Introduction

1Les sépultures collectives, telles qu’elles ont été définies par J. Leclerc et J. Tarrête (1988) puis B. Boulestin (2019), apparaissent dans le sud-est de la France dès la fin du VI^e millénaire. Le cas le plus ancien semble être le site des Bréguières en Provence (Provost et al. 2017). À l’ouest du Rhône, La Baume Bourbon (Coste et al. 1987), la Caune de Belesta (Claustre et al. 1993), Las Claousos IV (Guilaine et al. 2015) et la grotte de Montou (Valentin et al. 2003), datées du Néolithique ancien et moyen, ont également livré plusieurs individus réunis dans un même espace funéraire en cavités. Mais l’absence de documentation ou les perturbations subies par les couches funéraires limitent la restitution initiale des dépôts, notamment la succession des inhumations pour les trois premières dont le caractère collectif est discuté (Chambon 2003, Zammit 2015). Seul le dépôt de la grotte de Montou peut être classé avec certitude dans les sépultures collectives. Actuellement il est admis que les sépultures collectives existent bien avant le Néolithique final dans le sud-est de la France mais les motivations liées à cette pratique précoce ne répondent probablement pas aux mêmes idéologies funéraires (Chambon 2003) ou organisations sociales (Schmitt et al. 2018).

2La présente contribution porte exclusivement sur les sépultures collectives du Néolithique final puisqu’elles forment un système funéraire cohérent (Schmitt et al. 2018). Il s’agit d’un espace d’inhumation non colmaté, de dépôts en majorité successifs, primaires ou secondaires, avec des actes de réduction et/ou de prélèvements de certaines pièces, voire de vidange (Leclerc 2003, Blin & Chambon 2013).

3Pour cette table ronde, afin de mieux appréhender la question posée, l’échelle de petits territoires a été privilégiée. Le sud-est de la France a donc été divisé en deux régions.

4La zone étudiée ici est l’entité administrative régionale Provence-Alpes-Côte d’Azur, à l’est du Rhône. Par souci de cohérences géographique et culturelle, nous avons également pris en compte le sud de la Drôme, dans la région voisine, qui a livré une dizaine de sites funéraires, dont des hypogées se rapportant au groupe vauclusien, qu’il nous a paru intéressant d’ajouter à notre corpus.

5Nous tenons à souligner avant de poursuivre que dans notre aire d’étude les cultures archéologiques représentées dans les sépultures collectives ne sont la plupart du temps pas identifiables. En effet, le mobilier en céramique sur lequel reposent les faciès culturels, est généralement soit absent soit non discriminant (Sauzade 1983). Ce paramètre ne sera donc pas inclus dans notre réflexion sur les spécificités éventuelles qui seraient propres aux dolmens, aux grottes ou aux hypogées. Ce bilan embrassant une région ayant connu une longue tradition d’exploration des sépultures préhistoriques, nous nous appuyons sur une documentation assez inégale, allant des découvertes anciennes aux fouilles récentes. Une analyse fine des pratiques funéraires ne pouvant être envisagée sur l’ensemble de notre corpus, il nous a paru intéressant dans un premier temps de rechercher d’éventuelles spécificités territoriales et géographiques avant d’aborder des critères d’exclusivité, de complémentarité et de synchronisme qui seuls, à cette échelle, offrent l’opportunité de dégager quelques constantes ou antagonismes.

État de la documentation

6Notre corpus est basé sur les entités archéologiques de la carte archéologique nationale recensant 343 sépultures datées du Néolithique et/ou du Bronze ancien ainsi que sur l’inventaire critique des 368 sépultures collectives réalisé par G. Sauzade en 1998.

7Chaque site et/ou sépulture a bénéficié d’un retour aux rapports de fouilles et aux publications, le cas échéant, afin de vérifier si des études (mobilier, restes humains, stratigraphie, etc.) ou des datations récentes permettaient de modifier ou compléter les rubriques générales de notre base de données (chronologie, typologie, individuel/collectif, crémation/inhumation).

8Dans la mesure où notre région d’étude présente une grande diversité architecturale (Sauzade 1998), nous avons défini six modalités typologiques. Bien que l’utilisation du terme dolmen ait parfois été discutée (Joussaume 1987), nous l’avons conservé puisqu’il était dans le générique de la table ronde. Il s’agit dans notre corpus d’une chambre funéraire construite (mégalithique ou non) avec accès latéral, bénéficiant ou non d’un couloir, recouverte ou non par un tumulus. Sous le terme de grotte, nous avons réuni les cavités naturelles, les avens, les abris, qu’ils soient aménagés par un dispositif bâti ou non. Un hypogée est pour sa part une cavité artificielle qui peut également bénéficier d’une partie construite. Nous avons aussi tenu compte, dans notre recensement global, des tombes en blocs qui sont délimitées par des pierres, de façon circulaire, carrée ou rectangulaire et qui se situent au centre d’un tumulus composé aussi de pierres. La catégorie tumulus se rapporte à une structure qui ne comporte pas de chambre funéraire en pierres. Les dispositifs bâtis inédits sont ceux qui ne rentrent dans aucune catégorie précitée. Ils partagent certaines caractéristiques avec les dolmens (orientation, taille) mais les matières premières de leur construction, les modalités d’agencement et l’absence de tumulus les en différencient.

9A première vue, nous pensions bénéficier d’une documentation abondante. Mais seulement 262 sépultures présentent des arguments archéologiques suffisants pour être assurés qu’une, au moins des occupations funéraires, s’inscrit dans le Néolithique final (annexe 1). On compte autant de grottes que de dolmens, les autres types étant beaucoup moins représentés (tabl. 1). Les informations des autres rubriques sont de valeurs très inégales. La simple détermination de la modalité funéraire la plus élémentaire (inhumation/crémation ; collectif/individuel) se révèle impossible dans 20 à 50 % des cas. Cent vingt-cinq sites seulement sont documentés par un minimum de documentation (plan, mobilier, etc.) dont 61 ont fait l’objet de fouilles ou de sondages parmi lesquels 21 ont été réalisés au cours des 30 dernières années.

10Au faible nombre de sépultures suffisamment documentées s’ajoute la question de la chronologie, donnée essentielle pour saisir d’éventuelles évolutions dans les pratiques funéraires. L’évolution des assemblages et types de mobiliers apportés dans les sépultures est avérée (Sauzade 2011), mais peu d’entre elles livrent un matériel abondant et/ou suffisamment caractéristique pour se fier à ce seul indicateur. Qui plus est, pour les sépultures bénéficiant de datations, il est constaté que les architectures connaissent peu de mutations nettes au cours du Néolithique final. Si l’apport des datations absolues permet de saisir des tendances, les phases chrono-culturelles ainsi déterminées, tributaires d’une courbe de calibration peu favorable, s’inscrivent dans des périodes très longues de 400 à 700 ans en incluant les transitions entre phases (Sauzade et al. 2018) qui ne sont d’aucune utilité lorsqu’il s’agit d’aborder la question du synchronisme de sites funéraires. Face à cette chronologie distendue, certains mobiliers bénéficiant de marqueurs culturels affirmés pourraient constituer un palliatif. Mais, à l’exception des hypogées, dotés d’un matériel abondant et des matériels typiquement campaniformes rencontrés dans certaines tombes, la rareté du mobilier et, son caractère souvent ubiquiste ne permet pas de s’appuyer sur ce critère.

11Si aucun synchronisme entre sépultures d’une même aire géographique n’a été à ce jour révélé par un mobilier exclusif à une période, deux cas associant des habitats et sépultures en cavités très proches peuvent être mentionnés : la grotte des Aiguilles (Muret 2006) et l’abri de Sanguinouse (Sauzade & Duday 1983).

12Au final, il ne semble pas à l’heure actuelle possible, dans le cadre de notre région, de se fonder sur une analyse fine des données en vue de répondre aux questions posées. Une approche plus générale, profitant du nombre important d’occurrences pour dégager certaines spécificités de chacun des contextes, peut en revanche être envisagée. Couplée à une analyse spatiale à l’échelle régionale en vue de rechercher d’éventuelles zones de concentration ou exclusion, elle permet de mettre en évidence des tendances.

Analyse cartographique

13La première analyse, strictement cartographique, met en œuvre de grandes catégories et vise à définir globalement l’échantillon étudié et ses principales caractéristiques.

14La géographie de l’aire considérée (38200 km²) est très largement dominée par le massif alpin. On distingue traditionnellement trois entités orographiques très contrastées présentant un fort déterminisme pour l’occupation. 54 % du territoire est composé de reliefs constitués en majorité de formations sédimentaires secondaires ou tertiaires soulevées et mises à nu par de puissants jeux tectoniques (fig. 1). Il en résulte que, quel que soit le lieu considéré, une grande variété de ressources minérales et de paysages est disponible à peu de distance.

15La documentation est très inégalement répartie, ce qui handicape lourdement l’analyse spatiale. Les Préalpes et les Alpes ne sont pratiquement pas documentées quelle que soit la nature des sites (fig. 1).

16La plupart des sépultures mégalithiques ont été recensées anciennement dans des secteurs qui sont maintenant peu explorés archéologiquement. L’archéologie préventive, qui fournit une bonne part des données nouvelles, porte essentiellement pour sa part sur les contextes de plaine ou les reliefs peu marqués où se situe également l’essentiel des vestiges domestiques et agraires recensés.

17Dans le quart sud-ouest de la région en revanche les recensions et fouilles anciennes de sites funéraires sont complétées par quelques découvertes récentes (Château blanc, Hasler et al. 2002 ; l’Ubac, Bizot & Sauzade 2015 ; les Arnajons, Sargiano & D’Anna 2011) et les opérations préventives ont révélé un nombre important de sites à usage d’habitat ou de production qui offrent l’opportunité de pousser un peu plus l’analyse.

18En effet, pour tenter de percevoir d’éventuelles spécificités dans la répartition géographique des dolmens et des grottes, il est intéressant de comprendre comment la documentation archéologique est répartie et quelles sont les éventuelles proximités géographiques qui pourraient être détectées. Pour ce faire, à partir de la carte archéologique, 308 sites d’habitat ou présentant des traces d’occupations domestiques, artisanales et ou agraires rattachés au Néolithique final et renseignés par des investigations archéologiques ont été sélectionnés.

19Les plaines alluviales et collines reçoivent l’essentiel des occupations du Néolithique final (428/528) connues, habitats et funéraires confondus (fig. 2). Dans les étages préalpins et alpins, explorés moins systématiquement par les archéologues, les occurrences sont nettement plus rares et ne peuvent au mieux qu’indiquer, pour les sites les mieux documentés, la diffusion de traits culturels documentés en plaine. Les Préalpes comptent 92 sites et 8 autres seulement sont connus dans les zones de plus haute altitude encore très peu étudiées.

20Les sites du Néolithique final sont assez bien répartis dans le quart sud-ouest de l’aire d’étude. Dans 110 cas sur 220, une sépulture compte au moins un site d’habitat ou de production dans un rayon de tout au plus 5 km. 180 sépultures comptent au moins un site d’habitat ou de production dans un rayon de 10 km. Dans le quart sud-est de la région, les sites d’habitat recensés sont plus rares et l’on constate une forte dichotomie entre les rares points documentant les occupations et l’exceptionnelle densité de sépultures présentes dans le secteur. Malgré des proximités géographiques encourageantes dans le quart sud-ouest, les données chronologiques sont trop imprécises pour associer habitat et sites funéraires. Seul un site d’occupation et une inhumation (Fraichamps ; Sauzade et al. 1990) peuvent à l’heure actuelle être formellement mis en relation.

21Parmi les trois grandes familles de sépultures retenues, seuls les hypogées semblent véritablement liés à l’étage collinaire et aux roches sédimentaires tendres (des grès à ciment calcaire) (fig. 1) dans lesquels ils sont creusés. Si les sépultures en grottes sont évidemment tributaires pour la plupart des formations calcaires, les sépultures mégalithiques s’accommodent de toutes les ressources minérales.

22La répartition spatiale des cavités ayant reçu une ou plusieurs sépultures est assez contrastée. Elle se superpose évidemment aux 8260 cavités naturelles recensées dans la base nationale du BRGM (fig. 3). Deux zones (massifs entre Marseille et Toulon et massifs calcaires au nord des Maures et de l’Esterel) à très forte densité de cavités naturelles correspondent aussi à un nombre significatif de sépultures en grottes. Mais, a contrario, le nombre élevé de sépultures en grottes à l’ouest des Bouches du Rhône et sud Vaucluse (massif des Alpilles et Luberon essentiellement), de part et d’autre de la Durance, ne correspond pas à une forte densité de cavités naturelles. Il semble que, dans ce cas, la forte densité de grottes sépulcrales puisse être mise en relation avec le nombre élevé de sites d’habitat de ce secteur (fig. 4).

23La répartition spatiale des dolmens et hypogées est très inégale (fig. 5). La moitié ouest de la région compte peu de dolmens mais recense la quasi-totalité des hypogées, creusés dans les roches sédimentaires tendres, bien que ce substrat ne soit pas une spécificité exclusive à ce secteur. Les hypogées demeurent des phénomènes très localisés et peuvent être considérés comme une spécificité régionale (voir section 3). Certains, comme ceux d’Arles-Fontvieille, présentent d’ailleurs des architectures spécifiques uniques en Europe (Margarit et al. 2016, Guilaine 2015).

24Le sud-est réunit l’essentiel des mégalithes, avec une forte densité dans les reliefs calcaires bordant les Maures et l’Esterel. Il est à noter que la très forte concentration au sud-est de sépultures mégalithiques correspond également à une forte densité de sépultures en grottes (fig. 6).

25En considérant l’intégralité du millénaire concerné, plusieurs résultats méritent d’être retenus.

26La distribution des sépultures en grottes est évidemment tributaire des opportunités naturelles. Mais cette forme de sépulture apparaît particulièrement présente dans le Luberon et les Alpilles où les opportunités naturelles ne sont pas les plus importantes (21 grottes funéraires pour 136 cavités naturelles recensées) au regard par exemple de la frange nord des Maures et de l’Esterel (23 grottes funéraires pour 1700 cavités recensées).

27Dans le quart sud-ouest de la région, où les informations archéologiques sont les plus abondantes et complètes, voisinent les sépultures mégalithiques ou en grotte. Dans l’est varois/ouest des Alpes Maritimes, un noyau à forte densité de dolmens coïncide également avec un nombre non négligeable de sépultures en grotte. Il est intéressant de souligner que, dans ces deux secteurs, les sépultures mégalithiques et en grottes sont presque également représentées (7 dolmens, 4 hypogées pour 21 grottes funéraires pour le secteur Alpilles –Luberon ; 31 dolmens et 23 grottes pour l’est Var). L’implantation des dolmens ne semble pas non plus fortement tributaire des ressources minérales locales. Il apparaît néanmoins que très peu de constructions mégalithiques sont présentes dans les formations sédimentaires des plaines. À l’exception de quelques cas, cette architecture semble surtout implantée sur les reliefs.

Les pratiques funéraires en fonction du type d’architecture (grotte, dolmen, hypogée)

28Les pratiques auxquelles nous faisons référence dans cette section concernent le recrutement (Masset 1987), le traitement du corps (cadavre entier, décomposé, décharné ou brûlé), la gestion de l’espace (manipulations post-dépositionnelles notamment) ainsi que les objets associés aux défunts et/ou à la tombe.

29En ce qui concerne le traitement par crémation, P. Chambon (2003) et E. Gatto (2007, 2013) avaient déjà souligné qu’il n’est pas lié à un mode architectural particulier (même si les dolmens varois à dépôts secondaires présentent une fréquence élevée à l’échelle du territoire et de la France) et que le type d’objets et les assemblages ne varient pas (Gatto 2007). En Provence, il s’agit uniquement de dépôts secondaires et seulement le contenu d’un dolmen a fait l’objet d’une étude détaillée des restes osseux (San Sébastian 2 ; Gatto 2007). L’étude de la couche 2 de l’hypogée de Roaix est en cours. Il s’agit, pour rappel, d’un seul épisode d'ustion dont la finalité reste à préciser (Chambon 2003, Sauzade 1983). L’apparition de la pratique de la crémation en sépulture collective au Néolithique final n’est pas clairement établie. Toutefois, ce traitement du corps est documenté au Néolithique moyen dans notre région d’étude (Schmitt & van Willigen 2020). Cette modalité est donc connue et pratiquée bien avant le développement des sépultures collectives. En revanche, les motivations de ce traitement dans le système funéraire collectif sont probablement différentes.

32La question du traitement des corps est complexe. Les sépultures collectives livrent des assemblages osseux dont l’étude est non seulement chronophage mais également ingrate. Le grand nombre de pièces ou segments anatomiques isolés limite l’appréhension de la plupart des pratiques. Celles-ci sont plutôt cernées de façon globale qu’à l’échelle individuelle (Schmitt & Bizot 2016). Si l’on raisonne sur les tendances générales, il n’y a aucune uniformité de traitement des corps d’une tombe à l’autre ou d’un type architectural à l’autre. Les dépôts primaires et les réductions (rangées ou non) sont majoritaires mais des dépôts secondaires sont également supposés. Des témoignages de vidanges et de prélèvements, notamment de bloc cranio faciaux, sont documentés. La position sur le côté droit ou gauche paraît également prévaloir mais n’est pas systématique ; sur ce point, les hypogées semblent présenter une plus grande diversité. On note également que contrairement à l’exiguïté de la plupart des sépultures collectives qu’elles soient creusées, naturelles ou construites, l’hypogée du Capitaine présente une configuration particulière. En effet, la faible densité des corps induit moins de remaniements que dans la plupart des tombes (Chambon 2003).

33Si des dépôts simultanés d’individus sont documentés (ou du moins suggérés) dans certaines tombes, l’hypogée de Roaix a, quant à lui, cette particularité d’avoir reçu les corps d’une cinquantaine d’individus n’ayant pas subi de remaniement important, ce qui suggère des dépôts sans doute assez rapprochés dans le temps. La proximité temporelle de certains dépôts a également été relevée dans l’hypogée des Boileau mais, en l’absence de publication, elle reste à vérifier.

34Les différents types de mobilier découverts dans les sépultures collectives ont été utilisés comme indicateur chronologique (Cauliez 2011, Courtin 1974, Sauzade 1983, 2011, Sauzade et al. 2018). Mais leur quantité, leur statut et leur signification ont également été discutés. À l’échelle de la Provence, la céramique, les armatures de flèches et les parures ne présentent pas de disparités d’un type de tombe à l’autre (Sauzade 2011, 2012).

36Il est ainsi bien difficile avec le peu de sites étudiés intégralement dont nous disposons de caractériser les pratiques funéraires par type architectural. Les éléments que nous avons mentionnés permettent de dégager quelques tendances qu’il conviendra, dans le futur, d’étayer ou de nuancer en multipliant les études exhaustives de sites.

Conclusion

37La pratique de sépultures en dolmens ou grottes n’a rien d’exclusif territorialement et chronologiquement. Les deux formes cohabitent le plus souvent. Il faudra néanmoins vérifier cette synchronie par une campagne de datations plus poussées dès lors que des informations archéologiques fiables seront disponibles.

38Le seul fait culturel notable est la concentration en deux secteurs seulement des dolmens avec de vastes zones intermédiaires où cette forme de sépulture n’est pas représentée. Ils sont rares dans la partie sud-ouest de la région, plus fréquents dans le sud-est et quasiment absents dans le reste de la région à l’exception d’un tout petit secteur des Alpes entre l’Ubaye et le Champsaur. En l’état, le nombre d’occurrences relevées et leur concentration laisse supposer qu’il s’agit de dispositifs funéraires d’exception. A contrario, les grottes ont été utilisées comme sépulture, en plus ou moins grand nombre, dans pratiquement tous les reliefs où cette opportunité existe mais il faut noter une plus forte proportion de cavités funéraires dans l’ouest de la région.

39Si l’on se place de ce point de vue, la sépulture en grotte est une pratique courante et répandue dans tout le complexe collinaire calcaire provençal, au même titre que les inhumations individuelles en fosses qui apparaissent presque à chaque fouille d’habitat.

40Si l’on se base sur les seules sépultures documentées par des observations archéologiques précises, l’analyse globale du recrutement funéraire et de la gestion des corps et de l’espace sépulcral reste un pan de la recherche difficilement abordable en l’état, compte tenu de la documentation dont nous disposons. La reprise des données d’un certain nombre de sites étudiés anciennement permettrait, sans doute, d’élargir les perspectives sur ce point. Par ailleurs, la difficulté, qui n’est pas spécifique à notre région, d’aborder la temporalité propre à chaque sépulture entrave considérablement les analyses et les interprétations. Par conséquent, il y a encore beaucoup à faire pour établir des bases solides qui permettraient à l’avenir d’intégrer dans le raisonnement les données issues des analyses paléogénétiques, biomoléculaires et isotopiques dont la pertinence dépend également de l’exhaustivité et de la qualité des données archéologiques et anthropologiques.