Jean-Marie Breton, Les Politiques publiques du tourisme. Problématiques et gouvernance, Le Kremlin-Bicêtre, Mare & Martin, coll. Tourisme et écotourisme, 2023, 395 pages
Jean-Marie Breton, Les Politiques publiques du tourisme. Problématiques et gouvernance, Le Kremlin-Bicêtre, Mare & Martin, coll. Tourisme et écotourisme, 2023, 395 pages
Texte intégral
1Jean-Marie Breton est professeur émérite à l’Université des Antilles (Guadeloupe), ancien directeur du Centre de recherches et d’études juridiques sur l’environnement, le tourisme et l’aménagement (Crejeta), membre de l’Académie des sciences d’Outre-Mer (Paris) et administrateur de la Société française pour le droit de l’environnement.
2Après son ouvrage sur le Droit du tourisme chez le même éditeur en 2021, J.-M. Breton a développé son approche des politiques publiques du tourisme. Ces deux publications succèdent à Droit et politique du tourisme (Lyon, Juris Éd., 2016), en l’actualisant et en le décomposant en deux volets. On remarquera l’arrivée du pluriel concernant les politiques. La 4e page de couverture problématise les enjeux de la publication, « le tourisme est un phénomène de société qui connaît un développement rapide et génère des activités en progression constante et de plus en plus diversifiées. Son poids économique conduit les pouvoirs publics à la fois à les encadrer et à les dynamiser. Qu’il s’agisse du tourisme classique ou des “nouveaux” tourismes, des acteurs ou des destinations, des objectifs ou des procédures, des enjeux ou des attentes, l’élaboration et la mise en œuvre de ces politiques ouvrent aujourd’hui des perspectives renouvelées à la gouvernance du tourisme ».
3Les questions juridiques et de gouvernance irriguent à plusieurs reprises son ouvrage. Après une brève introduction (p. 27-28), J.-M. Breton commence par définir et caractériser le phénomène et la problématique touristiques (« Le tourisme : phénomène et problématique », p. 29-46) en partant de son origine pour aboutir à son évolution et en passant par ses développements. Il expose la situation du tourisme international, en Europe, en France et de l’e-tourisme avant de préciser les finalités et enjeux des politiques publiques pour un tourisme durable via sa gouvernance. Son encadrement et sa régulation juridique se doublent d’une gestion économique et des emplois avec des interventions nécessaires et des responsabilités partagées entre pouvoirs publics, organismes spécialisés et acteurs.
4Dans la partie suivante, « Le tourisme “classique” » (p. 47-124), la présentation et l’analyse du tourisme « classique », permettent de mesurer ses aspects économiques, sociaux, identitaires, spatiaux et territoriaux, environnementaux et patrimoniaux, de même que ses dynamiques, typologies, classifications et destinations principales (balnéaire et nautique, de montagne, urbaine, rurale ; sociale et familiale, dont le handicap ; itinérante, de croisière ; culturelle et patrimoniale, cognitive, expérientielle et événementielle, mémorielle ; économique, affective ou collective, de santé ou de bien-être, dont thermale), mais aussi déviantes et marginales (sexuelle, pseudo-ethnique, migratoire ; de l’extrême et noire, spatiale).
5La partie « Tourisme, développement et durabilité » (p. 125-146) confronte le tourisme au développement et à la durabilité, enjeu sur lequel l’auteur revient maintes fois. Après en avoir défini les concepts pluriels et les implications multiples, il en trace les perspectives tant internationales que nationales et locales sur le développement et l’environnement, assorties d’indicateurs, de normes et de codes de déontologie pour des mises en œuvre appropriées.
6« Les “nouveaux” tourismes » (p. 147-193) sont aussi décrits et analysés sous différents angles. Des tourismes alternatifs se développent parallèlement au tourisme de masse, qui reste majoritaire et pour longtemps, avec l’impact de certains pays dont ceux faisant partie des BRICS… (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud et d’autres pays en développement), voulant profiter à leur tour de la mondialisation des échanges. Les tourismes écologique, patrimonial, religieux et spirituel, scientifique et archéologique, anthropologique et ethnologique… relèvent de niches du tourisme culturel. Les enjeux portent surtout sur le tourisme intégré, communautaire et participatif, social et « créatif » pour sa gestion, ainsi que sur le tourisme éthique et équitable, solidaire, responsable, et lent (slow/soft) pour ses valeurs.
7« La fabrication des politiques de tourisme » (p. 195-247) conduit à considérer les fondements et régimes des interventions publiques et du service public du tourisme ou touristique selon des raisons économiques et critères juridiques. Le rôle des acteurs publics et privés (État central et déconcentré, collectivités intermédiaires (régions et départements) et locales (communes et intercommunalités), organismes spécifiques et entreprises locales est précisé, ainsi que la gouvernance de cet écosystème à l’aide de modalités et procédures diverses, de programmes et outils nombreux, s’inscrivant de plus en plus dans des stratégies nationales et territoriales, voire européennes et internationales.
8« L’exécution des politiques publiques » (p. 249-324) rappelle le cadre et le régime de l’action publique, ainsi que sa légitimité via des incitations économiques et des régulations juridiques. La garantie des produits et des prestations passe par des labellisations et des classifications, et la régulation normative par la législation, la réglementation et la codification du secteur lui-même, mais aussi en relation avec d’autres connexes, en particulier l’urbanisme et l’environnement. Ces politiques propres sont complétées par des démarches partenariales et associatives entre acteurs publics et opérateurs privés. Leur diversité se retrouve dans les multiples formes et objets de contractualisation : délégations, partenariats public-privé, contrats de plan État-Région, de pays d’accueil touristique (PAT), de destination, de structuration de pôles touristiques territoriaux, de relance et de transition écologique (CRTE)… Les offices de tourisme (déjà évoqués dans la partie précédente), organismes locaux de tourisme, organismes et groupements associatifs, etc., constituent les organismes privés en charge de la dynamique associative. L’auteur développe aussi la gestion électronique du tourisme (e-tourisme), tant dans ses signification et portée que dans son objet pour l’information et la gestion, détaillant certaines de ses modalités (ventes, contrats, centrales de réservation, clauses de parité, dispositions sectorielles…).
9Dans la partie suivante, « Les financements et la fiscalité » (p. 325-345) du tourisme sont étudiés. Les crédits budgétaires sont présentés, des aides à l’investissement durable, de même que les incitations et prélèvements fiscaux, avec un exemple de politique de défiscalisation Outre-Mer, ses avantages mais aussi ses effets et risques.
10La section « Perspectives » (p. 347-367) propose de nouveaux modèles de gouvernance avec leurs problématiques et paramètres, facteurs, acteurs, orientations et implications et reviennent sur les champs et orientations des politiques publiques de tourisme à l’international, en Europe et en France, par l’État et par les collectivités locales, les organismes locaux et les groupements associatifs.
11J.-M. Breton alterne entre des réflexions théoriques et des analyses appliquées pour proposer des analyses étayées, formant un ouvrage très complet et dense mais difficile à lire pour deux raisons. La première réside dans la longueur des phrases, voulant rappeler à chaque fois les tenants et aboutissants de chaque propos, ce qui alourdit la lecture, et la seconde dans la difficulté à trouver des informations précises parmi les multiples découpages et le peu d’exemples de terrain. L’absence de conclusion en tant que telle laisse un peu le lecteur dans l’expectative mais ce dernier dispose d’une synthèse des enjeux juridiques et de gouvernance des politiques publiques de tourisme dans les sections V à VIII, après avoir examiné toutes les formes et modalités de tourisme dans celles I à IV de cette somme érudite.
Pour citer cet article
Référence papier
Fabrice Thuriot, « Jean-Marie Breton, Les Politiques publiques du tourisme. Problématiques et gouvernance, Le Kremlin-Bicêtre, Mare & Martin, coll. Tourisme et écotourisme, 2023, 395 pages », Questions de communication, 47 | 2025, 319-322.
Référence électronique
Fabrice Thuriot, « Jean-Marie Breton, Les Politiques publiques du tourisme. Problématiques et gouvernance, Le Kremlin-Bicêtre, Mare & Martin, coll. Tourisme et écotourisme, 2023, 395 pages », Questions de communication [En ligne], 47 | 2025, mis en ligne le 26 juin 2025, consulté le 17 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/questionsdecommunication/38900 ; DOI : https://doi.org/10.4000/14aat
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