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Notes de lecture
Histoire, sociétés

Lionel Obadia, L’Au-delà. Penser la vie après la mort à travers l’histoire et les cultures, Paris, Eyrolles, coll. Eyrolles Pratique, 2024, 184 pages.

Olivier Arifon
p. 535-536
Référence(s) :

Lionel Obadia, L’Au-delà. Penser la vie après la mort à travers l’histoire et les cultures, Paris, Eyrolles, 2024, 184 pages.

Texte intégral

1Ce livre est clairement un manuel qui explore l’Au-delà dans nos cultures, insistant sur l’histoire, les traditions et les représentations de cette notion.

2Lionel Obadia veut répondre aux questions de la création de ces autres mondes qui transposent la réalité vécue. Il indique que ce n’est pas un autre livre sur la mort elle-même, mais « […] un panorama analytique et typologique des vues de l’Au-delà. En d’autres termes, une comparaison dans l’histoire et les cultures de manière de penser et de mettre en pratique des rituels, d’élaborer des scénarios de la mort et de l’après-vie, d’accompagner, neutraliser ou esquiver la violence de la disparition, d’encadrer matériellement et socialement la gestion des corps défunts et la réalisation de leur mémoire. » (p. 11). Une perspective comparative et pluridisciplinaire guide ce livre. En effet, l’Au-delà est bien une extension de la vie après la vie, soit le souhait exploré par chaque civilisation de penser le départ et d’imaginer les possibles situations après celui-ci. Car une fois l’individu disparu, que reste-t-il ?

3Le livre est structuré en trois parties. La première s’intitule : « À propos d’Au-delà » (p. 15-72). Cette partie s’interroge sur les existences et les modalités de l’Au-delà. Comment se représente-il et comment est-il représenté ? Pour cela, l’auteur aborde la religion, la littérature, la science, les conceptions et les rituels de la mort. Dans ces domaines, la créativité humaine est fertile et propose diverses formes et expressions de l’Au-delà. Cette diversité s’explique par les variétés des perspectives imaginées par les diverses cultures. De même, le traitement de la mort et des rituels associés au fil du temps fait preuve d’une étonnante variété, dimensions toujours entièrement destinées à assurer la paix des vivants.

4La deuxième partie traite des « Lieux et significations » (p. 73-128). Elle développe les cartographies religieuses dans d’autres traditions, antiques et non théistes, comme la notion de la vie après la vie. Elle aborde aussi la science-fiction, car l’Au-delà reste un thème d’inspiration pour ce type de littérature. Le détour par les religions non théistes indique de grandes tendances identiques, comme la mise à distance ou la continuité d’une vie. De fait, la science-fiction et la science tout court proposent d’explorer les différentes expériences lorsqu’un individu s’approche de la mort.

5Dans la partie trois, « Passage et communications » (p. 129-177), l’auteur explique les différentes modes de médiation du divin et les rituels funéraires : les grandes religions (christianisme, islam, judaïsme) ont mis en place différents dialogues possibles avec l’au-delà. De même, des modes de dialogue existent dans le chamanisme, le New Age et le channeling, pour tenter de communiquer avec l’Au-delà. Enfin, plus récemment, il convient d’observer les échéances (ou modalités) modernes de l’Au-delà avec le spiritisme, le numérique, les innovations funéraires ou les nouvelles pratiques profanes (obsèques civiles, rites de prolongation de la vie, transhumanisme). Dans ce domaine, règne une forte variété de tentatives et de modes de communication proposant des tactiques face à la mort et à la tragédie d’une fin (possible) de la vie. L’étude des nouvelles approches techniques de communication (après vie dans les métavers, avatars et robots conversationnels) montre des ruptures entre réel et imaginaire, reflet des métamorphoses des croyances. En cela, le dernier chapitre de l’ouvrage souligne les réinterprétations et les continuités des attitudes entre sacré et profane, ainsi qu’entre science et croyance.

6Pédagogue, L. Obadia cherche à montrer toutes les dimensions de l’Au-delà dans différentes religions, même si les aspects abordés sont le plus souvent relatifs au christianisme. Conçu comme un guide, ce livre contient cependant de nombreuses limites. Les phrases sont souvent très longues, organisées en structures parfois complexes et peuvent provoquer une perte de la réflexion et l’envie de décrocher. Si les divisions en trois parties, constituées de trois chapitres chacune font preuve de rigueur, les réflexions abordées sont parfois redondantes et brise la logique sous-jacente affirmée. Néanmoins, le livre reste bien dans les limites qu’il s’est fixé : l’étude des diversités des formes imaginées par les hommes pour figurer l’Au-delà univers, paradis, terres sacrées ou damnées, etc.

7Cet ouvrage donne une vue générale et actuelle du sujet de plus en plus souvent débattu en Occident et dont les nombreux livres et reportages sont l’illustration. En ce sens, il remplit sa fonction de manuel d’ouverture, malgré les quelques réserves exposées ci-dessus. Il donne à voir le fait que l’être humain invente des rites et solutions pour mettre à distance la disparition et surtout la décomposition du corps, ceci afin de se préserver et de préserver sa culture. Dit autrement, la mort est mise à distance pour protéger ceux qui restent. Même si l’auteur se tient à l’écart de la question, la destinée de la conscience reste bien un mystère à travers l’histoire et les cultures.

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Pour citer cet article

Référence papier

Olivier Arifon, « Lionel Obadia, L’Au-delà. Penser la vie après la mort à travers l’histoire et les cultures, Paris, Eyrolles, coll. Eyrolles Pratique, 2024, 184 pages. »Questions de communication, 46 | 2024, 535-536.

Référence électronique

Olivier Arifon, « Lionel Obadia, L’Au-delà. Penser la vie après la mort à travers l’histoire et les cultures, Paris, Eyrolles, coll. Eyrolles Pratique, 2024, 184 pages. »Questions de communication [En ligne], 46 | 2024, mis en ligne le 10 février 2025, consulté le 17 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/questionsdecommunication/37154 ; DOI : https://doi.org/10.4000/12ygc

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Auteur

Olivier Arifon

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