (Letourne (...)

6En revanche, le mobilier aurignacien, tout du moins celui de l’Aurignacien ancien, apparaît non seulement beaucoup plus riche mais il reflète surtout une bien plus large panoplie d’activités (Bon, 2002 ; figures 5-6), ce que ne démentent pas les catégories de vestiges autres que lithiques, parmi lesquels des éléments d’industrie osseuse, de parure, etc. (Henry‑Gambier et al., 2004 ; Henry-Gambier, Bon, op. cit. ; Tartar, 2009). Ainsi, tout au long de l’importante séquence stratigraphique relevée dans la grotte des Hyènes, et tout en tenant compte du fait que chacune des unités sédimentaires identifiées correspond sans aucun doute à l’accumulation de traces relevant de plusieurs passages humains, tout porte à croire que nous sommes là, avec l’Aurignacien ancien, face à un campement résidentiel saisonnier4, en lieu et place de la « halte de chasse » châtelperronienne de jadis.

Figure 5 - Brassempouy (Landes), Aurignacien ancien : grattoirs sur lames et lame retouchée provenant de la grotte des Hyènes, niveau 2F

Figure 5 - Brassempouy (Landes), Aurignacien ancien : grattoirs sur lames et lame retouchée provenant de la grotte des Hyènes, niveau 2F

Dessins : Fr. Bon

7Puisque nous venons d’employer ces deux termes, « halte de chasse » et « campement résidentiel », rassemblons les éléments de définition dont nous disposons à présent, toujours d’après le seul registre des équipements. Le premier de ces termes repose sur la présence d’instruments pour l’acquisition du gibier et le traitement primaire des carcasses (armes et couteaux), mais il implique aussi l’absence d’autres éléments. On pense par exemple à l’absence d’outils liés au travail de la peau (lissoirs, aiguilles et poinçons en os et / ou grattoirs en pierre). Ce sont ces instruments que nous sommes en revanche en droit d’attendre dans des campements résidentiels, témoins de la diversification des activités qui s’y déroulent, tandis que leur mise en œuvre implique une plus longue durée d’installation.

Figure 6 - Brassempouy (Landes), Aurignacien ancien : échantillon de mobilier lithique provenant de la grotte des Hyènes

Figure 6 - Brassempouy (Landes), Aurignacien ancien : échantillon de mobilier lithique provenant de la grotte des Hyènes

Niveau 2A. a-c : grattoirs sur lames et lame retouchée ; d : racloir ; e : pièce esquillée ; f : burin ; g : grattoir à museau (nucléus ?) ; h : nucléus caréné ; i : lamelle Dufour

D’après O’Farrell, 2005 ; dessins : Fr. Bon sauf i : J.-G. Marcillaud)

3 - Existe t-il d’autres « haltes de chasse » châtelperroniennes dans les Pyrénées ?

8Dans les Pyrénées comme dans leur prolongement vasco-cantabrique, hormis Morín (Maíllo Fernández, 2003) et, dans une moindre mesure, Gatzarria (Laplace, 1966 ; Saenz de Buruaga, 1991), tous les autres sites châtelperroniens en grotte et sous abri évoquent des séjours très ponctuels si l’on en juge par la faiblesse du mobilier recensé. En outre, à l’instar de Brassempouy, leurs assemblages sont fréquemment dominés par une catégorie d’instrument : la pointe de Châtelperron.

9Cependant, comme l’a souligné J. M. Maíllo Fernández, la majorité de ces gisements (El Pendo, La Güelga, Polvorín, Valiña, Venta Laperra et même Ekaïn) connaissent des problèmes taphonomiques (lesquels se présentent notamment sous la forme de mélanges industriels avec du Moustérien et / ou d’autres cultures du Paléolithique supérieur) qui limitent bien souvent la portée des observations que l’on peut y réaliser (Maíllo Fernández, 2007). En outre, l’un des seuls sites de cette région échappant à cette critique taphonomique tout en évoquant, d’après la faiblesse et la nature du mobilier qu’il recèle, une hypothétique « halte de chasse », celui de Labeko Koba (Arrizabalaga, Altuna, 2000), voit son interprétation fonctionnelle nuancée par l’analyse tracéologique exhaustive effectuée sur le petit ensemble issu de sa couche IX (laquelle totalise environ 80 pièces lithiques dont 12 transformées ; figure 7). En dépit de la faiblesse de l’assemblage, cette étude met en évidence une relative diversité des activités pratiquées, la présence d’instruments dévolus à la chasse (4 pointes, dont deux portant des traces d’impact) et à la découpe du gibier étant accompagnée d’outils ayant notamment servi au traitement des peaux, y compris sous forme sèche (Rios-Garaizar, 2008).

10La prudence est donc de mise quant à l’identification de la fonction précise de ces occupations châtelperroniennes en grottes et abris. Pour progresser dans notre enquête, il faut donc nous tourner vers un autre contexte, celui des stations de plein air, dont plusieurs illustrent l’existence d’une nette distinction fonctionnelle vis-à-vis d’un site tel que Brassempouy.

Figure 7 - Labeko Koba (Pays basque), Châtelperronien : pointes de Châtelperron et lames retouchées provenant du niveau IX

Figure 7 - Labeko Koba (Pays basque), Châtelperronien : pointes de Châtelperron et lames retouchées provenant du niveau IX

D’après Arrizabalaga, Altuna, 2000 ; dessins : A. Arrizabalaga

4 - La complémentarité fonctionnelle des sites de plein air châtelperroniens

11Les Tambourets (Couladère, Haute-Garonne) et le Basté (Saint-Pierre-d’Irube, Pyrénées‑Atlantiques) constituent les deux principaux sites châtelperroniens de plein air recensés dans le monde pyrénéen. Ces deux occupations s’inscrivent dans un contexte géomorphologique similaire (zone de confluence fluviale, proche d’une source de matériaux lithiques) et ont livré des assemblages lithiques quantitativement comparables : la série des Tambourets issue des fouilles d’Harvey Bricker comporte 1621 vestiges lithiques dont 183 outils retouchés (Bricker, Laville, 1977 ; Scandiuzzi, 2008), celle du Basté recueillie par Claude Chauchat est composée d’environ 1 300 pièces dont 70 outils (Chauchat, Thibault, 1968).

12L’analyse de leurs industries lithiques tend à montrer qu’il existe de fortes similitudes entre elles (Scandiuzzi op. cit. ; Bachellerie, 2011). Ainsi, l’outillage rencontré dans ces deux sites est dominé par des instruments entrant dans la sphère « résidentielle » ou « domestique » : grattoirs pour les Tambourets (108 exemplaires), lames retouchées et grattoirs pour le Basté (31 pièces en tout ; figure 8), tandis que les pointes de Châtelperron sont moins représentées (17 exemplaires aux Tambourets, 12 au Basté ; figures 9-10). Cette disproportion est d’autant plus remarquable que, dans les deux cas, l’analyse des vestiges démontre que l’intention première des débitages conduits in situ est la production de supports laminaires correspondant aux normes recherchées pour les pointes de Châtelperron et, dans une moindre mesure, pour les lames retouchées.

Figure 8 - Le Basté (Pays Basque), Châtelperronien : grattoirs sur lames et sur éclat

Figure 8 - Le Basté (Pays Basque), Châtelperronien : grattoirs sur lames et sur éclat

Dessins : Cl. Chauchat

Figure 9 - Les Tambourets, Châtelperronien : échantillon de pointes de Châtelperron

Figure 9 - Les Tambourets, Châtelperronien : échantillon de pointes de Châtelperron

Pyrénées centrales ; clichés : R. Scandiuzzi

Figure 10 - Le Basté (Pays Basque), Châtelperronien : pointes de Châtelperron et lames à dos marginal

Figure 10 - Le Basté (Pays Basque), Châtelperronien : pointes de Châtelperron et lames à dos marginal

Dessins : Cl. Chauchat

13En d’autres termes, non seulement de nombreux vestiges attestent, à la différence de Brassempouy, la production in situ de produits laminaires (figure 11), mais d’autres éléments (outillage majoritairement « domestique » et aussi colorants ; figures 8, 12) confirment qu’il ne s’agit ni d’ateliers de taille, ni de haltes de chasse, mais bien d’occupations relevant d’activités beaucoup plus diversifiées. Parmi elles, la production de pointes de Châtelperron en vue de déplacements futurs, perceptible par le déficit de cette catégorie d’objets au sein des assemblages, intéresse directement le débat ouvert ici. En effet, en comparaison avec les données de Brassempouy et, dans une moindre mesure, avec celles de Labeko Koba, un certain degré de complémentarité fonctionnelle apparaît entre différentes occupations châtelperroniennes : des sites de plein air, positionnés à proximité de sources de matières premières, paraissent le lieu de (re)-constitution d’un stock de pointes de Châtelperron ; celui-ci serait ensuite emporté lors de séjours de chasse durant lesquels de courtes étapes (« haltes ») permettraient de remplacer les armatures fracturées et de traiter partiellement les carcasses à emporter sur des lieux d’habitats plus pérennes, ceux‑là mêmes où ont été préalablement produits les équipements. Les stations de plein air des Tambourets et du Basté offriraient donc l’image de camps résidentiels châtelperroniens – de plus ou moins courte durée –, c’est-à‑dire de lieux de fabrication des équipements puis de traitement secondaire du produit de la chasse, ce dernier étant acquis lors d’expéditions pouvant être assorties de l’existence de haltes, dont un exemple nous serait offert par Brassempouy.

Figure 11 - Le Basté (Pays Basque), Châtelperronien

Figure 11 - Le Basté (Pays Basque), Châtelperronien

Deux exemples de séquences de productions laminaires partiellement remontées. On note, dans celle de gauche, la présence d’une lame transformée en pointe de Châtelperron.

Dessins : M. Reduron

Figure 12 - Les Tambourets (Pyrénées centrales), Châtelperronien

Figure 12 - Les Tambourets (Pyrénées centrales), Châtelperronien

Bloc d’hématite portant des facettes occasionnées par une intense activité de raclage.

Cliché : R. Scandiuzzi

5 - Réciproquement, une absence apparente de « haltes de chasse » aurignaciennes

14Concernant à présent l’Aurignacien ancien, une grande variété de matériel se remarque systématiquement, à l’instar de Brassempouy, dans toutes les autres cavités du versant nord des Pyrénées françaises et de leur prolongement vasco-cantabrique occupées par des groupes appartenant à cette tradition, comme c’est le cas à la Tuto de Camalhot (Saint-Jean‑de-Verges, Ariège), Tarté (Cassagne, Haute-Garonne), Aurignac (Haute‑Garonne), les Abeilles (Montmaurin, Haute-Garonne), Gatzarria (Ossas-Suhare, Pyrénées atlantiques), Isturitz (Isturitz et Saint-Martin-d’Arberoue, Pyrénées atlantiques) ou Labeko Koba (Laplace, 1966 ; Bon, 2002 ; Bon et al., 2005 ; Normand, 2005-2006, 2006 ; Laplace et al., 2006 ; Arrizabalaga et al., 2007 ; Eizenberg, à paraître). En outre, parmi les gisements présentant une longue séquence aurignacienne, comme c’est le cas aux Abeilles, à Gatzarria ou à Isturitz (tableau 2), ces témoignages d’activités multiples sont enregistrés dès l’Aurignacien archaïque et se prolongent dans des phases plus récentes de cette culture, postérieures à l’Aurignacien ancien (figures 13-16).

Tableau 2 - Séquences stratigraphiques des principaux sites mobilisés dans cette enquête

Tableau 2 - Séquences stratigraphiques des principaux sites mobilisés dans cette enquête

Figure 13 - Gatzarria (Pays Basque), Aurignacien archaïque

Figure 13 - Gatzarria (Pays Basque), Aurignacien archaïque

Échantillon de l’industrie lithique protoaurignacienne provenant du niveau cjn2. 1 : nucléus ; 2 : éléments d’entretien dont celui de droite reprit par une troncature distale ; 3 : grattoirs ; 4 : lamelles Dufour.

Clichés : L. Eizenberg

Figure 14 - Isturitz (Pays Basque), Aurignacien archaïque

Figure 14 - Isturitz (Pays Basque), Aurignacien archaïque

Outillage lithique. 1, 2 et 6 : grattoirs sur lame ; 7 : grattoir sur lame retouchée ; 3-4 : burins sur cassure ; 8-10 : burins sur troncature ; 5 : pièce esquillée ; 11, 13, 14 et 20 : lames retouchées ; 12 : lame à bord denticulé ; 15 : lame appointée ; 16 : racloir ; 17-19 et 21-26 : lamelles retouchées.

Dessin : Chr. Normand

Figure 15a - Isturitz (Pays Basque), Aurignacien ancien

Figure 15a - Isturitz (Pays Basque), Aurignacien ancien

Outillage lithique. 1, 3 et 5 : grattoirs sur lame retouchée ; 2, 4 : grattoir sur lame aurignacienne ; 6 : perçoir ; 7-11 : lames retouchées.

Dessin : Chr. Normand

Figure 15b - Isturitz (Pays Basque), Aurignacien ancien

Figure 15b - Isturitz (Pays Basque), Aurignacien ancien

Outillage lithique. 12-13 : burins sur troncature ; 14-15 : lames à retouche aurignacienne ; 16 : denticulé ; 17 : pièce esquillée ; 18-31 : lamelles retouchées.

Dessin : Chr. Normand

Figure 16 - Isturitz (Pays Basque), Aurignacien ancien/récent

Figure 16 - Isturitz (Pays Basque), Aurignacien ancien/récent

Outillage lithique.1 :nucléus caréné ;2 :grattoir sur éclat ;3 :nucléus sur tranche ; 4-7 : lamelles retouchées ; 8, 9, 11 et 12 : lames retouchées ; 10 : lame à retouche aurignacienne ; 13-14 : grattoir sur lame retouchée ; 15 : grattoir sur lame ; 17 : bec ; 18 : pièce esquillée ; 19-20 : denticulés ; 21 : pièce à encoche ; 22 : burin sur troncature.

Dessin : Chr. Normand

  • 5 Précisons cependant que la chasse paraît fournir une part en définitive mineure des éléments utilis (...)

15Pour autant, le matériel abandonné atteste, logiquement, la place éminemment centrale occupée par la chasse. En effet, d’après l’analyse fonctionnelle menée à Isturitz, les activités mises en évidence sont majoritairement liées à cette dernière et se situent soit en amont (confection d’armes ; figure 17) soit en aval (prélèvement de la viande, des tendons, de la peau, traitement de celle-ci, probable confection et éventuelle ornementation de vêtements ou d’objets… ; Normand et al., op. cit. ; Rios Garaizar et Normand, à paraître). Certains gibiers fournissent ainsi leur contribution à la parure corporelle, comme le Renard et le Cerf à Gatzarria (figure 18 ; Saenz de Buruaga, 1989)5. Quoi qu’il en soit, la polyvalence des activités attestées dans ces sites manifeste qu’il s’agit, là encore, de campements résidentiels.

  • 6 Parmi les stations implantées à proximité immédiate des gîtes à silex du Bergeracois, il faut cepen (...)
  • 7 Nous ferons toutefois allusion plus loin, à travers l’exemple du site de Chabiague (Biarritz, Pyrén (...)

16Un des biais de notre enquête concerne toutefois la rareté des gisements de plein air aurignaciens : inconnus pour la phase archaïque, leur présence est principalement attestée sous la forme de collectes de surface pour l’Aurignacien ancien. Cependant, hormis peut-être quelques exemples d’« ateliers de taille » comme il en existe dans d’autres régions comme la Dordogne (Chadelle, 1990 ; Bordes, Tixier, 2006)6, les sites de plein air recensés livrent un mobilier comparable à celui recueilli en grotte et semblent, à l’image de ces dernières, correspondre également à des installations répondant à de multiples activités7. C’est le cas par exemple du gisement de Garet (Serreslous-et _Arribans, Landes ; Klaric, 1999) où, si les activités de débitage paraissent occuper une place plus importante que ce n’est le cas dans la station voisine de Brassempouy, le cortège d’outils abandonnés ressemble trait pour trait à celui rencontré dans les remplissages de cette grotte.

17Ainsi, dans l’état actuel de notre documentation, tous les sites rapportés à l’Aurignacien, quelle que soit la phase (archaïque, ancienne,…) ou le contexte considérés (grotte plus ou moins vaste, abri naturel ou station de plein air), détiennent des équipements qui nous conduisent à les ranger parmi la catégorie des « campements résidentiels » (Bon, 2006).

6 - Critique du modèle : le problème de la signature archéologique des registres d’activités

18Les données recueillies sur les sites des Pyrénées tendraient donc à illustrer l’existence d’une plus grande diversité fonctionnelle en contexte châtelperronien que ce n’est le cas avec l’Aurignacien. Mais, avant d’interpréter pleinement ce résultat, une réflexion méthodologique s’impose. En effet, il faut tenir compte de la difficulté à comparer la signature fonctionnelle d’industries aussi différentes du point de vue de leurs systèmes d’armement. En l’occurrence, il faut pondérer la visibilité relative, d’un assemblage à l’autre, d’instruments de chasse armés de pointes lithiques apicales (modèle Châtelperronien) vis‑à-vis d’instruments formés de pointes en bois de cervidé ou peut-être végétal, et dont certaines seulement ont pu être garnies de lamelles (modèle Aurignacien).

Figure 17 - Isturitz (Pays Basque), Aurignacien archaïque

Figure 17 - Isturitz (Pays Basque), Aurignacien archaïque

Lamelles portant des stigmates d’une utilisation comme armatures de projectiles.

D’après O’Farrell, in Normand et al., 2008

Figure 18 - Gatzarria (Pays Basque), Aurignacien archaïque

Figure 18 - Gatzarria (Pays Basque), Aurignacien archaïque

Éléments de parure provenant du niveau supérieur Cjn1. 1-2 : perles en stéatite ; 3 : crache de cerf percée ; 4 : canine de renard perforée ; 5 : fragment osseux travaillé, cylindrique ; 6 : fragment osseux portant des incisions horizontales, rectilignes.

D’après Saenz de Buruaga, 1989 ; dessins : A. Cava

  • 8 En effet, dans des contextes où les seuls arguments sont de nature industrielle, qui pourrait se pr (...)

19Ajoutons à cela une précision : le fait que, dans l’Aurignacien ancien, ces lamelles aient pu couramment être utilisées sans avoir été préalablement retouchées (à la différence de ce qui existe dans les Aurignaciens archaïque et récent ; pour une synthèse : voir Le Brun‑Ricalens, 2005). L’évidence et la durée de vie de ces différents types de pointe expliquent en partie, peut-être, le contraste entre les données réunies sur ces deux cultures du début du Paléolithique supérieur. En d’autres termes, si des haltes de chasse aurignaciennes existent, peut-être ne sont‑elles marquées dans le registre archéologique que par quelques copeaux de sagaies en bois de renne réaffûtées, éventuellement associés à une pincée de lamelles : autant d’éléments bien plus ténus que ne le sont des pointes lithiques, à la fois plus aisément identifiables que des lamelles (a fortiori lorsqu’elles ne sont pas retouchées)8 et plus nombreuses que des pointes en bois de renne, car plus fréquemment remplacées que ces dernières.

20Cette discussion méthodologique autour de la signature archéologique de l’activité de chasse selon les contextes et les industries considérés prend toute son importance lorsque l’on cherche à prendre encore davantage de recul temporel et à comparer ces données avec celles disponibles pour le Moustérien des mêmes régions.

7 - Incursions dans le monde moustérien

21D’une façon générale, et même s’il faut se garder de niveler les informations dont nous disposons pour une période aussi longue, l’un des traits industriels du Moustérien, tout du moins dans les Pyrénées, est qu’il n’existe pas de système de production spécifiquement orienté vers l’obtention d’une catégorie prédominante d’instrument, a fortiori d’instruments liés à la confection d’armes comme c’est le cas avec le Châtelperronien et son emblématique pointe. Ceci explique que la mise en évidence des activités cynégétiques ne repose pas directement sur l’identification des équipements de chasse, lesquels sont généralement peu ou pas représentés dans l’industrie lithique.

22Certains sites de la région pyrénéenne ont toutefois livré des éléments interprétables comme des armatures. C’est le cas, notamment, du site de Bouheben (Baigts, Landes), dont l’analyse de pointes moustériennes effectuée par Paola Villa et Michel Lenoir semble démontrer que certaines ont été utilisées dans le cadre d’activités cynégétiques, probablement comme élément d’armes d’hast plutôt que d’armes de jet (d’après leur massivité). Certaines pièces portent en effet des fractures d’impact caractéristiques (Villa, Lenoir, 2006 ; figure 19). Mais cette situation est exceptionnelle et, dans la plupart des gisements, les objets susceptibles de remplir cette fonction demeurent relativement rares. Ainsi, à Olha II (Cambo‑les-Bains, Pyrénées‑Atlantiques) comme à Gatzarria, l’outillage est largement dominé par les racloirs et les denticulés (figure 20), tandis que les pointes lithiques demeurent peu représentées (moins de 10 % de l’outillage). En outre, sur ces dernières, les fractures d’impact sont très peu fréquentes (seulement 3 pièces présentent peut-être une fracture d’impact à Olha II) et leur utilisation comme élément d’armature reste donc sujette à caution (Deschamps, 2009 et thèse en cours).

Figure 19 - Bouheben (Landes), Moustérien

Figure 19 - Bouheben (Landes), Moustérien

Fractures apicales d’impact sur deux pointes moustériennes.

D’après Villa, Lenoir, 2006

  • 9 L’analyse tracéologique effectuée par Aude Coudenneau (Thiébaut et al., 2011) a révélé la présence (...)

23Un exemple emblématique est fourni par le site de Mauran (Haute-Garonne, OIS 3 ; figure 21). L’importance des activités de chasse y est amplement démontrée par l’analyse archéozoologique des assemblages fauniques (figure 22) : ce site a fonctionné, probablement pendant plusieurs centaines d’années, comme occupation spécialisée dans l’acquisition et le dépeçage de bisons, suivie de l’emport de certaines parties de l’animal (David, Farizy, 1994 ; Rendu, 2007 ; Rendu et al., ce volume). Or, les pointes lithiques susceptibles d’être emmanchées axialement y sont absentes ou presque9, et la production est nettement orientée vers l’obtention de pointes pseudo‑Levallois opposant deux tranchants convergents à un dos de débitage plus ou moins épais, l’outillage retouché étant quant à lui dominé par les denticulés (Farizy et al., 1994 ; Jaubert, 1993 ; Thiébaut, 2005 ; figures 23‑24). De fait, l’analyse tracéologique a pleinement confirmé l’importance des activités de boucherie effectuées dans cette station à l’aide de ces instruments (Thiébaut et al., 2011).

24Un dernier exemple peut être proposé afin d’enrichir cette discussion sur la signature archéologique des activités de chasse en contexte moustérien, celui de la grotte du Noisetier à Fréchet-Aure (Hautes-Pyrénées ; OIS 3 ; figures 25-26). À l’issue des fouilles conduites par Michel Allard, cette cavité avait été interprétée comme une halte de chasse liée à l’exploitation d’espèces montagnardes tels que Bouquetin et Isard (Jaubert, Bismuth 1996). Cependant, la reprise des opérations de fouille depuis 2004 et l’étude taphonomique conduite par Sandrine Costamagno et Jean-Baptiste Mallye ont permis de montrer que l’accumulation de vestiges d’espèces montagnardes, en particulier l’Isard, étaient majoritairement d’origine naturelle, imputables en l’occurrence au Gypaète barbu et au Cuon (Costamagno et al., 2008 ; Mourre et al., 2008a-b ; Mallye et al., à paraître). En définitive, dans le registre archéozoologique, les traces anthropiques concernent surtout le Cerf, espèce ubiquiste mais nullement inféodée au contexte du site et également présente en plaine. Les industries sont quant à elles réalisées essentiellement aux dépens de matériaux locaux (quartzite, lydiennes, etc.), plus rarement de silex importé. La production est dominée par le débitage d’éclats, généralement utilisés bruts. Quelques éléments retouchés sont présents (racloirs, denticulés), y compris des pièces à bords retouchés convergents, mais dont aucune ne constitue toutefois un candidat crédible au rang d’armature liée à la chasse (figure 27). Au vu de l’ensemble de ces données, l’interprétation fonctionnelle du site comme halte de chasse s’en trouve donc clairement remise en question : il pourrait plutôt s’agir d’un habitat lié à des déplacements au sein de la chaîne pyrénéenne, sous la forme d’un « camp résidentiel » fréquenté par l’ensemble des membres d’un groupe. Ajoutons que la présence de dents déciduales appartenant à de jeunes enfants va tout à fait dans le même sens (Maureille in Mourre et al., 2008b). Mais, là encore, nous ne sommes guère guidés par les industries en pierre dans nos interprétations.

Figure 20 - Ohla 2 (Pays Basque), Moustérien : échantillon de pièces retouchées

Figure 20 - Ohla 2 (Pays Basque), Moustérien : échantillon de pièces retouchées

1-2 : racloirs simples ; 3 : racloir déjeté ; 4 : denticulé ; 5 : pointe denticulée ; 6 : racloir double convergent ; 7 : pointe de Tayac ; 8 : racloir alterne.

Dessins : M. Deschamps

Figure 21 - Mauran (Pyrénées centrales), Moustérien : localisation du site

Figure 21 - Mauran (Pyrénées centrales), Moustérien : localisation du site

Cliché : D. Martin, mission SRA Midi-Pyrénées de mai 1993 ; d’après Farizy et al., 1994

Figure 22 - Mauran (Pyrénées centrales), Moustérien : détail d’un décapage du niveau archéologique principal

Figure 22 - Mauran (Pyrénées centrales), Moustérien : détail d’un décapage du niveau archéologique principal

Cliché : C. Farizy ; d’après Sacchi, Vaquer, 1996

Figure 23 - Mauran (Pyrénées centrales), Moustérien : denticulé en silex

Figure 23 - Mauran (Pyrénées centrales), Moustérien : denticulé en silex

D’après Farizy et al., 1994 ; dessin : J. Jaubert

Figure 24 - Mauran (Pyrénées centrales), Moustérien

Figure 24 - Mauran (Pyrénées centrales), Moustérien

Pointes pseudo-Levallois en quartzite.

D’après Farizy et al., 1994 ; dessins : J. Jaubert

Figure 25 - Le Noisetier (Pyrénées centrales) : localisation du site

Figure 25 - Le Noisetier (Pyrénées centrales) : localisation du site

Cliché : V. Mourre

Figure 26 - Le Noisetier (Pyrénées centrales) : vue de la grotte en cours de fouille

Figure 26 - Le Noisetier (Pyrénées centrales) : vue de la grotte en cours de fouille

Cliché : V. Mourre

25Nous retiendrons de cette rapide revue d’exemples le constat suivant : si tant est que de véritables « haltes de chasse » soient représentées au Paléolithique moyen dans les Pyrénées, il ne semble pas exister de spécialisation au sein des industries lithiques, notamment dans la production de supports normalisés transformés en armature, qui permette d’appréhender par ce biais cette catégorie de sites. En d’autres termes, nous ne disposons pas, à partir des seuls équipements, d’une signature archéologique permettant d’identifier ce type d’occupation dans cette région, à l’exemple du gisement de Mauran, que seuls les vestiges fauniques conduisent à interpréter comme un site d’abattage et de traitement primaire des carcasses.

Figure 27 - Le Noisetier (Pyrénées centrales), Moustérien : pointe moustérienne à retouche abrupte en silex

Figure 27 - Le Noisetier (Pyrénées centrales), Moustérien : pointe moustérienne à retouche abrupte en silex

Cliché : C. Thiébaut

8 - Résultat(s) : vers l’énoncé d’un modèle… et sa pondération

  • 10 Il faut toutefois souligner le fait que, dans les études auxquelles il vient d’être fait allusion, (...)

26À partir de l’ensemble des données préalablement réunies, nous pourrions proposer que le Châtelperronien se distingue des cultures qui l’encadrent chronologiquement à la fois par un plus fort investissement technique à l’égard des équipements de chasse (ceci valant surtout vis-à-vis du Moustérien) mais aussi par la spécialisation de certains sites autour de cette même activité (ceci valant aussi, et peut-être surtout, vis‑à-vis de l’Aurignacien). En reliant ces deux idées, nous pourrions conclure que, dans le Moustérien, l’équation établie entre la faible technicité des armes et la pratique d’une chasse collective justifie le fait que les campements résidentiels sont le plus souvent implantés au plus près des terrains de capture ; réciproquement, la technicité des armes châtelperroniennes serait susceptible de répondre à une organisation sociale moins collective de la chasse, dont les acteurs sont en mesure de partir en expéditions à plusieurs jours de marche de leur campement résidentiel afin d’acquérir les ressources en viande qui y seront ensuite rapportées. De la même façon, on peut chercher à interpréter la signification socio-économique des différences existant entre les armes aurignaciennes et celles des Châtelperroniens. En l’occurrence, nous pourrions envisager que les projectiles dotés de pointes en pierre confectionnés par ces derniers répondent, comme cela a déjà été proposé pour d’autres contextes culturels (cf. Tardiglaciaire : Pelegrin, 2000 ; Valentin, 2008), à l’exercice d’une chasse plus individuelle que ce n’est le cas de ceux dotés de pointes en os. Le principal argument réside alors dans le rapport entre le temps investi dans la fabrication d’une arme et la probabilité qu’elle soit perdue ou irrémédiablement endommagée lors de son usage. Or, une chasse solitaire occasionnant davantage de pertes qu’une chasse collective, nous pouvons suggérer qu’une pointe en os est moins « rentable » en cette circonstance qu’une pointe en pierre, compte tenu de l’investissement qu’elle exige (en termes d’acquisition des matériaux et de temps fabrication)10. Si cette démonstration est exacte et si les groupes aurignaciens privilégiaient un armement en lien avec la pratique de chasses en effet plus collectives, nous trouverions là une explication au fait de ne pas rencontrer de sites spécialisés dans cette activité parmi leurs diverses modalités d’occupation de l’espace, à la différence du Châtelperronien.

27Ce modèle, aussi séduisant soit-il, mérite toutefois d’être pondéré de la façon suivante : nous avons en effet été amené à considérer que les choix opérés en matières d’armement par ces divers groupes humains conduisent à une lisibilité si contrastée de ce type d’activité qu’elle induit un biais méthodologique nous empêchant de conclure sur l’absence de haltes de chasse moustériennes et aurignaciennes, tout du moins à partir des seules industries. Ainsi, compte tenu de cette réserve, tandis que l’organisation sociale de la chasse pourrait être appréhendée pour les Châtelperroniens grâce à la lisibilité des traces générées par leurs techniques (la présence relative d’armatures vis-à-vis du reste de l’outillage selon les sites demeurant à cet égard significative de l’existence de « haltes de chasse » et de « camps résidentiels »), il faudrait donc se garder de renverser une telle proposition lorsque l’on aborde leurs prédécesseurs moustériens et leurs successeurs aurignaciens. Hâ(l)tons‑nous donc de ne pas conclure ! Et retenons pour l’instant que l’énoncé de ce modèle tout comme la formulation de sa critique servent, avant tout, à dresser les contours d’une enquête où devront à présent converger les études consacrées tant aux industries, aux restes osseux qu’à l’analyse des sites d’une façon générale. L’enjeu est de taille, car la problématique consacrée à l’organisation sociale de la chasse occupe nécessairement une place centrale lorsque l’on cherche à interpréter les changements paléosociologiques opérés entre le Paléolithique moyen et le Paléolithique supérieur.

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Notes

1 À l’appui de ces réflexions, on citera notamment le travail de Steven Kuhn et Mary Stiner (2006). Considérant la nature du gibier recherché, ils concluent à l’existence de chasses sollicitant davantage l’ensemble des membres d’un groupe lors du Moustérien qu’au cours des périodes postérieures, lorsqu’interviendrait selon eux une division sexuelle des tâches plus marquée. En effet, toujours selon leur interprétation, la prédilection des chasseurs du Paléolithique moyen en faveur du gros gibier et, réciproquement, leur dédain à l’égard du petit gibier, signeraient la participation de tous, hommes, femmes et enfants, à leur capture.

2 Cette démarche s’inspire notamment de celles entreprises dans d’autres contextes chronologiques, en particulier le Tardiglaciaire (Pelegrin, 2000 ; Valentin, 2008 ; Bodu et al., ce volume).

3 Ces effectifs concernent le mobilier châtelperronien du seul secteur Dubalen, qui réunit le corpus le plus important de ce site, bien qu’il soit lui aussi probablement très partiel (environ 200 pièces ; étude de J. Pelegrin et J. Primault). Les autres outils mentionnés sont : un denticulé sur lame, un front de grattoir cassé, très mince, un fragment de lame retouchée, une lamelle à fine retouche d’utilisation directe et un petit fragment d’outil non orientable. Précisons que plusieurs de ces objets peuvent trahir un mélange à partir des niveaux aurignaciens sus-jacents.

4 L’analyse archéozoologique tendant à montrer qu’il pourrait s’agir d’un campement estival (Letourneux, 2005).

5 Précisons cependant que la chasse paraît fournir une part en définitive mineure des éléments utilisés dans la parure corporelle des Aurignaciens archaïques. Ainsi, aucune pièce provenant d’animaux chassés pour la subsistance n’a pour l’instant été observée parmi l’importante série découverte à Isturitz (White, 2007). La situation est moins nette pour la phase ancienne mais, là encore, et à l’instar des données réunies à Brassempouy, les dents utilisées proviennent d’animaux qui ne constituent pas les gibiers principaux. Par exemple, à Isturitz, les nombreuses dents utilisées proviennent très majoritairement de Bovinés alors que la chasse est principalement orientée vers le Cheval et le Renne (Normand et al., 2007).

6 Parmi les stations implantées à proximité immédiate des gîtes à silex du Bergeracois, il faut cependant rappeler que le statut de certaines d’entre elles est plus large que celui de « simples » ateliers de taille, à l’image de Barbas (Ortega, 1998 ; Teyssandier, 2000).

7 Nous ferons toutefois allusion plus loin, à travers l’exemple du site de Chabiague (Biarritz, Pyrénées-Atlantiques), à certains contextes qui mériteraient plus amples investigations.

8 En effet, dans des contextes où les seuls arguments sont de nature industrielle, qui pourrait se prononcer à partir de la simple observation de quelques fragments de lamelles épars dans un niveau (a fortiori si celui-ci connaît quelque problème taphonomique, ce qui est fréquemment le cas) ? Autre cas de figure, celui de la « petite » série issue de la station de plein air de Chabiague (Chauchat, 1968 ; Normand, étude en cours), très pauvre en outils mais où la très grande majorité de la quinzaine de nucléus témoignent d’un débitage de lamelles probablement destinées à armer des projectiles : si ce lieu est lié à la confection / réparation d’équipement de chasse, cet « atelier de taille » ne pourrait-il en définitive dissimuler une halte de chasse ?

9 L’analyse tracéologique effectuée par Aude Coudenneau (Thiébaut et al., 2011) a révélé la présence d’une unique pièce (une pointe pseudo‑evallois en quartzite) dont l’extrémité distale présente une fracture en flexion. Toutefois, sa relation avec l’utilisation de cette pièce comme armature est envisageable mais non certaine : en effet, ce type de fracture peut aussi se produire dans le cadre d’activités de boucherie telles que la désarticulation.

10 Il faut toutefois souligner le fait que, dans les études auxquelles il vient d’être fait allusion, l’argument est d’autant plus fort qu’il s’agit, dans un cas, de pointes lithiques armant des flèches et, dans l’autre, de pointes osseuses armant des sagaies lancées à l’aide d’un propulseur. Or, cette information sur le type d’arme utilisée (flèche / sagaie) nous fait ici totalement défaut.

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Table des illustrations

Titre Figure 1 - Carte de répartition des sites pyrénéens et cantabriques mentionnés dans le texte
Légende 1 : El Pendo ; 2 : Morín ; 3 : Polvorin ; 4 :Venta Laperra ; 5 : Ekaïn ; 6 : Labeko Koba ; 7 : Chabiague ; 8 : Le Basté ; 9 : Olha ; 10 : Isturitz ; 11 : Gatzarria ; 12 : Bouheben ; 13 : Brassempouy ; 14 : Garet ; 15 : Le Noisetier ; 16 : Les Abeilles ; 17 : Aurignac ; 18 : Mauran ; 19 : Les Tambourets ; 20 : Tarté ; 21 : Tuto de Camalhot ; 22 : La Güelga ; 23 : Valina.
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 120k
Titre Figure 2 - Brassempouy (Landes) : vues et schéma stratigraphique de l’abri Dubalen
Crédits Cliché : Fr. Bon
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-2.jpg
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Titre Figure 3 - Brassempouy (Landes), Châtelperronien : échantillon de pointes de Châtelperron provenant de l’abri Dubalen
Crédits D’après Buisson, Delporte, 1990, modifié ; dessins : D. Buisson
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-3.jpg
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Titre Figure 4 - Brassempouy (Landes), Châtelperronien : 4 pointes de Châtelperron provenant de l’abri Dubalen (fouilles Delporte, Buisson 1983-1985) portant des stigmates de choc apical axial, autrement dit d’un emploi en armature
Crédits Clichés : J. Pelegrin ; montage : G. Monthel
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-4.jpg
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Titre Figure 5 - Brassempouy (Landes), Aurignacien ancien : grattoirs sur lames et lame retouchée provenant de la grotte des Hyènes, niveau 2F
Crédits Dessins : Fr. Bon
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-5.jpg
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Titre Figure 6 - Brassempouy (Landes), Aurignacien ancien : échantillon de mobilier lithique provenant de la grotte des Hyènes
Légende Niveau 2A. a-c : grattoirs sur lames et lame retouchée ; d : racloir ; e : pièce esquillée ; f : burin ; g : grattoir à museau (nucléus ?) ; h : nucléus caréné ; i : lamelle Dufour
Crédits D’après O’Farrell, 2005 ; dessins : Fr. Bon sauf i : J.-G. Marcillaud)
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-6.jpg
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Titre Figure 7 - Labeko Koba (Pays basque), Châtelperronien : pointes de Châtelperron et lames retouchées provenant du niveau IX
Crédits D’après Arrizabalaga, Altuna, 2000 ; dessins : A. Arrizabalaga
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-7.jpg
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Titre Figure 8 - Le Basté (Pays Basque), Châtelperronien : grattoirs sur lames et sur éclat
Crédits Dessins : Cl. Chauchat
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-8.jpg
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Titre Figure 9 - Les Tambourets, Châtelperronien : échantillon de pointes de Châtelperron
Crédits Pyrénées centrales ; clichés : R. Scandiuzzi
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-9.jpg
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Titre Figure 10 - Le Basté (Pays Basque), Châtelperronien : pointes de Châtelperron et lames à dos marginal
Crédits Dessins : Cl. Chauchat
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-10.jpg
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Titre Figure 11 - Le Basté (Pays Basque), Châtelperronien
Légende Deux exemples de séquences de productions laminaires partiellement remontées. On note, dans celle de gauche, la présence d’une lame transformée en pointe de Châtelperron.
Crédits Dessins : M. Reduron
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-11.jpg
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Titre Figure 12 - Les Tambourets (Pyrénées centrales), Châtelperronien
Légende Bloc d’hématite portant des facettes occasionnées par une intense activité de raclage.
Crédits Cliché : R. Scandiuzzi
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-12.jpg
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Titre Tableau 2 - Séquences stratigraphiques des principaux sites mobilisés dans cette enquête
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-13.jpg
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Titre Figure 13 - Gatzarria (Pays Basque), Aurignacien archaïque
Légende Échantillon de l’industrie lithique protoaurignacienne provenant du niveau cjn2. 1 : nucléus ; 2 : éléments d’entretien dont celui de droite reprit par une troncature distale ; 3 : grattoirs ; 4 : lamelles Dufour.
Crédits Clichés : L. Eizenberg
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-14.jpg
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Titre Figure 14 - Isturitz (Pays Basque), Aurignacien archaïque
Légende Outillage lithique. 1, 2 et 6 : grattoirs sur lame ; 7 : grattoir sur lame retouchée ; 3-4 : burins sur cassure ; 8-10 : burins sur troncature ; 5 : pièce esquillée ; 11, 13, 14 et 20 : lames retouchées ; 12 : lame à bord denticulé ; 15 : lame appointée ; 16 : racloir ; 17-19 et 21-26 : lamelles retouchées.
Crédits Dessin : Chr. Normand
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-15.jpg
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Titre Figure 15a - Isturitz (Pays Basque), Aurignacien ancien
Légende Outillage lithique. 1, 3 et 5 : grattoirs sur lame retouchée ; 2, 4 : grattoir sur lame aurignacienne ; 6 : perçoir ; 7-11 : lames retouchées.
Crédits Dessin : Chr. Normand
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-16.jpg
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Titre Figure 15b - Isturitz (Pays Basque), Aurignacien ancien
Légende Outillage lithique. 12-13 : burins sur troncature ; 14-15 : lames à retouche aurignacienne ; 16 : denticulé ; 17 : pièce esquillée ; 18-31 : lamelles retouchées.
Crédits Dessin : Chr. Normand
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-17.jpg
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Titre Figure 16 - Isturitz (Pays Basque), Aurignacien ancien/récent
Légende Outillage lithique.1 :nucléus caréné ;2 :grattoir sur éclat ;3 :nucléus sur tranche ; 4-7 : lamelles retouchées ; 8, 9, 11 et 12 : lames retouchées ; 10 : lame à retouche aurignacienne ; 13-14 : grattoir sur lame retouchée ; 15 : grattoir sur lame ; 17 : bec ; 18 : pièce esquillée ; 19-20 : denticulés ; 21 : pièce à encoche ; 22 : burin sur troncature.
Crédits Dessin : Chr. Normand
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-18.jpg
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Titre Figure 17 - Isturitz (Pays Basque), Aurignacien archaïque
Légende Lamelles portant des stigmates d’une utilisation comme armatures de projectiles.
Crédits D’après O’Farrell, in Normand et al., 2008
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-19.jpg
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Titre Figure 18 - Gatzarria (Pays Basque), Aurignacien archaïque
Légende Éléments de parure provenant du niveau supérieur Cjn1. 1-2 : perles en stéatite ; 3 : crache de cerf percée ; 4 : canine de renard perforée ; 5 : fragment osseux travaillé, cylindrique ; 6 : fragment osseux portant des incisions horizontales, rectilignes.
Crédits D’après Saenz de Buruaga, 1989 ; dessins : A. Cava
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-20.jpg
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Titre Figure 19 - Bouheben (Landes), Moustérien
Légende Fractures apicales d’impact sur deux pointes moustériennes.
Crédits D’après Villa, Lenoir, 2006
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-21.jpg
Fichier image/jpeg, 24k
Titre Figure 20 - Ohla 2 (Pays Basque), Moustérien : échantillon de pièces retouchées
Légende 1-2 : racloirs simples ; 3 : racloir déjeté ; 4 : denticulé ; 5 : pointe denticulée ; 6 : racloir double convergent ; 7 : pointe de Tayac ; 8 : racloir alterne.
Crédits Dessins : M. Deschamps
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-22.jpg
Fichier image/jpeg, 92k
Titre Figure 21 - Mauran (Pyrénées centrales), Moustérien : localisation du site
Crédits Cliché : D. Martin, mission SRA Midi-Pyrénées de mai 1993 ; d’après Farizy et al., 1994
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-23.jpg
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Titre Figure 22 - Mauran (Pyrénées centrales), Moustérien : détail d’un décapage du niveau archéologique principal
Crédits Cliché : C. Farizy ; d’après Sacchi, Vaquer, 1996
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-24.jpg
Fichier image/jpeg, 68k
Titre Figure 23 - Mauran (Pyrénées centrales), Moustérien : denticulé en silex
Crédits D’après Farizy et al., 1994 ; dessin : J. Jaubert
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-25.jpg
Fichier image/jpeg, 24k
Titre Figure 24 - Mauran (Pyrénées centrales), Moustérien
Légende Pointes pseudo-Levallois en quartzite.
Crédits D’après Farizy et al., 1994 ; dessins : J. Jaubert
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-26.jpg
Fichier image/jpeg, 92k
Titre Figure 25 - Le Noisetier (Pyrénées centrales) : localisation du site
Crédits Cliché : V. Mourre
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-27.jpg
Fichier image/jpeg, 44k
Titre Figure 26 - Le Noisetier (Pyrénées centrales) : vue de la grotte en cours de fouille
Crédits Cliché : V. Mourre
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-28.jpg
Fichier image/jpeg, 56k
Titre Figure 27 - Le Noisetier (Pyrénées centrales), Moustérien : pointe moustérienne à retouche abrupte en silex
Crédits Cliché : C. Thiébaut
URL http://journals.openedition.org/palethnologie/docannexe/image/7140/img-29.jpg
Fichier image/jpeg, 14k
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Pour citer cet article

Référence électronique

François Bachellerie, François Bon, Marianne Deschamp, Laura Eizenberg, Dominique Henry-Gambier, Vincent Mourr, Christian Normand, Jacques Pelegrin, Jérôme Primault, René Scandiuzzi et Céline Thiébaut, « La signature archéologique de l’activité de chasse appliquée à la comparaison des industries moustériennes, châtelperroniennes et aurignaciennes des Pyrénées : nature des équipements et fonctions des sites »Palethnologie [En ligne], 3 | 2011, mis en ligne le 01 janvier 2011, consulté le 13 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/palethnologie/7140 ; DOI : https://doi.org/10.4000/palethnologie.7140

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Auteurs

François Bachellerie

UMR 5199 – PACEA, Bâtiment B8, Université Bordeaux 1, Avenue des Facultés, 33405 Talence, France
bachellerie.francois[at]gmail.com

François Bon

UMR 5608 – TRACES, Université Toulouse II - Le Mirail, Maison de la recherché, 5 allées Antonio Machado, 31058 Toulouse cedex 9, France
Honorary Research Fellow School of Geography Archaeology and Environmental Studies University of the Witwatersrand Johannesburg SOUTH AFRICA
bon[at]univ-tlse2.fr

Articles du même auteur

Marianne Deschamp

UMR 5608 – TRACES, Université Toulouse II - Le Mirail, Maison de la recherche, 5 allées Antonio Machado, 31058 Toulouse cedex 9, France
deschamps[at]univ-tlse2.fr

Laura Eizenberg

UMR 5608 – TRACES, Université Toulouse II - Le Mirail, Maison de la recherche, 5 allées Antonio Machado, 31058 Toulouse cedex 9, France
lauraeizen[at]hotmail.com

Dominique Henry-Gambier

UMR 5199 – PACEA, Bâtiment B8, Université Bordeaux 1, Avenue des Facultés, 33405 Talence, France
d.gambier[at]pacea.u-bordeaux1.fr

Articles du même auteur

Vincent Mourr

INRAP Méditerranée - UMR 5608 – TRACES, Université Toulouse II - Le Mirail, Maison de la recherche, 5 allées Antonio Machado, 31058 Toulouse cedex 9, France
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Christian Normand

UMR 5608 – TRACES, Université Toulouse II - Le Mirail, Maison de la recherche, 5 allées Antonio Machado, 31058 Toulouse cedex 9, France
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