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Dossier

Walter Benjamin et la naissance d’une nouvelle vision photo-historiographique

Walter Benjamin and the Birth of a New Photo-Historiographical Vision
Steffen Siegel
p. 74-91

Résumés

Près d’un siècle après sa première publication, la « Petite histoire de la photographie » de Walter Benjamin fait partie des écrits canoniques sur l’histoire du médium. Conçu à l’origine comme une contribution feuilletonesque pour l’hebdomadaire populaire Die literarische Welt, Benjamin a croisé dans son court texte les intérêts historiques et théoriques de la photographie pour finalement les compléter par une troisième perspective : le philosophe a examiné en détail la littérature récemment publiée sur le médium. Et ce faisant, il a mis en évidence quelque chose de nouveau, en particulier pour un public plus large : la photographie ancienne. Le présent article place la « Petite histoire de la photographie » de Benjamin à un tournant décisif : le début d’une réflexion sur l’histoire du médium en tant qu’histoire en images. Un tel changement de paradigme est dû non seulement à une modification fondamentale des conditions institutionnelles, c’est-à-dire à la présence de la photographie par exemple dans les archives et les musées, mais aussi à de nouvelles possibilités éditoriales, démontrées dans des livres qui consistaient presque exclusivement en reproductions photographiques de photographies historiques. Celles-ci constituent la base d’une nouvelle vision photo-historiographique, à laquelle Benjamin réagit de manière aussi sensible que visionnaire dans son texte publié en 1931.

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Texte intégral

  • 1 Benjamin 1931.
  • 2 C’est la manière la plus cohérente de procéder jusqu’à présent. Voir Brunet 2017.

1En septembre-octobre 1931, Walter Benjamin a publié une série de trois courts articles dans l’hebdomadaire allemand Die literarische Welt1. La rédaction du journal avait peut-être commandé au philosophe une recension collective dans laquelle il devait passer au crible la littérature récemment publiée au sujet de la photographie. Mais entre les mains de Benjamin, ce texte utilitaire s’est transformé en un essai d’importance sur l’histoire des médias. Benjamin y déploya une esquisse aussi riche en pensées qu’en thèses, qu’il publia finalement comme « Kleine Geschichte der Photographie » (« Petite histoire de la photographie ») [Fig. 1]. Un tel titre peut être lu de deux manières assez opposées. D’une part, il transmet la prétention affirmée de son auteur de contribuer à l’historiographie du médium, c’est-à-dire d’avoir écrit bien plus qu’une simple recension. Mais d’un autre côté, il ne s’agissait de rien de plus que d’une petite histoire de la photographie. En 1931, ceux qui le souhaitaient pouvaient déjà avoir recours à des présentations bien plus complètes de cet objet2. Mais le public non spécialiste pour lequel Benjamin écrit son article n’a probablement montré que peu d’intérêt pour de telles parutions spécialisées.

Fig. 1 Die literarische Welt, vol. 7, no 38, 18 septembre 1931, p. 3 avec la première partie de la « Petite histoire de la photographie » de Walter Benjamin.

Fig. 1 Die literarische Welt, vol. 7, no 38, 18 septembre 1931, p. 3 avec la première partie de la « Petite histoire de la photographie » de Walter Benjamin.
  • 3 Benjamin 1924 et 1928.
  • 4 Benjamin 1936.

2Aujourd’hui, près d’un siècle après la première publication de cette petite série d’articles, l’essai photo-historique de Benjamin fait partie des classiques canonisés du genre – non seulement dans la version originale en langue allemande, mais aussi dans de nombreuses traductions3. Une telle réception n’a toutefois commencé que trente-deux ans après la parution des articles de presse. En 1963, la « Kleine Geschichte der Photographie » a été rendue accessible pour la première fois dans une édition de poche, en même temps que le texte théorique sur les médias le plus cité de Benjamin, l’essai Das Kunstwerk im Zeitalter seiner technischen Reproduzierbarkeit (« L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique »)4. Ce voisinage éminent a certainement permis d’attirer l’attention sur la « Petite histoire de la photographie » et de la revaloriser de manière significative. Depuis, elle est lue comme un hybride d’historiographie et de théorie esthétique qui, sans aucun doute, donne encore des impulsions importantes à la réflexion critique sur la photographie.

  • 5 Avenel 1997.
  • 6 Molderings 2008, p. 156, traduction de l’auteur.
  • 7 Kemp 1979, p. 199, traduction de l’auteur.
  • 8 Brunet 2017.

3Si l’on se place du point de vue des thèses photo-théoriques émises par Benjamin, il n’est guère important que les racines journalistiques du texte soient tombées dans l’oubli depuis longtemps. Mais il en va autrement si l’on s’intéresse à l’histoire de l’historiographie5 et que l’on s’interroge sur les conditions qui ont présidé à la naissance de cette « Petite histoire de la photographie ». Dans quels contextes la réflexion de Benjamin s’inscrivait-elle lorsqu’il fut invité par la rédaction de Die literarische Welt, sans doute à l’été 1931, à rédiger une contribution sur l’histoire de la photographie ? Certes, à cette époque, le philosophe travaillait depuis longtemps déjà à son ouvrage majeur désigné habituellement comme Das Passagen-Werk (« Le livre des passages »)6. Au cours de ses recherches, il avait consulté différentes œuvres photo-historiques, mais il ne s’était encore guère distingué en tant que publiciste dans ce domaine. Sauf erreur de notre part, seuls deux textes très courts avaient été publiés jusqu’alors : une traduction de « Man Ray, la photographie à l’envers » de Tristan Tzara, réalisée plusieurs années auparavant, et un compte rendu de « Urformen der Kunst » du photographe allemand Karl Bloßfeldt, également paru dans Die literarische Welt7. Après 1931, Benjamin continuera à se pencher sporadiquement sur des questions relatives à la photographie, tout particulièrement, bien sûr, dans son essai qui fera date, publié pour la première fois en 1936 en français sous le titre L’œuvre d’art à l’époque de sa reproduction mécanisée8.

  • 9 Siegel 2021.

4Même lue comme une recension collective, la « Petite histoire de la photographie » possède une grande valeur informative : il s’agit d’une tentative d’orienter le public concernant la réflexion sur la photographie à l’époque, à l’aide de la littérature récemment publiée. Benjamin avait ainsi pleinement rempli l’objectif d’un texte pour Die literarische Welt. Ce journal hebdomadaire avait été fondé en 1925 par Ernst Rowohlt et Willy Haas. Conformément à l’exigence formulée dans le titre, il devait tenir le public au courant des affaires du « monde littéraire » – non seulement sous forme de critiques, mais aussi de gloses plus courtes, d’écrits polémiques, de reportages et d’essais. En l’espace de quelques années, le journal dirigé par Haas est devenu l’une des principales voix feuilletonistes de la république de Weimar9. Pourtant, pour sa « Petite histoire », Benjamin a rapidement abandonné le cadre assez conventionnel d’un compte rendu pour travailler à une somme croisée beaucoup plus ambitieuse des publications photographiques les plus récentes.

  • 10 Bonhomme 1989 ; Batchen 1997 et 2015.
  • 11 Benjamin 1996, p. 6.
  • 12 Daguerre 1839.

5Les critiques du critique ont souligné à plusieurs reprises l’originalité du résultat obtenu. Herbert Molderings a reconnu les avantages d’une confrontation encore vierge avec la photographie et a apprécié « la fraîcheur du premier jet10 ». Wolfgang Kemp, quant à lui, y a vu « un magnifique pasticcio11 ». Il vaut la peine de prendre cette métaphore au mot. Dans sa « Petite histoire », Benjamin entrecroise intentionnellement différentes perspectives discursives. De cette manière, le récit historique et la discussion théorique vont de pair. Ils sont complétés, comme un troisième point de vue, par une réflexion sur l’historiographie qui se consacre à la photographie en tant qu’objet de connaissance propre12. Pour cela, comme je le soulignerai dans cet article, les conditions de publication que Benjamin rencontre vers 1930 sont d’une importance décisive. Dans la « Petite histoire de la photographie », le critique a réagi à une rupture significative avec les formes traditionnelles d’historiographie. Dans son bref essai, il réfléchissait à une nouvelle vision concernant moins les photographes contemporains que visant à circonscrire une forme innovante d’historiographie, telle qu’elle se dessinait dans les nouvelles publications récentes de l’époque.

« Historique et description »

  • 13 McCauley 1997a ; Brunet 2000, p. 57-116 ; Roubert 2006, p. 16-50 ; Gunthert 2010.
  • 14 Dans la première édition publiée par Alphonse Giroux (Daguerre 1839), la partie technique ne représ (...)
  • 15 De nombreuses traductions de cette brochure, dont la première date de 1839, ont également assuré un (...)

6Dès la première phrase de sa « Petite histoire de la photographie », Benjamin aborde une question qui demeure un problème fécond pour une étude de ce médium : par où commencer13 ? Compte tenu de la diversité des points de référence potentiels, il est impossible de donner des réponses simples14. Néanmoins, Benjamin a raison de souligner que, par rapport à l’histoire d’autres technologies, celle de la photographie offre l’avantage de disposer de sources relativement bonnes. Le philosophe l’a résumé en une belle tournure : « Le brouillard qui s’étend sur les commencements de la photographie n’est pas tout à fait aussi épais que celui qui recouvre les débuts de l’imprimerie15 ». Cela est certainement dû au fait que l’intérêt pour l’historiographie de la photographie n’est en aucun cas subordonné à son développement technologique, esthétique et intellectuel. Au contraire, de tels discours ont été intégrés dans la phase de formation du médium comme une composante nécessaire. On pourrait dire que la photographie a toujours eu besoin d’être commentée, et avec elle, les dimensions historiques des images.

  • 16 Eder 1932. Pour le modèle de photo-historiographie de Josef Maria Eder, voir aussi McCauley 1997b ; (...)
  • 17 Benjamin 1991, p. 48-49.
  • 18 Réimprimé dans Siegel 2020, p. 269-280.
  • 19 Freund 1936.

7L’un des premiers documents sur la photographie est particulièrement révélateur. Dès son titre, la brochure Historique et description des procédés du Daguerréotype et du Diorama, publiée par Louis Daguerre à l’automne 183916, exprime combien la pratique photographique et la réflexion historiographique sont en fait étroitement liées. Dans ce cas particulier, l’explication réside dans la politique menée par le scientifique François Arago pour imposer Daguerre comme un inventeur à part entière. Il est évident que seul un examen approfondi des documents historiques – notamment ceux qui prouvent l’indépendance de Daguerre par rapport à Nicéphore Niépce – permettait de justifier une pension permanente accordée par l’État français17. On peut supposer que le grand public ne s’est intéressé à ces subtilités que de manière marginale, dans le meilleur des cas. Mais même si la plupart des lecteurs n’ont que feuilleté la partie technique de cette brochure18, ils ont eu entre les mains un hybride éditorial qui restera un guide pour la diffusion des connaissances sur le médium – même bien au-delà du cas concret du daguerréotype19.

  • 20 Voir par exemple (par ordre chronologique) Harrison 1887 ; Werge 1890 ; Schiendl 1891 ; Eder 1905 ; (...)

8Au cours des décennies suivantes, la formule « Historique et description » établie par Daguerre s’est révélée étonnamment stable. Une part remarquablement importante de la littérature photographique, qui allait bientôt devenir pléthorique, s’est orientée vers ce modèle et a combiné les explications sur certains procédés techniques avec celles sur l’histoire du médium. Au fil des années, un lien s’est ainsi établi de manière significative : réfléchir à l’histoire de la photographie, c’était rendre compte de l’évolution de nombreuses technologies qui s’additionnent sous le nom de « photographie ». La dynamique du paradigme de l’histoire des techniques qui se dessine ici se reflète dans l’évolution des écrits de l’Autrichien Josef Maria Eder sur l’histoire de la photographie. Ce qui n’était encore qu’une esquisse de neuf pages dans la première édition de l’Ausführliches Handbuch der Photographie (« Manuel détaillé de la photographie ») de 1884 s’est transformé jusqu’à la quatrième édition, parue en 1932, en une somme en deux volumes et 97 chapitres20. Les 1 108 pages consacrées à l’histoire de la photographie sont suivies de nombreux autres textes partiels, chacun consacré à une technologie photographique particulière.

9Une lecture – et un visionnage – approfondis du manuel de Eder montrent clairement les limites du paradigme de l’histoire de la technique : celle-ci n’entretient, au mieux, que des relations restreintes avec une histoire visuelle de la photographie. La quasi-totalité des 372 figures et des quatre planches se limite à une simple illustration. La plupart d’entre elles montrent des portraits d’acteurs importants, des appareils photographiques et des lieux liés à l’histoire du médium. Lorsque les photographies entrent en jeu en tant qu’artefacts historiques, elles servent presque toujours à illustrer de manière exemplaire une certaine technologie et pourraient sans problème être remplacées par d’autres motifs à cette fin. En revanche, les photographies historiques restent absentes en tant que documents de droit propre. Ce constat est particulièrement évident lorsque l’exception confirme la règle : à la page 361, Eder montre la vue de la « Philadelphia Central High School » prise par Joseph Saxton en octobre 1839 [Fig. 2]. D’après la légende, il s’agit de bien plus qu’une simple illustration : c’est un « fac-similé » de ce qui est probablement la plus ancienne photographie conservée des États-Unis.

Fig. 2 Josef Maria Eder, Ausführliches Handbuch der Photographie, vol. 1 (en deux parties) : « Geschichte der Photographie ».

Fig. 2 Josef Maria Eder, Ausführliches Handbuch der Photographie, vol. 1 (en deux parties) : « Geschichte der Photographie ».

Halle-sur-Saale : Wilhelm Knapp, 4e éd. entièrement revue et augmentée, 1932, avec une reproduction de « Philadelphia Central High School » prise par Joseph Saxton en octobre 1839.

Problèmes de source

  • 21 Besson 1936.
  • 22 Tucholsky 1975 [1927].
  • 23 Challine 2017.

10Par intermittence, Benjamin a travaillé pendant près d’une décennie et demie sur les « Passages », une œuvre jamais achevée. L’exposé correspondant « Paris, capitale du xixe siècle », qui prévoyait – seulement dans la version allemande – un chapitre spécifique « Daguerre ou les panoramas », montre déjà à quel point le rôle de la photographie était important pour lui21. Ce sont surtout les chapitres Q et Y, avec des extraits sur le panorama ainsi que sur la photographie, qui donnent des informations plus précises sur les lectures photo-historiques de Benjamin. S’il a effectivement reçu le manuel de Eder ou des présentations générales comparables, ces publications n’ont pas laissé de traces dans ses notes. En revanche le philosophe se révèle un lecteur averti de sources historiques, même éloignées, par exemple cet étrange éloge de Daguerre prononcé par Népomucène Lemercier en mai 1839 lors de la séance annuelle des cinq académies parisiennes22. Mais Benjamin se montre également très bien informé à l’autre bout du spectre historique. La littérature de recherche la plus récente qu’il a consultée comprenait ainsi des manuscrits de Gisèle Freund qui n’avaient pas encore été publiés. En effet, pendant leurs années communes à Paris, ces deux exilés berlinois ont entretenu des contacts amicaux. Les portraits de Benjamin que la photographe a pris à cette époque ont depuis longtemps acquis une force iconique. C’est à cette époque que Freund termina sa thèse de doctorat, qui fut finalement publiée en 1936 et qui est devenue un classique de l’historiographie de la photographie23.

  • 24 Voir par exemple à propos de la France : Anonyme 1933 ; Valéry 1939.

11Dans son étude fondamentale sur les images de Benjamin, l’historien de l’art Steffen Haug a attiré l’attention sur le fait que les éditions publiées jusqu’à présent des « Passages » ne renseignent qu’insuffisamment sur l’intérêt de Benjamin pour l’histoire de l’art et des images24. Le philosophe a effectué une partie non négligeable de ses recherches non pas dans la salle de lecture générale de la Bibliothèque nationale de Paris, mais dans son cabinet des Estampes. Steffen Haug démontre avec force à quel point Benjamin a fondé son enquête non seulement sur la consultation de livres, mais aussi sur la connaissance d’images historiques – ce qui incluait nécessairement la connaissance précise de photographies historiques. Le cabinet des Estampes, avec sa collection complète d’images de la presse française, offrait des conditions idéales pour de telles recherches. Toutefois, les notes relatives à l’ouvrage sur les « Passages » montrent également que la frontière entre la collection photographique et le livre imprimé commença à devenir poreuse vers 1930.

  • 25 Bajac 2003.

12L’un des livres analysés par Benjamin est La photographie française, 1839-1936, composé par le critique d’art George Besson25. Hormis une introduction historique de douze pages, ce petit livre de poche de 62 pages au total est entièrement composé de planches [Fig. 3]. Celui qui voulait s’informer sur près de cent ans d’histoire de la photographie française n’a pas eu besoin de lire plus longtemps, mais a pu s’orienter au moins de manière cursive sur le chemin du médium à l’aide des 88 illustrations. Le fait que cet ouvrage ait été édité par Braun & Cie, une entreprise spécialisée dans la reproduction photographique, n’est certainement pas anodin. La publication de Besson est un album d’histoire de la photographie qui s’appuie sur les fonds de Braun & Cie, mais qui les complète par des images provenant d’autres collections et archives, notamment du riche fonds de la Société française de photographie (SFP) et de plusieurs collections en mains privées.

Fig. 3 George Besson, La photographie française, 1839-1936.

Fig. 3 George Besson, La photographie française, 1839-1936.

Paris : Braun & Cie, 1936, n. p.

  • 26 Benjamin 1996, p. XXX. Voir Krauss 1998, p. 14-20.

13Or, comme le montrent déjà les légendes des images de Besson, une étude de l’histoire de la photographie qui s’écarte du paradigme établi de l’histoire des techniques se heurte à des problèmes de sources – du moins lorsqu’il s’agit d’envisager des images historiques bien précises. Par exemple, une exposition spéciale organisée à l’occasion du XXIIe Salon international d’art photographique de Paris montrait quelques surprises. En 1927, la présentation habituelle de photographies contemporaines y fut élargie à une salle pour présenter des trésors sélectionnés dans les fonds de la SFP – entre autres les plus anciens essais photographiques d’Hippolyte Bayard. L’un d’entre eux a été reproduit sur la couverture du catalogue [Fig. 4]. Près d’un siècle plus tard, l’enthousiasme avec lequel l’écrivain et journaliste allemand Kurt Tucholsky avait réagi à cette petite exposition temporaire est toujours aussi contagieux26. Ses remarques montrent clairement qu’il n’avait pas encore vu une telle « lumière ancienne » – et qu’il n’en aurait d’ailleurs guère eu l’occasion.

Fig. 4 Catalogue du XXIIe Salon international d’art photographique de Paris 1927, couverture avec une reproduction des « Moulins de Montmartre » prise par Hippolyte Bayard, ca. 1842.

Fig. 4 Catalogue du XXIIe Salon international d’art photographique de Paris 1927, couverture avec une reproduction des « Moulins de Montmartre » prise par Hippolyte Bayard, ca. 1842.
  • 27 Stenger 1929.
  • 28 Schwarz 1931 ; Bossert et Guttmann 1930a.
  • 29 Voir dans ce numéro de Photographica la présentation et la traduction de la conférence de Heinrich (...)

14Sans le savoir, Tucholsky a mis le doigt sur un point sensible. Vers 1930, la photographie n’était que faiblement institutionnalisée ; un fait qui s’appliquait particulièrement à la photographie historique27. Une rencontre avec elle, et a fortiori une discussion approfondie, ne pouvaient avoir lieu que dans des limites très étroites. Le lieu choisi par la SFP pour son exposition temporaire est suffisamment éloquent : un salon annuel de la photographie contemporaine offrait le cadre d’une présentation séparée de trésors photographiques historiques. En 1927, une prise de conscience du calendrier historique de la photographie et du « centenaire » du médium était certainement à l’œuvre. Ces célébrations des cent ans de la photographie commencèrent déjà en 1925 avec une grande exposition historique organisée par la SFP et se sont poursuivies jusqu’en 193928. Sans doute cette période de plus d’une décennie a été une occasion importante de ne pas seulement se souvenir des origines multiples du médium, mais aussi de prendre son historicité beaucoup plus au sérieux que cela n’avait été le cas jusqu’à présent. Pourtant, de tels anniversaires seraient restés extérieurs à la connaissance de l’histoire de l’image photographique si les conditions de visibilité de la photographie historique n’avaient pas fondamentalement changé à la même époque29.

« Atlas d’exercices »

  • 30 Ibid. Cité d’après Bossert et Guttmann 1930b, p. 4.

15Les lecteurs attentifs de la « Petite histoire de la photographie » se sont-ils étonnés de l’idiosyncrasie du choix que Benjamin avait fait pour sa vaste revue de littérature ? Ou y voyaient-ils une confirmation de l’ambition affichée dans le titre de contribuer à l’historiographie du médium malgré toute la brièveté du texte ? En effet, le spectre historique que Benjamin a parcouru en quelques pages est remarquablement large. Les quelques notes de bas de page qu’il a incluses en donnent déjà une idée. Mais les cinq nouvelles publications qui y sont mentionnées peuvent être complétées par de nombreuses autres auxquelles Benjamin s’est référé au moins indirectement dans son essai. Une bibliographie établie par André Gunthert montre à quel point le philosophe a intégré la littérature photographique la plus récente et la plus étendue30. Ses connaissances allaient des recueils de sources aux monographies d’histoire de l’art en passant par les livres de photographies de photographes contemporains : Eugène Atget, Karl Bloßfeldt, August Sander et Albert Renger-Patzsch.

  • 31 En ce sens, Rolf H. Krauss avait déjà souligné l’importance d’une nouvelle façon de voir, même s’il (...)

16Dans leur juxtaposition, ces ouvrages renvoient à quelque chose d’absent, mais marquent en même temps une présence. Une histoire de la photographie, telle que Benjamin l’a conçue dans son texte, ne pourra certes pas faire l’impasse sur une connaissance plus approfondie des développements technologiques, mais il est frappant de constater à quel point le philosophe se tient résolument à distance du paradigme établi de l’histoire de la technique. Une présentation conventionnelle en ce sens, comme Geschichte der Photographie (« Histoire de la photographie ») d’Erich Stenger31, parue peu de temps auparavant – avec 44 pages, elle est aussi plutôt « petite » de par son volume –, passait à côté des intérêts de Benjamin et n’a probablement jamais été reçue par lui. Dès les premières pages de l’essai, il apparaît clairement que le philosophe s’intéressait aux conditions techniques du médium lorsqu’elles lui permettaient de tirer des conclusions sur les questions d’esthétique et d’économie de la photographie.

  • 32 Newhall 1932.
  • 33 Bossert et Guttmann 1930b, p. 4.

17Dans sa première note de bas de page, Benjamin cite deux nouvelles publications qui représentent de manière programmatique une nouvelle accentuation de l’histoire de la photographie : l’étude de l’historien de l’art Heinrich Schwarz sur David Octavius Hill ainsi que Aus der Frühzeit der Photographie de Helmuth Theodor Bossert et Heinrich Guttmann32. Ces deux livres veulent contribuer à une connaissance plus précise des premières années du médium, et répondent donc indirectement à la surprise qui avait assailli Tucholsky quelques années auparavant à Paris en contemplant la « lumière ancienne ». Mais ce n’est pas seulement le contenu de tels ouvrages qui est décisif, mais aussi la forme de présentation choisie par les auteurs. « Avec 80 planches illustrées » dit le sous-titre de Schwarz33 ; « Un livre d’images d’après 200 originaux » celui de Bossert et Guttmann. Tous les livres reçus et commentés par Benjamin peuvent être considérés de cette manière. Il s’agit toujours de répertoires qui présentent leur objet, des images photographiques, dans un volume et une qualité remarquables sous forme de reproductions imprimées.

  • 34 Nitsche 2010, p. 136-145.

18Avec une publication comme Aus der Frühzeit der Photographie ou, en version française, Les premiers temps de la photographie, presque entièrement composée de planches illustrées, le public avait entre les mains quelque chose de nouveau : un livre de photographies sur l’histoire de la photographie [Fig. 5-7]. Ce qui a été rassemblé ici sur près de 200 pages est le résultat d’un travail de recherche étonnant. Il offre un panorama de l’image technique à travers différents genres, époques et nations. Dans leur introduction, les deux auteurs ont clairement indiqué qu’ils avaient une intention programmatique pour un tel album : « L’histoire de la photographie artistique ne pourra être écrite que plus tard. Mais l’intérêt du public pour la photographie ancienne est éveillé. Plusieurs expositions en ont fait la propagande ; des livres comme celui-ci tentent de faire connaître et retenir ces impressions si vivantes quoique surannées34. »

Fig. 5 Helmuth Theodor Bossert et Heinrich Guttmann, Aus der Frühzeit der Photographie 1840-70. Bildbuch nach 200 Originalen.

Fig. 5 Helmuth Theodor Bossert et Heinrich Guttmann, Aus der Frühzeit der Photographie 1840-70. Bildbuch nach 200 Originalen.

Francfort-sur-le-Main : Frankfurter Societäts-Druckerei, 1930, jaquette avec une reproduction de « Monsieur portant haute-forme » prise par le photographe strasbourgeois Ch. Winter, ca. 1845.

Fig. 6 Helmuth Theodor Bossert et Heinrich Guttmann, Aus der Frühzeit der Photographie 1840-70. Bildbuch nach 200 Originalen.

Fig. 6 Helmuth Theodor Bossert et Heinrich Guttmann, Aus der Frühzeit der Photographie 1840-70. Bildbuch nach 200 Originalen.

Francfort-sur-le-Main : Frankfurter Societäts-Druckerei, 1930, planches 33 et 34 avec des reproductions des photographies d’Hippolyte Bayard et de David Octavius Hill.

Fig. 7 Helmuth Theodor Bossert et Heinrich Guttmann, Aus der Frühzeit der Photographie 1840-70. Bildbuch nach 200 Originalen.

Fig. 7 Helmuth Theodor Bossert et Heinrich Guttmann, Aus der Frühzeit der Photographie 1840-70. Bildbuch nach 200 Originalen.

Francfort-sur-le-Main : Frankfurter Societäts-Druckerei, 1930, planches 160 et 161 avec des reproductions des photographies de Gustave Le Gray et d’Alphonse Louis Poitevin.

  • 35 Siegel 2019. Au-delà du contexte photo-historique, cela met en valeur l’excellente étude de Challin (...)
  • 36 Lettre de Walter Benjamin à Gershom Scholem, 28 octobre 1931, dans Benjamin 1966, p. 207-208, tradu (...)

19Il s’agit de profiler un nouveau regard sur l’histoire de la photographie : celle de l’image qui se constitue dans une diversité d’esthétiques et dont l’analyse précise présuppose une grande familiarité avec les photographies en tant qu’œuvres ayant chacune leur propre valeur35. Sans vouloir réaliser de telles analyses en détail, un livre comme Les premiers temps de la photographie ouvre une perspective sur l’histoire du médium qui s’intéresse aux images en tant qu’artefacts esthétiques spécifiques. Dans sa monographie sur Hill parue à la même époque, Schwarz fait un pas décisif en considérant l’œuvre du photographe écossais d’un point de vue résolument historique et artistique. Quelques années plus tard seulement, l’exposition « Photography, 1839-1937 » organisée par Beaumont Newhall à New York et, a fortiori, le catalogue qui l’accompagne et qui sera réédité pendant un demi-siècle, imposeront pleinement un tel paradigme. Est-ce un hasard si le tout premier texte publié par Newhall est un compte rendu du livre de photographies de Bossert et Guttmann36 ?

  • 37 Cadava 1997.
  • 38 Benjamin 1936.
  • 39 Moholy-Nagy 1927. Cité d’après Moholy-Nagy 1995, p. 195.

20Un travail vraiment complet sur l’histoire de l’image, comme le soulignaient déjà Bossert et Guttmann, présuppose une nouvelle forme de travail sur les sources : « Le but de cet ouvrage serait atteint si les personnes qui possèdent dans leurs collections familiales des photographies parfois si remarquables de cette époque les apprécient plus justement et assurent ainsi leur conservation37. » Une meilleure appréciation, telle qu’elle est demandée ici, postule un nouveau regard. Elle aidera à reconnaître dans les photographies des originaux historiques et à leur associer une valeur expressive toute particulière. Benjamin lui-même parlait d’un « atlas d’exercices38 » [Fig. 8] en référence au livre Antlitz der Zeit (« Face du temps ») de photographies de Sander, tout à fait contemporain. Mais vers 1930, il est également vrai que le meilleur moyen de s’exercer à regarder la photographie historique est de lire des livres. Les possibilités d’une impression d’images de qualité, qui s’élargissent rapidement dans le premier quart du xxe siècle, créent les conditions d’un discours sur l’histoire des médias qui, au plus tard à partir des années 1930, mise avec insistance sur une nouvelle vision de l’histoire de la photographie39.

Fig. 8 Die literarische Welt, no 40, 2 octobre 1931, p. 7 avec la troisième et dernière partie de la « Petite histoire de la photographie » de Walter Benjamin.

Fig. 8 Die literarische Welt, no 40, 2 octobre 1931, p. 7 avec la troisième et dernière partie de la « Petite histoire de la photographie » de Walter Benjamin.

Que pourrait bientôt faire une « petite » historiographie ?

  • 40 Benjamin 1996, p. 28.

21Les articles de presse sont rarement écrits pour plus d’une journée ; même s’ils sont publiés dans un hebdomadaire, comme dans le cas de la « Petite histoire de la photographie ». Il n’est donc guère surprenant que l’on ne puisse rien dire de plus sur la réception de l’essai à l’époque. Gershom Scholem, l’ami de Benjamin, avait tout de même lu les trois courts articles et les avait commentés à l’auteur. Dans une lettre écrite en octobre 1931, Benjamin s’exprime de manière concise. Il y souligne le caractère transitoire de ses explications : « Tu as reconnu que l’étude sur la photographie est issue de prolégomènes à celle-ci ; mais qu’y aura-t-il jamais de plus que des prolégomènes et des paralipomènes ; je ne pourrais penser à réaliser l’œuvre que si mon travail était assuré pour deux ans, ce qui n’est jamais plus le cas, depuis des mois, pour quelques semaines40. » Par ces études préliminaires, on entend surtout les recherches pour les « Passages ». En effet, les notes rassemblées à cet effet révèlent l’intensité avec laquelle le philosophe se penchait à l’époque sur les sources photo-historiques.

22La « Petite histoire de la photographie » de Benjamin est parue à un moment charnière de l’historiographie. En effet, le texte était peut-être éphémère ou, comme le souligne son auteur, provisoire, mais c’est l’une des raisons pour lesquelles il est particulièrement intéressant. En tant que compte rendu collectif, il reflète un nouveau regard sur l’histoire de la photographie, porté par un changement de perspective de grande ampleur. Quelle que soit la diversité des livres sélectionnés par Benjamin, ils partagent tous la même confiance dans le fait que l’on peut apprendre des choses essentielles sur le médium en le laissant se montrer à soi-même sous forme de reproductions imprimées. Un tel constat a ouvert la voie à des expériences d’historicité de la photographie, pour lesquelles il n’existait que des infrastructures rudimentaires au-delà du livre imprimé vers 1930. Il est certain que le « centenaire » du médium à cette époque a stimulé l’intérêt général pour l’histoire de la photographie, en particulier pour ses débuts. Les livres de photographies ont permis de répondre à cet intérêt de plusieurs manières.

  • 41 Sur cette méthode de Benjamin, voir aussi Stiegler 2009.
  • 42 C’est la manière la plus cohérente de procéder jusqu’à présent. Voir Brunet 2017.

23Enfin, cet essai de Benjamin sur l’histoire des médias ne constitue pas seulement une critique d’un tournant de l’historiographie, il y contribue activement41. Quelques pages suffisent pour esquisser au moins les promesses qui accompagnent un tel tournant. Parmi les perspectives ouvertes par Benjamin en toute brièveté, on trouve notamment une anthropologie historique de la photographie, une histoire économique du médium, les possibilités d’une critique de la photographie contemporaine dans une perspective politique et, enfin, une esthétique des médias visuels reproductifs. C’est surtout cette dernière perspective que Benjamin reprendra, quelques années plus tard, dans son essai sur l’œuvre d’art et qu’il transformera en une théorie des médias de l’image technique42. Dans sa lettre à Scholem, Benjamin avait au moins laissé entendre que la « Petite histoire de la photographie » aurait pu, dans des circonstances plus favorables, donner naissance à une histoire plus complète, une « grande » histoire en quelque sorte. Ce n’est donc pas seulement par sa condensation caractéristique qu’elle ressemble à l’exposé « Paris, capitale du xixe siècle », qui renvoie au plus grand projet de livre de Benjamin, jamais achevé.

  • 1
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24À la fin de son court essai, Benjamin n’est pas seul dans son propre présent. Reprenant un mot de son contemporain László Moholy-Nagy, il fait en même temps le lien avec les débuts du médium. Le dicton souvent cité selon lequel « l’analphabète de demain ne sera pas celui qui ignore l’écriture, mais celui qui ignore la photographie43 », Benjamin le tourne en discours et demande : « La légende ne deviendra-t-elle pas l’élément le plus essentiel du cliché44 ? » De ce point de vue, le dispositif extérieur des trois articles de Die literarische Welt [voir Fig. 1] acquiert déjà une forme symbolique. Sur les quatre colonnes de l’hebdomadaire s’ouvre un jeu d’alternance entre des photographies historiques et les « légendes » de Benjamin. Pour pouvoir développer ses idées, le philosophe a choisi une méthode sélective de lecture des images et en a détaché certaines des livres qu’il utilisait. La « marchande de poisson » de Hill, par exemple, qui se trouve dans le premier des trois articles sous forme de reproduction, Benjamin l’avait découverte dans la monographie de Schwarz, où elle est représentée à la planche 26. Tissées dans un récit propre à l’histoire de la photographie, certaines de ces découvertes se transforment en un nouvel ensemble dans l’approche de Benjamin45.

25La plupart des rééditions publiées par la suite ont rompu ce lien typographique direct, tel qu’il est établi dans les pages de Die literarische Welt. Mais en 1931, lorsque la « Petite histoire de la photographie » a été publiée pour la première fois, elle pouvait être lue comme un commentaire sur la méthode. En se déplaçant par induction de l’image individuelle au contexte général de l’histoire des médias, Benjamin est parti du détail photographique pour formuler ses thèses. En se référant directement à la date concrète de l’image historique, il a développé une forme d’historiographie qui est « petite » dans la mesure où elle part de l’expérience individuelle d’objets visuels. L’histoire de la photographie, telle qu’elle se dessine ici, présuppose de nouvelles formes d’empirisme, et avec elles de nouvelles archives en forme de livre. Comme le démontre de manière impressionnante l’essai de Benjamin, il s’agit d’une nouvelle vision photo-historiographique. Elle est lourde de conséquences pour les futurs modèles d’une historiographie qui s’intéresse à ces chemins de la photographie qui se laissent percevoir dans ses images.

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Notes

1 Benjamin 1931.

2 C’est la manière la plus cohérente de procéder jusqu’à présent. Voir Brunet 2017.

3 Benjamin 1924 et 1928.

4 Benjamin 1936.

5 Avenel 1997.

6 Molderings 2008, p. 156, traduction de l’auteur.

7 Kemp 1979, p. 199, traduction de l’auteur.

8 Brunet 2017.

9 Siegel 2021.

10 Bonhomme 1989 ; Batchen 1997 et 2015.

11 Benjamin 1996, p. 6.

12 Daguerre 1839.

13 McCauley 1997a ; Brunet 2000, p. 57-116 ; Roubert 2006, p. 16-50 ; Gunthert 2010.

14 Dans la première édition publiée par Alphonse Giroux (Daguerre 1839), la partie technique ne représente que 17 pages (à partir de la page 57), sur un total de 76.

15 De nombreuses traductions de cette brochure, dont la première date de 1839, ont également assuré une telle diffusion à l’échelle mondiale : Harmant 1962 ; Romer 2007.

16 Eder 1932. Pour le modèle de photo-historiographie de Josef Maria Eder, voir aussi McCauley 1997b ; Halwani 2012, p. 35-89.

17 Benjamin 1991, p. 48-49.

18 Réimprimé dans Siegel 2020, p. 269-280.

19 Freund 1936.

20 Voir par exemple (par ordre chronologique) Harrison 1887 ; Werge 1890 ; Schiendl 1891 ; Eder 1905 ; Shepperley 1929. Benjamin 1963, p. 45-65. Pour l’histoire de la réception qui a suivi très rapidement cette nouvelle édition et qui s’est poursuivie, voir Krauss 1998, p. 81-88, 120-121.

Haug 2022.

21 Besson 1936.

22 Tucholsky 1975 [1927].

23 Challine 2017.

24 Voir par exemple à propos de la France : Anonyme 1933 ; Valéry 1939.

25 Bajac 2003.

26 Benjamin 1996, p. XXX. Voir Krauss 1998, p. 14-20.

27 Stenger 1929.

28 Schwarz 1931 ; Bossert et Guttmann 1930a.

29 Voir dans ce numéro de Photographica la présentation et la traduction de la conférence de Heinrich Schwarz « Avant 1839 : symptômes et tendance », p. 131-152.

30 Ibid. Cité d’après Bossert et Guttmann 1930b, p. 4.

31 En ce sens, Rolf H. Krauss avait déjà souligné l’importance d’une nouvelle façon de voir, même s’il en avait ignoré les conséquences que j’avais signalées pour l’historiographie de la photographie : Krauss 1998.

32 Newhall 1932.

33 Bossert et Guttmann 1930b, p. 4.

34 Nitsche 2010, p. 136-145.

35 Siegel 2019. Au-delà du contexte photo-historique, cela met en valeur l’excellente étude de Challine et Gauthier 2023.

36 Lettre de Walter Benjamin à Gershom Scholem, 28 octobre 1931, dans Benjamin 1966, p. 207-208, traduction de l’auteur.

37 Cadava 1997.

38 Benjamin 1936.

39 Moholy-Nagy 1927. Cité d’après Moholy-Nagy 1995, p. 195.

40 Benjamin 1996, p. 28.

41 Sur cette méthode de Benjamin, voir aussi Stiegler 2009.

42 C’est la manière la plus cohérente de procéder jusqu’à présent. Voir Brunet 2017.

43 44 45Haut de page

Table des illustrations

Titre Fig. 1 Die literarische Welt, vol. 7, no 38, 18 septembre 1931, p. 3 avec la première partie de la « Petite histoire de la photographie » de Walter Benjamin.
URL http://journals.openedition.org/photographica/docannexe/image/3804/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 4,2M
Titre Fig. 2 Josef Maria Eder, Ausführliches Handbuch der Photographie, vol. 1 (en deux parties) : « Geschichte der Photographie ».
Légende Halle-sur-Saale : Wilhelm Knapp, 4e éd. entièrement revue et augmentée, 1932, avec une reproduction de « Philadelphia Central High School » prise par Joseph Saxton en octobre 1839.
URL http://journals.openedition.org/photographica/docannexe/image/3804/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 2,8M
Titre Fig. 3 George Besson, La photographie française, 1839-1936.
Crédits Paris : Braun & Cie, 1936, n. p.
URL http://journals.openedition.org/photographica/docannexe/image/3804/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 2,3M
Titre Fig. 4 Catalogue du XXIIe Salon international d’art photographique de Paris 1927, couverture avec une reproduction des « Moulins de Montmartre » prise par Hippolyte Bayard, ca. 1842.
URL http://journals.openedition.org/photographica/docannexe/image/3804/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 2,9M
Titre Fig. 5 Helmuth Theodor Bossert et Heinrich Guttmann, Aus der Frühzeit der Photographie 1840-70. Bildbuch nach 200 Originalen.
Légende Francfort-sur-le-Main : Frankfurter Societäts-Druckerei, 1930, jaquette avec une reproduction de « Monsieur portant haute-forme » prise par le photographe strasbourgeois Ch. Winter, ca. 1845.
URL http://journals.openedition.org/photographica/docannexe/image/3804/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 3,6M
Titre Fig. 6 Helmuth Theodor Bossert et Heinrich Guttmann, Aus der Frühzeit der Photographie 1840-70. Bildbuch nach 200 Originalen.
Légende Francfort-sur-le-Main : Frankfurter Societäts-Druckerei, 1930, planches 33 et 34 avec des reproductions des photographies d’Hippolyte Bayard et de David Octavius Hill.
URL http://journals.openedition.org/photographica/docannexe/image/3804/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 2,4M
Titre Fig. 7 Helmuth Theodor Bossert et Heinrich Guttmann, Aus der Frühzeit der Photographie 1840-70. Bildbuch nach 200 Originalen.
Légende Francfort-sur-le-Main : Frankfurter Societäts-Druckerei, 1930, planches 160 et 161 avec des reproductions des photographies de Gustave Le Gray et d’Alphonse Louis Poitevin.
URL http://journals.openedition.org/photographica/docannexe/image/3804/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 1,5M
Titre Fig. 8 Die literarische Welt, no 40, 2 octobre 1931, p. 7 avec la troisième et dernière partie de la « Petite histoire de la photographie » de Walter Benjamin.
URL http://journals.openedition.org/photographica/docannexe/image/3804/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 3,6M
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Pour citer cet article

Référence papier

Steffen Siegel, « Walter Benjamin et la naissance d’une nouvelle vision photo-historiographique »Photographica, 10 | 2025, 74-91.

Référence électronique

Steffen Siegel, « Walter Benjamin et la naissance d’une nouvelle vision photo-historiographique »Photographica [En ligne], 10 | 2025, mis en ligne le 03 avril 2025, consulté le 23 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/photographica/3804 ; DOI : https://doi.org/10.4000/13wt6

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Auteur

Steffen Siegel



Steffen Siegel est professeur de théorie et d’histoire de la photographie à l’université des arts Folkwang à Essen (Allemagne). Il y dirige les programmes de master et de doctorat en histoire de la photographie. Il est également président du conseil du Centre pour la photographie d’Essen. En 2024, il a enseigné comme professeur invité à Georgetown University à Washington (D. C). Parmi ses dernières publications, on trouve notamment 1839. Daguerre, Talbot et la publication de la photographie. Une anthologie (Macula, 2020).

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Droits d’auteur

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