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La maison consulaire du Bourg à Narbonne (Aude) : un édifice médiéval exceptionnel et son évolution (XIIIe-XVIIe-XIXe siècles)

The Village Consular House in Narbonne (Aude): An exceptional medieval building and its evolution (13th-17th-19th centuries)
Frédéric Loppe et Astrid Huser

Résumés

En 2011, un diagnostic archéologique de l’INRAP au n° 7, rue Benjamin Crémieux, à Narbonne (Aude) a confirmé la présence des vestiges de l’ancienne maison consulaire du Bourg, datable du milieu du XIIIe siècle. La nature et la qualité de la construction ont motivé son classement au titre des monuments historiques en 2013 et la prescription d’une étude du bâti avant travaux en 2015 (ALC Archéologie). Ces recherches ont permis de restituer un vaste bâtiment d’environ 24 m de long sur 13 m de large, dont le rez-de-chaussée divisé par deux refends était occupé au moins depuis la fin du XVe siècle par des boutiques ouvrant sur la rue. Le premier étage, d’un seul tenant, était orné de peintures et couvert d’une toiture à fermes apparentes s’élevant à 8 m. Il était éclairé côté sud par six vastes fenêtres géminées de 5 m de haut surmontées d’une archivolte aujourd’hui bûchée. Elles étaient surplombées d’une corniche à modillons sculptés, pour certains en remploi. Aux XVIIe puis XIXe siècle, cet ensemble a subi d’importantes transformations qui ont profondément dénaturé les maçonneries d’origine (destruction des ouvertures médiévales, percement de portes et de fenêtres, divisions, etc.). Peu connue, cette maison consulaire constitue toutefois un témoin exceptionnel d’architecture civile qui n’a pratiquement pas d’équivalents en France, hormis la maison romane de Saint-Antonin-Noble-Val (Tarn-et-Garonne ; milieu XIIe siècle) ou l’aula du palais consulaire d’Arles (Bouches-du-Rhône ; fin XIIe-début XIIIe siècles).

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Notes de l’auteur

Avec la collaboration de :
Serge Bonnaud, technicien DAO, INRAP
Monique Bourin, docteur en Histoire médiévale, professeur émérite à l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne
Christian Douillet, historien amateur, 11000 Carcassonne
Frédéric Guibal, chargé de recherche HC, Aix-Marseille Univ., Avignon université CNRS, IRD, IMBE, Europôle Méditerranéen de l’Arbois Bat. Villemin, BP 80 13545 Aix-en-Provence cédex 4

Texte intégral

Introduction

  • 1 - HUSER, 2011.

1Dans le cadre de la réhabilitation complète de la maison située au n° 7, rue Benjamin Crémieux à Narbonne (Aude), le service régional de l’archéologie a prescrit un diagnostic archéologique du bâti. Réalisé en 2011 par l’INRAP1, il a permis de contextualiser l’étude d’un point de vue historique et planimétrique (compoix, plans, cadastre) tout en réalisant des sondages sur les parements internes et les charpentes. Ceux-ci ont révélé la présence de vestiges médiévaux (façade, pignon, décor peint, « panne » ornée) ultérieurement remaniés aux époques moderne et contemporaine par de nombreux percements et divisions.

  • 2 - LOPPE, 2015. Étude de terrain réalisée avec la collaboration de Romain Wiss, technicien de fouill (...)

2Suite à cette intervention une étude du bâti a été réalisée, l’édifice ayant entretemps été classé au titre des monuments historiques le 5 juillet 2013 (arrêté n° 2013-186-0003). Effectuée en avril-mai 20152, elle devait porter sur plusieurs éléments :

  • Le suivi du piquetage manuel de la façade sud du n° 7 rue Benjamin Crémieux (environ 100 m²) afin de réaliser des observations et un relevé.

  • L’identification du mode de fermeture des grandes fenêtres médiévales murées qui ont révélé des modénatures en façade et sur le parement interne.

  • La confrontation des éléments relevés et identifiés sur la façade du n° 7 avec ceux du n° 5 (immeuble habité), à l’origine partie intégrante du même édifice.

  • In fine, tenter de restituer graphiquement l’ensemble de la façade sud de la maison consulaire dans son état médiéval.

3Le piquetage manuel de la façade extérieure sud du n° 7 a été effectué sous surveillance archéologique par deux ouvriers de l’entreprise de maçonnerie CUTILLAS. En raison de l’échafaudage, son relevé complet a été réalisé manuellement à l’échelle 1/20e après la pose de repères horizontaux au cordeau traceur. Des relevés de détail ont également été effectués au 1/10e (profil d’une baie médiévale, de la corniche, des modillons et de la mouluration du pignon).

4Les interventions de 2011 et 2015 permettent aujourd’hui de synthétiser les données de manière chronologique en les replaçant tout d’abord dans leur contexte historique et planimétrique.

Narbonne : repères historiques et topographiques

Éléments de chronologie urbaine

5Au VIe siècle avant notre ère, la région était occupée par les Élisyques, peuple d’origine ibère dont le principal centre de pouvoir se trouvait sur l’oppidum de Montlaurès, et qui entretenait des échanges commerciaux avec les cités grecques d’Agde et Ampurias.

  • 3 - Il reste des vestiges de cette voie devant le palais des archevêques (MÈCLE, 1999, p. 3).

6Fondée par les Romains en 118 avant notre ère, la Colonia Narbo Martius est alors constituée d’environ 3 000 Italiens afin de protéger la route d’Espagne et l’économie du terroir. Elle se situe dans une zone de carrefour, à l’intersection d’axes Nord-Sud (via Domitia) et Est-Ouest (via Aquitania) très fréquentés, le premier servant de cardo maximus à la ville3 après une première cadastration du territoire. Par la suite, les réseaux de communication se développent en même temps que le port, appelé à devenir le plus important de toute la Gaule.

  • 4 - SANCHEZ, 2014, p. 25.

7Durant cette période Narbonne joue un rôle essentiel dans le commerce des minerais des Corbières et de la Montagne Noire, ainsi que dans le trafic d’étain provenant de Grande- Bretagne4, mais constitue également la porte d’entrée des poteries et des vins italiens de Campanie. Elle devient une puissante métropole économique et affirme son appartenance à la romanité, comme en témoignent les peintures murales découvertes dans l’agglomération, notamment au Clos de la Lombarde.

8À partir du règne d’Auguste elle est érigée en métropole religieuse du culte impérial de la Province, et voit sa superficie s’accroître en raison de l’activité artisanale et économique florissante. Au Bas-Empire elle devient ainsi le siège d’une des neuf teintureries impériales de l’Empire romain.

9Même si l’ensablement progressif de la lagune va provoquer de graves difficultés pour la poursuite des activités portuaires, la ville se dote d’une enceinte en grand appareil vers la fin du IIIe siècle de notre ère. Mais dans les dernières années du Ve siècle, Narbonne et sa région sont envahies par les Wisigoths, puis brièvement occupées par les Arabes dans le courant du VIIIe siècle. Reconquise par les Carolingiens, la ville sera administrée par des gouverneurs locaux et atteindra 17 hectares dans le courant du Xe siècle.

  • 5 - « bourg au-delà du pont ».
  • 6 - CAILLE, 1995, p. 81.
  • 7 - CAILLE, 1995, p. 82.

10Sa réussite se traduit par l’émergence rapide de faubourgs, et notamment en 1035 du « burgus trans pontem »5 qui présente une structure polynucléaire6. De fait, « c’est donc une véritable agglomération nouvelle qui s’est ainsi progressivement constituée tout au long du XIe siècle dans le suburbium de la ville antique de Narbonne, sur la rive droite de l’Aude, de part et d’autre de la voie romaine. Fin XIe-début XIIsiècle, ce nouvel organisme urbain se voit doté d’un rempart qui regroupe les enclos initiaux en un ensemble unique d’un peu plus de 15 hectares (fig. 1). Appelé « Le Bourg », il est désormais individualisé face à la Cité étroitement flanquée des faubourgs de Coyran et Villeneuve eux-mêmes protégés sans doute par une clôture sommaire : Narbonne est devenue une « ville double » comptant deux paroisses (Saint-Just, la paroisse cathédrale, et Saint-Paul démembrée de la première avant 1066), auxquelles s’ajoutent bientôt deux autres (Sainte-Marie sur la rive droite avant 1121, Saint-Cosme sur la rive gauche avant 1126), la zone anciennement urbanisée faisant preuve d’autant de vitalité que les burgi médiévaux »7.

Fig. 1

Fig. 1

Narbonne (Aude), plan de la ville intra-muros dans la première moitié du XIVe siècle

© Fond de plan : Michaud, Cabanis 1981, p. 124, 125. DAO : © F. Loppe, ALC Archéologie, 2019

  • 8 - CAILLE, 1990, p. 246.
  • 9 - MICHAUD, 1981, p. 129.

11Le consulat narbonnais se met progressivement en place à partir du XIIe siècle et connaît un essor dès le début du siècle suivant8. À cette époque, les consuls sont au nombre de « cinq pour la Cité (dont un obligatoirement du faubourg de Villeneuve, à partir de 1272) et de six pour le Bourg. L’un des cinq consuls de la Cité est choisi par les nobles, chevaliers, ou damoiseaux, deux autres par les bourgeois et les marchands (parfois confondus sous le nom de « placiers »), les deux derniers par les artisans. Pour ce qui concerne le Bourg, quatre sont nommés par les « placiers », les deux autres par les gens de métiers, étant entendu que l’un des deux est toujours un pareur (au moins depuis 1234) »9.

12Épargnée par la croisade contre les Albigeois en 1209, Narbonne amorce une ascension politique et économique fulgurante qui se traduit par un dynamisme important dans la construction civile et religieuse tout au long de ce siècle.

  • 10 - BOURIN, 2016, p. 12, 15.
  • 11 - CAILLE, 1995, p. 84.
  • 12 - BOURIN, 2016, p. 15.
  • 13 - BOURIN, 2016, p. 15-16. Ce sera toujours le cas un siècle plus tard.
  • 14 - AC Narbonne, DD194, 5 décembre 1313. « Déclaration faite par Guillaume et Raymond Teulerii, frère (...)
  • 15 - AC Narbonne, DD195, 5 décembre 1313. « Déclaration faite devant les consuls assemblés dans la sal (...)

13Ainsi, la maison consulaire du Bourg apparaît en 1253 et celle la Cité en 1270, les deux entités fusionnant sur injonction royale près de 70 ans plus tard, en 133810. La ville double, désormais unifiée, compte à cette époque environ 30 000 habitants11, et constitue le centre drapier le plus considérable du Languedoc « adonné surtout à l’apprêt des draps, c’est-à-dire aux opérations les plus exigeantes techniquement, les plus rémunératrices aussi, même si toutes les étapes de la fabrication ne s’y pratiquaient pas »12. Dès 1278, le Bourg affiche d’ailleurs sa vocation industrieuse liée au travail du drap, puisqu’on dénombre 46 marchands, 227 pareurs, 47 teinturiers et 99 tisserands13. Ces productions étaient exportées vers le sud de l’Espagne, la Sicile, la Sardaigne et les rives de la Méditerranée mais cette activité ne va pas sans poser de problèmes, en particulier quant à l’écoulement des eaux, comme on l’apprend en 131314 par une audience dans la salle consulaire du Bourg15.

  • 16 - « Le 4 des ides d’octobre 1316, à l’heure où les gens prenaient le repas du soir et durant toute (...)

14Mais la difficulté des temps va par la suite profondément affecter l’agglomération : après des inondations très importantes, notamment en 131616, l’Aude modifie son cours principal dans le premier tiers du XIVe siècle, passant désormais à cinq kilomètres au nord de la ville. Puis en 1348 l’épidémie de peste s’étend pour revenir en 1360, entraînant la disparition de plusieurs milliers de personnes.

  • 17 - CAILLE, 2009, p. 89-103. Ainsi, le Bourg n’aurait pas été occupé ni incendié par les Anglais (p.  (...)
  • 18 - BOURIN, 2016, p. 19.
  • 19 - BOURIN, 2016, p. 20.

15En 1355, pendant la guerre de Cent Ans, la ville est attaquée par le Prince Noir, mais seuls les faubourgs hors-les-murs sont incendiés, permettant à la croissance économique de repartir progressivement17. Cette dernière va cependant fortement décliner au XVe siècle avant que la restitution du Roussillon aux rois catholiques en 1493 ne mette la ville en position frontalière. Dès lors, la démographie repart à la hausse, notamment dans le Bourg, où « le quartier de Lamourguier voit le nombre de ses contribuables quasiment doubler en un demi-siècle »18. Dès la fin du XVe siècle, pourvus d’importantes liquidités, ces nouveaux arrivants vont occuper de belles demeures au sud de l’Aude, expliquant la présence de 39 maisons estimées au-delà des 100 livres, contre seulement 14 dans la Cité19.

  • 20 - MICHAUD, 1981, p. 224, 225.
  • 21 - Sur ce point voir : LARGUIER, 1996.

16Durant le XVIe siècle une nouvelle ceinture bastionnée va alors être érigée, corsetant la ville dans des limites strictes afin de faire face aux incursions espagnoles20. Toutefois, la prospérité d’antan ne reviendra guère, et faute de pouvoir à nouveau commercer vers la Méditerranée, l’agglomération se tourne alors vers les terres21. Encouragés par la hausse du prix du blé, quelques citadins fondent ainsi de grandes propriétés foncières, et s’enrichissent progressivement.

17Après le traité des Pyrénées en 1659, Narbonne perd son rôle stratégique et connaît un lent déclin durant le siècle suivant, en particulier avec la suppression de l’évêché à la Révolution. Désormais simple sous-préfecture, la ville bénéficie cependant au cours du XIXe siècle d’un important essor économique lié au développement de la viticulture. Après un net ralentissement de sa prospérité pendant l’entre-deux-guerres, elle renoue depuis une trentaine d’années avec la croissance économique et démographique.

L’îlot du Consulat

18Le plan napoléonien de 1826 de la cité et du bourg rend compte de l’ampleur de la ville médiévale fortifiée, puisqu’au XIVe siècle 35 hectares sont protégés par une enceinte encore nettement perceptible sur le document. Le tissu urbain montre des îlots calibrés articulés par un réseau de rues rejoignant quelques grands axes fondateurs (fig. 2, 3) : ainsi, le canal de la Robine sert de délimitation entre cité et bourg, enjambé par le pont des Marchands, structure de liaison fondamentale qui -fait rare dans l’Hexagone- est encore habitée. La rue qui le traverse forme ainsi un axe sud-nord central longeant à l’ouest l’îlot du Consulat.

Fig. 2

Fig. 2

Narbonne (Aude), plan napoléonien du Bourg avec localisation de l’îlot du Consulat

Source : © AD Aude, PW 90009. DAO : © F. Loppe, ALC Archéologie, 2019

Fig. 3

Fig. 3

Plan napoléonien du Bourg. Vue détaillée du secteur du consulat.

© Source : AD Aude, PW 90009. DAO : Frédéric Loppe, ALC Archéologie, 2019

19Près de la place du Bourg sa situation topographique s’avère ainsi excellente, confrontant au nord le plan des Barques, à l’ouest de petites parcelles privées et au sud la rue de l’Ancienne Mairie (actuelle rue Benjamin Crémieux).

  • 22 - Par exemple : AC Narbonne, compoix de 1569, « f°204 v° ». Bourg, terson Lamourguier, île Le Consu (...)
  • 23 - Par exemple : AC Narbonne, compoix de 1590, « f°152 v° ». Bourg, terson Mija, île Saint-Pierre. « (...)
  • 24 - AC Narbonne, compoix de 1639, « f°286 v° ». Bourg, terson Lamourguier, île Le Consulat. « Brugade (...)
  • 25 - Compoix, registre Tenet et matrices. La parcelle matérialisant l’ancien Consulat/ancien Hôtel de (...)
  • 26 - AC Narbonne, compoix de 1699, « f°195 v° ». Bourg, terson Lamourguier, île Le Consulat. « Guilhau (...)
  • 27 - AC Narbonne, compoix de 1754, « f°197 ». Bourg, terson Lamourguier, île Le Consulat. « Antoine Ca (...)
  • 28 - AC Narbonne, contribution foncière 1791-1825. « Maisons de Bourg, île Le Consulat, 1791, Case n°  (...)
  • 29 - AC Narbonne, contribution foncière 1791-1825. An X, 10 germinal (31 mars 1802). Case n° 17. Justi (...)
  • 30 - Parcelle E122 : n° 7 rue Benjamin Crémieux, premier relevé. 1893, « f° 6910 ». « Simon Maurel, ma (...)

20Les compoix des XVIe et XVIIe siècles montrent d’ailleurs qu’il s’agit d’un îlot socialement nanti, occupé entre autres par des veuves, plusieurs générations de bourgeois (Merlaize, La Rue/Autemar22), des marchands tenant des magasins23 ou des artisans-verriers comme le sieur Brugade24. Au début du XVIIIe siècle, l’îlot est toujours détenu par des propriétaires fortunés, tels Gabrielle de Fabre, épouse de noble Gaspard de Gros, sieur d’Homps, messire Louis de la Croix, maître des Ports ou enfin messire de Trégoin, vicomte de Montbrun, conseiller du roi, viguier de Narbonne et lieutenant des Maréchaux de France25. Toutefois, en parallèle, certaines parcelles privées autour du consulat sont peu à peu acquises par des personnes plus modestes, comme des pâtissiers26, des cordonniers27 ou des boulangers28 et leur taux d’allivrement chute parfois de manière importante. Dans la première moitié du XIXe siècle, le démembrement des parcelles va multiplier les acquisitions, les propriétaires occupant là encore des professions liées à un petit artisanat (tapissier, tailleur, cordonnier29) ou au commerce (négociant, marchand de grain30).

  • 31 - Une partie de l’actuelle parcelle 350.

21Entre 1680 et 1826 les contours de l’îlot ne varient guère et la vaste parcelle du consulat (717 m²) présente la particularité d’avoir trois côtés à angles droits (sud, est, et nord) et une face ouest « en baïonnette ». Au centre, une vaste cour31 d’environ 185 m² était entourée de bâtiments, peut-être reliés par une galerie extérieure couverte.

22Les parcelles 315, 316, 349 et 100 résultent du morcellement récent de l’ancien consulat, puisque le plan napoléonien de 1826 conserve encore l’ancienne configuration d’un seul tenant. Ainsi, c’est seulement en 1856 qu’une nouvelle répartition se fait jour au sud de l’îlot, du côté de ce qui devient la rue de l’Ancienne Mairie, avec la division de la maison consulaire en quatre lots, comme le montre le cadastre actuel.

  • 32 - AC Narbonne, état des sections, série E, 1G133, « f°2346 », 1857.

23Le reste du consulat est également vendu à des privés en 1852-1853 pour pouvoir financer l’actuel Hôtel de ville. D’ailleurs, en 1857, on relève la mention de « construction neuve » pour le n° 5, rue de l’Ancienne Mairie32. Plus tard, en 1882, Louis Sol fils, huissier de justice, organise la division de la parcelle au n° 7, laquelle hérite d’un nouveau numéro (E2023) car tombant dans le registre privé et désormais soumise à taxe.

  • 33 - Plan dit « Varlet », 1772-1793. Le sieur Varlet est un arpenteur mandaté par la ville de Narbonne (...)

24Formant l’angle sud-est de la vaste emprise de l’ancien consulat, ce découpage a ensuite aggloméré une autre petite parcelle mitoyenne, la E122 du cadastre de 1826, elle-même provenant de la division de la maison de Catherine de Villebrun sur le plan de 177233 afin de former l’actuelle parcelle n° 100 (actuel n° 7 rue Benjamin Crémieux ; fig. 4, 5). Cette dernière possède désormais une superficie de 72 cannes (46 + 26 cannes) et 17 ouvertures, lesquelles existent encore de nos jours...

  • 34 - Cadastre, état des sections, série E, 1G133, 7 rue de l’Ancienne Mairie. 1936 : 2 appartements ap (...)

25Enfin, en 1936, les divisions de cette parcelle retracent le parcours de deux familles, celle d’un boulanger et d’un employé de la maison Jalabert34.

Fig. 4

Fig. 4

Narbonne (Aude), plan du sieur Varlet (1772), détail de l’îlot du Consulat avec localisation de la maison consulaire

Cliché : © AD Aude, 1FI1035. DAO : © F. Loppe, ALC Archéologie, 2019

Fig. 5

Fig. 5

Narbonne (Aude), maison consulaire du Bourg, localisation des vestiges sur le cadastre actuel

Source : © cadastre.gouv. Compléments DAO : © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

Étude du bâti

26Occupant les n° 3, 5, et n° 7 de la rue Benjamin Crémieux, l’ancienne maison consulaire couvre les actuelles parcelles 349, 315 et 316, la moitié de la parcelle 100, de même qu’une petite partie des parcelles 314 et 107 (fig. 5, 6). Les deux premières constructions correspondent à des immeubles habités aux étages et occupés par un commerce au rez-de-chaussée, si bien que les observations ont dû se cantonner à quelques éléments de façade et de rares aménagements internes visibles.

Fig. 6

Fig. 6

Narbonne (Aude), maisons des n° 3, 5, 7 rue Benjamin Crémieux, vue générale depuis la place des Quatre Fontaines, à l’ouest (ancienne place du Bourg). La façade sud MR5 de l’ancienne maison consulaire du Bourg a disparu au n° 3 mais existe encore aux n° 5 et n° 7

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2019

27Seul l’immeuble sis au n° 7, inoccupé au moment de l’étude, a été partiellement investigué au niveau de sa façade sud (L x H : 8,5 x 13,6 m) et du mur pignon oriental MR4. Il est divisé en cinq niveaux indépendants (rez-de-chaussée, trois étages, un comble) desservis par un escalier central éclairé par un puits de jour (fig. 7, 8, 9).

Fig. 7

Fig. 7

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, plan général du rez-de-chaussée et du premier étage

Fond de plan : © cabinet Léonard Architecture DPLG ; Z.I. La Coupe – 44 avenue Paul Sabatier, 11100 Narbonne. DAO : © S. Bonnaud, INRAP, 2011. Compléments : © F. Loppe, ALC Archéologie, 2019

Fig. 8

Fig. 8

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Plan général des deuxième et troisième étages

© Fond de plan : © cabinet Léonard Architecture DPLG ; Z.I. La Coupe – 44 avenue Paul Sabatier, 11100 Narbonne. DAO : © S. Bonnaud, INRAP, 2011. Compléments DAO : © F. Loppe, ALC Archéologie, 2019

Fig. 9

Fig. 9

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux

Plan général des combles. Fond de plan : © cabinet Léonard Architecture DPLG ; Z.I. La Coupe – 44 avenue Paul Sabatier, 11100 Narbonne. DAO : © S. Bonnaud, INRAP, 2011. Compléments DAO : © F. Loppe, ALC Archéologie, 2019

28Le relevé de façade rend compte de la diversité des matériaux employés (fig. 10) : si la majorité des moellons sont en calcaire clair, certains encadrements montrent l’utilisation d’un calcaire ocre-jaune, plus solide, alors que les linteaux sont en bois ou en briques. On trouve plus rarement des moellons de grès ou des galets et quelques reprises au mortier de chaux ou au ciment, de même que des moulures médiévales en remploi. En outre, des éléments en fer utilisés comme tirants ou agrafes et des bouchages à la terre complètent le tableau d’une élévation très hétérogène ayant subi de nombreux remaniements.

29La toiture, en mauvais état, est pourvue d’une couverture en tuiles canal reposant sur des chevrons posés sur des pannes directement encastrées dans la partie supérieure du mur pignon oriental MR4.

Fig. 10

Fig. 10

Narbonne (Aude), maison du n° 7, rue Benjamin Crémieux, élévation du mur sud MR5. Détail des types de matériaux

Relevé : © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

30L’étude du bâtiment a mis en évidence trois grandes phases : la première vers 1250, date probable de sa construction, la deuxième au XVIIe siècle, période d’importantes modifications, et la dernière à partir du milieu du XIXe siècle avec le morcellement de l’édifice public pour créer des parcelles privées.

État 1 : une maison consulaire du milieu du XIIIe siècle

31L’enveloppe générale de la maison consulaire a été globalement bien conservée mais seules certaines parties ont pu être étudiées : la façade sud MR5 sur l’emprise des bâtiments des n° 5 et 7 rue Benjamin Crémieux, le pignon oriental MR4, les modillons du gouttereau nord MR17 (n° 5), des éléments de charpente en remploi du plafond du troisième étage et la toiture actuelle (n° 7). Avant d’en faire la synthèse nous les décrirons par niveaux, suivant les divisions issues du morcellement parcellaire de 1857.

Rez-de-chaussée

32Le rez-de-chaussée du bâtiment n° 7 est subdivisé en deux pièces situées de part et d’autre d’un couloir d’accès central menant à un escalier hélicoïdal (fig. 7). Ses dimensions dans l’œuvre sont de 4,60 m x 7,80 m pour une hauteur sous faux-plafond de 2,70 m. Les vestiges médiévaux de l’ancien bâtiment consulaire se réduisent ici à l’angle sud-est, entre le pignon oriental MR4 et le gouttereau sud MR5 : conservé sur 1,30 m de long, à l’est de la fenêtre FE11, la maçonnerie se compose d’un grand appareil de blocs de calcaire taillés dont certains atteignent des dimensions imposantes (L x H : 0,80 x 0,35 m). À partir des observations effectuées au premier étage (infra), on peut s’interroger sur la présence éventuelle de deux trous de boulins TRB13 et TRB15, détruits lors des phases contemporaines (fig. 11).

Fig. 11

Fig. 11

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, élévation du mur sud MR5. Essai de phasage chronologique

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

33Les piquetages localisés réalisés sur l’enveloppe intérieure du mur MR4 ont montré que le parement médiéval a été repris au nord par une maçonnerie irrégulière et par l’aménagement d’une cheminée (infra). Il est cependant conservé au sud sur cinq assises (L max : 1,10 m) formant un grand appareil aux blocs allongés et finement layés (fig. 12). Le montage en pierres de taille est soigneusement ajusté par des joints minces fourrés par un mortier beige à fin gravier.

Fig. 12

Fig. 12

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, élévation du pignon est MR4. Essai de phasage chronologique

Fond de plan : © cabinet Léonard Architecture DPLG ; Z.I. La Coupe – 44 avenue Paul Sabatier, 11100 Narbonne. DAO : © S. Bonnaud, INRAP, 2011. Compléments DAO : © F. Loppe, ALC Archéologie, 2019

34La partie sud d’un grand arc brisé de décharge VT3 est conservée (fig. 13) : d’environ 4 m de portée à l’origine, il comporte des claveaux de 0,30 m de haut et d’une largeur assez régulière (0,30 à 0,40 m). Divers calages postérieurs le coupent de l’appareil médiéval, mais une assise basse semble bien lui être liée (même type de mortier et de joints). En outre, les surfaces des claveaux, aplanies en courtes layures à l’aide d’un petit ciseau, sont identiques à celles des blocs de l’appareil médiéval. Un fin lait de chaux à l’état fragmentaire recouvre encore ces éléments. Cet arc ne présente pas de chanfrein mais un lambeau d’enduit conservé sur l’intrados peut indiquer un usage passant - sans doute postérieur - avec la parcelle voisine (partie orientale de la parcelle 100 portant le n° 9), située hors de l’emprise du bâtiment consulaire médiéval. Dans la partie nord du mur MR4, un second arc VT4 avait été aménagé. Enfin, la liaison entre les deux murs médiévaux oriental (MR4) et méridional (MR5) est harpée par le croisement d’une assise sur trois.

Fig. 13

Fig. 13

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, pignon MR4, parement intérieur, rez-de-chaussée. Vue de la maçonnerie médiévale MR4 et de l’arc VT3 interrompu a posteriori par le conduit de cheminée CH2

Cliché : © S. Bonnaud, INRAP, 2011. DAO : © F. Loppe, ALC Archéologie, 2019

  • 35 - Grâce à l’aimable autorisation de Mme Marie Godichaud, gérante de la boutique « La Fille du Consu (...)
  • 36 - Nature de pierre paraissant différente de celles des éléments de façade du mur MR5 (couleur plus (...)
  • 37 - L : 0,33 m ; 0,56 m ; H d’assises : 0,38 ; 0,42 ; 0,30 ; 0,36 m.
  • 38 Largeur chanfrein : 8 cm.
  • 39 - Ép. : 0,22 m ; 0,44 m au total si l’on enlève la cloison ?
  • 40 - Si l’on ajoute la hauteur sous clé de ces arcs (3,10 m) à l’épaisseur approximative de ce faux-pl (...)

35En raison de nombreux remaniements effectués au rez-de-chaussée du bâtiment n° 5, le mur gouttereau sud MR5 ne conserve aucun vestige. Toutefois, des observations complémentaires ont pu être réalisées à l’intérieur35 : ainsi, le mur de refend MR15 a été bâti en blocs de calcaire taillés36 parfaitement ajustés37 soutenant deux arcs brisés : au sud, un arc chanfreiné38 ARC3 d’une portée de 3,8 m pour une hauteur sous clé de 3,13 m39 (fig. 14). Au nord un arc ARC4 dépourvu de chanfrein atteint 5,71 m de portée pour une hauteur sous clé pratiquement identique (3,17 m). Une niche NCH1 (H : 0,32 ; l : 0,25 m) est présente au nord de cet arc mais les traces d’outils sur les pierres indiquent une retaille de parement (?) moderne ou contemporaine (fig. 15). La boutique est couverte d’un faux-plafond qui, d’après la gérante, masquerait un plancher d’environ 0,80 m d’épaisseur40.

36Le couloir d’accès du bâtiment n° 5 permet d’observer l’autre face du mur MR14 (ép. : 0,60 m) : sa base, entièrement crépie, est percée d’une porte POR3 de 1,36 m de large pour 2,84 m de haut (fig. 16). Son linteau repose sur des coussinets moulurés et ses blocs de piédroits chanfreinés montrent les mêmes traces d’outils repérées sur les arcs ARC3 et ARC4. Le palier de l’actuel premier étage se trouve à 3,82 m au-dessus du seuil de cette porte et on peut penser que le plancher médiéval se situait à peu près à ce niveau.

Fig. 14

Fig. 14

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Mur de refend MR15, vue générale de l’arc brisé ARC3 depuis le sud

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

Fig. 15

Fig. 15

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Mur de refend MR15, vue générale de la partie nord du mur

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

Fig. 16

Fig. 16

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Mur de refend MR14, vue détaillée de la porte POR3

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

Premier étage

37Les piquetages localisés de l’enduit sur le mur MR5 ont montré que la maçonnerie médiévale se poursuivait à l’ouest derrière le mur de refend MR14, comme en témoignent deux assises conservées sur le parement intérieur (fig. 17).

38Ils ont également mis au jour la base d’un piédroit de l’arc d’embrasure de la fenêtre médiévale BE22, visible sur 0,75 m de haut. Elle conserve un décor de moulure large de 0,16 m composé d’un tore (diam. : 9 cm), d’un filet (l : 1 cm), d’une gorge et d’une baguette (l : 3 cm chacune).

  • 41 - Ces coussièges n’ont pas été mis en évidence car l’enduit n’a pas été piqueté à ce niveau.

39La présence de blocs bûchés laisse penser que ce décor mouluré se poursuivait sur l’appui de la fenêtre ou plus vraisemblablement le long de la tablette des coussièges aménagés dans l’embrasure41. Les assises médiévales situées le long de ce piédroit sont de hauteurs variables (entre 0,20 et 0,50 m). Longs de 0,35 m à 0,70 m, les blocs conservent de fines layures ou des stries obliques plus ou moins larges selon l’outil utilisé pour la taille (ciseau, burin). Ces assises se distinguent de celles en grand appareil de la façade dont les blocs ont des dimensions plus importantes (0,43 x 0,43 m ; 0,55 x 0,44 m) séparés par des joints très fins. Deux trous de boulins existaient vraisemblablement à ce niveau (TRB6 et TRB12), détruits par les aménagements contemporains (infra).

Fig. 17

Fig. 17

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Elévation intérieure du gouttereau sud MR5. Essai de phasage chronologique

Fond de plan ; © cabinet Léonard Architecture DPLG ; Z.I. La Coupe – 44 avenue Paul Sabatier, 11100 Narbonne. DAO : © S. Bonnaud, INRAP, 2011. Compléments : © F. Loppe, ALC Archéologie, 2019

40Sous les vestiges du piédroit de la fenêtre BE22, deux assises situées juste au-dessus de l’actuel plancher montrent également des traces de bûchage, indices probables d’une structure saillante (fig. 18). Un bloc présente en effet une partie haute layée et une partie basse martelée formant un rectangle allongé de 0,12 m de haut nettement dessiné. Il pourrait s’agir d’un corbeau intégré sur une ou deux assises, voire d’un cordon saillant sur la totalité de la base de l’édifice, de manière à soutenir une poutre accolée au gouttereau. Ces éléments permettent de situer les solives entre 3,80/3,95 m du sol du rez-de-chaussée et le niveau du plancher de la salle haute aux alentours de 4 m (fig. 17), ce qui confirmerait les hypothèses formulées précédemment.

Fig. 18

Fig. 18

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Gouttereau sud MR5, premier étage. Détail de la maçonnerie intérieure au nord de la fenêtre FE25. On note le bûchage d’un probable ressaut ou corbeau, et les négatifs de l’implantation postérieure de solives, vraisemblablement à l’époque moderne

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

41Sur la façade le trumeau séparant les fenêtres BE22 et BE23 repose sur une assise de cinq blocs, préservée intentionnellement des remaniements à l’époque contemporaine (fig. 11, 19). Un fragment de colonnette ou de meneau d’environ 2 m de haut sépare les petites baies BE23a et BE23b, mais il a été légèrement déplacé durant des travaux de reprises.

Fig. 19

Fig. 19

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5. Premier et deuxième étages. Vue générale des vestiges des baies BE22 et BE23

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

  • 42 - L x H : 0,53 x 0,32 m ; 0,14 x 0,17 m.

42En suivant la façade vers le sud-est, l’appareil médiéval est conservé sur près de 2 m de long jusqu’au bâtiment portant le n° 9 : il s’agit d’une maçonnerie de blocs de calcaire taillés42 dont les assises ont une hauteur comprise entre 0,22 et 0,38 m (fig. 20). Un trou de boulin TRB5 (L x H : 0,20 x 0,14 m) a été réservé à l’angle de deux pierres puis bouché ; un autre (TRB14) devait logiquement exister au-dessous et à l’aplomb, mais la reprise de l’appareil empêche de le certifier.

Fig. 20

Fig. 20

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, premier étage. Détail de l’appareil médiéval au sud de la fenêtre FE24. On remarque le trou de boulin TRB5 bouché (1)

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

43À ce niveau, la maçonnerie médiévale du mur pignon MR4 a été presqu’entièrement détruite par la construction d’un grand arc à l’époque contemporaine. Quelques vestiges restent cependant visibles au nord, passant derrière le mur MR6 (fig. 12).

Deuxième étage

  • 43 - L x H : 0,41 x 0,26 m ; 0,48 x 0,28 m.

44À l’est, sur le parement intérieur et en bordure de la fenêtre FE16, le piédroit mouluré d’un arc d’embrasure d’une fenêtre médiévale est conservé sur une hauteur de 0,60 m : cet élément appartient à la baie géminée orientale BE23b. On note à côté la présence du trou de boulin TRB2 (0,16 x 0,17 m), soigneusement bouché par un élément de calcaire, également visible sur le parement extérieur, à 1,10 m à la verticale du trou de boulin TRB4. Ils s’inscrivent tous les deux dans un appareil médiéval très régulier aux blocs imposants43.

45À l’ouest sur la façade, les piédroits de la grande fenêtre médiévale BE22 ont été bûchés, comme l’archivolte qui la couronne. Par ailleurs, l’extrados du premier claveau – le seul conservé – montre un décalage de 5 cm par rapport au sommier, nécessitant la découpe façonnée de la pierre de taille adjacente (fig. 21).

Fig. 21

Fig. 21

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, deuxième étage. Détail du départ de l’arcature de la baie BE22a, vue extérieure

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

46Pris dans une gangue maçonnée d’époque contemporaine, le piédroit ouest de cette baie a pu être entièrement dégagé sur 1,96 m de haut près de la fenêtre FE17 (fig. 22, 23). Plusieurs éléments sont ainsi apparus : tout d’abord le décor mouluré du piédroit, débordant sur le tableau, orné de deux tores de 7 cm de diamètre associés à deux autres, séparés par des bandeaux. Le niveau de l’imposte est marqué par deux moulures débordant également sur le tableau : la première correspond à un tore très mince et la seconde, disposée 0,16 m plus haut, montre un tore souligné par un cavet. Comme nous avons pu le constater au niveau inférieur, les piédroits de l’arc d’embrasure sont également décorés de moulures ; celles-ci se composent d’une baguette et d’un tore dégagé par une gorge et soulignée par un anglet.

Fig. 22

Fig. 22

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, deuxième étage. Piédroit ouest de la fenêtre BE22. Détail des moulurations

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

Fig. 23

Fig. 23

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, deuxième étage. Partie supérieure du piédroit ouest de la fenêtre BE22. Élévation et coupe

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

47Les lits de pose des pierres du piédroit ont été finement ciselés pour obtenir une horizontalité parfaite, garantissant un excellent ajustement des blocs.

48Le tableau dégagé comporte divers aménagements réalisés a posteriori, dont trois saignées en « L » longues de 0,24 à 0,26 m et profondes de 4 à 4,5 cm, celle du bas montrant une usure plus prononcée que les deux autres (fig. 24). Malgré leurs différences elles paraissent avoir été réalisées de manière synchrone. Des aménagements identiques devaient probablement exister en partie basse de cette baie, aujourd’hui masquée par le comblement réalisé à l’époque contemporaine pour la fenêtre FE25.

Fig. 24

Fig. 24

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, deuxième étage. Partie supérieure du piédroit ouest de la fenêtre BE22. Vue détaillée de la saignée basse

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

  • 44 - L x H : 7,5 x 6 cm.

49En partie haute du tableau deux petits orifices de forme rectangulaire ont été percés : celui du haut44 a été façonné dans l’angle d’une pierre (fig. 23, A). Le sens des impacts du ciseau lors de la taille -parallèle au parement du bloc- montre que la partie supérieure de cet aménagement a été réalisée avant la pose de la pierre (fig. 25). Sa partie inférieure en revanche, au contour irrégulier, supposerait une retaille effectuée une fois l’élément en place. L’autre orifice est situé 0,37 m plus bas, au centre d’un bloc (fig. 23, B) : de forme rectangulaire (5 x 4 cm), son contour est presque totalement effacé par l’éclatement de la pierre, dû en partie au creusement d’un évier dans l’épaisseur du mur à l’époque contemporaine. Il pourrait avoir été façonné a posteriori mais son état actuel empêche de le certifier.

Fig. 25

Fig. 25

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, deuxième étage. Partie supérieure du piédroit ouest de la fenêtre BE22. Vue détaillée de l’orifice supérieur (A). Le sens des impacts du ciseau, parallèle au parement du tableau, indique que cette cavité est contemporaine de la construction de la baie

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

50L’appareil médiéval conservé dans la partie ouest de la façade MR5 se compose de blocs de calcaire appareillés dans lequel trois trous de boulin alignés verticalement sont fermés par un bouchon de calcaire soigneusement ajusté : les trous de boulins TRB1 (0,13 x 0,13 m ; fig. 26), TRB3, TRB8, tous équidistants d’environ 1,20 m, devaient posséder un fourreau traversant comme le trou TRB2, mais l’absence de piquetage du parement interne n’a pas permis de le confirmer.

Fig. 26

Fig. 26

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, deuxième étage. Vue extérieure détaillée du bouchage du trou de boulin TRB1

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

51Les moulures extérieures de l’ouverture BE22b ont été entièrement martelées comme le montrent les nombreux impacts d’outils sur les piédroits et les claveaux. Presque complètement détruite par les fenêtres FE17 et FE25, elle ne conserve que son piédroit oriental, c’est-à-dire le trumeau monolithe (1,84 x 0,42 m) qui la sépare de la fenêtre BE23. Bien qu’en partie bûché, le décor mouluré accentuant les piédroits reste lisible : un tore de 2 cm de diamètre surmonté d’un bloc de 0,26 m de haut supportant l’imposte décoré d’un tore. Au-dessus, le double sommier reçoit à la fois les archivoltes des grandes baies BE22 et BE23 mais également les premiers claveaux des petites baies jumelles BE22b et BE23a (fig. 27).

Fig. 27

Fig. 27

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, deuxième étage. Vue extérieure détaillée de la pierre recevant la grande archivolte des fenêtres BE22 et BE23 et les arcs des baies BE22b et BE23a

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

  • 45 - PÉROUSE DE MONTCLOS, 1995, p. 288, fig. 25.

52La fenêtre orientale BE23 conserve en revanche presque intacte la partie haute de sa baie jumelle BE23a : de 3,42 m de hauteur sous clé pour un mètre de large, elle est couverte par un arc en tas-de-charge à réseau d’intrados trilobé45. Ses quatre claveaux ont travaillé, notamment en raison des percements postérieurs qui ont désolidarisé la maçonnerie médiévale (fig. 28, 29). Pour ces mêmes raisons, le meneau séparant les baies BE23a et BE23b est incliné et ne repose plus sur son appui. Epais de 0,16 m, il a été taillé dans un bloc monolithe d’au moins 2 m de haut dont la partie centrale a été bûchée. Il possède un profil asymétrique comportant un chanfrein et méplat (tore bûché ?) côté ouest et l’amorce d’un tore à l’est.

  • 46 - L : 0,30 à 0,60 m ; H moy. : 0,25 à 0,30 m. Les trois dernières assises hautes ne dépassent pas 0 (...)
  • 47 - L : 0,20 à 0,45 m ; H : 0,15 à 0,20 m.
  • 48 - En Tarn-et-Garonne certaines études ont montré que ce type d’outil n’apparaîtrait pas avant le mi (...)

53Deux sondages ont été ouverts dans le mur pignon MR4 : le premier, côté sud, a fait apparaître un grand appareil allongé46 alors que l’autre, au contact avec le mur nord MR6, a mis au jour un appareil plus petit47. Cependant, l’examen général montre un mortier identique et des joints beurrés couvrant uniformément les deux appareils. Les blocs finement layés au burin ou à la gradine48 ont donc été mis en œuvre dans le cadre d’une élévation homogène, leur différence de hauteur s’expliquant vraisemblablement par des remplois, comme on le verra d’ailleurs à l’étage supérieur (supra).

54Enfin, deux zones peintes ont été mises en évidence, l’une avec des pigments rouges dans le sondage nord, l’autre avec des pigments jaunes dans le sondage sud où un angle nettement marqué forme un rectangle coloré (0,50 x 0,70 m ; fig. 12).

Fig. 28

Fig. 28

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Gouttereau sud MR5, deuxième étage. Fenêtre BE23. Vue extérieure détaillée de la partie haute de baie trilobée BE23a

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

Fig. 29

Fig. 29

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Gouttereau sud MR5, deuxième étage. Fenêtre BE23. Vue extérieure détaillée de la mouluration de la baie BE23a

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

Troisième étage

55Le piquetage des enduits au centre du parement intérieur a permis de découvrir une maçonnerie soignée en grand appareil et le sommet des arcs d’embrasure des deux fenêtres BE22 et BE23, mesurant chacune de 5,2 m de haut pour 2,35 m de large. Trois claveaux moulurés sont conservés à l’ouest sur 1,10 m de hauteur et quatre à l’est sur 1,60 m ; leur portée est comprise entre 0,30 et 0,50 m (fig. 30).

56À l’extérieur, la maçonnerie médiévale se compose de blocs de petit et moyen appareils de calcaire coquillé soigneusement ajustés par des joints fins. D’une hauteur d’assise comprise entre 0,16 et 0,38 m, ils peuvent atteindre 0,52 m de long tandis que leur surface montre des impacts d’outils. Près de l’angle sud-oriental, les assises accusent une légère inclinaison probablement due à un tassement ayant fait travailler la construction, d’ailleurs corsetée par des tirants à l’époque contemporaine (infra).

Fig. 30

Fig. 30

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, troisième étage. Vue intérieure des arcs des baies BE23 (à gauche) et BE22 (à droite)

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

  • 49 - L x H : 0,29 x 0,20 m.

57Les fenêtres BE22 et BE23 possédaient chacune un grand arc de décharge formant une archivolte de 2,50 m de portée dont les claveaux ont été bûchés : la première en conserve deux49 en place signalant l’amorce d’un second rouleau interrompu par des destructions postérieures (fig. 31).

Fig. 31

Fig. 31

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, troisième étage. Vue extérieure des départs d’arcs des baies BE22 (à gauche) et BE23 (à droite). Le deuxième rouleau de la première est interrompu par l’appareil du mur médiéval

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

  • 50 - L x H : 0,27 x 0,24 m.

58L’autre fenêtre ne possède plus qu’un seul claveau50 de son second rouleau, disposé de façon dissymétrique par rapport à ceux de la fenêtre BE22, et intégré a posteriori comme le montrent le bûchage en « L » de la pierre supérieure épousant son contour et l’espace subsistant entre ces blocs (fig. 32).

Fig. 32

Fig. 32

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, troisième étage. Fenêtre BAIE23. Vue extérieure détaillée du claveau du deuxième rouleau. En jaune le bloc taillé avant pose pour un claveau de moindre hauteur, non posé. En rouge, le bloc retaillé pour la pose du claveau actuel

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

59Sur la première fenêtre BE22 les claveaux paraissent inclus dès l’origine dans le mur MR5, alors que sur la seconde baie (BE23) il s’agirait plutôt d’une reprise ayant remplacé les deux premiers claveaux. Par ailleurs, la baie BE23a a conservé son tympan composé de quatre blocs de calcaire, dont trois ont été taillés de façon à épouser parfaitement l’intrados de l’archivolte.

  • 51 - L x H : 0,88 x 0,41 m.

60En outre, la maçonnerie médiévale est conservée près de la jonction avec le bâtiment portant le n° 9 : il s’agit de gros blocs de calcaire51 liés par des joints fins qui auraient pu inclure deux trous de boulins TRB10 et TRB11, ultérieurement détruits par l’encadrement des fenêtres FE20 et FE21 à l’époque moderne.

61À l’extrémité ouest du mur MR5, le sommier d’un arc (ARC1) apparaît en appui sur un linteau fragmenté semblant délimiter un tympan (?). Également visible à l’extérieur, cet arc segmentaire de 1,80 m de portée poursuit son développement sur la façade de l’immeuble n° 5 (fig. 11, 17, 33) : il se compose de dix claveaux en pierres de taille séparés par des joints très fins. Un angle de 1,20 m de haut (1,5 m sous clé) pour 1 m de large, à cheval entre les actuels deuxième et troisième étages, semble dessiner un piédroit et un appui, le sommier oriental de cet arc ayant peut-être disparu dans un second temps, de même que le trou de boulin TRB8. Sur la façade du bâtiment voisin l’autre extrémité de cet arc est en partie masquée par des joints en ciment, empêchant de confirmer la présence d’aménagements similaires.

Fig. 33

Fig. 33

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, troisième étage. ARC1. Vue générale depuis l’extérieur

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

62On retrouve néanmoins un arc du même type à la jonction des façades des immeubles n° 5 et n° 3 (ARC2), dont une moitié a disparu sous un enduit cimenté (fig. 34).

Fig. 34

Fig. 34

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, troisième étage. ARC2. Vue générale depuis l’extérieur

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

  • 52 - Longueurs comprises entre 0,40 et 0,74 m.

63Enfin, le mur gouttereau MR5 de l’immeuble au n° 7 est couronné d’une corniche (fig. 11, 35) composée de quinze modillons espacés d’environ 0,30 à 0,40 m et qui supportent des dalles52 saillantes de 0,30 m : leur extrémité est soulignée d’une moulure composée d’un chanfrein, une gorge et un tore, séparés par un petit canal (fig. 36). Leur jonction se fait systématiquement à mi-corbeau, à une exception près (infra), et un joint très fin les sépare d’une dalle placée derrière, comme par exemple entre les modillons n° 3 et n° 4. Par ailleurs, le positionnement de la mouluration en tore sur l’arrière d’un élément entre les modillons n° 6 et n° 7 suggère un remploi (fig. 37).

Fig. 35

Fig. 35

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Gouttereau sud MR5, troisième étage. Vue générale partielle de la corniche (de gauche à droite : modillons n° 3 à n° 12)

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

Fig. 36

Fig. 36

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Gouttereau sud MR5, troisième étage. Corniche. Relevé des différents types de modillons

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

Fig. 37

Fig. 37

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Gouttereau sud MR5, troisième étage. Corniche. Détail de la partie arrière de la dalle de corniche entre les modillons n° 6 (à gauche) et n° 7 (à droite). On note le positionnement inhabituel de la mouluration en tore, signe probable d’un remploi

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

  • 53 - l x H x P : 0,23 x 0,23 x 0,24 m.

64Onze modillons sont à peu près identiques (n° 1-3 ; n° 5-11, n° 13) : de forme presque cubiques53, on a réservé sur leur partie supérieure une surface de forme trapézoïdale, le reste est divisé par une arête verticale, séparant deux parties à peu près égales et concaves.

65Les quatre derniers montrent des singularités :

    • 54 - l x H x P : 0,18 x 0,23 x 0,25 m.

    Le n° 4 est mouluré en deux54 quarts-de-rond, ses arêtes chanfreinées s’amortissant au contact du bandeau supérieur (fig. 38).

Fig. 38

Fig. 38

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, troisième étage. Corniche. Détail du modillon n° 4

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

    • 55 - l x H x P : 0,24 x 0,24 x 0,28 m.

    Le n° 1255 est un quart-de-rond aux arêtes rabattues en chanfreins, surmonté d’un bandeau de 8 cm de haut (fig. 39).

Fig. 39

Fig. 39

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, troisième étage. Corniche. Détail du modillon n° 12

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

  • Le n° 14 est conforme au profil-type majoritaire, à ceci près qu’il a été exagérément enfoncé dans le mur MR5 lors de sa réinstallation (infra).

    • 56 - l x H x P : 0,23 x 0,23 x 0,29 m.

    Le n° 1556 est orné d’un bandeau de 8 cm de haut surmontant un double tore séparé par une doucine (fig. 40).

Fig. 40

Fig. 40

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, troisième étage. Corniche. Détail du modillon n° 15

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

66Les n° 1 à 11 sont en place dans la maçonnerie MR5 puisque les pierres de taille périphériques ont été soigneusement façonnées et ajustées pour les recevoir. Cependant si les onze éléments-types (n° 1-3 ; 5-11 ; n° 13 et n° 14 ?) pourraient avoir été taillés pour la maison consulaire, les trois derniers (n° 4, 12, 15) sont d’un modèle unique, et donc vraisemblablement des remplois d’une construction antérieure.

67Au sommet du mur gouttereau nord MR17, 19 autres modillons sculptés (n° 16 à 34) comparables à ceux du mur sud MR5 sont conservés (fig. 41). Onze d’entre eux (n° 21-25, 27, 28, 30 à 33, 34) présentent un profil identique à celui des n° 1-3, alors que les n° 16, 17, 26 et 29, érodés, sont difficilement restituables.

Fig. 41

Fig. 41

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau nord MR17. Vue générale des modillons n° 16 à 22 (de gauche à droite)

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2019

68Les quatre derniers diffèrent :

  • Deux sont moulurés de deux quarts-de-rond (n° 18 et 20), dégagés par deux gorges pour l’un d’eux (fig. 42).

Fig. 42

Fig. 42

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau nord MR17. Vue détaillée des modillons n° 18 à 20 (de gauche à droite)

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2019

  • Un autre montre un profil en quart-de-rond surmonté d’un petit bandeau (n° 19).

  • Le dernier présente un large profil concave (n° 33 ; fig. 43).

Fig. 43

Fig. 43

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau nord MR17. Vue détaillée des modillons n° 31 à 34 (de gauche à droite)

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2019

69La façade étant enduite, aucune observation complémentaire n’a pu être faite. Toutefois, l’irrégularité des entraxes entre ces modillons (les n° 26 et 27 sont même accolés) laisse supposer qu’une partie a été repositionnée à l’époque moderne, peut-être au moment du percement des fenêtres (infra).

70Quant au mur pignon MR4 il est en grande partie conservé, puisque les trois sondages pratiqués dans les enduits aux extrémités sud et nord montrent la présence d’assises synchrones, sauf sur l’emprise de la porte récente percée au centre. Au nord, deux petits sondages ont été ouverts dans l’enduit, l’un dans l’actuel placard pour vérifier le passage du mur MR4 derrière le mur MR6, et l’autre entre la porte et la cloison.

71Ces sondages ont mis au jour une maçonnerie dont les blocs, le mortier et les joints finement rabattus, sont identiques entre eux. Ils ont également permis de découvrir un fragment de décor peint US24 au nord, apposé sur une couche d’apprêt (fig. 44) : au-dessus apparaît un enduit de couleur gris-beige dont la très fine granulométrie a été altérée par l’eau de pluie issue des fuites de l’actuelle toiture. On peut ainsi observer l’association de pigments rouge, jaune, bleu, gris et beige, et des traits noirs incurvés qui semblent délimiter des motifs (blason ?) ou des formes (main/pied botté ?).

Fig. 44

Fig. 44

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Pignon MR4, troisième étage. Vue détaillée des différentes couches d’enduits. 1. Décor peint médiéval US24. 2. Main/pied botté ? 3. Enduit d’époque moderne US25 (XVIIe siècle). 4. Enduit d’époque contemporaine (milieu XIXe-XXe siècle)

© S. Bonnaud, INRAP, 2011. DAO : © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

72Au sud, le piquetage a fait apparaître un décor d’époque moderne US25 (infra), de même que le parement médiéval sur toute sa hauteur : ainsi, les trois dernières assises du deuxième étage, en petit appareil, se poursuivent au troisième étage (huit assises), avant de laisser la place à une maçonnerie en grand appareil. La plupart d’entre elles sont liées avec les assises médiévales du mur gouttereau MR5, visiblement une récupération de matériaux de calibres différents, et non une reprise de construction.

73Enfin, on verra que les trois poutres du plafond ne sont pas en place, bien qu’elles proviennent très probablement de la toiture d’origine : en effet, même si l’étude dendrochronologique n’a pu les dater, elle a cependant établi qu’elles sont de la même essence que la « panne » peinte médiévale (sapin ; infra).

Combles et toiture

  • 57 - « Pièce de charpente horizontale placée longitudinalement au comble, portée par des arbalétriers (...)

74Deux grands sondages dans le parement du pignon oriental MR4 ont montré une bonne conservation de la maçonnerie d’origine en grand appareil de calcaire coquillé à ce niveau, toutefois perturbée par divers éléments, notamment par l’ancrage de deux pièces de bois médiévales servant de pannes57 dans l’actuelle toiture TO28 (fig. 12) :

    • 58 - L x l x H: 3,31 x 0,21 x 0,37 m.
    • 59 - BOURIN, 2016, p. 79.

    La panne nord58, la plus haute, est peinte sur deux faces avec les armes du consulat, caractérisée par une croix archiépiscopale59, un blason et des rinceaux (fig. 45, 46). Elle a été datée par dendrochronologie des environs de 1250-1255 (infra, annexe). Les deux autres faces étaient peut-être peintes, mais leur décor aurait pu être effacé par le ruissellement de l’eau.

    • 60 - L : 2,642 m ; l : 0,20 m ; l : 0,30 m.

    La panne inférieure60 au sud, ne montre aucun décor et n’a pu être datée.

Fig. 45

Fig. 45

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, combles. Vue détaillée des décors sur la panne médiévale en remploi dans l’actuelle toiture. Face latérale. On note l’échantignolle

© S. Bonnaud, INRAP, 2011

Fig. 46

Fig. 46

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, combles. Vue détaillée des décors sur la panne médiévale en remploi dans l’actuelle toiture. Face inférieure

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

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  • 61 - Dimensions très conséquentes. En effet la maison dite « l’Hôtel des Monnaies », à Villemagne-l’Ar (...)
  • 62 - Datée des environs du milieu du XIVe siècle, la « Loge des marchands » de Cahors, au n° 35 rue de (...)

75L’état médiéval de la maison consulaire correspond à un vaste bâtiment trapézoïdal orienté nord-ouest/sud-est de 24 m de long pour 13 m de large61, dimensions comparables à celles des grandes salles de la « Loge des Marchands » et du palais Duèze à Cahors (Lot), ou à celles de l’aula de la Raymondie à Martel (Lot ; palais privé puis hôtel de Ville)62.

76Sa façade méridionale sur rue MR5 est partiellement conservée aux n° 5 et n° 7, de même que son mur nord MR17, une partie des pignons MR4 et MR16, et enfin des refends MR14 et MR15.

  • 63 - Épaisseur presque similaire aux maçonneries de la maison dite « l’Hôtel des Monnaies », à Villema (...)
  • 64 - À Arles « la façade principale donnait sur le plan de la cour se développant sur 25 mètres et s’é (...)
  • 65 - En effet « le palais des consuls d’Arles occupait une parcelle rectangulaire avec une surface d’e (...)

77D’après le mur MR5, les gouttereaux ont une épaisseur assez faible (0,63 m63) mais leur hauteur atteint une douzaine de mètres voire peut-être plus de seize à l’origine pour les pignons64. La superficie de la salle consulaire avoisine alors 312 m², représentant à elle seule près de 60 % de la surface au sol occupée par les édifices du consulat (environ 532 m²) organisés autour d’une cour centrale (185 m², soit au total environ 717 m²), morphologie comparable au palais communal d’Arles65.

  • 66 - Ces refends ont trois fonctions : diviser les espaces intérieurs, ménager des points d’appui pour (...)
  • 67 - Très souvent les « refends sont percés de nombreuses baies de communication, portes et surtout ar (...)
  • 68 - Ainsi à la maison Muratet, à Saint-Antonin-Noble-Val, le bâtiment « était à l’origine vraisemblab (...)
  • 69 - D’ailleurs, l’existence de la porte POR2, plus récente (infra), sous-entend que le passage sous l (...)

78Au rez-de-chaussée deux murs de refend MR14 et MR15 (ép. : 0,60 m) supportent vraisemblablement les poutres du plancher du premier étage66 (fig. 47). Ils divisent la surface en trois parties, larges de l’ouest vers l’est de 7 m, 8,5 m et 6,5 m environ. On peut circuler dans les deux tiers nord de cet espace grâce à la grande portée des ARC3 et ARC4 (mur MR1567) : toutefois seul le premier est chanfreiné (indice de passage68), le second ayant pu être obturé par une cloison légère ou une maçonnerie69.

Fig. 47

Fig. 47

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, état médiéval. Essai de restitution du rez-de-chaussée

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2019

79Le mur MR14 en revanche ne comporte pas d’arcs mais une porte POR3 à linteau sur coussinets vraisemblablement d’époque médiévale, quoique défigurée par des enduits et autres bûchages. Elle dessert à l’origine le tiers sud-est restant du rez-de-chaussée.

  • 70 - AC Narbonne, compoix de 1499, « f°204 ». « Bourg: terson d’Aude, Ile Johan Guilhem. Done Johana, (...)
  • 71 - SCELLÈS, 1999, p. 145.
  • 72 - Dans la mesure où ils existent à Narbonne à cette époque, et compte tenu de la présence proche du (...)
  • 73 - Parfois la présence d’arcades n’est pas forcément synonyme d’activité marchande car elles peuvent (...)

80D’après les compoix des XVe et XVIe siècle des boutiques existent « sous l’hostal de la ville », dont une semble avoir été rachetée par les édiles70 : ainsi, à l’instar de la maison consulaire de Bergerac (Dordogne), du palais de la Raymondie à Martel (1330), ou du palais épiscopal de Cahors71 (fin XIVe siècle), de grandes arcatures (ici surbaissées ?) ouvrant sur des échoppes auraient pu être créées dès l’origine du bâtiment72, même si le mur MR5 n’en a pas gardé trace en raison des reprises en sous-œuvre d’époque contemporaine73. Toutefois, ces boutiques auraient également pu être aménagées à la fin du Moyen Âge.

  • 74 - Au XIIIe siècle il est tout à fait concevable de trouver à Narbonne des poutres en sapin ayant de (...)
  • 75 - En Midi rhodanien, au XIVe siècle, « l’espacement entres les poutres principales est généralement (...)
  • 76 - Dans la région rhodanienne, trois types de planchers ont été identifiés entre le XIVe et le XVIe  (...)

81À l’étage, la salle d’apparat, haute d’environ 8 m et d’un seul tenant, peut accueillir plusieurs centaines de personnes assises sur des bancs (fig. 48). Son plancher était probablement composé de trois séries de poutres d’environ 7 à 8 m de long chacune74, disposées dans le sens de la longueur du bâtiment75 (fig. 49). Leurs extrémités ancrées dans les pignons (?) reposaient sur les refends MR14 et MR15. Elles devaient posséder des entraxes irréguliers de manière à ne pas porter sur les clés des ARC3 et ARC4 du mur MR15 (fig. 50, 51) et soutenir des solives perpendiculaires ancrées dans les gouttereaux à environ 4 m76 de haut. Les deux refends agissent donc ici comme des poutres principales d’un système à trois niveaux permettant de franchir la grande largeur du bâtiment.

Fig. 48

Fig. 48

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, état médiéval. Essai de restitution du premier étage

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2019

Fig. 49

Fig. 49

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, état médiéval. Essai de restitution de la façade sud MR5

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2019

  • 77 - CARCY, 2002, p. 214-215.
  • 78 - Et ce même si l’on sait que l’absence de travées pourrait exclure l’utilisation de charpente à fe (...)
  • 79 - SAINT JEAN VITUS, 1998, p. 73. En Normandie ce système se développe au début du XIIIe siècle (ÉPA (...)
  • 80 - Cas constaté dans la région lilloise aux XIVe et XVe siècles (BLIECK, 2003, p. 74).
  • 81 - Ainsi, en Normandie, au début du XVe siècle, le manque de bois pour la construction d’une maison (...)
  • 82 - En effet, la portée des fermes des sept exemples étudiés est comprise entre 4,80 et 10,50 m (BOUT (...)
  • 83 - Ainsi, pour la construction du nouveau chœur de Saint-Denis, douze entraits atteignant 11 m de lo (...)

82L’absence d’arrachements d’arcs-diaphragmes à l’étage semble exclure l’hypothèse d’une charpente à pannes et chevrons77 et oriente davantage vers un système à ferme et pannes apparentes78, progrès technique majeur apparaissant à partir du XIIe siècle79 car moins consommateur en éléments de forte section80, paramètre essentiel pour une ville comme Narbonne et plus généralement pour toutes les régions où l’acquisition de longues pièces est extrêmement difficile81. L’entraxe des fermes devait être compris entre 2 et 2,5 m et leur portée atteindre jusqu’à 12 m, longueur remarquable à la lumière des exemples rhodaniens du XIVe siècle82 mais qui se rapproche de ce qu’on observe en région parisienne dès le milieu du XIIe siècle83.

Fig. 50

Fig. 50

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, état médiéval. Coupe sur pignon MR4. Essai de restitution

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2019

Fig. 51

Fig. 51

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, état médiéval. Coupe sur refend MR15. Essai de restitution

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2019

  • 84 - GARRIGOU-GRANDCHAMP, 2008, p. 149.

83L’ancrage a posteriori de la panne décorée dans la maçonnerie médiévale du pignon oriental MR4 suggère qu’à l’origine la toiture médiévale TO27 était implantée plus haut que l’actuelle TO28, peut-être dans des pignons de profil triangulaire84, et non « en escalier » comme le pignon ouest MR16 (reconstruction d’époque moderne, infra), même si l’on sait que ce type existe au Moyen Âge, comme à Cahors, au 42 rue de la Daurade.

  • 85 - BOUTICOURT, 2016, p. 201.
  • 86 - BOUTICOURT, 2016, p. 202, 203.
  • 87 - Ceux-ci ne sont généralement présents que lorsque les gouttereaux sont mitoyens de ceux des parce (...)

84Toutefois, la toiture médiévale était débordante puisque généralement « la protection des façades nécessitait de prolonger la toiture au-delà des murs gouttereaux afin d’éviter le ruissellement des eaux pluviales sur les parements »85. Les dispositifs sont alors variables : débord de dalles, saillies des arbalétriers, soutien par une jambe de force86… Mais la disparition de la toiture TO27 nous prive d’informations pour sa restitution. Pour les mêmes raisons aucune trace d’ancrage de chéneau n’a été mise au jour87.

  • 88 - Pente retenue en raison de sa résistance au vent et de l’économie en matériaux de couverture et b (...)
  • 89 - CARCY, 2002, p. 206, 210.

85Aux extrémités, les pannes s’intégraient certainement dans les pignons MR4 et MR16, dont la pente, plus douce que celle de l’actuelle toiture TO28, devait alors atteindre environ 26°88 (fig. 12, 50). Elle était vraisemblablement couverte en tuiles canal comme c’est généralement le cas en milieu urbain dans le Midi, hors zones de montagne89.

  • 90 - Longues portées rectilignes, bois dense et peu fibreux, pauvre en nœuds, fournissant des surfaces (...)
  • 91 - Comme pour la vallée du Rhône, « les forêts alpines ont ainsi été très sollicitées pour fournir l (...)
  • 92 - En Ville Basse de Carcassonne, un plafond peint du XVe siècle située au 49-51 rue de Verdun utili (...)
  • 93 - Le coût d’un tel transport n’est pas négligeable : ainsi, au début du XVIe siècle, les documents (...)
  • 94 - Ces bois audois sont exportés jusqu’à Montpellier, comme le confirment les documents du XIVe sièc (...)
  • 95 - En effet, la densité du bois de sapin varie en moyenne de 450 à 550 kg/m3. Un rapide calcul peut (...)
  • 96 - En effet « un essieu de bois ne peut assurer que le transport de 500 kg, soit une tonne par charr (...)

86La quasi-absence de bois d’œuvre dans la plaine languedocienne explique que ces éléments soient en sapin et épicéa, essences importées de régions de montagne et répandues dans les édifices méridionaux à cette époque, car fort prisées pour leurs multiples avantages90. En l’espèce la provenance est probablement alpine91, car à la différence du sapin, l’épicéa n’est pas une essence indigène des Pyrénées ou de la Montagne Noire. Toutefois, cette origine est surprenante lorsqu’on sait que la haute vallée de l’Aude et notamment les régions de Quillan et Espéraza fournissent des bois d’œuvre par flottage sur la rivière Aude : ainsi, et alors même que son lit principal traverse Narbonne au milieu du XIIIe siècle, on préfère opter pour des bois venant de plusieurs centaines de kilomètres, soulevant ainsi nombre de questions sur les choix des approvisionnements en bois d’œuvre92. Ce dernier est ensuite transporté par trinqueballe jusqu’au chantier93, puis scié et débité sur place94. Le poids des plus gros éléments doit varier entre 250 et 485 kg environ95, soit une charge supportable par un essieu en bois96.

  • 97 - GIRARD, 1998, p. 56.

87Pratiquement jamais évoqué dans les études, l’âge des arbres pourrait tourner autour de 240 à 250 ans pour la « panne » peinte des combles (échantillons NC1 à NC4, cf. annexe), à comparer par exemple aux 200 ans du sapin des Alpes utilisé pour la nouvelle charpente de la cour royale de justice de Pont-Saint-Esprit, dans le Gard (1337-134397). Les poutres en remploi au troisième étage seraient pour leur part réalisées dans des bois bien plus jeunes, âgés d’une cinquantaine d’années seulement.

  • 98 - MARIN, 2006, p. 156, 157 ; RENAUD, 1999, p. 211, 212.

88Un vaste décor s’étendait peut-être sur les pannes de la charpente, éventuellement avec des parédals, technique largement diffusée dans le Sud de la France et qui siérait parfaitement à une salle aussi prestigieuse. Malheureusement, la disparition de cet ensemble, et notamment des chevrons ayant pu conserver d’éventuelles traces caractéristiques de leurs ancrages comme à Capestang (Hérault) ou Riom (Puy-de-Dôme) au XIIIe siècle, empêche d’être affirmatif sur ce point98.

89Deux corniches courraient sur toute la longueur des gouttereaux, avec des modillons initialement disposés selon un entraxe relativement régulier. Les ARC1 et ARC2 de la façade sud MR5 pouvaient éventuellement jouer le rôle de raidisseur, puisque les refends MR14 et MR15 situés à l’aplomb ne pouvaient contribuer à rigidifier la partie haute de MR5. Ils servaient peut-être également de décharge aux poids des fermes si, comme on le suppose, deux d’entre elles étaient disposées dans leur axe vertical. Enfin, la présence d’un jambage à l’aplomb extérieur de l’ARC1 est difficilement interprétable en l’état, même si on peut songer à une amorce de niche pour abriter une statue ornementale, abandonnée en cours de chantier, peut-être afin de ne pas fragiliser excessivement la structure.

90Les quatre fenêtres géminées BE22 à BE25 sont de dimensions identiques (H : 5,2 m ; l : 2,35 m) et deux autres (BE26 et BE27) devaient exister dans l’ancienne façade détruite du n° 3, l’essai de restitution montrant qu’il existe suffisamment d’espace pour des ouvertures de ce type (fig. 49).

  • 99 - Système précoce pour l’époque puisque la plupart du temps les fenêtres étaient uniquement obstrué (...)
  • 100 - Ainsi « à Cahors, par exemple, rue Deloncle, ainsi qu’au Palais Via, une barre métallique, placée (...)
  • 101 - La plupart du temps pourtant les volets sont fixés par des gonds (SÉRAPHIN, 2002, p. 192) ou se s (...)
  • 102 - Dans le Midi l’introduction du vitrage est en effet très progressive : ainsi « les premières verr (...)

91Elles comportent chacune deux petites baies jumelles trilobées (H x l : 3,42 x 1,02 m) ayant accueilli un volet sur gonds ou un vitrage dès le départ99 comme le laissent supposer les observations sur le trou A du piédroit ouest de la fenêtre BE22 (fig. 23). S’ils sont antérieurs à la phase de transformation moderne qui voit la condamnation des grandes ouvertures médiévales (infra), le trou B et les saignées en « L » sont toutefois postérieurs à la construction de la baie trilobée : ils pourraient correspondre à l’insertion de barlotières pour un vitrail100 et de volets amovibles de 3 cm d’épaisseur maintenus en place par des traverses en bois101. Si tel était le cas, leur pose devait requérir plusieurs personnes ainsi qu’une échelle, leur partie supérieure étant à environ 4 m du plancher de la salle. On ne sait cependant si ce verre vient en complément ou en remplacement du précédent, mais si l’on se fie à certaines constatations sur des édifices religieux du Midi de la France, cette modification pourrait intervenir dès le dernier tiers du XIIIe siècle102.

  • 103 - « Outre la simplicité élémentaire du dessin général de ces baies, il faut souligner l’archaïsme d (...)

92Sur ces baies, le type de décor est différent d’un montant à l’autre, comme sur la fenêtre de la maison des Inquants toute proche (fin XIIIe-XIVe siècle ; fig. 3, 52). Toutefois, à la différence de cette dernière, les moulurations montrent encore des formes pratiquement similaires à celles des baies du logis de l’archevêque de Narbonne à Capestang, laissant entendre qu’on se situe encore au milieu du XIIIe siècle103.

Fig. 52

Fig. 52

Narbonne (Aude), maison des Inquants, vue générale de la baie donnant sur la rue Hector Berlioz. Fin XIIIe-début XIVe siècle

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

93Une grande archivolte en relief ajoute une ornementation supplémentaire à l’ensemble, mais on ne sait si elle se terminait par des culots ouvragés. Elle est alors doublée par l’amorce d’un second rouleau et les observations sur les fenêtres BE22 et BE23 montrent une modification en cours de chantier avec le remplacement des deux claveaux du second rouleau (BE22) par un seul (BE23), d’une hauteur d’assise supérieure. Au n° 5, les fenêtres géminées BE24 et BE25 comportent dès l’origine un seul un grand claveau, laissant penser que le chantier de construction a pu progresser d’est en ouest (fig. 53).

Fig. 53

Fig. 53

Narbonne (Aude), maison du n° 5 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5. Vue générale de la jonction entre les baies BE24 et BE25

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

  • 104 - SÉRAPHIN, 2002, p. 154, fig. 11, modèles D1 et D2.
  • 105 - Par exemple à Montpellier au n° 7 de la rue de l’Université (SOURNIA, 1998, p. 190, fig. 83), sur (...)
  • 106 - SÉRAPHIN, 2002, p. 168.

94Leur décoration reste assez sobre puisque la partie entre l’archivolte de la fenêtre BE23 est pleine, sans remplages, s’éloignant quelque peu du modèle répandu au milieu du XIIIe siècle dans le Midi, avec oculus trilobé, quadrilobé, ou en losange104. Cependant, le trilobe des baies est représentatif des schémas décoratifs de cette période dans la région, à ceci près qu’il est ajouré et non délardé sur arc monolithe, contrairement à Béziers ou Montpellier105. Sur ce point la maison consulaire reflète donc davantage le style artistique Midi occidental106.

  • 107 - Dans l’architecture civile on observe généralement des baies sextuples mitoyennes comme sur la ma (...)

95Le gouttereau sud MR5 comporte donc à l’origine douze baies trilobées107 groupées par deux au sein de six vastes fenêtres couvertes d’une archivolte dont l’ordonnance est symétrique : les ouvertures centrales BE24/BE25 sont équidistantes des fenêtres BE22/BE23 et BE26/BE27, elles-mêmes séparées des pignons MR4 et MR16 par une longueur d’environ 2,40 m.

  • 108 - Ainsi la façade d’une vingtaine de mètres de long d’une maison du XIIIe siècle, rue du Tapis Vert (...)

96Ces fenêtres présentent toutefois un caractère exceptionnel en raison de leurs imposantes dimensions, très rarement constatées dans l’architecture civile en France108, tout comme la poursuite des modénatures de leurs montants sur les parements intérieurs, certainement dans un souci d’apparat. Leur hauteur est aussi destinée à assurer une entrée maximale de lumière afin d’éclairer convenablement une vaste salle de 12 m de large. Le mur nord MR17 avait peut-être des baies identiques, mais seul un piquetage des enduits pourrait le confirmer. Unique façade sur la rue, le mur MR5 multiplie donc les ornements et les aspects monumentaux afin d’étaler la richesse et la puissance du consulat aux yeux de tous.

  • 109 - CZERNIAK, 2008, p. 318. C’est aussi le cas des magnifiques décors muraux peints situés rue des Sœ (...)
  • 110 - Au château de l’archevêque de Narbonne à Capestang le logis de 20 x 8,4 m comporte les vestiges t (...)

97Le fragment peint polychrome US24 décelé sur le parement intérieur du pignon MR4 indique qu’au moins un côté de la salle est initialement décoré. La présence d’une main ou d’un pied botté, qui reste à confirmer par une étude spécialisée, oriente vers un décor figuré ou historié, peut-être complété par des motifs géométriques, ces deux variantes étant en effet systématiquement associées109. Même s’il est impossible de connaître in fine la nature du sujet représenté, la décoration de cette salle se rapprochait peut-être de celle des prestigieuses salles seigneuriales de son époque110, d’autant que des tapisseries pouvaient également rehausser l’ensemble.

  • 111 - SCELLÈS, 1989, p. 49. Ainsi dès l’époque romane « l’accès à la cour, qu’implique la présence de l (...)
  • 112 - Toutefois, comme on l’a vu, ce mur encore enduit n’a pas permis de faire la moindre observation p (...)

98Par ailleurs, à l’instar de Saint-Antonin-Noble-Val111, l’entrée devait se situer au nord, vers la cour, au premier étage du mur MR17112, de manière à mettre le bâtiment en communication avec les autres constructions du consulat.

  • 113 - La base de l’édifice aurait également pu être édifiée à partir de tréteaux n’ayant pas laissé d’a (...)

99Enfin, la disposition des trous de boulins d’échafaudage de MR5 apporte également quelques informations (fig. 11) : au rez-de-chaussée, les phases contemporaines ont détruit toute trace de ces aménagements jusqu’à une hauteur de 4,60 m (premier étage), où l’on trouve le premier d’entre eux (TRB5). On ne sait donc clairement où restituer les fourreaux des trous TRB6, TRB12, TRB13, TRB14 et TRB15113.

100Une première phase de chantier peut s’étendre de la base jusqu’à l’appui des grandes fenêtres BE22/BE23, soit à mi-hauteur de l’actuel premier étage, où le trou TRB5 avait certainement son pendant TRB6 au niveau du montant de la fenêtre contemporaine FE25.

  • 114 - Ce dispositif peut en effet s’observer ailleurs comme sur le transept de Cluny ou à la cathédrale (...)
  • 115 - REVEYRON, 2003, p. 331, 335.

101Par la suite, le décalage d’aplomb des trous de boulins TRB3 et TRB4, 1,40 m plus haut, à l’intersection des actuels premier et deuxième étages, laisse envisager une reprise de chantier. Implantées sur la même assise horizontale, ces cavités fonctionnent de concert, et l’ouverture des fenêtres BE22 et BE23 a certainement permis d’y faire passer des éléments d’échafaudage114. Au-dessus, à 1,27 m plus haut, les trous de boulins TRB1 et TRB2 sont d’aplomb avec eux, tout comme vraisemblablement les trous TRB8 et TRB9 (disparu). Cette disposition montre qu’ils étaient aboutés à la même perche115.

  • 116 - En effet, le décalage est ici trop faible pour penser à deux perches aboutées.

102Enfin, les trous de boulins TRB11 et TRB10 ont été détruits par l’emprise des fenêtres FE20 et FE21 d’époque moderne, mais leur léger décalage avec les précédents peut être l’indice d’une troisième et dernière phase correspondant également à la mise en place de la corniche116.

103La maison consulaire aurait donc pu être édifiée en quelques années seulement en trois grandes phases de chantier, car l’ensemble de la construction reste homogène, même si on observe par endroits le remploi de blocs, de modillons ou de dalles de corniche… Par ailleurs, les pignons non parallèles peuvent suggérer une insertion dans un tissu urbain déjà constitué et peut-être la reprise partielle d’un bâtiment plus ancien, hypothèse qui resterait à confirmer par des sondages en sous-sol…

  • 117 - MARIN, 2006, p. 155, 160.

104Enfin, comme le montrent des traces de peinture rouge au creux d’une moulure (fig. 53), un décor peint extérieur recouvrait certainement la façade sud comme à Capestang117.

  • 118 - Vers 1250. Cf. Annexe.

105Au final, les éléments architecturaux et stylistiques indiquent que l’état originel de la maison consulaire serait de peu postérieur au milieu du XIIIe siècle, vraisemblablement attribuable aux années 1250, confirmant la datation dendrochronologique de la panne supérieure118 et la première mention de l’édifice en 1253.

État 2 : les transformations du XVIIe siècle

106Hormis un ajustement sur le système de fermeture des baies l’étude n’a pas fait apparaître de modifications sur la structure et le décor originels de la maison consulaire avant l’époque moderne. Le bâtiment aurait donc conservé son enveloppe initiale inchangée durant près de quatre siècles, même s’il faut rester prudent puisque le pignon ouest MR16 et le mur nord MR17 n’ont pu être étudiés en détail.

107C’est donc dans le courant du XVIIe siècle que d’importantes transformations vont toucher les ouvertures, le décor et la charpente.

Rez-de-chaussée

108Aucun élément d’époque moderne n’a été mis en évidence au rez-de-chaussée du n° 7, peut-être détruit par les nombreuses reprises d’époque contemporaine. Au n° 5, le vestige d’une porte POR2 de 2,10 m de haut émerge sous l’arc ARC4, ouverture très probablement créée après le bouchage de son intrados et peut-être de celui de l’arc ARC3, de manière à cloisonner les espaces (fig. 54). Enfin, au-dessus de l’actuelle porte d’entrée POR4 de l’immeuble, un vestige d’arc segmentaire en pierre de taille calcaire à clé passante témoigne d’une porte POR5 antérieure relativement large (fig. 55).

Fig. 54

Fig. 54

Narbonne (Aude), maison du n° 5 rue Benjamin Crémieux, refend MR15. Vue détaillée du linteau de la porte POR2, sous l’arc ARC4

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

Fig. 55

Fig. 55

Narbonne (Aude), maison du n° 5 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5. Vue détaillée de l’arc à clé passante de la porte détruite POR5, au-dessus de l’arc de la porte actuelle POR4

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

Premier étage

  • 119 - L x H visible : 0,62 x 0,26 m ; l chanfrein : 5 cm.
  • 120 - Les trois autres baies BE23b, BE22a, BE22b ont vraisemblablement aussi été bouchées, mais leur de (...)

109Aux niveaux supérieurs les vestiges de cette période sont mieux conservés : ainsi, au premier étage, le parement interne du mur gouttereau sud MR5 au n° 7 a révélé une reprise maçonnée US15 entre les fenêtres BE22 et BE23, de même qu’au niveau du piédroit de la fenêtre FE25 (US12 ; fig. 17). Ces éléments ne sont pas visibles sur le parement extérieur, contrairement au bouchage US1 de la base de la baie BE23a (fig. 11) : il s’agit d’un remplissage de terre ocre clair incluant des déchets de taille dont on a pu extraire un tesson de panse à cuisson oxydante (XVIIe siècle ?). Il est surplombé par les vestiges d’un jour rectangulaire chanfreiné JOU2119 en calcaire partiellement détruit puis bouché par l’US3, mortier de chaux peu dosé incluant des tomettes120 (fig. 56).

Fig. 56

Fig. 56

Narbonne (Aude), maison du n° 5 rue Benjamin Crémieux. Gouttereau sud MR5, parement extérieur. Premier étage. Vue détaillée du jour chanfreiné JOU2 bouché par l’US3

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

110Le plancher pourrait avoir été modifié puisqu’on observe sur le parement intérieur de MR5, entre la fenêtre FE25 et le mur MR14, deux cavités façonnées, peut-être ultérieurement recoupées ou ayant interrompu les deux assises bûchées pour s’inscrire dans cet aménagement. D’une hauteur de 0,29 m pour 0,25 m de large, elles sont séparées de 0,35 m et peuvent témoigner de l’empreinte de solives disposées transversalement selon une scansion régulière (fig. 18).

111Quant au mur pignon MR4, grandement détruit par une arche postérieure, il aurait toutefois révélé un appareil d’époque moderne à la jonction avec le mur gouttereau MR5, bien que la petite taille de la fenêtre de sondage empêche de le caractériser en détail.

Deuxième étage

  • 121 - VILLANUEVA, 2008, p. 218, fig. 20/1 et 2.

112D’autres éléments de cette phase apparaissent dans le mur MR5 au deuxième étage. Le piquetage du parement intérieur confirme la poursuite de l’US15, bouchage maçonné oblitérant une partie de l’ancienne baie BE23a. Extérieurement, celle-ci est comblée dans ses deux tiers supérieurs par une terre sombre US2 dont la surface a été piquetée, probablement pour l’accroche d’un enduit, contemporain ou postérieur (fig. 57). Elle contient des éléments anthropiques, à savoir un gros clou de charpente et un bord de jatte (diam. : 36 cm) à lèvre en bandeau et cuisson oxydante couvert d’une glaçure marbrée jaune-marron, proche de profils du XVIIe siècle découverts à Cruzy (Hérault)121 (fig. 58).

Fig. 57

Fig. 57

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Gouttereau MR5, parement extérieur. Deuxième étage. Vue générale de la baie trilobée BE23a, condamnée par la terre de l’US2. On note les impacts de pic pour l’accroche d’un enduit

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

Fig. 58

Fig. 58

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Gouttereau sud MR5, parement extérieur. Deuxième étage. Baie BE23a. Fragment de jatte découvert dans l’US2

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

Troisième étage

113C’est toutefois au troisième et dernier étage que les modifications sont les plus importantes. Après leur bouchage, les fenêtres géminées BE22 et BE23 sont partiellement amputées en partie haute afin d’installer les nouvelles ouvertures FE20 et FE21 : larges d’1,12 et 1,24 m, elles comportent un arc surbaissé à clé étroite reposant sur des piédroits en pierres de taille de calcaire (fig. 11, 59), dont l’encadrement est orné d’un quart-de-rond séparé par deux filets. Hautes à l’origine de 1,90 m, leur partie basse a été ultérieurement comblée (infra), mais leur facture très similaire peut être le signe d’une installation synchrone.

Fig. 59

Fig. 59

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Gouttereau sud MR5, parement extérieur. Troisième étage. Fenêtre FE21. On remarque sous l’appui le bouchage de la fenêtre d’origine

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

114Entre les modillons n° 2 et n° 4, et n° 11 et n° 15, des perturbations sont à mettre en rapport avec le percement des fenêtres FE20 et FE21 (fig. 11) : l’installation de leur arc a ainsi entraîné le repositionnement de certaines pierres, dont des corbeaux. Ce phénomène concerne les n° 12 à n° 15 et les éléments de corniche qu’ils supportent, qui ne sont plus alignés ; le n° 14 a ainsi été mal repositionné puisque ses dalles voient désormais leurs joints décalés au-dessus du vide (fig. 60). Quant à l’espace avec le n° 13, il a été comblé a posteriori par des éléments tout-venant (déchets de taille, fragments de tuiles).

Fig. 60

Fig. 60

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, parement extérieur. Troisième étage. Corniche, modillon n° 14. On remarque le calage a posteriori au-dessus de l’échelle photo, indiquant que les éléments périphériques ont été repositionnés après la mise en place de la fenêtre moderne FE20

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

115Sur le parement intérieur du gouttereau MR5, un décor US25 à faux-rideaux bleus rehaussés de galons d’or se détachant sur fond blanc est en première couche sur la mise en place des fenêtres FE20 et FE21, en même temps que la nouvelle poutraison (fig. 61) : soutenant l’actuel plafond du troisième étage, cette dernière se compose de trois poutres massives d’inégales sections en position secondaire, installées avant la division du volume intérieur par les murs MR6 et la partie haute de MR14. En effet, leurs ancrages dans le mur MR5 ont nécessité le creusement du parement médiéval, de même que des calages liés à la terre (fig. 17). Elles sont toutes en sapin blanc importé des régions montagnardes, mais dépourvues de traces de décor peint.

Fig. 61

Fig. 61

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Pignon est MR4, parement intérieur. Troisième étage. Vue générale des restes du décor peint US25

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

116La ferme n’est vraisemblablement pas en place et relève d’une reprise : la poutre ouest, haute de 0,50 m, est prise dans la partie haute du mur MR14 -surhaussement du refend médiéval réalisé à l’époque contemporaine- et confirme ainsi l’antériorité de sa position, et par conséquent celle des deux autres (fig. 12, 17). D’une hauteur équivalente, la poutre orientale, moins épaisse (0,10 m), est accolée au mur pignon MR4, ce qui en fait une poutre de rive. Quant à l’élément central, de forte section (0,25 x 0,50 m), il reçoit de façon très ajustée l’oblique de l’arbalétrier, bloqué par une pièce de bois en sommet de poutre à l’arrière.

117Une bande de couleur gris sombre s’aligne parfaitement à la perpendiculaire de la poutre orientale et des deux autres poutres du plancher PL26. Elle forme un cadre pour la retombée du décor US25, lequel a partiellement recouvert le décor US24 d’époque médiévale (fig. 44). Le premier se retrouve selon un modèle identique dans un état très fragmentaire au niveau de la poutre ouest, passant derrière le mur MR14. À l’opposé, dans la partie nord de ce dernier, il disparaît derrière le mur nord MR6.

Combles et toiture

118L’actuelle toiture remploie des bois médiévaux disposés longitudinalement pour servir de pannes posées à plat par l’intermédiaire d’une cale, contrairement à l’assemblage à ferme traditionnel où elles sont généralement obliques, dans le sens de l’arbalétrier. Comme pour les poutres du troisième étage, leur ancrage maladroit dans le mur pignon MR4 trahit leur position secondaire : un corbeau en bois mouluré en deux quarts-de-rond, lui-même ajusté à l’appareil médiéval par une cale en bois pour la compression, assure leur soutien, noyé dans une maçonnerie de reprise qui tranche nettement avec l’appareil originel (fig. 62).

  • 122 - Voir annexe. « Son bois blanc, très voisin de celui du sapin, est employé à peu près aux mêmes us (...)
  • 123 - « Échantignolle, chantignolle : petit corbeau en bois fixant la panne à l’arbalétrier » (PEROUSE (...)
  • 124 - H x l x H : 0,38 x 0,25 x 0,17 m.

119Enfin, la partie supérieure des pannes a également été tronquée pour répondre aux chevrons et à la pente de toit qu’ils dessinent. La panne nord, la plus haute, est soutenue par un long corbeau en bois profilé de deux quarts-de-rond (0,77 x 0,25 m) et calée sur l’arbalétrier en épicéa122 par une échantignolle123 assez longue (0,65 x 0,25 m), destinée à la fixer sur la pièce oblique (fig. 45). La panne inférieure présente globalement les mêmes dispositions car son ancrage a posteriori dans le mur pignon MR4 est soutenu par un petit corbeau en deux quarts-de-rond124, maintenu par une cale. Enfin, la faîtière et le poinçon ont dû disparaître avec la division de l’époque contemporaine.

Fig. 62

Fig. 62

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Pignon est MR4, parement intérieur. Combles. Vue détaillée du corbeau bilobé calant la panne médiévale décorée en remploi

© S. Bonnaud, INRAP, 2011

120Durant l’époque moderne on aurait donc démonté la toiture médiévale en récupérant une partie de ces éléments pour les redistribuer. Dans la mesure où le volume de la salle supérieure se maintient durant cette phase (hormis la cloison, infra), il est difficile de comprendre les raisons de cette lourde opération : la charpente a-t-elle été victime d’un incendie ou d’une destruction ?

121Au niveau de la cage d’escalier du n° 7, l’arbalétrier s’appuie sur la poutre du troisième étage, très endommagée, et au-dessus une troisième panne franchit le puits de jour en se dirigeant vers l’ouest. Son extrémité occidentale ne semble pas avoir été tronquée a posteriori.

122Au-dessus de l’actuelle toiture TO28, la maçonnerie médiévale en place du mur pignon MR4, reprise pour épouser la nouvelle pente, se termine au sud et au nord par une pierre de taille moulurée (remployée ?) en retrait du parement extérieur des gouttereaux MR5 et MR17. Elle est ornée d’une gorge semi-circulaire et d’un tore au profil outrepassé (fig. 11, 63). La toiture TO28 en tuiles canal s’encastre par un solin de toit environ 0,60 m sous l’arase du mur pignon oriental MR4.

123Enfin, le mur pignon ouest MR16 montre un parement nord soigné correspondant à la maçonnerie médiévale en place alors que sa face sud, en appareil incertain calé par des tuiles, serait à mettre sur le compte d’un remaniement lié à l’insertion de la toiture TO28.

Fig. 63

Fig. 63

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Pignon est MR4, pente sud. Vue extérieure de l’arase actuelle. On note à droite l’extrémité moulurée

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

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124Ainsi, un deuxième état se dégage nettement à partir d’un nouveau décor peint sur le parement interne des murs MR4 et MR5, permettant de rendre synchrone trois ensembles (fig. 64) :

    • 125 - Tel est le cas à Montpellier par exemple, où nombre de vieux ostals médiévaux sont remis au goût (...)
    • 126 - Des travaux de surhaussement sur la maison en vis-à-vis aux n° 2 et 4 rue Benjamin Crémieux ont-i (...)

    En premier, le rebouchage des fenêtres géminées BE22 et BE23 et le percement des fenêtres FE20 et FE21 au troisième étage du mur MR5, le style de ces dernières laissant envisager un large XVIIe siècle pour leur édification. Compte tenu de la taille de la salle, des fenêtres identiques ont certainement été percées au-dessus des anciennes ouvertures médiévales BE24/BE25 et BE26/BE27, sans quoi l’intérieur aurait été fort sombre. C’était peut-être également le cas pour le mur nord MR17, totalement enduit, et seulement visible au niveau du n° 7.
    Pour quelle raison a-t-on décidé de modifier radicalement ces ouvertures, puisqu’aucun désordre structurel ne semble avoir nécessité la condamnation des fenêtres médiévales ? Il faudrait peut-être retenir principalement une raison stylistique, ces dernières n’étant plus au goût du jour, incitant les consuls à rénover leur bâtiment pour le mettre au standing de l’époque125. Par ailleurs, les nouvelles fenêtres, positionnées plus haut dans la maçonnerie, captaient mieux la lumière, relativement faible du fait de l’étroitesse de la rue et des hautes façades en vis-à-vis126.

Fig. 64

Fig. 64

Narbonne (Aude), maison consulaire du Bourg, état moderne (XVIIe siècle). Essai de restitution de la façade sud MR5

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2019

  • Deuxièmement, l’abaissement et la modification de la charpente de toit qui voit l’inscription de poutres de fort diamètre recevant directement arbalétrier et pannes (fig. 65).

Fig. 65

Fig. 65

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Combles, état actuel (XVIIe siècle). Arbalétrier reposant sur la poutre du troisième étage

© S. Bonnaud, INRAP, 2011

    • 127 - En 1645 cependant, une cloison est mentionnée (infra).

    Enfin, le caractère « entier » de la salle haute de la maison consulaire, dont le nouveau décor US25 relevé au troisième étage passe « derrière » les murs de division nord MR6 et ouest MR14. Le premier étage de la maison consulaire s’élevait ainsi toujours d’un seul volume jusqu’au toit127.

  • 128 - Ainsi dans nombre de demeures classiques de Montpellier, quelquefois avec une clé passante à poin (...)
  • 129 - Ainsi, à l’hostal du consulat de Saint-Antonin-Noble-Val « pour donner un accès direct au poids p (...)
  • 130 - Le cadastre napoléonien de 1826 garde également trace d’un passage dans la partie ouest de l’actu (...)

125En outre, le style de la porte POR5 au rez-de-chaussée du n° 5 est généralement attribué au XVIIe siècle dans la région128 : cette ouverture permettait d’entrer dans la boutique centrale, en remplacement du grand arc de la phase médiévale, à moins qu’elle n’ait débouché sur un passage vers la cour129 du consulat130.

  • 131 - En effet « à cette date, on avait commandé à Antoine Crouzeblanque, maître menuisier, des bancs p (...)
  • 132 - D’ailleurs « cette maison subit quelques dommages par les travaux de 1628, notamment par l’appui (...)
  • 133 - AC Narbonne, BB 1712, Inventaire Mouynès. Bail passé le 19 mars 1712 avec G. Ajac et P. Soucail, (...)

126La documentation textuelle apporte également quelques informations : ainsi, le 14 juillet 1625, des bancs sont commandés pour « la grande salle haute » de la maison consulaire mais refusés par les consuls car non conformes131. Trois ans plus tard, en 1628, ces derniers font réparer et peindre la « monstre de l’horloge de la maison consulaire » sous laquelle se tenait une maison appartenant au chapitre de Saint-Paul, à l’angle de la rue du Pont (actuelle rue des Marchands) et de celle de l’Ancienne Mairie (rue Crémieux132). Des interventions sur cette horloge seront de nouveau réalisées en 1712133 et ce fronton sera abattu bien plus tard, au cours de l’été 1946, car il menaçait ruine.

  • 134 - Ainsi, il a obligé les consuls « à donner la grand’salle de leur maison consullère pour fère joue (...)
  • 135 - Ibid.
  • 136 - MÈCLE, 1975, p. 117.
  • 137 - « Outre l’indubitable preuve d’un séjour en février-mars 1656 de ces acteurs ambulants, la délibé (...)

127Le 4 février 1645, une délibération du conseil particulier de la ville précise que le maréchal de Schomberg contraint les consuls à prêter leur grande salle afin de jouer la comédie. Il leur demande également de construire une galerie contre la cloison afin de loger le public, indice qu’à cette époque la salle est divisée en deux134. L’année suivante les consuls font évacuer les décombres et planter des arbustes afin d’embellir la cour de la maison consulaire. Puis, le 25 janvier 1652, une délibération empêche à l’avenir que la maison consulaire soit de nouveau prêtée pour le théâtre135, interdiction levée en février 1656 lorsque « les consuls informent le conseil de Ville, assemblée délibérante communale, d’une lettre qu’ils ont reçue émanant des comédiens du Prince de Conti. Ceux-ci annoncent leur proche arrivée à Narbonne et demandent, pour quinze jours, la grande salle de la maison consulaire, car c’est là, écrivent-ils, [le seul lieu à représenter]136 ». C’est d’ailleurs également à cet endroit que Molière aurait été applaudi durant la représentation de ses pièces137.

  • 138 - Probablement Pouzols-Minervois (Aude), à 25 km au nord-ouest de Narbonne.
  • 139 - FAVATIER, 1903, p. 228, 229.
  • 140 - « Privaise, privesse : latrines » (ALGIRDAS, 2004, p. 478).
  • 141 - FAVATIER, 1903, p. 230.

128La même année, plusieurs marchés sont passés en mars, juin et juillet avec les sieurs François Sidobre et Jean Gleizes, maîtres maçons à Pouzols138, afin de réaliser – entre autres – un grand escalier : il est édifié en pierre de Pouzols et comporte 27 marches « de neuf pans de longueur (1,98 m), deux pans moins un quart de largeur, et trois quart de pans de hauteur, un demi quart de rond quy aura un quart de pan de sortie ». Cet escalier devait se substituer à la chapelle mais il est tout de même prévu d’édifier un autre lieu de culte, éclairé par deux petites [fenêtres] italiennes, et pourvu d’une ornementation en lettres dorées avec les armes de la ville139. On prévoit également de mettre sur la porte de la salle haute « une grande pièce de marbre blanc, sur laquelle on fera graver en lettres dorées, l’inscription quy sera baillée à l’entrepreneur. Au-dessus de l’inscription il mettra les armes de la ville, et de chaque côté les armes des consuls avec les ornements et embellissements désignés sur parchemin ». L’entrepreneur devra également aménager « ung privé140 à un siège, de la forme quy lui sera dézignée, bien boisé, à demy couvert avec sa conduite d’eau ». Il est précisé que « toutes les pierres doivent être de bon grain, et convenablement ornées ou ciselées »141.

  • 142 - Fenêtre à l’italienne : composée d’une seule ouverture, ce type de fenêtre bascule vers l’extérie (...)
  • 143 - FAVATIER, 1903, p. 230.

129Deux ans plus tard, la ville est choisie pour la tenue des États Généraux de la Province dans la maison consulaire, obligeant le conseil de Ville, par délibération du 3 septembre 1658, à effectuer diverses réparations : l’entrée est ainsi pavée, deux « italiennes »142 de six pans de hauteur (1,32 m) sont créées, et la grande salle est fermée par une porte et « les fenêtres de cette salle seront rhabillées des bois et des vitres ». De même « aux pavillons de la même salle, pour arrêter les voix, il sera fait un ciel de toile peint, etc. »143.

  • 144 - Ibid., p. 230, 231. On sait par ailleurs que la ville possédait dans la rue du Pont (rue des Marc (...)

130En 1661-1662, de nouveaux travaux touchent la maison consulaire : Jean Cazalbon et Arnaud Lacayré, maîtres charpentiers, traitent pour le boisage des portes et fenêtres en châtaignier « bien assaizonné » et Jean Bergé, maître serrurier, s’occupe des ferrures. L’ensemble devait coûter par moins de 3 860 livres144.

  • 145 - MÈCLE, 1999, p. 50, 51.
  • 146 - MÈCLE, 1999, p. 221-222. Voir photo dans : MÈCLE, 1999, p. 53, fig. 2.
  • 147 - FAVATIER, 1903, p. 226.

131À la même période le palais des archevêques, et en particulier le palais neuf, est touché par des réfections, pour certaines similaires à celles de la maison consulaire : ainsi, au début du XVIIe siècle, « l’archevêque Louis de Vervins et son coadjudicateur Claude de Rébé sont les maîtres d’ouvrage d’un vaste réaménagement. Il s’agit de rendre plus agréables, « fonctionnels », comme nous dirions aujourd’hui, les intérieurs, en même temps qu’on tentera de donner une certaine unité aux façades. Les grands appartements de l’archevêque et de ses hôtes sont installés à un deuxième étage, en modifiant ou créant les niveaux nécessaires et en établissant de nouvelles communications. Ainsi la circulation peut se faire de plain-pied dans tout cet étage après la montée par un unique escalier. Sur la cour, les deux façades latérales sont habillées de parements percés de vastes fenêtres, et un bâtiment neuf, dans le même style est construit à l’est contre la courtine médiévale joignant la tour Saint-Martial au donjon »145. Au final, le 28 septembre 1627, Monseigneur de Vervins confie la construction d’un grand escalier à double volée de 88 marches à Pierre Montagnier et Jean Cède, maîtres maçons de Narbonne, pour la somme de 6 600 livres146. Un quart de siècle plus tard, en 1654, monseigneur de Rébé fait exécuter des travaux sur la couverture de la grande salle du palais selon un traité signé le 3 juillet avec le maître-charpentier Barthélémy Cup et Gabriel Gay, maître maçon147.

État 3. Époque contemporaine : modifications et divisions (milieu XIXe-premier tiers XXe siècle)

132Après les importants aménagements du XVIIe siècle, la maison consulaire ne connaît vraisemblablement plus de modifications d’ampleur avant son morcellement et sa transformation en immeubles privés à partir de 1857 : ainsi, par exemple, la parcelle n° 100, toujours homogène sur le plan de 1826, présente un tout autre visage trente ans plus tard, en 1856 : une nouvelle répartition se fait jour au sud de l’îlot, du côté de ce qui devient la rue de l’Ancienne Mairie, avec la division du grand bâtiment en quatre lots, comme reporté sur le cadastre actuel (fig. 5). De fait, le n° 5 de la rue Benjamin Crémieux est édifié en 1857, car indiqué comme « construction nouvelle » sur la matrice cadastrale.

133L’entrée de la salle haute consulaire est condamnée et le rez-de-chaussée transformé par la construction de murs de séparation définissant le nouvel allotissement : côté nord, une maçonnerie délimite deux nouvelles parcelles 315 et 316 (n° 3) et côté sud le mur MR6 sépare les parcelles 100 et 349 (n° 7 ; fig. 5). C’est certainement à cette occasion que la façade médiévale du n° 3 est détruite et celle du n° 5 percée d’ouvertures. Les niveaux sont redistribués par la création d’escaliers desservants trois étages sur plancher.

Rez-de-chaussée

134Au n° 5 la porte d’entrée POR4 est une création contemporaine en plein cintre sans caractère qui remplace la porte moderne POR5. Elle débouche sur un couloir tournant à main droite pour donner accès à l’escalier desservant les nouveaux appartements des différents étages. C’est également durant cette période que la porte POR2 du mur de refend MR15 aurait pu être condamnée.

135D’une longueur dans l’œuvre de 7,80 m pour une largeur de 4,60 m et une hauteur totale de 14,30 m, la maison du n° 7 est alors subdivisée en étages sous faux-plafond de 2,70 m. Les murs nord MR6 et ouest MR14 montrent une stratigraphie et un habillage communs auxquels se rajoute le cloisonnement de l’escalier, fondamental pour la nouvelle circulation ainsi créée sur cinq niveaux (rez-de-chaussée, trois étages et des combles).

136Le rez-de-chaussée de la façade MR5 est très perturbé par les percements contemporains en sous-œuvre, au sein desquels on distingue deux états (fig. 11) :

    • 148 - H : 2,82 m ; l : 0,98 m.

    État 3a : à la jonction avec le n° 5, l’appareil médiéval est totalement détruit et remplacé par un mur MR13 peu régulier composé de moellons de calcaire, pour certains ocre-jaune, et de tomettes, liés par un mortier de chaux faiblement dosé. Dans le même temps, une porte POR1148 est créée avec des piédroits en pierres de taille calcaires ocre-jaune. Deux fenêtres rectangulaires FE12 et FE11 sont percées, couvertes par un arc segmentaire à trois claveaux en grès ocre. Leurs allèges accueillent des jours d’éclairage et d’aération protégés par des grilles en fer alors qu’un tirant est intégré dans le plancher du premier étage, près de l’angle avec le n° 9. Dans le mur pignon MR4, la création d’une cheminée CH2 détruit une partie de l’arc brisé médiéval VT3 (fig. 12, 13).

  • État 3b : il concerne le remplacement des couvrements en pierres des ouvertures par des linteaux bois alors que dans le même temps des éléments de grille de défense sont remployés pour servir d’agrafes afin de raffermir la maçonnerie, relativement friable.

Premier étage

137Aux étages supérieurs, l’état 3a a profondément perturbé la construction, nécessitant le percement d’ouvertures en rapport avec la nouvelle distribution des niveaux.

138Ainsi, au premier étage, les fenêtres FE24 et FE25 (H x l : 2,04 x 1 m) sont créées, détruisant la partie basse des ouvertures médiévales BE22 et BE23 et induisant des perturbations au niveau du parement interne (US18 ; fig. 17). Pourvues de linteaux en briques, elles remploient dans leurs piédroits des fragments de pierres médiévales.

  • 149 - L x H : 1,17 x 0,62 m.

139Sous ces aménagements, sur environ 1,20 m de haut, l’appareil est repris en déchets de taille de calcaire : il entoure un jour chanfreiné de calcaire gris149 JOU1, dont seule la partie haute est conservée. Placée juste au-dessus de la porte POR1, elle peut correspondre à un remploi d’époque moderne pour servir de jour afin d’éclairer le couloir, avant son comblement lors de l’état 3b (fig. 66).

Fig. 66

Fig. 66

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Gouttereau sud MR5, parement extérieur. Premier étage. Jour JOU1 d’époque moderne en remploi dans l’état 3a et bouché durant l’état 3b (époque contemporaine)

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

Deuxième et troisième étages

  • 150 - L’encadrement extérieur de la fenêtre FE17 remploie un élément de mouluration d’une baie médiéval (...)
  • 151 - Désormais : FE20 : H x l : 1,32 x 1,12 m ; FE21 : H x l : 1,44 x 1,24 m.

140Le percement des fenêtres FE16 et FE17150 achève de détruire la majeure partie des baies médiévales BE22 et BE23. Leur linteau, situé au niveau de la base originelle des fenêtres modernes FE20 et FE21, oblige à réduire la taille de ces dernières151 par la création d’un nouvel appui en stuc qui prendra place sur des bouchages en moellons tout-venant (US4 et US5, fig. 11, 59).

141Deux tirants sont logés dans les planchers des deux niveaux et se signalent en façade sud MR5 par une tige métallique de fixation de 0,74 x 0,04 m. Leur pose s’explique par des désordres structurels découverts lors de la mise au jour des enduits sur le parement intérieur, près de la jonction MR4/MR5, perturbation dont on ne connaît pas la date d’apparition (fig. 11, 67).

Fig. 67

Fig. 67

Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Mur pignon MR4, parement intérieur. Deuxième étage. Vue de la fissure ayant nécessité la pose de tirants dans la façade sud MR5 à l’époque contemporaine

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

142Par ailleurs, au troisième étage, les pannes de la charpente sont coupées afin d’aménager l’escalier d’accès aux combles. Ces derniers conservent une partie du conduit de la cheminée du rez-de-chaussée CH2, lequel a disparu aux étages en raison de transformations postérieures (arche et portes d’accès à la parcelle voisine) vraisemblablement imputables à l’état 3b (fig. 12).

  • 152 - C’est du moins ce qu’indique l’écriteau touristique apposé sous ces boulets…

143Enfin, deux boulets de basalte, ou bedaines, ont été installés dans un but décoratif au sommet du pignon ouest MR16 (fig. 68). Comme ceux présentés sur un carrefour proche, ils formaient certainement à l’origine avec des vestiges antiques une frise sur l’enceinte bastionnée du XVIe siècle152. Leur présence au sommet du pignon est donc liée à la destruction de ces remparts, probablement dans le courant du XIXe siècle.

Fig. 68

Fig. 68

Narbonne (Aude), maison du n° 3 rue Benjamin Crémieux, pignon ouest MR16. Vue de l’arase depuis le nord-ouest. On remarque les deux boulets en remploi décoratif

© F. Loppe, ALC Archéologie, 2015

144L’état 3a remonterait ainsi au milieu du XIXe siècle, en 1857 ou peu après, avec la division en parcelles privées de l’ancienne maison consulaire. Quant à l’état 3b, il serait peut-être à lier à des transformations de l’entre-deux-guerres, mais les indices font défaut pour l’affirmer.

Conclusion

  • 153 - Pour la ville d’Arles « la création du consulat et surtout la réunion des deux consulats du Bourg (...)

145Les vestiges de la maison consulaire du Bourg à Narbonne présentent un caractère tout à fait exceptionnel à l’échelle nationale en raison de leur ampleur et de leur ancienneté. Conçue comme une vitrine destinée à étaler la richesse et la puissance du consulat, cette vaste construction mêlant négoce privé au rez-de-chaussée et affaires publiques à l’étage reproduit un modèle connu dans d’autres villes de France, comme à Bergerac (Dordogne) ou Saint-Antonin-Noble-Val (Tarn-et-Garonne). Vraisemblablement édifiée vers 1250, elle agrège 68 ans plus tard les fonctions de maison consulaire de la Cité, matérialisant désormais en un seul lieu le consulat de l’agglomération toute entière153.

146À l’origine concrétisation de l’émancipation des villes en accueillant les assemblées consulaires, elle sert par la suite de cadre à des représentations théâtrales ou aux États Généraux de la Province, restant un lieu public jusqu’au milieu du XIXe siècle. Elle témoigne en cela d’une belle longévité grâce à ses vastes volumes et son adaptabilité, s’appuyant sur une conception d’origine simple mais fonctionnelle qui ne sera pratiquement pas retouchée en quatre siècles. Seule la création d’un nouvel hôtel de Ville à l’époque contemporaine sonnera le glas du bâtiment, sa parcellisation et sa privatisation s’accompagnant de modifications architecturales qui nuiront malheureusement beaucoup à la conservation de la structure médiévale.

  • 154 - « C’est peut-être sous l’influence de l’Italie que l’on voit apparaître en Provence des maisons c (...)
  • 155 - EGGERT, s.d.
  • 156 - La chapelle est un élément fondamental du palais princier car elle remplit plusieurs fonctions : (...)
  • 157 - À Montpellier, c’est en 1205 que les consuls achètent, pour en faire le lieu de leur administrati (...)
  • 158 - CATALO, 1998, p. 149, 153.

147Probable héritier indirect des palais italiens154, cet édifice faisait partie d’un ensemble de bâtiments publics organisés autour d’une cour intérieure, véritable palais consulaire dont certains vestiges médiévaux sont encore peut-être dissimulés sous les enduits. Si tel est le cas, de futures études du bâti permettront de mieux appréhender ce vaste complexe, à l’instar de ce qui a pu être fait avec le palais du Podestat à Arles155. Si ce dernier semble n’avoir jamais abrité de lieu de culte (supra), des investigations supplémentaires seront nécessaires afin de savoir si la chapelle mentionnée au XVIIe siècle dans le consulat du Bourg narbonnais existe depuis le Moyen Âge156, à l’instar de Montpellier pour le premier tiers du XIVe siècle157 ou de Toulouse dès le milieu du XVe siècle158.

  • 159 - GLORIÈS, 1999.

148L’intérêt et l’originalité de cet îlot motiveraient également des recherches en archives complémentaires afin de cerner l’évolution du parcellaire sur la longue durée, à l’instar de ce qui a été réalisé pour l’îlot de l’hôtel de Ville de Saint-Antonin-Noble-Val (Tarn-et-Garonne)159.

149Gageons que les bâtiments du consulat narbonnais du Bourg sont loin d’avoir livré tous leurs secrets…

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Bibliographie

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Rapports non publiés

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LOPPE, Frédéric. Narbonne (Aude), Maison consulaire et immeuble (XIIIe-XIXe siècles), 7 rue Benjamin Crémieux, étude archéologique du bâti. Rapport final d’opération, août 2015, Service régional de l’Archéologie Languedoc-Roussillon, 113 p.

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Annexe

Annexe : analyse dendrochronologique

Frédéric GUIBAL

Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Écologie marine et continentale,
Aix Marseille Université, Avignon Université, CNRS, IRD

L’analyse dendrochronologique de la maison consulaire a été entreprise dans le but de dater à l’année près l’abattage des arbres dans lesquels les pièces constitutives de la charpente et des plafonds ont été confectionnées, et préciser si les poutres du plafond du troisième étage sont contemporaines de la charpente.

Matériel et méthodes

Tous les prélèvements ont été réalisés par carottage à la tarière de Pressler le 1er février 2011. Au total, 15 carottes et 1 section transversale ont été recueillies (10 prélèvements sur la charpente ; 6 prélèvements sur les trois poutres du troisième étage ; fig. 69, 70). Dans la charpente, les prélèvements ont été effectués sur les deux pannes peintes, sur un arbalétrier et sur deux corbeaux.

Au laboratoire, les échantillons ont été poncés afin d’améliorer la lecture du plan transversal des cernes puis toutes les séries d’épaisseurs de cernes ont été mesurées avec une précision de 1/100 mm à l’aide de la table de mesure LINTAB® Frank Rinn.

Avant de rechercher des synchronismes entre des séries élémentaires différentes, les séries d’épaisseurs brutes ont été standardisées. La standardisation est un procédé d’indexation qui permet de (1) réduire les signaux de basse et moyenne-fréquence propres à une série élémentaire, notamment la décroissance générale de l’épaisseur des cernes avec l’âge et avec la géométrie du tronc, et (2) accentuer les variations interannuelles (haute-fréquence) communes à toutes les séries. Une fois transformées en données standardisées, les séries peuvent être comparées deux à deux. Toutes les séries ont été comparées selon deux approches afin de rechercher des synchronismes intersériels répliqués160 :

  • À l’aide du test de Student t appliqué au coefficient de corrélation intersériel qui quantifie la concordance entre deux séries élémentaires une fois que les données brutes sont standardisées. Ce test a été appliqué à un indice (indice E) qui rapporte le logarithme de chaque épaisseur de cernes à la moyenne des sept cernes sur lesquels il est centré après avoir éliminé de celle-ci le terme à corriger et les valeurs minimale et maximale de la moyenne mobile161.

  • Sur la base de la recherche de cernes ou de séquences de cernes similaires sur plusieurs courbes élémentaires de la variation de l’épaisseur des cernes au cours du temps, examinées deux à deux sur l’écran d’un ordinateur.

Une fois que les synchronismes intersériels ont été établis, les chronologies moyennes correspondantes ont été construites puis confrontées aux chronologies de référence disponibles162 afin d’être datées.

Fig. 69

Fig. 69

Liste des prélèvements

© F. Guibal

Fig. 70

Fig. 70

Localisation des prélèvements, troisième étage et combles, 7 rue Benjamin Crémieux

© Fond de plan : cabinet Léonard Architecture DPLG ; Z.I. La Coupe – 44 avenue Paul Sabatier, 11100 Narbonne. DAO : S. Bonnaud, INRAP, 2011. Compléments : F. Loppe, ALC Archéologie, 2019

La dendrochronologie. Rappel

La croissance annuelle des végétaux ligneux qui se développent dans les régions soumises à un climat tempéré est constituée d’un allongement terminal et d’un cerne.

L’épaisseur des cernes résulte d’un ensemble de facteurs internes et de facteurs externes à l’arbre. Parmi les facteurs externes intervient le climat qui entraîne des variations d’épaisseur de fréquence variée, parmi lesquelles des variations de haute-fréquence (variations interannuelles). Ces variations d’épaisseur sont plus ou moins marquées et presque similairement reproduites sur tous les arbres d’une même espèce qui poussent sous les mêmes conditions climatiques. Il en résulte que des séquences de cernes minces ou affectés de caractères anatomiques particuliers communes à plusieurs arbres peuvent constituer des repères chronologiques qui permettent de synchroniser des séries de cernes163.

La comparaison d’échantillons de date inconnue avec des séries de cernes déjà datées permet d’identifier l’année de formation de chaque cerne et, dans les cas où la totalité des cernes élaborés par l’arbre est conservée, de connaître l’année d’abattage des arbres dans lesquels les pièces correspondantes ont été façonnées. Les séries numériques d’épaisseurs de cernes sont utilisées pour calculer des chronologies individuelles, moyennes et régionales ; ces dernières sont appelées chronologies de référence. Élaborées avec des échantillons représentatifs d’arbres sur pied pour lesquels l’année de formation du dernier cerne est connue et avec des échantillons issus de pièces de bois de la même essence, présumées de plus en plus anciennes et correspondant généralement à des vestiges de l’activité humaine (bois de charpente, substructures, pieux de soutènement), les chronologies de référence permettent de dater l’année de formation de chaque cerne mesuré sur l’échantillon et dater l’année d’abattage d’arbres dans lesquels l’objet a été confectionné.

D’un principe théorique relativement simple, la datation du bois à l’année près par les cernes de croissance des arbres se heurte dans sa mise en œuvre :

  • à l’inégalité des essences dans leurs réactions aux variations temporelles des facteurs de leur environnement : en effet, à côté des essences dont la croissance en diamètre dépend davantage des conditions édaphiques que des conditions climatiques (peuplier, saule), d’autres essences produisent fréquemment des cernes dédoublés ou à la concentricité altérée (ex. cyprès, olivier) ;

  • aux exigences de l’échantillonnage dans la mesure où la synchronisation passe par l’amplification du facteur environnemental variable d’une année à l’autre aux dépens du facteur individuel, réalisée lors de la sommation d’au moins une dizaine d’échantillons pour acquérir une chronologie moyenne stationnelle longue d’au moins quatre-vingt années.

Résultats et discussion

Identification anatomique

Au laboratoire, les échantillons de bois ont fait l’objet de coupes minces réalisées à la lame de rasoir selon des plans transversal, longitudinal tangentiel et longitudinal radial, puis d’un examen au microscope optique. L’identification anatomique, menée sur consultation des atlas d’anatomie du bois164, a permis d’identifier les deux types anatomiques suivants :

Pannes supérieure et inférieure. Corbeau supérieur. Poutres du troisième étage

1. a - description anatomique

Bois de résineux. Absence de canaux résinifères. Ponctuations des champs de croisement de type taxodioïde. Absence de trachéides dans les rayons. Rayons hauts de 5 à 20 cellules. Parois tangentielles et transversales des cellules des rayons très épaisses et très ponctuées. Présence d’indentures.

1.b - identification

Abies alba Mill. Sapin blanc.

Arbalétrier. Corbeau inférieur

2.a - description anatomique

Bois de résineux. Présence de canaux résinifères bordés de cellules à parois épaisses. Passage progressif du bois initial au bois final. Nombreux rayons ligneux, tous unisériés. Hauteur des rayons ligneux allant de 3 à 15 cellules. Présence de 3 à 5 ponctuations picéoïdes aux champs de croisement. Présence de trachéides transversales. Nombre de cellules bordant les canaux résinifères horizontaux en général inférieur ou égal à 9.

2.b - identification

Picea abies (L.) Karsten. Épicéa commun

Les deux essences identifiées sont des espèces qui se développent dans les étages de végétation montagnard (sapin) et subalpin (épicéa), à des altitudes supérieures à 900 m et qui témoignent de l’importation de bois d’œuvre pour approvisionner le milieu urbain de Narbonne.

Dendrochronologie

Des corrélations significatives, tant statistiquement que visuellement, ont été établies d’une part entre les 4 carottes recueillies sur la panne supérieure, d’autre part entre les 2 carottes recueillies sur la panne inférieure. Une corrélation inter-pièce a été établie entre la panne supérieure et le corbeau supérieur de la charpente ; cette corrélation a permis de construire une chronologie moyenne longue de 236 années.

La comparaison de cette chronologie moyenne avec d’autres chronologies représentatives du sapin établies sur des édifices languedociens et provençaux a livré une synchronisation sur la période 1010-1245 agrémentée d’une corrélation statistique très élevée (t = 10.05). Étant donné que le cerne le plus externe présent sur la poutre (panne supérieure) a été formé en 1245 mais qu’il ne correspond pas à l’année d’abattage de l’arbre – du fait de la dégradation subie par la pièce au cours du temps – il n’est pas exclu qu’une dizaine de cernes extérieurs aient été perdus, ce qui entraîne un abattage des arbres dans les premières années de la deuxième moitié du XIIIe siècle.

Le faible nombre de cernes présents sur les poutres du plafond du troisième (voir annexe) n’a cependant pas permis de dégager de synchronisme entre ces pièces et les pièces constitutives de la charpente ; l’hypothèse d’une phase de mise en place des plafonds différente de la mise en place de la charpente n’a donc pas pu être testée.

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Notes

1 - HUSER, 2011.

2 - LOPPE, 2015. Étude de terrain réalisée avec la collaboration de Romain Wiss, technicien de fouille (ALC Archéologie). Nous tenons à remercier pour leur aide : les maçons de la SARL CUTILLAS Manuel, 9 rue de la Sablière, 11100 Narbonne ; Mme Laurence Delrieu et M. Pezé, locataires, 4, rue Benjamin Crémieux ; M. Ginestet, propriétaire, 5 rue Benjamin Crémieux ; Mme Marie Godichaud, commerçante, boutique « La Fille du Consul », 5, rue Benjamin Crémieux ; M. Alain Klein, architecte, atelier d’architecture ARCHITERRE, 7 rue de Fustillan, 31370 Poucharramet ; M. Olivier Léonard et Mme Amélie Soriano, Architectes, cabinet LEONARD ARCHITECTURE DPLG ; Z.I. La Coupe – 44 avenue Paul Sabatier, 11100 Narbonne ; Mme Anne-Laure Napoléone, docteur en Histoire de l’Art et Archéologie, chercheur associé Université Toulouse Jean Jaurès, FRAMESPA UMR 5136 ; M. Jean-Louis Vayssettes, ingénieur de Recherches, SRA Occitanie, 5, rue Salle-l’Évêque, 34967 Montpellier ; M. Edmond Vella, commerçant, boutique « L’R d’un mec », 2, rue Benjamin Crémieux ; M. Paul-Henri Viala, archiviste municipal de Narbonne.

3 - Il reste des vestiges de cette voie devant le palais des archevêques (MÈCLE, 1999, p. 3).

4 - SANCHEZ, 2014, p. 25.

5 - « bourg au-delà du pont ».

6 - CAILLE, 1995, p. 81.

7 - CAILLE, 1995, p. 82.

8 - CAILLE, 1990, p. 246.

9 - MICHAUD, 1981, p. 129.

10 - BOURIN, 2016, p. 12, 15.

11 - CAILLE, 1995, p. 84.

12 - BOURIN, 2016, p. 15.

13 - BOURIN, 2016, p. 15-16. Ce sera toujours le cas un siècle plus tard.

14 - AC Narbonne, DD194, 5 décembre 1313. « Déclaration faite par Guillaume et Raymond Teulerii, frères, teinturiers, par laquelle ils reconnaissent que c’est de leur mandement donné par droit de consulat et du mandement de Noble Guillaume de Matherino, damoiseau, viguier de Béziers, qu’ils ont fait enlever de devant leur maison, joignant le Pont Neuf, partie de Bourg, vers la rivière, les pilaria et posteatos, ambanna et hedifficia que continebantur et sentinebantur in pilariis situatis et infixis in flumine et rippis dicti flumini, (« piliers et assemblages de planches, hourds, et constructions qui étaient maintenus par des piliers situés et enfoncés dans le fleuve et les rives dudit fleuve ») lesquels portaient empêchement au cours de la rivière, ils confessent, en outre, que c’est sans aucun droit qu’ils avaient placé ces pilotis dans la rivière et avaient élevé les constructions qu’ils supportaient, renonçant pour l’avenir, pour eux et leurs héritiers, à tout droit semblable s’il arrivait qu’il vint à être prouvé en leur faveur ».

15 - AC Narbonne, DD195, 5 décembre 1313. « Déclaration faite devant les consuls assemblés dans la salle supérieure du consulat de Bourg, par Raymond Aymerici, Guillaume Vincentii, Guillaume Alamanni, Jean Oliverii, pareurs ; Pierre More, teinturier et Guillaume de Bonopassu, cordonnier ».

16 - « Le 4 des ides d’octobre 1316, à l’heure où les gens prenaient le repas du soir et durant toute la nuit, se produisit à Narbonne un grand déluge d’eau tel que les inondations détruisirent 300 maisons et firent périr environ 50 personnes » (SANCHEZ, 2014, p. 23).

17 - CAILLE, 2009, p. 89-103. Ainsi, le Bourg n’aurait pas été occupé ni incendié par les Anglais (p. 98). D’ailleurs, aucune trace d’incendie n’a été relevée sur les parements de la maison consulaire (infra).

18 - BOURIN, 2016, p. 19.

19 - BOURIN, 2016, p. 20.

20 - MICHAUD, 1981, p. 224, 225.

21 - Sur ce point voir : LARGUIER, 1996.

22 - Par exemple : AC Narbonne, compoix de 1569, « f°204 v° ». Bourg, terson Lamourguier, île Le Consulat. « Jehan Merlaize, bourgeois. Une maison et magasin, île Le Consulat, qui est à présent une partie logis. Confrontant de cers : le Consulat de Bourg ; marin : Monsieur de Larue ; midi et aquilon : Carrières. Allivrés à 120 l. » ; AC Narbonne, compoix de 1615, « f°233 v° ». Bourg, terson Mija, île Saint Dominique, Sébastien Comenge, bourgeois. « Une maison, île Le Consulat, partie de laquelle a été du Sr Hierome Merlaize du vent du Midi, et partie de Henri Merlaize, et l’autre était un patu qu’il a bâti, acquis de la communauté de la ville, du vent d’Aquilon regardant la rivière d’Aude. Confrontant de cers : Le Consulat ; marin : Mr de Trégoin, Sr de Ricardelle ; midi : Rue ; aquilon : Le Plan du Salin. Allivrée à 198 l. ».

23 - Par exemple : AC Narbonne, compoix de 1590, « f°152 v° ». Bourg, terson Mija, île Saint-Pierre. « Pierre d’Autemar, pour les biens de Henri d’Autemar, dit La Rue, son fils et héritier de feu Sieur Arnaud La Rue. Un magasin à (terme sol), île Le Consulat, fait 5 écus de pension annuelle à la ville. Confrontant de cers : Héritiers de Jehan Merlaize ; marin : Mr de Ricardelle (Trégoin) ; midi et aquilon : Rues. Allivrées à 20 l. ».
AC Narbonne, compoix de 1603, « f°181 ». « Hierome Merlaize. Une maison, île Le Consulat, sous laquelle les héritiers de Henri Merlaize ont un magasin. Confrontant de cers : Le Consulat ; marin : Henri d’Autemar dit Larue ; midi : Rue ; aquilon : Henri Merlaize et Rue. Allivrée à 80 l. ».

24 - AC Narbonne, compoix de 1639, « f°286 v° ». Bourg, terson Lamourguier, île Le Consulat. « Brugade, verrier. Une maison, île Le Consulat, a été de Paul Comenge. Confrontant de cers : La maison consulaire ; marin : Héritiers de Mr de Ricardelle ; midi : Rue ; aquilon : au dit Comenge. Allivrée à 13 l. 6 s. 8 d. ».

25 - Compoix, registre Tenet et matrices. La parcelle matérialisant l’ancien Consulat/ancien Hôtel de ville/ancienne Mairie est publique, donc non soumise à taxe : de fait, elle n’apparaît ni dans le compoix de 1696-1788, ni dans le registre Tenet de 1696 qui le complète. Le premier donne les « confronts » de la parcelle désignée par un numéro ainsi que celui du propriétaire et sa fonction sociale (marchand, mangonnier/boucher…) : on obtient le nom des propriétaires situés au Nord (aquilon), au Sud (midi), à l’Est (marin) et à l’Ouest (cers). Le registre Tenet inscrit l’acte de vente de la parcelle et en retrace l’historique, très précieux afin de connaître l’histoire d’une maison ou d’un îlot. Registre des mutations, Tenet du compoix de 1696. Etienne Combes, marchand, parcelle 7. « Maison avec ciel ouvert acquise le 15 octobre 1715 de sieur Hugues Milhot et cédé par acte de subrogation à Gabrielle Fabre, épouse de noble Gaspard de Gros, Sieur de Homps ».

26 - AC Narbonne, compoix de 1699, « f°195 v° ». Bourg, terson Lamourguier, île Le Consulat. « Guilhaume Lajeune, maître pâtissier. Acquéreur de la maison du Sieur Dominique Bourgade, par acte passé chez Maître Ferrier, le 26 juin 1699 et mis ici le 3 mai 1700. Allivrée à 16 l. ».

27 - AC Narbonne, compoix de 1754, « f°197 ». Bourg, terson Lamourguier, île Le Consulat. « Antoine Cazanave, maître cordonnier. Pour maison, à cette île, acquise par acte passé devant Maître Benoit, le 11 avril 1754, et tirée de la parcelle des héritiers du Sieur Bertrand REVAIL, marchand, île Saint Bernard et mis ici le 15 avril 1754. Allivrée à 16 livres ».

28 - AC Narbonne, contribution foncière 1791-1825. « Maisons de Bourg, île Le Consulat, 1791, Case n° 17. Jean Dauphin, boulanger. Une maison au revenu de 127 l. 10 s. ».

29 - AC Narbonne, contribution foncière 1791-1825. An X, 10 germinal (31 mars 1802). Case n° 17. Justin Jaloux aîné, négociant. A acquis la totalité de la maison par acte passé devant maître Birat, le 10 germinal An 13. An XII, 3 vendémiaire (26 septembre 1803). « François Audigier, tapissier. À acquis la moitié de cette maison par acte du 3 vendémiaire An XII, passé devant maître Bouisset, du citoyen Jaloux, précédant acquéreur ». E 123, 9, rue de l’Ancienne Mairie (n° 9, rue Benjamin Crémieux).

30 - Parcelle E122 : n° 7 rue Benjamin Crémieux, premier relevé. 1893, « f° 6910 ». « Simon Maurel, marchand de grains. Sol de maison, rue de l’Ancienne Mairie. 26 cannes ».

31 - Une partie de l’actuelle parcelle 350.

32 - AC Narbonne, état des sections, série E, 1G133, « f°2346 », 1857.

33 - Plan dit « Varlet », 1772-1793. Le sieur Varlet est un arpenteur mandaté par la ville de Narbonne pour remettre à plat les compoix (reprises annuelles non faites, confusion de parcelles, etc.). Il traitera en dix ans la majeure partie de la ville, sans pouvoir achever son travail. Après la Révolution française, 1793 marque l’avènement de la contribution foncière au plan national, et les élus narbonnais se rendent compte qu’ils ont une avance sur la majeure partie des villes grâce au plan Varlet. Ce dernier, d’origine lyonnaise, est alors rappelé afin d’achever son travail avec l’aide de Barthe, un narbonnais. Cet outil servira de base à la réalisation du cadastre dit napoléonien de 1826 et ce jusqu’en 1973, date de refonte du cadastre. Ce plan Varlet donne les noms de propriétaires confrontant « l’hôtel de Ville » mais aucun n° de parcelle n’apparaît encore.

34 - Cadastre, état des sections, série E, 1G133, 7 rue de l’Ancienne Mairie. 1936 : 2 appartements appartenant à : Jean Gorry, boulanger. Éloi Déjean, employé de la maison Jalabert.

35 - Grâce à l’aimable autorisation de Mme Marie Godichaud, gérante de la boutique « La Fille du Consul », 5 rue Benjamin Crémieux.

36 - Nature de pierre paraissant différente de celles des éléments de façade du mur MR5 (couleur plus sombre). Toutefois cette dissemblance pourrait peut-être s’expliquer par le fait que cet arc n’a pas été exposé aux intempéries.

37 - L : 0,33 m ; 0,56 m ; H d’assises : 0,38 ; 0,42 ; 0,30 ; 0,36 m.

38 Largeur chanfrein : 8 cm.

39 - Ép. : 0,22 m ; 0,44 m au total si l’on enlève la cloison ?

40 - Si l’on ajoute la hauteur sous clé de ces arcs (3,10 m) à l’épaisseur approximative de ce faux-plafond, on obtiendrait une hauteur de plancher originelle comprise entre 3,90 m et 4 m, ce que confirmeront d’autres observations (infra). Ce plancher n’a malheureusement pu être observé mais comporterait des poutres dans le sens de la longueur du bâtiment. Pour l’heure, rien ne permet de savoir s’il s’agit d’un vestige médiéval, moderne, ou contemporain.

41 - Ces coussièges n’ont pas été mis en évidence car l’enduit n’a pas été piqueté à ce niveau.

42 - L x H : 0,53 x 0,32 m ; 0,14 x 0,17 m.

43 - L x H : 0,41 x 0,26 m ; 0,48 x 0,28 m.

44 - L x H : 7,5 x 6 cm.

45 - PÉROUSE DE MONTCLOS, 1995, p. 288, fig. 25.

46 - L : 0,30 à 0,60 m ; H moy. : 0,25 à 0,30 m. Les trois dernières assises hautes ne dépassent pas 0,20 m.

47 - L : 0,20 à 0,45 m ; H : 0,15 à 0,20 m.

48 - En Tarn-et-Garonne certaines études ont montré que ce type d’outil n’apparaîtrait pas avant le milieu du XIIIe siècle (GARRIGOU-GRANDCHAMP, 2016, p. 84, 85).

49 - L x H : 0,29 x 0,20 m.

50 - L x H : 0,27 x 0,24 m.

51 - L x H : 0,88 x 0,41 m.

52 - Longueurs comprises entre 0,40 et 0,74 m.

53 - l x H x P : 0,23 x 0,23 x 0,24 m.

54 - l x H x P : 0,18 x 0,23 x 0,25 m.

55 - l x H x P : 0,24 x 0,24 x 0,28 m.

56 - l x H x P : 0,23 x 0,23 x 0,29 m.

57 - « Pièce de charpente horizontale placée longitudinalement au comble, portée par des arbalétriers et destinée à soutenir les chevrons » (ALIX, 2013, p. 426). La section importante de cet élément laisse entendre qu’il pouvait éventuellement servir de solive ou de poutre à l’origine.

58 - L x l x H: 3,31 x 0,21 x 0,37 m.

59 - BOURIN, 2016, p. 79.

60 - L : 2,642 m ; l : 0,20 m ; l : 0,30 m.

61 - Dimensions très conséquentes. En effet la maison dite « l’Hôtel des Monnaies », à Villemagne-l’Argentière (XIIIe siècle) s’étend sur trois niveaux et atteint 20 m de long sur seulement 6,5 m de large et 8,5 m de hauteur (MAZERAN, 2007, p. 292). Quant à la salle consulaire du premier étage de la maison de Saint-Antonin-Noble-Val, datable des environs de 1140, elle mesurait « seulement » 9 x 4,5 m (SCELLÈS, 1989, p. 65).

62 - Datée des environs du milieu du XIVe siècle, la « Loge des marchands » de Cahors, au n° 35 rue de la Chantrerie, présente des dimensions pratiquement identiques : « le rez-de-chaussée de ce vaste bâtiment de 24 m de long et 14 m de large était divisé en deux nefs par un refend longitudinal évidé par trois grandes arcades en plein cintre » (SCELLÈS, 1999, p. 153, 154). Par ailleurs « le palais Duèze à Cahors […] avait des dimensions comparables à celles de la Raymondie et ses charpentes devaient couvrir quatre bâtiments articulés autour d’une cour, dont un contenant une aula de 25 m sur 11 m… » (CARCY, 2002, p. 222).

63 - Épaisseur presque similaire aux maçonneries de la maison dite « l’Hôtel des Monnaies », à Villemagne-l’Argentière (Hérault ; ép. : 0,60 m ; MAZERAN, 2007, p. 292) ou à celles de la maison des « Dames de la Foi » à Périgueux (Dordogne), du début du XIIIe siècle (MARIN, 2011, p. 57).

64 - À Arles « la façade principale donnait sur le plan de la cour se développant sur 25 mètres et s’élevant à presque 12 mètres au-dessus de la rue » (EGGERT, s.d., p. 44).

65 - En effet « le palais des consuls d’Arles occupait une parcelle rectangulaire avec une surface d’environ 550 m² et se composait de quatre ailes bâties autour d’une cour intérieure » mais « aucune chapelle ne semble avoir été associée à l’édifice, car le palais de la commune n’était pas un bâtiment résidentiel mais un lieu de travail et de représentation » (EGGERT, s.d., p. 4, 11). À Narbonne, une chapelle attestée en 1656 lors de réparations dans l’îlot du consulat existait peut-être dès le Moyen Âge (FAVATIER, 1903, p. 229).

66 - Ces refends ont trois fonctions : diviser les espaces intérieurs, ménager des points d’appui pour les poutraisons et stabiliser les gouttereaux (GARRIGOU-GRANDCHAMP, 2008, p. 160).

67 - Très souvent les « refends sont percés de nombreuses baies de communication, portes et surtout arcades, ces dernières étant en principe cantonnées au rez-de-chaussée » (Ibid., p. 149).

68 - Ainsi à la maison Muratet, à Saint-Antonin-Noble-Val, le bâtiment « était à l’origine vraisemblablement situé à l’intersection de deux rues comme le suggère, à l’extrémité gauche de la façade, l’arête abattue sur 2 mètres. Le large chanfrein ainsi obtenu était une précaution destinée à réduire les chocs en un lieu de passage. C’était une pratique courante » (LONCAN, 1990, p. 64).

69 - D’ailleurs, l’existence de la porte POR2, plus récente (infra), sous-entend que le passage sous l’arc ARC4 était obturé, du moins à une certaine époque. Cette cloison séparait probablement deux arrière-boutiques.

70 - AC Narbonne, compoix de 1499, « f°204 ». « Bourg: terson d’Aude, Ile Johan Guilhem. Done Johana, relicte (veuve) de Anthony La Rue. L’Hostal de la ville avec sa boutique au dessous qui était de Anthonia Del Puech. Allivré à 50 l. » ; compoix de 1504, « f°219 ». « Bourg : terson d’Aude, Ile Johan Guilhem. Done Johana, relicte (veuve) de Anthony La Rue. L’Hostal de la ville avec sa boutique au dessous qui était de Anthonia Del Puech. Allivré à 50 l. » ; compoix de 1549, « f°822 ». « Bourg : terson d’Aude, Ile Arnaud La Rue ; La maison de la ville avec sa boutique, fait 15 l. d’usage à la ville. Confrontant de Cers : la Siguisse ; Marin : Guilhaume Trégoin ; Midi et Aquilon : carrières (rues). Allivrées à 41 l. 10 s. ». Aux XIIIe et XIVesiècles, la maison romane de Saint-Antonin-Noble-Val possède trois boutiques sous la salle consulaire, occupées par un notaire et un marchand (SCELLÈS, 1989, p. 47, 48).

71 - SCELLÈS, 1999, p. 145.

72 - Dans la mesure où ils existent à Narbonne à cette époque, et compte tenu de la présence proche du plancher qui limitait la hauteur des ouvertures, nous avons pris le parti de restituer des arcs segmentaires, aussi présents dans d’autres villes, comme à Toulouse et Montpellier (NAPOLÉONE, 1990-1991, p. 129).

73 - Parfois la présence d’arcades n’est pas forcément synonyme d’activité marchande car elles peuvent également accueillir des activités publiques ou juridiques (GARRIGOU-GRANDCHAMP, 2016, p. 107, 109).

74 - Au XIIIe siècle il est tout à fait concevable de trouver à Narbonne des poutres en sapin ayant de telles dimensions (8,20 x 0,40 m) comme au palais archiépiscopal de même qu’à la maison du n° 9, rue Kléber. C’est toujours le cas deux siècles plus tard, puisque le plafond du XVe siècle du logis du château des archevêques de Narbonne à Capestang « est porté par cinq poutres de belle section couvrant les 8,40 m de large de la salle » (MARIN, 2006, p. 164).

75 - En Midi rhodanien, au XIVe siècle, « l’espacement entres les poutres principales est généralement assez important. Les mesures relevées sont comprises entre 3 et 4 m (1,5 à 2 cannes) en fonction de la portée des planchers, c’est-à-dire que plus les portées sont longues, plus les travées sont resserrées afin d’offrir une meilleure résistance à la charge. De même les sections des poutres augmentent proportionnellement à l’allongement de leur portée ». Ainsi, des poutres principales dont la portée est comprise entre 6,45 et 9,9 m ont des sections situées entre 34,5 x 26,5 cm et 49 x 32 cm (BOUTICOURT, 2016, p. 91, tableau 4).

76 - Dans la région rhodanienne, trois types de planchers ont été identifiés entre le XIVe et le XVIe siècle : solives avec ais d’entrevous, poutres supportant des solives, planchers à double rang de poutres (Ibid., p. 87).

77 - CARCY, 2002, p. 214-215.

78 - Et ce même si l’on sait que l’absence de travées pourrait exclure l’utilisation de charpente à ferme (Ibid., p. 204).

79 - SAINT JEAN VITUS, 1998, p. 73. En Normandie ce système se développe au début du XIIIe siècle (ÉPAUD 2007, p. 205, 206).

80 - Cas constaté dans la région lilloise aux XIVe et XVe siècles (BLIECK, 2003, p. 74).

81 - Ainsi, en Normandie, au début du XVe siècle, le manque de bois pour la construction d’une maison dans le château de Tancarville oblige les charpentiers à rechercher des sommiers de 12 m de long à Harfleur, à une quinzaine de kilomètres au nord-ouest, puis à Rouen, à environ 40 km à l’est. Devant la pénurie, ils sont obligés d’acheter à prix fort ceux du bois de l’abbaye de Valasse, à une dizaine de kilomètres au nord-est (LARDIN, 2003, p. 141).

82 - En effet, la portée des fermes des sept exemples étudiés est comprise entre 4,80 et 10,50 m (BOUTICOURT, 2016, p. 167, tableau 11).

83 - Ainsi, pour la construction du nouveau chœur de Saint-Denis, douze entraits atteignant 11 m de long ont été utilisés. « Cette longueur ne sera trouvée qu’au XIIIe siècle en Auvergne, même si elle est connue exceptionnellement dans le sud du Limousin dès le XIe siècle. C’est dire combien ces pièces sont importantes et signifiantes pour appréhender les structures charpentées et leur contexte forestier » (PHALIP, 2004, p. 74).

84 - GARRIGOU-GRANDCHAMP, 2008, p. 149.

85 - BOUTICOURT, 2016, p. 201.

86 - BOUTICOURT, 2016, p. 202, 203.

87 - Ceux-ci ne sont généralement présents que lorsque les gouttereaux sont mitoyens de ceux des parcelles voisines (CARCY, 2002, p. 204). Parfois, l’encorbellement formé par les modillons et les dalles de corniche est généralement suffisant pour constituer une gouttière comme sur l’église d’Herment (Puy-de-Dôme ; PHALIP 2004, p. 21, fig. 8).

88 - Pente retenue en raison de sa résistance au vent et de l’économie en matériaux de couverture et bois d’œuvre qu’elle génère (il faut deux fois moins de bois pour faire des fermes avec des pentes à 25° plutôt qu’à 60), économie non négligeable si la région considérée comporte peu de bois d’œuvre, comme dans le Midi rhodanien (BOUTICOURT, 2016, p. 206, 207). Par ailleurs, contrairement au nord de la France où à l’Auvergne, les zones méridionales s’accommodent des pentes faibles en raison de précipitations moins importantes (PHALIP, 2004, p. 118).

89 - CARCY, 2002, p. 206, 210.

90 - Longues portées rectilignes, bois dense et peu fibreux, pauvre en nœuds, fournissant des surfaces lisses propres à être décorées, comme pour le plafond du XVe siècle du château des archevêques de Narbonne à Capestang (Hérault). « Pour la ville de Montpellier, les textes ont permis d’identifier deux aires d’approvisionnements privilégiés, depuis lesquelles le bois était acheminé par flottage : le Dauphiné, via l’Isère et le Rhône, et la forêt de Quillan, par l’Aude » (MARIN, 2006, p. 163). Dans l’ancienne région Midi-Pyrénées en revanche, le chêne reste l’essence privilégiée pour la construction, puisque les échantillons étudiés n’ont révélé la présence de sapin qu’à partir du XVIIe siècle (BÉA, 2008, p. 177).

91 - Comme pour la vallée du Rhône, « les forêts alpines ont ainsi été très sollicitées pour fournir les régions méridionales pauvres en arbres de grande dimension et de bonne qualité » (BOUTICOURT, 2016, p. 47).

92 - En Ville Basse de Carcassonne, un plafond peint du XVe siècle située au 49-51 rue de Verdun utilise des poutres et solives en sapin provenant d’arbres abattus en 1451. Toutefois, leur origine, audoise ou alpine, n’a pu être établie (BONNET, 2004, p. 92 ; MARTIN, 2009, p. 221).

93 - Le coût d’un tel transport n’est pas négligeable : ainsi, au début du XVIe siècle, les documents de la région aixoise montrent qu’un transport par voie terrestre est quatre fois plus cher que par voie fluviale (BERNARDI, 1995, p. 133).

94 - Ces bois audois sont exportés jusqu’à Montpellier, comme le confirment les documents du XIVe siècle : flottage en radeaux (carasses) sur l’Aude jusqu’à la mer depuis Quillan et Espéraza, puis par trinqueballe (VAYSSETTES, 2017, p. 17, 18).

95 - En effet, la densité du bois de sapin varie en moyenne de 450 à 550 kg/m3. Un rapide calcul peut conduire à l’estimation suivante. Une poutre de 8 m de long sur 0,25 x 0,25 m livre un volume de bois de 0,5 m3. Une poutre de 9 m de long sur 0,30 x 0,30 m livre un volume de bois de 0,8 m3. Étant donné qu’un tronc est un objet conique, l’équarrissage entraîne une perte que l’on peut estimer à 10 %. Soit : A. 0,5 + 0,05 = 0,55 m3. B. 0,8 + 0,08 = 0.88 m3. Multiplions ce volume par la densité pour obtenir la masse du tronc : A. 0,55 x 450 = 247,50 kg. B. 0,88 x 550 = 484 kg. On peut donc avancer que la masse de tels troncs est comprise entre 250 et 480 kg.

96 - En effet « un essieu de bois ne peut assurer que le transport de 500 kg, soit une tonne par charriot à deux essieux. L’essieu métallique est censé avoir amélioré la situation à partir du XVe siècle, dans une mesure non déterminée. Quoi qu’il en soit, on comprend à quel point l’importation de pondéreux pouvait grever un budget, et pourquoi le transport par voie d’eau fut systématiquement privilégié » (JOURNOT, 2018, p. 19).

97 - GIRARD, 1998, p. 56.

98 - MARIN, 2006, p. 156, 157 ; RENAUD, 1999, p. 211, 212.

99 - Système précoce pour l’époque puisque la plupart du temps les fenêtres étaient uniquement obstruées par des volets amovibles en bois comme sur une maison canoniale du XIIIe siècle à Viviers (Ardèche) (ESQUIEU, 1998, p. 98). Généralement « l’usage du verre ne concernait, semble-t-il, que les maisons les plus riches. En France, de grandes demeures associaient le verre à d’autres matériaux moins onéreux. […] Au palais pontifical d’Avignon aussi, on usait largement de la toile cirée, alors que seules les plus grandes salles étaient vitrées : les comptes de la chambre apostolique font apparaître des achats de toiles cirée, et il a même été trouvé en place un châssis garni de toile » (Ibid., p. 100). C’est également le cas à Cahors où « d’autres matériaux, des étoffes ou des parchemins huilés, étaient aussi employés. Les livres de comptes des frères Bonis, de Montauban, mentionnent ainsi de l’étamine destinée à des vistas. Les verres conservés sont par ailleurs peu nombreux » (SCELLÈS, 1999, p. 194). En effet, la difficulté à fixer la vitre dans des châssis ouvrant retardera longtemps la diffusion du verre à vitre, parfois jusqu’au XVIIe siècle (SÉRAPHIN, 2002, p. 195).

100 - Ainsi « à Cahors, par exemple, rue Deloncle, ainsi qu’au Palais Via, une barre métallique, placée à hauteur d’imposte en appui sur les tailloirs des chapiteaux, a joué le rôle de barlotière inférieure au panneau vitré lorsque celui-ci s’est prolongé hors des réseaux supérieurs » (LAGABRIELLE, 2002, p. 135).

101 - La plupart du temps pourtant les volets sont fixés par des gonds (SÉRAPHIN, 2002, p. 192) ou se signalent par une feuillure (GARRIGOU-GRANDCHAMP, 1990, p. 110).

102 - Dans le Midi l’introduction du vitrage est en effet très progressive : ainsi « les premières verrières encore en place ornent le chœur des cathédrales de Narbonne (derniers tiers du XIIIe siècle), de Béziers (fin du XIIIe siècle) et de Carcassonne (vers 1280-1330), comme si les années 1270-1300 représentaient effectivement une phase de développement pour la mise en verrière des églises méridionales » (LAGABRIELLE, 2002, p. 130). De fait « le nombre réduit de verrières antérieures à la fin du XIIIe siècle attesté dans le contexte religieux ne peut que révéler la rareté du verre plat dans les constructions civiles » (Ibid., p. 131).

103 - « Outre la simplicité élémentaire du dessin général de ces baies, il faut souligner l’archaïsme de cette modénature, tout entière dédiée aux formes douces et arrondies et qui ne cède en rien aux jeux de facettes démultipliées que la vogue du gothique rayonnant introduit dans la région vers la fin du XIIIe siècle » (MARIN, 2006, p. 154, 155).

104 - SÉRAPHIN, 2002, p. 154, fig. 11, modèles D1 et D2.

105 - Par exemple à Montpellier au n° 7 de la rue de l’Université (SOURNIA, 1998, p. 190, fig. 83), sur une maison médiévale à l’hôtel Richer de Belleval (LOPPE, 2017), ou sur l’ostal des Carcassonne (SOURNIA, 2014, p. 28, 29). Voir également : SÉRAPHIN, 2002, p. 171.

106 - SÉRAPHIN, 2002, p. 168.

107 - Dans l’architecture civile on observe généralement des baies sextuples mitoyennes comme sur la maison médiévale de l’hôtel Richer de Belleval, à Montpellier (LOPPE 2017). Dans les ostals de cette ville « des claires-voies, parfois fort hautes, pouvaient comporter jusqu’à six ou sept fenêtres à la file avec remplages à trilobes, rosaces, etc. » (SOURNIA, 2014, p. 27). D’autres rares exemples de baies sextuples existent en Dordogne dans la première moitié du XIIIe siècle, comme à Bigaroque et Comarque (SÉRAPHIN, 2002, p. 151, fig. 6).

108 - Ainsi la façade d’une vingtaine de mètres de long d’une maison du XIIIe siècle, rue du Tapis Vert, à Cahors, possédait à l’origine sept baies jumelles de 3,5 m de haut (SCELLÈS 1999, p. 194, 108, fig. 54).

109 - CZERNIAK, 2008, p. 318. C’est aussi le cas des magnifiques décors muraux peints situés rue des Sœurs Noires, à Montpellier, pour l’essentiel du XIIIe siècle, qui combinent motifs figurés et géométriques, notamment dans la chambre du deuxième étage (VAYSSETTES, 2017, p. 13).

110 - Au château de l’archevêque de Narbonne à Capestang le logis de 20 x 8,4 m comporte les vestiges très dégradés d’un enduit du XIIIe siècle accueillant des scènes figurées, laissant supposer que les quatre murs étaient recouverts d’un fastueux décor avant l’aménagement du XIVe siècle (MARIN, 2006, p. 148-151).

111 - SCELLÈS, 1989, p. 49. Ainsi dès l’époque romane « l’accès à la cour, qu’implique la présence de l’escalier sur l’arrière de la maison et autour de laquelle pouvaient se développer des corps de bâtiment secondaires, devait se faire par la rue Guilhem-Peire comme encore au XVIIe siècle. On imagine sans peine un grand « degré » à une ou deux volées droites sur voûtes menant à la porte de la grande salle du premier étage, abondamment éclairée par la longue claire-voie ouvrant vers la place du marché » (Ibid., p. 68).

112 - Toutefois, comme on l’a vu, ce mur encore enduit n’a pas permis de faire la moindre observation pouvant confirmer cette hypothèse.

113 - La base de l’édifice aurait également pu être édifiée à partir de tréteaux n’ayant pas laissé d’ancrages dans la maçonnerie, comme c’est parfois le cas pour les premières assises (BAUD, 1996, p. 23).

114 - Ce dispositif peut en effet s’observer ailleurs comme sur le transept de Cluny ou à la cathédrale de Lyon (Ibid., p. 106).

115 - REVEYRON, 2003, p. 331, 335.

116 - En effet, le décalage est ici trop faible pour penser à deux perches aboutées.

117 - MARIN, 2006, p. 155, 160.

118 - Vers 1250. Cf. Annexe.

119 - L x H visible : 0,62 x 0,26 m ; l chanfrein : 5 cm.

120 - Les trois autres baies BE23b, BE22a, BE22b ont vraisemblablement aussi été bouchées, mais leur destruction empêche de le certifier.

121 - VILLANUEVA, 2008, p. 218, fig. 20/1 et 2.

122 - Voir annexe. « Son bois blanc, très voisin de celui du sapin, est employé à peu près aux mêmes usages ; il s’en distingue par la présence de résine. Il est plus léger et moins nerveux que le bois du sapin (densité : 0,40-0,45), très élastique et résistant à la compression et à la traction. Il se fend très nettement et résiste bien aux chocs » (BOUTICOURT, 2016, p. 49).

123 - « Échantignolle, chantignolle : petit corbeau en bois fixant la panne à l’arbalétrier » (PEROUSE DE MONTCLOS, 1995, p. 141).

124 - H x l x H : 0,38 x 0,25 x 0,17 m.

125 - Tel est le cas à Montpellier par exemple, où nombre de vieux ostals médiévaux sont remis au goût du jour à partir de 1622 (SOURNIA, 2014, p. 20, 26). Ailleurs, à la fin du XVIe-début du XVIIe siècle, on redistribue parfois les niveaux de l’édifice médiéval, tout en le perçant d’ouvertures en travées régulières (MARIN, 2011, p. 69, 70).

126 - Des travaux de surhaussement sur la maison en vis-à-vis aux n° 2 et 4 rue Benjamin Crémieux ont-ils pu contribuer à amoindrir sensiblement l’éclairage de la salle consulaire, nécessitant alors la surélévation des prises de jour ? Seule l’étude de ces bâtiments permettrait de confirmer ou non cette hypothèse.

127 - En 1645 cependant, une cloison est mentionnée (infra).

128 - Ainsi dans nombre de demeures classiques de Montpellier, quelquefois avec une clé passante à pointe de diamant (SOURNIA, 1994, p. 41, fig. 19 ; p. 103, fig. 86 ; LOPPE, 2017) ou dans la plaine languedocienne, comme par exemple à Saint-Chinian (Hérault ; voir : SAUGET, 2012, p. 10, fig. 13).

129 - Ainsi, à l’hostal du consulat de Saint-Antonin-Noble-Val « pour donner un accès direct au poids public à partir de la place, les consuls achètent en 1619 la boutique médiane qui est par la suite transformée en passage, le percement du mur du fond ne datant sans doute que de cette époque » (SCELLÈS, 1989, p. 49).

130 - Le cadastre napoléonien de 1826 garde également trace d’un passage dans la partie ouest de l’actuelle parcelle 110, peut-être un accès créé à l’époque moderne depuis la rue des Marchands afin de déboucher dans la cour centrale de l’îlot du Consulat.

131 - En effet « à cette date, on avait commandé à Antoine Crouzeblanque, maître menuisier, des bancs pour la grande salle haute de la maison consulaire. Le 30 janvier suivant, M. Guillaume Ventajon, écuyer, Jean Pol de Cogomblis et Jean Denos, consuls, refusent absolument de recevoir les bancs livrés par Crouzeblanque, parce qu’ils ne sont pas faits suivant le dessin à lui remis et de la qualité du bois convenu » (FAVATIER, 1903, p. 228).

132 - D’ailleurs « cette maison subit quelques dommages par les travaux de 1628, notamment par l’appui des échelles qui brisa un certain nombre de tuiles. Aussi, le 7 décembre 1629, le chapitre Saint-Paul réclamait aux consuls la réparation de ces dommages » (Ibid.).

133 - AC Narbonne, BB 1712, Inventaire Mouynès. Bail passé le 19 mars 1712 avec G. Ajac et P. Soucail, maçons, pour une « face et montre pour la grande horloge de l’Hôtel de Ville, moyennant 598 livres ».

134 - Ainsi, il a obligé les consuls « à donner la grand’salle de leur maison consullère pour fère jouer les comédiens ; il les a aussy chargés de fère faire une gallerie tout contre la cloizon ou buget de la dite salle, ou bien faire abattre ladite cloison, affin que le monde qui yra entendre la comédie ne soict pas pressé ». Le conseil arrête « qu’il sera satisfait à l’ordre donné par Monseigneur le Maréchal et, ce faisant, que messieurs les consuls feront fere aux despans de la ville la galerie dont est question, puis qu’avec icelle on a empêché l’abattement de la cloizon » (NARBONNE, 1894-1895, p. 10).

135 - Ibid.

136 - MÈCLE, 1975, p. 117.

137 - « Outre l’indubitable preuve d’un séjour en février-mars 1656 de ces acteurs ambulants, la délibération du 26 février nous fournit une intéressante précision sur le lieu de leur représentation : la grande salle de la maison consulaire, c’est-à-dire de l’ancienne mairie. On sait que celle-ci, jusqu’au milieu du siècle dernier, se situait sur la place du même nom, dite aussi place des Quatre Fontaines, aujourd’hui place Albert Thomas. Le seul vestige de ce monument est un fronton encore visible où voici quelques années s’inscrivait un cadran solaire maintenant disparu. Voilà le lieu où Molière se fit applaudir des Narbonnais quand il était encore à la recherche de sa gloire » (Ibid., p. 117, 118).

138 - Probablement Pouzols-Minervois (Aude), à 25 km au nord-ouest de Narbonne.

139 - FAVATIER, 1903, p. 228, 229.

140 - « Privaise, privesse : latrines » (ALGIRDAS, 2004, p. 478).

141 - FAVATIER, 1903, p. 230.

142 - Fenêtre à l’italienne : composée d’une seule ouverture, ce type de fenêtre bascule vers l’extérieur dans sa partie basse, la partie haute restant fixée horizontalement au cadre.

143 - FAVATIER, 1903, p. 230.

144 - Ibid., p. 230, 231. On sait par ailleurs que la ville possédait dans la rue du Pont (rue des Marchands), près de la maison consulaire, un grand corps de garde incendié en 1622 (Ibid.).

145 - MÈCLE, 1999, p. 50, 51.

146 - MÈCLE, 1999, p. 221-222. Voir photo dans : MÈCLE, 1999, p. 53, fig. 2.

147 - FAVATIER, 1903, p. 226.

148 - H : 2,82 m ; l : 0,98 m.

149 - L x H : 1,17 x 0,62 m.

150 - L’encadrement extérieur de la fenêtre FE17 remploie un élément de mouluration d’une baie médiévale avec patte d’oie et croix sur son lit de pose : la première correspond à une saignée permettant une meilleure prise du mortier, la seconde à une marque d’assemblage facilitant l’ajustement des pierres lors du montage de la baie. Par ailleurs, son montant ouest, dégagé durant l’étude de 2015 afin de mettre au jour le profil complet de la baie médiévale BE22, a livré deux tessons à cuisson réductrice dont la pâte est assez peu cuite (ép. : 0,5 cm). Ils sont attribuables à un bord d’oule ou de marmite à lèvre en amande datable du XVIe siècle par rapprochement avec des éléments découverts au château de Leuc, dans l’Aude (LOPPE 2012, p. 60, fig. 7 ; p. 61).

151 - Désormais : FE20 : H x l : 1,32 x 1,12 m ; FE21 : H x l : 1,44 x 1,24 m.

152 - C’est du moins ce qu’indique l’écriteau touristique apposé sous ces boulets…

153 - Pour la ville d’Arles « la création du consulat et surtout la réunion des deux consulats du Bourg et de la Cité au début du XIIIe siècle apportèrent de l’unité à la ville, jusque-là très divisée en quartiers sous le joug de seigneurs féodaux. Cette unité urbaine se matérialisé d’une part par la construction du palais de la commune et d’autre part par la construction de nouveaux remparts » (EGGERT, s.d., p. 12).

154 - « C’est peut-être sous l’influence de l’Italie que l’on voit apparaître en Provence des maisons communes dès la fin du XIIe siècle » (ESQUIEU, 2001, p. 89).

155 - EGGERT, s.d.

156 - La chapelle est un élément fondamental du palais princier car elle remplit plusieurs fonctions : lieu de culte privé, reliquaire, protection spirituelle du palais. Elle donne également un fondement religieux au pouvoir en manifestant la mission chrétienne du prince (ESQUIEU, 2001, p. 82).

157 - À Montpellier, c’est en 1205 que les consuls achètent, pour en faire le lieu de leur administration, une demeure située en plein centre commerçant, près des marchés et de l’église Notre-Dame-des-Tables, loin des deux pôles féodaux, le château situé à l’ouest et la résidence épiscopale à l’est. L’édifice qui avait sa façade principale sur le marché aux herbes fut doté d’un beffroi en 1310, d’une chapelle en 1336 » (Ibid., p. 91).

158 - CATALO, 1998, p. 149, 153.

159 - GLORIÈS, 1999.

160 - BAILLIE, 1995.

161 - LAMBERT, 1992.

162 - KAENNEL, 1995.

163 - SCHWEINGRUBER, 1996.

164 - JACQUIOT, 1973 ; SCHWEINGRUBER, 1978, 1990.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1
Légende Narbonne (Aude), plan de la ville intra-muros dans la première moitié du XIVe siècle
Crédits © Fond de plan : Michaud, Cabanis 1981, p. 124, 125. DAO : © F. Loppe, ALC Archéologie, 2019
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Titre Fig. 2
Légende Narbonne (Aude), plan napoléonien du Bourg avec localisation de l’îlot du Consulat
Crédits Source : © AD Aude, PW 90009. DAO : © F. Loppe, ALC Archéologie, 2019
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Titre Fig. 3
Légende Plan napoléonien du Bourg. Vue détaillée du secteur du consulat.
Crédits © Source : AD Aude, PW 90009. DAO : Frédéric Loppe, ALC Archéologie, 2019
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Titre Fig. 4
Légende Narbonne (Aude), plan du sieur Varlet (1772), détail de l’îlot du Consulat avec localisation de la maison consulaire
Crédits Cliché : © AD Aude, 1FI1035. DAO : © F. Loppe, ALC Archéologie, 2019
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Titre Fig. 5
Légende Narbonne (Aude), maison consulaire du Bourg, localisation des vestiges sur le cadastre actuel
Crédits Source : © cadastre.gouv. Compléments DAO : © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
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Titre Fig. 6
Légende Narbonne (Aude), maisons des n° 3, 5, 7 rue Benjamin Crémieux, vue générale depuis la place des Quatre Fontaines, à l’ouest (ancienne place du Bourg). La façade sud MR5 de l’ancienne maison consulaire du Bourg a disparu au n° 3 mais existe encore aux n° 5 et n° 7
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2019
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Titre Fig. 7
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, plan général du rez-de-chaussée et du premier étage
Crédits Fond de plan : © cabinet Léonard Architecture DPLG ; Z.I. La Coupe – 44 avenue Paul Sabatier, 11100 Narbonne. DAO : © S. Bonnaud, INRAP, 2011. Compléments : © F. Loppe, ALC Archéologie, 2019
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Titre Fig. 8
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Plan général des deuxième et troisième étages
Crédits © Fond de plan : © cabinet Léonard Architecture DPLG ; Z.I. La Coupe – 44 avenue Paul Sabatier, 11100 Narbonne. DAO : © S. Bonnaud, INRAP, 2011. Compléments DAO : © F. Loppe, ALC Archéologie, 2019
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Titre Fig. 9
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux
Crédits Plan général des combles. Fond de plan : © cabinet Léonard Architecture DPLG ; Z.I. La Coupe – 44 avenue Paul Sabatier, 11100 Narbonne. DAO : © S. Bonnaud, INRAP, 2011. Compléments DAO : © F. Loppe, ALC Archéologie, 2019
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Titre Fig. 10
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7, rue Benjamin Crémieux, élévation du mur sud MR5. Détail des types de matériaux
Crédits Relevé : © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
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Titre Fig. 11
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, élévation du mur sud MR5. Essai de phasage chronologique
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
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Titre Fig. 12
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, élévation du pignon est MR4. Essai de phasage chronologique
Crédits Fond de plan : © cabinet Léonard Architecture DPLG ; Z.I. La Coupe – 44 avenue Paul Sabatier, 11100 Narbonne. DAO : © S. Bonnaud, INRAP, 2011. Compléments DAO : © F. Loppe, ALC Archéologie, 2019
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Titre Fig. 13
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, pignon MR4, parement intérieur, rez-de-chaussée. Vue de la maçonnerie médiévale MR4 et de l’arc VT3 interrompu a posteriori par le conduit de cheminée CH2
Crédits Cliché : © S. Bonnaud, INRAP, 2011. DAO : © F. Loppe, ALC Archéologie, 2019
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Titre Fig. 14
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Mur de refend MR15, vue générale de l’arc brisé ARC3 depuis le sud
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-14.jpg
Fichier image/jpeg, 90k
Titre Fig. 15
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Mur de refend MR15, vue générale de la partie nord du mur
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-15.jpg
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Titre Fig. 16
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Mur de refend MR14, vue détaillée de la porte POR3
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-16.jpg
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Titre Fig. 17
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Elévation intérieure du gouttereau sud MR5. Essai de phasage chronologique
Crédits Fond de plan ; © cabinet Léonard Architecture DPLG ; Z.I. La Coupe – 44 avenue Paul Sabatier, 11100 Narbonne. DAO : © S. Bonnaud, INRAP, 2011. Compléments : © F. Loppe, ALC Archéologie, 2019
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-17.jpg
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Titre Fig. 18
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Gouttereau sud MR5, premier étage. Détail de la maçonnerie intérieure au nord de la fenêtre FE25. On note le bûchage d’un probable ressaut ou corbeau, et les négatifs de l’implantation postérieure de solives, vraisemblablement à l’époque moderne
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-18.jpg
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Titre Fig. 19
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5. Premier et deuxième étages. Vue générale des vestiges des baies BE22 et BE23
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-19.jpg
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Titre Fig. 20
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, premier étage. Détail de l’appareil médiéval au sud de la fenêtre FE24. On remarque le trou de boulin TRB5 bouché (1)
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
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Titre Fig. 21
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, deuxième étage. Détail du départ de l’arcature de la baie BE22a, vue extérieure
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
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Titre Fig. 22
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, deuxième étage. Piédroit ouest de la fenêtre BE22. Détail des moulurations
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
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Titre Fig. 23
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, deuxième étage. Partie supérieure du piédroit ouest de la fenêtre BE22. Élévation et coupe
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
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Titre Fig. 24
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, deuxième étage. Partie supérieure du piédroit ouest de la fenêtre BE22. Vue détaillée de la saignée basse
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
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Titre Fig. 25
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, deuxième étage. Partie supérieure du piédroit ouest de la fenêtre BE22. Vue détaillée de l’orifice supérieur (A). Le sens des impacts du ciseau, parallèle au parement du tableau, indique que cette cavité est contemporaine de la construction de la baie
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
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Titre Fig. 26
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, deuxième étage. Vue extérieure détaillée du bouchage du trou de boulin TRB1
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
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Titre Fig. 27
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, deuxième étage. Vue extérieure détaillée de la pierre recevant la grande archivolte des fenêtres BE22 et BE23 et les arcs des baies BE22b et BE23a
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
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Titre Fig. 28
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Gouttereau sud MR5, deuxième étage. Fenêtre BE23. Vue extérieure détaillée de la partie haute de baie trilobée BE23a
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
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Titre Fig. 29
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Gouttereau sud MR5, deuxième étage. Fenêtre BE23. Vue extérieure détaillée de la mouluration de la baie BE23a
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
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Titre Fig. 30
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, troisième étage. Vue intérieure des arcs des baies BE23 (à gauche) et BE22 (à droite)
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
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Titre Fig. 31
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, troisième étage. Vue extérieure des départs d’arcs des baies BE22 (à gauche) et BE23 (à droite). Le deuxième rouleau de la première est interrompu par l’appareil du mur médiéval
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
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Titre Fig. 32
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, troisième étage. Fenêtre BAIE23. Vue extérieure détaillée du claveau du deuxième rouleau. En jaune le bloc taillé avant pose pour un claveau de moindre hauteur, non posé. En rouge, le bloc retaillé pour la pose du claveau actuel
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
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Titre Fig. 33
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, troisième étage. ARC1. Vue générale depuis l’extérieur
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
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Titre Fig. 34
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, troisième étage. ARC2. Vue générale depuis l’extérieur
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
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Titre Fig. 35
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Gouttereau sud MR5, troisième étage. Vue générale partielle de la corniche (de gauche à droite : modillons n° 3 à n° 12)
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
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Titre Fig. 36
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Gouttereau sud MR5, troisième étage. Corniche. Relevé des différents types de modillons
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
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Titre Fig. 37
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Gouttereau sud MR5, troisième étage. Corniche. Détail de la partie arrière de la dalle de corniche entre les modillons n° 6 (à gauche) et n° 7 (à droite). On note le positionnement inhabituel de la mouluration en tore, signe probable d’un remploi
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-37.jpg
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Titre Fig. 38
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, troisième étage. Corniche. Détail du modillon n° 4
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
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Titre Fig. 39
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, troisième étage. Corniche. Détail du modillon n° 12
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
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Titre Fig. 40
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, troisième étage. Corniche. Détail du modillon n° 15
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-40.jpg
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Titre Fig. 41
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau nord MR17. Vue générale des modillons n° 16 à 22 (de gauche à droite)
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2019
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Titre Fig. 42
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau nord MR17. Vue détaillée des modillons n° 18 à 20 (de gauche à droite)
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2019
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-42.jpg
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Titre Fig. 43
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau nord MR17. Vue détaillée des modillons n° 31 à 34 (de gauche à droite)
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2019
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-43.jpg
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Titre Fig. 44
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Pignon MR4, troisième étage. Vue détaillée des différentes couches d’enduits. 1. Décor peint médiéval US24. 2. Main/pied botté ? 3. Enduit d’époque moderne US25 (XVIIe siècle). 4. Enduit d’époque contemporaine (milieu XIXe-XXe siècle)
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-44.jpg
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Titre Fig. 45
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, combles. Vue détaillée des décors sur la panne médiévale en remploi dans l’actuelle toiture. Face latérale. On note l’échantignolle
Crédits © S. Bonnaud, INRAP, 2011
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-45.jpg
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Titre Fig. 46
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, combles. Vue détaillée des décors sur la panne médiévale en remploi dans l’actuelle toiture. Face inférieure
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-46.jpg
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Titre Fig. 47
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, état médiéval. Essai de restitution du rez-de-chaussée
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2019
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-47.jpg
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Titre Fig. 48
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, état médiéval. Essai de restitution du premier étage
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2019
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Titre Fig. 49
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, état médiéval. Essai de restitution de la façade sud MR5
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2019
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-49.jpg
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Titre Fig. 50
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, état médiéval. Coupe sur pignon MR4. Essai de restitution
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2019
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-50.jpg
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Titre Fig. 51
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, état médiéval. Coupe sur refend MR15. Essai de restitution
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2019
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-51.jpg
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Titre Fig. 52
Légende Narbonne (Aude), maison des Inquants, vue générale de la baie donnant sur la rue Hector Berlioz. Fin XIIIe-début XIVe siècle
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-52.jpg
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Titre Fig. 53
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 5 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5. Vue générale de la jonction entre les baies BE24 et BE25
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-53.jpg
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Titre Fig. 54
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 5 rue Benjamin Crémieux, refend MR15. Vue détaillée du linteau de la porte POR2, sous l’arc ARC4
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-54.jpg
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Titre Fig. 55
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 5 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5. Vue détaillée de l’arc à clé passante de la porte détruite POR5, au-dessus de l’arc de la porte actuelle POR4
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-55.jpg
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Titre Fig. 56
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 5 rue Benjamin Crémieux. Gouttereau sud MR5, parement extérieur. Premier étage. Vue détaillée du jour chanfreiné JOU2 bouché par l’US3
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-56.jpg
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Titre Fig. 57
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Gouttereau MR5, parement extérieur. Deuxième étage. Vue générale de la baie trilobée BE23a, condamnée par la terre de l’US2. On note les impacts de pic pour l’accroche d’un enduit
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-57.jpg
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Titre Fig. 58
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Gouttereau sud MR5, parement extérieur. Deuxième étage. Baie BE23a. Fragment de jatte découvert dans l’US2
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-58.jpg
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Titre Fig. 59
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Gouttereau sud MR5, parement extérieur. Troisième étage. Fenêtre FE21. On remarque sous l’appui le bouchage de la fenêtre d’origine
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-59.jpg
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Titre Fig. 60
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux, gouttereau sud MR5, parement extérieur. Troisième étage. Corniche, modillon n° 14. On remarque le calage a posteriori au-dessus de l’échelle photo, indiquant que les éléments périphériques ont été repositionnés après la mise en place de la fenêtre moderne FE20
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-60.jpg
Fichier image/jpeg, 94k
Titre Fig. 61
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Pignon est MR4, parement intérieur. Troisième étage. Vue générale des restes du décor peint US25
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-61.jpg
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Titre Fig. 62
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Pignon est MR4, parement intérieur. Combles. Vue détaillée du corbeau bilobé calant la panne médiévale décorée en remploi
Crédits © S. Bonnaud, INRAP, 2011
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-62.jpg
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Titre Fig. 63
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Pignon est MR4, pente sud. Vue extérieure de l’arase actuelle. On note à droite l’extrémité moulurée
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-63.jpg
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Titre Fig. 64
Légende Narbonne (Aude), maison consulaire du Bourg, état moderne (XVIIe siècle). Essai de restitution de la façade sud MR5
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2019
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-64.jpg
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Titre Fig. 65
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Combles, état actuel (XVIIe siècle). Arbalétrier reposant sur la poutre du troisième étage
Crédits © S. Bonnaud, INRAP, 2011
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-65.jpg
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Titre Fig. 66
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Gouttereau sud MR5, parement extérieur. Premier étage. Jour JOU1 d’époque moderne en remploi dans l’état 3a et bouché durant l’état 3b (époque contemporaine)
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
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Titre Fig. 67
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 7 rue Benjamin Crémieux. Mur pignon MR4, parement intérieur. Deuxième étage. Vue de la fissure ayant nécessité la pose de tirants dans la façade sud MR5 à l’époque contemporaine
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-67.jpg
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Titre Fig. 68
Légende Narbonne (Aude), maison du n° 3 rue Benjamin Crémieux, pignon ouest MR16. Vue de l’arase depuis le nord-ouest. On remarque les deux boulets en remploi décoratif
Crédits © F. Loppe, ALC Archéologie, 2015
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Titre Fig. 69
Légende Liste des prélèvements
Crédits © F. Guibal
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-69.jpg
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Titre Fig. 70
Légende Localisation des prélèvements, troisième étage et combles, 7 rue Benjamin Crémieux
Crédits © Fond de plan : cabinet Léonard Architecture DPLG ; Z.I. La Coupe – 44 avenue Paul Sabatier, 11100 Narbonne. DAO : S. Bonnaud, INRAP, 2011. Compléments : F. Loppe, ALC Archéologie, 2019
URL http://journals.openedition.org/pds/docannexe/image/10874/img-70.jpg
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Pour citer cet article

Référence électronique

Frédéric Loppe et Astrid Huser, « La maison consulaire du Bourg à Narbonne (Aude) : un édifice médiéval exceptionnel et son évolution (XIIIe-XVIIe-XIXe siècles) »Patrimoines du Sud [En ligne], 16 | 2022, mis en ligne le 01 septembre 2022, consulté le 06 novembre 2024. URL : http://journals.openedition.org/pds/10874 ; DOI : https://doi.org/10.4000/pds.10874

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Auteurs

Frédéric Loppe

Docteur en archéologie médiévale, association Amicale Laïque de Carcassonne ; chercheur associé laboratoire FRAMESPA, UMR 5136, Université Toulouse Jean Jaurès

Articles du même auteur

Astrid Huser

Chargée d’opération et de recherches, INRAP, chercheur associé laboratoire Archéologie des Sociétés Méditerranéennes, Lattes-Montpellier, UMR 5140

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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