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Une histoire de la famille Poincaré (xviie-xxe siècles)

A History of the Poincaré Family (17th-20th Centuries)
Laurent Rollet
p. 73-116

Résumés

La famille Poincaré trouve ses racines en Lorraine, dans les départements de Meurthe-et-Moselle, de la Meuse et des Vosges. Arrancy-sur-Crusne, Bar-le-Duc, Landaville, Longuyon, Lunéville, Nancy, Neufchâteau, Remenoncourt, Xirocourt sont quelques-unes des communes ayant vu naître des ancêtres des deux Poincaré les plus connus, Henri et Raymond. Cet article propose une histoire de la famille d’Henri Poincaré sur le temps long et prend appui sur une vaste synthèse des informations généalogiques existantes. Dans un premier temps j’explore rapidement les origines anciennes du nom « Poincaré » et certaines branches indirectes de la famille ; j’analyse ensuite de manière plus fine les parcours des acteurs principaux de la branche directe, en particulier ceux du père, de l’oncle et du grand-père paternels d’Henri Poincaré. Je termine ce parcours en me focalisant rapidement sur les mariages et les descendants respectifs d’Henri Poincaré et de sa sœur Aline. Un tel essai est structuré autour d’une double ambition : d’une part, apporter une contribution à la biographie de Poincaré centrée sur la sphère privée ; d’autre part, caractériser finement le milieu social dans lequel Poincaré a pu évoluer au cours de sa vie.

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Texte intégral

1 Introduction : les Poincaré, une famille lorraine

  • 1 Les premiers travaux généalogiques sur la famille Poincaré semblent avoir été ceux d’Émile Hinzeli (...)

1La famille Poincaré trouve ses racines en Lorraine, dans les départements de Meurthe-et-Moselle, de la Meuse et des Vosges. Plusieurs travaux ont été consacrés à la reconstitution de la généalogie de la famille et de ses branches les plus proches ; parmi eux on compte un nombre non négligeable d’études publiées en Lorraine, essentiellement avant la seconde guerre mondiale1.

  • 2 Les généalogies consultées sont celles mises en ligne par de nombreuses familles sur des sites tel (...)

2L’exploration de ressources en ligne – qu’il s’agisse de sites de généalogie, de registres d’état-civil ou de dossiers de Légion d’honneur – offre aujourd’hui la possibilité de compléter ces données partielles. Dans cet article je propose une synthèse générale des informations généalogiques disponibles sur la famille Poincaré. Elle est volontairement centrée sur le patronyme « Poincaré » et laisse donc partiellement de côté les relations familiales étendues et les unions matrimoniales : elles sont certes intéressantes pour reconstituer le réseau social de Poincaré, particulièrement dans sa jeunesse, mais elles ouvrent des pistes biographiques qui ne peuvent être traitées dans un cadre aussi restreint. Ce travail s’appuie sur une exploitation minutieuse de sources imprimées – elles sont intégralement citées – et de ressources généalogiques en ligne : ces dernières sont très nombreuses, parfois incomplètes et souvent contradictoires. J’ai pris le parti de ne pas les citer en détail pour ne pas alourdir inutilement l’article avec des références en ligne forcément éphémères2; d’autant plus que dans bien des cas il s’est agi d’opérer de micro-corrections sur des branches indirectes de la famille Poincaré. Toutes ces ressources ont été utilisées pour alimenter une base de données généalogique personnelle au format Genealogical Data Communication (GEDCOM) ; elle a été enrichie à partir de sources provenant des Archives nationales (dossiers de carrière de la série F/17 « Instruction publique » et de la série F/14 « Travaux publics », dossiers de Légion d’honneur), du catalogue général de la Bibliothèque nationale, ou des bases de données d’autorité de noms comme le Virtual International Authority File (VIAF).

  • 3 Cet arbre reprend, complète et corrige les informations présentes dans [Bellivier 1956] et dans [M (...)

3Cet article suit en grande partie les ramifications de l’arbre généalogique simplifié de la famille Poincaré3 (Figure 1). Les homonymies très fréquentes d’une génération à l’autre – on compte par exemple trois Jean Joseph – rendent parfois difficile la différenciation des acteurs. Chaque partie propose donc des focus plus détaillés afin de préciser au mieux les identités des personnes et leur parcours, pour autant qu’on puisse les connaître. Comme on le verra, en fonction de l’avancée dans le temps, cet exercice généalogique se transformera en essai biographique. Ma contribution s’organise en cinq grandes parties. La première porte sur les racines anciennes du nom de famille Poincaré, dont l’orthographe n’a pas toujours été fixée. Dans la seconde partie, je me focalise essentiellement sur les ascendants anciens indirects partant de Jean Poincaré (1650-1696). Dans la troisième partie, plus longue, je me concentre sur la branche directe d’ascendants de Poincaré partant de Nicolas (1650-1721) et allant jusqu’à Jacques Nicolas Jules Poincaré (1794-1865), son grand-père paternel. Dans la quatrième partie, je reconstitue le réseau familial des parents d’Henri Poincaré. Je termine ce parcours en me focalisant rapidement sur les mariages et les descendants respectifs d’Henri Poincaré et de sa sœur Aline.

  • 4 Voir ainsi [Gray 2013] et [Verhulst 2012].

4Les enjeux d’un tel essai sont doubles. D’une part, au-delà de l’élaboration d’une synthèse généalogique la plus fine possible, il s’agit d’abord de caractériser l’environnement social et matériel dans lequel Poincaré a pu évoluer au cours de sa vie. Né dans un milieu privilégié disposant d’un fort capital social et symbolique – celui de la bourgeoisie intellectuelle de province – Poincaré a pu bénéficier de solides soutiens qui ont sans conteste accéléré ses débuts de carrière. D’autre part, cette contribution a pour ambition d’ouvrir des horizons biographiques qui ont été assez peu explorés jusqu’à présent, les biographies existantes sur le savant se focalisant essentiellement sur sa personnalité publique4, laissant dans l’ombre les aspects plus intimes de sa vie.

Figure 1 : Arbre généalogique simplifié de la famille Poincaré. En gras les liens d’ascendance directe

Figure 1 : Arbre généalogique simplifié de la famille Poincaré. En gras les liens d’ascendance directe

1.1 Les origines anciennes du nom « Poincaré »

  • 5 Cette variation de la graphie est d’ailleurs source de problèmes avec l’administration. On trouve (...)

5Les traces les plus anciennes du nom Poincaré semblent se situer dans le sud du duché de Lorraine sous des graphies diverses : Pointcarré, Poincarré, Poinquarré5. On trouve ainsi une mention d’un Guiot Poincarré, sergent d’arme, que Philippe II de Bourgogne (1342-1404) aurait établi en 1387 comme capitaine à Châtillon-sur-Seine, au nord de la ville de Dijon. Cet homme aurait eu au moins deux fils appelés Poingcarré et Poinquarrez. Cette trace a été interprétée comme le signe d’une origine bourguignonne de la famille [Croix 1935].

6Un autre document ancien mentionne en 1403, à l’université de Paris, un étudiant venu du diocèse de Langres et nommé Petri Pugniquadrati. La même année, un certain Jehan Poingcarré serait le secrétaire d’Ysabeau de Bavière (1371-1435) et de Jehan 1er de Bourgogne (1379-1419). En 1581, une personne nommée Demange Poincaré est citée comme habitante de Damblain, dans les Vosges. Quelques années plus tard, en 1594, on trouve mention d’un Nicolas Poincarret, curé à Brainville dans la Meurthe, non loin de Mars-la-Tour. Enfin en 1603 on trouve trace d’un Jehan Poincaret, greffier de la ville de Bourmont, un bourg situé en Haute-Marne à une vingtaine de kilomètres au sud de Neufchâteau [Mergnac 1994].

  • 6 Le village de Landaville est situé à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Neufchâteau. C’es (...)

7Quelles que soient ces similitudes, il semble impossible d’établir l’existence d’un quelconque lien familial direct entre toutes ces personnes et les familles d’Henri et de Raymond Poincaré. En revanche, le premier ancêtre réellement attesté est Jean Poincaré, né en 1630, sans doute dans les Vosges, et mort le 31 août 1692 à Neufchâteau. On sait peu de choses à son sujet si ce n’est son ancrage dans la commune de Landaville dont il semble avoir été le maire (mayeur6). Le nom de son épouse est inconnu, mais on dispose d’informations plus fiables sur une partie de sa descendance.

8Jean Poincaré a eu au moins deux descendants connus : Nicolas Poincaré (av. 1650-1721) et Jean Poincaré (1650-1696). Ses deux fils sont à l’origine des deux grandes branches de la famille Poincaré, l’une installée durablement à Landaville, et l’autre à Neufchâteau. Henri et Raymond Poincaré se rattachent à la branche de Nicolas Poincaré sur laquelle je reviendrai plus loin. Avant de la caractériser plus en détail je vais déjà rendre compte de la branche plus éloignée de Jean Poincaré installée à Landaville dans les Vosges.

2 La branche indirecte de Landaville : Jean Poincaré (1650-1696 ... 1702)

9On sait assez peu de choses sur cette branche indirecte d’ascendants d’Henri Poincaré si ce n’est qu’elle semble s’être surtout concentrée sur plusieurs générations à Landaville [Claude 1930]. Jean Poincaré est né à Landaville en 1650. On ne connaît rien de sa vie ou de sa condition sociale. Sa date de décès est par ailleurs indécise : il serait mort entre 1696 et 1702 à Neufchâteau. Il se marie avec Marie Thirion (1659-1724). De leur union naîtront au moins sept enfants, trois filles et quatre garçons.

10Marie Poincaré (1676-) épousera en 1696, à Landaville, Pierre Postel, maître chirurgien originaire de Ligny-en-Thiérache. Jeanne Claude Poincaré (1682-) épousera en 1702 un charpentier nommé Nicolas Jacob. Catherine Poincaré (1693-1721) épousera en 1717 Jean-Baptiste Déglise (av. 1697-1721) ; le couple vivra, semble-t-il, toute sa vie à Landaville.

11En ce qui concerne les quatre fils de Jean Poincaré les informations disponibles ne sont guère plus abondantes. Charles Poincaré (1683-) se mariera en 1723 avec Marie Le Chat (1705-), dite aussi Lachatte ou Chaton, originaire de Landaville. Ils auront quatre enfants, tous nés à Neufchâteau. Jean Baptiste Poincaré (1686-1729) épousera en 1722, à Landaville, Marguerite Claude ( ?-ap. 1728) ; ils auront deux enfants. De son troisième fils, Humbert Poincaré (1688-), on ne connaît que la date de naissance. Quant à Joseph Poincaré (1691-) il épousera Marie Thérèse Daide (1706-) en 1726 et ils auront quatre enfants.

12La figure ci-dessous synthétise ces informations. Henri et Raymond Poincaré ne sont pas directement issus de cette branche et nous n’irons pas plus loin dans l’exploration de ses ramifications.

Figure 2 : Arbre généalogique simplifié des Poincaré de Landaville, ascendants indirects d’Henri et de Raymond Poincaré

Figure 2 : Arbre généalogique simplifié des Poincaré de Landaville, ascendants indirects d’Henri et de Raymond Poincaré

Figure 3 : Les ascendants directs d’Henri et de Raymond Poincaré depuis le xviie siècle

Figure 3 : Les ascendants directs d’Henri et de Raymond Poincaré depuis le xviie siècle

2.1 La branche directe sur cinq générations : de Nicolas (1650-1721) à Jacques Nicolas Jules Poincaré (1794-1865)

13Si la branche de Landaville représentée par Jean Poincaré (1650-1696) n’est pas en lien direct avec les familles d’Henri et de Raymond Poincaré, il n’en est pas de même du côté de celle représentée par son frère Nicolas (av. 1650-1721). La figure 3 (p. fig3) permet de mettre en évidence la relation directe qui s’établit sur cinq générations ainsi que le point de bifurcation entre les familles des deux cousins.

2.1.1 La première génération : Nicolas Poincaré (av. 1650-1721)

14Nicolas Poincaré est né autour de 1650 à Landaville. Il meurt le 25 septembre 1721 à Neufchâteau. De sa trajectoire on ne connaît guère que sa profession : il aurait été marchand à Neufchâteau et aurait vécu près de la paroisse Saint-Christophe. Il aurait eu quinze enfants de ses deux mariages. En 1670 il épouse Claude Mengin (1634-1691) dont il a au moins deux enfants. L’un d’eux est Jean-Joseph Poincaré, né le 9 juin 1681 à Neufchâteau et décédé à Troyes le 19 septembre 1749. Il semble avoir été marchand, comme son père, et conseiller au bailliage de Neufchâteau. C’est de lui que descendent Henri et Raymond Poincaré et son cas sera analysé dans une prochaine section. L’autre fils connu de Nicolas Poincaré et Claude Mengin est François Gaspard Poincaré, né le 29 juillet 1683 à Neufchâteau et mort à Épinal le 5 octobre 1736. Il est à l’origine d’une longue lignée qui, bien que non reliée directement à Henri Poincaré, mérite qu’on s’y attarde (voir plus loin).

15Après la mort de son épouse, Nicolas Poincaré se remarie très vite avec une femme bien plus jeune que lui, Jeanne Biquet, née à Neufchâteau le 15 mai 1663 (on ne connaît pas la date de sa mort). Le nouveau couple aura probablement dix enfants, dont deux sont connus : Anne Catherine Poincaré, née à Neufchâteau le 30 avril 1693 et morte dans la même ville le 19 janvier 1721, sans descendance ; Joseph Hyacinthe Poincaré, né le 8 avril 1698 à Neufchâteau et mort le 23 mars 1766 à Allamps, dans la Meurthe. C’est un fondeur de cloches dont l’activité s’est déployée essentiellement dans le Poitou et le Limousin. Il réalisa deux cloches pour l’église abbatiale de Nouaillé dans la Vienne ainsi qu’une des cloches de la tour nord de la cathédrale de Poitiers. Il se mariera avec Jeanne Antoinette Lecomte (1705-1752) dont il aura au moins une fille, Marguerite, qui épousera Joseph Mariotte, union dont est issue une dynastie de fondeurs de cloches [Croix 1930]. On peut faire l’hypothèse que la famille d’Henri Poincaré conservait des contacts avec cette branche éloignée dans la mesure où deux lettres d’Henri Poincaré à ses parents en 1873 mentionnent une visite chez un certain Monsieur Lecomte, dont on peut supposer qu’il est un descendant de cette lignée.

16La figure 4 donne un aperçu simplifié de la descendance de Nicolas Poincaré. Avant de détailler la lignée directe représentée par Jean Joseph Poincaré (1681-1749), je donnerai un bref aperçu de la branche partant de François Gaspard Poincaré.

Figure 4 : Tableau de descendance simplifié de Nicolas Poincaré (av. 1650-1721)

Figure 4 : Tableau de descendance simplifié de Nicolas Poincaré (av. 1650-1721)

17François Gaspard Poincaré (1683-1736) épouse en 1706 Barbe Guérin, fille de Dominique Guérin, conseiller de la ville d’Épinal. Leurs trois premiers enfants naissant à Neufchâteau, puis le couple s’installe à Épinal et ouvre un commerce. Ils auront encore six enfants, parmi lesquels André (ou Aimé ?) Bernard Poincaré. Celui-ci deviendra avocat et s’inscrira au barreau de la cour souveraine de Nancy en 1735. Il aura 11 enfants, dont deux au moins ont laissé quelques traces car ils ont participé aux guerres révolutionnaires : Amé (ou Aimé) François Poincaré et Nicolas Sigisbert Poincaré (voir figure 5 ci-dessous).

Figure 5 : Tableau de descendance simplifié de François Gaspard Poincaré (1683-1736)

Figure 5 : Tableau de descendance simplifié de François Gaspard Poincaré (1683-1736)
  • 7 Pour plus de détails, voir son dossier de Légion d’honneur, Archives nationales, LH/2773/49 (dispo (...)

18Amé François Poincaré est né le 15 juillet 1739 à Nancy (voir figure 5). On sait qu’il a mené, au moins pendant un temps, une carrière militaire : il est ainsi capitaine à cheval, commandant de la garde nationale de la ville de Nancy en 1789-1790. On le retrouve par ailleurs en 1791 comme lieutenant-colonel du 4e bataillon de Meurthe et on sait qu’il participe à la défense de Thionville contre les Autrichiens en 1792. En juillet 1777, il épouse à Épinal Agnès Thérèse Charpillet (1754-1807) qui est la fille d’un lieutenant général de police de la ville. Le couple aura cinq enfants, parmi lesquels trois ont laissé quelques traces. Amé François Louis Nicolas (1778-1853) fera une carrière militaire. En 1800 il est brigadier des hussards à Neuberg ; il perd une jambe au combat et il devient commissaire des guerres à l’École royale militaire de Saint-Cyr. En 1816, il prête serment au Roi. Il meurt célibataire à Lunéville, sans descendance7.

19Catherine Charlotte Poincaré (1785-1864) voit le jour à Épinal. En 1807 elle épouse à Nancy François Léopold Liot (1775-1838) issu d’une famille industrielle œuvrant dans le domaine du textile. Celui-ci fait d’abord une carrière d’officier et participe à l’expédition de Saint-Domingue (1801-1803). Il démissionne et reprend la manufacture paternelle de draps fondée dans le couvent désaffecté de Ménil-lès-Lunéville. Il semble avoir été un des premiers à faire venir une machine à vapeur dans le département [Mergnac 1994]. Son entreprise fait faillite en 1832 et il devient alors président au conseil de direction des caisses d’épargne et membre du conseil d’arrondissement. Il meurt en 1838 à Lunéville.

20Enfin, Charles Alexandre (1787-1850) est né à Nancy. Il entre en 1807 à l’École spéciale militaire. Il est nommé en 1808 sous-lieutenant au 105e régiment d’infanterie et prend part aux opérations d’Espagne la même année. Il y perd l’usage de sa jambe droite. Pensionné il est nommé responsable du contrôle de l’entrepôt des tabacs de Lunéville. Il épouse en 1814 Marie Marguerite de Chuy d’Arminière, fille de François de Chuy d’Arminières, maire adjoint de Lunéville. Le couple n’aura pas de descendance.

  • 8 Il choisira la carrière des armes puis montera un petit commerce d’épicerie à Bourbonne-les-Bains (...)

21Nicolas Sigisbert Poincaré est le frère d’Amé François Poincaré. Lui aussi mène une carrière militaire, beaucoup plus longue et aussi plus tumultueuse. Né à Nancy il s’engage en 1768 dans le régiment d’Autichamps-Dragons. Il intègre l’année suivante la compagnie des gendarmes de Provence et ensuite la légion de Soubise. En 1774 il épouse Élisabeth Marguerite Thérèse Jacquet. Elle est la fille de Dominique Jacquet, avocat à la Cour, substitut du procureur général de la Chambre des comptes de Lorraine. À l’instigation de son beau-père, Nicolas Sigisbert Poincaré s’immatricule au barreau en 1775 et il finit par le remplacer à la Chambre des comptes en 1777. Deux enfants naissent de cette union : Dominique Sigisbert Poincaré (1777-ap. 1842)8 et Jeanne Marie Élisabeth Poincaré (1774-). Élisabeth Jacquet meurt en 1788 et Nicolas Sigisbert se remarie la même année avec Clotilde Guyon (1766-), mais ils semblent vivre séparément et n’ont pas d’enfants. Après la Révolution française, il se retrouve sans fortune, change de nom et se fait appeler « Pontcarré ». On le retrouve en Italie, à Turin, comme juge militaire au tribunal criminel. Il est plus tard commandant d’armes en Espagne, à Cividale, Castel Franco et Villarreal. Il divorce en 1794 et se marie à nouveau en 1809 avec Eugénie Tuppin, dont il a deux enfants, Adolphe (1810-) et Alexandre (1811-1816). Entreposeur des tabacs à Hernani en 1811, il meurt lors de la campagne de Russie en 1812.

2.1.2 La seconde génération : Jean Joseph Poincaré (1681-1749)

22Une fois ces branches indirectes évoquées il est possible de revenir vers celle qui est en ascendance directe avec les familles d’Henri et de Raymond Poincaré. Jean Joseph Poincaré (Figure 4) voit le jour à Neufchâteau le 9 juin 1681. Il s’établit dans la ville comme marchand, se marie avec Catherine Bourdot (1684-1742) et devient, à partir de 1724, conseiller de l’hôtel de ville. Il meurt à Troyes le 19 septembre 1749, laissant derrière lui une descendance d’au moins quinze enfants. On connaît quelques détails concernant les parcours de cinq d’entre eux (voir figure 6 ci-dessous).

Figure 6 : Arbre généalogique simplifié de Jean Joseph Poincaré (1681-1749)

Figure 6 : Arbre généalogique simplifié de Jean Joseph Poincaré (1681-1749)

23Jean Joseph Poincaré « le vieux » est, semble-t-il, son sixième fils. On sait de lui qu’il est, vers 1740, avocat à la cour exerçant au bailliage de Neufchâteau. Dans cette ville, il est successivement conseiller assesseur (1751) puis conseiller du roi et lieutenant particulier du bailliage royal (1752). Il se marie trois fois. Une première fois avec Françoise Collin ; une seconde fois en 1741 avec Marguerite Henry (1718-1754) ; une troisième fois en 1759 avec Marie Approne Cauchois. De ces deux derniers mariages, il a respectivement cinq et sept enfants. Deux de ses fils choisiront une carrière ecclésiastique : Jean-François Poincaré (1742-) sera diacre du diocèse de Toul ; Gaspard Joseph Poincaré (1762-1837) se formera quant à lui à la Sorbonne et deviendra Dom Poincaré de l’abbaye de Morimond en Haute-Marne : il y sera maître de théologie et de mathématiques. Avant la Révolution française il est démis de ses fonctions par le cardinal de Langres en raison de sa liberté de ton concernant les dogmes. Il choisira de prêter serment à la République et à la constitution civile du clergé en 1791, montera ensuite à Paris, devenant chapelain de l’Hôtel-Dieu durant deux ans. Inquiété par la Terreur il refuse d’abdiquer son sacerdoce et il est placé en prison puis contraint de se marier avec une de ses parentes. Devenu veuf en 1800 il échoue à être réintégré dans ses pouvoirs sacerdotaux et il termine sa vie comme professeur au collège de Bourmont [M.A. 1914-1919].

24Un autre fils de Jean Joseph Poincaré est Jean Joseph « le jeune » (1708-1789). Né le 30 janvier 1708 à Neufchâteau, il sera le curé du village voisin de Val-de-Circourt durant près de 50 ans. Il meurt dans ce village le 29 janvier 1789.

25Le parcours de vie de deux de leurs frères est connu. Il s’agit de Gaspard Poincaré (1709-1782) et de François Poincaré (1725-1807). Le premier s’établira comme marchand à Neufchâteau puis comme conseiller de la ville. Le second sera « clerc étudiant en philosophie » à l’abbaye de Chaumousey, dans les Vosges. Il sera ensuite vicaire à Saint-Boing puis curé de Domjevin (Meurthe-et-Moselle). Il meurt à Lunéville le 6 juin 1807.

2.1.3 Les troisième et quatrième générations : Jean Nicolas (1718-1789) et son fils Jean Nicolas Louis Poincaré (1770-1750)

26Jean-Nicolas Poincaré, treizième enfant de Jean-Joseph Poincaré est l’arrière-arrière-grand-père des pères d’Henri et de Raymond Poincaré. C’est avec sa descendance que l’on peut entrer dans la mémoire vive d’Henri Poincaré, dans la mesure où certains membres de son entourage se retrouvent évoqués dans sa correspondance [Rollet 2017] ou dans les chroniques de la famille [Boutroux 2012].

Figure 7 : Arbre généalogique simplifié de Jean Nicolas Louis Poincaré (1770-1850)

Figure 7 : Arbre généalogique simplifié de Jean Nicolas Louis Poincaré (1770-1850)

27Celui-ci naît à Neufchâteau le 27 décembre 1718. Il mène une vie de bourgeois avant d’épouser sur le tard, en 1770, Anne Thérèse Henry (1745-1775). Fille d’un receveur des droits des cuirs de la ville, elle a 28 ans de moins que lui. Le couple aura quatre enfants dont au moins deux décèderont en bas âge : Jean-Nicolas Louis (1770-1850), Sébastien Charles Poincaré (1771-1777), Marguerite-Sophie Poincaré (1773-) et Joseph Henri Poincaré (1775-1777).

28L’aîné de la famille, Jean Nicolas Louis, naît à Neufchâteau et y exerce la profession de marchand de bois jusqu’en 1830, année où il s’installe à Nancy. Il est marié à Hélène Vallet (1766-1838) – ou Valette – dont on ne sait rien... Cependant, lors de ses années d’études à Paris, entre 1873 et 1876, Henri Poincaré évoque à 42 reprises des visites chez une certaine Madame Vallet (ou Valette) [Rollet 2017]. S’agissait-il d’une descendante d’Hélène Vallet ? Difficile à affirmer, mais il se trouve par ailleurs que la sœur déjà mentionnée de Jean Nicolas Louis Poincaré, Marguerite-Sophie Poincaré, devait épouser Joseph Vallet, un pharmacien parisien fortuné, inventeur d’une pilule ferrugineuse dont l’efficacité est très souvent évoquée dans la littérature médicale des années 1830-1840.

29Jean Nicolas Louis et son épouse auront quatre enfants, un garçon et trois filles : Jacques Nicolas Jules Poincaré (1794-1865), sur lequel nous reviendrons, Hélène Marguerite Poincaré (1795-1796), morte en bas âge, Hélène Antoinette Poincaré (1799-1877) et Élisabeth Nicole Poincaré (1802-1881), dont on ne sait rien. Hélène Antoinette Poincaré a laissé quelques traces dans les chroniques familiales. La sœur d’Henri Poincaré, Aline Boutroux évoque dans ses souvenirs de jeunesse ses visites chez sa tante célibataire et peu argentée, qu’elle et son frère appellent la tante Minette [Boutroux 2012].

2.1.4 La cinquième génération : Jacques Nicolas Jules Poincaré (1794-1865)

  • 9 Arrière-petite-nièce de Mirabeau, Sybille Riquetti de Mirabeau (1849-1932) devint, par son mariage (...)

30Jacques Nicolas Jules Poincaré est le grand-père paternel d’Henri Poincaré. Il est né à Neufchâteau durant la Révolution française ; la ville a alors pour nom Mouzon-Meuse. Il fait des études de pharmacie à l’hôpital de Saint-Quentin, dans l’Aisne, à partir de 1813 et obtient son diplôme en 1817. En 1823 il épouse Catherine Rolin (1794-1880). Elle est née à Neufchâteau et est décrite par Aline Boutroux comme une femme simple, d’une très grande piété. Le couple tient pendant quelques années une pharmacie sur la place de la Carrière à Nancy avant d’installer leur officine dans une maison au coin de la Grand-Rue et de la rue de Guise (alors rue Saint-Pierre). Dans cette grande maison Jacques Nicolas Jules Poincaré vivra avec tous les siens ; ses vieux parents et ses deux sœurs non mariées. C’est là que naîtront ses trois enfants, une fille et deux fils (voir figure 10). Il exercera son métier pendant plus de 30 ans ; après avoir vendu son fonds de commerce au début des années 1860, il continuera à habiter dans la maison, dont il était devenu le propriétaire. Les parents d’Henri Poincaré vivront dans cette maison jusqu’en 1862. Ils s’installeront ensuite au 6, rue de Lafayette. Ils déménageront douze ans plus tard au 9, rue de Serre. Peu de traces demeurent de cette figure du grand-père pharmacien, si ce n’est une anecdote peu flatteuse racontée par Sybille Riquetti de Mirabeau, comtesse de Martel, plus connue sous son nom de plume « Gyp » (1849-1932). Dans ses Souvenirs d’une petite fille [Gyp 1927] elle raconte que Jacques Nicolas Jules Poincaré était appelé dans toute la ville « le satyre » en raison d’une affaire ancienne à laquelle il aurait été lié9. Cette anecdote est reprise en 1942 par le journaliste Percival Martin [1942].

31Le couple aura trois enfants, deux garçons et une fille : Jeanne Clémence (ou Clémentine ?) (1823-1902), Antonin Poincaré (1825-1911) et Émile Léon Poincaré (1828-1892), père d’Henri Poincaré.

  • 10 La photographie est postérieure à la mort de Poincaré car on y distingue la plaque commémorative ap (...)

Figure 8 : La pharmacie de Jean Nicolas Jules Poincaré en Grand-Rue, maison natale d’Henri Poincaré10

Figure 8 : La pharmacie de Jean Nicolas Jules Poincaré en Grand-Rue, maison natale d’Henri Poincaré10

Figure 9 : Les adresses successives des parents de Poincaré à Nancy, Grand-Rue (point noir), rue Lafayette (point gris) puis rue de Serre (point blanc)

Figure 9 : Les adresses successives des parents de Poincaré à Nancy, Grand-Rue (point noir), rue Lafayette (point gris) puis rue de Serre (point blanc)

Figure 10 : Arbre généalogique simplifié de Jacques Nicolas Jules Poincaré (1794-1865)

Figure 10 : Arbre généalogique simplifié de Jacques Nicolas Jules Poincaré (1794-1865)

32Clémence et Antonin Poincaré sont donc la tante et l’oncle d’Henri Poincaré. Clémence Poincaré passe toute sa vie à Nancy. Elle épouse en 1845 Théodore Auxence Magnien (1817-1892). Pharmacien de formation, il publiera avec Émile Léon Poincaré, le père de Poincaré, une « Note sur l’action toxique de la delphine » dans les Mémoires de l’Académie de Stanislas [Poincaré & Magnien 1866]. On trouve sa signature sur l’acte de naissance d’Henri Poincaré (avec celle d’Alphonse Hinzelin). Théodore Magnien semble avoir été très présent dans la vie locale : il sera maire de la petite commune d’Heillecourt de 1865 à 1876 et participera au Congrès des Américanistes de Nancy en 1875 [Logie & Riviale 2009]. Le neveu de Théodore Magnien, Alphonse, reprendra sa pharmacie. Clémence et Théodore Magnien auront quatre enfants dont deux mourront en bas âge. La sœur d’Henri Poincaré évoquera le souvenir de sa tante Clémence dans ses mémoires [Boutroux 2012] (voir figure 11).

Figure 11 : Tableau de descendance simplifié de Clémence Poincaré (1823-1902)

Figure 11 : Tableau de descendance simplifié de Clémence Poincaré (1823-1902)
  • 11 Sur sa carrière on consultera son dossier conservé aux Archives nationales, F/14/2301/2. Voir égal (...)

33Le premier frère aîné de Clémence est Nicolas Antonin Hélène (1825-1911), que la famille appelle Oncle Antoni. Né à Nancy le 13 février 1825, il entre à l’École polytechnique en 1845 et poursuit ensuite ses études à l’École des ponts et chaussées. À sa sortie, en 1850, il commence sa carrière d’ingénieur dans le Cantal, à Aurillac, avant d’être nommé l’année suivante dans le département de la Mayenne. Ce dernier poste s’apparente à un exil forcé en raison de son refus de prêter allégeance à l’Empire ; Antonin Poincaré est en effet profondément attaché aux idéaux républicains. En 1856 il obtient une résidence dans la Meuse en tant qu’attaché au service hydraulique : il jouera alors un rôle important dans les travaux de construction du chemin de fer de Lérouville en 1867 (section Lérouville-Verdun) et dans les travaux du canal de la Moselle à la Meuse et à la Saône (1869)11. Antonin Poincaré se marie en 1859 avec Marie Nanine Ficatier-Gillon (1838-1913), que Poincaré désigne comme la tante Marie dans ses lettres. Elle vient d’une famille qui s’est enrichie dans le commerce du bois à Neuilly-sur-Seine avant de s’installer à Bar-le-Duc. Elle est la petite-fille de Jean Landry Gillon (1788-1856), député de la Meuse de 1820 à 1830, et la nièce de Paulin Gillon (1793-1878), maire de Bar-le-Duc et député de la Meuse de 1848 à 1851 et de 1871 à 1876. De cette union naîtront Raymond (1860-1934), futur président de la République, et le physicien Lucien (1862-1920).

Figure 12 : Antonin et Nanine Poincaré (Cliché non daté : Oeberlander [D’Arsonville 1913])

Figure 12 : Antonin et Nanine Poincaré (Cliché non daté : Oeberlander [D’Arsonville 1913])

34En décembre 1879, Antonin Poincaré est nommé membre permanent de la commission chargée de procéder aux examens du second degré pour l’admission au grade de conducteur des Ponts et Chaussées. Il revient l’année suivante en résidence à Paris, où il prend en charge le contrôle de l’exploitation technique du réseau des chemins de fer de l’État. Il prend sa retraite en 1887 après avoir été pendant un an inspecteur général de l’hydraulique agricole pour le ministère de l’Agriculture. Il publiera quelques travaux dans les Annales des ponts et chaussées – notamment un « Rapport sur la mise en valeur des terrains communaux dans le département de la Meuse » [Poincaré 1862] et une « Étude sur l’annonce des crues et le service de correspondance » [Poincaré 1864] – ainsi que plusieurs brochures consacrées au drainage et à la météorologie. Personnalité influente dans le département de la Meuse, il sera très proche de certains élus locaux, en particulier du député et ministre Jules Develle, qui lancera la carrière de Raymond Poincaré. Il sera également très lié avec le chimiste Georges Clément Lemoine, le mathématicien Edmond Laguerre et le géologue Gabriel Auguste Daubrée, tous trois professeurs d’Henri Poincaré à l’École polytechnique et à l’École des mines. Il sera enfin et surtout un modèle pour son neveu au moment où celui-ci devra faire son choix entre l’École polytechnique et l’École normale supérieure [Boutroux 2012].

Figure 13 : Arbres généalogiques simplifiés de Raymond et de Lucien Poincaré

Figure 13 : Arbres généalogiques simplifiés de Raymond et de Lucien Poincaré
  • 12 Le couple n’aura pas d’enfants, mais certaines sources mentionnent que Lucien Poincaré aurait été (...)

35On ne retracera pas ici les parcours de vie et de carrière de Raymond et Lucien Poincaré. Celui de Raymond est particulièrement bien documenté étant donné l’importance de son rôle dans l’histoire politique française [Roth 2000]. Il se mariera avec Henriette Adeline Benucci (1858-1943). Celui de Lucien Poincaré a donné lieu à beaucoup moins de travaux, mais s’avère également brillant [Caplat 1986], [Collectif 1920], [Condette 2006]. Physicien formé à l’École normale supérieure il mène une carrière d’enseignant dans plusieurs lycées de province puis au lycée Louis-le-Grand. Il est nommé chargé de cours de physique à la Sorbonne en 1895. À partir de 1900, il s’oriente vers une carrière rectorale : il est nommé recteur de l’académie de Chambéry en 1900, puis directeur de l’Enseignement secondaire (1902), directeur de l’Enseignement supérieur (1910) et enfin vice-recteur de l’académie de Paris. Il épousera Andrée Georges-Lemaire (1869-1943)12. Les deux cousins seront très proches d’Henri Poincaré et de sa sœur dans leur enfance. Les chroniques familiales d’Aline Boutroux [2012] et la correspondance de jeunesse [Rollet 2017] témoignent de cette complicité entre eux. Cette proximité se perpétuera par la suite, mais les sources familiales n’en donnent que de rares indices.

2.2 Émile Léon (1828-1892) et Eugénie Poincaré (1830-1897)

36Émile Léon Poincaré (1828-1892) est le cadet d’une fratrie de trois enfants. Son père souhaitait le voir reprendre la pharmacie familiale, mais celui-ci était surtout désireux de se consacrer à la médecine. Contre l’avis de son père, et après avoir fait ses humanités au lycée de Nancy, il entre en 1848 à l’hôpital militaire d’instruction de Metz en tant que major de promotion. Il y passe deux années et il termine ensuite en deux ans ses études à la faculté de médecine de Paris, où il soutient en juillet 1852 une thèse intitulée De l’ophtalmie purulente des nouveau-nés [Poincaré 1852]. De retour à Nancy, il débute une carrière de médecin libéral tout en exerçant des fonctions médico-sociales (bureau de bienfaisance de la ville, service de vaccination) et d’enseignement. En 1853, il se marie avec Eugénie Launois (1830-1897). De cette union naîtront Henri en 1854 et Aline en 1856.

Figure 14 : La famille Poincaré en 1856 [Collection AHP]

Figure 14 : La famille Poincaré en 1856 [Collection AHP]
  • 13 Les sources sur la vie et l’œuvre d’Émile Léon Poincaré sont assez nombreuses. On consultera la no (...)

37En 1854, Léon Poincaré est nommé chef des travaux anatomiques à l’École préparatoire de médecine et de pharmacie de Nancy. En 1858, il devient professeur adjoint d’anatomie et physiologie, poste qu’il occupera jusqu’en 1872. À la suite de la guerre de 1870 et de l’annexion de l’Alsace-Moselle, l’université de Nancy bénéficie du transfèrement de la faculté de médecine de Strasbourg et Léon Poincaré se voit alors nommé professeur adjoint de physiologie. Il y terminera sa carrière comme professeur d’hygiène (nommé en 1879). Partagé entre son cabinet et ses activités d’enseignement, Léon Poincaré mènera également des travaux de recherche dans différents domaines : il publiera en effet un grand nombre d’articles, mémoires et ouvrages sur le diabète, le magnétisme animal ou la thyroïde. Son ouvrage majeur est probablement ses Leçons sur la physiologie normale et pathologique du système nerveux [Poincaré 1873]. À partir des années 1870, il oriente ses travaux vers l’hygiène, investissant tout autant les grands congrès nationaux et internationaux que la sphère locale : il sera ainsi membre du Conseil central d’hygiène de la Meurthe, il organisera un laboratoire d’étude de la toxicité de certains produits industriels et s’intéressera tout particulièrement à la médecine du travail, allant même jusqu’à organiser des visites d’usines pour ses étudiants. Dans son Traité d’hygiène industrielle [Poincaré 1886], il dressera par ailleurs un état exhaustif pour l’époque des risques encourus dans l’exercice de nombreuses professions. Émile Léon Poincaré sera aussi conseiller municipal, membre (1862), puis président (1876-1877) de l’Académie de Stanislas et membre-correspondant de l’Académie de médecine. Il décèdera en 1892 des suites d’une grave blessure à la tête causée par une chute lors d’une visite de l’Etna en Sicile13.

  • 14 Sur la carrière nancéienne d’Albin Haller, voir notamment [Bolmont & Birck 2016].

38Eugénie Launois, la mère d’Henri et d’Aline Poincaré est la fille d’un riche propriétaire terrien d’Arrancy dans la Meuse (aujourd’hui Arrancy-sur-Crusne). Elle est élevée dans la tradition monarchiste. Son père, Louis Eugène Launois (1807-1874), sourd depuis l’âge de trois ans, passe sa vie à administrer son domaine agricole. Il avait épousé en 1830 Anne Marie Euphrasie Marchal (1806-1881) et de leur union étaient nés deux filles et trois garçons. Née en 1832, Eugénie était l’aînée de la fratrie, suivie deux ans plus tard par Lucie Odile Justine Launois (1825-1895). Celle-ci devait épouser Charles Comon (1832-1927) qui fut à la fois médecin et maire de Longuyon. De leur union devaient naître Louis Comon (1854-1918) – un cousin très proche d’Henri Poincaré – et Lucie Comon (1861-1947). Celle-ci épousera le chimiste Albin Haller (1849-1927)14, fondateur de l’Institut chimique de Nancy et futur collègue de Poincaré à Paris à partir de 1900. Quant à Louis Comon, il épousera Marie Tonnelier (1856-1936), fille de Jean-Baptiste Tonnelier et d’Octavie Guntz (1831-). Le frère de celle-ci, Antoine Nicolas Guntz (1859-1935), fera une brillante carrière de professeur de chimie minérale à la faculté des sciences de Nancy [Fournier 2016].

Figure 15 : Albin Haller et Henri Poincaré vers 1904-1905 [Collection AHP]

Figure 15 : Albin Haller et Henri Poincaré vers 1904-1905 [Collection AHP]

Figure 16 : Arbre généalogique simplifié de la famille d’Eugénie Launois (1830-1897)

Figure 16 : Arbre généalogique simplifié de la famille d’Eugénie Launois (1830-1897)

39Le premier frère d’Eugénie Launois, Aimé Launois (1833-1835), meurt très jeune. Le second, Edmond Launois (1835-1899), exerce quelque temps les fonctions de clerc de notaire après l’obtention de son baccalauréat à Nancy ; d’un naturel oisif, il vivra toute sa vie, célibataire, aux côtés de ses parents, non sans avoir essayé, sans succès, d’exploiter une ferme voisine, la ferme de Sorel, avec son frère Adrien. Enfin, le troisième, Adrien Launois (1842-1917) épouse en 1874 Ernestine Barbe Marie Antoinette Thouvenin (1849-1894) et exercera les fonctions d’officier – engagé dans les combats puis prisonnier durant la guerre de 1870 – et de percepteur à Mars-la-Tour. De leur union naîtront trois filles et un fils, Georges Launois, qui deviendra inspecteur des Eaux et Forêts après ses études à l’École polytechnique (promotion 1903).

40Les parents d’Henri Poincaré ont coutume, dans les années 1850-1860, d’aller régulièrement à Arrancy pour y retrouver la famille Launois. C’est là une occasion rêvée pour se retrouver entre cousins : Henri, Aline, Raymond, Lucien et Louis (Comon) y organisent donc de grands jeux qui sont très bien décrits dans les mémoires de jeunesse de la sœur de Poincaré [Boutroux 2012]. Cette proximité se perpétuera par la suite sans doute entre Henri, Raymond et Lucien, mais elle évoluera manifestement vers la sphère professionnelle et on n’en possède guère d’indices. La complicité d’Henri avec sa sœur a laissé beaucoup plus de traces, mais elles sont essentiellement concentrées dans la correspondance de jeunesse [Rollet 2017].

2.3 Mariage et descendance d’Henri Poincaré et d’Aline Boutroux

2.3.1 Henri Poincaré et Louise Poulain d’Andecy

41Issu de la bourgeoisie intellectuelle nancéienne, Poincaré dispose d’un important réseau de relations familiales, sociales et politiques, au sein duquel on trouve quelques maires, ministres et députés – Auguste Bernard (1824-1883), Henri Varroy (1826-1883), Jules Develle (1845-1919) – ainsi que des personnalités pour le moins influentes telles que l’historien Alfred Rambaud (1842-1905), un ami très proche de la famille qui sera directeur du cabinet de Jules Ferry au ministère de l’Instruction publique à partir de 1879, ou le géologue Auguste Daubrée (1814-1896), un cousin de la famille, qui dirigera l’École des mines à partir de 1872 (et donc les études de Poincaré de 1875 à 1878). La lecture de la correspondance de jeunesse du mathématicien ou des souvenirs de sa sœur permet de reconstruire quelques branches de ce réseau de sociabilité et d’ouvrir des perspectives biographiques fécondes. Pourtant, ces sources ne nous apprennent quasiment rien sur son épouse Louise Poulain d’Andecy (1857-1934).

42Où et comment rencontre-t-il celle qui deviendra son épouse ? Comment sont-ils présentés ? Les familles Poincaré et d’Andecy se connaissent-elles de longue date ? S’agit-il d’un mariage d’intérêt ou d’un mariage d’amour ? On sait que dans la famille Poincaré la question des unions d’inclination divise et que la sœur du mathématicien devra quelque peu batailler avec ses proches pour parvenir à évincer les prétendants qui ne lui conviennent pas et épouser le philosophe Émile Boutroux dont elle est tombée éperdument amoureuse [Boutroux 2012, chap. XXVIII]. Mais s’agissant de Poincaré lui-même ces questions restent sans réponse.

43Jeanne Louise Marie Poulain d’Andecy naît à Paris (Passy) le 17 septembre 1859. Elle est la fille de Jean-Baptiste Henri Poulain d’Andecy, qui exerce alors la profession de banquier, et de Pauline Anaïs Louise Geoffroy Saint-Hilaire. Le berceau familial de son père se situe dans les Ardennes. Dans un premier temps, les membres de la famille portaient le nom de Poulain avant d’y accoler le nom du lieu-dit de la propriété familiale située à Andecy, sur la commune de Bouy, dans la Marne. Dans la famille Poulain d’Andecy, on trouve un député de Vitry-le-François ayant refusé de voter la mort de Louis XVI, Jean-Baptiste Célestin.

  • 15 Archives nationales, dossier d’Henri Poulain d’Andecy, F/1BI/170/23.

44Henri Poulain d’Andecy, le futur beau-père d’Henri Poincaré, voit le jour à Paris le 10 mars 1818. On ne dispose pas d’informations précises sur ses parents, si ce n’est qu’il aura deux sœurs nettement plus jeunes que lui et qu’à la mort de ses parents, au début des années 1850, il en aura la charge financière. Sa famille est sans nul doute très aisée. Elle possède une propriété et des terres dans la région d’Épernay dont la valeur patrimoniale est estimée à 600 000 francs en 1851. Sa condition sociale lui permettra de suivre, comme on le verra, un parcours de vie plutôt libre. Henri Poulain d’Andecy restera célibataire jusqu’à ses 33 ans15.

45Il épouse, le 8 novembre 1851, Pauline Anaïs Louise Geoffroy Saint-Hilaire (1831-1885). Treize années les séparent. Son épouse, née le 9 mars 1831 à Paris, est issue d’une prestigieuse famille de naturalistes. Son grand-père, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire (1772-1844) s’est rendu célèbre pour sa participation à l’expédition scientifique qui avait accompagné Bonaparte en Égypte en 1798. Il y a mené des études sur les poissons du Nil. À son retour en France, il est élu à l’Académie des sciences et mène ensuite une carrière scientifique marquée par des travaux anatomiques et tératologiques qui le conduisent à s’opposer à Georges Cuvier lors d’un débat retentissant [Appel 1987]. Gravement malade à partir de 1840, il cède sa chaire au Muséum d’histoire naturelle à son fils Isidore, né de son mariage avec une jeune fille issue d’une famille très influente Pauline Brière de Mondétour (1785-1876). Avant d’obtenir cette chaire, Isidore Geoffroy Saint-Hilaire (1805-1861), le beau-père d’Henri Poulain d’Andecy, avait mené des travaux en zoologie. Plus tard, il devait être nommé professeur à la faculté des sciences de Paris et fonder la Société nationale d’acclimatation de France au Jardin des plantes. Il avait épousé en 1830 Louise Blacque (1808-1855), la fille d’un banquier du Finistère. De leur union devaient naître trois enfants, dont la mère de Louise.

46Telles sont donc les origines familiales de la future épouse de Poincaré, descendante d’une famille de savants et de propriétaires terriens. Tout semble indiquer qu’elle passe toute son enfance dans les jardins du Muséum d’histoire naturelle, ses parents décidant d’habiter dans les logements de fonction aux côtés de sa grand-mère.

Figure 17 : Louise Poulain d’Andecy enfant [Fonds de M. et Mme Poincaré]

Figure 17 : Louise Poulain d’Andecy enfant [Fonds de M. et Mme Poincaré]
  • 16 Il obtiendra la Légion d’honneur en 1912 : Archives nationales, dossier de Légion d’honneur, LH/19 (...)

47Louise Poulain d’Andecy est la seule fille de la famille. Son frère aîné, Maurice (1853-19-), fera une carrière de chef de service au Crédit foncier, suivant les traces de son père16 ; son second frère aîné, Clément Louis Paul (1856-1932), embrassera également une carrière de banquier comme chef de service à la Banque de France ; son premier frère cadet, Stéphane (1859-1949) sera quant à lui viticulteur dans le Gard et le second, Albert Charles Émile (1863-1902), fera sa vie dans le Var, probablement à Hyères, où il décédera assez jeune.

Figure 18 : La descendance d’Henri Poincaré avec les ascendants des familles Poulain d’Andecy et Geoffroy Saint-Hilaire

Figure 18 : La descendance d’Henri Poincaré avec les ascendants des familles Poulain d’Andecy et Geoffroy Saint-Hilaire
  • 17 C’est ce que nous indique une lettre dans un dossier conservé aux Archives nationales, F/17/21538/ (...)

48En 1881, au moment du mariage de sa fille avec Henri Poincaré, Henri Poulain d’Andecy est administrateur du Crédit foncier. Cependant, son parcours de carrière a été bien plus riche et complexe. Appartenant à une famille de la haute magistrature de Paris, il a fait des études « solides et complètes17 » dans les collèges royaux de Saint-Louis et de Versailles où il s’est préparé à entrer à l’École polytechnique. Pour une raison inconnue, il ne se présente pas au concours et passe une licence de droit à Paris avant de s’inscrire au Barreau, où il ne semble guère exercer d’activité régulière. Ses goûts le portent en effet vers l’érudition, les études bibliographiques et la paléographie. Au début des années 1840, Poulain d’Andecy fréquente assidûment la bibliothèque de l’Arsenal, où il entretient des relations suivies avec son conservateur en chef, Charles Cayx (1793-1858), ainsi qu’avec son conservateur adjoint Pierre Varin (1802-1849). Sans qu’on puisse l’affirmer avec certitude – les sources parlent d’une relation d’élève à professeur – il a probablement suivi les enseignements de l’un ou l’autre d’entre eux. Ces activités bibliographiques, menées avec Varin à partir de 1844, lui apportent plus de satisfaction que la profession d’avocat et il songe alors à en faire son métier.

49Les trois journées révolutionnaires des 22, 23 et 24 février 1848 débouchent sur le renversement de la monarchie de Juillet et sur la proclamation de la République. De quelle manière Poulain d’Andecy prend-il part à ces événements ? Les sources ne l’indiquent pas, mais donnent à penser qu’il est un révolutionnaire actif. Ainsi, on le retrouve au printemps 1848 exerçant la fonction de sous-commissaire de l’arrondissement d’Ambert, dans le Puy-de-Dôme. La République veut bien sûr exercer un contrôle strict sur l’ensemble du territoire national et elle a entrepris de nommer des serviteurs fidèles pour administrer les régions et empêcher toute contre-révolution. Les autorités louent alors le goût de Poulain d’Andecy pour la conciliation, dans un contexte local difficile, et ses opinions « franchement et anciennement républicaines ». Il sera finalement nommé sous-préfet d’Ambert le 22 juillet 1848. Ses débuts dans la fonction semblent satisfaisants, tant pour lui que pour ses supérieurs. Cependant, le décès de son père en octobre 1848, change quelque peu sa situation. Il se retrouve de fait en position de chef de famille, chargé du devenir de deux sœurs mineures et obligé de veiller à son patrimoine qui est situé dans l’arrondissement d’Épernay. À partir de ce moment il demandera régulièrement à obtenir un poste dans un arrondissement géographique plus proche, sollicitant une fois de plus des soutiens familiaux et amicaux (Alexandre François Brière de Mondétour, Clément Brière de Valigny, etc.). Sans succès.

50Vers la fin du mois d’octobre 1849, Henri Poulain d’Andecy est nommé sous-préfet de l’arrondissement de Nantua dans l’Ain. Toujours éloigné de sa famille, il persiste dans ses demandes de rapprochement géographique. En 1850, il perd une de ses deux sœurs et il bénéficie d’une nouvelle recommandation du prince de Canino, descendant de Napoléon Bonaparte. Toujours sans succès. Il se marie à l’automne 1851 et, deux jours après le coup d’État de Louis Napoléon-Bonaparte, il démissionne de son poste de sous-préfet au nom de son engagement républicain. Sa carrière dans la haute administration d’État aura donc duré trois ans. Il poursuivra et terminera sa carrière dans le monde de la finance, devenant administrateur du Crédit foncier.

51Henri Poincaré et Louise Poulain d’Andecy auront trois filles et un garçon. Jeanne Poincaré (1887-1975) épousera Léon Daum (1887-1966) en 1913. Polytechnicien, ingénieur des Mines, héritier de la famille de cristalliers nancéiens, il mènera une brillante carrière d’administrateur industriel jusqu’à présider de 1952 à 1953 la Communauté européenne du charbon et de l’acier. Yvonne Poincaré (1889-1939) demeurera célibataire et vivra toute sa vie aux côtés de sa mère. Henriette Poincaré épousera en 1921 Edmond Burnier (1890-) ; le couple aura quatre enfants et divorcera à Annecy en 1955. Enfin, Léon Poincaré suivra les traces de son père à l’École polytechnique (promotion 1913), intégrera le corps du Génie et terminera sa carrière en tant qu’ingénieur général de l’Air. Il épousera en 1920 Emma Motte, dont il aura un enfant, François Poincaré (1920-2012).

2.3.2 Aline Poincaré et Émile Boutroux

52Aline Boutroux a laissé fort peu de traces et il n’existe pas de biographie à son sujet. Les descendants de la famille Poincaré n’ont pas conservé une mémoire très vive sur sa vie, si ce n’est qu’elle fut successivement la sœur, l’épouse et la mère de... La sœur d’Henri Poincaré, l’épouse du philosophe Émile Boutroux et la mère du mathématicien et philosophe Pierre Boutroux. L’enquête biographique dévoile d’ailleurs qu’elle semble avoir vécu une bonne partie de sa vie par procuration en tant qu’épouse d’un des philosophes français les plus influents avant la première guerre mondiale. Ses publications sont d’ailleurs parfois signées « Madame Émile Boutroux », comme le veut l’usage de l’époque. De manière fort significative, le journal de jeunesse qu’elle rédige à l’orée de la première guerre mondiale, Vingt ans de ma vie, simple vérité [Boutroux 2012] s’arrête au moment de sa rencontre avec son futur mari, qu’elle épousera le 9 octobre 1878. Cependant, de sa vie après cette date on ne connaît que des bribes que l’on ne peut reconstruire qu’à partir de rares sources, le plus souvent indirectes.

Figure 19 : Henri Poincaré, sa sœur Aline et le chien Tom vers 1860 [Collection AHP]

Figure 19 : Henri Poincaré, sa sœur Aline et le chien Tom vers 1860 [Collection AHP]

53On connaît les circonstances de la rencontre entre Aline Poincaré et Émile Boutroux. Dès la fin de ses études à l’École normale supérieure il avait fait un voyage d’études de plusieurs mois à Heidelberg durant lequel il avait pu suivre les cours d’Eduard Zeller et d’Hermann von Helmholtz, s’imprégnant ainsi du système universitaire allemand. Après des débuts de carrière dans différents lycées de province et la soutenance d’une thèse très remarquée sur La Contingence des lois de la nature [Boutroux 1874], il avait occupé différents postes de maître de conférences dans des villes universitaires avant d’être nommé à la faculté des lettres de Nancy à la rentrée 1874, en remplacement d’Amédée de Margerie. Il demeura à ce poste jusqu’à sa nomination à l’École normale supérieure en 1878. Sept ans plus tard, il était nommé à la Sorbonne, où il devait faire l’essentiel de sa carrière.

54Dans la bonne société nancéienne des années 1870 il était très courant d’assister aux leçons des professeurs de faculté, tout particulièrement à leur leçon inaugurale. La première leçon d’Émile Boutroux eut lieu le 4 décembre 1876 dans le grand amphithéâtre de la faculté des lettres, mais la mère d’Aline Poincaré avait jugé qu’elle n’était pas à la portée de sa fille. Cependant, par la suite, Boutroux devait devenir un familier de la famille de Poincaré et Aline racontera dans tous ses détails les affres de son amour grandissant pour lui [Boutroux 2012, chap. XXVII].

  • 18 Les deux hommes seront même candidats la même année (1908) à l’Académie française. Poincaré sera é (...)
  • 19 À partir de 1887, Poincaré habite au 63, rue Claude-Bernard à Paris. Pendant des années, sans dout (...)

55Avec sa sœur, Poincaré est un grand frère attentionné, qui se soucie de son éducation scientifique et de son bonheur ; il deviendra très vite un ami intime de son mari Émile Boutroux avant de tisser des relations intellectuelles continues avec lui : c’est ainsi Boutroux qui introduira Poincaré dans son cercle philosophique dans les années 1880 et qui l’associera à l’édition de La Monadologie de Leibniz [1880]. C’est encore lui qui recommandera le nom de son beau-frère en 1893 à Xavier Léon et Élie Halévy lorsque ceux-ci chercheront des plumes de renom susceptibles de collaborer à la Revue de métaphysique et de morale qu’ils sont alors en train de fonder [Simon-Nahum 1991]. Les traces d’échanges entre les deux hommes sont très nombreuses et témoignent de relations suivies entre les familles Boutroux et Poincaré18. Les deux familles vivent à Paris et se côtoient donc souvent19. Elles passent également une partie de leurs vacances d’été ensemble en Lorraine, à Longuyon et Remenoncourt, en compagnie des familles Haller et Comon.

Figure 20 : Remenoncourt 1908 : Henri Poincaré et Émile Boutroux sont côte à côte au premier plan à gauche. Aline Boutroux est au centre de la photographie au second plan [Collection AHP]

Figure 20 : Remenoncourt 1908 : Henri Poincaré et Émile Boutroux sont côte à côte au premier plan à gauche. Aline Boutroux est au centre de la photographie au second plan [Collection AHP]

56Au-delà de ces traces familiales, Aline Boutroux se distinguera par la traduction en français de plusieurs ouvrages américains relevant des sciences politiques, une activité manifestement liée aux responsabilités internationales de son mari. Figure importante de la vie universitaire et intellectuelle parisienne, Émile Boutroux est en effet également doté d’une forte stature internationale. À partir de 1909, Émile Boutroux fait de fréquents déplacements à l’étranger avec son épouse, notamment aux États-Unis, dans le cadre des premiers échanges entre la Sorbonne et les grandes universités américaines [Charle 1994]. En juin 1909, il est ainsi invité par l’université de Harvard pour donner plusieurs conférences de philosophie et un cours public. L’année suivante, en février, Émile Boutroux retourne à Harvard en tant qu’invité personnel du philosophe William James. En septembre 1913, enfin, il est invité à l’inauguration d’un nouveau collège universitaire à l’université de Princeton [Boutroux 1911].

  • 20 Dans l’ordre chronologique : Nicholas Murray Butler, Les Américains [1909] ; David Jayne Hill, L’É (...)
  • 21 Nicholas Murray Butler (1862-1947) était à la fois un philosophe, un diplomate et un pédagogue. Il (...)

57Les activités de traduction d’Aline Boutroux se nourriront sans nul doute de ces échanges universitaires transatlantiques. De 1909 à sa mort, elle traduira en effet en français quatre ouvrages consacrés aux États-Unis et aux relations internationales20. De manière significative, les auteurs de ces livres sont de très hauts responsables universitaires avec lesquels son mari avait noué des contacts lors de ses voyages aux États-Unis ou dans le cadre de ses activités de représentation pour la Fondation Thiers (qu’il présidera de 1902 à sa mort21). Deux de ces ouvrages seront d’ailleurs préfacés par son mari. Dans un tout autre style, le nom d’Aline Boutroux est également associé à un ouvrage d’Alice Chavannes, Poèmes et chants du foyer, pour lequel elle rédigera une préface, et qui ne sera publié que bien après sa mort, en 1923 [Chavannes 1923].

58Durant la première guerre mondiale, Aline Boutroux s’investira dans l’aide aux blessés de guerre et sera une actrice importante de la mobilisation des femmes. Son engagement semble lié à ses relations avec la famille du mathématicien Paul Appell. Ami et collègue d’Henri Poincaré, Appell avait épousé en 1881 une nièce des mathématiciens Joseph Bertrand et Charles Hermite, par ailleurs cousine du mathématicien Émile Picard. De cette union étaient nées trois filles, parmi lesquelles Marguerite Appell (1883-1869), qui épousa en 1901 le mathématicien Émile Borel (1871-1956). Femme de lettres reconnue (sous le pseudonyme de Camille Marbo), lauréate du prix Fémina en 1913 pour son livre La Statue voilée, elle tenait un salon scientifique et littéraire très important ; elle avait créé en 1906 avec son mari la Revue du mois qui exerça une profonde influence sur la communauté intellectuelle avant 1914 [Ehrhardt & Gispert 2018].

59Au début de la guerre, Paul Appell avait créé le Secours national, un organisme chargé d’apporter de l’aide aux militaires, à leurs femmes ainsi qu’aux populations civiles victimes de la guerre. Camille Marbo, quant à elle, était parvenue, avec l’appui de ses réseaux, à faire installer dans les locaux de l’École normale supérieure un hôpital auxiliaire et en avait été nommé directrice (Émile Borel était alors directeur adjoint de l’École). Durant la guerre, elle devait mobiliser de nombreux soutiens pour en assurer le fonctionnement, faisant notamment appel à la générosité des anciens normaliens. Cette mobilisation s’inscrivait dans un contexte où les femmes étaient appelées à remplacer les hommes partis au front. Dès le mois d’août 1914, le président du Conseil des ministres René Viviani avait ainsi lancé un « Appel aux Françaises » pour leur demander de « remplacer sur le champ du travail ceux qui sont sur le champ de guerre » [Viviani 1914]. Or, en 1916, à en croire les souvenirs de Camille Marbo [1968], les ministères se plaignaient du manque de compétences des rédactrices, copistes et dactylos appelées en remplacement des hommes et souhaitaient mettre en place un système de sélection et de tri. Aline Boutroux participa à cette entreprise.

  • 22 Marbo écrira ainsi dans ses souvenirs :

60L’idée de cette initiative semble avoir émergé au sein du ministère de la Guerre. En 1916, le mathématicien Paul Painlevé, qui est alors encore ministre de l’Instruction publique, fait part de cette idée à Camille Marbo de manière informelle. Celle-ci s’emparera de cette idée et fera jouer son réseau de relations. Elle demandera à Aline Boutroux d’accepter le titre de présidente d’un « Comité de dames » qui s’occupera de vérifier les aptitudes des enrôlées afin de les distribuer dans les services nationaux. L’association sera créée à la mi-décembre 1916 ; un « Appel aux Françaises » sera publié dans la presse en janvier 1917 et l’entreprise se poursuivra jusqu’à la fin de la guerre22.

61Outre cet engagement en faveur de la mobilisation des femmes, Aline Boutroux prendra également la direction d’un hôpital au sein de la Fondation Thiers (dirigée par son mari). Cette structure, HA 61, placée sous les auspices de la Croix rouge française, fonctionnera jusqu’à la fin de la guerre. Cet investissement lui vaudra la médaille d’argent de la Reconnaissance française. Comme Camille Marbo, Aline Boutroux passera une grande partie de la guerre à solliciter des soutiens financiers. Son hôpital sera ainsi le bénéficiaire du prix de 1 500 francs décerné à John Finley par l’Institut pour son ouvrage Les Français au cœur de l’Amérique (et dont elle avait assuré la traduction en français). Elle succombera à une attaque cardiaque le 31 octobre 1919, à l’âge de 63 ans.

Figure 21 : Photographie d’Aline Boutroux à l’Hôpital auxiliaire 61 de la Fondation Thiers, 1916 [Photographie Ernest Pierre Henri Miguel Machard] https://imagesdefense.gouv.fr/​fr/​hopital-auxiliaire-61-fondation-thiers-avenue-bugeaud-madame-boutroux-legende-d-origine.html, [SPA 13 C]

Figure 21 : Photographie d’Aline Boutroux à l’Hôpital auxiliaire 61 de la Fondation Thiers, 1916 [Photographie Ernest Pierre Henri Miguel Machard] https://imagesdefense.gouv.fr/​fr/​hopital-auxiliaire-61-fondation-thiers-avenue-bugeaud-madame-boutroux-legende-d-origine.html, [SPA 13 C]

© Pierre Machard/ECPAD/Défense

62Les traces laissées par Aline Boutroux sont donc bien maigres. Pour autant qu’on puisse en juger, sa vie fut largement rythmée par les activités professionnelles de son mari. Bien qu’issue d’un milieu très ouvert et cultivé, et malgré une volonté très nette d’émancipation, sa vie semble s’être déroulée, comme celle de bien des femmes de son époque, dans l’ombre de son mari, de sa famille et de son frère. De son union avec Émile Boutroux naîtront trois enfants, deux filles et un garçon : Suzanne (1879-1929), Pierre (1880-1922) et Louise Boutroux (1881-1973).

63Suzanne épousera le peintre, architecte et critique d’art Alfred Pichon (1877- 1918) et mènera une carrière de peintre paysagiste ; normalien et agrégé de lettres, Pichon avait eu la charge d’un cours de littérature française à Milan. Il avait été professeur dans différents lycées de province avant d’être nommé à Paris au lycée Janson-de-Sailly. Durant la guerre, il sera affecté dans les Services de santé en tant qu’officier d’administration et il mourra d’une maladie contractée en service le 9 août 1918.

Figure 22 : La descendance d’Aline Poincaré et d’Émile Boutroux

Figure 22 : La descendance d’Aline Poincaré et d’Émile Boutroux
  • 23 En réalité les familles Poincaré, Boutroux et Villey-Desmeserets se côtoyaient depuis assez longte (...)

64Louise Boutroux épousera quant à elle Pierre Villey-Desmeserets (1880-1933), éditeur des Essais de Montaigne. Devenu aveugle à quatre ans, Villey-Desmeserets avait néanmoins poursuivi de brillantes études à Paris. Normalien et agrégé de lettres classiques, il avait été pensionnaire de la Fondation Thiers, se retrouvant ainsi sous le patronage d’Émile Boutroux, son directeur23. Il fera une carrière universitaire à Clermont-Ferrand puis à Caen et il se dévouera toute sa vie pour la cause des malvoyants. Il mourra en 1933 dans un accident de train.

  • 24 Archives nationales, dossier de carrière de Pierre Boutroux, F/17/25714.
  • 25 Il participera également à l’ouvrage dédié à l’œuvre de son oncle : Henri Poincaré – l’œuvre scien (...)

65L’œuvre de Pierre Boutroux est peut-être plus connue aujourd’hui que celle de son père. Après des études de mathématiques à la Sorbonne, il soutient en 1903 une thèse Sur quelques propriétés des fonctions entières devant un jury présidé par Paul Appell. Il occupera plusieurs postes de maître de conférences dans des facultés des sciences de province, dont celle de Nancy en 1909-1910 [Nabonnand 2016]. Il est nommé en 1911 professeur de calcul différentiel et intégral à la faculté de Poitiers. En 1913-1914, il est mis à disposition du ministère des Affaires étrangères pour être envoyé à l’université de Princeton. Présent aux États-Unis au début de la guerre, il reviendra en France pour y être mobilisé en qualité d’interprète-stagiaire à l’État-major militaire24. Il ne passera que peu de temps au front et sera finalement réformé. Il demandera néanmoins à continuer son travail à l’État-major en tant que volontaire. Après la guerre, il retournera pour un an à Princeton avant d’être nommé en 1920 sur la chaire d’histoire des sciences au Collège de France. Auteur de plusieurs ouvrages d’histoire des sciences et d’épistémologie, ses livres les plus connus sont probablement Les Principes de l’analyse mathématique [1914] et L’Idéal scientifique des mathématiciens [1920], pour lequel il obtiendra le prix Saintour de l’Académie des sciences25. Il sera également un acteur essentiel de l’édition des Œuvres de Pascal. Il décèdera brutalement le 25 juin 1922, sans laisser de descendance.

Très proche de la famille Appell, il semble néanmoins avoir courtisé Marguerite Appell. Celle-ci écrit dans ses mémoires :

Je connaissais un « attachement romanesque » avec Pierre Boutroux, fils du philosophe Émile Boutroux, neveu des Poincaré, de cinq ou six ans plus âgé que moi.

Il était pâle et fin, d’apparence délicate, remarquablement sensible. Je causais sérieusement avec lui pendant les soirées dansantes ; il détestait la danse. Mes parents l’invitèrent avec ses sœurs ; j’allai dans sa famille. Plusieurs fois, le soir, dans ma chambre, au papier et aux rideaux semés de grosses roses bleues, je me demandai : « Est-ce que je l’aime d’amour ? »

Je le souhaitais, pensant qu’il était bon de devenir amoureuse, mais je n’éprouvais aucun élan passionné. Malgré mon incroyable ignorance, je sentais que, sur le plan physique, notre mariage serait un échec. [Marbo 1968, 60]

2.4 Conclusion : une famille dotée d’un solide capital social

66Cet article porte essentiellement sur la branche paternelle de la famille d’Henri Poincaré. Un rapide inventaire des professions de ses ancêtres marque incontestablement l’inscription de la famille dans la bourgeoisie provinciale sur plusieurs générations ; la famille Poincaré compte, depuis le xviie siècle, des représentants de professions socialement élevées : fondeurs de cloches, commerçants, militaires, avocats, ecclésiastiques, ingénieurs, pharmaciens, médecins, professeurs, rentiers-propriétaires, etc. Pour autant qu’on puisse en juger, l’arbre généalogique de la famille ne comprend pas de paysans ou d’ouvriers. Cette situation privilégiée dans l’échelle sociale semble d’ailleurs se renforcer à partir de la génération du grand-père de Poincaré. La famille Poincaré compte par ailleurs un nombre non négligeable de personnes dotées de charges administratives et politiques : conseiller au bailliage, conseiller du roi, conseiller municipal, etc., positions qui permettent de mobiliser des réseaux d’influence puissants.

67Ce texte ne traite que très peu des unions matrimoniales et ne reprend pas en détail toute l’ascendance de la famille de la mère de Poincaré, Eugénie Launois. Cependant, le tableau sociologique qui en découlerait s’avèrerait sensiblement semblable : la mère de Raymond et de Lucien Poincaré est issue d’une famille riche qui compte des députés ; la mère d’Henri et d’Aline Poincaré est issue d’une vieille famille de propriétaires terriens vivant de l’exploitation de leurs fermes ; Poincaré lui-même fait, comme on a pu le voir, un très bon mariage avec la fille d’un administrateur de banque, qui s’avère richement dotée.

  • 26 Ainsi, le faire-part de décès présenté en annexe donne à voir l’étendue des relations familiales d (...)

68L’exploration du parcours de vie et de carrière de Poincaré montre à quel point cette position sociale privilégiée a pu lui servir de relais à certains moments, par exemple pour obtenir son premier poste d’ingénieur en 1879 ou pour obtenir une maîtrise de conférences à la faculté des sciences de Paris en 1881. Ceci plaide en faveur de l’exploitation de sa correspondance privée et de sources administratives pour étudier l’ancrage social du savant ; de ce point de vue, les contrats de mariage, les testaments, les dossiers de liquidation de retraite ou encore les inventaires après décès constituent des sources précieuses si on veut rendre compte des conditions matérielles dans lesquelles son œuvre a pu se déployer26.

69Sur le temps long le parcours de la famille Poincaré est d’abord celui d’une circulation d’un univers provincial vers un autre. Le passage de Neufchâteau vers Nancy représente une transition majeure en termes de capital symbolique, culturel et social. Il apparaît d’ailleurs que le déplacement de la famille Poincaré vers Nancy à la fin des années 1820 s’accompagne d’une promotion sociale et culturelle : marchand de bois à Neufchâteau, l’arrière-grand-père de Poincaré s’installe à Nancy et offre à son fils la perspective du métier de pharmacien (voir la section 2.1.4) ; la génération suivante passe de la profession de pharmacien à celle de médecin libéral et d’universitaire.

  • 27 Poincaré passe le concours de cette école en 1872 et y est reçu deuxième.

70Vue de Neufchâteau, Nancy représente une capitale régionale qui offre de bien meilleures perspectives d’ascension sociale. Mais, Nancy s’inscrit également dans le périmètre de Paris, surtout à partir de la création de la première liaison ferroviaire au début des années 1850. Poincaré naît et grandit dans une ville qui dispose de relais symboliques et culturels consistants : une académie locale, l’Académie de Stanislas, dont son père est un membre influent ; un lycée doté de classes préparant aux concours des grandes écoles parisiennes ; un système d’enseignement supérieur qui comprend une faculté des lettres, une faculté des sciences, une faculté de droit et, à partir de 1872, une faculté de médecine ; une École forestière prestigieuse27.

71Jusqu’à son départ vers l’École polytechnique en 1873, le parcours de formation de Poincaré se déploie ainsi dans un environnement savant au sein duquel sa famille compte de nombreux amis et connaissances [Boutroux 2012], [Rollet 2017] ; à cela s’ajoutent différents lieux de pouvoir et d’action politiques qui constituent autant d’espaces de sociabilité et de notabilité : son père est ainsi membre du conseil municipal ou de comités de bienfaisance et de promotion de l’hygiène.

  • 28 Poincaré parle de la petite « ville de X » sans plus de précisions. Ce roman est pour l’instant in (...)

72Au terme de ce parcours généalogique et biographique il peut être intéressant de poser la question du poids du déterminisme social sur la vie et l’œuvre de Poincaré. Je n’évoquerai ici que trois pistes. D’une part, on peut sans doute voir dans le républicanisme modéré que Poincaré afficha toute sa vie, y compris durant l’Affaire Dreyfus [Rollet 1997], une connexion avec un ancrage familial (son père et son oncle Antonin affichaient, semble-t-il, des convictions similaires). D’autre part, la présence de plusieurs ancêtres militaires, tous officiers, pourrait expliquer le choix de Poincaré de se tourner vers l’École polytechnique plutôt que vers l’École normale supérieure ; de ce point de vue l’influence de son oncle Antonin, ingénieur des Ponts et Chaussées, est bien documentée [Boutroux 2012] ; il est d’ailleurs frappant de constater à quel point l’imaginaire militaire transparaît dans son écriture par le biais de l’usage de métaphores et d’analogies. Enfin, pour rester dans l’imaginaire poincaréien, il n’est sans doute pas inutile de mentionner que, lorsqu’il était ingénieur des Mines à Vesoul en 1879, il s’essaya à l’écriture d’un roman dont l’action se situait dans une petite ville de province non identifiée28 ; or, une grande partie de l’intrigue tourne autour de l’idée d’une province conçue comme un espace de relégation sociale et culturelle. Poincaré avait-il en tête Neufchâteau, Vesoul ou Nancy ? Impossible de le savoir. En revanche, on peut être sûr que ses aspirations sociales et professionnelles étaient alors dirigées vers Paris.

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Annexe

Annexe : faire-part de décès d’Henri Poincaré, juillet 1912 (Archives Henri-Poincaré)

Madame Henri Poincaré,

Mesdemoiselles Jeanne, Yvonne et Henriette Poincaré, Monsieur Léon Poincaré ;

Monsieur Émile Boutroux de l’Institut, Directeur de la Fondation Thiers, Officier de la Légion d’Honneur et Madame Émile Boutroux ; Monsieur Paul d’Andecy, Chef du Service des Ordres de Bourse à la Banque de France et Madame Paul d’Andecy, Monsieur Maurice d’Andecy, Chef de Division au Crédit Foncier de France, Chevalier de la Légion d’Honneur et Madame Maurice d’Andecy, Monsieur et Madame Stéphane d’Andecy.

Monsieur Alfred Pichon, Professeur au Lycée de Chartres et Madame Alfred Pichon ; Monsieur Pierre Boutroux, Professeur à la Faculté des sciences de Poitiers ; Monsieur Pierre Villey, Professeur Adjoint à la Faculté des Lettres de Caen et Madame Pierre Villey ; Messieurs Robert et Raymond d’Andecy, Ingénieurs agricoles, Mesdemoiselles Élisabeth Éliane, Edmée, Edwige et Édith d’Andecy ; Messieurs Stéphane et Albert d’Andecy ; Mesdemoiselles Louise, Jeanne et Laure d’Andecy.

Monsieur Daniel Villey ;

Madame Antoni Poincaré, Madame Charles Comon, Monsieur Adrien Launois, Ancien Percepteur, Monsieur Albert Geoffroy-Saint-Hilaire.

Monsieur Raymond Poincaré de l’Académie Française, Président du Conseil, Ministre des Affaires Étrangères et Madame Raymond Poincaré ; Monsieur Lucien Poincaré, Directeur de l’Enseignement Secondaire, Officier de la Légion d’Honneur et Madame Lucien Poincaré ; Madame Frébillot, le colonel Lombard, Monsieur Louis Comon, Inspecteur Général de l’Agriculture, Chevalier de la Légion d’Honneur et Madame Louis Comon ; Monsieur Albin Haller de l’Institut, Professeur à la Faculté des Sciences, Commandeur de la Légion d’Honneur et Madame Albin Haller, Monsieur René Jacques, Secrétaire Adjoint de la Caisse Départementale des Incendiés de la Meuse et Madame René Jacques ; le Capitaine Fondeur, chevalier de la Légion d’Honneur et Madame Jean Fondeur ; le Docteur et Madame Antonin Gousset ; Monsieur Georges Launois, Garde Général des Eaux et Forêts, Madame André d’Audeville ; Monsieur et Madame Étienne Geoffroy-Saint-Hilaire ; Monsieur Henry Geoffroy-Saint-Hilaire, Inspecteur de l’Élevage en Tunisie et Madame Henry Geoffroy-Saint-Hilaire ; Monsieur et Madame Auguste Rémondet ;

Monsieur Maurice Mougenot, Avocat, Madame Maurice Mougenot et leurs enfants ; Monsieur Jean Frébillot, Enseigne de Vaisseau, Madame Jean Frébillot et leurs filles ; Mademoiselle Paule Lombard, Mademoiselle Marguerite Comon, Monsieur Pierre Comon, ingénieur agricole, Messieurs Marcel et Jean Comon, Mesdemoiselles Madeleine et Geneviève Haller, Monsieur Georges Haller, Mesdemoiselles Hélène Anne, Geneviève, Élisabeth et Charlotte Jacques ; Messieurs Pierre et Michel Fondeur, Mademoiselle Andrée Fondeur, Mademoiselle Madeleine Gousset, Monsieur Henri Gousset, Monsieur Pierre d’Audeville, Mesdemoiselles Lucienne et Férida Geoffroy-Saint-Hilaire, Monsieur Gérard Geoffroy-Saint-Hilaire ; Mesdemoiselles Marthe, Marguerite et Anne-Marie Rémondet ;

Et toute la famille,

Ont l’honneur de vous faire part de la perte douloureuse qu’ils viennent d’éprouver en la personne de

Monsieur Jules Henri Poincaré

Membre de l’Académie Française

Inspecteur Général des Mines

Professeur à la Faculté des Sciences

Professeur Honoraire à l’École Polytechnique

Membre du Conseil de l’Observatoire de Paris et du Conseil des Observatoires de Province, etc.

Membre Associé Lorrain de l’Académie de Stanislas à Nancy

Membre Étranger de la Société Royale de Londres, de l’Académie dei Lincei, des Académies de Stockholm, Copenhague, Budapest Lincei, Göttingue, Upsal, Bucarest, etc.

Membre Honoraire Étranger des Académies de Vienne, Édimbourg, Dublin, etc.

Membre Associé des Académies de Bruxelles, Washington, etc.

Membre Correspondant des Académies de Berlin, St Petersbourg, Amsterdam, Munich, etc.

Commandeur de la Légion d’Honneur

Officier de l’Instruction Publique

Commandeur de 1re Classe de l’Étoile Polaire de Suède.

leur époux, père, frère, beau-frère, oncle, grand-oncle, neveu, cousin germain et cousin, décédé à Paris le 17 juillet 1912, à l’âge de 58 ans, muni des Sacrements de l’Église.

Priez pour Lui !

Paris, 63, rue Claude-Bernard.

Administration Spéciale des Funérailles, 70, rue des Saint-Pères, Monsieur Hervé de Borniol.

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Notes

1 Les premiers travaux généalogiques sur la famille Poincaré semblent avoir été ceux d’Émile Hinzelin, un ami proche de la famille Poincaré : « La famille Poincaré et la Lorraine » [Hinzelin 1913] et « La maison des Poincaré à Neufchâteau » [Hinzelin 1929]. Plusieurs études ont également été publiées dans Le Pays lorrain. Voir ainsi « Les Poincaré de Landaville et de Neufchâteau » [Claude 1930] ; « Sur quelques documents sur un fondeur de cloches ambulant : Joseph Hyacinthe Poincaré de Neufchâteau » [Croix 1930] ; « La famille Poincaré est-elle d’origine bourguignonne ? » [Croix 1935]. On mentionnera également « La famille Poincaré » [Mergnac 1994].

2 Les généalogies consultées sont celles mises en ligne par de nombreuses familles sur des sites tels que https://www.geneastar.org, https://www.geneanet.org ou https://www.ancestry.fr

3 Cet arbre reprend, complète et corrige les informations présentes dans [Bellivier 1956] et dans [Mergnac 1994].

4 Voir ainsi [Gray 2013] et [Verhulst 2012].

5 Cette variation de la graphie est d’ailleurs source de problèmes avec l’administration. On trouve ainsi à plusieurs reprises mention de variations – essentiellement liées au redoublement du r – débouchant sur des quiproquos allant jusqu’à la rédaction de procès-verbaux d’individualité ; c’est par exemple le cas pour Amé François Louis Poincaré dont le dossier de Légion d’honneur est un temps considéré comme fautif en raison d’une erreur sur son nom (Poincarré). Voir son dossier de Légion d’honneur, Archives nationales, LH/2773/49 (disponible en ligne sur la base de données Léonore).

6 Le village de Landaville est situé à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Neufchâteau. C’est aujourd’hui un village de 300 habitants environ, mais il a pu compter beaucoup plus de résidents à des époques plus anciennes : plus de 700 en 1830, plus de 560 en 1793.

7 Pour plus de détails, voir son dossier de Légion d’honneur, Archives nationales, LH/2773/49 (disponible en ligne sur la base de données Léonore).

8 Il choisira la carrière des armes puis montera un petit commerce d’épicerie à Bourbonne-les-Bains en Haute-Marne. En 1805 il est commis aux Grands Moulins de Lunéville puis, en 1807, commis à cheval en résidence à Haroué.

9 Arrière-petite-nièce de Mirabeau, Sybille Riquetti de Mirabeau (1849-1932) devint, par son mariage avec Roger de Martel de Janville en 1867, comtesse de Martel. Sa mère, Marie Le Harivel de Gonneville (1827-1907), comtesse de Mirabeau, avait épousé le dernier comte de Mirabeau, Joseph-Arundel de Riquetti, mais le couple s’était séparé à la naissance de leur fille, et elle s’était ensuite installée dans son immeuble familial nancéien, place Carrière. Après la mort de son père en 1860, elle s’éloigna de sa mère et prit pour nom de plume le pseudonyme de Gyp ; elle se fit connaître des milieux littéraires par ses romans et, surtout, par son salon, qui fut un lieu très couru de la vie parisienne. Boulangiste, antidreyfusarde, et nationaliste, son nom est associé à un antisémitisme militant, qui lui valut de nombreux procès. Pour plus de détails sur son parcours, voir [Joly 2005].

10 La photographie est postérieure à la mort de Poincaré car on y distingue la plaque commémorative apposée après sa mort. [Collectif 1955]

11 Sur sa carrière on consultera son dossier conservé aux Archives nationales, F/14/2301/2. Voir également son dossier de Légion d’honneur, Archives nationales, LH/2773/52 (disponible en ligne sur la base de données Léonore).

12 Le couple n’aura pas d’enfants, mais certaines sources mentionnent que Lucien Poincaré aurait été le père « nourricier » (adoptif) de Lucie Kuss (1860-1925), normalienne (Sèvres), agrégée de physique et directrice du lycée Fénelon. Il est difficile d’étayer cette information, mais il s’avère que Lucie Kuss demandera en 1919 que ce soit Lucien Poincaré qui lui remette la Légion d’honneur. Voir son dossier de Légion d’honneur, Archives nationales, LH/ 19800035/0268/35823 (disponible en ligne sur la base de données Léonore).

13 Les sources sur la vie et l’œuvre d’Émile Léon Poincaré sont assez nombreuses. On consultera la notice nécrologique d’Hippolyte Bernheim [1892] ainsi que les textes d’Éric Salf [2000] ou de Jean-Sébastien Joly et J.-P. Grillat [2001]. Par ailleurs, deux thèses de doctorat de médecine lui ont été consacrées : Rémy Drouelle, Léon Poincaré (1828-1892), sa vie, son œuvre en hygiène industrielle et en médecine du travail [1986] et Jean-Sébastien Joly, Léon Poincaré (1828-1892), un nom célèbre, une œuvre oubliée [2000].

14 Sur la carrière nancéienne d’Albin Haller, voir notamment [Bolmont & Birck 2016].

15 Archives nationales, dossier d’Henri Poulain d’Andecy, F/1BI/170/23.

16 Il obtiendra la Légion d’honneur en 1912 : Archives nationales, dossier de Légion d’honneur, LH/19800035/207/27168 (disponible en ligne sur la base de données Léonore).

17 C’est ce que nous indique une lettre dans un dossier conservé aux Archives nationales, F/17/21538/a.

18 Les deux hommes seront même candidats la même année (1908) à l’Académie française. Poincaré sera élu au fauteuil du poète Armand Sully-Prudhomme. Émile Boutroux n’accèdera à l’Académie qu’en 1912, au fauteuil d’Hippolyte Langlois. Pour plus de détails sur les relations intellectuelles et privées entre Henri Poincaré et Émile Boutroux, voir surtout [Nye 1979].

19 À partir de 1887, Poincaré habite au 63, rue Claude-Bernard à Paris. Pendant des années, sans doute jusqu’en 1902 (année de la nomination d’Émile Boutroux à la direction de la Fondation Thiers), sa sœur et son mari seront ses voisins au 67, rue Claude-Bernard.

20 Dans l’ordre chronologique : Nicholas Murray Butler, Les Américains [1909] ; David Jayne Hill, L’État moderne et l’organisation internationale [1912] ; John Huston Finley, Les Français au cœur de l’Amérique [1916] ; David Jayne Hill, La Crise de la démocratie aux États-Unis [1918].

21 Nicholas Murray Butler (1862-1947) était à la fois un philosophe, un diplomate et un pédagogue. Il fut pendant 43 ans (1902-1945) président de l’université de Columbia et devait obtenir le prix Nobel de la paix en 1931. David Jayne Hill (1850-1932) fut à la fois diplomate et historien. Francophile, il avait passé plusieurs années en France pour y étudier le droit international et la diplomatie ; il avait été président de l’université de Rochester (État de New York) et avait été notamment ambassadeur des États-Unis en Suisse, aux Pays-Bas et en Allemagne. Il fut par ailleurs membre du tribunal international de La Hague. John Huston Finley (1863-1940) avait été professeur de sciences politiques à l’université de Princeton avant de devenir président de l’université de New York (1903-1913), puis recteur de l’État de New York ; il avait passé plusieurs mois à la Sorbonne en tant que professeur invité.

22 Marbo écrira ainsi dans ses souvenirs :

« Forte du nom de Mme Boutroux, de l’approbation du président Poincaré, de celle du ministère, de l’appui de Mgr Amette, bien disposé depuis la création du Secours national, j’ai tôt fait de grouper un Comité directeur féminin. Mgr Amette m’envoie trois dames, bien pensantes, d’extrême droite. En plus, j’ai trois bourgeoises centristes, trois femmes de gauche, trois d’extrême gauche. Des catholiques, des protestantes, des libres penseuses, des juives. » [Marbo 1968, 168]

23 En réalité les familles Poincaré, Boutroux et Villey-Desmeserets se côtoyaient depuis assez longtemps (sans doute depuis les années 1870).

24 Archives nationales, dossier de carrière de Pierre Boutroux, F/17/25714.

25 Il participera également à l’ouvrage dédié à l’œuvre de son oncle : Henri Poincaré – l’œuvre scientifique, l’œuvre philosophique [1914].

26 Ainsi, le faire-part de décès présenté en annexe donne à voir l’étendue des relations familiales de Poincaré.

27 Poincaré passe le concours de cette école en 1872 et y est reçu deuxième.

28 Poincaré parle de la petite « ville de X » sans plus de précisions. Ce roman est pour l’instant inédit [Poincaré 1879].

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Table des illustrations

Titre Figure 1 : Arbre généalogique simplifié de la famille Poincaré. En gras les liens d’ascendance directe
URL http://journals.openedition.org/philosophiascientiae/docannexe/image/4109/img-1.png
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Titre Figure 2 : Arbre généalogique simplifié des Poincaré de Landaville, ascendants indirects d’Henri et de Raymond Poincaré
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Titre Figure 3 : Les ascendants directs d’Henri et de Raymond Poincaré depuis le xviie siècle
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Titre Figure 4 : Tableau de descendance simplifié de Nicolas Poincaré (av. 1650-1721)
URL http://journals.openedition.org/philosophiascientiae/docannexe/image/4109/img-4.png
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Titre Figure 5 : Tableau de descendance simplifié de François Gaspard Poincaré (1683-1736)
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Titre Figure 6 : Arbre généalogique simplifié de Jean Joseph Poincaré (1681-1749)
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Titre Figure 7 : Arbre généalogique simplifié de Jean Nicolas Louis Poincaré (1770-1850)
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Titre Figure 8 : La pharmacie de Jean Nicolas Jules Poincaré en Grand-Rue, maison natale d’Henri Poincaré10
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Titre Figure 9 : Les adresses successives des parents de Poincaré à Nancy, Grand-Rue (point noir), rue Lafayette (point gris) puis rue de Serre (point blanc)
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Titre Figure 10 : Arbre généalogique simplifié de Jacques Nicolas Jules Poincaré (1794-1865)
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Titre Figure 11 : Tableau de descendance simplifié de Clémence Poincaré (1823-1902)
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Titre Figure 12 : Antonin et Nanine Poincaré (Cliché non daté : Oeberlander [D’Arsonville 1913])
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Titre Figure 13 : Arbres généalogiques simplifiés de Raymond et de Lucien Poincaré
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Titre Figure 14 : La famille Poincaré en 1856 [Collection AHP]
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Titre Figure 15 : Albin Haller et Henri Poincaré vers 1904-1905 [Collection AHP]
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Titre Figure 16 : Arbre généalogique simplifié de la famille d’Eugénie Launois (1830-1897)
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Titre Figure 17 : Louise Poulain d’Andecy enfant [Fonds de M. et Mme Poincaré]
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Titre Figure 18 : La descendance d’Henri Poincaré avec les ascendants des familles Poulain d’Andecy et Geoffroy Saint-Hilaire
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Titre Figure 19 : Henri Poincaré, sa sœur Aline et le chien Tom vers 1860 [Collection AHP]
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Titre Figure 20 : Remenoncourt 1908 : Henri Poincaré et Émile Boutroux sont côte à côte au premier plan à gauche. Aline Boutroux est au centre de la photographie au second plan [Collection AHP]
URL http://journals.openedition.org/philosophiascientiae/docannexe/image/4109/img-20.jpg
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Titre Figure 21 : Photographie d’Aline Boutroux à l’Hôpital auxiliaire 61 de la Fondation Thiers, 1916 [Photographie Ernest Pierre Henri Miguel Machard] https://imagesdefense.gouv.fr/​fr/​hopital-auxiliaire-61-fondation-thiers-avenue-bugeaud-madame-boutroux-legende-d-origine.html, [SPA 13 C]
Crédits © Pierre Machard/ECPAD/Défense
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Titre Figure 22 : La descendance d’Aline Poincaré et d’Émile Boutroux
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Pour citer cet article

Référence papier

Laurent Rollet, « Une histoire de la famille Poincaré (xviie-xxe siècles) »Philosophia Scientiæ, 27-3 | 2023, 73-116.

Référence électronique

Laurent Rollet, « Une histoire de la famille Poincaré (xviie-xxe siècles) »Philosophia Scientiæ [En ligne], 27-3 | 2023, mis en ligne le 16 octobre 2023, consulté le 07 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/philosophiascientiae/4109 ; DOI : https://doi.org/10.4000/philosophiascientiae.4109

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Auteur

Laurent Rollet

Université de Lorraine, Université de Strasbourg, CNRS, AHP-PReST, Nancy (France)

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Droits d’auteur

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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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