Navigation – Plan du site

AccueilNumérosHors-sérieLa formation de paysagiste au Chi...

La formation de paysagiste au Chili de 1960 à nos jours. Émergences et évolutions comparatives de deux cursus universitaires de premier cycle

Training in landscape architecture in Chile from 1960 to the present day. A comparison of emerging trends and developments in two undergraduate degree programmes
Claudia Márquez Thomas

Résumés

L’histoire de la formation universitaire de paysagiste au Chili est encore peu étudiée. Nous en retraçons ici deux temps forts en analysant les contextes de naissance et d’évolution de deux cursus universitaires de premier cycle : ceux de l’Universidad de Chile entre 1960 et 1980 et de l’Universidad Central depuis 1988. Notre recherche s’est appuyée sur des entretiens avec des acteurs-clés de ces deux périodes, ainsi que sur l’analyse de publications pédagogiques. Durant ces six décennies, la formation des paysagistes passe du paysagisme appliqué associé à la décoration d’intérieur au design paysager d’espaces verts extérieurs, du jardin aux parcs urbains, et se déploie enfin à l’échelle du grand paysage, urbain, rural et naturel, sous la dénomination d’architecture de paysage. Allant de pair avec l’augmentation de l’échelle d’intervention, les aspects liés au jardinage et au design tendent à disparaître. Pour autant, l’analyse de ces deux formations permet de retracer le fil conducteur du développement d’une discipline encore souvent incomprise qui se redéfinit constamment pour s’adapter aux enjeux sociaux au cours des années.

Haut de page

Texte intégral

  • 1 Au Chili, la plupart des formations universitaires de premier cycle, équivalentes à la licence euro (...)
  • 2 Premiers résultats d’une recherche en cours sur la formation des paysagistes à l’université du Chil (...)

1Cet article retrace l’histoire de la formation de paysagiste au Chili à travers l’analyse des contextes de naissance et de développement de deux écoles universitaires de premier cycle1 : l’Universidad de Chile (UCh) entre 1960 et 19802 et l’Universidad Central (UCEN) depuis 1988. Pour retracer ce passé méconnu, nous avons analysé les programmes de formation, leurs évolutions et leurs caractéristiques principales, à partir d’entretiens effectués auprès de huit acteurs-clés de ces deux périodes (élèves et/ou enseignants ; cf. annexes). Au total, nous avons réalisé treize entretiens en 2020 et 2021, équivalant à environ 26 heures d’enregistrement. Nous avons également étudié du matériel académique d’archive des périodes concernées afin d’être en mesure de décrire leurs contenus pédagogiques généraux et les projets sous-tendus.

2En première approche du sujet, nous retracerons dans la période de 60 ans analysée ici un parcours de la formation paysagiste, partant du domaine du design à l’échelle de la décoration d’intérieur, pour ensuite passer aux jardins et aux espaces extérieurs et, enfin, à l’aménagement du territoire comme architecture de paysage. Nous verrons qu’au long de ce cheminement, outre l’augmentation de l’échelle et des champs d’action, en lien avec la disparition progressive d’éléments de jardinage, de nombreuses facettes de la discipline sont en redéfinition perpétuelle.

Les débuts d’un enseignement universitaire au paysage (1960-1981) : du paysagisme comme art appliqué au design paysager

3Au Chili, l’enseignement du paysagisme comme discipline universitaire débute dans les années 1960, période qui coïnciderait au début d’un véritable paysagisme chilien en termes créatifs (Rossetti, 2009a). La formation émerge dans la première université de l’État, l’Universidad de Chile à Santiago, au sein de l’École des arts appliqués (EAA) qui voit le jour dans le cadre du modèle économique dit de « développement vers l’intérieur » (1920-1970) : la promotion par l’État de l’activité industrielle nationale afin de lui donner une identité propre et de faciliter l’autoapprovisionnement, tout en intégrant la formation des classes populaires (Castillo, 2010). L’enseignement de l’art et du design prend alors une orientation productiviste, se détachant de la tradition décorative des Beaux-Arts (BA). Les réformes de l’éducation publique et artistique (1927-1928) façonnent le projet pédagogique de l’EAA, entité indépendante des BA, en vue de développer un art national et moderne, pourvu d’une fonction sociale. Le programme de formation, intégral et novateur, associe alors disciplines générales et ateliers de spécialisation (par exemple : céramique, ébénisterie, textile) pour délivrer soit un diplôme d’artiste/enseignant (artífice), soit un certificat d’artisan. L’écart entre les artistes (arts du design) et les artisans ne s’est pourtant pas réduit et ne cessera de croître à la faveur d’une série de règlements (1936-1953), dont la réforme de modernisation de l’École d’architecture de 1945. À cette époque, le directeur de l’EAA intègre des architectes au personnel enseignant, tel Ventura Galván dans un atelier de décoration d’intérieur (DI) qui articule les différents savoirs et ateliers de spécialisation (Castillo, 2010).

4Galván prend la tête de l’EAA en 1957. Vers 1960, il est approché par Álvaro J. Covacevich, paysagiste autodidacte en agronomie qui a réalisé quelques jardins. Il propose à Galván « d’appliquer les arts au paysagisme » et développe un programme d’enseignement paysagiste – formation dont il se définit aujourd’hui comme « le fondateur » au Chili. Débute alors un cours de paysagisme appliqué, comme une matière générale obligatoire de l’atelier de DI. Dans ce cours théorique et pratique, le paysagisme est « orienté vers la question des plantes d’intérieur et de l’aménagement de petits espaces avec des végétaux » (Groupe d’enseignants dans le domaine du design paysagiste, 1977). Il associe espaces intérieurs et extérieurs (figure 1), avec plans et maquettes. D’après Covacevich, sa mission première est de faire comprendre la notion de paysagisme, trop méconnue dans le milieu académique, et de faire découvrir le matériel végétal et sa relation à l’architecture. Il répète ainsi à ses élèves :

  • 3 Les extraits des entretiens ou d’autres textes cités dans l’article ont été traduits par l’auteure (...)

« [...] les erreurs des architectes [sont cachées] par les plantes » (AC, mai 20213).

Covacevich crée pendant ces années la première entreprise paysagiste du pays (ArtGarden) et sera amené à réaliser divers parcs municipaux entre 1962 et 1968.

Figure 1. « Union intérieure-extérieure à travers des éléments végétaux en résidence »

Figure 1. « Union intérieure-extérieure à travers des éléments végétaux en résidence »

Source : archives personnelles d’Álvaro J. Covacevich.

  • 4 En espagnol : Artífice en Decoración de Interiores con Mención en Paisajismo.

5Sous la direction de Fernando Caracci (1963-1973) débute une nouvelle étape de l’EAA et de la formation paysagiste quand, vers le milieu des années 1960, les élèves font pression pour donner un véritable caractère universitaire aux spécialités. Cela entraîne des tentatives de restructuration successives du programme d’études et la création de nouvelles formations entre 1965 et 1966 (Castillo, 2010), parmi lesquelles un atelier de paysagisme, comme spécialisation de la formation de DI (Groupe d’enseignants, 1977). Suivant ce schéma, sont délivrés en 1969 les premiers diplômes d’artiste en décoration d’Intérieur – spécialité paysagisme4. La figure 2 montre le programme d’études encore assez artistique de cette première génération, auquel se sont ajoutées au fur et à mesure des matières complémentaires (jardinage, urbanisme, édaphologie). On constate que dès 1967, les projets paysagistes abordent de grands espaces extérieurs, définitivement séparés de la DI (voir figure 3).

Figure 2. Cursus référentiel du diplôme période 1964-1968

Figure 2. Cursus référentiel du diplôme période 1964-1968

Source : Claudia Márquez Thomas, d’après les archives personnelles de María Elena Valencia.

Figure 3. Projets paysagers des artífices avec mention paysagiste

Figure 3. Projets paysagers des artífices avec mention paysagiste

A. Maquette du parc Kennedy par Maria Elena Valencia, atelier 4e année 1967 ; B. Réalisation maquette du parc « visuel » Pudahuel (pour le nouvel aéroport), projet de fin d’études collectif des élèves de 1968.

Source : archives personnelles de Maria Elena Valencia.

  • 5 L’œuvre de Martner combine architecture, géographie locale et mémoire ancestrale dans un dialogue « (...)

6Parallèlement, le mouvement étudiant se poursuit et donne lieu en 1968 à la réforme du nouveau statut de l’université qui va restructurer l’EAA en la divisant entre un département Artisanat et un département Design. Parmi les cinq nouveaux métiers du design, dont les programmes d’études définitifs sont reconnus en 1970 (Castillo, 2010), figure design (designer) paysagiste. Au cours de ces réformes, Covacevich quitte l’enseignement et passe le relais à son jeune assistant Ernesto Ortiz, dès lors coordinateur du cursus et en charge de l’atelier de paysagisme de 2e année (1968-1973). Ortiz est rejoint par de nouveaux formateurs, notamment l’architecte Carlos Martner5 (1926-2020), précurseur de l’architecture de paysage moderne et de son enseignement au Chili (Montealegre, 2022). Martner encadre l’atelier de paysagisme des 3e et 4e années en 1967 et, entre 1970 et 1973, c’est grâce à lui que « le domaine se stabilise, parvient à se structurer, comme une spécialité » (Groupe d’enseignants, 1977). Pour cette nouvelle formation, Ortiz indique que l’on cherchait de façon « intuitive » à donner du poids à la discipline, comme un équivalent de l’architecture, et non son complément :

« […] jusqu’alors, les parcs importants avaient été réalisés par les Français, tous ces paysagistes qui arrivaient, et généralement c’étaient les agronomes qui s’y consacraient. […] Mais sans aucun regard plastique, pas de planification. […] pour nous, il devait y avoir un rapport entre l’architecture et le paysage. […] un dialogue » (EO, juillet 2021).

Durant cette période d’affirmation du nouveau programme d’études, sont intégrés de nouvelles matières et de nouveaux enseignants, comme Luis Bianchi (jardinage et botanique appliquée) et l’une des premières diplômées, María Elena Valencia (atelier en 1971). Pour cette dernière, la formation « se construisait sur le moment selon les besoins », s’ajustant à ceux de la profession naissante (MV, août 2021).

  • 6 La formation comptait 45 élèves en 1970, et déjà 20 diplômés, selon un article du Journal El Mercur (...)

7Selon Mónica Palma, étudiante de 1968 à 1973, la formation de design paysagiste – gratuite, mais sélective – dure alors quatre années, plus une cinquième consacrée à un projet final. La première année reste commune à tous les cursus de design, l’atelier inclus. Les élèves sont peu nombreux, une quinzaine par niveau6, et surtout de genre féminin. Les enseignements sont articulés en trois lignes thématiques, autour de l’axe principal de l’atelier : ligne humaniste (urbanisme, sociologie, psychologie, histoire), ligne design (composition, théorie de la couleur, forme et espace, morphologie et structure, géométrie descriptive, dessin technique), et ligne phytogéographie et botanique. La progression des ateliers de paysagisme (II, III et IV), souvent intégrés aux autres matières, augmente l’échelle et le degré de difficulté des projets : des espaces publics d’une échelle supérieure au jardin lors de l’atelier II, des parcs de grande échelle à partir de l’atelier III. Toutefois, certains projets peuvent être d’une ampleur majeure, comme la restauration du paysage de Llico (village et alentours) au sud de Santiago, réalisée par Palma dans son atelier II en 1969 (figure 4). Ainsi, les prémices de l’ouverture du paysagisme à l’échelle du grand paysage sont déjà présentes. Cela étant dit, la plupart des projets issus des ateliers de design paysager sont des espaces verts urbains, au caractère social marqué et commandés par des municipalités (projet de Llico) ou par un ministère (Corporation d’amélioration urbaine, CORMU), comme le projet final de Palma en 1972 dans lequel furent conçus et aménagés les espaces extérieurs de logements sociaux bâtis en 1970, grâce à un travail pionnier de coconception et de coconstruction avec les habitants (figure 5).

8Emblématique fut la participation en 1970 d’enseignants et de six designeuses paysagistes diplômées ou stagiaires (dont Palma) à un événement paysager marquant du gouvernement de l’Unité populaire (1970-1973) : la rénovation du parc Cousiño datant du xixe siècle (dorénavant parc O’Higgins), choisi par le président Allende lui-même pour être réaménagé en un grand « parc populaire » à Santiago. Le design du projet, dirigé par Martner et qui a été réalisé sur place parallèlement à sa construction, conserve le tracé du parc original tout en y ajoutant un vaste programme d’activités afin de permettre un afflux familial journalier et important (Montealegre, 2010, 2022). Ces projets reflets de « la compréhension de l’espace public comme un concept plus humain et social » (EO, octobre 2020), et la prise de position publique de certains enseignants sur des sujets qui agitent aujourd’hui encore la société chilienne – défense des arbres en ville, déficit de politiques d’espaces verts (figure 4) – créent « une niche » pour la profession (MP, août 2021).

Figure 4. Recueil d’opinions d’enseignants de l’Uch

Figure 4. Recueil d’opinions d’enseignants de l’Uch

A. « L’arbre n’est pas seulement beau, c’est un oxygénateur indispensable », El Mercurio S.P.A., 1970 (sur la photo : les enseignants Carlos Martner, Oscar Martínez, Ernesto Ortiz, Luis Bianchi et Rodrigo Donoso ; l’assistante María Elena Valencia et les élèves Gabriela Tauler, Mónica Palma Vergara et Ana María Menz) ; B. « L’arbre défend la santé de l’homme », La Tercera de la Hora, 1977, p. 23 (sur la photo : Luis Bianchi) ; C. « Ils reconstitueront le paysage de Llico », La Prensa, 1970.

Source : archives personnelles de Mónica Palma Vergara.

Figure 5. Mémoire du projet final de diplôme de designer-paysagiste « Espaces verts dans les ensembles résidentiels CORMU » décembre 1972

Figure 5. Mémoire du projet final de diplôme de designer-paysagiste « Espaces verts dans les ensembles résidentiels CORMU » décembre 1972

Source : archives personnelles de Mónica Palma Vergara.

9Vint ensuite le coup d’État de 1973 et toutes les entités de l’université subissent l’intervention des forces militaires (Castillo, 2010). Par la suite, le département Design essaie de normaliser ses plans d’études, étant rattaché en 1976 à la Faculté d’architecture et d’urbanisme. La formation de design paysagiste continue, bien que fortement perturbée, quelques enseignants ayant dû quitter le pays (Martner, Ortiz et Valencia). Au premier semestre de 1974, Mónica Palma et l’architecte anglaise Esmée Cromie (jusqu’en 1976) intègrent les ateliers. Avec cette dernière « les étudiants diplômés ces années-là développent les premières tentatives pour aborder les problèmes de design paysagiste intégrés dans le macropaysage, envisageant cette problématique dans un contexte environnemental et urbain » (Groupe d’enseignants, 1977).

10Comme seul document pédagogique officiel de la formation paysagiste à l’UCh, nous avons le rapport d’un groupe d’enseignants daté de 1977 qui permet d’appréhender les fondements théoriques et pratiques sur lesquels s’appuie la discipline à l’UCh, dix-sept ans après ses débuts dans l’EAA et trois ans avant sa fermeture au sein du département Design. Le rapport place le paysagisme en relation avec la tradition historique des jardins, ainsi qu’avec l’architecture, l’agronomie, l’ingénierie forestière, la géographie physique et la géomorphologie. Le paysagiste y est « appelé à découvrir les valeurs du paysage naturel et son ordre et ainsi à élargir les espaces qui restent dans la ville », espaces dont l’organisation et la systématisation seraient des tâches « nécessairement interdisciplinaire[s] entre paysagistes, architectes, urbanistes, géographes, botanistes », pour « définir les formes, le rythme, la couleur, la fonction de la végétation et réaliser l’harmonie et la gradation nécessaires entre l’urbanisation et le paysage naturel ». Le document liste aussi une série de principes qui sont toujours d’actualité : la nécessité de reconnaître le paysage naturel environnant, ses éléments et leurs interactions pour planifier un espace urbain ou naturel ; l’objectif « de programmer et concevoir l’espace extérieur », permettant à l’homme une expérience avec la nature ; un paysagisme « guidé par une géométrie » ; la nécessité de comprendre et de classer les composantes du paysage, dont les éléments vivants qui changent les espaces dans le temps ; la considération des communautés végétales comme l’une des composantes constantes, dont les espèces, même « non autochtones », doivent provenir de climats similaires pour s’adapter ; et le travail à plusieurs échelles, allant « d’un pot de fleurs à un parc ou d’une planification régionale à la planète entière ». Or, le paysagisme « est un art parce qu’il crée la beauté » et « une science car il implique une connaissance des éléments avec lesquels on travaille ».

11Le document définit le « champ d’action du designer-paysagiste » comme intégré à l’environnement extérieur, où il s’occupe des interactions entre naturel et bâti. On distingue également deux domaines d’action : soit l’apport de solutions aux problèmes urbains en intégrant les espaces extérieurs aux logements, à l’échelle de la ville, des parcs et des jardins ; soit le design du paysage, lié à la planification des ressources naturelles dans de vastes zones conçues selon leurs propres valeurs culturelles et écologiques, annonçant le futur de la profession. Dans tous les cas, le rapport insiste sur la difficulté et la nécessité de déterminer la réelle vocation de la formation, voire sa place au sein de la faculté, dans un passage un peu confus :

« En se référant à notre spécialité analysée sous le prisme de sa raison d’être […], notre problème en tant qu’entité n’est pas résolu ».

  • 7 Par la suite, l’UCh a mis en place différents programmes de paysagisme dès le 2e cycle.

Si nous ignorons encore son but et son degré de formalité, ce rapport semble être destiné à défendre l’existence de la formation : peut-être essayait-on en 1977 de lui donner une nouvelle direction ? Ou en envisageait-on déjà la fin ? En 1980, l’UCh prend finalement la décision de fermer le département Design. Plus tard, en 1996, la formation en design reviendra à l’UCh, mais sans la spécialité design paysagiste7.

Reprise de l’enseignement de la discipline en premier cycle (depuis 1988) : du renfort de l’écologie à l’architecture de paysage

12En 1981, le gouvernement militaire réforme la loi sur l’enseignement supérieur et permet la création d’universités privées. Ainsi, en 1982 naît l’Universidad Central du Chili (UCEN) qui ouvre une formation en architecture dès 1983 et sa Faculté d’architecture et des beaux-arts en 1986. Son premier doyen est René Martínez, architecte et urbaniste (décédé en 2018) qui a dirigé la Faculté d’architecture et d’urbanisme de l’UCh entre 1973 et 1975 avant d’en être évincé par l’arrivée d’un doyen « désigné ». Ce changement de gestion avait conduit, par ailleurs, au licenciement ou à la démission de nombreux enseignants, dont une grande partie sera recrutée par Martínez à l’UCEN. Parmi eux, l’architecte Pablo Vodanovic, qui avait fait partie du département d’Études et de planification urbaine et régionale (DEPUR) dirigé par Martínez à l’UCh, où ils avaient déjà saisi l’intérêt d’incorporer la géographie humaine à l’urbanisme. Vodanovic raconte qu’à l’époque, ni le concept de paysage ni celui d’écologie n’étaient tout à fait maîtrisés dans ce domaine mais :

« […] les gars avaient compris qu’il fallait organiser le territoire. Et que les installations humaines avaient des impacts […] » (PV, juin 2021).

C’est à la suite de ces échanges et grâce à leur connaissance du cursus paysagiste de l’UCh que Martínez propose à Vodanovic de mettre en place une nouvelle formation paysagiste à l’UCEN, fondée sur une approche novatrice basée sur la question environnementale, l’usage du territoire et les études de paysage. Sous cette impulsion, Vodanovic coordonne l’élaboration d’un programme d’études présenté au conseil d’administration de l’université, avec l’appui fondamental du recteur Hugo Gálvez. En 1988 est créé le cursus d’écologie et de paysagisme au sein de l’École d’écologie et paysagisme, dirigées par Vodanovic.

13Ce choix de nom pour la formation alimente alors « un énorme débat » car Martínez considère que le terme « paysagisme » seul exclut « tout le contenu scientifique pour se consacrer à faire de beaux dessins de petits jardins » (PV, juin 2021). L’option d’adopter l’intitulé « architecture de paysage » aurait été discutée puis abandonnée, le terme « écologie » étant plus significatif et recherché à l’époque. Certains architectes s’y seraient aussi opposés. La nouvelle formation, payante et sans grande sélection, débute en 1989 avec un budget réduit et un minimum d’enseignants, espérant un nombre d’inscrits suffisant pour s’autofinancer, ce qui fut le cas. Les premiers effectifs se partageaient entre ceux pour qui le contenu de cette formation au nom ambigu restait flou, et ceux qui y trouvaient le cursus qu’ils espéraient.

14Agronomes, géographes, forestiers, écologues, biologistes et autres spécialistes sont recrutés lors de la mise en place initiale du programme d’études, dont d’anciens designers-paysagistes et enseignants de la formation de l’UCh pour constituer les ateliers : d’abord Bianchi et Palma, puis Martner, Ortiz et Valencia à leur retour d’exil. Pour Vodanovic, l’apport des designers-paysagistes était surtout utile dans des projets de « paysagisme élémentaire » ou les « connaissances pratiques en jardinage », alors qu’il estime que :

« […] le jardinage rentre dans les sciences et les arts du paysage, mais les sciences et les arts du paysage ne rentrent pas dans le jardinage […] » (PV, juin 2021).

Or, si cette équipe de paysagistes a continué à étudier et à développer cette profession, qui était assez « alignée » sur la formation des écologues-paysagistes, cette dernière était plus « ambitieuse » et il était donc nécessaire de faire appel à des expertises encore non abordées par le paysagisme.

15Comme à l’Universidad de Chile, la formation s’étale sur quatre années, plus une spécialisation d’un an impliquant la réalisation d’un projet et l’écriture d’une monographie. Le programme d’études, qui ne subit pas de modifications importantes entre 1988 et 1998, est structuré en trois grands domaines : domaine opérationnel et technologique (création et gestion des espaces verts, construction, organisation d’entreprises), arts et sciences humaines (atelier, histoire et théorie du paysage, urbanisme, composition, moyens d’expression et modèles, etc.), et sciences du vivant (botanique, zoologie, écologie, etc.) (figure 6). Outre le titre professionnel, l’UCEN délivre une licence en sciences et arts de l’environnement, et propose un diplôme intermédiaire de « technicien paysagiste supérieur ». Le profil professionnel alors promu indique que l’écologue-paysagiste « combine les connaissances et les compétences des sciences écologiques et environnementales, avec une formation humaniste et des compétences créatives dans le domaine de la conception d’espaces habitables, toujours traité par l’architecture. Il valorise la tradition paysagiste, esthétique et ornementale, complémentaire du bâtiment et de la ville, mais développée avec un sens nouveau, orienté vers la préservation et l’équilibre du milieu naturel avec les diverses implantations humaines caractéristiques de l’époque actuelle » (diptyque de promotion UCEN, 1992). Le champ d’action professionnel couvre une large palette « de tâches professionnelles supérieures » dans les administrations locales, régionales et nationales, « dans des équipes interdisciplinaires […], l’exécution de travaux d’aménagement paysager ou dans la production d’inputs pour ceux-ci » (ibid.).

Figure 6. Diptyque de promotion de la formation Écologie et paysagisme à l’Universidad Central de 1992, décrivant les enseignements du programme d’études

Figure 6. Diptyque de promotion de la formation Écologie et paysagisme à l’Universidad Central de 1992, décrivant les enseignements du programme d’études

Source : archives personnelles de Claudia Márquez Thomas.

  • 8 Des formations paysagistes voient le jour, évoluent ou disparaissent dans d’autres universités et c (...)
  • 9 D’ailleurs, en 2011, l’École participera à l’élaboration du premier Guide d’évaluation de la valeur (...)
  • 10 Programme du ministère du Logement et de l’Urbanisme qui a construit dans une décennie 226 hectares (...)

16À partir de 1990, le pays entame son retour à la démocratie. Dans cette décennie, la discipline8 et la formation à l’UCEN vivent des événements clés, comme la Loi environnementale de 1994 intégrant la valeur paysagère aux études d’impact (matière qui commence à être abordée dans le programme d’études9) et le Programme public en faveur des parcs urbains en zones vulnérables en 199210. Dans le cadre de ce programme, un groupe d’enseignants, dont Martner, Vodanovic, Bianchi, Palma, Valencia, Ortiz et Ute Behn, met en place un bureau de projets de l’École d’écologie et paysagisme, s’attribuant la création des parcs Violeta Parra (1994, figure 7) et Mapocho Poniente (1995) à Santiago. Pour la conception de ces projets, la participation citoyenne est requise, dans la droite ligne sociale des espaces publics engagée par ces professionnels au début des années 1970. Par-là même, ces projets permettent aux enseignants la mise en pratique professionnelle des idées développées en atelier, basées sur des besoins réels. Durant cette période, l’École participera aussi à des études territoriales, comme celle de la mairie de La Florida à Santiago en 1993.

Figure 7. Parc Violeta Parra, Santiago, 1994

Figure 7. Parc Violeta Parra, Santiago, 1994

A. Plan du projet ; B. Amphithéâtre ; C. Plaque de l’équipe de créateurs ; D. Enseignants de l’École d’écologie et paysagisme qui remporte le concours pour la réalisation du parc, photo extraite de la revue Vivienda y Decoración, 1993, p. 36.

Sources : Eliash & Laborde, 2003 (A) ; Claudia Márquez Thomas (B et C) ; El Mercurio S.P.A. archives personnelles de Mónica Palma Vergara (D).

17En cette première période de la formation, les matières environnementales s’imposent de plus en plus dans les enseignements, même dans les ateliers, ce qui pousse, selon Valencia, les partisans de l’axe plastique à « défendre » l’importance du design au sein d’une formation prodiguée par une faculté d’architecture. Fleurissent alors des tentatives d’ateliers intégrés toujours d’actualité, mais des tendances se dessinent parmi les élèves qui penchent soit vers le design, soit vers l’environnement.

18Un premier chapitre de la formation à l’UCEN s’achève en 2002, lorsque Martínez quitte le décanat de la désormais Faculté d’architecture, urbanisme et paysage, et Vodanovic la direction de l’École d’écologie et paysagisme. Bien que discuté dans les conseils d’enseignants et les instances académiques tout au long de cette période, son programme d’études a été peu modifié. Pourtant, sous la direction de Valencia (2002-2006), la formation change d’intitulé, se dénommant dès lors Écologie et paysage – pour les mêmes niveaux de diplômes –, et le rythme des études devient semestriel. La figure 8 montre ce nouveau plan d’études (c. 2005), dont la compartimentation en dix semestres permet de diminuer le temps consacré à certaines matières, et d’en intégrer ou préciser d’autres (par exemple, un an de géomorphologie et sols devient un semestre d’édaphologie et un semestre de biogéographie). Les matières sont structurées en quatre domaines : sciences écologiques et environnementales, art et design, sciences humaines et applications technico-professionnelles. Par ailleurs, si le profil général est maintenu, le champ d’action ou domaine professionnel change d’échelle et renvoie tant « à l’environnement » (évaluation, conservation et restauration de paysages, aménagement d’espaces protégés) qu’« aux espaces publics » (design et planification d’espaces verts urbains et extra-urbains avec une approche environnementale). Et l’on décrit un « professionnel avec une solide préparation dans le domaine de l’organisation et de l’aménagement du territoire, combinant la compréhension et la maîtrise des principes écologiques systémiques qui gouvernent le design, tant dans les aspects conceptuels, symboliques, esthétiques et éthiques, que dans les aspects constructifs et fonctionnels, pour lesquels des réponses créatives et écologiquement durables sont apportées » (diptyque de promotion UCEN, c. 2005).

Figure 8. Diptyque de promotion de la formation Écologie et Paysage à l’Universidad Central c. 2005, décrivant les enseignements du programme d’études

Figure 8. Diptyque de promotion de la formation Écologie et Paysage à l’Universidad Central c. 2005, décrivant les enseignements du programme d’études

Sources : archives personnelles de Claudia Márquez Thomas.

19Ces changements sont encore en cours lorsqu’en 2006 l’UCEN décide de fermer l’admission à ce cursus pour des raisons économiques. En effet, à quelques exceptions près, le faible nombre d’inscrits devient caractéristique de la formation qui repose donc sur un soutien important du rectorat. Face aux contestations, une proposition de restructuration de l’École est élaborée en 2006 par une équipe d’enseignants (Cristina Felsenhardt, Rodolfo Palma, Galit Navarro et Sebastián Teillier). Au bout d’un an d’études techniques et de marché, et de réunions avec d’anciens élèves et des employeurs, la formation d’Architecture de paysage est créée, menant à une licence en paysage et environnement mais sans option de diplôme technique – forme qui n’a pas varié depuis11. Le titre d’architecte de paysage est finalement retenu, dans un souci de reconnaissance internationale et de conformité avec des formations similaires, surmontant la résistance interne de la faculté. Un nouveau programme et un profil d’études sont mis au point dans lesquels l’architecte-paysagiste « développe des compétences et des talents autour de l’étude, du design et de la gestion du paysage, des interventions à petite échelle aux projets plus importants tels que des parcs et des plans directeurs ». Par conséquent, il « traite de manière intégrale les matières du design, de l’environnement et du territoire dans les paysages naturels, ruraux et urbains, qu’il peut « étudier, diagnostiquer et évaluer » pour « définir ainsi les types et les formes d’intervention ». Il est également en capacité de « planifier, designer, gérer et construire des projets paysagers ». Dans tous les cas, il tient compte de critères esthétiques, sociaux, fonctionnels, économiques, techniques et écologiques durables (site Architecture du paysage UCEN, 202112).

20À ce stade de développement de la formation, un document de l’École analyse les 252 projets de fin d’études effectués entre 1996 et 2008 (Fernández, 2009 ; voir des exemples dans la figure 9), dont 13,9 % traitent du domaine de la planification et de la gestion du paysage, tandis que 86,1 % portent sur le domaine du design et de la restauration du paysage. Et parmi ces derniers, les projets de design paysager de parcs et squares publics représentent 48,4 % du total (122). Depuis, un rééquilibrage (Fernández, communication personnelle), voire un inversement (CL, avril 2021), entre ces deux types de projets se serait produit.

Figure 9. Sélection de quelques projets de fin d’études d’écologues ou d’architectes-paysagistes diplômés dans la période 1996-2008

Figure 9. Sélection de quelques projets de fin d’études d’écologues ou d’architectes-paysagistes diplômés dans la période 1996-2008

Source : adapté de Fernández, 2009.

21La figure 10 montre le programme d’études actuel de la formation (2021) qui découle, avec quelques variations, de celui de 2007. Il présente finalement peu de différences significatives avec le précédent : les quatre domaines thématiques et les diverses matières sont globalement maintenus. Cependant, on remarque deux grands changements : le nouveau programme d’études et son nom, qui mettent davantage l’accent sur les projets ; et une réduction des matières environnementales, surtout lors des premiers semestres, en raison d’un tronc commun avec la formation en architecture. Ce dernier aspect est perçu par certains enseignants de la spécialité comme une diminution du poids et donc de la rigueur scientifique de la formation, surtout depuis que la monographie, qui devait être réalisée lors de la spécialisation d’un an, est devenue un séminaire de recherche sur un semestre. Cela entraîne également une désertion des étudiants, tout comme l’atelier d’initiation commun à l’architecture et à l’architecture de paysage proposé en 2007 qui a été supprimé, puis repris, et à nouveau supprimé. De leur côté, les enseignants du domaine art et design regrettent que les élèves arrivent de moins en moins à donner des réponses solides en design aux enjeux sociaux et environnementaux, générant des projets trop génériques (grands plans directeurs), au développement technique appauvri. Dans ce sens, même si l’on peut toujours sous-traiter l’exécution des aspects techniques, c’est plutôt la conception du paysagiste qui s’est perdue selon Mónica Palma :

« […] celui qui conçoit une idée, façonne les lignes, définit les espaces, les structures végétales […] le type d’environnement possible, la relation entre les petits écosystèmes et les niches qui peuvent y exister, comment les utiliser, avec quelles formes, avec quelles dimensions, où les placer […] » (MP, avril 2020).

  • 13 Renouvellement des programmes des universités chiliennes dans le cadre du processus de Bologne (Arg (...)

22Quoi qu’il en soit, ces choix de réduction des contenus ont permis de ne pas retarder les temps d’obtention du diplôme, mesure exigée auprès des universités depuis 200513. Avec d’autres changements récents (notamment la fusion des facultés et des écoles d’architecture et d’architecture de paysage en 2019), la résolution de ces problèmes se trouvera peut-être dans un nouveau programme d’études qui devrait bientôt voir le jour. Pour autant, la formation de paysagiste à l’UCEN dure depuis plus de 30 ans et reste unique au Chili en premier cycle universitaire.

Figure 10. Capture d’écran de la fiche de promotion de la formation Architecture et paysage à l’Universidad Central en 2021, décrivant les enseignements du programme d’études

Figure 10. Capture d’écran de la fiche de promotion de la formation Architecture et paysage à l’Universidad Central en 2021, décrivant les enseignements du programme d’études

Source : https://www.ucentral.cl/​ucentral/​site/​docs/​20191216/​20191216123639/​arquitectura_paisaje.pdf

Conclusion

23La formation universitaire de paysagiste en premier cycle au Chili remonte aux années 1960. Après un siècle et demi d’apports étrangers, la société chilienne ressent le besoin de former ses propres paysagistes dans le contexte idéologico-réformiste des années 1960. Elle se saisit d’un moment socioculturel où le monde artistique et les projets éducatifs nationaux se cherchent une modernité propre dans un contexte d’intégration sociale et disciplinaire (Rossetti, 2009b ; Castillo, 2010). C’est dans l’esprit ouvert et moderne de l’EAA que quelques-uns ouvrent la voie à cette discipline dans le monde académique du design. La formation se déploie ensuite, discrètement et rapidement, depuis l’agencement des plantes d’intérieur jusqu’à « l’espace extérieur » des jardins, des espaces verts en ville, pour enfin passer à l’échelle des paysages urbains, ruraux et naturels, ce qui se produira avec la redéfinition de la tradition paysagiste dans les années 1990 à l’UCEN et son rapprochement avec les enjeux territoriaux et environnementaux. La discipline se veut au plus près des préoccupations sociales, le métier s’adapte et se transforme dans le temps, emmené par des professionnels visionnaires, cherchant toujours et encore sa vraie vocation. Le chemin n’a pas été facile – fermetures de programmes éducatifs inclus. Cependant la formation au projet de paysage, discipline incomprise et rare, survit malgré les modèles éducatifs néolibéraux et mercantiles installés depuis les années 1980.

24Les deux formations analysées et leur évolution présentent des similitudes et des différences et, sur ce point, il est intéressant de s’interroger sur la filiation de l’une (paysagisme appliqué, puis design paysager) à l’égard de l’autre (écologie et paysagisme, puis architecture de paysage). D’une part, la transmission des contenus est évidente. À l’Universidad de Chile, assez rapidement apparaissent des concepts clés. Déjà énoncés dans les enseignements en vigueur en 1977, ils restent toujours présents aujourd’hui même sous d’autres dénominations, comme la multi-échelle, la durabilité, le design du paysage, etc. Cela laisse supposer que nous nous serions dirigés vers des domaines proches si la formation n’avait pas été interrompue, bien que certaines thématiques se soient développées ultérieurement. Mónica Palma pense en effet qu’il existe une filiation entre les avancées acquises par l’Uch en matière de formation et l’enseignement dispensé à l’UCEN, et précise que les considérations sociales se maintiennent, voire sont plus prégnantes. C’est aussi le sentiment de María Elena Valencia, bien que le design ait tenu une plus grande place dans la formation de l’UCh. D’autres, tel Pablo Vodanovic, pensent que l’UCEN aurait essayé de se différencier de l’UCh en adoptant un profil paysagiste plus complexe et scientifique. On a vu cette tendance lorsque, à l’Uch, le design paysager a tenté de se distinguer du jardinage des premières années. En ce sens, nous constatons une progression régie par des tentatives de se distinguer du précédent « plus jardinier » ou « plus paysagiste », alors que, depuis le début, il existe un fil conducteur commun.

25Quoi qu’il en soit, un consensus existe concernant la disparition graduelle de l’enseignement plastique à l’UCEN, moins exigé et recherché par des étudiants plus attirés par la dimension « environnementale ». Et cet aspect subsisterait même après le choix de l’architecture de paysage en 2007, quand le cursus s’oriente de nouveau vers le design et la projection au détriment des contenus scientifiques, qui aurait en quelque sorte « clos l’éternel débat entre l’art et la science » (ST, juin 2021). Cela se produit à un moment où les enseignants des ateliers sont des architectes-paysagistes.

26Formation plastique, avec davantage de design, ou bien territoriale et environnementale, artistique ou scientifique, tel est le questionnement fondamental d’un professionnel partagé entre deux domaines, entre l’action humaine et le milieu, qui semble rester sans réponse dans la période analysée pour une formation toujours en construction.

Haut de page

Bibliographie

Argüelles, P., 2009, « El proceso de Bolonia en América Latina : Caso Chile », dans le dossier « El proceso de Bolonia en la educación superior en América latina », IRG, URL : http://www.institut-gouvernance.org/fr/analyse/fiche-analyse-435.html

Castillo, E., 2010, « La Escuela de Artes Aplicadas en la educación chilena », dans Castillo, E. (ed.), Artesanos, artistas y artífices. La Escuela de Artes Aplicadas de la Universidad de Chile 1928-1968, Santiago, Ocho Libro Eds/ Pie de Texto, p. 17- 258.

Eliash, H. et Laborde, M., 2003, Carlos Martner : arquitectura y paisaje, Santiago, Facultad de Arquitectura y Urbanismo de la Universidad de Chile, 190 p.

Fernández, F., 2009, Veinte años, veinte proyectos, Escuela de Arquitectura del Paisaje, Santiago, Ediciones Universidad Central, 35 p.

Montealegre, P., 2022, « El parque de Allende, los parques de Aylwin : proyectos urbanos y discursos políticos », Revista EURE, no 143, vol. 48, URL : https://www.eure.cl/index.php/eure/article/view/EURE.48.143.14/1468

Montealegre, P., 2010, « Jardín para el pueblo. El imaginario de la Unidad Popular en el Parque O’Higgins », thèse de magister, Universidad Católica de Chile.

Groupe d’enseignants dans le domaine du design paysagiste, 1977, « Rapport sur la carrière de design paysagiste », document pédagogique du département de Design de la Faculté d’architecture et d’urbanisme de l’Universidad de Chile, 16 p.

Rossetti, F., 2009a, Arquitectura del paisaje en Chile. Hacia un quehacer contemporáneo, Santiago, Ocho Libros Editores, 199 p.

Rossetti, F., 2009b « Cien años de paisajismo. Desarrollo y alcances de la Arquitectura del Paisaje en Chile », De Arquitectura, no 19, vol. 15, p. 14-25.

Haut de page

Annexe

Personnes interviewées pour la recherche, leurs rôles dans la période analysée, et leurs codes de citation (si c’est le cas) dans le texte

N° 

Nom

Code

Rôle / profession

Entretiens réalisés

1

Álvaro J. Covacevich

AC

Paysagiste, cinéaste et gestionnaire culturel, créateur de la formation de paysagisme appliqué à l’École des arts appliqués de l’Universidad de Chile.

Deux entretiens : en mai 2021 et juin 2021

2

Claudia López Huerta

CL

Écologue paysagiste (architecte-paysagiste) de l’Universidad Central, enseignante dans le même cursus depuis 2002 et actuelle coordinatrice académique.

Un entretien en avril 2021

3

Ernesto Ortiz

EO

Designer-paysagiste, élève assistant puis enseignant de paysagisme appliqué et de design paysagiste de l’École des arts appliqués de l’Universidad de Chile (1966-1974) puis enseignant à l’Universidad Central entre c. 1993 et 2002.

Deux entretiens : en octobre 2020 et en juillet 2021

4

Mónica Palma Vergara

MP

Designeuse-paysagiste de l’Universidad de Chile (1968-1973), et plus tard enseignante d’atelier dans la même école jusqu’en 1980. Enseignante à l’Universidad Central de 1989 à aujourd’hui.

Deux entretiens en 2020 (avril et septembre) et deux entretiens en 2021 (août et septembre)

5

Polimnia Sepúlveda Mellado

PS

Artiste (artífice) en décoration d’intérieur – spécialité céramique – de l’École des arts appliqués de l’Universidad de Chile (1961-1965), et professeur de dessin appliqué à la même école entre 1967 et 1976.

Un entretien en septembre 2020

6

Sebastián Teillier A.

ST

Biologiste, enseignant de botanique à l’Universidad Central depuis 1992.

Un entretien en juin 2021

7

María Elena Valencia

MV

Artiste (artífice) en décoration d’intérieur – spécialité paysagisme de l’École des arts appliqués de l’Universidad de Chile (1964-1968), puis enseignante d’atelier dans le même cursus jusqu’en 1973. Enseignante depuis c. 1984 puis directrice (2002-2006) à l’Universidad Central.

Deux entretiens en août et octobre 2021

8

Pablo Vodanovic

PV

Architecte cocréateur et directeur de l’École d’écologie et paysagisme de l’Universidad Central entre 1988 et 2002.

Un entretien en juin 2021

Haut de page

Notes

1 Au Chili, la plupart des formations universitaires de premier cycle, équivalentes à la licence européenne, ont une durée de cinq ans. Il est ensuite possible de suivre une formation de 2e cycle (formation diplômante d’un an, ou magister en 2 ans) ou de 3e cycle (doctorat, en 3 ans).

2 Premiers résultats d’une recherche en cours sur la formation des paysagistes à l’université du Chili entre 1960 et 1980, dont l’autrice est la responsable principale (projet Fondart national 2021, ligne Architecture, Modalité Recherche, ministère des Arts, des Cultures et du Patrimoine).

3 Les extraits des entretiens ou d’autres textes cités dans l’article ont été traduits par l’auteure à partir de l’espagnol. Pour les codes de citation voir l’annexe.

4 En espagnol : Artífice en Decoración de Interiores con Mención en Paisajismo.

5 L’œuvre de Martner combine architecture, géographie locale et mémoire ancestrale dans un dialogue « sincèrement moderne et authentiquement américain à la fois » (Rossetti, 2009a). Utilisant des techniques destinées à « naturaliser l’architecture et architecturer le paysage », il figurait la présence humaine subordonnée au paysage avec la pierre comme matériau de prédilection (Eliash & Laborde, 2003).

6 La formation comptait 45 élèves en 1970, et déjà 20 diplômés, selon un article du Journal El Mercurio daté du 7 janvier 1970 (figure 4).

7 Par la suite, l’UCh a mis en place différents programmes de paysagisme dès le 2e cycle.

8 Des formations paysagistes voient le jour, évoluent ou disparaissent dans d’autres universités et centres techniques, dont il ne reste aujourd’hui que celles de 2e cycle.

9 D’ailleurs, en 2011, l’École participera à l’élaboration du premier Guide d’évaluation de la valeur paysagère pour le Système d’évaluation environnementale du pays.

10 Programme du ministère du Logement et de l’Urbanisme qui a construit dans une décennie 226 hectares d’espaces verts comprenant 56 projets (Montealegre, 2022).

11 Un processus d’homologation d’études fut aussi entamé pour les quelques 300 écologues-paysagistes diplômés.

12 https://www.ucentral.cl/admision-pregrado-diurno/arquitectura-del-paisaje

13 Renouvellement des programmes des universités chiliennes dans le cadre du processus de Bologne (Argüelles, 2009).

Haut de page

Table des illustrations

Titre Figure 1. « Union intérieure-extérieure à travers des éléments végétaux en résidence »
Crédits Source : archives personnelles d’Álvaro J. Covacevich.
URL http://journals.openedition.org/paysage/docannexe/image/27700/img-1.png
Fichier image/png, 632k
Titre Figure 2. Cursus référentiel du diplôme période 1964-1968
Crédits Source : Claudia Márquez Thomas, d’après les archives personnelles de María Elena Valencia.
URL http://journals.openedition.org/paysage/docannexe/image/27700/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 123k
Titre Figure 3. Projets paysagers des artífices avec mention paysagiste
Légende A. Maquette du parc Kennedy par Maria Elena Valencia, atelier 4e année 1967 ; B. Réalisation maquette du parc « visuel » Pudahuel (pour le nouvel aéroport), projet de fin d’études collectif des élèves de 1968.
Crédits Source : archives personnelles de Maria Elena Valencia.
URL http://journals.openedition.org/paysage/docannexe/image/27700/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 354k
Titre Figure 4. Recueil d’opinions d’enseignants de l’Uch
Légende A. « L’arbre n’est pas seulement beau, c’est un oxygénateur indispensable », El Mercurio S.P.A., 1970 (sur la photo : les enseignants Carlos Martner, Oscar Martínez, Ernesto Ortiz, Luis Bianchi et Rodrigo Donoso ; l’assistante María Elena Valencia et les élèves Gabriela Tauler, Mónica Palma Vergara et Ana María Menz) ; B. « L’arbre défend la santé de l’homme », La Tercera de la Hora, 1977, p. 23 (sur la photo : Luis Bianchi) ; C. « Ils reconstitueront le paysage de Llico », La Prensa, 1970.
Crédits Source : archives personnelles de Mónica Palma Vergara.
URL http://journals.openedition.org/paysage/docannexe/image/27700/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 579k
Titre Figure 5. Mémoire du projet final de diplôme de designer-paysagiste « Espaces verts dans les ensembles résidentiels CORMU » décembre 1972
Crédits Source : archives personnelles de Mónica Palma Vergara.
URL http://journals.openedition.org/paysage/docannexe/image/27700/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 343k
Titre Figure 6. Diptyque de promotion de la formation Écologie et paysagisme à l’Universidad Central de 1992, décrivant les enseignements du programme d’études
Crédits Source : archives personnelles de Claudia Márquez Thomas.
URL http://journals.openedition.org/paysage/docannexe/image/27700/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 241k
Titre Figure 7. Parc Violeta Parra, Santiago, 1994
Légende A. Plan du projet ; B. Amphithéâtre ; C. Plaque de l’équipe de créateurs ; D. Enseignants de l’École d’écologie et paysagisme qui remporte le concours pour la réalisation du parc, photo extraite de la revue Vivienda y Decoración, 1993, p. 36.
Crédits Sources : Eliash & Laborde, 2003 (A) ; Claudia Márquez Thomas (B et C) ; El Mercurio S.P.A. archives personnelles de Mónica Palma Vergara (D).
URL http://journals.openedition.org/paysage/docannexe/image/27700/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 282k
Titre Figure 8. Diptyque de promotion de la formation Écologie et Paysage à l’Universidad Central c. 2005, décrivant les enseignements du programme d’études
Crédits Sources : archives personnelles de Claudia Márquez Thomas.
URL http://journals.openedition.org/paysage/docannexe/image/27700/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 226k
Titre Figure 9. Sélection de quelques projets de fin d’études d’écologues ou d’architectes-paysagistes diplômés dans la période 1996-2008
Crédits Source : adapté de Fernández, 2009.
URL http://journals.openedition.org/paysage/docannexe/image/27700/img-9.jpg
Fichier image/jpeg, 331k
Titre Figure 10. Capture d’écran de la fiche de promotion de la formation Architecture et paysage à l’Universidad Central en 2021, décrivant les enseignements du programme d’études
Crédits Source : https://www.ucentral.cl/​ucentral/​site/​docs/​20191216/​20191216123639/​arquitectura_paisaje.pdf
URL http://journals.openedition.org/paysage/docannexe/image/27700/img-10.jpg
Fichier image/jpeg, 189k
Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Claudia Márquez Thomas, « La formation de paysagiste au Chili de 1960 à nos jours. Émergences et évolutions comparatives de deux cursus universitaires de premier cycle »Projets de paysage [En ligne], Hors-série | 2022, mis en ligne le 05 juillet 2022, consulté le 28 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/paysage/27700 ; DOI : https://doi.org/10.4000/paysage.27700

Haut de page

Auteur

Claudia Márquez Thomas

Enseignante en histoire et théorie du paysage à l’École d’architecture et du paysage de l’Universidad Central de Chile, Claudia Márquez Thomas est titulaire d’un doctorat en géographie et environnement à l’université Paris 7 Diderot. Ses sujets de recherche sont les paysages agraires méditerranéens, la relation entre changements de pratiques locales et dynamiques de paysage et l’histoire et la théorie du paysage et du paysagisme.
claudia.marquez[at]ucentral[dot]cl

Articles du même auteur

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search