Résumés
Il s’agit de proposer d’analyser le contraste entre la présentation des objets d’art de l’Antiquité classique grecque dans l’espace lumineux du musée, qui (dans l’idéal) aspire à leur visibilité maximale, et les contextes dont ces mêmes objets proviennent. Bien que l’on puisse aussi observer une recherche de visibilité maximale dans de nombreux contextes de l’Antiquité grecque – en particulier les places publiques et les sanctuaires peuplés par les statues érigées sous le « soleil de la Grèce » – d’autres contextes anciens, tout aussi essentiels pour la « présentation » et l’utilisation d’objets-images, se caractérisent par l’absence totale de lumière et de public (en particulier le dépôt dans la tombe), ou par une lumière fortement réduite, concédant ainsi une place importante à l’obscurité. L’idée traditionnelle d’une Grèce lumineuse qui s’opposerait à d’autres cultures anciennes prétendues « plus obscures » (l’Égypte ancienne, les Étrusques, Byzance) est donc à nuancer.
This essay analyzes the contrast between the way art objects of ancient Greece are now displayed in the brightly lit spaces of museums, which (ideally) aspire to make them as visible as possible, and the contexts these objects come from. Although an attempt to achieve maximum visibility can be observed in many contexts of ancient Greece – especially public squares and sanctuaries full of statues erected under the “Grecian sun” – other ancient contexts that are just as essential for the “presentation” and use of object-images were characterized by a total absence of light and visitors (in particular, placements in tombs), or featured dim lighting that gave darkness a prominent role. The traditional idea of a luminous Greece, as opposed to other supposedly “darker” cultures of antiquity (such as ancient Egypt, the Etruscans, and the Byzantines), merits a reexamination.
Der Artikel analysiert den Gegensatz zwischen der Präsentation von Kunstobjekten aus der klassischen griechischen Antike im hellen, (idealerweise) auf größtmögliche Sichtbarkeit angelegten Museumsraum, und den ursprünglichen Herkunftskontexten derselben Objekte. Obwohl auch in etlichen Präsentationszusammenhängen der griechischen Antike – insbesondere den öffentlichen Plätzen und den Heiligtümern voller Statuen unter „der Sonne Griechenlands“ – eine größtmögliche Sichtbarkeit erkennbar ist, zeichnen sich andere historische Zusammenhänge, die nicht minder wesentlich für die „Präsentation“ und die Verwendung von Bildobjekten sind, durch eine vollkommene Abwesenheit von Licht und Öffentlichkeit (speziell bei Grabbeigaben) oder einen stark zurückgenommenen Lichteinfall aus, wodurch Dunkelheit einen größeren Stellenwert erhält. Von daher muss die traditionelle Vorstellung eines lichtdurchfluteten Griechenlands als Gegensatz zu anderen, vermeintlich „dunkleren“ antiken Kulturen (wie dem alten Ägypten, den Etruskern oder Byzanz) entsprechend differenziert betrachtet werden.
L’articolo intende analizzare il contrasto tra le moderne modalità di presentazione degli oggetti d’arte dell’antichità classica greca nei luminosi spazi dei musei, che (idealmente) aspirano alla loro massima visibilità, e i contesti da cui questi stessi oggetti provengono. Sebbene la ricerca di una visibilità ottimale sia riscontrabile anche in molti contesti dell’antichità greca – in particolare le piazze pubbliche e i santuari popolati da statue erette sotto il “sole greco” – altri contesti antichi, altrettanto essenziali per la “presentazione” e la fruizione di oggetti-immagine, sono caratterizzati dalla totale assenza di luce e di pubblico (in particolare i contesti sepolcrali), o da un’illuminazione fortemente ridotta, accordando così un ruolo importante all’oscurità. L’idea tradizionale di una Grecia luminosa in contrapposizione ad altre culture antiche ritenute “più oscure” (Antico Egitto, Etruschi, Bisanzio) deve quindi essere rivista.
En el siguiente artículo se propone analizar el contraste entre la presentación de los objetos de arte de la Antigüedad clásica griega en el espacio iluminado de los museos, que (idealmente) aspira a maximizar la visibilidad, y los contextos de donde provienen estos objetos. Aunque se pueda también encontrar una búsqueda de máxima visibilidad en muchos contextos de la Antigüedad griega – en particular en los lugares públicos y los santuarios poblados de estatuas erigidas bajo el “sol griego” – en otros contextos antiguos, igual de esenciales para la “presentación” y la utilización de objetos-imágenes, las características son distintas: hay ausencia total de luz y de público (en particular el depósito de una tumba), o hay una luz fuertemente reducida, lo que concede un lugar importante a la oscuridad. La idea tradicional de una Grecia luminosa que se opondría a otras culturas antiguas que se reivindican como “más oscuras” (el Antiguo Egipto, los Etruscos, Bizancio) debe ser entonces matizada.
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Extrait du texte
Ce document sera publié en ligne en texte intégral en décembre 2023.
Plan
Donner à voir l’Antiquité : le projet archéologique comme cheminement de l’obscurité vers la lumière
Archéologie classique, Lumières et musées publics d’art antique
La présentation muséale : clarté de l’Antiquité classique versus obscurité des cultures « autres »
Nouvelles nuances dans l’antinomie : « ethnologisation » des Grecs, « contextualisme » dans l’archéologie
L’archéologie comme étude du dépôt intentionnel et du rebut d’objets
Voir les images grecques dans l’obscurité
Les images à l’intérieur des temples grecs
Les images dans l’obscurité des salles de banquet grecques
Voir l’art grec en milieu obscur : quelques hypothèses finales
Aperçu du texte
Donner à voir l’Antiquité : le projet archéologique comme cheminement de l’obscurité vers la lumière
La pratique archéologique de la fouille fait réapparaître à la lumière du jour des objets et des structures bâties enfouis dans la terre. Ce constat est tout aussi banal que fondamental, qu’il s’agisse de l’image publique de la discipline ou – peut-être plus encore – de celle qu’elle se fait d’elle-même. Sa validité va d’ailleurs bien au-delà de la seule fouille de terrain. En effet, « fouillant » les archives que constituent pour eux les collections d’artefacts en mains privées et dans les musées publics, pour rattacher des objets qui étaient « enfouis » aux typologies courantes de la discipline, les intégrer aux systèmes du savoir archéologique et, enfin, les publier, les archéologues participent à un vaste projet de mise en lumière d’objets jusqu’alors soustraits à la vue. De manière encore plus générale, toute entreprise d’illustration – par le dessin, par la photographie, par la ...
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Pour citer cet article
Référence papier
Nikolaus Dietrich, « Voir l’art de l’Antiquité classique. De l’obscurité des contextes originaux à la lumière du musée ? », Perspective, 1 | 2023, 129-150.
Référence électronique
Nikolaus Dietrich, « Voir l’art de l’Antiquité classique. De l’obscurité des contextes originaux à la lumière du musée ? », Perspective [En ligne], 1 | 2023, mis en ligne le 20 décembre 2023, consulté le 10 décembre 2023. URL : http://journals.openedition.org/perspective/29399
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Auteur
Après des études d’archéologie classique, de grec ancien et de philosophie, Nikolaus Dietrich a soutenu un doctorat sur la peinture des vases attiques des vie et ve siècles avant J.-C., en cotutelle entre Munich et Paris (2008). Il a été collaborateur scientifique du département d’archéologie classique de la Humboldt-Universität, à Berlin, avant d’être nommé professeur d’archéologie classique à l’université de Heidelberg en 2015. Il s’intéresse aux images grecques et romaines (peinture sur vases, sculpture, peinture murale) et aux questions de méthodologie de l’archéologie.
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