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Le développement de la viticulture antique dans le bassin versant de la Loire à l’époque romaine (Gaule centrale) et la question de la vigne biturica

The development of ancient viticulture in the loire watershed during the Roman era (central Gaul) and the question of the biturica vines
Alain Ferdière

Résumés

Le développement de la viti-viniculture à travers les Gaule, dont on connaît l’importance économique et culturelle, est une question aujourd’hui bien documentée, y compris pour la Gaule intérieure. Cependant, celle-ci n’a pas été traité à l’échelle de tout le vaste territoire de Gaule centrale (Lyonnaise et Aquitaine) que représente l’ensemble du bassin versant de la Loire. C’est ce qu’on propose d’examiner ici en détail – depuis les origines jusqu’au VIe-VIIe s. – pour cet ensemble de cités concernés, scrutées une à une, en mobilisant la totalité de la documentation à travers, tour à tour, les données textuelles, iconographiques et archéologiques de tout ordre, des installations affectées à cette production aux données archéo-botaniques, dont la valeur heuristique relative sera soupesée. Ainsi pourra être revu, à la suite, de manière historiographique et critique, le dossier foisonnant de la vigne biturica, en examinant donc les données de la cité des Bituriges Vivisques parallèlement à celles des Bituriges Cubes.

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Texte intégral

Introduction

  • 1 Et non “Vitis vinifera” et “Vitis sylvestris” tout court, sans ssp. (= sub-species), ceci selon la (...)
  • 2 Au sujet de l’apparition de la vigne comme pour le débat au sujet de la biturica, notamment du poin (...)

1La vigne cultivée (Vitis vinifera ssp. vinifera), dans toutes ses variétés qu’on nomme aujourd’hui volontiers cépages, dérive de la vigne sauvage ou lambrusque (Vitis vinifera ssp. sylvestris)1 (voir par ex. Bouby 2014 : 110 ; Bouby et al. 2005 ; 2013 : 1-2)2 : ces mutations – ou plutôt sélections –, nommées cépages par les œnologues, ont été obtenues à partir de la lambrusque endémique, les transformant ainsi en variétés cultivées (V. vinifera vinifera, ou sativa) : ce sont à proprement parler nos “cépages” d’aujourd’hui. Elles ont ensuite été reproduites par provignage, marcottage, bouturage ou greffe, cette dernière technique n’étant plus en usage à partir du Moyen Âge.

2La domestication de la vigne est sans doute apparue il y a environ 11 000 ans, en Asie occidentale et dans le Caucase, pour produire raisin de table et vin (Badouin et al. 2020 ; Chauveau 2023 ; Tengberg et This 2023). Sa culture en Europe occidentale est essentiellement issue d’encépagement à partir de la vigne sauvage (lambrusque) spontanée, formant ainsi progressivement des ensembles régionaux, sur lesquels on reviendra plus bas (Bisson 2009) (Fig. 1).

Fig. 1 - La lambrusque spontanée en France aujourd’hui (symboles en points et croisillons) ; la ligne noire la plus au Nord marque la limite culturale nord de la vigne ; les autres lignes marquent les isolignes de 1000° (tiretés) et 3000° (pointillés).

Fig. 1 - La lambrusque spontanée en France aujourd’hui (symboles en points et croisillons) ; la ligne noire la plus au Nord marque la limite culturale nord de la vigne ; les autres lignes marquent les isolignes de 1000° (tiretés) et 3000° (pointillés).

D’après Bisson 2009 : Fig. 3

  • 3 Assises historiques du vignoble français contemporain oblige !
  • 4 On notera d’emblée que, pour l’Antiquité tardive, la documentation textuelle privilégie quelques ré (...)
  • 5 Cette référence constitue, en diptyque avec Brun et Laubenheimer 2001a, l’état des lieux le plus co (...)

3Depuis le xixe s. au moins, la viti-viniculture antique en Gaule3 a tôt été sujet d’examen attentif de la part des historiens, qui ont consacré de nombreuses études à l’apparition et au développement de la vigne cultivée et de la production vinaire à travers les Gaules, d’abord à partir des textes4 et de l’iconographie, puis, plus récemment, à travers les données archéologiques lato sensu, de tous ordres (Jullian 1907/26, L. V, chap. V, t. 2 de la rééd. : 68-70 ; Levadoux 1953 ; Dion 1959 ; Tchernia 1986 : 140-146, 164, 218-219, 246-249 ; Lachiver 1988 ; Archéologie… 1990 ; Garrier 1995 ; Brun et Laubenheimer 2001a et b ; 2004 ; Brun 2004 ; 2010 ; Brun, Poux et Tchernia 2004 ; Poux 2004 ; Poux, Brun et Hervé-Monteil 20115 ; cf. Ferdière 1988, 2 : 85-100 ; 2006 : 107-114).

  • 6 Alors qu’auparavant – et surtout en Narbonnaise – celle-ci était faite dans des dolia, grandes jarr (...)

4Quant au commerce du vin, avec les conteneurs que sont les amphores, on dispose grâce à ces dernières d’une documentation remarquable (voir, dans une bibliographie pléthorique, surtout Laubenheimer 1990 ; 1992 ; 1998 ; Desbat 2004). Mais, à partir au moins de la fin du ier s. de n. è., le tonneau tend en partie à supplanter dans ce domaine ces récipients en terre cuite, car plus léger, plus maniable et pouvant, quant à eux, servir également à la vinification6, alors que, cependant, paradoxalement, explose en Gaule, à partir des années 60-70 de n. è., les productions d’amphores de type Gauloise 4.

  • 7 Le terme de “cépage”, parfois utilisé dans les traductions pour les désigner est en fait erroné et (...)
  • 8 Dont seulement trois supposés “cépages” portant des noms se référant à des régions de Gaule (André  (...)

5Les textes antiques – et en particulier les agronomes latins – distinguent des dizaines de variétés de vignes7 dont ils détaillent les qualités et les défauts (voir André 19528). Parmi elles, pour la Gaule, la question de la biturica ou biturigiaca appelle l’attention.

6À partir du iie s. av. n. è. en Italie, du ier s. av. n. è. en Narbonnaise et enfin du ier s. de n. è. pour le reste des Gaules, la documentation textuelle comme les découvertes archéologiques montre non seulement le développement spectaculaire de la viti-viniculture, mais aussi et sans doute surtout l’extraordinaire source de profit que constitue cette activité particulièrement rentable et lucrative pour les propriétaires fonciers (Tchernia 1986 : 114-121, 215-216, 164-165… ; Brun 2005 : 68-77, 170-180). En Gaule Narbonnaise (moyenne vallée du Rhône, Provence et Languedoc), de grands domaines viticoles tels que ceux du “Molard” à Donzère (Drôme) constitue un exemple emblématique de cet épanouissement (Odiot 1996), des “Toulons” à Rians (Var) et de “Vareilles” à Paulhan (Hérault) (Carrato 2017b : catalogue, s.v.), constituent des exemples emblématiques de cet épanouissement.

  • 9 Ou, en latin – indifféremment ici dans le texte –, Bituriges Cubi et Bituriges Vivisci.

7On se propose donc d’examiner ici la question pour l’ensemble des données disponibles concernant la viti-viniculture dans tout le vaste bassin versant de la Loire. En complément sera repris, d’un point de vue à la fois historiographique et critique, le dossier “sensible” de la vigne biturica/biturigiaca, en comparant les données existantes pour la cité des Bituriges Vivisques du Bordelais avec celles de la cité des Bituriges Cubes9 du Berry, seule cette dernière étant dans le bassin versant étudié, en position centrale.

8Pour cette thématique – le développement de la viti-viniculture spécifiquement dans le bassin versant de la Loire –, on se doit d’emblée de mentionner – de nouveau ! – ici en bonne place l’étude de Roger Dion (1959), remarquable et pionnière, mais qui adopte une perspective historique somme toute assez traditionnelle : une vision linéaire – géographiquement et chronologiquement – de l’expansion de la viticulture en Gaule à partir du foyer grec méditerranéen (Transalpine/Narbonnaise), puis par le couloir Saône-Rhône vers la Bourgogne et par l’“Isthme Aquitain” (seuil du Lauragais) vers le Sud-Ouest et notamment le Bordelais, et enfin le reste de la Gaule (Trois Gaules). Il précisait notamment – ce qui est aujourd’hui discuté – que le cépage breton (cabernet) serait arrivé par Nantes, venant du Bordelais, et le pinot, dit auvergnat, de Bourgogne, et que l’implantation de la vigne en aval d’Orléans serait bien un fait antique, alors qu’à la période où il écrit, la plus grande partie des données-preuves invoquées dans le présent article étaient encore inconnues.

  • 10 Mais surtout le Val de Loire, pour la Loire moyenne et basse.
  • 11 Brun et Laubenheimer 2001a ; Poux, Brun et Hervé-Monteil 2011 ; on peut voir aussi, plus récemment, (...)

9Quelques travaux postérieurs ont ensuite documenté la viti-viniculture antique de ces régions10 : après Dion 1959 : 158-160, voir Couderc et Provost 1990 ; Provost 1993 : 217-219 ; Couderc 2008 ; cf. Brun 2011) (voir plus bas, Fig. 2), mais, surtout, assez récemment, les deux dossiers de Gallia en 2001 et 201111 ont donc renouvelé de manière décisive les connaissances concernant la viticulture en Gaule, et en particulier hors Narbonnaise.

Fig. 2 - Installations vinicoles et plantations de vigne connues en 2011 pour la Gaule du Nord.

Fig. 2 - Installations vinicoles et plantations de vigne connues en 2011 pour la Gaule du Nord.

Brun 2011 : Fig. 1, DAO J.-P. Brun, CNRS, Centre Jean-Bérard

  • 12 Soit plus de dix ans après la publication de ce second dossier.
  • 13 On débordera donc largement les limites traditionnellement attribuées au vignoble du Val de Loire ( (...)

10Il n’en reste pas moins que l’on peut sans doute aujourd’hui12 assez largement mettre à jour cette documentation de manière plus nette, notamment en ce qui concerne les données archéologiques, pour un bilan plus complet de la viti-viniculture antique dans l’ensemble du bassin de la Loire13, une région aujourd’hui et traditionnellement réputée pour ses vins (voir par exemple récemment : Brouard 2021).

  • 14 Selon le site Bassin de la Loire”, en ligne.
  • 15 Soit, d’ouest en est, les départements actuels de Loire-Atlantique, Vendée (partie N), Deux-Sèvres (...)

11Pour ce faire, on prendra pour bornes chronologiques – larges – d’un côté le début du second âge du Fer (vs. av. n. è.), de l’autre le tout début du haut Moyen Âge (viie s. de n. è.). Avec la totalité du bassin versant de la Loire, les limites géographiques concernent donc une grande part de la province romaine de Lyonnaise (sud et est) et toute une large part nord et nord-est de celle d’Aquitaine, avec, d’ouest en est, pour la Lyonnaise, les cités des Namnètes, Andécaves et Cénomans, Turons, Carnutes (sud), Éduens (frange occidentale), Ségusiaves, et pour l’Aquitaine, les cités des Pictons (large nord), Bituriges Cubes, Lémovices (sauf sud), Arvernes et Vellaves, sans compter une petite portion nord-ouest de la cité des Helviens, quant à elle en Narbonnaise. Soit14 près de 117 800 km2, et non moins de 40 000 km de cours d’eau, avec une quinzaine d’affluents importants parmi lesquels l’Allier, le Cher, l’Indre et la Vienne (Fig. 3a et b). Ce vaste ensemble concerne aujourd’hui 9 régions (ou ex-régions) administratives, 26 départements (en tout ou partie)15, non moins de 5 664 communes. Il présente une géologie très variée (voir Nehlig 2010), constituant une mosaïque de formation pour des sols aux capacités agricoles et viticoles très diverses : on y distingue seulement quelques aires un peu plus vastes telles qu’au sud du Bassin parisien, les auréoles crétacée (du Maine à la Beauce) et jurassique (du Poitou au Nivernais), ainsi qu’au sud-est la zone granitique et cristalline du Massif central, à la source de l’essentiel des eaux du bassin versant de la Loire.

Fig. 3a - Limites du bassin versant de la Loire.

Fig. 3a - Limites du bassin versant de la Loire.

D’après site en ligne www.logrami.fr (selon POI 2014-2020/Région Centre)

Fig. 3b - Limites du bassin versant de la Loire.

Fig. 3b - Limites du bassin versant de la Loire.

D’après page “bassin de la Loire” sur Wikipedia.org (selon Own work, Drainage basin from GTOPO)

12La documentation concernée est en fait assez inégale d’une région à l’autre de cette vaste aire étudiée ici, avec des secteurs bien documentés et souvent récemment (Pays de la Loire, Berry, Orléanais, Touraine, Autunois, Auvergne…) et d’autres en revanche encore assez mal (Limousin, Maine, Nivernais, Forez, Velay…).

13Un examen critique sévère de ces données archéologiques et autres – détaillées infra – sera ainsi opéré, afin de déterminer ici les éléments les plus pertinents et probants.

14Le territoire de la cité des Bituriges Cubi du Berry, entièrement inclus dans ce bassin versant et même central pour celui-ci, sera examiné infra à sa place géographique, ainsi que dans le corpus des données en ligne, mais le réexamen, annoncé, du dossier de la vigne biturica nécessitera d’ajouter ici à la documentation les données équivalentes concernant la cité des Bituriges Vivisci du Bordelais – quant à elle totalement hors du bassin versant de la Loire, en Aquitaine du sud-ouest – ce qui sera fait dans le chap. 2 consacré à cette question.

15Pour les deux dossiers examinés, on trouvera donc l’ensemble des corpus de données de tout ordre, classées par cité puis par catégorie, dans les corpus en ligne, avec toutes les illustrations correspondantes.

1. La viticulture antique dans le bassin versant de la Loire : état de la documentation et des connaissances

1.1. Un point de vue ampélographique et génétique16

  • 16 Ces deux aspects, parfois contradictoires mais cependant souvent éclairants, m’ont paru utiles à dé (...)
  • 17 Précision de L. Bouby, juin 2022, que je remercie de nouveau ici.

16On a vu supra (Introduction) qu’en général, pour l’Europe occidentale et en particulier la France, la plupart des groupes géographiques de vignes puis des cépages sont peu ou prou issus de Vitis vinifera ssp silvestris, autrement dit de la lambrusque, spontanée, dans nos contrées d’Europe tempérée, dès le Mésolithique et auparavant, aux périodes glaciaires, réfugiée alors autour de la Méditerranée et au Moyen-Orient (Bisson 2003 ; 2009 : 15 sqq., cf. Fig. 3 : cf. Arnold, Gillet et Gobat 1998 ; Bouby et al. 2005 ; 2013 ; 2019 ; 2021) (voir supra, Fig. 1). En fait, tous les cépages traditionnels sont bien issus de Vitis sylvestris, mais leur foyer de domestication est en réalité oriental. On ne sait toutefois pas précisément s’il y a eu réellement des domestications secondaires en Méditerranée et en Europe, à partir de la vigne sauvage locale, ou simplement des phases de croisements avec celle-ci. Mais, en tout cas, les généticiens ne pensent plus que des cépages européens descendent en droite ligne de la vigne sauvage locale, endogène17. Reste que l’abondance, aujourd’hui, de lambrusque en Transcaucasie, Perse et Moyen-Orient montre que c’est sans doute bien là qu’il faut chercher les berceaux de la viticulture, entre 9000 et 7000 av. n. è. (Negrul 1946 ; Bisson 2009 : 24 ; cf. Brun 2004 : 37-40). Mais la domestication proprement dite n’est intervenue que bien plus tard.

  • 18 En rappelant ici les jus de raisin fermentés connus sans doute depuis la fin de l’âge du Bronze : c (...)

17En Europe occidentale, la découverte notamment de pépins de raisin dans les sites lacustres des Alpes ou du Jura montre, dès le Néolithique, la consommation de ces baies de vigne sauvage (en tout cas selon Bisson 2009 : 23 sqq.)18.

  • 19 Voir par exemple, à partir des données paléobotaniques et avant le développement de la génétique : (...)
  • 20 Voir ses graphes Fig. 2.1, pour les échantillons de vigne cultivée, avec un quart (597 éch.) proven (...)

18Pour la Gaule et le territoire métropolitain de la France, la diffusion de la viticulture vers nos contrées semble se faire par le Sud-Est, essentiellement à partir du monde méditerranéen dont elle est culturellement emblématique19. Mais il paraît bien notamment, grâce à la génétique (SEFC et al. 2003 ; Bouby et al. 2005 ; 2013 ; 2019 ; 2021 ; Terral et Bouby 2012 ; 2013), qu’en tout cas pour le Languedoc occidental, une autre voie de pénétration précoce de la viticulture a été (dès le ve s. av. n. è.) par l’Espagne. La thèse de T. Lacombe (2012), en particulier, précise bien les choses dans ce domaine de la génétique, fondée sur un large échantillonnage de données pour l’ensemble du “monde viticole”20 : pour la diffusion de la vigne cultivée, depuis la domestication jusqu’à la fin de l’Antiquité, il note (p. 15 et Fig. 1.8) que “la direction initiale depuis l’Orient vers l’Occident fut globalement la même durant toute l’Antiquité”. Cette carte montre par ailleurs bien une voie de diffusion par le Nord des Alpes qui paraît avoir joué un rôle fondamental pour “l’encépagement” d’au moins toute la France orientale et centre-est. Il ajoute (p. 52-53, Fig. 3.5) que “ces résultats nous conduisent aussi à proposer de relier les principaux groupes de diversité selon la chronologie suivante (figure 3.5), avec à chaque étape une contribution possible et d’intensité variable des pools de sylvestris locaux (domestications secondaires)” (Fig. 4a et b). Il opère ainsi, pour ce qui nous intéresse ici, les distinctions suivantes, du point de vue génétique – je cite – :

  • 21 C’est-à-dire des vignes à raisin soit de cuve (“cuve”, i.e. la vinification), soit de table (“table (...)

19• “le groupe N3B (cuve-table21 Méditerranée orientale et Caucase) qui serait le plus ancestral, issu de la phase de domestication primaire en Transcaucasie, et aurait été diffusé précocement en Asie Mineure et sur les pourtours de la Mer Noire et de la Mer Méditerranée ;

20• ce groupe aurait d’abord donné naissance au groupe ibérique (N3A, cuve-table) qui représenterait l’autre étape de cette diffusion précoce ;

21• dans un second temps, le groupe ancestral N3B aurait engendré les groupes plus spécialisés N4 (table Orient et Maghreb), N2 (cuve Europe orientale) et N1 (cuve Europe occidentale) ;

22• par la suite, des flux de gènes d’intensité et de durée variables auraient eu lieu entre ces différents groupes de diversité.”

  • 22 Et donc également l’ampélographie : cf. ci-dessus dans ce §.

23Il ajoute : “Ce schéma, basé sur des résultats issus de l’analyse de marqueurs moléculaires neutres, se trouve finalement être en accord avec les grandes lignes de l’histoire de la diffusion de la vigne cultivée et de la viticulture établie par les archéologues et les historiens” (Lacombe 2012 : 52-53 et cf. Fig. 1.8, renvoyant à : Fregoni 1991 ; Forni 2004)22.

Fig. 4 - Diffusion de la vigne cultivée à partir du Caucase, de sa domestication à l’Antiquité tardive : a) Carte d’ensemble ; b) possibles relations chronologiques entre les groupes de diversité, selon 20 marqueurs microsatellites nucléaires.

Fig. 4 - Diffusion de la vigne cultivée à partir du Caucase, de sa domestication à l’Antiquité tardive : a) Carte d’ensemble ; b) possibles relations chronologiques entre les groupes de diversité, selon 20 marqueurs microsatellites nucléaires.

a) d’après Lacombe 2012 : Fig. 1.8, selon divers auteurs antérieurs ; b) d’après ibid. : Fig. 3.5

  • 23 Après les glaciations.
  • 24 Bien qu’en réalité on n’en sache rien, selon L. Bouby, juin 2022.
  • 25 La lambrusque présentant en principe naturellement des formes mâles et femelles.
  • 26 L. Bouby (informations juin 2022) considère cependant, en général, qu’il serait lui-même sans doute (...)
  • 27 Bien qu’il ne faille sans doute pas accorder trop d’importance au décret de Domitien, limitant la c (...)

24En Europe occidentale et donc en particulier en France, la vigne cultivée (Vitis vinifera vinifera) est donc – on l’a vu – vraisemblablement en grande partie issue de l’espèce sauvage (Vitis vinifera sylvestris) : c’est la Proles occidentalis Negr., réapparue23 il y a 6 000 à 8 000 ans et qui a peu évolué depuis24 : une évolution botanique et génétique privilégiant les formes hermaphrodites25, et les influences écologiques conduisant à la formation de groupes ou familles ampélographiques (Negrul 1946 ; Bisson 2009 : 27 sqq.). Notons cependant que Jean-Marie Couderc (1990 : 56-57) a proposé, pour l’ensemble de l’Europe, une origine à partir de la Vitis vinifera caucasica : plutôt – “caucasica” n’étant pas en fait une variété botanique de vigne mais une notion du domaine de l’ampélographie26 – des catégories de vignes non hiérarchisées en espèces, etc., comme en botanique, mais d’ordre géographique : ce sont les “Proles”), avec les “aires” des ampélographes, parmi lesquelles l’aire caucasienne joue un rôle majeur pour l’introduction des “écogéogroupes” ou “groupes éco-géographiques”, subdivision des proles, eux-mêmes subdivisés en “cépages”. Ces Proles sont reconnus en Europe occidentale et en particulier en France (voir Bisson 2009 ; Lacombe 2012). Ainsi, les ébauches du vignoble national pourraient-elles être perçues dès la Protohistoire. Puis la viticulture gallo-romaine, en deux phases (avant et après la levée de l’interdit en 27627), connaît l’extension de la zone méridionale, sans doute avec l’utilisation de lambrusques locales (Bisson 2009 : p. 31 sqq.). Mais tout ceci reste malgré tout, en réalité, très largement du domaine de la spéculation (rens. L. Bouby, juin 2022).

  • 28 Bien qu’on ne connaisse en fait aucun comptoir phénico-punique sur la côte méditerranéenne de la Ga (...)
  • 29 À noter cependant que L. Bouby (rens. juin 2022) considère qu’il vaudrait mieux ne pas s’aventurer (...)
  • 30 Voir la liste des cépages, avec leur origine (Bisson 2009 : 48-49).

25Au cours du Moyen Âge (ibid.), dans certaines régions, un autre appel génétique fut sans doute fait à la lambrusque endogène, dont dériveraient aux moins les cépages Pinots et Cabernets, aujourd’hui considérés comme des cépages primitifs. On est donc là dans une évolution sur des millénaires, dont en vérité on ne sait pas grand-chose... On observe ainsi (Lacombe 2012, loc. cit.) une vigne sauvage plus résistante sur les versants pyrénéens, possible ancêtre du groupe naturel du petit Verdot ou Lambruquet en Béarn. Selon J. Bisson (2009 : chap. 4), tout ceci semble donc avant tout répondre aux règles naturelles et non aux sciences humaines : la lambrusque est en France à l’origine des vignes cultivées, exploitées en “populations”, d’où dérivent les “cépages” connus sous les noms actuels. En outre, selon l’ampélographie (Bisson 2009, loc. cit.), les premières vignes exploitées sur le territoire actuel de la France l’auraient été par Phéniciens28 et Grecs dans leurs comptoirs de la côte méditerranéenne, autour de Marseille et Narbonne, sans doute à partir de vignes apportées par eux et non de la lambrusque locale, qui cependant a alors probablement reçu les influences de ces vignes cultivées introduites : de ce point de vue, la plus importante modification de l’encépagement primitif provient de l’évolution génétique naturelle, l’action de l’Homme jouant d’abord surtout sur cette sélection primitive29. Mais J. Bisson (loc. cit.) ajoute que la situation antique était certainement très différente de celle contemporaine, et qu’il y a eu des périodes de recul, le terme de “cépage” – un concept en fait assez flou – n’apparaissant d’ailleurs qu’au xvie s., d’abord au sens de (variantes de) feuillage. Les cépages actuels30 ne sont vraiment compris qu’à partir du xixe s. et il faut en outre tenir compte de l’importance des influences climatiques et géographiques (Bisson 2009 : 43 sqq., cf. Fig. 4 (Fig. 5).

Fig. 5a - Le vignoble français selon l’ampélographie : tableau synoptique.

Fig. 5a - Le vignoble français selon l’ampélographie : tableau synoptique.

D’après Bisson 2009 : Fig. 23

Fig. 5b - Le vignoble français selon l’ampélographie : carte climato-ampélographique.

Fig. 5b - Le vignoble français selon l’ampélographie : carte climato-ampélographique.

D’après Bisson 2009 : Fig. 4

  • 31 Pour le détail de ces écogéogroupes ici concernés, notamment pour la question de la biturica, voir (...)

26Ainsi, toujours selon l’ampélographie (Bisson 2009 : 57 sqq., tabl. Fig. 5), l’espèce Vitis vinifera L. (lambrusques V. silvestris Gmel. et la forme cultivée V. sativa D.C.) s’organise avec les Proles (P. occidentalis Négr. (Europe occidentale), P. pontica Négr. (Géorgie, Balkans, Asie Min.) et P. orientalis Négr. (Bassin de la Caspienne). Ces trois Proles fondamentaux ont été proposés par A. S. Négrul (1946), puis hiérarchisés et subdivisés en subproles (sous-familles des Proles), sortotypes, sortogroupes, cépages (ces derniers toujours sans définition botanique) et cultivars, clones. En France, on reconnaît ainsi (Bisson, loc. cit.) trois grandes divisions du Proles occ. en groupes (subproles) : le groupe Est et Nord-Ouest (= subpr. austrasiaca, surtout les Noiriens)31, le groupe Sud-Ouest (= subpr. aquitanica, avec les Carmenets, Cots, Mansiens…) et le groupe du Midi et de la basse vallée du Rhône (= subpr. occitanica, avec les Piquepouls, Clarets et Calitors). De ce point de vue ampélographique, l’aire Berry-Orléanais – cette première région nous intéressant ici au plus haut point pour la question de la biturica (infra, chap. 2) – est donc, en tout cas au Moyen Âge et à la période moderne, clairement distincte, pour l’origine de ces “groupes”, de l’aire sud-ouest qui inclut le Bordelais (Bisson 2009 : cartes de la Partie D, chap. 2 ; et voir infra, ici chap. 2, à propos de la biturica).

  • 32 Ceci confirmé par Laurent Bouby, rens. du 12 juin 2022.

27Enfin, les recherches génétiques sur l’ADN, y compris sur des échantillons anciens issus de l’archéologie, sont bien évidemment susceptibles de remettre en cause, dans un avenir assez proche, cette vision actuellement proposée par l’ampélographie. Mais en l’état, les recherches en ce domaine (cf. infra, fin sous-chap. 2.2) ont jusqu’à présent essentiellement porté sur la viticulture antique du Sud-Est de la Gaule (Transalpine/Narbonnaise), et en outre majoritairement sur la période médiévale. Aucun échantillon n’a été étudié pour l’ensemble du bassin versant de la Loire, et en particulier le Berry, ni d’ailleurs pour le Bordelais, à l’époque romaine dans : Bouby et al. 2005 ; 202132.

1.2. Quelques textes antiques pour la viticulture en Gaule intérieure

28Avant d’aborder l’examen de détail de la documentation pour la viticulture antique de cette vaste aire, sans doute est-il bon de mentionner encore quelques textes antiques de portée générale peu ou prou en relation avec la question traitée ici, pour l’ensemble de la Gaule intérieure – dont Bordelais et Berry.

29On doit d’emblée observer que l’état des connaissances concernant la viticulture antique en Gaule repose en fait sur peu de textes :

    • 33 Malgré de nombreuses précisions sur les campagnes gauloises et leurs cultures, notamment céréalière (...)
    • 34 Et non Luzech (Lot), comme le propose l’éd. du texte (p. 311, n. 1 et p. 312, n. 1) ; voir la même (...)

    absence de mentions de vignes dans César, G33 (Dion 1959 : 101 : voir Étienne 1962 : 92-93) ; mais en revanche (G, VIII, 42, 1), mention – par Hirtius – de tonneaux (cupas) en 51 av. n. è. utilisés remplis de poix et de suif enflammés par les Cadurques pour se défendre durant le siège d’Uxellodunum (le Puy-d’Issolud à Vayrac, Lot)34 ;

    • 35 Sa Géographie est écrite entre 20 av. n. è. et sa mort en 23 de n. è. mais sa documentation est sou (...)
    • 36 Soit le Centre-Ouest de la Gaule.

    selon Strabon (Géogr., II, 1, 16)35, quelques décennies plus tard, en Celtique océanique36 (Κελτικὴν τὴν παρωκεανῖτιν), on ne voit ni pousser de vigne (ἄμπελος) ni murir le raisin (τελεσφορεῖ = venir à maturité) ;

    • 37 Œuvre écrite entre 37-36 et 27 av. n. è.
    • 38 Allusion probable à la Guerre des Gaules (58-51 av. n. è.), bien que César (G) ne mentionne pas Scr (...)

    de même, un peu plus tard, l’agronome Varron (Rust., I, 7, 8)37 indique que son interlocuteur, Scrofa, alors qu’il menait une armée vers le Rhin38, traverse, en Gaule interne (In Gallia transalpina intus), des régions où la vigne ne pousse pas (Brun 2001) : contrairement à la précédente, l’information semble bien ici de première main ;

    • 39 En utilisant non pas le terme “cupa” mais une périphrase : cf. infra à propos des tonneaux (§ 1.3.3 (...)

    une autre indication sur l’usage du tonneau en Gaule, dans le 3e quart du ier s. de n. è. : Pline l’Ancien (NH, XIV, 132), autour du 3e quart du ier s. de n. è., indique que dans les Alpes, on met le vin dans des tonneaux39, et on allume des feux pour les empêcher de geler durant l’hiver (Brun 2001) ;

  • et l’on rappellera le mythe de l’Helvète Hélicon – selon Pline l’Ancien, NH, XII, 5 – qui, après avoir été forgeron à Rome, aurait rapporté chez lui figues sèches, raisin, huile et vin, en donnant le goût aux Gaulois… ;

    • 40 Alors en friche, ce pagus n’est pas localisé avec précision mais en tout cas situé dans la vallée d (...)
    • 41 On peut se demander ce que représente ce terme pour les Éduens, au début du ive s. : l’ensemble des (...)

    bien plus tard, au début du ive s., à l’occasion des remerciements des Éduens à Constantin, en 312, pour les avoir allégés d’une part de leurs impôts (Panég., VIII, 6, 8), dont pour le fameux pagus Arebrignus avec ses vignes40, les Éduens disent : “nous ne pouvons pas, selon l’usage en Aquitaine41 et d’autres provinces, assigner n’importe où un terrain à de nouvelles vignes” car leurs terres n’y sont pas propices et exposées aux gelées (Brun 2001 : 229-230 ; 2010 : 245) ;

  • dans la seconde moitié du ive s., l’historien Aurélius Victor (Caes., XXXVII, 23) indique que Probus (2e moitié du iiie s.) “couvrit de vignes la Gaule, les Pannonies et les collines de Mésie”, une mention à ne pas prendre au pied de la lettre car il ne s’agit sans doute que d’une allusion à l’abrogation par cet empereur du décret de Domitien (infra ; Brun 2001 : 222) ;

  • plus tard encore (ve s.), Palladius (Agr., III, 11, 1 et 14, 1) indique : “chaque localité à son mode de culture [de la vigne]” ; “si l’on veut former, à la mode des provinces, de ces espèces de vignes dont j’ai parlé, qui se tiennent sur leurs pieds comme de petits arbres…” (pour les modes de cultures dans les provinces).

  • 42 NB : des mesures de restriction de la culture de la vigne et de la production de vin avaient déjà é (...)

30En outre, on rappellera ici les sources textuelles concernant la réglementation de la culture de la vigne dans les provinces, dont les Gaules (Brun 2001)42 :

    • Suétone, Vitae, Domitien, VII, 2 : édit de Domitien, qui ordonne de couper les ceps de vignes dans les provinces et de n’en garder que la moitié au maximum, car alors la production de vins est trop importante, en Italie et ailleurs, et l’approvisionnement en céréales devient insuffisant ;

    • Eutrope, Brev., IX, 17 : (Brun 2001 ; et supra, dans ce §, le texte d’Aurélius Victor) l’édit de Domitien est abrogé par Probus (i.e. entre 276 et 282), permettant au Gaulois et Pannoniens d’avoir des vignes ;

    • Hist. Aug., Probus, XVIII, 8 : (Brun 2001) même indication qu’Eutrope (et donc qu’Aurélius Victor), supra, pour le décret de Probus abrogeant celui de Domitien.

1.3. Un examen critique des données disponibles : présentation des corpus

31Avant de présenter, cité par cité, l’inventaire raisonné et critique de l’ensemble des données de tout ordre connus et récolées (voir corpus en ligne et bilan, infra, chap. 3), il nous faut clairement indiquer la nature, les avantages et inconvénients de chacune de ces catégories de sources, avec aussi leurs possibles “effets de source”.

1.3.1. Les données textuelles

32Il est d’emblée important de rappeler ici les importations massives de vins italiens et méditerranéens au Gaule au moins jusqu’à la fin du ier s. av. n. è. (voir supra, § 1.2 et Fig. 6), qui tendent bien à montrer que la viticulture ne semble pas s’être développée, du moins de façon massive, hors de Transalpine avant le ier s. de n. è. Dès lors, les textes latins voire grecs – catégorie A des données – concernant la viticulture de la Gaule intérieure sont fort rares en tout cas au début de notre ère et généralement tardifs.

Fig. 6 - Dispersion des amphores italiques (iie-1re moitié du ier s. av. n. è.) : a) dans l’ensemble de la Gaule ; b) dans la basse et moyenne vallée de la Loire, ainsi qu’en Berry.

Fig. 6 - Dispersion des amphores italiques (iie-1re moitié du ier s. av. n. è.) : a) dans l’ensemble de la Gaule ; b) dans la basse et moyenne vallée de la Loire, ainsi qu’en Berry.

a) d’après Poux 2004 : Fig. 118 ; b) d’après Laruaz et al. 2022 : Fig. 14

  • 43 Phénomène qu’on tend donc à attribuer – à tort – à l’autorisation par Probus, au iiie s. de cultive (...)

33Comme souvent, les données textuelles induisent un fort effet de source – déjà signalé –, de par la localisation de ces auteurs, privilégiant sans doute en partie faussement la vision d’un développement de la viticulture seulement dans l’Antiquité tardive43 : on peut ainsi citer Martin de Tours pour la Touraine, Sidoine Apollinaire pour l’Auvergne et l’évêque Bertrand pour le Maine, ainsi bien sûr que, dès le ive s., Ausone dans le Bordelais.

34On pourra ainsi, pour certaines cités, mentionner quelques textes antiques faisant référence à la viticulture sur leur territoire et donc très souvent tardifs.

  • 44 Pour lesquels le dictionnaire Gaffiot (1934) renvoie justement à une inscription italienne, CIL X, (...)

35De même, on ne négligera pas les éventuels témoignages épigraphiques, à vrai dire fort rares, qui mentionnent par exemple soit des divinités en lien avec la viticulture, telles que Bacchus ou Sucellus, soit des métiers associés, tels que les tonneliers (cuparii44).

  • 45 Type “Vinzelle”, “Vignol”…
  • 46 Sauf éventuelle attestation textuelle ou épigraphique antique de tels lieux-dits, dont on n’a pas n (...)

36En revanche, on ne retiendra pas les données de la toponymie, contrairement par exemple, pour l’Auvergne, à Vallat et Cabanis 2011 : 254, selon Chambon 200545, car l’attribution de l’origine de ces noms de lieux à la période romaine est en général très discutable46.

1.3.2. L’iconographie

37Quant aux représentations, les données iconographiques – catégorie B – ont très généralement un pouvoir heuristique moindre pour notre propos. Il s’agit le plus souvent de reliefs, dont funéraires, et il est par exemple rare qu’ils concernent de manière indubitable notamment de l’outillage typique des activités viti-vinicoles, telles que serpette à vendanger, ou pipette de dégustation en tonneaux, ainsi bien sûr que ces derniers conteneurs eux-mêmes.

  • 47 Bien que moins abondantes que dans le Centre-Est et l’Est de la Gaule, particulièrement bien représ (...)
  • 48 Le premier auteur sans doute à associer cette divinité à la viticulture, la nommant déjà le “Dieu a (...)

38Les représentations religieuses de Sucellus/le Dieu au Maillet, sans doute “patron” des tonneliers, dont les représentations sont abondantes en Gaule47, seront bien entendu retenues (voir Jullian 191848 ; Espérandieu 1919 : Fig. 1 ; Lambrechts 1942 : 101-102 ; Thévenot 1953 ; Morlet 1953 ; 1955 ; Grenier 1956 ; Chassaing 1972 ; 1986 ; Boucher 1988 ; Deyts 1992 : 85-94 ; Luginbühl 2001 ; Sergent 2006 ; 2012 ; Poitrenaud 2014 : 198-204 ; 2015) ; elles se concentrent cependant principalement, en tout cas pour la province de Lyonnaise, dans le centre-est (voir par exemple, récemment : Bossard 2021 : carte Fig. 14) (Fig. 7a et b). Ces documents – qui seront mentionnés au titre des données iconographiques – renseigne aussi en fait, dans une certaine mesure, sur la production de tonneaux (infra, § 1.3.3.3, b), même si bien sûr les usages de ces récipients sont multiples et ne sauraient être cantonnés au vin.

Fig. 7 - Culte des divinités en Gaule : a) état des connaissances pour l’ensemble de la Gaule vers 1920 ; b) dans la province de Lyonnaise, les occurrences du Dieu au Maillet étant figurées par DM dans un rectangle orangé.

Fig. 7 - Culte des divinités en Gaule : a) état des connaissances pour l’ensemble de la Gaule vers 1920 ; b) dans la province de Lyonnaise, les occurrences du Dieu au Maillet étant figurées par DM dans un rectangle orangé.

a) d’après Espérandieu 1919 : Fig. 1 ; b) d’après Bossard 2021 : Fig. 14

  • 49 Selon Michel Provost (1993 : 218-219), le nombre des représentations de Bacchus serait limité en Ga (...)
  • 50 Ne seront en revanche pas prises en compte, car trop polyvalentes et ambiguës, les représentations (...)

39Quant aux représentations concernant les cultes bachiques, elles n’ont pas la même valeur heuristique dans ce domaine : ce culte, bien représenté en Gaule49 (Bruhl 1953 ; Manfrini-Aragno 1987 ; Corrocher 1989 ; Pochmarski 1990 ; Provost 1993 : Fig. 167 ; Pailler 1995) (Fig. 8), a en effet une signification qui dépasse largement l’allusion à la viticulture et à la consommation de vin, avec l’importance religieuse de cette dernière et de l’ὕβρις (hubris), ainsi qu’un rôle funéraire majeur. On retrouve certainement ce dernier dans les représentations de pampres et de vigne, plus symboliques que réalistes et susceptibles d’être représentatifs des lieux de découverte : ainsi, y compris les scènes de vendanges (dont “amours vendangeurs”), un thème certes surtout funéraire, seront à prendre avec prudence50.

Fig. 8 - Le culte de Bacchus et affilié dans le Val de Loire.

Fig. 8 - Le culte de Bacchus et affilié dans le Val de Loire.

D’après Provost 1993 : Fig. 167

  • 51 Contrairement par exemple à Dumasy et al. 2011 : 134-137, malgré les précautions prises à ce propos (...)

40Une grande part de la documentation iconographique mobilisée dans le corpus sera donc à classer comme d’un apport “secondaire” et indirect51, et il en sera donc de même pour les cités de Bourges et Bordeaux, traitées dans le corpus des données. Cependant, il faut sans doute admettre qu’au moins pour cette catégorie de données, de valeur symbolique et parfois indirecte pour la viti-viniculture, sa forte représentation dans les chefs-lieux de cité par rapport au reste de leur territoire dépasse, de ce point de vue heuristique, ce seul site urbain pour, sans doute, concerner l’ensemble de la cité : ceci devra donc notamment être pris en compte pour les civitates dont seulement une partie du territoire est ici incluse dans le bassin versant de la Loire, telles que les Éduens (Autun), mais aussi par exemple les Gabales (Javols).

1.3.3. Les données archéologiques

41On l’aura compris, j’accorderai à l’examen critique de l’apport de la documentation matérielle fournie par l’archéologie, en terme de pouvoir heuristique, par rapport aux textes, à l’épigraphie et surtout à l’iconographie, une attention et une place toutes particulières, dans toute leur diversité, compte tenu de leur importance décisive dans le concert des données rassemblées ici : ceci est souvent le cas pour la Gaule intérieure, en regard du plus grand poids des données “classiques” pour la Narbonnaise…

42Les sources archéologiques sont en réalité extrêmement variées et de plusieurs ordres : immobilières, avec les pressoirs, cuves, possibles chais ; mobilières, avec les serpes de vigneron, serpettes à vendanger et autres outils, voire tonneaux et dolia sûrement vinaires ; archéobotaniques, avec les pépins de raisin et autres restes de vignes, carbonisés, minéralisés ou imbibés, mais aussi les pollens de Vitis ; enfin indirectes, avec l’installation d’ateliers de production d’amphores vinaires en association avec la viticulture. Dans les corpus en ligne, on les examinera les unes après les autres, pour le bassin versant de la Loire, civitas par civitas, ainsi que pour les Bituriges Vivisques, toujours dans le même ordre des catégories de données, C à H.

1.3.3.1. Les bâtiments, structures et installations viticoles

  • 52 C’est notamment le cas, en dehors de notre aire d’étude, du pressoir de Parville (Eure), du ive s. (...)
  • 53 Mais seulement – vin en vrac – dans des navires maritimes, spécifiques, aux dolia fixes.

43Pour les éléments immobiliers concernant les activités viti-vinicoles – catégorie C –, un problème taphonomique apparaît d’emblée, pour les régions concernées : en Gaule intérieure, en, effet, plus certainement qu’en Narbonnaise, l’usage généralisé des matériaux périssables et en particulier du bois doit interférer aussi dans notre perception de ce type de questionnement archéologique : on envisage notamment qu’au moins à partir des cités septentrionales de l’Aquitaine, les pressoirs aient été exclusivement en bois, du type à vis centrale (Brun 2006 : 104)52 et en outre – tout particulièrement dans ces régions –, la vinification devait se pratiquer dans les chais surtout en tonneaux– conteneurs de bois, également périssables – et non en dolia, qui servent aussi au transport du vin53.

44De manière générale, il s’agit de types de bâtiments ou structures de caractère immobilier particuliers, concernant l’équipement nécessaire à la production vinicole : pressoirs, cuves de foulage ou de décantation, chais… Pour les pressoirs et structures associées (cuves de foulage, et autres cuves à la sortie du pressoir, souvent munis de cupules de vidange et dont les parois sont en général revêtues de béton de tuileau), différents types sont connus, qu’il faut prendre en compte pour identifier des structures révélées par l’archéologie, tous ne comportant donc pas des éléments en pierre, ce qui rend l’interprétation plus difficile car ne laissant par conséquent que des traces assez fugaces.

  • 54 En latin, cella vinaria.
  • 55 Même en l’absence de “cuvettes à dolia” (fosses d’installation, voire de récupération).
  • 56 À ce sujet, voir aussi : Trément 2017b : 776.
  • 57 Voir Ferdière 2019, dont p. 77.
  • 58 Pour des questions de manutention comme de température ambiante ; et les piliers ne caractérisent p (...)
  • 59 Un seul cas probant mentionné dans le corpus (en ligne) pour la cité des Turons.
  • 60 Comme c’est le cas de plusieurs sites viticoles d’Aquitaine (infra, sous-chap. 2.3 ; voir corpus, e (...)

45Quant aux bâtiments eux-mêmes, on ne peut accepter comme chai54 – à tonneaux, dans ces régions d’où sont très généralement absents les grands dolia vinaires du type de la vallée du Rhône et du Languedoc – ceux proposés comme tels sur le seul critère de leurs grandes dimensions, si au moins d’autres arguments pour le site en question n’orientent vers une activité viti-vinicole. En outre, il faut noter qu’en Narbonnaise, certains grands bâtiments ruraux à piliers internes sont considérés comme des chais55, – alors à tonneaux56 –, alors que ce même type d’édifice, dans les Trois Gaules et les Germanies, sera plutôt considéré comme grenier à plancher surélevé et étage57. Ce caractère architectural (aération) est pourtant en principe inutile pour un chai, en tout cas à dolia enterrés et sans doute aussi pour les chais à tonneaux58. En l’absence des fosses à dolia et/ou dolia enterrés59 dans les édifices de vinification – tels qu’on les connaît en Narbonnaise (voir infra, Donzère, § 1.3.3.3), il est donc rare, dans nos régions, que des chais puissent être identifiés avec certitude : seule l’association avec des équipements tels que pressoirs ou cuves en mortier de tuileau peut permettre d’orienter l’interprétation dans ce sens60. On verra donc que l’on ne retiendra que très peu de chais formellement identifiés comme tels dans notre aire d’enquête (Fig. 9 et voir infra, 1.3.3.3).

Fig. 9 - Installations vinicoles des Trois Gaules et Germanies.

Fig. 9 - Installations vinicoles des Trois Gaules et Germanies.

D’après Brun 2010 : Fig. 4

1.3.3.2. L’outillage de la viticulture

46Examinons maintenant l’outillage du viticulteur proprement dit (catégorie D).

  • 61 Falx vinatoria, dénommée aussi “falx vineatica” par Varron (Rust., I, 22, 5) ; voir les “falces put (...)
  • 62 Sur la falx vinatoria, voir Darembert, Saglio et Pottier 1877/1919 : s.v. et Fig. 2865 ; dont une f (...)
  • 63 Voir par exemple, pour le Berry, Dumasy et al. 2011 : 114-119, Fig. 66, qui – malgré quelques préca (...)
  • 64 Tel que par exemple représenté sur une stèle funéraire de Saint-Ambroix-sur-Arnon (Cher) : Espérand (...)
  • 65 Quant au couteau à vendanger traditionnel, sans doute proche de cette dernière, c’est un outil sans (...)
  • 66 Équipement nécessaire pour un vignoble.
  • 67 Pour les serpettes possiblement de vigneron dans le Val de Loire en général, voir Provost 1986 : 33 (...)

47• Le seul élément classiquement invoqué du point de vue archéologique est la serpette de vigneron61 (Isoz 2001 ; Vernou 2001). Une sélection drastique doit sans doute être opérée dans les “serpes et serpettes de vigneron”62 signalées çà et là, car il apparaît notamment que sont ainsi pris en compte63 des outils qui ont sans doute un tout autre usage, tels que les ébranchoirs, goyards ou gouets, grandes serpes à crochet64, confondus avec la serpe à talon du vigneron, alors que cette première série d’outils présente généralement un emmanchement à douille, pour un long manche, la seconde au contraire un emmanchement le plus souvent à soie, pour une courte poignée. Les agronomes latins mentionnent plusieurs outils différents, qu’il est difficile d’identifier aux outils connus par l’archéologie. On se cantonnera donc ici à la typologie simple et opérationnelle proposée par Christian Vernou (2001), qui distingue justement la serpe de vigneron (falx vinatoria) (Fig. 10a), éventuellement à talon (sa Fig. 78, n° 1 et 2), et la petite serpette à vendanger (facula) (id., n° 3)65. Mais il est vrai que les agronomes latins mentionnent aussi la falx silvatica (de forestier-bûcheron) et arboraria (à tailler les arbres) parmi l’outillage nécessaire au vigneron (cf. par ex. Caton, Agr., XII (11), 466), c’est-à-dire notamment ces ébranchoirs, série d’outils que l’on est contraint d’éliminer ici compte tenu de cette polyvalence67.

  • 68 Voir chez lui la préparation (aiguisage) des serpettes (falculae) pour la vendange (Rust., XII, 18, (...)

48On notera cependant que Columelle, agronome latin du ier s. de n. è., évoque l’utilisation de forces (forficibus) – ces ciseaux d’une seule pièce fonctionnant sur le principe du ressort – pour détacher de la grappe les grains de raisin gâtés (Columelle, Rust., XII, 44, 4)68. Mais, pour les mêmes raisons de polyvalence de ce dernier outil, on ne pourra pas non plus le prendre en compte ici.

49En revanche devrait-on prendre aussi en considération d’autres outils caractéristiques identifiables, intervenant à divers stades de la chaîne opératoire de la viti-viniculture.

  • 69 La pastinatio, pour une pépinière ou un vignoble, qui doit atteindre 3 pieds de profondeur (soit en (...)

50• Notamment, parmi tous les instruments à main qui servent à remuer la terre, houer, biner, sarcler, je pense pouvoir proposer l’identification d’un type d’outil qui paraît propre au travail dans le vignoble, tant au stade de la plantation des plants69 qu’ensuite pour l’entretien autour des ceps (chaussage et déchaussage), permettant ce travail de la terre, pour l’horticulture ou la viticulture (White 1967 : 37-40, 47-56 ; Kolendo 1971 : 206) ; cet outil, selon ses formes, porte en latin différents noms, dont bidens (Fig. 10b). Une étude spécifique lui est consacrée (Ferdière et Huitorel à paraître), qui me dispensera ici de fournir plus de détail à ce sujet, les outils concernés de l’aire étudiée étant en revanche mentionnés dans les corpus par cité (en ligne) : il comporte un fer pointu légèrement courbe, et un emmanchement en général à œil pour un manche formant un angle fermé avec le fer.

  • 70 Ni l’un ni l’autre de ces types de tarière n’a été pris en compte dans la base de données OUTAGR (2 (...)

51• Enfin, on peut encore citer des tarières à greffer (cf. supra, 1.1) (Fig. 10c). Malheureusement, on ne sait trop reconnaître de telles tarières par rapport à celles classiques à bois70 et il s’agit en outre d’un outil dont la partie travaillante (mèche) est fragile et exposé à la destruction par la corrosion et donc fort rare.

Fig. 10 - Outillage viticole : a) Falx vinatoria, serpette de vigneron ; b) bidens-houe bident ; c) tarière à greffer, terebra.

Fig. 10 - Outillage viticole : a) Falx vinatoria, serpette de vigneron ; b) bidens-houe bident ; c) tarière à greffer, terebra.

a) d’après Rich 1883 : s.v., selon un manuscrit de Columelle ; b) d’après Gaffiot 1934 : s.v., selon un manuscrit de Virgile ; c) d’après Gaffiot 1934 : s.v., sans indication de source

52Par ailleurs, les outils servant à la fabrication de tonneaux (§ suivant), quand ils se différencient de ceux des autres types de travail du bois (charpenterie, dont navale, menuiserie…), pourront à la rigueur être pris en compte dans l’enquête : il s’agit surtout de la plane et l’on verra plus bas, pour les cités concernées (Andécaves et Arvernes), les possibles ateliers de tonnelier de Saint-Just-sur-Dive et Celles (cf. infra et corpus en ligne), ainsi que cette production chez les Gabales (id.).

53On voit donc que l’on diversifiera assez sensiblement les catégories d’outils agricoles et d’activités associées propres à la viti-viniculture antique, au-delà des seules “serpettes de vigneron” habituellement retenues.

1.3.3.3. Mobilier : dolia et tonneaux

  • 71 Palladius (Agr., I, 6, 2), entre autres, recommande d’avoir des fabricants de “jarres et cuves” (ou (...)
  • 72 Sur le débat “dolia/tonneaux”, voir le récent dossier : Carrato et Cibecchini 2020, dont les contri (...)

54Du point de vue des éléments mobiliers, il peut encore s’agir de pièces lourdes tels que dolia vinaires71 et tonneaux – notamment en lien avec des chais72 (catégorie E).

    • 73 Dont dans la moyenne vallée du Rhône, citons l’exemple emblématique, remarquable par son ampleur, d (...)
    • 74 Capacité de quelques dizaines de litres…

    Les grands dolia enterrés, en rangées dans les chais, sont propres, en Gaule, à la Narbonnaise73 et l’on ne signale pas de tels chais dans les Trois Gaules (ici, Lyonnaise et Aquitaine). Dans l’aire géographique ici concernée, les dolia existants sont généralement de plus petite taille74, souvent poissés sur le bord, et doivent plutôt servir au stockage des denrées alimentaires les plus diverses, liquides et solides (grain, légumineuses…). Et il en est de même si par exemple de tels dolia sont aussi produits avec des amphores vinaires (cf. infra, § 1.3.3.6), au milieu du ier s. de n. è. sur l’atelier de “Mougon” à Crouzilles (Indre-et-Loire) ou si, pour le Berry (infra, § 2.3.1), on a évoqué, sans convaincre, d’éventuels dolia à vin. En définitive, on verra plus bas que notre aire d’enquête n’a fourni qu’une occurrence de grands dolia à vin de type rhodanien, en Touraine (voir corpus en ligne, Turons, E).

    • 75 Sur le tonneau-cupa en général dans l’Antiquité, voir : Darembert, Saglio et Pottier 1877/1919 : s. (...)
    • 76 Ce qui d’ailleurs pourrait ne pas être étranger au point souligné supra (sous-chap. 1.1) d’une voie (...)
    • 77 Rien ne dit cependant ici que ces tonneaux étaient à l’origine destinés à contenir du vin ou d’autr (...)
    • 78 Il le devient à partir du iie s. : voir par exemple une inscription des Rome du iiie s. concernant (...)
    • 79 C’est encore le sens qu’a apparemment “cupa” chez Pétrone (Sat., 60, 3).
    • 80 Qui utilise une périphrase (ligneis vasis = vases en bois) pour désigner le tonneau utilisé au-delà (...)
    • 81 Cicéron (Pis., 27 (67)), au milieu du ier s. av. n. è., parle déjà du vin chez le détaillant, direc (...)
    • 82 Tel celui du Bernard (Vendée), infra, § 1.4.2.1 et corpus en ligne, cité des Pictons).

    Quant au tonneau75 et à la tonnellerie (Fig. 11a et b), ces conteneurs servent certainement au conditionnement de bien d’autres produits que le vin, dont la bière (cf. Laubenheimer 2015). On s’accorde à lui conférer une origine, sinon gauloise, du moins nord-alpine76, selon les indications de différents textes, et sa présence en Gaule est attestée avant la Conquête au moins chez les Cadurques : voir supra (Introduction au sous-chap. 1.2, César)77. Le terme latin le désignant ensuite, cupa (ou cuppa), n’est pas coutumier de la langue latine classique78 et signifie à l’origine “cuveau” de bois79, à cerclages, comme les tonneaux (cf. supra, Pline l’Ancien80). Cependant, l’origine du mot cupa ne semble pas celtique et pourrait être étrusque (Ernout et Meillet 1932 : s.v ; absent de : Delamarre 2001)81. Les tonneaux sont en bois de sapin, de pin ou autres résineux, mais on en signale en if – pourtant toxique – en Gaule (Pline l’Ancien, NH, XVI, 50). Les cerclages sont très généralement en bois souple : noisetier, mais aussi bouleau, en Gaule (ibid., 75), le cerclage de fer étant en principe réservé aux plus petits tonneaux et autres récipients en bois de petite taille82 (Desbat 1997 : 114).

55Divers types de données sont susceptibles de montrer la présence de tonneaux éventuellement à vin.

Fig. 11 - Le tonneau en Gaule, dont des exemplaires dans les régions concernées ici : a) découverte de tonneaux en bois conservés ; b) représentation de tonneaux dans la sculpture et les bas-reliefs.

Fig. 11 - Le tonneau en Gaule, dont des exemplaires dans les régions concernées ici : a) découverte de tonneaux en bois conservés ; b) représentation de tonneaux dans la sculpture et les bas-reliefs.

D’après Marlière 2002 : Fig. 101 et 128

  • 83 D’ailleurs non spécifiques au vin et existant en Gaule intérieure avant la période romaine.

56– La découverte de tonneaux ou éléments de tonneaux (douelles, bouchons de bondes…)83, comme la présence de tonneliers, n’est pas en soi la preuve d’une production de vin sur place, d’autant qu’à la période impériale, ce conteneur en bois assure à lui seul les deux fonctions que replissaient auparavant tour à tour dolia et amphores, successivement pour la vinification puis le conditionnement de transport. Pour ces éléments, la question du nombre peut jouer, mais surtout le contexte, avec la mise en évidence d’autres données convergentes concernant la viti-viniculture, formant ainsi un faisceau de preuves plus pertinent. Les tonneaux sont attestés – par les textes et l’archéologie en Gaule intérieure, ainsi que dans le monde celtique, dès le ier s. av. n. è., par exemple sur les oppida de Manching et Uxellodunum (cf. Sucellus-Dieu au Maillet, supra, 1.3.2), où ils peuvent certes concerner des produits d’importation (Desbat 1997 : 118).

  • 84 En général utilisés aussi en charpenterie, voire en charpenterie navale (Desbat 1997 : 115).
  • 85 Lame légèrement courbe, munie à chaque extrémité d’une poignée perpendiculaire pour la manier.
  • 86 On en verra quelques exemples, dans certaines cités concernées (cf. infra sous-chap. 1.4 et les cor (...)

57– La production locale de tonneaux (ateliers de tonneliers) peut être attestée de diverses manières, par l’épigraphie (mentions de cuparii), l’iconographie (représentation de ce métier, avec son outillage spécifique), voire indirectement par le culte au “patron des tonneliers” qu’est Sucellus ou Dieu au Maillet (Deonnat 1915 ; Chassaing 1986 ; Javols… 2019 ; voir supra, § 1.3.2), mais aussi éventuellement par l’outillage réel, propre à la tonnellerie84 (doloire pour tailler les douelles, herminettes, planes85, gouges, aissettes (et maillet) pour la pose des cerclages…)86. Mais il faut insister sur le fait que le tonneau peut avoir d’autres usages et d’ailleurs être fabriqué dans des régions propices pour le bois nécessaire et non à la vigne et à la viti-viniculture, pour la vente à des régions viticoles, comme ce semble être le cas des Gabales, comme on le verra infra (§ 3.2.5 et corpus en ligne).

  • 87 Parfois désignés par le terme plus générique de signacula.
  • 88 Ces derniers auteurs proposent que les marques frappées soient celles non des tonneliers-fabricants (...)

58– On associera donc, éventuellement, au tonneau les fers à marquer87 (Desbat 1991 : carte Fig. 8 ; cf. Marlière 2002 : 104, Fig. 100 ; et cf. inventaires : Renard 1961 ; Garbsch 1970 ; cf. Mille et Rollet 2020 : 141-14888), susceptibles, notamment par leur dimension, de correspondre à un tel usage.

  • 89 À noter que l’on n’évoquera pas ici les outres, dont on sait pourtant qu’elles ont été utilisées en (...)

59En outre, il va de soi que l’on ne prendra pas en compte les amphores en tant que telles, comme conteneurs de transport pour divers produits, dont le vin : seuls seront considérés comme données pertinentes pour le propos les ateliers de potiers avérés produisant des amphores vinaires (cf. infra, § 1.3.3.6), une production qui peut toutefois être reconnue grâce à l’analyse des pâtes, physico-chimique ou minéralogique, voire plus simplement par la morphologie89.

1.3.3.4. Vignobles et plantations de vigne

  • 90 Par exemple en Île-de-France, à Bruyères-sur-Oise (Val-d’Oise) (Toupet et Lemaître 2003) – un exemp (...)
  • 91 Sous-chap. 1.4 et corpus en ligne, Bordelais inclus.

60Dès les années 1980 – notamment grâce aux grands décapages et à l’archéologie préventive –, on a mis en évidence en Gaule des vignobles matérialisés par des séries parfois remarquablement étendues de fosses de plantation de vigne, soit carrées, soit plus souvent allongées et aux extrémités arrondies (peut-être pour le provignage), attribuables à la période romaine (Boissinot 1997 ; 2001). Ces découvertes ont d’abord concerné la Narbonnaise et en particulier la vallée du Rhône, mais ont par la suite été mises en évidence dans plusieurs secteurs des Trois Gaules90. On verra plus bas91 que certaines d’entre elles sont situées dans l’aire qui nous intéresse ici. Leur datation directe reste toutefois délicate et ce sera souvent le contexte qui apparaîtra déterminant.

1.3.3.5. Les données archéobotaniques

  • 92 À noter que les découvertes de pépins de raisin (en principe cultivée, distingués de ceux de lambru (...)

61Les restes archéobotaniques de vigne (macrorestes de vigne, pépins de raisins, voire pollens de Vitis) seront aussi recherchés. Pour les données carpologiques et associées (autres macrorestes de vigne)92, il faudra s’assurer qu’il s’agit bien de Vitis vinifera vinifera et non de lambrusque. Pour cette catégorie de données, dans les agglomérations du Bassin parisien, aux iie, iiie et ive s., on note la présence importante, mais non dominante parmi les fruitiers, de Vitis vinifera (Jedrusiak 2016, I : 304, tabl. Fig. 136). Peuvent éventuellement s’y ajouter des charbons de bois (anthracologie), voire des restes de bois conservés surtout par imbibation (xylologie/dendrologie) permettant d’identifier du bois de vigne.

  • 93 En général, et notamment quant à l’émergence de la viticulture en Gaule, à travers les données carp (...)

62Quant à la palynologie, les deux variétés botaniques – cultivée ou sauvage – n’étant pas alors distinguables, seules des grandes quantités, et en contexte archéologique, pourront vraiment faire foi93. Pour ces restes polliniques, compte tenu d’une faible dispersion des pollens de l’espèce Vitis – en général concentrée au sein même des vignobles –, on considère d’ailleurs qu’un pourcentage inférieur à 3 % du spectre palynologique n’est pas significatif de la viticulture sur place (Gauthier et Joly : 2003 : 204) (cf. infra, Fig. 16). En outre, on note couramment la présence de Vitis au sens générique – sauvage dans ce cas – dans les diagrammes polliniques des tourbières du Bassin de la Loire et du Val de Loire pour toutes les périodes interglaciaires, Boréal et Atlantique et bien sûr Subatlantique (Planchais 1966 : 187 ; 1971 : 86 : 1972/73 ; cf. Provost 1993 : 217).

1.3.3.6. Des ateliers de production d’amphores vinaires

  • 94 Hors de notre aire d’enquête, les productions d’amphores de Lyon-Lugdunum sont considérées comme pl (...)

63Enfin, la présence d’ateliers de potier produisant des amphores vinaires peut être également considérée comme un indice fort de production vinicole, dans la région alentour sinon bien sûr directement sur place (Fig. 12a et b et Fig. 13a et b). Il est en effet la plupart du temps raisonnable de penser que ces conteneurs de transport soient plutôt fabriqués à proximité des lieux de production de ce qu’ils sont destinés à contenir94. Dans notre aire d’enquête, de nombreuses formes sont manifestement de productions régionales, “ligériennes” et autres.

Fig. 12 - Localisation des ateliers d’amphores vinaires : a) en Aquitaine nord et Lyonnaise ; b) en Aquitaine sud-ouest et Narbonnaise occidentale.

Fig. 12 - Localisation des ateliers d’amphores vinaires : a) en Aquitaine nord et Lyonnaise ; b) en Aquitaine sud-ouest et Narbonnaise occidentale.

a) d’après Brun 2011 : Fig. 3, DAO J.-P. Brun, CNRS, Centre Jean-Bérard ; b) d’après Benquet et Sanchez 2021 : Fig. 1

Fig. 13a - Les productions d’amphores vinaires ligériennes et de la région Centre-Val de Loire : répartition des Dr.2/4 régionales.

Fig. 13a - Les productions d’amphores vinaires ligériennes et de la région Centre-Val de Loire : répartition des Dr.2/4 régionales.

D’après Barthélemy-Sylvand, Chambon et Couvin 2005 : Fig. 5

Fig. 13b - Les productions d’amphores vinaires ligériennes et de la région Centre-Val de Loire : diverses formes produites régionalement, de divers sites de la région, dont Saint-Marcel-Argentomagus en Berry.

Fig. 13b - Les productions d’amphores vinaires ligériennes et de la région Centre-Val de Loire : diverses formes produites régionalement, de divers sites de la région, dont Saint-Marcel-Argentomagus en Berry.

D’après Barthélemy-Sylvand, Chambon et Couvin 2005 : Fig. 2, 4, 6, 23 ; Barthélemy-Sylvand, Bouchain-Palleau et Laubenheimer 2007 : Fig. 2 à 7 et 9

  • 95 La morphologie seule n’étant pas toujours suffisante.

64Si l’on doit s’assurer que les formes concernées soient bien attestées pour le transport de vin95, il faut toutefois observer ici que l’on manque encore de données biochimiques pour identifier le contenu des amphores, sur les sites de consommation et non bien entendu sur les ateliers de potiers produisant des amphores.

1.3.3.7. En conclusion provisoire…

  • 96 Et alors y compris avec des données textuelles ou iconographiques.
  • 97 Si le contenu supposé en est assuré ; et ce, sinon pour le lieu même de l’atelier, du moins pour le (...)

65Ainsi, si, individuellement et isolées, ces différentes catégories d’indices archéologiques doivent souvent être considérées comme insuffisantes, les associations de plusieurs d’entre elles, énumérées ci-dessus, sur un même site96 pourront en revanche être pris en compte comme particulièrement probantes et seront donc à souligner. On pourra également distinguer les “preuves” directes de la viniculture de celles indirectes : les premières ne sont en réalité concernées – hormis les mentions textuelles explicites –, que par les structures mêmes de vinification (pressoirs, cuves et bassins, chais dont l’identification est bien assurée), éventuellement les lots les plus abondants de pépins de raisins et macrorestes de vigne susceptibles de correspondre à des résidus de pressurage, ou encore, par exemple (iconographie), les éventuelles pipettes de dégustation, semble-t-il attestées sur certains reliefs mentionnés dans le corpus, ainsi que les productions locales avérées d’amphores vinaires97

66En outre, sur le plan heuristique, il faut bien distinguer les documents concernant strictement la production de vin (viniculture) de celles attestant la culture de la vigne (viticulture), qui – même sur des superficies importantes – peut ne concerner que le raisin consommé comme tel, voire, pour de plus petites surfaces, l’agrément des jardins. Et de même, pour la seule viti-viniculture proprement dite, certaines catégories de documents sont, on l’a vu, à considérer comme plus probantes que d’autres…

1.4. Analyse des données par cité

  • 98 Avec une petite incursion en Narbonnaise : frange occidentale du territoire helvien (haute Ardèche) (...)

67On examinera les cités d’ouest en est – c’est-à-dire en fait d’aval en amont du bassin versant –, d’abord pour la Lyonnaise puis pour l’Aquitaine98. Les données textuelles et épigraphies seront mentionnées en premier (cf. les recensions antérieures, pour les Gaules, de : Chevallier 1990 ; Brun 2001 ; Poux 2004 : 583-604). Pour chaque cité, les différentes catégories de données seront – ici et surtout dans les corpus en ligne – déclinées toujours dans le même ordre, en in fine un bilan pour chacune de ces civitates.

1.4.1. Les cités de Lyonnaise99 (Sud et Est)

1.4.1.1. Les Namnètes

68Le territoire de la cité concerne l’embouchure de la Loire, rive droite, avec ses derniers affluents, le chef-lieu étant à Nantes-Condevicnum. Seule une partie de cette cité est exclue de ce bassin : au nord, avec le bassin de la Vilaine, et à l’ouest, pour une frange atlantique de part et d’autre de l’estuaire, avec de petits fleuves côtiers. Avec les cités limitrophes des Andécaves et des Cénomans, pour l’ouest de la province de Lyonnaise, cette civitas a fait l’objet d’une synthèse récente concernant la viticulture (Hervé-Monteil et al. 2011).

69• Un seul texte, au demeurant tardif, témoigne directement de la viticulture de cette cité.

  • 100 L’index de la CAG 44 (Provost 1988d : 162), s.v. “Bacchus”, renvoie à “33(58), embouchure de la Loi (...)

70• Pour l’iconographie, signalons au passage un indice localisé ici par erreur, qui ne peut être pris en compte ici100. Ainsi, rien de déterminant n’est donc à signaler à ce titre pour la viticulture namnète.

71• Quant aux installations viticoles, une unique – et belle – installation namnète est cependant sensiblement hors du bassin versant de la Loire, vers la côte atlantique.

72• Aucun outillage viticole n’est signalé.

73• Quant aux tonneaux, une production de tonnellerie semble assez bien attestée dans cette cité (inscription et lot d’outils) : reste à savoir s’ils étaient essentiellement destinés au vin, car la position océanique de la cité pourrait aussi laisser penser à des salaisons de poisson…

74• Aucune plantation de vigne n’est attestée.

75• Pour l’archéobotanique, la seule donnée vraiment probante (carporestes) provient d’un site en réalité situé sur la côte atlantique, au nord de l’estuaire et donc sensiblement hors de notre stricte aire d’étude.

76• On ne connaît pas de production d’amphores vinaires namnètes.

  • 101 Du moins pour la partie qui nous concerne ici.

77Pour la cité la plus en aval de l’aire étudiée du bassin versant de la Loire, le territoire des Namnètes a donc fourni un contingent de données non négligeable, où l’on retiendra – bien qu’en marge du bassin versant de la Loire stricto sensu – tout particulièrement l’une des rares installations vinicoles de l’ensemble du corpus rassemblé ici, à Piriac-sur-Mer et sans doute une production de tonneaux dans la zone de l’estuaire. Cependant, le fait que de récentes découvertes, suivies d’une synthèse sur la question (Hervé-Monteil et al. 2011) ait attiré l’attention sur la viti-viniculture de cette cité ne doit donc pas nous leurrer quant à son réel développement dans ce territoire101.

1.4.1.2. Les Andécaves

  • 102 L’introduction de la viticulture en Anjou à l’époque romaine est évoquée par : Leturcq et Musset 20 (...)

78Le territoire de la cité est en totalité dans le bassin de la Loire, entre Loire moyenne et basse Loire, avec son chef-lieu à Angers-Juliomagus. Avec la précédente et les deux suivantes, pour l’ouest de la province de Lyonnaise, cette civitas a fait l’objet d’une synthèse récente concernant la viticulture (Hervé-Monteil et al. 2011)102.

79 En matière de données textuelles, on retiendra au moins un témoignage, certes tardif, de vignoble angevin.

80• En revanche, les données iconographiques n’apportent rien de déterminant au dossier de la viticulture andécave.

81• Pour les installations vinicoles, si une donnée est tardive, deux occurrences de pressoirs constituent des éléments relativement probants.

82• Pour l’outillage, un seul site a fourni plusieurs serpettes vigneronnes certaines.

83• Quant à la tonnellerie, si l’on retient cette interprétation pour le lot d’outils signalé, ceci attesterait donc dans cette cité une production de tonneaux, possiblement pour le vin.

84• Aucune plantation de vigne n’est par ailleurs connue dans cette cité.

85• Pour les données archéobotaniques, rien n’est à signaler pour la palynologie et une unique donnée carpologique est probante, confirmant en outre l’interprétation de l’établissement concerné comme viti-vinicole, bien que tardif.

86• Pour les productions d’amphores vinaires andécaves – notamment G.4 –, voir en général : Siraudeau 1988 ; cf. Arnaud 1990. Celles-ci constituent donc une nouvelle preuve du développement de la viti-viniculture de cette cité.

  • 103 En tout cas plus que sa voisine la cité namnète (supra, 1.4.1.1), même si sans doute un peu moins, (...)

87Concernée directement par la transition entre moyenne et basse vallée de la Loire et territoire aujourd’hui très viticole, la cité des Andécaves (Anjou) n’a certes à ce jour livré qu’un nombre assez modeste de données sur la viticulture antique. Mais au moins deux installations vinicoles, une probable production de tonneau et plus certainement d’amphores vinaires, auxquelles s’ajoute au moins un texte tardif (vignoble), témoignent en définitive d’une viti-viniculture angevine antique relativement bien documentée et développée103.

1.4.1.3. Les Diablintes

  • 104 Les données tardives – au demeurant textuelles – de ce territoire seront donc traitées infra avec c (...)

88Le territoire des Diablintes, correspondant à peu près au département de la Mayenne, est entièrement dans le bassin de la Loire, même si à ses marges septentrionales. Le chef-lieu est à Jublains-Noviodunum, avant que la cité ne soit absorbée, dans l’Antiquité tardive, par celle du Mans (cf. infra, Cénomans)104.

89Pour les textes, il faut prendre en compte le fait que dans l’Antiquité tardive et donc aussi au très haut Moyen Âge, le territoire de la cité des Diablintes est intégré dans celle des ex-Cénomans (infra, 1.4.1.4), alors cité du Mans, et qu’ainsi certains textes mentionnés au paragraphe suivant concernent bien, géographiquement, l’aire auparavant diablinte. Il ne s’agit certes que de mentions tardives, postérieures à la fusion des deux cités, mais il n’est pas interdit de penser que les vignes concernées existaient déjà dans ces secteurs au Haut-Empire et donc alors chez les Diablintes.

90Le seul indice de viti-viniculture qu’on a pu enregistrer pour l’ensemble de la civitas est dans le chef-lieu, Jublains-Noviodunum, et concerne la carpologie.

91La cité, il est vrai assez en marge du bassin versant de la Loire, n’est donc pratiquement pas documentée en ce qui concerne la viticulture antique, même si au haut Moyen Âge quelques textes mentionnent la viticulture dans cette aire, alors intégrée à la cité du Mans (§ suivant).

1.4.1.4. Les Cénomans

  • 105 Formant la Maine, en territoire andécave, après sa confluence avec la Mayenne et le Loir.

92La cité des Cénomans est entièrement dans le bassin versant de la Loire, par son affluent de rive droite, la Sarthe105. Son chef-lieu est Le Mans-Vindinum. Dans l’Antiquité tardive, la cité du Mans absorbe celle limitrophe, à l’ouest, des Diablintes (supra). Auparavant, au Haut-Empire, le territoire de la cité recouvrait l’essentiel de l’actuel département de la Sarthe, à l’exception de ses marges nord-est, en territoire ésuvien (cf. § 1.4.1.5).

93Avec les trois cités précédentes, pour l’ouest de la province de Lyonnaise, cette civitas a donc fait l’objet d’une synthèse récente concernant la viticulture (Hervé-Monteil et al. 2011).

94 En ce qui concerne les mentions textuelles, la présence de l’évêque Bertrand, notamment, au début du viie s., favorise certainement cette cité du Mans. Des vignobles y sont ainsi attestés – et même en nombre –, mais, comme c’est souvent le cas, seulement dans l’Antiquité tardive, il est vrai notamment par ce document exceptionnel du viie s. qui favorise certainement cette cité à ce titre, par rapport à d’autres.

95• Rien de déterminant, en revanche, en matière d’iconographie, avec peu de données.

96• On ne note pas de données concernant les catégories suivantes : installations vinicoles, tonnellerie, plantations de vigne et données archéobotaniques.

97• Aucune des deux serpettes attestées ici ne peut être formellement attribuée à la viticulture.

98 Quant à la production d’amphores vinaires (forme proche de la G.12 et types locaux), elle reste donc, avec l’atelier de La Bosse (Sarthe), une des rares données archéologiques probantes pour la viti-viniculture de la cité des Cénomans.

99Pour une cité – relativement – peu documentée pour notre propos, on soulignera donc l’importance du texte du Testament de Bertrand pour l’Antiquité tardive, au point d’opérer ici un effet de source prégnant.

1.4.1.5. Les Ésuviens ou Sagii (Sud)

100Au nord des Cénomans, la cité, mal connue et documentée, des Ésuviens (chef-lieu à Sées) n’est concernée par le bassin versant étudié – en l’occurrence pour le haut bassin de la Sarthe – que pour une petite frange sud et sud-est de son territoire, aujourd’hui au sud du département de l’Orne et au nord-est de celui d’Eure-et-Loir.

101Je n’ai en vérité pu recueillir strictement aucune donnée concernant la viticulture sur cette petite aire, que ce soit dans la CAG 61 (Bernouis 1999) ou par exemple dans OUTAGR, à l’exception d’une “serpe à ébrancher”, en principe non propre à la viticulture.

1.4.1.6. Les Turons

  • 106 Qui “ratisse” assez largement au-delà de la Touraine.
  • 107 Et voir Dion 1959 : 165, 171, 177… ; Ferdière 2011 : 85-86.

102Au sud des Cénomans, le territoire turon est en revanche concerné dans sa totalité, de part et d’autre de la Loire et comprenant successivement les confluences majeures (rive gauche) du Cher et de la Vienne, son chef-lieu étant à Tours-Caesarodunum. Il s’agit d’une des cités les mieux documentées de l’aire ici étudiée, du point de vue de de la viticulture antique (Couderc 1990106 ; 2008 ; Couderc et Provost 1990 ; Ferdière 2007 ; cf. aussi Schweitz et al. 1986 ; Leturcq et Musset 2017 : 24-25)107 (Fig. 14). L’hypothèse d’une viticulture tourangelle avant le haut Moyen Âge a été assez tôt émise (Boussard 1954 ; Dion 1959), même si la majorité des documents archéologiques l’attestant restaient encore alors à découvrir.

  • 108 NB : Franc., VI, 44 (en 581) et IX, 5 et 17 (en 587) – signalés notamment par Couderc 1990 au sujet (...)
  • 109 Il est en outre à noter que le domaine de Cariacus, que l’on a mentionné plus haut pour les Andécav (...)

103• En ce qui concerne les données textuelles, en effet, la présence de saint Martin puis de l’évêque Grégoire de Tours108 est certainement susceptible d’induire un effet de source qui privilégie cette cité par rapport à ses voisines109. Mais, en définitive, malgré la présence prégnante de ces écrits, on constate qu’il n’y a pas de texte attestant de manière absolue la présence de vignes et viticulture en Touraine antique.

Fig. 14 - La viti-viniculture antique dans la cité des Turons.

Fig. 14 - La viti-viniculture antique dans la cité des Turons.

D’après Ferdière 2007 : carte 1

  • 110 Cependant, on a signalé un buste de statue qui représenterait Sucellus, le “Dieu au maillet”, à Pau (...)

104• Pour l’iconographie, notons qu’on ne connaît pas ici de figurations du Dieu au Maillet110, peut-être pour des raisons culturelles régionales de géographie religieuse. En excluant les images liées au culte de Bacchus, peu probantes, on peut retenir la représentation d’une pipette à vin à Chinon, dans la vallée de la Vienne.

105• Quant aux installations vinicoles, si l’on exclut deux hypothétiques chais, il reste quand même des preuves archéologiques tangibles d’installations vinicoles chez les Turons, avec surtout le bassin à cupule de Veigné, ainsi que sans doute trois autres sites à pressoirs ou encore dolia à vin.

106 Pour l’outillage, toutes les serpettes mentionnées ne sont certes pas à retenir mais plusieurs parmi celles mentionnées ici semblent bien correspondre au travail de la vigne.

107• Rien n’est à signaler pour la tonnellerie. Mais, au titre de ces conteneurs vinaires, il faut citer – cas unique dans tout notre corpus – ces dolia quasi certainement vinicoles, sur le site de Saint-Patrice, qui semble ainsi pouvoir être sans conteste considéré comme un établissement viticole.

108• Il n’y a en revanche pas de données pour les plantations de vigne.

  • 111 Pour la biochimie, voir infra (Berry, § 1.4.2.2) les résidus de vin supposés dans un vase d’une sép (...)

109 Mais les données archéobotaniques111, sont assez bien représentées, pour la palynologie comme pour la carpologie. Comme toujours, les premières sont peu probantes, mais des lots de pépins de raisin significatifs peuvent correspondre à de la vigne cultivée sur place, notamment pour celui, tardif, de Truyes.

  • 112 Respectivement – notons-le – sur les deux importants affluents de rive gauche de la Loire, le Cher (...)

110 Enfin, pour les ateliers de production d’amphores vinaires, on se trouve ici, pour la Touraine, dans une situation exceptionnelle, avec non moins de deux ateliers importants, bien attestés (cf. Brun 2010 : 248), Crouzilles “Mougon” et Thésée-Pouillé112, avec des G.4, G.5 et types locaux, dont “à col en tulipe”. Les pâtes des amphores de ces deux ateliers ont fait l’objet d’analyses physico-chimiques par fluorescence X (Laubenheimer, Cantin et Schmitt 2005 : 280-282, Fig. 7 et tabl. 1 et 2 ; cf. Dumasy et al. 2011 : 134), permettant ainsi de caractériser ces productions pour les reconnaître ensuite sur les sites de consommation : il s’agit dans les deux cas de pâtes non calcaires, et leur composition, pour les deux ateliers, bien qu’assez proches, peut être distinguée par les teneurs d’au moins quatre éléments (TiO2, MnO, Rb et Zn). Ainsi, au moins deux tessons d’amphore découverts à Rennes pourraient provenir de l’atelier de Crouzilles-Mougon. En outre, de manière générale, la Touraine et la cité des Turons sont considérées comme le lieu d’autres productions d’amphores locales/régionales, dites “ligériennes”, au Haut-Empire (Barthélemy-Sylvand, Chambon et Couvin 2005). Ainsi, dans une région ou certes le nombre important d’ateliers de potiers peut produire un effet de source, ce sont en tout cas au moins ces deux officines céramiques majeures qui sont bien attestées ici, l’une d’elles certes aux confins de cités voisines (Carnutes et Bituriges Cubes).

111Ainsi, cette cité, à la superficie pourtant modeste par rapport à la plupart de ses voisines, apparaît comme l’une des mieux documentées de la Loire moyenne quant à la viticulture antique. En Touraine, cette activité pourrait en outre, notamment avec l’atelier d’amphores de Crouzilles “Mougon”, être l’une des plus précoces de l’aire examinée ici, dès le milieu du ier s. de n. è. Outre deux ateliers importants de production d’amphores vinaires, on note ici des installations caractéristiques, et des lots de pépins de raisins également révélateurs d’une viticulture développée. Quant à la documentation textuelle, on doit cependant rappeler l’effet de source en faveur de ce territoire que constituent les textes de l’Antiquité tardive, avec la présence de Martin puis de Grégoire. Mais, sans surprise, les vallées de la Loire et de ces principaux affluents (Cher, Vienne) paraissent jouer ici un rôle majeur pour le développement de la viticulture antique.

1.4.1.7. Les Carnutes (Sud)

  • 113 Pour la viticulture en Beauce, Chartrain et Orléanais au Moyen Âge – aucune mention avant les vie-v (...)
  • 114 Pour le strict bassin versant de la Loire : le sud de l’Eure-et-Loir, la partie NO du Loiret et la (...)
  • 115 Ce qui fait qu’on maintiendra quand même ce site dans les inventaires de données (corpus en ligne).

112Seule sa partie méridionale de cette cité carnute113 est dans le bassin de la Loire114, la partie nord ressortissant à celui de la Seine : ainsi, la capitale, Chartres-Autricum, sur l’Eure, est en principe hors des limites du bassin versant de la Loire, bien que très proche de la haute vallée de son affluent, le Loir115. Dans l’Antiquité tardive, la cité des Aureliani (capitale à Orléans, ex-Cenabum) est déduite de ce vaste territoire, au sud-est (Fig. 15).

Fig. 15 - La viticulture antique, dont la production d’amphores vinaires, dans les cités de Carnutes, Sénons et Parisii.

Fig. 15 - La viticulture antique, dont la production d’amphores vinaires, dans les cités de Carnutes, Sénons et Parisii.

D’après Cribellier 2011 : Fig. 94, dessin Ch. Cribellier, SRA Centre, à partir de publications antérieures

113• Pour les textes, de bonnes attestations, mais encore une fois bien tardives…

114Pour l’iconographie, il ne s’agit, en définitive, que de figures bachiques, de peu de valeur pour notre propos.

  • 116 Peut-être aurait-on pu se demander si la “cuve” interprétée comme liés au travail du lupin signalée (...)

115 Quant aux installations vinicoles116, les possibles chais – comme trois supposées fondations de pressoirs – étant discutables, ne reste que les bassins en béton de tuileau de Fossé, peut-être plus fiables.

  • 117 On aurait pu ajouter, en territoire carnute mais non plus dans le bassin versant de la Loire, une “ (...)
  • 118 En nombre ici, par l’effet d’enquêtes particulièrement poussées sur ce territoire (voir corpus en l (...)

116Pour l’outillage, des houes vigneronnes et de nombreuses serpettes117. Et seule une (petite) partie des serpettes118 cataloguées apparaissent de manière sûre comme des outils de vigneron – sans compter que certains items sont en réalité un peu en dehors de notre aire d’étude –, pour l’entretien de la vigne ou la vendange : les houes à déchausser constituent donc sans doute ici un élément plus probant.

117 Quant aux tonneaux, rien de totalement assuré ici…

  • 119 La mention (Viet1983 : 283-284 ; Provost 1988b : 71 ; cf. 1993 : 217-218) d’une “vigne d’époque gal (...)

118• Pour les plantations de vigne119 , l’hypothèse proposée à Meung-sur-Loire semble devoir être rejetée car non antique. Quant au “clos de vignes” de l’agglomération de Beaune-la Rolande, il est indiscutablement du Haut-Empire et apparaît ainsi comme un document tout à fait remarquable, malheureusement sensiblement hors du strict bassin versant de la Loire.

  • 120 À noter qu’une autre agglomération des Carnutes, à Jouars-Pontchartrain (Yvelines), hors du territo (...)
  • 121 Comme dans certains vases protohistoriques d’Armorique mentionnés supra, sous-chap. 2.4).

119• Des données archéobotaniques (palynologie et carpologie120) assez nombreuses sont répertoriées. À noter en outre, à la marge, une analyse biochimique qui a révélé un contenu de vin ou en tout cas jus de raisin fermenté121 dans un vase de l’âge du Bronze Final provenant de Vienne-en-Val (Loiret) (Lardé et al. 2019 ; Garnier, Silvino et Djaoui 2020 : 211-212).

  • 122 Ou parfois “du Val de Loire”, “du bassin de la Loire”.

120• Enfin, pour les productions d’amphores vinaires, un atelier rural est connu à Vrigny et surtout un groupe important d’officines, sur un temps assez long, dans la capitale carnute de Chartres-Autricum : ces deux sites de production sont toutefois sensiblement hors de notre aire d’enquête. Notons d’ailleurs que, bien que nettement hors du bassin versant de la Loire mais clairement dans celui de la Seine, les ateliers de potier de Jouars-Pontchartrain et de La Boissière-École (Dufaÿ, Barat et Raux 1997 ; cf. Brun et Laubenheimer 2001b : 211), toutes deux dans les Yvelines, dans la partie nord-est de la cité, produisent des amphores vinaires, dont des types mentionnés à propos des ateliers de Vrigny et de Chartres. En outre, alors qu’aucun atelier précis n’y soit dans ce cas identifié, la partie de la cité en Val de Loire reste considérée comme secteur de production d’une partie des amphores régionales à fond plat dites “ligériennes”122 (Barthélemy-Sylvand et Sellès 2003 ; Barthélemy-Sylvand, Chambon et Couvin 2005). Les ateliers de productions de ces amphores ne sont certes pas connus à ce jour mais peuvent notamment prendre place dans le Val de Loire d’Orléans et Blois, en pays carnute : on note par exemple des imitations de Pascual 1 – de la fin du ier s. av. n. è. à la fin du ier s. de n. è. – en contexte de consommation à Orléans (Couvin 2002, 1 : 47 et 65 ; Barthélemy-Sylvand, Chambon et Couvin 2005 : carte Fig. 3) et des formes spécifiquement carnutes et même propres à la partie sud de la cité. Et les cinq amphores sans doute à vin à fond plat – étroit pour les deux plus grandes – du dépotoir du ive s. de “Lavau” à Chilleurs-aux-Bois (Loiret), agglomération carnute, semblent de production locale ou proche (Ferdière 1971 : 256, Pl. II, n° 6 ; 258, Pl. III, n° 1 et Pl. IV, n° 1 et 2) (voir en ligne, corpus Carnutes, H : Fig. C.22b). Les deux centres de production attestés pour fabriquer, surtout au Haut-Empire, des amphores vinaires constituent en tout cas une preuve importante de viti-viniculture carnute. Mais, malheureusement pour notre propos, ils sont tous deux un peu en marge du bassin versant de la Loire.

121La cité reste donc globalement assez bien documentée, même si l’on se cantonne à la part concernée par le bassin versant de la Loire : certes en sortant parfois un petit peu de ce strict cadre géographique, on y note de possibles installations viticoles, un petit vignoble, quelques outils caractéristiques, des lots de pépins de raisin dont au moins une part est sans doute représentative de moût de pressurage et des ateliers produisant des amphores vinaires. Et certaines de ces données montrent une viticulture dès le ier s. de n. è., sans toutefois être très précoce. Cependant, les dimensions de la cité du Haut-Empire, d’une part, et le fait que ce territoire bénéficie au moins en partie d’une synthèse récente (Cribellier 2011), d’autre part, peuvent jouer en faveur de cette cité, au détriment par exemple de sa voisine occidentale des Cénomans (supra, 1.4.1.4). Il reste toutefois à admettre que – peut-être curieusement et de manière fortuite – les preuves les plus probantes d’activité viticole dans la cité concernent en grande partie sa moitié nord, hors du bassin de la Loire, et non sud, avec Le Val de Loire et ses affluents de rive gauche.

1.4.1.8. Les Éduens (ouest et sud-ouest)

  • 123 Dans laquelle prend place le fameux pagus Arebrignus, notamment viticole (cf. supra, sous-chap. 1.2 (...)
  • 124 Elle-même sur l’Arroux, affluent de rive droite de la Loire.

122Seule la bordure ouest et sud-ouest de la vaste cité du Haut-Empire123, dont le chef-lieu est Autun-Augustodunum124, est ici concernée (bordure occidentale du département de la Nièvre, sud-ouest de celui de Saône-et-Loire) : cités d’Auxerre (à la marge), de Nevers et d’Autun dans l’Antiquité tardive. La Loire fait elle-même limite, à l’ouest, avec les Bituriges Cubes. Pour la viticulture de ces régions, voir : Gauthier et Joly 2003) (Fig. 16). À noter que l’importante agglomération d’Entrains-sur-Nohain (Nièvre), bien qu’assez proche de la Loire (rive droite) a été considérée ici comme en dehors du bassin versant du fleuve.

Fig. 16 - La viticulture antique dans le Centre-Est, dont cité des Éduens, avec les installations viticoles, les ateliers d’amphores vinaires et analyses palynologiques avec Vitis.

Fig. 16 - La viticulture antique dans le Centre-Est, dont cité des Éduens, avec les installations viticoles, les ateliers d’amphores vinaires et analyses palynologiques avec Vitis.

D’après Gauthier et Joly 2003 : Fig. 1

123• Pour les textes, dans cette partie spécifique – réduite – du territoire éduen concernée par le bassin versant de la Loire, on ne connaît pas de mention, sans doute pour des raisons en grande partie fortuites.

  • 125 La cité des Éduens est l’une des plus riche pour l’iconographie lapidaire ; on notera une série par (...)
  • 126 On aurait pu ajouter, en marge, à Autun, dans la salle à abside d’une riche domus, une mosaïque (du (...)

124• Pour l’iconographie125 (Fig. 17), le corpus – pourtant pour la seule part de la vaste cité éduenne concernée par le bassin versant de la Loire – est en revanche d’une richesse exceptionnelle : même si l’on exclut les représentations décoratives ou symboliques de vigne ainsi que celles liées au culte de Bacchus, il reste non moins d’une dizaine de figures du “Dieu au Maillet”, ainsi que d’un très probable artisan tonnelier, de possibles vignerons, et aussi des figurations de pipette à vin126.

Fig. 17 - Iconographie de la vigne et de la viticulture dans le Centre-Est, dont le Dieu au Maillet et les cultes bachiques.

Fig. 17 - Iconographie de la vigne et de la viticulture dans le Centre-Est, dont le Dieu au Maillet et les cultes bachiques.

D’après Thévenot 1951 : carte

125• En revanche, pour les installations vinicoles, un seul élément peut sans doute être retenu sans trop de réserves.

126• Quant à l’outillage, en définitive, peu de serpes typiques attestées, mais au moins une houe bident possiblement pour le travail de la vigne…

127• Pour la tonnellerie, on rappellera d’abord la stèle de tonnelier signalé dans les données iconographiques à Autun. Mais, comme toujours, on ne peut évidemment assurer que les éléments de tonneau attestés par ailleurs étaient destinés à contenir du vin, qui plus est de production locale.

128• Quant aux plantations de vigne, le “clos de vigne” attesté à Digoin constitue donc un document particulièrement notable en faveur de la viticulture dans la partie du territoire éduen considérée ici.

  • 127 Il est à noter que les études carpologiques menées depuis des années sur le site du Mont Beuvray-Bi (...)

129 Pour les données archéobotaniques, chronologiquement en marge du corpus, on signalera ici l’étude palynologique de Prémery (Nièvre), tourbière 3 de “la Chênaie”), non loin de la rive droite de la Loire, avec quelques pollens de Vitis – alors bien sûr sauvage – dans les niveaux du Boréal, de l’Atlantique mais aussi du Subatlantique (Planchais 1966 : 187 ; cf. Couderc 1990 : 56 sqq.). Quelques données carpologiques sont signalées127 qui, seules, pourraient constituer des preuves solides, mais elles sont ici en petit nombre, sans lot important caractéristique.

  • 128 L’un d’eux (Autun) omis par erreur dans la cartographie.

130Enfin, en ce qui concerne les productions d’amphores vinaires, celle-ci est particulièrement bien représentée, avec non moins de trois ateliers128 (voir Laubenheimer 1986 ; Olmer 1997 ; Mouton-Venault et Ahü-Delor 2017) : ceci constitue un argument majeur en faveur du développement de la viti-viniculture dans la partie occidentale et sud-ouest du territoire de la cité des Éduens concernée par le strict bassin versant de la Loire. Il est en outre à noter, liée à l’un d’eux, à Autun (17 rue Saint-Antoine) une amphore de production régionale portant le graffito Amin[eum] (Andrieu 2017 : 85) : ceci désignerait-il un vin aminé de production locale ?

131Ce vaste territoire de cité – même si l’on se cantonne à la partie qui nous concerne ici du seul bassin versant de la Loire – est particulièrement riche en données concernant la viti-viniculture antique. Il est vrai qu’un effet de source est à prendre en compte, de manière positive, car – vins de Bourgogne oblige – cette région est l’une des mieux étudiées de France à ce titre, avec le Bordelais, favorisant ce territoire, comme d’ailleurs l’abondance de l’iconographie lapidaire déjà notée. Ainsi, hormis les textes, tous les items recherchés y sont représentés, parfois de manière importante. On note la richesse des données pour Autun-Augustodunum même, la capitale de cité, et, globalement, celle de la vallée de l’Arroux, il est vrai l’un des rares affluents de la Loire en rive droite.

1.4.1.9. Les Ségusiaves

132Seule la partie occidentale du territoire (surtout département de la Loire) est dans le bassin de la Loire, la capitale étant Feurs-Forum Segusiavorum au Haut-Empire et revenant à Lyon même dans l’Antiquité tardive.

133• Aucun texte n’est à signaler, ni rien de bien notable pour l’iconographie.

134Pour les installations viticoles, celle bien attestée de Neulise (Loire) constitue une donnée de qualité.

135• Pour l’outillage, deux serpettes étant douteuses, reste donc une houe vigneronne, sans doute plus probante.

136• On ne note aucune donnée pour la tonnellerie, mais une possible plantation de vignes ne peut, en l’état, être retenu ici sans réserve.

137• En l’absence de documentation palynologique, deux signalements de carporestes ne sont pas non plus très probants.

  • 129 Et capitale des Trois Gaules, constituant au Haut-Empire une entité territoriale autonome, aux cont (...)
  • 130 Peut-être – dans ce cas très particulier – pour le reconditionnement de vins importés en vrac par R (...)

138• Enfin, deux ateliers ségusiaves produisent des amphores vinaires au Haut-Empire. Pour cette cité – sans toutefois entrer dans le détail, la capitale provinciale étant largement hors du territoire examiné ici –, il est cependant nécessaire de rappeler, à la marge, les productions d’amphores à Lyon-Lugdunum même, la capitale de la Lyonnaise129 (Becker 1986 ; Becker et al. 1986 ; Desbat 1987 ; Dangréaux et Desbat 1987/88 ; Dangréaux et al. 1992 ; Desbat, Genin et Lasfargues 1997 ; Maza et al. 2002), d’environ 20 av. n. è. à la fin du ier s. de n. è., avec notamment des Dr.1, Dr.2/4, Dr.9 et “Gauloises” à fond plat130. La production d’amphores vinaires est donc bien attestée, mais apparemment peu développée, du moins dans l’aire étudiée et en l’état des connaissances de ces officines.

  • 131 Notamment à partir de Lyon, rappelons-le à l’origine en territoire ségusiave.

139Le territoire ségusiave est certes, pour sa partie orientale, hors du bassin versant de la Loire, en ce qui concerne la viticulture ici, mais joue un rôle déterminant dans les relations économiques et culturelles entre le couloir Rhône-Saône131 – voie majeure de pénétration des influences méditerranéennes – et le cours même de la Loire (voir infra, § 1.4.2.2). La viticulture antique locale est cependant présente, bien que sans doute assez modestement.

1.4.2. Les cités d’Aquitaine (Nord et Nord-Est)

140NB : Pour la province d’Aquitaine, la cité des Bituriges Vivisci (Bordelais) – hors du bassin versant de la Loire – sera ajoutée au chap. 3, ainsi que dans le corpus en ligne, pour la comparaison avec la cité des Bituriges Cubes, au sujet de la question de la biturica qui sera examinée dans ce chapitre.

1.4.2.1. Les Pictons

  • 132 Département, notons-le, où aucune occurrence des types de données recherchés ici n’est signalée dan (...)

141La quasi-totalité du vaste territoire picton – chef-lieu à Poitiers-Lemonum – est ici concernée, à l’exclusion d’une aire occidentale vers l’Océan, correspondant – à une petite partie près au nord-est – à presque tout l’actuel département de Vendée132. Il est nécessaire de signaler une thèse en cours (Universités de Bordeaux et Poitiers), par Camille Frugier, sur la viticulture en Poitou et les productions d’amphores vinaires régionales (cf. Ferdière 2019 : 9, note 518).

  • 133 Anecdotiquement, on peut signaler un long graffito autour d’une coupe (“Acitapulus […]canua. Virili (...)

142• Aucun texte n’est formellement attesté pour la viticulture pictone133.

  • 134 Et voir dans le corpus (en ligne : tonnellerie) une tête de panthère en bois sans doute dionysiaque (...)

143• Quant à l’iconographie, seules deux possibles représentations du “Dieu au Maillet” peuvent être retenues comme probantes134.

144• Non moins de trois installations vinicoles sont en revanche archéologiquement attestées.

145• Pour l’outillage, plusieurs serpettes pourraient être retenues. La (ou les deux ?) tarière(s) du Bernard seraient aussi à prendre en considération si ce site n’était sensiblement hors de notre aire d’étude.

146• Plusieurs items ici sont donc signalés concernant la tonnellerie, même si ceux du Bernard sont périphériques pour le strict bassin versant de la Loire.

  • 135 Sans ateliers avérés sur place.
  • 136 Je n’ai pu avoir accès à ces résultats. Au moins pour le département de la Vienne, dont la préfectu (...)

147• Enfin, la production locale d’amphores vinaires est assez bien attestée, notamment à Rezé, avec des ateliers importants, et ce dès le ier s. de n. è. Mais d’autres productions régionales non encore localisées d’amphores vinaires – dont imitations de Pascual 1, de Dr. 2/4 et de G.4 – sont identifiées dans le corpus amphorique de Poitiers-Limonum, le chef-lieu de cité135 (Lemaître 2012 : 190 ; cf. Monteil et Pascal 2021 : 138, Fig.). Et l’on note que l’analyse physico-chimique d’une amphore à pâte orangé et cœur gris à inclusions blanches découverte sur la ferme gallo-romaine des “Genâts”, à Fontenay-le-Comte (Vendée), appartient à un groupe de production (atelier) qui n’est ni Crouzilles-Mougon ni Thésée-Pouillé (supra, Turons) ni même Sens et pourrait donc correspondre à une production régionale poitevine (Laubenheimer, Cantin et Schmitt 2005 : 379 et tabl. 1-2). De récentes analyses biochimiques montrent qu’au moins dans certain cas, les amphores pictonnes contiennent du vin (Frugier 2022)136.

1.4.2.2. Les Bituriges Cubes137

  • 137 Pour les besoins de comparaison avec les données de la cité des Bituriges Vivisques dans le cadre d (...)
  • 138 Sur l’histoire de la viticulture en Berry sur le temps long, voir aussi : Turpin 1903.

148On observe que la cité des Bituriges Cubes occupe quant à elle une position centrale par rapport à l’ensemble du bassin versant de la Loire. Limitrophe des cités des Éduens, Arvernes, Lémovices, Turons et Carnutes, elle fait partie de cette série de vastes civitates qui barrent d’ouest en est tout le centre de la Gaule et est ainsi quasi la seule cité, avec celle des Turons, à être entièrement incluse dans notre aire d’étude. Pour la documentation concernant la viticulture des Bituriges Cubi, on dispose d’une étude récente (Dumasy et al. 2011 ; cf. Gandini 2008 : Fig. 165)138, qu’on mettra donc ici largement à contribution (Fig. 18).

Fig. 18 - La viticulture antique en Berry (cité des Bituriges Cubes) selon les données archéologiques.

Fig. 18 - La viticulture antique en Berry (cité des Bituriges Cubes) selon les données archéologiques.

D’après Gandini 2008 : Fig. 165

149On ne dispose, pour ce territoire, quasi exclusivement que de données archéologiques, avec cependant des témoignages iconographiques, indirects…

  • 139 À l’exception ici, bien entendu, des mentions de la biturica ou biturigiaca (cf. infra, chap. 2).
  • 140 Qui, malgré leur nom, ne sont pas plus que d’autres enclins à la biture ni les inventeurs du condit (...)

150Aucun texte139 ne fait directement allusion à la viticulture dans la cité des Bituriges Cubi140.

  • 141 Le premier auteur étendait son inventaire à l’iconographie du vin en général (consommation comprise (...)

151• Du dossier iconographique réuni (Coulon 1995 : 20 ; puis Dumasy et al. 2011 : 134-137141), assez riche, on verra qu’il ne faudrait sans doute retenir, après réexamen, que peu de chose qui témoignerait vraiment, sans ambiguïté, de la viticulture locale. Outre leur nombre important dans le territoire de la cité, il est ainsi à noter que Bacchus se place au quatrième rang des représentations de divinités pour la cité, avec 16 figurations plus ou moins certaines, et ce dans le chef-lieu de cité comme, notamment, dans plusieurs agglomérations secondaires, parmi lesquelles se distingue celle de Néris-Neriomagus (Girond 2015, 1 : 233-234, Tabl. 34 ; 395-396, Fig. 120 et 123) (Fig. 19). Mais, en matière de document iconographique probant quant à la viti-viniculture locale, aucun des 20 items ne semble vraiment pouvoir être retenu.

Fig. 19 - Les représentations de Bacchus et affiliés et Berry antique.

Fig. 19 - Les représentations de Bacchus et affiliés et Berry antique.

D’après Girond 2015 : Fig. 120

152• Si aucune installation clairement vinicole (avec pressoir, cuves…) n’a été identifiée à ce jour en Berry gallo-romain, quelques bâtiments de villae ont été proposés– sans vraiment convaincre – comme chais, présentant parfois des pièces annexes susceptibles de recevoir les pressoirs (Dumasy et al. 2011 : 127-130 ; cf. Gandini 2008 : 403-404, Fig.). En définitive, dans ce cas, il faut reconnaître que le bilan est donc quasi nul (Fig. 20).

Fig. 20 - Chais et vignobles antiques en Berry ; les nos des points correspondent aux sites mentionnés pour ces deux catégories de données dans les corpus pour les Bituriges Cubes, en ligne à part.

Fig. 20 - Chais et vignobles antiques en Berry ; les nos des points correspondent aux sites mentionnés pour ces deux catégories de données dans les corpus pour les Bituriges Cubes, en ligne à part.

D’après Dumasy et al. 2011 : Fig. 81

  • 142 Certains sont certes présentés comme douteux dans cet article.

153• Pour l’outillage, les serpettes de vigneron et à vendanger, une bonne part des exemplaires mentionnés par Françoise Dumasy et al. (2011 : 114-119, Fig. 66-67 et tabl. l. VII) (Fig. 21) ne sont pas, selon moi142, à retenir comme assurément destinées à cet usage : en ce qui concerne ces outils, on ne peut en réalité retenir comme certain qu’un ou deux exemplaires. Mais on dispose en revanche de deux possibles houes “à chausser les vignes” : en définitive, c’est donc la présence de ces dernières, apparemment typiques du travail de la vigne, qui apporte, en matière d’outillage, le témoignage le moins contestable.

Fig. 21 - Répartition des outils de vigneron (serpes et serpettes) dans la cité des Bituriges Cubes.

Fig. 21 - Répartition des outils de vigneron (serpes et serpettes) dans la cité des Bituriges Cubes.

D’après Dumasy et al. 2011 : Fig. 67

  • 143 NB : les “douelles” indiquées parmi d’autres objets en bois conservés, aux “Avrillages” à Saint-Dou (...)

154• Rien de formellement assuré ici, en revanche, en ce qui concerne la tonnellerie143.

155• À l’inverse, les plantations de vignes constituent, par rapport au Bituriges Vivisques (infra) – au moins avec le cas certain de Saint-Martin des-Champs –, quasi la seule catégorie de données qui apparaisse en faveur des Bituriges Cubes (cf. Fig. 20, supra).

  • 144 On aurait pu ajouter un site avec pépins de raisin, mentionné dans plusieurs publications, à Ligniè (...)

156• Pour les données archéobotaniques (Fig. 22), aucune étude palynologique n’est signalée pour avoir fourni des pollens de Vitis en nombre et pour des périodes où elle est susceptible d’être cultivée. Les données carpologiques sont en revanche bien présentes, et depuis l’âge du Fer144. En outre, quant à la vigne sauvage, signalons que la fouille des bains de la villa de “la Pétonnière” à Paulnay (Indre) a par ailleurs fourni des pépins de raisin (3 ex.), en fait de Vitis vinifera ssp silvestris (vigne sauvage), pour le premier tiers du ier s. de n. è. (Coulon et al. 1985 : cf. tabl. 3, Fig. 27, B ; Coulon 1995 ; cf. Couderc 1990 : 56 ; Brun et Laubenheimer 2001b : 214 ; Gandini 2008 : 399-400 ; Dumasy et al. 1011 : 112-113, carte Fig. 65, Tabl. VI) ; il en est de même aux “Maussants” à Déols-Dolus (Indre), importante agglomération, dans une fouille récente (?), dans un contexte du ier s. de n. è. d’un ensemble cultuel (déc. D. Dubant vers 1990 ; Coulon 1995 : 18 ; Gandini 2008 : 399-400 ; Dumasy et al. 1011 : 112-113, carte Fig. 65, Tabl. VI). En définitive, on peut quand même noter, en carpologie, au moins deux ensembles convaincants de pépins de raisin susceptibles de correspondre à du moût de pressage.

Fig. 22 - Découvertes de pépins de raisin en contexte antique en Berry.

Fig. 22 - Découvertes de pépins de raisin en contexte antique en Berry.

D’après Dumasy et al. 2011 : Fig. 65

  • 145 Il est à noter cf. Fig. du corpus C.41a et b) que les exemplaires de Faverdines –malheureusement no (...)

157• Enfin, en ce qui concerne la production d’amphores vinaires, le Berry gallo-romain n’a à ce jour pas fourni d’ateliers de production d’amphores vinaires, même si des productions berrichonnes ont été identifiées (voir Dumasy et al. : 130-134, et P. 135) (Fig. 23). Cependant, le mobilier de l’ustrinum de la petite nécropole des “Vernes” à Faverdines (Cher), de la seconde moitié du ier s. de n. è. comporte plusieurs exemplaires d’amphores à fond plat de production régionale sans doute proche, dont des G.5 (Fourteau-Bardaji et al. 1993 : 269)145. À ce titre, on observe, en creux, pour le Berry, que les deux ateliers de potier gallo-romains précoces importants de la vallée du Cher, connus pour la cité, Gièvres (Loir-et-Cher) (Amelin et Chartrain 1993) et Villeneuve-sur-Cher (Cher) (Luberne 2013), n’ont apparemment pas produit d’amphores. Cependant, c’est dans les limites de cette cité que sont localisées, en contexte de consommation, une bonne part des amphores régionales à fond plat dites “ligériennes” (Barthélemy-Sylvand, Chambon et Couvin 2005). Et l’analyse physico-chimique d’une amphore à pâte orangée à cœur gris (type Pascual 1) provenant du site d’Argentomagus (Indre) – temples 1 et 2 – montre une composition de pâte clairement distincte de celles des productions des ateliers turons de Crouzilles-Mougon et Pouillé-Thésée, ainsi d’ailleurs que de Sens, également susceptible de correspondre à une production régionale biturige d’amphores vinaires non encore localisée (Laubenheimer, Cantin et Schmitt 2005 : 377, 379, 380, tabl. 1-2). En outre, sur ce site, plusieurs autres amphores vinaires apparaissent bien comme des productions régionales, sans doute de cette cité biturige (Dumasy et al. 2011 : 132-134). On fera cependant remarquer que l’important atelier d’amphores vinaires de Pouillé-Thésée-Tasciaca (Loir-et-Cher), qui doit être attribué à la cité des Turons (supra, § 1.4.1.6 et corpus), est en réalité quasi en limite nord-occidentale supposée de la cité des Bituriges Cubes (voir par ex. Dumasy et al. 2011 : carte Fig. 92). Mais in fine – comme on le notera d’ailleurs pour les Bituriges Vivisques –, on doit reconnaître que la cité n’a à ce jour matériellement livré aucun atelier de potiers matériellement attesté qui ait produit des amphores vinaires.

Fig. 23 - Ateliers de production d’amphores vinaires (Crouzilles et Thésée) en relation possible avec la viticulture du Berry antique.

Fig. 23 - Ateliers de production d’amphores vinaires (Crouzilles et Thésée) en relation possible avec la viticulture du Berry antique.

D’après Dumasy et al. 2011 : Fig. 92

  • 146 À noter que J.-P. Brun (2010 : 244-249) semble exprimer une (légère) préférence en faveur des Bitur (...)
  • 147 Si ce n’est, pour F. Dumasy et ses collègues (2011 : 126-130), les possibles chais, que je considèr (...)
  • 148 Là aussi avec la prise en compte comme antique, sans doute aventureuse, du vignoble de Bourges “les (...)

158En définitive, le bilan pour le développement la viticulture antique en Berry est donc proche des considérations premières de celle de la synthèse récente (Dumasy et al. 2011 : 147-150)146 : absence de textes comme d’installations viticoles caractéristiques147, mais documentation archéologique quand même décisive, avec le témoignage archéologique de plantations de vignes148, de résidus de moût, comme d’ailleurs d’une production d’amphores.

1.4.2.3. Les Lémovices (Nord)

  • 149 À noter que Balmelle et al. 2001 (cf. carte Fig. 61) n’indique aucun élément lié à la viticulture d (...)
  • 150 Je remercie R. Bedon, J.-P. Bost et H. Marévaud de m’avoir confirmé ce point.

159La vaste cité des Lémovices a pour capitale Limoges-Augustoritum. Tout le sud de la cité (en gros, le département de la Corrèze) est hors de notre aire d’étude, car dans le bassin versant Dordogne-Garonne149. En revanche, doit être rattaché au bassin de la Loire, par son affluent la Vienne, le secteur de Chassenon-Cassinomagus (Charente), aux confins des Lémovices et des Santons. Très peu d’informations sur la viti-viniculture concernent cette cité150, le Limousin n’ayant notamment fait l’objet d’aucune étude spécifique à ce titre.

160L’inventaire des données est donc bref et – hormis deux éléments cultuels – ne concerne pratiquement, à notre connaissance et à ce jour, que des données archéobotaniques.

161• On peut toutefois signaler deux représentations de dieux en lien avec la viticulture : le témoignage du “Dieu au Maillet” est bien sûr plus probant ici que celui de Bacchus.

  • 151 Si ce n’est, dans une sépulture à Saint-Julien-le-Petit (Haute-Vienne), une serpe à ergot mais à do (...)

162• Aucun outil associable à la vigne n’est non plus signalé151.

  • 152 Le Limousin antique étant l’un des rares territoires de notre enquête à bénéficier d’une telle étud (...)
  • 153 Il s’agit de la très grande villa à pavillons multiples (de plusieurs puits de la partie d’exploita (...)

163• Pour l’archéobotanique, il s’agit essentiellement des macrorestes identifiés en carpologie, avec quelques lots de pépins de raisin découverts en contexte archéologique (cf. en général : Bouchette 2015)152. Malheureusement, pour la viticulture lémovice, le lot le plus important et donc le plus significatif de pépins de raisin provient d’un site du sud-ouest du département de la Corrèze et donc largement hors de notre aire d’étude car dans la vallée de la Corrèze (bassin de la Dordogne) et n’a donc pas été pris en compte dans le corpus153 : en conséquence, la carpologie n’apporte pas de données péremptoires, quant à notre propos, pour la partie ici concernée de la cité lémovice, le lot restant de carporestes le plus abondant – ici en contexte gorgé d’eau – étant en effet dans le chef-lieu de cité et peut donc concerner, contrairement à d’autres cas, du raisin importé sec pour la consommation directe.

  • 154 Un type habituellement considéré comme issu des ateliers arvernes (infra, § 1.4.2.4 et corpus en li (...)
  • 155 Auxquels s’ajoutent, hors de notre aire d’enquête, le site rural de Pérols-sur-Vézère et la villa d (...)

164• Une production d’amphores, éventuellement vinaires, en territoire lémovice n’est pas à exclure, bien qu’aucun atelier ne soit réellement connu pour en avoir produit dans la cité. Les items signalés peuvent provenir d’ateliers des cités voisines, y compris avec leur contenu, et, ainsi, ne constituent pas une “preuve” absolue de viticulture en Limousin antique : des amphores à fond plat et large bord, parfois engobées rouge154, ont ainsi été recueillies sur plusieurs sites ruraux de la Creuse (Les Mars, Gouzon, “Chanteau” à Saint-Martial-le-Mont, “les Bains” à Sainte-Feyre et forêt de Chabrières à Guéret, ainsi qu’à Limoges même, Haute-Vienne)155, dans des contextes en général de la seconde moitié du iie - première moitié du iiie s. (Hanry et al. 2015 : 244-246) (voir corpus en lien). Les formes concernées sont indiquées comme comparables à celles du Val de Loire orléanais (Barthélemy-Sylvand 2005b) ou de l’atelier de potier de Rezé (Loire-Atlantique) (supra, Pictons, § 1.4.2.1, et corpus en ligne), ainsi que de sites de consommation du Nivernais et d’Auvergne.

  • 156 Ici essentiellement selon page Wikipédia “Vignoble du Limousin”, dernière modif. 3 sept. 2019, cons (...)
  • 157 Mention dès le viiie s. pour Yssandon.
  • 158 Ville représentée entourée de vignes sur une gravure du xviie s.
  • 159 Voir une redevance en vin pour l’abbaye de Bonlieu, fondée au xiie s. (commune de Peyrat-la-Nonière (...)

165Le bilan plus que limité pour la cité lémovice, attestant – et encore de manière discutable – l’existence de culture de la vigne, mais en aucune manière une viniculture – sauf peut-être avec les possibles amphores régionales –, fait de cette région l’une des moins bien documentées en la matière de toutes celles examinées ici. Ce constat n’est pas sans rappeler la situation actuelle, avec une viti-viniculture quasi absente de toute l’ex-région Limousin156. Ceci doit cependant être relativisé, car cette situation contemporaine résulte des conséquences du phylloxera au début du xxs. et quelques crus assez renommés existaient au moins à l’époque moderne (et notamment au xviie s.) dans cette province, il est vrai surtout dans le sud du département de la Corrèze (bassin de la Dordogne)157 : pour notre aire d’enquête, seuls les crus de Verneuil-sur-Vienne (à l’ouest de Limoges158) et de Dun-le-Palestre (au nord-ouest du département de la Creuse159) seraient ainsi à retenir à ce titre (Vincent 1952 ; Saulière 1977).

1.4.2.4. Les Arvernes

166La cité, assez vaste, avec son chef-lieu à Clermont-Ferrand-Augustonemetum, est ici concernée dans sa totalité, avec le bassin de l’Allier. C’est un territoire où les recherches concernant la viticulture antique sont bien documentées, notamment grâce à des travaux récents concernant le bassin de Clermont-Ferrand (Vallat et Cabanis 2009 ; 2011 ; cf. aussi : Brun 2001 ; 2010 : 244-249 ; Trément 2002 : 102 ; Vallat 2002 : 571-573 ; Vernou 2004).

  • 160 Cf. Vallat et Cabanis 2009 : 170-171 ; 2011 : 253-254.

167• Pour les données textuelles, il faut d’emblée noter qu’au moins pour l’Antiquité tardive, la cité des Arvernes et de Clermont-Ferrand est certainement privilégiée par la présence de Sidoine Apollinaire160 comme évêque dans ce diocèse au ve s. Ainsi, en tout cas, le dossier de textes concernant la viticulture arverne est bien fourni, pour cette période tardive, grâce à cette présence.

  • 161 On pourrait y ajouter (non pris en compte dans le corpus), à Vichy (Allier), une statuette en terre (...)

168 Quant à l’iconographie, si l’on doit sans doute exclure comme peu probantes les occurrences du culte bachique, on note donc pour cette cité une belle série de représentations du “Dieu au Maillet”, sans doute plus représentatives161.

  • 162 Je signale en outre, à Bessay-sur-Allier (Allier), près du château de “Changy”, sur un habitat gall (...)

169• Pour les installations vinicoles162, si l’on ne tient pas compte des hypothétiques chais de Glaine-Montaigut, et même en excluant l’installation vinicole proposée à “Trémonteix”, il en reste encore deux beaux exemples aux Martres-d’Artière et à Romagnat, ce qui somme toute est assez considérable pour cette certes vaste cité arverne.

170• En revanche, seule une partie de l’outillage signalé est ici à prendre pleinement en compte pour le travail de la vigne.

  • 163 En l’absence, notamment, d’analyses biochimiques.

171• Et rien de totalement déterminant n’est à signaler pour la tonnellerie, malgré des indices assez forts de production de tonneaux dans le territoire de la cité, possiblement comme conteneurs de vins locaux. Il est par ailleurs à noter qu’on connaît en Auvergne de grands dolia, pouvant avoir une capacité jusqu’à 1 000 litres (voir Bet 2021 : Figs), notamment produits à Lezoux (Puy-de-Dôme) mais considéré ici163 plutôt comme jarres à provision que comme dolia vinaires de type rhodanien.

172• Aucun ensemble important de vignoble antique (plantation de vigne) n’est actuellement attesté dans la cité arverne mais, pour le Bassin de Clermont-Ferrand, P. Vallat et M. Cabanis (2011 : 249-250) signalent au moins quatre indices, dont cependant trois ne sont pas datés.

  • 164 Avec cependant ici un risque de surreprésentation par rapport à d’autres chefs-lieux de cité du cor (...)

173• Pour les données archéobotaniques, plusieurs spectres polliniques – peu déterminants – du bassin de Clermont-Ferrand ont livré de la vigne (sauvage ou cultivée) (Vallat et Cabanis 2011 : 253). Et l’on signale des pépins de raisin sur non moins de treize sites du secteur de Clermont-Ferrand (Brun 2011 : 6 ; Vallat et Cabanis 2011 : 252-253 ; Hallavant et Cabanis 2021 : tabl. p. 4), pour un total représentatif, en 2021, de non moins de 1 543 items. En excluant, comme d’habitude, comme “preuves” les données palynologiques, on constate ainsi qu’il reste une très belle série de données carpologiques – et autres macrorestes de vigne –, avec des lots représentatifs164 susceptibles de correspondre à une viticulture locale développée, y compris à Augustonemetum même ou ses alentours immédiats.

  • 165 Pour les amphores régionales en Auvergne, voir aussi : Roversi 2020 (leur contenu n’est pas assuré  (...)

174• La production d’amphores vinaires165 est quant à elle bien attestée, dans une cité où, il est vrai, l’artisanat céramique est tout particulièrement développé (et étudié), avec des officines majeures ; et ceci sans doute dès le début du ier s. de n. è. et au moins jusqu’au milieu du iiie s.

175La cité arverne, qui certes bénéficie de travaux récents dans ce domaine, est donc fort bien documentée pour la viti-viniculture antique. Des données probantes sont bien présentes, qu’il s’agisse de textes (certes tardifs), d’installations vinicoles, de documents archéobotaniques, productions d’amphores… Ainsi, l’expansion de la vigne semble ici dater au moins du iie s., avec un bon maintien dans l’Antiquité tardive. On rappellera que ce vaste territoire arverne joue un rôle majeur, par sa position, entre le monde méditerranéen, par le couloir rhodanien, et la Gaule intérieur – notamment le bassin de la Loire.

1.4.2.5. Les Vellaves

176La plus grande partie de cette petite cité est dans le bassin versant de la Loire (département de Haute-Loire), la capitale étant à Saint-Paulien-Ruessio au Haut-Empire, puis transférée au Puy-en-Velay dans l’Antiquité tardive.

177• Aucun texte antique ne témoigne de la viticulture en territoire vellave.

178• Quant aux documents iconographiques, il ne s’agit que de documents concernant le culte bachique, considérés comme peu probants pour notre propos.

179• Pour les installations vinicoles, si l’on admet l’interprétation du site de Saint-Georges-Lagricol, il s’agit alors d’une donnée importante.

180• Mais on ne dispose d’aucunes données pour la cité vellave concernant l’outillage, la tonnellerie, les plantations de vigne, les données archéobotaniques ou la production d’amphores vinaires.

181Le territoire de la cité est certes de faible superficie, par rapport par exemple à sa voisine arverne. Il ne bénéficie que d’une très modeste documentation concernant la viti-viniculture antique.

1.4.2.6. Les Gabales (frange orientale)

182Pour le bassin versant de la Loire, le territoire de cette modeste cité n’est concerné que par ses confins orientaux, avec le canton de Saulges, en Haute-Loire, et la bordure orientale du département la Lozère, avec la haute vallée de l’Allier, qui prend sa source à l’est du Mont Lozère. La quasi-totalité de la cité ressortit en effet au bassin versant Garonne-Dordogne. Le chef-lieu est d’abord à Javols-Anderitum avant de passer à Mende au très haut Moyen Âge. Javols-Anderitum, largement hors de l’aire concernée pour notre étude, sera pris en compte à ce titre de capitale de cité comme sans doute représentatif de l’ensemble de la cité.

  • 166 Dédicace à Liber Pater, proche de Bacchus, à Lachamp (Musée de Mende ; CIL XIII, 1574 ; Trintignac, (...)

183• Pour les textes et inscriptions, hors du bassin versant de la Loire, on note un document épigraphique166, donc très marginal pour notre propos et non enregistré dans le corpus de données.

184• Les documents iconographiques attestés sont hors du bassin versant de la Loire, mais signalés dans le corpus pour leur intérêt quant à la production viti-vinicole. Ces attestations du “Dieu au Maillet” ne concernent malheureusement pas la petite portion du territoire de cité inclus dans le très haut bassin de l’Allier-Loire.

185 Il n’y a pas ici de données concernant les installations vinicoles, et un seul document, négligeable, pour l’outillage…

  • 167 Dont possiblement de la cité limitrophe des Helviens (infra, 1.4.3), mais aussi de celle des Arécom (...)

186• On ne note aucune donnée archéologique concernant le tonneau dans l’aire concernée, mais on doit rappeler à ce sujet la figuration d’un tonneau au pied de la statue de Silvain-Sucellus de Javols (voir corpus, 2e partie), ainsi que la près probable importante implication de la cité gabale dans la production de tonneaux, sans doute plutôt destinés aux vins de la proche moyenne vallée du Rhône167 (voir infra, conclusions, chap. 3).

187• Et aucune donnée n’est connue pour les plantations de vigne.

188• Quant aux données archéobotaniques, même si elles concernent le chef-lieu de cité, elles sont clairement hors du champ géographique ici examiné.

  • 168 Notamment sur les ateliers connus de sigillée, dont Banassac.

189• Enfin, on ne note aucune donnée pour la production d’amphores vinaires168.

  • 169 Également hors de notre aire de recherche.
  • 170 Le poissage d’étanchéité des tonneaux est notamment attesté par les grands tonneaux récemment mis a (...)

190La cité gabale, comme celle des Vellaves ci-dessus, couvre une superficie modeste et la part strictement concernée par le bassin versant de la Loire y est en outre fort réduit. Sans surprise, ce territoire de moyenne montagne comporte donc peu de données pour la viticulture et d’ailleurs, les rares items mentionnés ne concernant en général pas l’aire étudiée ici. Mais, avec des représentations de Sucellus, le Dieu au Maillet (cf. supra et corpus, 2e partie), il apparaît que la cité des Gabales a dû jouer un rôle important dans la production de tonneaux, sans doute surtout pour les vins de la proche moyenne vallée du Rhône (Ferdière 2003 ; cf. Trintignac, Marot et Ferdière 2011 : 33), ceci cependant pour l’essentiel hors de l’aire de recherche choisie ici. Il s’agit d’une région boisée – notamment en pin sylvestre – dans les Causses, dans la partie méridionale du territoire. Et il faut noter, parallèlement, qu’une autre production majeure des Gabales est la poix – résine distillée de pin sylvestre –, notamment sur ces Causses169, en lien justement avec la viticulture, avec le poissage des dolia et d’ailleurs éventuellement des tonneaux170 : ce produit devait sans doute être aussi exporté vers la Narbonnaise centrale et la moyenne vallée du Rhône (Trintignac 2003 ; Mauné et Trintignac 2011 : carte Fig. 13).

1.4.3. La Transalpine/Narbonnaise : les Helviens

  • 171 En quasi-totalité dans le bassin versant du Rhône.

191Cette province n’est ici concernée que par l’extrême portion du cours amont de la Loire elle-même, vers sa source au Mont Gerbier des Joncs, dans la “Montagne ardéchoise” ou haute Ardèche : il s’agit donc d’une petite portion occidentale du territoire de la cité des Helviens171, dont la capitale est au Haut-Empire à Alba-Alba Helviorum, avant de passer à Viviers dans l’Antiquité tardive.

  • 172 Variété inconnue par ailleurs : compte tenu de l’expansion de ce “plant” (infra), on a proposé de l (...)
  • 173 Caractéristique inconnue des botanistes pour les différentes variétés de vigne, possible invention (...)
  • 174 Trois chez Columelle, dont la troisième est petite et la meilleure, à feuilles plus rondes, mais se (...)
  • 175 Cf. le vin helvenicum, au goût naturellement poissé, produit notamment à Vienne, “connue depuis peu (...)
  • 176 Qui ne cite pas Pline, NH, XIV, 32-33.

192Il est à noter qu’une variété de vigne helvienne, dite carbunica172, est attestée par un unique texte, pour ce territoire, de Pline l’Ancien, NH, XIV, 43 (Brun 2001 : 232) : “on a découvert, il y a sept ans, à Alba Helvia, dans la Narbonnaise, une vigne qui passe la fleur en un jour173, ce qui la protège des accidents ; on la nomme Carbunica et la province entière la plante aujourd’hui” (trad. de l’éd. J. André) : “inventée” au début des années 60 de n. è., cette variété de vigne a donc eu un grand succès dans toute la Narbonnaise, pour le raisin de table comme sans doute pour le vin (Dupraz et Fraisse 2001 : 90). Mais les Helviens seraient aussi connus par les trois (ou deux ?)174 variétés de vigne dites Helven(n)acae175(Columelle, Rust., III, 2, 25-26 ; Pline l’Ancien, NH, XIV, 32-33 ; Brun 2001 : 224-225176), à bois grêle, dont l’une, la “petite”, que les indigènes appellent marcus (ou emarcus), à feuilles rondes, donne un vin médiocre, et la deuxième est appelée “la longue” ou “la blanche”. Ces plants doivent être cultivés étayés par des fourches, s’acclimatent mal en Italie, peut-être à cause du mode de culture, et donnent du mauvais vin.

  • 177 Respectivement, possibles tonneliers (et/ou charpentiers navals) et transporteurs d’outres.
  • 178 Voir aussi, pour la Protohistoire, les données carpologiques pour l’Ardèche : Cabanis et al. 2021a (...)

193Il est donc intéressant de noter, pour cette cité, que c’est la curie d’Alba qui offre à M. Intathius Vitalis, marchand de vin, patron de la corporation des nautes de la Saône, des fabri et des utricularii177, une place réservée au théâtre de la cité, selon une inscription de Lyon (CIL XIII, 1954). On rappellera la récente découverte à Alba Helviorum même de données laissant penser à une viticulture très précoce sur ce territoire helvien, dès le premier âge du Fer (cf. supra, § 1.4.3)178.

194Et l’on peut encore signaler – ici hors de l’aire d’enquête – quelques représentations du Dieu au maillet, une dédicace funéraire par les tonneliers du lieu (cupari(i) Vocro/nneses), à Rochemaure (CIL XII, 2669 ; Desbat 1991 ; Dupraz et Fraisse 2001 : 319), et la production d’amphores vinaires à fond plat à Alba, Saint-Just et Saint-Marcel-d’Ardèche (Dupraz et Fraisse 2001 : 90 et carte Fig. 41 ; 162, Fig. 164 ; 354 ; 362), sans compter quelques installations viticoles avec pressoir ou autres.

  • 179 Selon la CAG 07 (Dupraz et Fraisse 2001 : index).

195Cependant, aucune de la petite trentaine de communes de Haute-Ardèche (cantons de Coucouron et Burzet) concernées par le haut bassin versant de la Loire n’a livré de documents illustrant la viticulture179, si ce n’est un unique élément, du domaine de l’iconographie et du cultuel, la statuette en terre cuite possiblement de Bacchus, au Roux, d’intérêt bien secondaire.

196Il n’y a donc pratiquement rien à dire pour la cité des Helviens, du moins en ce qui concerne la toute petite part de leur territoire qui est concerné par notre aire d’étude, vers sa source, il est vrai un pays de moyenne montagne en principe peu propice à la viticulture.

2. Le dossier de la biturica : historiographie et examen critique

2.1. Les données textuelles du dossier

  • 180 Dans les textes latins (selon Gaffiot 1934 : s.v.), deux termes à peu près synonymes, vinea étant p (...)

197Le dossier des textes mentionnant la vitis biturica (voir André 1952 : 129 ; Brun 2001 ; Ferdière 2006 ; tabl. p. 110) est des plus minces : aux références de base – deux œuvres agronomiques d’auteurs italiens toutes deux du ier s. de n. è. –, on peut ajouter un rappel dans une œuvre lexicale de la fin de l’Antiquité tardive. Selon les cas, la biturica est donc indiquée comme variété de vitis ou de vinea180.

198• Il s’agit en premier lieu du de Re rustica de Columelle, rédigé sans doute dans les années 50 de n. è. : on y note sept mentions de cette variété de vigne, ici toujours dénommée biturica :

      • 181 = “saveurs de prix/précieuses”.

      Rust., III, 2, 19 : après les “cépages de crus précieux” – traduction outrée de praetiosi gustus181 –, ce passage concerne des vignes de seconde qualité, qui poussent et rendent bien (vites prouentu et ubertate), telles que la biturica, dont le vin supporte le vieillissement en se bonifiant ;

    • III, 2, 28 : la vigne (plus haut, vitis) dracontion se compare à la biturica pour la haute qualité de son vin ;

    • III, 7, 1 : parmi les vignes (vitis), la biturica est louée par le plus grand nombre pour sa fécondité ;

    • III, 9, 1 : au sujet des variétés de vigne (vitis) fécondes, telle la biturica ;

    • III, 9, 3 : ce passage concerne les vignes (vineta – vignobles –, puis vitis) importées (arcessita) de pays lointains [passage corrompu], dont la biturica et la balisca, toutes aminées ;

      • 182 Dans les §§ précédents, la biturica, donnant un bon vin en quantité, cultivée en Italie, est plusie (...)

      III, 9, 7 : variétés de vigne (ici, vineae) aminéennes, prolifiques, dont la biturica et la balisca182 ;

    • III, 21, 3 : la vigne (plus haut, vineae) biturica, aux raisins opulents (fructibus opimis).

  • 183 Soit seulement un quart de siècle après Columelle et deux ans avant sa propre mort, au cours de l’é (...)

199• Un peu plus tard, c’est au tour de l’encyclopédiste et naturaliste Pline l’Ancien de mentionner cette vigne, cette fois dénommée biturigiaca, dans son Histoire Naturelle, œuvre datée par sa dédicace de 77 de notre ère183 :

      • 184 Voir André et Levadoux 1956.

      NH, XIV, 27 : parmi les innombrables variétés de vigne-vitis (genera […] innumera : XIV, 15), on note les qualités de l’allobrogica184 et de la biturigiaca (substantif ici, et non adjectif qualificatif), cette dernière donnant des vins qui vieillissent bien, avec des grains moins serrés que l’allobrogica, et variété de vigne qui résiste bien au vent et aux pluies, mais est meilleure dans les régions froides que chaudes, et humides que sèches.

200Notons que le naturaliste considère donc que la vigne se décline en de multiples “genres” ou “variétés” (genera), que l’on ne saurait traduire par “cépage”.

201• Enfin, l’érudit espagnol Isidore de Séville (vers 590-636 de n. è.), dans ses Etymologiae :

      • 185 Qu’il ne précise malheureusement pas : Biturica a regione nomen sortita est… Voir toutefois plus ba (...)

      Etym., XVII, 5, 22 : il indique que la biturica doit son nom à sa région d’origine185, une variété de vigne (vitis) qui – rappelle-t-il – résiste bien aux tempêtes (turbines), aux pluies et à la chaleur.

2.2. Bituriges Cubes ou Bituriges Vivisques ? : position du débat

202La question est donc de savoir auquel des deux peuples gaulois puis cités gallo-romaines, des Bituriges Cubes du Berry ou Bituriges Vivisques du Bordelais, il faut attribuer l’origine de cette vigne.

203Il est en effet clair que cette dénomination de variété de vigne (biturica ou biturigiaca) est bien une indication d’origine géographique : on développera ce point plus bas à propos du débat entre les deux cités. Malheureusement, les mentions textuelles de Columelle puis de Pline l’Ancien (supra) ne fournissent pratiquement aucune indication directe de localisation de l’origine de cette vigne, si ce n’est à la rigueur quelques rares allusions (Fig. 24) :

      • 186 Ce qui objectivement conviendrait, par rapport à l’Italie, aussi bien au Berry qu’au Bordelais, tou (...)
      • 187 Qui opte délibérément pour le Bordelais ; cf. infra, § 2.3.2.
      • 188 Columelle (Rust., III, 9, 7) précise bien, en effet, que la biturica est de son temps cultivée en I (...)

      Columelle (Rust., III, 9, 3) précise que la biturica est, avec la balisca, classée dans les variétés importées (arcessita) “de pays lointains”186, dans un passage du texte malheureusement gravement corrompu : ceci a permis à R. Étienne (1962 : 104-106 ; 1987)187 de proposer de comprendre ici que ces vignes étaient alors d’introduction récente en Italie188 et que les “contrées lointaines” correspondaient à l’Épire – certes sans doute origine de la balisca –, par l’Espagne ;

      • 189 Températures comparables en été, un peu plus clémentes en hiver pour le Bordelais ; mais pluviosité (...)

      Pline (NH, XIV, 27) indique que la biturigiaca résiste bien au vent et à la pluie et est bien adaptée aux régions froides et humides ; mais les climats respectifs du Berry et du Bordelais, tous deux tempérés, ne sont pas si différents qu’ils permettraient ainsi de trancher, même si le premier de ces territoires est un peu plus continental, le second un peu plus océanique189 ;

      • 190 Reconnue pour ses vertus en ce qui concerne l’olivier et la vigne, encore du temps de R. Billiard, (...)

      presque à titre anecdotique, on peut ajouter qu’on a tiré argument (Billiard 1913 : 85 ; cf. éd. J. André, 1964 : 129, n. 3 pour § 47 de Pline) d’un autre passage de Pline (NH, XVII, 47), qui indique l’usage de la chaux190 en amendement des champs chez les Éduens et les Pictons, en faveur de la localisation de la biturica chez les Cubi plutôt que chez les Vivisci, alors qu’il s’agit dans ce cas d’une considération générale pour l’agriculture, sans rapport explicite avec la vigne ;

    • enfin, on l’a vu, l’ultime texte d’Isidore de Séville n’est pas explicite sur ce point…

Fig. 24 - Les vignobles en Gaule selon les textes antiques des iers s. av. de de n. è.

Fig. 24 - Les vignobles en Gaule selon les textes antiques des iers s. av. de de n. è.

D’après Dumasy et al. 2011 : Fig. 91, DAO C. Gandini

  • 191 Et encore tout récemment dans un dossier en ligne de l’Inrap concernant l’histoire du vin pour l’An (...)

204Reconnaissons donc qu’objectivement, ce seul dossier textuel ne permet donc pas de trancher, pour l’attribution de cette variété de vigne, entre le Berry ou le Bordelais. Ce débat – et le dossier de la vigne biturica –, développés ici, a cependant fait couler beaucoup d’encre (cf. par exemple Tchernia 1986 : 184, 185, 197, 199, 218, 220, 354). Ce n’est par conséquent logiquement que le poids – moderne et contemporain – de la renommée du vignoble bordelais qui a fait que les historiens, depuis le xixe s., ont au mieux considéré qu’on ne pouvait trancher de manière définitive (Billiard 1913 : 85, n. 5 ; André 1952 : 129 versus éd. J. André de Pline l’Ancien, NH, XIV), mais se sont plutôt, pour la plupart, prononcés en faveur des Bituriges Vivisques, au détriment des Bituriges Cubi du Berry (Étienne 1962 : 101-108, 292 ; cf. Dion 1959 : 121-126, dont historiographie)191.

  • 192 Faute de mieux, on utilisera ce terme générique et neutre pour désigner les variantes de vigne cult (...)
  • 193 Telle que par exemple la balisca, souvent associée dans les textes à la biturica (cf. supra).
  • 194 Nuance important proposée par L. Bouby (juin 2022), que je remercie encore ici.
  • 195 Successivement mentionnée par les deux mêmes auteurs : Columelle (Rust., IV, 29, 16, parmi de nombr (...)
  • 196 Rens. L. Bouby, juin 2022.

205En ce qui concerne le caractère “gaulois” de cette vigne “biturica”, on peut cependant ajouter, en faveur de son origine en tout cas des Gaules et non extérieure (contra, par ex., Étienne 1962 : 101-108 ; 1987), un argument au sujet de la maîtrise gauloise des techniques de greffe. En effet, comme l’explique par exemple longuement Columelle (Rust., L. III et IV), – et comme on le sait –, c’est par le marcottage et la greffe que l’on “invente” alors de nouveaux plants192, en croisant des espèces de Vitis vinifera vinifera, voire V. vinifera sylvestris diverses, indigènes ou non193 ; ou plutôt, plants (génotypes) dont l’origine génétique vient de la reproduction sexuée de vigne, dont la multiplication végétative est assurée par ces techniques194. La greffe peut se faire par fente ou à la tarière. Or il existe en Gaule depuis au moins le milieu du ier s. de n. è une tarière particulière, la terebra gallica ou gallicana195, qui ne brûle pas le bois en le perçant, formant des copeaux et non, comme les autres, de la sciure. Bordelais-Vivisci comme Berrichons-Cubi auraient-ils pu alors pratiquer de telles greffes pour obtenir un plant plus robuste et apte à supporter les climats non méditerranéens de ces régions ? Il semble que – génétiquement – ceci ne soit pas possible196.

206Pour le dossier de la biturica/biturigiaca, on constate donc que c’est bien plutôt la notoriété actuelle des vins de Bordeaux qui fait pencher la balance en faveur des Bituriges Vivisques. En effet – objectivement et au mieux –, autant dès maintenant reconnaître que le dossier documentaire (textes et données archéologiques) que l’on va maintenant examiner en détail ne permettra pas vraiment de trancher de manière définitive…

207Pourtant, dans cette tradition historique, la vigne biturica des textes antiques est ainsi facilement identifiée comme à l’origine des cépages les plus remarquables du Bordelais, cabernet franc et cabernet sauvignon (par ex. : Robinson, Harding et Vouillamoz 2012 : 130). Cette identification de la biturica – comme d’autres variétés mentionnées par Columelle et Pline – à un cépage est cependant bien un leurre, ne serait-ce que parce que le “cépage” est une notion récente de l’ampélographie et de l’œnologie, qui – on l’a dit (supra, 1.1) – n’a pas de réel équivalent dans l’Antiquité, même si des formes cultivées assimilables à des cépages devaient exister. On y reviendra.

  • 197 Pline l’Ancien, NH, XII, 5 ; cf. supra, sous-chap. 1.2.

208On verra cependant que – tant en Berry qu’en Bordelais – il n’est pas possible de faire remonter l’introduction de la viticulture au ve s. av. n. è., date mythique de l’arrivée du raisin et du goût du vin en Gaule avec le légendaire artisan helvète revenu chez lui, après avoir exercé son art à Rome, en rapportant figues sèches, raisin, huile d’olive et vin197.

2.3. Le dossier documentaire de la viticulture antique en Berry et Bordelais : confrontation des données

209Il est nécessaire de rappeler d’emblée qu’il faut clairement distinguer, dans la pratique, la viticulture (culture de la vigne) de la viniculture (production de vin) : la vigne peut en effet être cultivée pour la seule consommation du raisin (vignes dites “de table”), sans la transformation de son jus en vin par fermentation (vinification : vignes dites “de cuve”), voire pour la production de jus de raisin légèrement fermenté, en fait distinct du vin proprement dit et qui semble attestée dès le premier âge du Fer dans plusieurs régions de Gaule, par exemple en Armorique (cf. supra, sous-chap. 2.4).

  • 198 Soit en réalité une très vaste part du territoire des Gaules.

210Ainsi, de ce qui précède, il apparaît donc bien que les textes, seuls – comme on pouvait s’en douter –, ne suffisent pas à trancher entre ces deux régions d’origine pour l’invention de la variété biturica. Il faudra donc se tourner vers les données archéologiques, plus largement examinées ici ci-dessus (chap. 1), dans le cadre de la viticulture dans l’ensemble du bassin versant de la Loire198 à la période romaine, où ces données matérielles ont été confrontées à l’ensemble de la documentation textuelle faisant peu ou prou allusion à ces régions de Gaule intérieure.

  • 199 Voire iconographique. Pour les catégories de sources et leur critique, voir supra, 1.3.
  • 200 En tenant cependant compte, pour les quantités de données archéologiques, du fait que la superficie (...)

211Afin de tenter d’apporter, le plus objectivement possible, sinon une réponse à ce dilemme “Bordelais versus Berry”, du moins le plus large enrichissement de la documentation et argumentation, il est par conséquent nécessaire de mettre en regard les données – textuelles et archéologiques199 – respectivement disponible pour ces deux cités de la province romaine d’Aquitaine, Bituriges Cubes et Bituriges Vivisques200. Il se trouve que le dossier de la viticulture pour ces deux civitates a fait l’objet de travaux récents : Berthault 2000 ; Balmelle et al. 2001, pour l’Aquitaine – ainsi que Bouet 2015 : 70-74 (Fig. 25a) – et plus particulièrement le Bordelais, et Dumasy et al. 2011, pour le Berry.

Fig. 25 - La viticulture antique en Aquitaine selon les données archéologiques : a) dans l’ensemble de la province ; b) dans la région actuelle d’Aquitaine (grande Aquitaine).

Fig. 25 - La viticulture antique en Aquitaine selon les données archéologiques : a) dans l’ensemble de la province ; b) dans la région actuelle d’Aquitaine (grande Aquitaine).

a) d’après Bouet 2015 : Fig. 60 ; b) Benquet et Sanchez 2021 : Fig. 6, d’après H. Gaillard, DRAC Aquitaine, complétée

212En préambule, dans cette démarche comparative, il est cependant nécessaire de prendre en compte au moins deux “effets de source”, qui pèsent en vérité tous deux dans le sens d’un choix en faveur des Vivisques :

      • 201 Sans que cette situation concerne malheureusement le Berry.

      tout d’abord, pour les textes – présents pour le Bordelais et absents pour le Berry –, il s’agit exclusivement d’écrits de l’Antiquité tardive : l’origine bordelaise d’Ausone et de ses proches (dont Paulin de Pella) favorise ainsi les mentions de la cité de Bordeaux, comme le feront un peu plus tard les œuvres de Sidoine Apollinaire en faveur de l’Auvergne ou de Grégoire de Tours en faveur de la Touraine201 ;

      • 202 Surtout, Ferdière, Luberne et Ruffier 2000 ; Dumasy et al. 2011.

      d’autre part, l’attribution de la biturica au Bituriges Vivisci, avec la renommée moderne et contemporaine des vins de Bordeaux, a fait que l’intérêt des historiens et archéologues s’est depuis fort longtemps – au moins le xixe s. – porté à ce sujet sur ce territoire, favorisant ainsi la mise en évidence de données archéologiques de tout ordre, alors que la proposition d’attribution au Bituriges Cubi est bien plus récente, pour l’essentiel peu antérieure à la fin du xxe s.202 (voir supra, § 1.4.2.2).

  • 203 En particulier à partir de la Base de Données OUTAGR.

213Quant à ces données archéologiques, on procédera ici, pour les Bituriges Vivisques, comme on l’a fait pour les autres cités du bassin versant de la Loire, à une révision critique sévère, tant pour les éventuelles installations que pour les supposées serpettes de vigneron203 ou encore pour les données archéobotaniques. Force est de constater en effet, dans la recherche en ce domaine, une certaine tolérance frôlant la surinterprétation, en vue de démontrer parfois de force l’existence d’une viticulture développée dans la région concernée ; et ceci bien sûr indifféremment, selon les cas, pour le territoire berrichon et celui bordelais…

  • 204 C’est selon lui le cas d’Étienne 1987.
  • 205 Cf. Balmelle et al. 2001 : 130 et 161.
  • 206 Comme le souligne Jean-Pierre Bost – que je remercie ici de me l’avoir communiqué – dans un texte i (...)

214Il y a plus d’une quinzaine d’années, Philippe Leveau (2005 : 310-311) soulignait déjà à juste titre que, pour cette question de l’attribution géographique de l’origine de la biturica, le dossier était loin d’être clos : d’une part, le poids des traditions historiographiques qui ont fait appel plutôt aux seules données textuelles204 qu’à la documentation archéologique, non systématiquement prises en compte, au moins depuis la fin du xxe s., ce qui a fortement pesé dans le débat ; de l’autre, le choix du Bordelais pourrait – on le verra – sembler rester malgré tout privilégié205 par les données archéologiques, aux dépens du Berry. Ceci même si l’on prend en considération le fait que les structures et bâtiments liés à la viticulture peuvent ne pas être en maçonnerie “à la romaine” mais en matériaux périssables de terre et bois, et surtout que dans les Trois Gaules, on a affaire à des chais à tonneaux moins facilement identifiables que ceux à dolia de Narbonnaise. Il concluait justement ainsi – quant à cette introduction dès le ier s. de la viticulture en Gaule intérieure – en se demandant “pourquoi exclure des innovations qui seraient venues sur les bords de la Loire et en Aquitaine [du nord-est] sans passer par la voie conduisant de Narbonne à Bordeaux ?” et en laissant, en quelque sorte, la porte ouverte à l’hypothèse berrichonne206.

215In fine, pour chacune des deux cités concernées, on tirera un bilan en prenant en compte le poids des données, entre les plus probantes et celles plus douteuses ou marginales.

2.3.1. Bilan pour les Bituriges Cubes

216La cité des Bituriges Cubes (Berry) a donc été examinée à sa place dans l’ensemble des cités concernées du bassin versant de la Loire, ici pour la province d’Aquitaine : voir supra, § 1.4.2.2.

  • 207 Le Comte Odart (1859 (6e éd.) : 257), avec la même identification, évoque Jules César à son sujet, (...)
  • 208 Voir plus bas la discussion au sujet de l’origine des cépages actuels, sous-chap. 2.4.

217Quand – exceptionnellement ! – la vigne biturica est attribuée au Berry par les ampélographes, elle est parfois identifiée au cépage Cabernet, ou encore au Genouillet/Genouilleret ou Moret noir (Guicherd 1905 : 147), un cépage berrichon notamment cultivé au xixe s. dans les vallées du Cher et de l’Indre207. En vérité, les études ampélographiques les plus sérieuses – et plus récentes (Bisson 1995 ; 2009208) – se gardent bien de proposer de telles équivalences entre la variété de vigne à vin connue sous le vocable de biturica et nos cépages traditionnels actuels (voir supra).

218Cependant, le raisonnement de ces auteurs reste essentiellement d’ordre chronologique, considérant que la mise en évidence de l’implantation la plus précoce de viticulture développée dans l’une des deux cités des Cubi (Berry) ou des Vivisci (Bordelais) sera la démonstration de l’“invention” de la biturica chez celle qui l’emporterait à ce titre. Les situations réciproques du Berry et du Bordelais y sont ainsi confrontées : d’une part, pour l’Aquitaine du sud-ouest et le Bordelais, sont invoqués sans grande preuve la viticulture à Gaillac (isthme aquitain) dès 10-15 de n. è., le développement de l’amphore “aquitaine” à partir 40 de n. è. (Berthault 2004 : 227-228) et la production considérée comme contemporaine – dès 10-20 de n. è. – des ateliers d’amphores de type Pascual 1 à Montans (Tarn) ; d’autre part, pour le Val de Loire et le Berry, une production assez précoce de Pascual 1 à Crouzilles (Indre-et-Loire) (cf. supra, § 1.3.1.6). Il faut pourtant admettre – comme le faisait d’ailleurs déjà R. Dion – que l’autre voie de pénétration de la viticulture en Gaule intérieure depuis le monde méditerranéen, dès lors à partir de la Transalpine/Narbonnaise orientale (Provence et Marseille) et non plus occidentale (Languedoc et Narbonne), est la vallée du Rhône, dont la viticulture est fort bien documentée (par exemple, Jung et al. 2001 ; Brun 2005 : chap. I) : on connaît les relations que le site de Bourges et le territoire des Bituriges Cubes assuraient entre le bassin versant Saône-Rhône et celui de la Loire, avec la vallée du Cher (Ferdière 1977).

219L’argument lexical que je propose infra (sous-chap. 2.4) n’est en revanche pas pris en compte dans Dumasy et al. 2011 : ainsi, selon moi, si le lieu de l’invention de la Biturica avait été la cité des Bituriges Vivisques de Bordeaux, il aurait alors dû s’appeler “vivisca”, voire “burdigalica”…

  • 209 Dumasy et al. 2011.
  • 210 En renvoyant à la conclusion, de même ordre, de Ferdière, Luberne et Ruffier 2000 : 248, tout en re (...)

220Si le développement de la viticulture est bien, dans cet article (Dumasy et al. 2011)209, lié à la question de l’attribution de la biturica et qu’est ainsi proposé – ce qui reste raisonnable – de prendre en considération l’hypothèse berrichonne au moins au même titre que celle bordelaise, une forte faveur est exprimée (op. cit. : 148) pour la première, sans toutefois aller jusqu’à l’affirmation, la certitude210.

  • 211 Analyses portant sur des amphores Pascual 1 et Dr.2/4, comparées à celles des pâtes d’amphores prod (...)
  • 212 Affluent de la Vienne, sur laquelle se trouve Crouzilles.
  • 213 Si ce n’est dans les “épaves à dolia” de la côte méditerranéenne et du Rhône, ici hors de propos.
  • 214 Produits notamment sur l’atelier de Crouzilles “Mougon” en même temps que les amphores (Schweitz et (...)

221Cependant, il n’est pas possible de suivre les conclusions de ces auteurs pour une partie de leur argumentation. Tout d’abord, tout le développement précédent (p. 144-147), concernant les relations de la Biturica avec les productions régionales et locales d’amphores vinaires ne tient pas : en l’absence d’ateliers attestés, c’est faire fi de la potentialité de telles productions potières en Berry, sans tenir alors compte de celles mises justement en lumière plus haut (p. 131-134). Par ailleurs, les deux ateliers d’amphores produisant précocement des Pascual 1 (supra, Montans et Crouzilles) sont assez éloignés des régions candidates pour la Biturica, le Bordelais et le Berry. Surtout, ce sont des Dressel 2/4 et non des Pascual 1 qui sont produites à Crouzilles, comme il est d’ailleurs dit fort justement plus haut (Dumasy et al. 2011 : 131), dans ce cas sans ces erreurs : ces Dr. 2/4 y sont en effet fabriquées vers la “fin de la première moitié du ier s. ap. J.-C.” (Schweitz et al. 1986 : 63) et l’atelier de Mougon n’a sans doute pas fonctionné avant ces années 30-40 de n. è. (Salé 2015 ; Moreau 2016). En fait (p. 145), cette supposée production d’amphores de type Pascual 1 de Crouzilles – atelier qui n’a jamais fourni “le moindre tesson de Pascual 1” (Dumasy et al. : 134) – ne repose que sur la découverte à Rennes d’amphores de ce type datées de la première moitié du ier s. de n. è. (Labaune 2008) et attribuées à cet atelier tourangeau sur la base d’analyses physico-chimiques de seulement deux tessons issus des fouilles de la place Hoche (Laubenheimer, Cantin et Schmitt 2005 : 382 ; cf. op. cit. : 134)211, une argumentation, à mon sens, pour le moins insuffisante. Enfin, continuant dans cette lancée quant aux relations avec les ateliers produisant des amphores à vin, les auteurs s’aventurent alors dans un invraisemblable scénario de transport des vins du Berry jusqu’à ces ateliers par voie d’eau, et notamment par la Creuse212 pour Crouzilles et par le Cher pour Thésée-Pouillé, en tonneaux, alors qu’avec de tels conteneurs, on ne voit pas pourquoi on changerait ensuite de conditionnement pour la commercialisation du vin des Bituriges Cubi. Ceci notamment, pour la Creuse – à leurs dires –, à partir d’Argentomagus et peut-être du Blanc, où l’on invoque la présence de dolia poissés (Coulon et Tardy 1993 ; cf. Dumasy et al. 2011 : 145), alors que d’une part les vases à provision dénommés ici dolia n’ont en général – du moins dans ces régions – pas grand-chose à voir avec le transport de vin213 et que de l’autre ces dolia à bord poissé sont très courants dans ces régions214, correspondent à des vases de stockage de denrées alimentaires indéterminées et non, comme en Narbonnaise – où ils sont en outre de bien plus grande capacité (Carrato 2017a) –, à la vinification.

222Pourtant, in fine, la fragilité de l’argumentation en faveur des Bituriges Cubes est, il est vrai, soulignée – certes à juste titre – dans cette contribution (op. cit.), en rappelant l’absence d’ateliers bien localisés produisant des amphores vinaires en Berry, mais aussi la rareté ici des dolia (?) et amphores poissées…

  • 215 Ceci confirmé par Laurent Bouby, rens. en date du 12 juin 2022.

223Notons enfin qu’aucune donnée paléo-génétique, sur l’ADN de pépins de raisin, n’a, à ce jour, été recueillie, faute d’analyse, pour l’ensemble du centre de la Gaule et notamment pour le Berry215. Et l’on pourra voir enfin le développement actuel de la viticulture en Berry (Fig. 26)…

Fig. 26 - Le vignoble en Berry au Moyen Âge au xviiie s.

Fig. 26 - Le vignoble en Berry au Moyen Âge au xviiie s.

D’après Gandini 2008 : Fig. 166

2.3.2. Bilan pour les Bituriges Vivisques

224Quant à la documentation pour la cité des Bituriges Vivisques (Bordelais), si l’on en juge par la carte publiée en 2001 pour l’Aquitaine du Sud-Ouest (Balmelle et al. 2001 : carte Fig. 61), qui n’a depuis évolué qu’à la marge (voir documentation infra, et corpus en ligne), il faut d’emblée reconnaître que la majorité des données archéologiques publiée alors et d’ailleurs encore aujourd’hui concernent bien plus la cité des Santons que celle des Bituriges Vivisques.

  • 216 Celui-ci émet même (p. 68-69), à propos d’un texte d’Ausone (cf. corpus en ligne), l’hypothèse d’un (...)
  • 217 “… difficile de l’attribuer aux Bituriges de Bourges”.
  • 218 Malgré l’absence de mentions textuelles avant le vie s. ; cette position est encore suivie par exem (...)
  • 219 Selon lui, parallèlement à l’allobrogica pour l’aire rhodanienne.

225Pour la biturica – on l’a dit –, il est clair que la bibliographie antérieure se prononçait très majoritairement en faveur du Bordelais, pour des raisons évidentes (cf. supra, introduction à 2.3), la renommée plus forte de ses vignobles aujourd’hui. C’est donc notamment le cas, déjà, de Camille Jullian216 (1907/26, L. V, chap. 26, t. 2 de la rééd. : 68217) puis de Robert Étienne (1962 : 102-108) et auparavant de Roger Dion (1959 : 121 sqq.), qui indique quant à lui que la biturica était cultivée en Bordelais avant le milieu du ier s., même si, selon lui (p. 160), la viticulture a été sans doute implantée assez tôt au moins dans le Val de Loire en aval d’Orléans218. Il en est de même plus récemment, dans cette étude synthétique de C. Balmelle (et al. 2001 : 130 ; 150), et l’ampélographe J. Bisson (2009 : 31 sqq.) n’envisage pas plus de placer la biturica, élaborée à partir de la lambrusque locale, ailleurs qu’en Aquitaine actuelle219.

  • 220 Voir les importations massives de vins italiens ou espagnols à Bordeaux au ier s. av. n. è. : Berth (...)

226Pour toutes ces raisons, le Bordelais est une région déjà bien étudiée pour sa viti-viniculture à l’époque romaine. On se reportera en général à : Étienne 1962 ; Berthault 1990 ; 2000 ; 2004 ; Balmelle et al. 2001 ; Bost 2002 ; 2005 ; 2009 ; 2010 ; Vernou et Berthault 2005 ; Bost et Bohny 2017 ; cf. Tchernia 1986 : tabl. p. 354220.

  • 221 En excluant bien sûr ici, comme a priori non localisées, les mentions de la biturica/biturigiaca.
  • 222 Province romaine dont la cité des Bituriges Cubi du Berry fait d’ailleurs également partie.
  • 223 Traduction E. Galletier.

227• Pour les textes, on dispose donc, au sujet de la viticulture de cette cité, d’un dossier assez fourni221, avec non moins de sept mentions, cependant toutes tardives (Brun 2001 ; voir aussi Maurin, Bost et Roddaz 1993 : 106-108 ; et cf. Balmelle et al. 2001 : 130-131), dont au moins cinq concernent explicitement le Bordelais. En outre, mentionnons ici – pour toutefois l’ensemble de l’Aquitaine222 et non spécifiquement la cité de Bordeaux – une allusion des Panégyriques (VIII, 6, 8, de 312) qui, au début du ive s., indiquent que dans cette province d’Aquitaine, contrairement aux règlements concernant la cité des Éduens (infra, sous-chap. 1.2), on peut “assigner n’importe où un terrain à de nouvelles vignes”223. On observe en tout cas un sérieux dossier textuel pour la viticulture en Bordelais, exclusivement tardif, soit – pour les textes les plus anciens – près de trois siècles après les mentions spécifiques de la biturica.

228• Le dossier iconographique des Bituriges Vivisques semble riche mais comporte surtout des représentations de vigne et/ou en rapport avec le culte de Bacchus, qui ne témoignent donc pas directement de la présence d’activités viti-vinicoles. On verra dans le corpus (en ligne) que seule une stèle du tonnelier est peut-être plus pertinente, du moins s’il s’agit de tonneaux à vin.

229• Même si l’index de la Carte Archéologique de la Gaule pour la Gironde (33/1 : Sion 1994) ne signale explicitement aucune installation viticole dans la partie du département de la Gironde ressortissant au territoire de la cité des Bituriges Vivisques, la carte de Balmelle et al. 2001, Fig. 61 – complétée par celles de Petit-Aupert et Sillières 2003, Fig. 39 et de Benquet et Sanchez 2021 : Fig. 6 – en cite près d’une dizaine, certes toutes, sauf une, en amont de la confluence Dordogne-Garonne (Entre-Deux-Mers/Médoc), surtout dans leurs basses vallées (supra, Fig. 24b). Pour les installations vinicoles, il s’agit donc d’un nombre de sites significatif, mais aucun pressoir ni chai caractéristique n’est en revanche signalé à ce jour dans cette aire.

  • 224 Une commune où l’on signale un bassin à cuvette (cf. corpus en ligne).

230• Le corpus d’outillage n’est pas très développé : ici, les serpettes semblent donc toutes bien identifiées comme caractéristiques de la viticulture (Fig. 27). On pourrait y ajouter la mention d’une “serpette en fer” (sans précision) à Baigneaux224 “Sablat” (Gironde), sur un petit établissement gallo-romain (Sion 1994 : 308).

Fig. 27 - Serpettes de vigneron et à vendanger en Aquitaine du Sud-Ouest.

Fig. 27 - Serpettes de vigneron et à vendanger en Aquitaine du Sud-Ouest.

D’après Brun 2004 : 239

  • 225 Signalons en outre que l’éd. Leclercq du Testament de Bertrand (cf. textes, dans le corpus) signale (...)

231• Il en est de même pour les tonneaux, avec cependant – outre la stèle du tonnelier – deux ensembles importants de données, si l’on considère ici aussi qu’il s’agit de production de tonneaux à vin225.

  • 226 Hormis les restes de pieds et ceps de vigne sans doute in situ signalés (corpus en ligne, Bituriges (...)

232• En revanche, aucune plantation de vigne n’est à ce jour mentionné pour l’ensemble de la cité226.

  • 227 Il faut en outre signaler une supposée autre découverte archéobotanique, à Bordeaux, dans les fouil (...)

233• Quant aux données archéobotaniques, il s’agit surtout de carporestes : dans les cinq cas concernés, s’il n’est bien sûr pas possible d’affirmer que ces vignes et raisins soient pour la production de vin, ceci atteste en tout cas la culture de la vigne à Bordeaux durant toute la période romaine et dès la première moitié du ier s. Quant aux rares données palynologiques, pour le Haut-Empire, cependant, il ne s’agit pas de vigne cultivée, y compris sans doute pour l’Antiquité tardive227.

  • 228 L’amphore aquitaine typique (Berthault 1999 : 459 ; Berthault et Watier 1988 : 158), avec notamment (...)
  • 229 Rens. Frédéric Berthault, juin 2022, que je remercie ici.

234• Enfin, pour la production d’amphores vinaires, plusieurs fouilles récentes de Bordeaux ont permis de mettre en évidence une production régionale (ier-iie), sans que cependant les ateliers en soient encore identifiés et localisés : à Bordeaux même ou alentour ? (Berthault 1988 : 158 ; 1992 : 96 ; cf. Benquet 2009 ; Benquet et Sanchez 2021 : 281, cartes Fig. 1 et 6). Il s’agit d’amphores à fond plat, majoritairement de formes G.5, G.3/5228, mais aussi G.7, Dr.28, et Oberaden 74, types régionaux localement datés de 50 à 170 de n. è. et proposés comme conteneurs des productions vinicoles bordelaises. Des analyses de pâte ont été réalisées (Berthault 1988 : 165-166 ; 1992 : 97-100) et des exportations ont dès lors été notées à Angers (Siraudeau 1988 : Fig. 07-6, Pl. A3 ; Fig. 11-33 et 36, Pl. 24 ; Fig. 22-12, Pl. 47). Pour les formes Dr. 2/4, Dr. 28, Ob. 74, G.3, G.5, il s’agit au départ d’imitations, avant que n’apparaisse une forme hybride, la G.5/6 (= Aquitaine 6), et surtout une forme propre, imitation de la G.5, qui dès lors supplante toutes les autres et se retrouve dans toute l’Aquitaine, entre 70 et 150229. En 1992, les amphores “bordelaises” n’étaient connues que sur une grosse douzaine de sites de l’Aquitaine actuelle, dont dans le territoire-même de la cité vivisque (Maurin, Bost et Roddaz 1993 : carte p. 107) (Fig. 28).

Fig. 28 - Répartition des découvertes d’amphores vinaires de type “bordelais”.

Fig. 28 - Répartition des découvertes d’amphores vinaires de type “bordelais”.

D’après Maurin, Bost et Roddaz 1993 : Fig. p. 107, selon F. Berthault

  • 230 229 Il faut toutefois souligner le fait que des ateliers urbains, ou encore en bord de cours d’eau (...)

235Il faut donc reconnaître qu’en l’état, l’ensemble de ces données indirectes – en l’absence d’atelier matériellement identifié – de production locale d’amphores vinaires n’intervient pas de manière totalement péremptoire dans le dossier de la viti-viniculture de la cité vivisque230.

  • 231 Avec notamment la comparaison des cartes de répartitions des différentes catégories de données entr (...)

236En définitive, on pourra constater plus bas (2.4 et chap. 3)231 que, très objectivement, la documentation, tant textuelle qu’iconographique et archéologique, n’apparaît donc pas beaucoup plus en faveur de la viticulture dans le territoire – certes de moindre superficie – de la cité des Bituriges Vivisques que chez leurs homonymes Cubes du Berry…

  • 232 Il est par exemple remarquable que l’importante part de l’article de Catherine Balmelle (et al. 200 (...)

237On note cependant en Bordelais plusieurs installations viticoles caractéristiques (surtout bassins à cupule, à défaut de pressoirs ou chais) : avec d’autres données – dont le dossier des textes –, se dessinent ainsi en Aquitaine antique du Sud-Ouest deux principales aires de développement de la viticulture : le secteur de Charente et Cognac et celui du Bordelais qui nous intéresse ici (Balmelle et al. 2001 : 132 ; cf. carte Fig. 61) ; même si, pour ce dernier, une bonne part des données – et parmi les plus représentatives232 – sont en fait hors du territoire de la cité des Bituriges Vivisques, chez les Pétrocores (Périgord occidental), et n’ont par conséquent pas été inventoriées (cf. corpus en ligne).

238Toutefois, l’essor de la viticulture semble ici, comme ailleurs en Aquitaine (cf. supra, Fig. 25a et b), à situer dans la seconde moitié du ier s. de n. è., sans doute pour une durée de deux siècles, avec une apparente renaissance dans l’Antiquité tardive, cependant peut-être au moins en partie due à l’effet de source des textes (Balmelle et al. 2001 : 163-164).

2.4. Bilan global de cette confrontation

239On a exposé plus haut (sous-chap. 2.2, et cf. corpus en ligne) les données de la question, celle du choix entre Bituriges Vivisques (Bordelais) et Bituriges Cubes (Berry) pour l’attribution de la vigne dite biturica ou biturigiaca dans les textes.

  • 233 Quelques données, peu nombreuses, parvenues trop tard à ma connaissance, n’ont pu être intégrées da (...)

240Quantitativement et qualitativement (données certaines ou douteuses), tout d’abord, comparons par catégorie la cartographie des données des deux cités233 :

    • 234 Aucun texte pour les Cubes et présence d’un puissant “effet de source” chez les Vivisques, avec Aus (...)

    pour les textes, une domination nette des Vivisques (Fig. 29)234,

    • 235 Compte tenu des superficies différentes des cités.

    pour l’iconographie, une sensible faveur pour les Cubes (Fig. 30 et 31)235,

  • pour les installations viticoles, un très net avantage des Vivisques, avec des données assurées et en nombre (Fig. 32),

  • pour l’outillage, pas de nette différence (Fig. 33),

  • pour la tonnellerie, avantage, de nouveau, aux Vivisques (Fig. 34),

    • 236 Aucune donnée pour le Bordelais.

    pour les plantations de vigne, à l’inverse, avantage aux Cubes (Fig. 35)236,

    • 237 Atténuée par la différence de superficie des deux cités.

    pour les données archéobotaniques, peut-être une petite prime au Berry (Fig. 36)237,

  • pour les productions d’amphores vinaires, quasi-égalité (Fig. 37).

Fig. 29 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : les textes antiques ; pour cette carte et les suivantes, données assurées en noir, données douteuses en blanc ; les points mixtes (mi-noir-mi-banc) représentent des données assurées et douteuses, et un point entre 4 flèches une absence de localisation.

Fig. 29 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : les textes antiques ; pour cette carte et les suivantes, données assurées en noir, données douteuses en blanc ; les points mixtes (mi-noir-mi-banc) représentent des données assurées et douteuses, et un point entre 4 flèches une absence de localisation.

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Fig. 30 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : l’iconographie divine.

Fig. 30 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : l’iconographie divine.

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Fig. 31 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : l’iconographie de la vigne.

Fig. 31 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : l’iconographie de la vigne.

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Fig. 32 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : les installations vinicoles.

Fig. 32 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : les installations vinicoles.

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Fig. 33 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : l’outillage viticole.

Fig. 33 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : l’outillage viticole.

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Fig. 34 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : la tonnellerie.

Fig. 34 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : la tonnellerie.

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Fig. 35 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : les plantations de vigne.

Fig. 35 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : les plantations de vigne.

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Fig. 36 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : l’archéobotanique.

Fig. 36 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : l’archéobotanique.

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Fig. 37 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : les ateliers de production d’amphores vinaires.

Fig. 37 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : les ateliers de production d’amphores vinaires.

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  • 238 Mais alors sans prendre en compte l’effet de source en faveur du Bordelais, dû à la notoriété de ce (...)
  • 239 À la suite de la découverte du vignoble de “Saint-Martin-des-Champs” à Bourges, j’écrivais en 2000 (...)
  • 240 Sur ce débat, voir encore : Ferdière 2013 : 427, note 300.

241Toutes catégories de données confondues (Fig. 38), peut-être peut-on donc accorder un léger avantage au Bordelais, avec, proportionnellement, une plus forte représentation des données fiables238. En définitive, va-t-on donc renvoyer dos à dos les deux cités candidates à l’origine de la vitis biturica239 ? Il faut bien reconnaître qu’à l’évidence, le dossier strictement archéologique ne permet pas vraiment de trancher en faveur de l’une ou de l’autre, même s’il montre une viticulture apparemment bien développée, et dès le Haut-Empire et même dès le ier s. de n. è., dans les deux cités, avec peut-être un léger avantage pour cette des Bituriges Vivisques240. En vérité, si l’on fait objectivement le bilan pour les deux cités – Vivisci ou Cubi –, certaines catégories de données font pencher pour la première, d’autres pour la seconde, avec peut-être, cependant, cette légère faveur pour le Bordelais, en tout cas quant aux mentions textuelles et aux installations vinicoles. L’analyse qui vient d’être faite de la synthèse récente sur la viticulture antique en Berry (§ 1.4.2.2 ; Dumasy et al. 2011) dispense d’y revenir ici en détail.

Fig. 38 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : ensemble des données.

Fig. 38 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : ensemble des données.

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  • 241 Plutôt que d’aller chercher des amphores vinaires dans les ateliers de potiers de leurs voisins tur (...)
  • 242 Et les chances de trouver un tonneau d’origine traçable portant une inscription qui mentionne la bi (...)

242En réalité – et ceci a déjà été dit très justement par d’autres –, il est fort probable que l’on n’aura jamais la preuve absolue de l’attribution de la vigne biturica au Berry ou au Bordelais : certes, ce pourrait être la découverte d’un titulus pictus la mentionnant explicitement sur une amphore de production locale (dans la cité), mais cette dernière paraît en l’état peu développée sur le territoire de la civitas Biturigum Cuborum : ceci rend donc, dans ce cas, cet espoir assez vain ! Cependant – contrairement au constat négatif de F. Dumasy et al. 2011 –, cette absence d’ateliers importants de production d’amphore vinaires ici est tout d’abord à relativiser, car des productions “berrichonnes” sont identifiées, à Argentomagus, et ailleurs (cf. Faverdines) ; mais, surtout, cet argument d’absence ne me paraît pas fondamental dans ce débat : en effet, les Bituriges Cubes ont pu241 dès l’origine privilégier le tonneau à l’amphore, parce qu’il sert à la fois à la vinification mais aussi, en l’occurrence, comme conteneur, au transport à l’exportation242.

243Il existe toutefois, à mon sens, deux arguments sans doute assez pertinents en faveur d’une biturica berrichonne, et qui n’ont, semble-t-il, pas été développés dans les travaux antérieurs (cf. Dumasy et al. 2011). Ils sont en réalité exclusivement fondés sur l’analyse des données textuelles.

  • 243 Voir Gaffiot 1934 : s.v bituricus/a, la forme biturigiacus/a n’étant apparemment utilisée que par P (...)

244• Paradoxalement, tout d’abord, c’est en effet peut-être le dossier textuel lui-même de la biturica/biturigiaca (cf. supra et surtout corpus, en ligne) qui pourrait permettre d’accorder ce léger avantage au Berry, avec un argument d’ordre “lexical” concernant l’usage du vocable “Bituriges” sans précision (de “Cubi” ou “Vivisci”). “Bituricus” est l’adjectif formé sur le nom du peuple/cité des Bituriges243, qu’ils soient Cubi ou Vivisci. Le fait que, pour cette variété de vigne, bituric

245a signifie “des Bituriges” est d’ailleurs clairement exprimé – certes bien plus tard, pour l’Antiquité tardive – par Isidore de Séville, dans ses Etymologiae (cf. texte supra, 2.1), qui toutefois ne précise malheureusement pas laquelle des deux cités d’origine.

  • 244 Cet argument déjà invoqué dans : Ferdière, Luberne et Ruffier 2000 : 248.
  • 245 En rappelant que César (G) ne connaît déjà que les Bituriges du Berry ; la précision/distinction de (...)
  • 246 Je remercie J.-P. Bost d’avoir confirmé ce point en me transmettant ces informations et références  (...)

246Ne peut-on, justement, tirer une indication de cet argument a silentio ? Si Isidore ne croit pas utile d’apporter cette précision, ne serait-ce pas parce que, pour lui, à son époque (toute fin du vie-début du viie s.), c’est une évidence, le terme de “biturige”, sans plus de précision, étant clair pour ses contemporains244 ? L’ambiguïté du terme serait ainsi levée et il désignerait clairement l’appartenance à la seule cité des ex-Bituriges Cubes (alors cité de Bourges, soit le Berry historique), le ressort à la cité de Bordeaux étant en revanche alors toujours clairement précisée “Viviscorum”. Au cours de la période romaine, le vocable “Bituriges245 finit en effet par ne désigner que les Cubi du Berry, et non plus les Vivisci du Bordelais : on observe ainsi la disparition du nom des Bituriges Vivisques dans le courant du iiie s. et la chose est acquise dans l’Antiquité tardive, ces derniers étant alors désignés par le terme Burdigalenses (Jullian 1890, II : 545 ; et surtout Bost et Perrier 1889 : 63-66 ; Bost 2002 ; 2005 : 105 ; 2009 : 218-220 ; 315 sqq.)246.

  • 247 Trois occurrences (hormis biturigiaca), l’une (NH, IV, 109) avec la précision “Cubi” dans la liste (...)
  • 248 En fait une seule occurrence (NH, IV, 108), dans la liste des cités d’Aquitaine.

247On peut d’ailleurs constater (cf. déjà Ferdière, Luberne et Ruffier 2000 : 248) que, dès la seconde moitié du ier s. – siècle de quand datent toutes les autres mentions de la vigne biturica –, les “Bituriges” sans précision désignent, chez Pline l’Ancien, systématiquement le Berry247 alors que le Bordelais y est bien désigné par le vocable de Bituriges Vivisci248 (Willaume 1969 : 61, s.v).

248Mais, en toute objectivité – et quand les affinités de l’auteur n’orientent pas vers le Bordelais –, il faut ajouter que, les mentions textuelles tardives de viticulture n’indiquant pas de précision géographique, il peut s’agir aussi bien de la cité de Bourges, en Aquitaine Première, que de celle de Bordeaux, en Aquitaine Seconde, même si l’habitude a été prise, dans le dossier de la viticulture, de réduire l’Aquitaine à ses limites modernes de province d’ancien régime puis de région administrative (Balmelle et al. 2001).

249• Le second argument est de caractère historico-géographique est n’a pas non plus été à mon sens, à ce jour, pleinement développé. On sait en effet qu’il existe deux voies majeures de pénétration – commerciale et culturelle – depuis le monde méditerranéen vers la Gaule intérieure, contournant l’obstacle du Massif Central :

    • 249 L’“isthme gaulois” d’Yves Roman (1983 ; 1988 ; 1989).

    par l’Ouest, le fameux “isthme aquitain”249, partant de Narbonne et se dirigeant vers l’Aquitaine occidental par le Seuil du Lauragais, puis plus vers le nord et l’aval du bassin ligérien, en ce qui nous concerne (Fig. 39a) ;

    • 250 Cette voie d’introduction de la viticulture en Berry par Lyon est évoquée par Jean-Marie Couderc (2 (...)

    par l’Est et l’axe Rhône-Saône, plutôt alors à partir de Marseille, s’ouvrant vers la Gaule centrale – et donc l’amont du bassin ligérien –, ceci surtout pas deux voies : celle partant de Lyon et passant par la cité des Ségusiaves, qui concerne donc, au-delà, l’Auvergne puis le Berry, et celle qui, à partir surtout de Chalon-sur-Saône, permet, vers l’ouest, de rejoindre la vallée du Cher à travers le territoire éduen, justement par Bourges-Avaricum (Ferdière 1977)250 (Fig. 39b).

Fig. 39 - Voies de la Méditerranée à la Gaule centrale et occidentale : a) le commerce d’amphores italiques de Méditerranée (Narbonne) à Bordeaux (Bituriges Vivisques) par le Seuil du Lauragais ; b) voies fluviales et terrestre entre l’axe Rhône-Saône et l’Atantique.

Fig. 39 - Voies de la Méditerranée à la Gaule centrale et occidentale : a) le commerce d’amphores italiques de Méditerranée (Narbonne) à Bordeaux (Bituriges Vivisques) par le Seuil du Lauragais ; b) voies fluviales et terrestre entre l’axe Rhône-Saône et l’Atantique.

a) d’après Étienne 1962 : carte 12 ; b) d’après Ferdière 1977 : Fig. 2

250Ces deux axes de pénétration sont en quelque sorte “bouclés” – d’un côté par l’amont et de l’autre par l’aval – par le bassin versant de la Loire, la partie moyenne du cours de ce fleuve jouant dès lors un rôle “central” à tous les sens du terme, et tout particulièrement le territoire de la cité des Bituriges Cubes.

  • 251 Cf. Dion 1959 : 105-107 ; Balmelle et al. 2001 :161 sqq.

251Ainsi, quant à l’ancienneté de la viticulture et à l’“invention” de la biturica, c’est donc le Bordelais qui est privilégié par le premier axe (a)251 et le Berry par le second (b).

252Plus particulièrement, c’est la seconde voie (rhodanienne) que l’on doit dès lors privilégier en tout cas pour l’introduction de la viticulture en Berry. Pourtant, F. Dumasy et ses collaborateurs (et al. 2011 : 143) n’évoquent celle-ci que mollement et sans apparemment être très convaincus de l’importance de cette argumentation.

  • 252 Paradoxalement, cf. supra la proposition de Robert Étienne (1962 : 104-106 ; 1987) de la balisca ve (...)
  • 253 Voir notamment les récents résultats, dans ce sens, des recherches paléo-génétiques (Terral et Boub (...)
  • 254 Il est en outre à noter, au sujet de ces voies de pénétration du vin puis de la viticulture en Gaul (...)

253Au-delà de ce constat, peut-on s’aventurer à proposer ainsi que – très tôt – la voie orientale, à partir de Massalia, ait concerné l’introduction de plants plutôt d’origine grecque252, permettant d’obtenir des “cépages” indigènes mieux adapté – telle la biturica –, alors que la voie occidentale, à partir de Narbo, ait plutôt favorisé les plants d’origine hispanique253… ? Cette hypothèse serait aventureuse mais à tout prendre envisageable, en l’état des connaissances254.

  • 255 Au moins la Loire moyenne, jusqu’à la Touraine (sans doute exclue).

254En outre, enfin, quant à cet argument sur les voies de pénétration de la viticulture antique en Gaule intérieure depuis le monde méditerranéen, on a vu plus haut (1.1) que les recherches génétiques d’une part, ampélographiques de l’autre, semblent bien montrer aujourd’hui que la plupart des cépages de l’Est, du Centre-Est et du Centre de la France255 (et donc auparavant de la Gaule) ont une origine à rechercher par des voies non méditerranéennes mais sans doute par le nord des Alpes.

255Au-delà des deux arguments qui viennent d’être développés, peut-on vraiment, objectivement, aller plus loin en faveur d’une biturica berrichonne ?

  • 256 C’est à ces mêmes pratiques d’hubris que se réfèrent encore des mentions textuelles : Strabon (Géog (...)
  • 257 Divers fragments, cités par d’autres auteurs.

256On notera en tout cas que l’origine du développement, sans doute précoce, de la viticulture en Gaule intérieure est – on l’a dit – indubitablement liée au goût des indigènes pour le vin, qui remonte au moins à la fin de la période hallstattienne – début de la période laténienne (LT A1). Ce penchant256 – en fait plutôt lié à des pratiques cultuelles et sociales, concernant d’abord les élites – est noté par les auteurs antiques (voir leur recension dans : Poux 2004 : 583-604), depuis Platon, tels que Posidonios257, Diodore de Sicile (Bibl. Hist., V, 25-27, et autres passages), vers 30 av. n. è., ou encore son quasi contemporain Denys d’Halicarnasse (Ant. Rom., XIII, 10 ; XIV, 8), à propos des Celtes en Italie au ve s. av. n. è., ainsi qu’avec le mythe de son introduction en Gaule intérieure par l’Helvète Hélicon, cité plus haut (§ 1.2).

  • 258 Voir les importations en amphores vinaires massaliotes, finalement assez peu représentées à Vix mai (...)
  • 259 Si du moins on se fie aux informations nouvelles de la biochimie, de plus en plus abondantes.
  • 260 Sans doute de vigne sauvage, dont les pépins sont reconnus dans ces contextes.
  • 261 Observation L. Bouby, juin 2022, que je remercie ici.
  • 262 Qui ne sont donc pas vraiment du vin, ces travaux récents jouant un peu sur les mots…
  • 263 Information L. Bouby, juin 2022 (Limier et al. 2018).

257Certes, les importations de vins méditerranéens dans les secteurs les plus développés économiquement que sont la région de Vix (Milcent 2004) et, justement, le Berry (voir par ex. Milcent 2007 : 266-272) (Fig. 40) ne doivent pas être surestimées258. Mais on constate cependant apparemment très tôt259, au premier âge du Fer, dans ces régions de Gaule intérieure, la présence assez importante, sinon de véritables vins locaux, du moins de jus de raisin260 fermenté, selon des techniques proches de celle des bières de céréales. Ceci mériterait toutefois d’être examiné de plus près, les sucres du jus de raisin étant alors directement utilisés par les levures, à la différence de l’amidon des céréales261, ce qui distingue ces produits du vin stricto sensu. Cependant, de tels produits262 sont par exemple notés pour l’Armorique comme pour la région de Vix (cf. récemment : Chérel et al. 2018 : 77-78 ; Chérel et Frère 2020 ; cf. Perrin 2004 (rééd. 2009) : 229 ; Chérel 2020 ; cf. Garnier, Silvino et Djaoui 2020), sinon pour le Berry, en l’absence d’analyses de ce type. De même, des découvertes à Alba-la-Romaine “Grande Terre” (Ardèche) ont tout récemment livré des ceps de vignes cultivées – sous forme de charbons de bois, dont de bois mature263 –, pépins de raisin et traces de vin dans des récipients, dans un contexte daté au moins du ve s. av. n. è. (Brèves 2020 ; Loin… 2020 ; Cabanis et al. 2021a et b).

Fig. 40 - Les relations de la région de Bourges avec l’aire nord-alpine à la Protohistoire : a) le centre proto-urbain de Bourges par rapport à une sélection de marqueurs culturels du domaine nord-alpin et atlantique au 1er âge du Fer récent ; b) distribution des sites de La Tène A1, avec, pour comparaison, les sites du Midi de la Gaule et du nord-ouest de l’Italie.

Fig. 40 - Les relations de la région de Bourges avec l’aire nord-alpine à la Protohistoire : a) le centre proto-urbain de Bourges par rapport à une sélection de marqueurs culturels du domaine nord-alpin et atlantique au 1er âge du Fer récent ; b) distribution des sites de La Tène A1, avec, pour comparaison, les sites du Midi de la Gaule et du nord-ouest de l’Italie.

a) d’après Milcent 2007 : Fig. 22 ; b) d’après Milcent 2007 : Fig. 25

  • 264 Voir Dig. (Ulpien), 33, 6, 9 (cf. éd. de Pline, NH, XIV : 153-154, n. 2).
  • 265 = Trogue Pompée, Hist. Phil. ; texte non cité dans la recension de M. Poux (2004 : 583-604) ; cf. e (...)
  • 266 Rens. P.-Y. Milcent, déc. 2020.

258En droit romain, d’ailleurs, ces boissons fermentées de grain ou fruit ne sont pas du vin264 stricto sensu et sont alors plutôt considérées comme propres aux “Barbares”. Et l’on renverra, ainsi, à l’introduction légendaire de la viticulture par les Phocéens qui fondent Marseille en 600 av. n. è. et initiant à partir de là les Gaulois à la taille de la vigne (vitem putare : Justin, Epit., XLIII, 4265, citant Trogue Pompée). En outre, aux vie-ve s. av. n. è., on constate un effondrement du système socio-économique et culturel préexistant266 qui rend délicate l’attribution de l’implantation d’une viticulture du moins pérenne dans ces régions.

  • 267 Voir Tchernia 1983 ; Fitzpatrick 1985 : 319-320, Fig. 8 ; Roman 1983 : 173-180, Fig. 39 ; 1985 ; 20 (...)
  • 268 Ce travail récent dispense de citer la bibliographie antérieure. Pour ce site, on notera un apparen (...)

259Peut-être faudrait-il, dans cette hypothèse, attendre la période laténienne, voire La Tène finale, pour constater ce développement indigène de la viticulture et possiblement de la viniculture. On constate en tout cas, au iie s. et dans la première moitié du ier s. av. n. è., l’accroissement massif des importations de vin italien à travers toute la Gaule267 (cf. supra, Fig. 6). Alors, le Berry n’est pas en reste pour le nombre de ces importations vinaires, avec notamment les emblématiques soi-disant “caves à amphores” de l’oppidum de Châteaumeillant (voir récemment : Laubenheimer et Barthélemy-Sylvand 2010)268. Mais, précisément, les quantités massives importées – ici comme partout alors en Gaule – sembleraient aller à l’encontre de l’hypothèse du développement de la viti-viniculture en Berry à la même période.

260Un peu plus tard et après la Guerre des Gaules, ces importations sont apparemment remplacées par des vins espagnols, en amphores en général de type Pascual 1, comme on l’a dit plus haut (note 252, supra) au sujet des sépultures aristocratiques du groupe dit “de Fléré-la-Rivière”, mentionné à juste titre par F. Dumasy et al. (2011 : 147-150) : le même raisonnement sur l’abondance des importations semblerait à première vue contredire un possible développement indigène de la viticulture alors, même si les deux phénomènes peuvent être conjoints.

  • 269 Ne serait-ce que par les coûts ajoutés du transport, mais aussi sans doute par la renommée de ces v (...)

261Mais on pourrait rétorquer à ceci que les importations massives de vins italiens puis espagnols constatées à ces deux périodes successives de La Tène finale sont, selon toute apparence, essentiellement destinées à l’aristocratie gauloise – et en l’occurrence ici celle des Bituriges Cubes –, pour leurs festins ou libations ou encore pour accompagner ces hauts personnages dans la tombe, comme marque de puissance et de richesse, pour un produit qui devait alors être coûteux269. Ainsi, ceci n’interdirait pas que l’engouement du vin, de cette manière suscité dans la population du Berry gaulois par ces exemples “d’en haut”, ait dès lors incité les populations bituriges à développer à moindre coût – et cette fois à destination de tous – une production propre de vin et donc une viticulture locale, occasionnant dès lors l’“invention” de la biturica : on constate un processus de ce type dans l’aire méditerranéenne de la Gaule aux ve-ive s. av. n. è. (Bouby, Marinval et Terral 2014). Cependant, la date de la véritable “démocratisation” de la consommation de vin en Gaule intérieure ne semble pas antérieure au milieu du ier s. de n. è.

262En effet, si l’on reste dans l’hypothèse d’une origine berrichonne de ce “plant”, son apparition plus tardive – soit dans la première moitié du ier s. de n. è., du moins selon les textes (supra, sous-chap. 2.1) – semblerait contredite par la mention de la biturica déjà adopté – depuis combien de temps ? – en Italie du temps de Columelle, c’est-à-dire dans les années 50 de n. è.

263Il faut donc reconnaître que cet argument de “développement économique”, s’il reste ainsi recevable, n’est pas d’une portée déterminante.

  • 270 Discipline commune à la botanique et à l'œnologie, traitant des “cultivars” – variétés d'une espèce (...)
  • 271 S’appuyant principalement sur les travaux de L. Levadoux (1948 ; 1953 ; 1956 ; André et Levadoux 19 (...)

264Mais, dans ce débat, sans doute faut-il en revanche, aujourd’hui, prendre en compte plus systématiquement les apports de l’ampélographie270, une discipline spécifique aux frontières de la botanique et de l’œnologie. On se référera principalement ici aux travaux de Jean Bisson (2009 : cf. Partie D, chap. 2, p. 89 sqq., voir tabl. général, p. 131 sqq. et tabl. synoptique, Fig. 23 et son commentaire, p. 134)271, qui distingue au total 16 “écogéogroupes” (cf. ses tabl. Fig. 4 et 5) (cf. supra, Fig. 5), parmi lesquels on retiendra ici ceux qui semblent pouvoir être en lien avec les territoires antiques d’une part du Bordelais (Bituriges Vivisci), de l’autre du Berry (Bituriges Cubi).

265• Pour le Bordelais, essentiellement quatre groupes :

266a) les Carmenets (Bisson 2009 : 92-94) (Fig. 41a), formés dans le Sud-Ouest, sans doute au pied des Pyrénées et probablement d’origine espagnole (Dion 1952), partie du groupe Subproles aquitanica, dont le cépage type est le Cabernet franc ; il est important pour Bordeaux, avec toutefois une extension vers la Loire (Anjou-Touraine), sous le nom de Breton ;

  • 272 Cette extension en Touraine est mise en doute par H. Galinié (2021 et à paraître).

267b) les Cots (Bisson 2009 : p. 96-98) (Fig. 41b), dont le noyau d’origine est au sud-ouest du Massif Central ; dérivant des Courbus, ils connaissent une extension vers l’Anjou-Touraine272 ; partie du groupe Subproles aquitanica, concernant tout le Bassin aquitain ;

268c) les Folles (Bisson 2009 : 100-102) (Fig. 41c), sur la façade atlantique, au sud de la Loire (aire d’abord de Nantes à la Gironde) ; dérivant sans doute des Messiles (cf. infra, pour Berry) et connaissant encore aujourd’hui une certaine importance dans cette aire où ils étaient autrefois plus répandus ; groupe Subproles austrasica ;

269d) enfin, les Gras (Bisson 2009 : 105-106) (Fig. 41d) : groupe Subproles aquitanica, dérivant des Carmenets (supra), en Armagnac puis vers Landes (et aire au sud du Bordelais).

Fig. 41 - Écogéogroupes ampélographiques en lien avec le Bordelais et le Berry : a) Carmenets ; b) Cots ; c) Folles ; d) Gras ; e) Gouais ; f) Messiles ; g) Noiriens ; h) Tressots.

Fig. 41 - Écogéogroupes ampélographiques en lien avec le Bordelais et le Berry : a) Carmenets ; b) Cots ; c) Folles ; d) Gras ; e) Gouais ; f) Messiles ; g) Noiriens ; h) Tressots.

D’après, dans l’ordre, Bisson 2009 : Fig. 7, 9, 11, 13, 12, 15, 17 et 22

270• Pour le Berry, également quatre groupes majeurs :

  • 273 Selon J.-M. Boursicot, rens. oral 2003 (Bisson, loc. cit.).

271a) les Gouais (Bisson 2009 : 102-104) (Fig. 41e), dont l’aire sur le Nord-Est et le Centre-Est de la France ; selon les recherches sur l’ADN, leur origine serait en Styrie et Croatie273 ; ils appartiennent au groupe Subproles austrasica (Gubiae) (Berget 1903 ; voir aussi Boursiquot et al. 2004 ; et plus largement : Boursiquot 2019) ; dès le Moyen Âge, ils constituent le fond pour la Champagne, la Lorraine et l’Île-de-France, puis pour la Basse Bourgogne, le Bourbonnais et la moyenne vallée de la Loire ; sans doute venus du nord-est par la voie du nord des Alpes, il s’agit d’un élément des plus importants (Galinié 2021), dont l’extension vers le Sud (dont Berry ?) pourrait en fait être plus marquée ;

272b) les Messiles (Bisson 2009 : 109-111) (Fig. 41f) : dérivant peut-être des Noiriens, ils concernent la vallée de la Loire et jusqu’à Seine moyenne (Bisson 1989) ; rattachés au groupe Subproles austrasica, avec notamment les cépages de type petit Meslier (Levadoux 1948), ils couvrent une aire vaste, de la Champagne et l’Île-de-France jusqu’au Nivernais, Berry, Touraine, Anjou ;

273c) les Noiriens (Bisson 2009 : 111-115)) (Fig. 41g) : concernant quasi tout le quart nord-est de la France, ils dérivent des Messiles (supra) ; rattachés au groupe Subproles austrasica, ils comportent les cépages de type Pinot noir (et Gamay) et s’étendent d’abord dans les vallées de la Seine, de la Meuse et de la Saône, puis en Champagne, Lorraine, Beaujolais, Lyonnais, ainsi qu’Alsace, Franche-Comté, Auvergne et vallée de la Loire (dont Roannais, Forez) ;

274d) enfin, les Tressots (Bisson 2009 : 126-1218) (Fig. 41h) : concernant la basse Bourgogne, ils appartiennent au groupe Subproles austrasica et s’étendent surtout dans les vallées de l’Yonne et de l’Armançon et celles de la Seine et de l’Aube.

  • 274 Voir définition supra, § 1.1.
  • 275 Cette thèse, importante pour la génétique, a été examinée plus en détail ci-dessus, au § 1.1.

275Ainsi, ces écogéogroupes ampélographiques274 montrent qu’il faut nettement distinguer, pour les “vins de Loire”, quant à leur origine, une aire occidentale (Nantais, Anjou, Touraine), plus en lien avec des origines venues du Sud-Ouest et d’Aquitaine, d’une aire plus centrale (Orléanais mais aussi Berry), quant à elle à rattacher plutôt aux groupes du Centre-Est et de l’Est (Bourgogne, Champagne et au-delà). Mais, surtout ici, justement, on observe bien aussi que le territoire berrichon (de nos Bituriges Cubi), est donc dans cette aire d’influence nord-orientale, sans doute en grande partie issue de la voie de pénétration de la viticulture non depuis l’aire méditerranéenne mais par celle du nord des Alpes (supra, voir Lacombe 2012275) : des voies par conséquent fondamentalement différentes de celles des écogéogroupes concernant le Bordelais, par le Sud et sans doute au moins en partie l’Espagne.

  • 276 Absence d’analyses confirmée par Laurent Bouby, rens. juin 2022 : voir cependant quelques pépins en (...)
  • 277 À noter au passage un autre échantillon médiéval (2e moitié du xie s.) provenant du site de “La Mad (...)

276Au-delà de ce point de vue ampélographique qui apparaît en définitive assez suggestif, il est certain que les analyses paléo-génétiques (ADN) sur des pépins trouvés réciproquement en Berry et Bordelais permettraient d’avancer dans la recherche de l’identification de cette “variété” biturica et en tout cas sur les origines génétiques des plants cultivés dans l’un et l’autre de ces terroirs. Mais, pour l’instant, ces recherches ne sont pas assez avancées et n’ont porté que sur des pépins provenant de sites de Transalpine/Narbonnaise, et notamment le Languedoc (Bouby et Marinval 2001 ; Bouby et al. 2005 ; 2013 ; 2019 ; 2021 ; Ramos-Madrigal et al. 2019 : tabl. p. 597-598)276 (Fig. 42), avec seulement une vingtaine d’échantillons277, provenant de contextes archéologiques datés de la fin du vie s. av. n. è. au début du vie s. de n. è.

Fig. 42 - Localisation des sites ayant livré des restes archéobotaniques de vigne (pépins…) utilisés pour analyse biométrique en France en 2001 ; ne nous concerne ici que les points n° 23 (Mazières-en-Mauges), 24 (Tours), 25 (Bourges) et 26 (Argentomagus) ; le point no 20 est Bibracte, hors de l’aire étudié, mais proche d’Autun.

Fig. 42 - Localisation des sites ayant livré des restes archéobotaniques de vigne (pépins…) utilisés pour analyse biométrique en France en 2001 ; ne nous concerne ici que les points n° 23 (Mazières-en-Mauges), 24 (Tours), 25 (Bourges) et 26 (Argentomagus) ; le point no 20 est Bibracte, hors de l’aire étudié, mais proche d’Autun.

D’après Bouby et Marinval 2001 : Fig. 2

277Ainsi se clôt la question de l’attribution de la vigne biturica au Berry ou au Bordelais, par un constat, en définitive, de quasi-égalité des données et arguments. Mais remettons maintenant la première au moins de ces cités – Bituriges Cubi – dans un contexte viticole géographiquement plus large, avec l’ensemble du bassin versant de la Loire.

3. Synthèse et conclusion

278On a tenté ici de réunir les corpus de données de toutes catégories (cf. chap. 1 et les corpus en ligne) concernant cette activité pour toute cette vaste aire, ainsi définie, du bassin versant de la Loire et donc de tous ses affluents jusqu’au chevelu des plus petits contributeurs de l’amont : ceci nous a en tout cas permis de constater des disparités importantes d’une cité à l’autre, qui ne sont qu’en partie dues, parfois, à des effets de source (textes, en particulier). Mais, en revanche, ceci traduit dans une certaine mesure les différences de superficies des plus grandes aux plus petites cités, les surfaces prises en compte ne pouvant en principe qu’influer sur le nombre de données localisées mobilisables…

  • 278 Cette cartographie a été réalisée par Daniel Morleghem (LAT, UMR CITERES, Tours), que je remercie i (...)

279Ainsi, les cartes réalisées par catégories de données permettent, d’abord, d’observer l’ensemble du bassin versant de la Loire à l’aune des realia, avec les aires plus ou moins bien documentées selon les données278.

280Textes (A) : à l’évidence, les textes présentent une image déformée (et tardive), somme toute fort peu représentative, de la viticulture dans l’aire étudiée, avec un effet de source particulièrement frappant pour la cité des Cénomans, grâce au Testament de Bertrand (fin vie-début viie s.) (Fig. 43) ; sans compter que la quasi-totalité des occurrences concernent l’Antiquité tardive, voir le très haut Moyen Âge.

Fig. 43 - Répartition des données textuelles antiques pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire ; pour cette carte et les suivantes, données assurées en noir, données douteuses en blanc.

Fig. 43 - Répartition des données textuelles antiques pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire ; pour cette carte et les suivantes, données assurées en noir, données douteuses en blanc.

DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours

  • 279 En fait peu déterminantes.
  • 280 Celles du Dieu au Maillet étant sans doute bien plus représentatives que celles bachiques.

281Iconographie (B) : pour les représentations de vigne279, rien de net ne se dessine, alors que, pour les représentations divines280, une nette concentration s’observe dans le tiers amont (sud-est) de l’aire ici prise en compte, région privilégiée du culte du Dieu au Maillet (Fig. 44a et b), les documents liés au culte de Bacchus n’ayant ici qu’un pouvoir heuristique assez négligeable.

Fig. 44a - Répartition des données iconographiques pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire : représentations divines.

Fig. 44a - Répartition des données iconographiques pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire : représentations divines.

DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours

Fig. 44b - Répartition des données iconographiques pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire : figuration de vignes, etc.

Fig. 44b - Répartition des données iconographiques pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire : figuration de vignes, etc.

DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours

282Installations vinicoles (C) : plusieurs aires en sont exemptes, au profit d’autres, dessinant deux régions privilégiées, aval, à l’ouest (Andécaves, Turons et est Pictons) et amont, au sud-est (Arvernes et Ségusiaves) (Fig. 45).

Fig. 45 - Répartition des installations vinicoles pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire.

Fig. 45 - Répartition des installations vinicoles pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire.

DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours

  • 281 Il est vrai avec surtout des serpettes de vigneron, dont une bonne partie des exemplaires retenus p (...)

283Outillage (D) : avec une quantité importante de données281, la répartition paraît privilégier certains secteurs au détriment d’autres – avec des vides manifestes, notamment à l’ouest –, mais ceci est sans doute au moins en partie dû à des enquêtes plus ou moins poussées dans ce domaine d’une région à l’autre (Fig. 46).

Fig. 46 - Répartition des données sur l’outillage viticole pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire.

Fig. 46 - Répartition des données sur l’outillage viticole pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire.

DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours

  • 282 Un peu à l’image de ce qu’on note pour les installations viticoles (supra) et les productions d’amp (...)

284Tonnellerie (E) : les données enregistrées, un peu au hasard des effets de la taphonomie pour ce qui concerne en tout cas les restes de tonneaux, se concentrent en aval (ouest) et en amont (sud-est) du bassin versant (Fig. 47)282.

Fig. 47 - Répartition des données sur la tonnellerie pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire.

Fig. 47 - Répartition des données sur la tonnellerie pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire.

DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours

285Plantations de vigne (F) : avec peu d’attestations assurées, la répartition n’est pas très significative, montrant un vide complet pour pratiquement toute la moitié aval du bassin versant (Fig. 48).

Fig. 48 - Répartition des données sur les plantations de vigne pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire.

Fig. 48 - Répartition des données sur les plantations de vigne pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire.

DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours

286Archéobotanique (G) : une répartition qui, pour les données fiables des carporestes, montre des secteurs privilégiés, sans doute par un effet de source dû à l’activité des carpologues (Fig. 49).

Fig. 49 - Répartition des données archéobotaniques (palynologie, carpologie…) pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire.

Fig. 49 - Répartition des données archéobotaniques (palynologie, carpologie…) pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire.

DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours

  • 283 Carte assez similaire à celle des installations viticoles, ce qui ne saurait surprendre. Avec il es (...)

287Productions d’amphores vinaires (H) : des ateliers attestés un peu partout, assez bien répartis, dans une majorité de cités283 (Fig. 50 et 51).

Fig. 50 - Répartition des données sur la production d’amphores vinaires pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire.

Fig. 50 - Répartition des données sur la production d’amphores vinaires pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire.

DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours

Fig. 51 - Les productions d’amphores vinaires, par cité (par province, dans l’ordre des cités d’ouest en est, avec en outre la cité des Bituriges Vivisques).

Fig. 51 - Les productions d’amphores vinaires, par cité (par province, dans l’ordre des cités d’ouest en est, avec en outre la cité des Bituriges Vivisques).

288Ainsi, de manière globale – toutes catégories de données confondues –, on peut observer (Fig. 52) que l’ensemble du bassin versant de la Loire est documenté de manière assez homogène et équitable en ce qui concerne la viti-viniculture antique : on ne distingue, à la rigueur, que quelques fortes concentrations de données, par exemple chez les Turons et les Arvernes, ainsi que quelques aires plus clairsemées, voire quasi vides, pour le centre et l’ouest des Pictons ou la Sologne, entre Carnutes et Bituriges Cubes…

Fig. 52 - Répartition de l’ensemble des données, toutes catégories confondues, pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire.

Fig. 52 - Répartition de l’ensemble des données, toutes catégories confondues, pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire.

DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours

  • 284 Documentation en fait ici essentiellement selon les dossiers de Gallia 2001 et 2011 (Brun et Lauben (...)
  • 285 Une situation que, globalement, ne contredisent pas les corpus un peu plus développés et l’ajout de (...)

289Resteraient à explorer, en relation avec la documentation réunie ici, les conditions naturelles de ces territoires de cités concernés par le bassin versant de la Loire, du point de vue de la géo-pédologie, de sols, de la géomorphologie (pentes, vallées…) et du climat. À ce titre, on peut observer avec intérêt le modèle prédictif selon ces données naturelles, hydrologiques, climatiques, géomorphologiques et géologiques des zones favorables au vignoble en Gaule au ier s., comparé avec les données archéologiques connues avant cette nouvelle enquête et dont sans doute moins complète – sans doute en gros à jour pour 2010284 – pour la viticulture antique (Bernigaud, Bondeau et Guiot 2020 : 57-59, cartes Fig. 3-4 ; Bernigaud et al. 2021 : cartes Fig. 3-4) (Fig. 53a et b) : ainsi, quelques zones semblent a priori défavorables, qui pourtant présentent une documentation importante sur la viticulture antique, dont le Bas-Berry et l’Anjou ; mais aussi, à l’inverse, des zones a priori favorables, pour l’instant sans données archéologiques (Pays de la Loire), ou l’inverse (Orléanais/Chartrain). On observe cependant (Bernigaud, Bondeau et Guiot 2020 : Fig. 4), globalement, une assez bonne concordance entre ce modèle prédictif et les données archéologiques285, pour au moins deux secteurs : d’une part le bassin de la Maine, au nord de la Loire, avec les cités des Diablintes et des Cénomans, et de l’autre le Limousin. Mais, globalement, le modèle prédictif ne semble donc pas donner de résultats particulièrement marquants concernant la viticulture gallo-romaine.

Fig. 53 - a) modèle prédictif des zones potentiellement favorables à l’implantation d’un vignoble en Gaule romaine au ier s. de n. è. ; b) superpositions des données archéologiques sur la viticulture gallo-romaine au modèle prédictif.

Fig. 53 - a) modèle prédictif des zones potentiellement favorables à l’implantation d’un vignoble en Gaule romaine au ier s. de n. è. ; b) superpositions des données archéologiques sur la viticulture gallo-romaine au modèle prédictif.

D’après Bernigaud et al. 2021 : Fig. 3 et 4, DAO N. Bernigaud, CEREGE

290De manière plus générale, on peut également tenter une comparaison entre, d’un côté, la documentation réunie ici pour les cités gallo-romaines concernées, la carte viti-vinicole antique qu’on peut en déduire (cf. supra, Fig. 52) avec, de l’autre, le développement de la viticulture de ces régions à la période contemporaine : ceci a déjà été par exemple tenté pour l’ouest de la Lyonnaise (Hervé-Monteil et al. 2011 : carte Fig. 129) (Fig. 54). Si l’on compare cependant les cartes de données ci-dessus (Fig. 43 à 50 et 52) avec la cartographie du vignoble français aujourd’hui (Fig. 55a et b), rien de bien net ne ressort quant à l’héritage antique du vignoble actuel, sans doute trop marqué par les profondes mutations dues au phylloxéra au xixe et début xxe s.

Fig. 54 - Les données sur la viti-viniculture à l’époque romaine superposées à la carte viticole médiévale et actuelle pour le Nord-Ouest de la France (ouest de la province de Lyonnaise).

Fig. 54 - Les données sur la viti-viniculture à l’époque romaine superposées à la carte viticole médiévale et actuelle pour le Nord-Ouest de la France (ouest de la province de Lyonnaise).

D’après Hervé-Monteil et al. 2011 : Fig. 129, DAO M. Monteil, Univ. de Nantes

Fig. 55 - Viticulture aujourd’hui en France : a) les Appellations d’Origine Contrôlée du vignoble français aujourd’hui ; b) les AOP et IGP du Val de Loire.

Fig. 55 - Viticulture aujourd’hui en France : a) les Appellations d’Origine Contrôlée du vignoble français aujourd’hui ; b) les AOP et IGP du Val de Loire.

a) d’après Pitte 2022 : carte p. 89 ; b) d’après le site en ligne vinsvaldeloire.fr, InterLoire, 2020, consulté fév. 2021

291Une démarche régressive, ajoutant au propos un examen de la situation de la viticulture à la période moderne puis médiévale aurait-elle été susceptible d’apporter un supplément significatif d’éclairage à la question examinée ici ? On y a renoncé, notamment pour ne pas encore alourdir ce dossier déjà substantiel, mais ceci serait peut-être à tenter par la suite…

292En définitive, plus que les conditions naturelles plus ou moins favorables à la viti-viniculture, c’est apparemment la croissance de la demande qui – la consommation de vin se démocratisant en Gaule au cours de la première moitié du Haut-Empire – commande l’extension spectaculaire de cette culture, tout particulièrement dans les Trois Gaules qui nous occupent en grande partie ici. Les “chefs d’entreprise” que deviennent alors à travers les Gaules les grands propriétaires fonciers voient leur intérêt à développer cette culture et le commerce du vin qui en est issu, une activité alors des plus lucratives et rentables, comme l’avait d’abord montré son développement en Narbonnaise, dans la vallée du Rhône comme en Languedoc. C’est bien cette mutation agricole qui explique – sans doute bien plus que la recherche de terroirs favorables – l’extraordinaire développement de cette activité viti-vinicole à travers toutes les provinces gauloises et germaniques, et particulièrement dans tout ce vaste bassin versant de la Loire : ce y compris dans des terroirs aujourd’hui réputés comme impropres à cette culture…

293En effet, du point de vue chronologique, on pourrait de prime abord penser que c’est l’Antiquité tardive qui voit le floruit de la viticulture en Gaule centrale, si l’on en juge à partir de la documentation jugée comme la plus fiable, celle fournie par les textes. Mais ce serait oublier l’effet de source particulièrement prégnant qu’exercent ces données textuelles en la matière, dans le paysage littéraire de la Gaule intérieure, qui privilégie nettement le Bas-Empire et au-delà, au détriment des périodes précoces et du Haut-Empire. La mise en regard, effectuée ici, de ces données avec celles iconographiques et surtout archéologiques de tout ordre permet en fait de constater que la période de croissance maximale de cette viticulture gallo-romaine remonte bien aux ier et iie s. de n. è. et est même parfois plus précoce, dès la première moitié ou le milieu du ier s. de n. è., comme on le constate par exemple de manière frappante dans les cités des Turons, des Bituriges Cubes ou des Arvernes, mais aussi par exemple pour celle des Bituriges Vivisques du Bordelais, examinée ici en regard pour la question spécifique de la vigne biturica.

294C’est en effet cette dernière question, à propos des Bituriges Cubes du Berry, alors comparés aux Bituriges Vivisques du Bordelais, qui a été traitée en détail, d’un point de vue historiographie et critique. On a vu en effet que l’examen des données concernant la viti-viniculture antique dans l’ensemble du bassin versant de la Loire – incluant donc la cité des Bituriges Cubes – nous avait entraînés à examiner de nouveau cette question de la vigne biturica/biturigiaca mentionnée par les textes au ier s. de n. è. (cf. chap. 2).

  • 286 Ce qui en fait apparaissait déjà implicite dès le départ !

295Pour cette question, la comparaison des connaissances acquises dans ce domaine pour d’un côté cette cité des Bituriges Cubi du Berry et de l’autre celle des Bituriges Vivisci du Bordelais n’a pas permis de privilégier nettement l’un ou l’autre pour l’attribution de ce plan “biturige”. Quant à cette question initiale, on doit donc admettre286 qu’elle reste en l’état en suspens, sans qu’on puisse clairement et objectivement se prononcer en faveur de l’une ou de l’autre de ces deux cités. Ceci du moins en l’état de la documentation qu’on a pu mobiliser. La question pourra-t-elle d’ailleurs être un jour résolue ?

296Cependant – sans sombrer dans l’habituelle lapalissade qui consiste à dire que la poursuite des recherches permettra certainement d’en savoir plus –, sans doute peut-on au moins, plus sérieusement, penser que les progrès des recherches bio-génériques sur l’ADN, aujourd’hui en plein développement, permettront d’apporter quelque éclairage sur l’origine réciproque des vignobles d’une part du Bordelais, de l’autre du Berry…

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Bibliographie

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Annexe

** : remplace l’initiale du prénom d’auteur quand celui-ci est inconnu.

BP : before present, avant le présent (soit 1950), pour les dates 14C calibrées et autres.

BNF : Bibliothèque Nationale de France.

c. : circa (pour une date : autour de –).

CD : Conseil Départemental.

CG : Conseil Général (aujourd’hui Conseil Départemental).

CIL : Centre-Île-de-France.

CNRS : Centre National de la Recherche Scientifique.

CVL : Centre-Val de Loire.

DAF : Documents d’Archéologie Française.

DARA : Documents d’Archéologie en Rhône-Alpes puis Auvergne).

h.t. : hors texte.

i.e. : id est/c’est-à-dire.

Inrap : Institut National de Recherche en Archéologie Préventive.

MAN : Musée d’Archéologie Nationale de Saint-Germain-en-Laye.

Ms. : manuscrit.

MSH : Maison des Sciences de l’Homme.

n. è. : notre ère (chrétienne : av. – et de –).

s.d. : sans date (pour une réf. bibliographique).

s.l. : sans lieu d’édition.

SFECAG : Société Française d’Étude de la Céramique Antique en Gaule.

SRA : Service Régional de l’Archéologie.

s.v. : sub verbo/sous le mot (dans un dictionnaire, index ou autre).

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Notes

1 Et non “Vitis vinifera” et “Vitis sylvestris” tout court, sans ssp. (= sub-species), ceci selon la nouvelle nomenclature botanique (Flora Gallica), comme me l’a confirmé Véronique Zech-Materne, que je remercie ici ; mais les botanistes spécialistes de la vigne utilisent soit “V. vinifera vinifera”, soit “V. vinifera sativa”, voire “V. sativa” tout court (opposée à “V. silvestris”, sauvage).

2 Au sujet de l’apparition de la vigne comme pour le débat au sujet de la biturica, notamment du point de vue génétique, je remercie chaleureusement ici Laurent Bouby pour ses précieuses informations.

3 Assises historiques du vignoble français contemporain oblige !

4 On notera d’emblée que, pour l’Antiquité tardive, la documentation textuelle privilégie quelques régions au détriment d’autres : voir Brun et Balmelle 2004 ; et infra, § 1.1.

5 Cette référence constitue, en diptyque avec Brun et Laubenheimer 2001a, l’état des lieux le plus complet et récent sur la viti-viniculture en Gaule.

6 Alors qu’auparavant – et surtout en Narbonnaise – celle-ci était faite dans des dolia, grandes jarres enterrées dans les chais, avant transvasement dans des amphores pour le transport. À ce sujet, voir infra, § 1.3.3.6, dont bibliographie.

7 Le terme de “cépage”, parfois utilisé dans les traductions pour les désigner est en fait erroné et trompeur : ceux-ci sont en effet des unités pratiques culturales et non des entités de la nomenclature botanique, hiérarchisée (Bisson 2009 : 9). Merci à Henri Galinié d’avoir attiré mon attention sur cet aspect du vocabulaire, le terme actuel de “cépage” n’ayant apparemment pas d’équivalent stricto sensu en latin : voir plus bas (sous-chap. 1.1) les termes utilisés pour désigner ces “variétés” de vignes à vin.

8 Dont seulement trois supposés “cépages” portant des noms se référant à des régions de Gaule (André 1952 : 128-131) : outre la biturica, l’allobrigica des Allobroges de la rive droite du Rhône moyen et la raetica des Rètes du Valais (et non de la province de Rétie), l’helvennaca paraissant en revanche faire référence non au Helviens de la vallée du Rhône mais à la région du fleuve Helvinus, aux confins du Picenum, en Italie ; la gallica semble quant à elle originaire de Gaule Cisalpine et non de “notre” Gaule Transalpine (ou Narbonnaise) ; on peut encore mentionner (André 1952 : 133 et 150) la carbunica de Narbonnaise, dont le nom semble dériver d’un anthroponyme Carbo–, courant en Gaule, ainsi que la marcus, étymologiquement d’origine gauloise.

9 Ou, en latin – indifféremment ici dans le texte –, Bituriges Cubi et Bituriges Vivisci.

10 Mais surtout le Val de Loire, pour la Loire moyenne et basse.

11 Brun et Laubenheimer 2001a ; Poux, Brun et Hervé-Monteil 2011 ; on peut voir aussi, plus récemment, le colloque en ligne “Vine-growing and winemaking in the Roman world” (dir. D. Van Limbergen, E. Dodd et M. S. Busana), 27-29 oct. 2021, avec 5 communications sur la Gaule et la Britannia.

12 Soit plus de dix ans après la publication de ce second dossier.

13 On débordera donc largement les limites traditionnellement attribuées au vignoble du Val de Loire (cf. Vignoble… 2020).

14 Selon le site Bassin de la Loire”, en ligne.

15 Soit, d’ouest en est, les départements actuels de Loire-Atlantique, Vendée (partie N), Deux-Sèvres (sauf SO), Mayenne, Sarthe, Maine-et-Loire, Vienne (et pointe extrême NE de la Charente), Indre-et-Loire, Eure-et-Loir (sud) (et frange sud de l’Orne), Loir et Cher, Loiret (sauf NE), Indre, Haute-Vienne, Cher, Nièvre, Creuse, Allier, Saône-et-Loire (extrême S), Puy-de-Dôme, Cantal (est), Loire, Haute-Loire, Lozère (bordure est) et Ardèche (frange NO, source de la Loire).

16 Ces deux aspects, parfois contradictoires mais cependant souvent éclairants, m’ont paru utiles à développer ici.

17 Précision de L. Bouby, juin 2022, que je remercie de nouveau ici.

18 En rappelant ici les jus de raisin fermentés connus sans doute depuis la fin de l’âge du Bronze : cf. supra, § 1.3.3.

19 Voir par exemple, à partir des données paléobotaniques et avant le développement de la génétique : Rivera Nuñez et Walker 1989.

20 Voir ses graphes Fig. 2.1, pour les échantillons de vigne cultivée, avec un quart (597 éch.) provenant d’Europe occidentale, et Fig. 2.2, pour les lambrusques, avec un peu moins de la moitié (179 éch.) provenant de France continentale.

21 C’est-à-dire des vignes à raisin soit de cuve (“cuve”, i.e. la vinification), soit de table (“table”, pour la consommation directe du raisin), ou encore les deux (“cuve-table”, selon les groupes.

22 Et donc également l’ampélographie : cf. ci-dessus dans ce §.

23 Après les glaciations.

24 Bien qu’en réalité on n’en sache rien, selon L. Bouby, juin 2022.

25 La lambrusque présentant en principe naturellement des formes mâles et femelles.

26 L. Bouby (informations juin 2022) considère cependant, en général, qu’il serait lui-même sans doute plus prudent que je le suis ici, en matière d’ampélographie et de génétique, en se fiant surtout à Lacombe 2012, qui relève d'une approche intégrant la génétique, sans doute plus fiable que l’approche plus strictement ampélographique de Bisson 2009.

27 Bien qu’il ne faille sans doute pas accorder trop d’importance au décret de Domitien, limitant la culture de la vigne en Gaule mais apparemment peu appliqué en réalité, ni par conséquent à son abrogation par Probus en 276 (cf. infra, § 1.2).

28 Bien qu’on ne connaisse en fait aucun comptoir phénico-punique sur la côte méditerranéenne de la Gaule.

29 À noter cependant que L. Bouby (rens. juin 2022) considère qu’il vaudrait mieux ne pas s’aventurer à suivre de trop près les scénarios historiques proposés par Bisson 2009, car selon lui il n’y a pas de moyen de restituer l’histoire en ampélographie, mais seulement d’émettre des hypothèses : en effet, on sait par exemple aujourd’hui, grâce à la génétique, que ces scénarios de domestication directe in situ ne tiennent pas (voir Lacombe 2012).

30 Voir la liste des cépages, avec leur origine (Bisson 2009 : 48-49).

31 Pour le détail de ces écogéogroupes ici concernés, notamment pour la question de la biturica, voir plus bas le sous-chap. 2.4.

32 Ceci confirmé par Laurent Bouby, rens. du 12 juin 2022.

33 Malgré de nombreuses précisions sur les campagnes gauloises et leurs cultures, notamment céréalières, qui semblent assez proches de la situation réelle, ce qui conforterait la réalité de cette absence alors (mil. du ier s. av. n. è.) de vigne cultivée en Gaule intérieure.

34 Et non Luzech (Lot), comme le propose l’éd. du texte (p. 311, n. 1 et p. 312, n. 1) ; voir la même utilisation de tonneaux lors du siège de Marseille en 49 av. n. è. (César, C, II, 11, 2). Ceci donc pour des tonneaux dans ce cas bien sûr non forcément destinés à contenir du vin…

35 Sa Géographie est écrite entre 20 av. n. è. et sa mort en 23 de n. è. mais sa documentation est souvent bien plus ancienne, avec notamment Posidonios, avant 50 av. n. è. et la conquête césarienne.

36 Soit le Centre-Ouest de la Gaule.

37 Œuvre écrite entre 37-36 et 27 av. n. è.

38 Allusion probable à la Guerre des Gaules (58-51 av. n. è.), bien que César (G) ne mentionne pas Scrofa.

39 En utilisant non pas le terme “cupa” mais une périphrase : cf. infra à propos des tonneaux (§ 1.3.3.3).

40 Alors en friche, ce pagus n’est pas localisé avec précision mais en tout cas situé dans la vallée de la Saône, sans doute près de Beaune, et donc hors de notre aire d’enquête.

41 On peut se demander ce que représente ce terme pour les Éduens, au début du ive s. : l’ensemble des trois nouvelles provinces d’Aquitaine Première – contiguë de leur territoire –, Aquitaine Seconde et Novempopulanie, ou seulement cette dernière, la plus au sud-ouest, avec notamment la cité de Bordeaux.

42 NB : des mesures de restriction de la culture de la vigne et de la production de vin avaient déjà été prises auparavant, et concernant notamment, pour la Gaule, la seule Transalpine : elles sont mentionnées par Cicéron (Rep., III, 9, 16 ; voir Brun 2001 : 224 ; cf. Aymard 1948).

43 Phénomène qu’on tend donc à attribuer – à tort – à l’autorisation par Probus, au iiie s. de cultiver la vigne en Gaule, revenant donc sur l’édit de Domitien (de la fin du ier s.) qui limitait la plantation de nouvelles vignes en Gaule, un interdit qui en vérité semble avoir été fort peu suivi, si l’on en juge par le constat fait presque partout en Gaule d’un important développement de la viticulture dans la 2e moitié du ier s. et au iie s., selon alors les données archéologiques qu’on va examiner.

44 Pour lesquels le dictionnaire Gaffiot (1934) renvoie justement à une inscription italienne, CIL X, 7040.

45 Type “Vinzelle”, “Vignol”…

46 Sauf éventuelle attestation textuelle ou épigraphique antique de tels lieux-dits, dont on n’a pas noté d’occurrence dans l’aire ici concernée. Voir aussi, pour l’Anjou : Arnaud 1990 ; pour le Limousin : Villoutreix 1995.

47 Bien que moins abondantes que dans le Centre-Est et l’Est de la Gaule, particulièrement bien représentées en Bourgogne : voir Colombet 1947/53 ; 1949 ; et voir y compris des statuettes en terre cuite, essentiellement des ateliers du Centre de la Gaule – i.e. dans notre aire de recherche –, qui apparaissent dans la seconde moitié du iie s. (Bémont et Jeanlin 1993 : 131) ; pour ces statuettes, voir : Rouvier-Jeanlin 1972 : 219-223.

48 Le premier auteur sans doute à associer cette divinité à la viticulture, la nommant déjà le “Dieu au maillet”.

49 Selon Michel Provost (1993 : 218-219), le nombre des représentations de Bacchus serait limité en Gaule.

50 Ne seront en revanche pas prises en compte, car trop polyvalentes et ambiguës, les représentations de Silènes, Faunes et Satyres, assez nombreuses ; et de même on ne prendra pas en considération les petits vases en verre en forme de grappe de raisin, assez bien représentés notamment en contexte funéraire, ne serait-ce que parce qu’on n’en connaît en général pas les ateliers de production, sans doute extérieurs à l’aire étudiée ici.

51 Contrairement par exemple à Dumasy et al. 2011 : 134-137, malgré les précautions prises à ce propos, p. 134.

52 C’est notamment le cas, en dehors de notre aire d’étude, du pressoir de Parville (Eure), du ive s. (Hervé-Monteil et al. 2011 : 166-178), ou encore de celui, également du Bas-Empire, de Luzarches (Val-d’Oise) (Couturier 2003).

53 Mais seulement – vin en vrac – dans des navires maritimes, spécifiques, aux dolia fixes.

54 En latin, cella vinaria.

55 Même en l’absence de “cuvettes à dolia” (fosses d’installation, voire de récupération).

56 À ce sujet, voir aussi : Trément 2017b : 776.

57 Voir Ferdière 2019, dont p. 77.

58 Pour des questions de manutention comme de température ambiante ; et les piliers ne caractérisent pas, a priori, des supports maçonnés pour des travées de foudres.

59 Un seul cas probant mentionné dans le corpus (en ligne) pour la cité des Turons.

60 Comme c’est le cas de plusieurs sites viticoles d’Aquitaine (infra, sous-chap. 2.3 ; voir corpus, en ligne, et Balmelle et al. 2001). Hors de notre aire d’étude, voir par exemple, plus récemment, un nouvel exemple chez les Santons, à La Rochelle (Un chai… 2009) et surtout le chai de Boulazac (Dordogne), avec pressoir et important dépôt de pépins de raisins et autres macrorestes (Bost et Bohny 2017 ; cf. Trément 2017b : 776), ainsi qu’en Bourgogne, le bel exemple de chai (avec pépins de raisin) de “Collonges” à Lournand (Saône-et-Loire) (Guyot 1996 : 236 ; cf. Brun 2011).

61 Falx vinatoria, dénommée aussi “falx vineatica” par Varron (Rust., I, 22, 5) ; voir les “falces putatorias, quibus in arbore utamur et vite” de Palladius, Agr., 1, 42, 1. Cet outil est absent du dépôt métallique tardif de Tarquimpol (Moselle) et l’on ne sait pourquoi celui-ci a, à sa découverte, été interprété comme regroupant l’outillage d’un vigneron (Lutz 1952) ; voir encore Columelle (Rust., IV, 25), “voici la description de la serpe du vigneron, telle qu'elle doit être disposée : la partie la plus rapprochée du manche et dont le tranchant est droit, s'appelle le couteau, à cause de sa ressemblance avec cet instrument ; on appelle courbure, la partie concave ; scalpel, le tranchant qui descend de la courbure ; bec, la pointe recourbée du tranchant ; hache, l’espèce de croissant qui est placé au-dessus du bec ; et glaive, la pointe horizontale qui se trouve à l'extrémité” (trad. L. Du Bois, éd. Panckoucke, 1844, en ligne sur Remacle) ; il ajoute “Or telle est l’ordonnance et la figure de la serpe de vigneron. La partie la plus voisine du manche, qui présente la lame dans une direction droite, s’appelle le culter à cause de sa ressemblance avec un couteau ; celle qui est recourbée s’appelle sinus ; celle qui descend de la courbure s’appelle scalprum, celle qui la suit et est crochue s’appelle rostrum ; celle qui surplombe cette dernière dans la forme d’une moitié de lune s’appelle securis ; enfin, celle qui part de l’extrémité de la serpe, et qui est penchée sur le devant en forme de pointe, s’appelle mucro. Chacune de ces parties a une fonction particulière…” (trad. Saboureux de B., éd. Nisard).

62 Sur la falx vinatoria, voir Darembert, Saglio et Pottier 1877/1919 : s.v. et Fig. 2865 ; dont une figure d’un manuscrit de Columelle (pour Rust., IV, 25) (Thévenot 1953 : Fig. 8).

63 Voir par exemple, pour le Berry, Dumasy et al. 2011 : 114-119, Fig. 66, qui – malgré quelques précautions oratoires vite balayées (p. 119 : ces outils “ne sont pas clairement viticoles”) – présente une série de 9 serpes de vigneron, parmi lesquelles on n’a retenu dans notre corpus (2e partie) comme certain qu’un seul exemplaire (n° 9, de Thizay, probable serpette de vendange). Sur cet outil traditionnel du vigneron, ainsi qu’à l’époque romaine, voir : Lagrange 1965 ; Rich 1983 : 259 ; Darembert, Saglio et Pottier 1877/1919, II (1896) : 969 ; Garde 1959 ; Parruzot 1954 ; Hofmann s. d., 1 : Pl. III et IV.

64 Tel que par exemple représenté sur une stèle funéraire de Saint-Ambroix-sur-Arnon (Cher) : Espérandieu 1907/81 ; IX, n° 70, 10 ; Cirier 1986 : 239, n° XI-15 ; Chevrot et Troadec 1992 : 173, Pl. 12.

65 Quant au couteau à vendanger traditionnel, sans doute proche de cette dernière, c’est un outil sans doute trop atypique pour pouvoir être identifié avec certitude, et on ne l’a donc pas non plus systématiquement retenu ici.

66 Équipement nécessaire pour un vignoble.

67 Pour les serpettes possiblement de vigneron dans le Val de Loire en général, voir Provost 1986 : 335 ; cf. Couderc et Provost 1990.

68 Voir chez lui la préparation (aiguisage) des serpettes (falculae) pour la vendange (Rust., XII, 18, 2).

69 La pastinatio, pour une pépinière ou un vignoble, qui doit atteindre 3 pieds de profondeur (soit env. 1 m), selon Columelle, Rust., III, 5, 3 ; Pline l’Ancien, NH, XVII, 159 ; Palladius, Agr., II, 10, 1-2.

70 Ni l’un ni l’autre de ces types de tarière n’a été pris en compte dans la base de données OUTAGR (2016) en ligne, qui est axée sur l’outillage agropastoral. Les deux exemplaires de la forêt de Compiègne proviennent sans doute de la cave n° 4 de l’agglomération de “la Carrière du Roi” à Morienval (Oise) (Cauchemé 1902 ; Reinach 1926 : 266, Fig. 274, n° 29.050 ; Hofmann s.d. : Pl. VI, n° 41-42) ; voir infra la terebra gallica (sous-chap. 2.2).

71 Palladius (Agr., I, 6, 2), entre autres, recommande d’avoir des fabricants de “jarres et cuves” (ou tonneaux ?) (doliorum cuparumque factores) sur son domaine.

72 Sur le débat “dolia/tonneaux”, voir le récent dossier : Carrato et Cibecchini 2020, dont les contributions de J.-P. Brun (p. 275-282) et D. Djaoui (p. 261-273), ou encore Mauné et Bourgaut 2020 : 213-216 : l’argument du tonneau ne doit pas être trop systématiquement utilisé pour expliquer les lacunes documentaires.

73 Dont dans la moyenne vallée du Rhône, citons l’exemple emblématique, remarquable par son ampleur, de Donzère, “le Molard” (Drôme) (Odiot 1996 ; Jung et al. 2001 : 115-117 ; Favory 2013 :154-156), mais surtout, récemment et plus généralement pour la Narbonnaise, avec des dizaines d’exemples : Carrato 2017a et surtout 2017b ; Carrato et Cibecchini 2020.

74 Capacité de quelques dizaines de litres…

75 Sur le tonneau-cupa en général dans l’Antiquité, voir : Darembert, Saglio et Pottier 1877/1919 : s.v., p. 215, et bibliographie infra. Si son développement en Gaule n’est pas en lien avec la réduction des importations vinaires en amphore, d’Italie, de Narbonnaise et d’ailleurs, entre ier et iie s., en fait surtout remplacées par les vins gaulois en amphores locales à fond plat, il est par exemple relevé par É. Thévenot (1951 : 262) comme possible argument du développement de la viticulture bourguignonne au moins à partir du milieu du iie s.

76 Ce qui d’ailleurs pourrait ne pas être étranger au point souligné supra (sous-chap. 1.1) d’une voie nord-alpine d’introduction de la vigne cultivée en Gaule.

77 Rien ne dit cependant ici que ces tonneaux étaient à l’origine destinés à contenir du vin ou d’autres produits, tels que la bière.

78 Il le devient à partir du iie s. : voir par exemple une inscription des Rome du iiie s. concernant le lieu de débarquement du vin importé (CIL VI, 1785 = 31931 ; Rougé 1957 ; et cf. Isidore de Séville, Etym., XX, 6, 7, s.v. cupa seu vagna : “cupos et cupas a capiendo, id est accipiendo, aquas vel vinum vocatas ; unde et caupones” ; Corpus Gloss., II, 119, 15, s.v cupa seu vagna (βοῦττις μεγάλη (boutis mégalè), ἥν τινες γαυλόν καλοῦσιν) et V, 638, 73 (cupas ubi ligeris) ; cf. CIL V, 985 (don d’un domaine avec 60 tonneaux de vin) ; et voir, parmi les instrumenta pour le transport des produits du domaine dans un texte juridique du iiie s., les cup(p)ae et cuppulae (tonneaux) (Dig. (Ulpien), 33, 6, 3, 1 et 7, 8 ; 7, 12, 1 ; cf., pour les autres conteneurs, 33, 6, 6 ; 6, 8, 8 ; 6, 15 ; 7, 21 ; 9, 11), mais aussi les amphores, dolia (parfois traduit par tonneau) et cadi, culei (outres) ; jusqu’au grammairien de la fin du ive s.-début du ve s. Nonius Marcellus (Comp., 83, 19 et 24), renvoyant à Varron (cupa, tonneau) ; et voir, pour l’unité de mesure de capacité des navires, le remplacement tardif de l’amphora pas la cupa (édit (novelle) de Valentinien III (425-455) : Novell. Val., 29 (XXVIIII), 2 ; Tchernia 1986 : 287, n. 83).

79 C’est encore le sens qu’a apparemment “cupa” chez Pétrone (Sat., 60, 3).

80 Qui utilise une périphrase (ligneis vasis = vases en bois) pour désigner le tonneau utilisé au-delà des Alpes ; voir de même “… uasa… uiatoria ex ea uinus in Galla facta…” (NH, XVI, 50). Il est à noter que la langue grecque classique ne comporte pas à l’origine de mot pour le tonneau : ainsi, au temps d’Auguste, Strabon (Géogr., V, 1, 12), évoque, en Cisalpine (entre Pô et Apennins), des vins abondants, révélés par la taille des tonneaux, en bois, “plus grands que des maisons” (πίθοιξύλινοι (pitoi… xulinoi)… = “jarres” en bois”) ; et Hérodien (Hist., VIII, 4, 4), dans la première moitié du IIIe s., doit utiliser aussi une périphrase (“récipients pour le vin faits de bois arrondis” = … οἰνοφόρα (oinophora) σκεύη περιφεροῦς ξύλου (xulos), …) pour décrire le pont de tonneaux utilisé par Maximin, en 238, pour passer une rivière près d’Aquilée (Tchernia 1986 : 286-287) ; K.D. White (1975 : 141-143) propose toutefois le grec βοῦττις (bouttis)pour “tonneau”, selon le Corpus Gloss. (mot cependant absent du dictionnaire Bailly).

81 Cicéron (Pis., 27 (67)), au milieu du ier s. av. n. è., parle déjà du vin chez le détaillant, directement sorti du tonneau (vinum a propola atque de cupa). Pour l’origine celtique du tonneau et ses occurrences en Gaule, voir : Grenier 1934 : 601-606 ; Keune 1918 : col. 345-346 ; Renard 1961 ; Sereni 1964 : chap. XXXIII ; Forbes 1965 : 124-125 ; Duch 1970 ; White 1975 : 141-143 ; Tchernia 1986 : 285-292 (qui, p. 285, n. 75, propose une origine soit celtique, avec le tonneau à bière, soit possiblement étrusque ; cf. Desbat 1997 : 118 :terme cupa d’origine étrusque (cf. supra) et usage du tonneau en Étrurie avant les Celtes ?) ; Desbat 1991 ; 1994 ; 1997 ; Baratta 1994 ; Marlière 2002 : 27-28 ; Frei-Stolba 2015 ; Mille et Rollet 2020 (selon ces deux dernières publications, aucune découverte récente de tonneaux antiques ne vient s’ajouter à ceux mentionnés infra pour les cités concernées par le bassin versant de la Loire).

82 Tel celui du Bernard (Vendée), infra, § 1.4.2.1 et corpus en ligne, cité des Pictons).

83 D’ailleurs non spécifiques au vin et existant en Gaule intérieure avant la période romaine.

84 En général utilisés aussi en charpenterie, voire en charpenterie navale (Desbat 1997 : 115).

85 Lame légèrement courbe, munie à chaque extrémité d’une poignée perpendiculaire pour la manier.

86 On en verra quelques exemples, dans certaines cités concernées (cf. infra sous-chap. 1.4 et les corpus en ligne). Voir une (ou deux ?) plane(s) de la forêt de Compiègne (“la Carrière du Roi” à Morienval, Oise) (Cauchemé 1902 : 85, Pl. XIV), de seulement 18 cm de largeur, peut-être de tonnelier (ici avec ascia). Mais on ne pourra systématiquement prendre en compte toute cette panoplie d’outils, plusieurs étant largement polyvalents.

87 Parfois désignés par le terme plus générique de signacula.

88 Ces derniers auteurs proposent que les marques frappées soient celles non des tonneliers-fabricants de tonneaux mais, en amont, des mérandiers, qui prélèvent en forêt le bois pour les douelles, alors que les marques pyrogravées correspondraient à celles des tonneliers eux-mêmes. Ces marques estampillées à chaud au fer pourraient aussi être celles des propriétaires exploitants viticoles.

89 À noter que l’on n’évoquera pas ici les outres, dont on sait pourtant qu’elles ont été utilisées en abondance, en Gaule, pour le transport de vin (Marlière 2002 : 13-26), car on en n’a aucune attestation (textuelle, iconographique et bien sûr archéologique) pour l’aire géographique ici considérée.

90 Par exemple en Île-de-France, à Bruyères-sur-Oise (Val-d’Oise) (Toupet et Lemaître 2003) – un exemple qui reste douteux – ou en Bourgogne, à Gevrey-Chambertin même (Côte-d’Or) (Chevrier 2009), dont la datation est d’ailleurs aussi aujourd’hui discutée.

91 Sous-chap. 1.4 et corpus en ligne, Bordelais inclus.

92 À noter que les découvertes de pépins de raisin (en principe cultivée, distingués de ceux de lambrusque) en contexte archéologiques, pour l’âge du Fer et la période romaine, ont récemment été recensés pour la -Région Centre-Val de Loire (cités des Carnutes, Turons et Bituriges (Linger-Riquier 2019 : 22-25 ; cf. aussi rens. Bénédicte Pradat, que je remercie ici) : on remarque leur absence avant La Tène Ancienne, puis plus tard du ive au viiie s. de n. è. Et la seule découverte signalée pour le Bas-Empire est hors de notre aire de recherche, franchement en territoire sénon et dans le bassin versant de la Seine, à Pannes (Loiret) (identif. B. Pradat, in : Frénée 2006). Pour les régions du Centre-Ouest (dont ici cités des Namnètes, Andécaves, Pictons), le taxon Vitis vinifera sylvestris est noté dès l’âge du Bronze Final (dont Jaulnay-Clan, Vienne) (Marinval 1987 : 250, tabl. p. 244, carte Fig. 4).

93 En général, et notamment quant à l’émergence de la viticulture en Gaule, à travers les données carpologiques, voir Marinval 1988 ; 1997 ; Matterne 2001 (cf. p. 83).

94 Hors de notre aire d’enquête, les productions d’amphores de Lyon-Lugdunum sont considérées comme plutôt destinées à reconditionner ici le vin importer par bateau à dolia (ou chargés d’outres) de Narbonnaise, remontant le Rhône (cf. infra, § 1.3.1.9, avec bibliographie).

95 La morphologie seule n’étant pas toujours suffisante.

96 Et alors y compris avec des données textuelles ou iconographiques.

97 Si le contenu supposé en est assuré ; et ce, sinon pour le lieu même de l’atelier, du moins pour le secteur alentour.

98 Avec une petite incursion en Narbonnaise : frange occidentale du territoire helvien (haute Ardèche), avec la source de la Loire… Sans compter, pour la question de la vigne biturica, l’examen de la cité des Bituriges Vivisques, en Aquitaine du sud-ouest.

99 Pour la viticulture dans l’ensemble de la province, voir aussi : Ferdière 2011 : 85-86.

100 L’index de la CAG 44 (Provost 1988d : 162), s.v. “Bacchus”, renvoie à “33(58), embouchure de la Loire”, c’est-à-dire à un § 58 de la notice Rezé (n° 33, p. 45-63) – dans la cité des Pictons et non des Namnètes – qui en fait n’existe pas : il faut aller chercher dans l’“Appendice iconographique” (p. 157-158) pour trouver, sous la réf. 33 (58), la mention d’une “tête humaine (calcaire coquillier)” – sans mention de Bacchus – ; et dans Provost 1993 : 353, il est en revanche indiqué une intaille “représentant Bacchus”, à Rezé (CAG 44.33.58) (indiqué infra, § 1.4.2.1 et corpus en ligne, en fait donc en territoire picton) (confirmation Martial Monteil, déc. 2021, que je remercie ici).

101 Du moins pour la partie qui nous concerne ici.

102 L’introduction de la viticulture en Anjou à l’époque romaine est évoquée par : Leturcq et Musset 2017 : 24-25.

103 En tout cas plus que sa voisine la cité namnète (supra, 1.4.1.1), même si sans doute un peu moins, pour ce Val de Loire moyen et inférieur, que celle des Turons (infra, 1.4.1.6).

104 Les données tardives – au demeurant textuelles – de ce territoire seront donc traitées infra avec cette cité cénomane (alors du Mans).

105 Formant la Maine, en territoire andécave, après sa confluence avec la Mayenne et le Loir.

106 Qui “ratisse” assez largement au-delà de la Touraine.

107 Et voir Dion 1959 : 165, 171, 177… ; Ferdière 2011 : 85-86.

108 NB : Franc., VI, 44 (en 581) et IX, 5 et 17 (en 587) – signalés notamment par Couderc 1990 au sujet de vignes gelées, ou repoussant encore en octobre en Gaule – ne concernent pas spécifiquement la Touraine ; il en est de même, en Franc., VI, 44 et IX, 17 ; et les vignes mentionnées dans le différend entre Bobolène, référendaire de Frédégonde, et Domnole, fille de Victeur, ne sont pas localisables ; sur la vigne et le vin chez Grégoire de Tours en général, voir Séguy 2021.

109 Il est en outre à noter que le domaine de Cariacus, que l’on a mentionné plus haut pour les Andécaves (1.4.1.2), a parfois été situé – sans doute faussement – dans la cité de Tours.

110 Cependant, on a signalé un buste de statue qui représenterait Sucellus, le “Dieu au maillet”, à Paulmy (Indre-et-Loire) (Sergent 2006 ; 2012 : 170) : ce document n’est pas à retenir ici car ce buste de “Pauvrelay” concerne en vérité une divinité gallo-romaine au torque (et peut-être poignard), clairement différente (Provost 1988a : 33 ; cf. Laruaz 2014).

111 Pour la biochimie, voir infra (Berry, § 1.4.2.2) les résidus de vin supposés dans un vase d’une sépulture de Lignières.

112 Respectivement – notons-le – sur les deux importants affluents de rive gauche de la Loire, le Cher et la Vienne.

113 Pour la viticulture en Beauce, Chartrain et Orléanais au Moyen Âge – aucune mention avant les vie-viie s. (cf. corpus, 2e partie) –, voir : Dion 1959 : 253 sqq. ; Chédeville 1973 : 222 sqq. ; cf. Ferdière 1978, I, 1 : 23-24, 394-399, 455.

114 Pour le strict bassin versant de la Loire : le sud de l’Eure-et-Loir, la partie NO du Loiret et la plus grande partie du Loir-et-Cher, soit surtout l’Orléanais et le Blésois, avec la cité tardive des Aureliani.

115 Ce qui fait qu’on maintiendra quand même ce site dans les inventaires de données (corpus en ligne).

116 Peut-être aurait-on pu se demander si la “cuve” interprétée comme liés au travail du lupin signalée aux abords de l’importante agglomération antique de Verdes “la Méraudière” (Loir-et-Cher) ne seraient pas plutôt des cuves d’une installation vinicole gallo-romaine (Franchet 1929 ; non mentionné dans la CAG 41 : Provost 1988b) : construction en calcaire de Beauce, avec un dallage et une auge en cuvette (incomplète, en l’état : 5,4 x 0,9 x 0,4 m), avec caniveau, le tout sans doute inclus dans un bâtiment ; la description et les figures fournies par cet auteur ne permettent aucune certitude, et il pourrait tout aussi bien s’agir d’un tronçon d’aqueduc…

117 On aurait pu ajouter, en territoire carnute mais non plus dans le bassin versant de la Loire, une “pioche de vigneron” sur la vaste villa gallo-romaine de Maule “La Vallée d’Agnou / Les Rimbourgs” (Yvelines) (Barat 2007 : 225). Et l’on pourrait aussi signaler, hors de notre champ chronologique, à Saran (Loiret), près d’Orléans, une houe à fer triangulaire et emmanchement à œil pour un manche formant un angle fermé avec le fer, probable houe à déchausser dans un village de la fin du Haut Moyen Âge, pour sa phase 5 (viiie-ixe s.) (Laurent, Payet-Gay et Fencke 2019, vol. 2 : 1141 et Fig. de couverture ; vol. 4 : 1768 et Fig. 1047 ; vol. 5 : 2226, n° 61 970.1).

118 En nombre ici, par l’effet d’enquêtes particulièrement poussées sur ce territoire (voir corpus en ligne).

119 La mention (Viet1983 : 283-284 ; Provost 1988b : 71 ; cf. 1993 : 217-218) d’une “vigne d’époque gallo-romaine” (outil ?) à “Montcrochet”, Fougères-sur-Bièvre (Loir-et-Cher) est totalement fantaisiste : il ne s’agit que de mobilier gallo-romain à l’emplacement d’une ancienne vigne du xixe s.

120 À noter qu’une autre agglomération des Carnutes, à Jouars-Pontchartrain (Yvelines), hors du territoire étudié ici, a fourni en assez grand nombre des pépins de Vitis vinifera, avec d’autres fruitiers, dès le début du ier s. de n. è. (Jedrusiak 2016 : I : 6 ; cf. Matterne 2001 : 83 ; Zech-Matterne 2010 : 159, n. 2)

121 Comme dans certains vases protohistoriques d’Armorique mentionnés supra, sous-chap. 2.4).

122 Ou parfois “du Val de Loire”, “du bassin de la Loire”.

123 Dans laquelle prend place le fameux pagus Arebrignus, notamment viticole (cf. supra, sous-chap. 1.2), dans la vallée de la Saône et donc non concerné ici (Garcia 2011 : 106-108).

124 Elle-même sur l’Arroux, affluent de rive droite de la Loire.

125 La cité des Éduens est l’une des plus riche pour l’iconographie lapidaire ; on notera une série particulièrement importante de documents iconographiques dans le chef-lieu de cité. Et signalons, un peu hors du bassin versant de la Loire, l’agglomération éduenne d’Entrains-sur-Nohain (Nièvre) qui a également fourni une belle statue de Sucellus avec tonneau et chien (Espérandieu 1907/81, n° 2259 ; Thévenot 1953 : 296-297 ; Marlière 2002 : 137, Fig. 160, n° R32 ; cf. Sergent 2006 ; 2012 : 170).

126 On aurait pu ajouter, en marge, à Autun, dans la salle à abside d’une riche domus, une mosaïque (du Haut-Empire) portant, à côté du portrait d’Anacréon, un vers de ce poète grec : “apporte du vin…, donne-moi à boire du vin miellé” (Blanchard et Blanchard 1973 ; cf. Chevallier 1990), non en rapport direct, bien sûr, avec la viticulture locale, mais possible allusion à celle-ci, avec les vins appréciés par le propriétaire de la domus.

127 Il est à noter que les études carpologiques menées depuis des années sur le site du Mont Beuvray-Bibracte, hors de notre aire de recherche mais proche de la ligne de partage des eaux entre les bassins de la Seine et de la Loire, par J. Wiethold, n’ont à ce jour révélé aucun carporeste de Vitis (voir Guichard 2013 ; 2015 ; 2017 ; Wiethold 2011).

128 L’un d’eux (Autun) omis par erreur dans la cartographie.

129 Et capitale des Trois Gaules, constituant au Haut-Empire une entité territoriale autonome, aux contours discutés, indépendante de de la civitas des Ségusiaves.

130 Peut-être – dans ce cas très particulier – pour le reconditionnement de vins importés en vrac par Rhône, à destination de la Germanie et du Rhin. Ou encore, comme le suggère M. Poux (voir Poux 2011 : 89-90 ; cf. Poux et Mauné à paraître), pour le conditionnement de vins locaux (Lyonnais), notamment au début de la période impériale. Mais ces questions sont fort discutées. On peut ajouter, quant à cette question à Lyon même, un bouchon de bonde de tonneau réutilisée en bouchon d’amphore Dr.9 en sapin, du ier s. de n. è., découverte ici, portant l’inscription au fer rouge VRITTI PH (Desbat 1991).

131 Notamment à partir de Lyon, rappelons-le à l’origine en territoire ségusiave.

132 Département, notons-le, où aucune occurrence des types de données recherchés ici n’est signalée dans les index de la CAG 85 (Provost et al. 1996).

133 Anecdotiquement, on peut signaler un long graffito autour d’une coupe (“Acitapulus […]canua. Virilis fecit […]”), indiquant peut-être un vinaigrier (acetabulum).

134 Et voir dans le corpus (en ligne : tonnellerie) une tête de panthère en bois sans doute dionysiaque. Par ailleurs, la CAG 86 mentionne, à Poitiers, des éléments de mobilier concernant la vigne : rue d’Orléans, un “objet en bronze en forme de feuille de vigne” : au Jardin des Plantes, une lampe dont le médaillon figure un Amour vendangeur, portant avec une perche deux corbeilles ou seaux ; de la nécropole des Dunes, tombe 143, 2 fioles en verre moulé en forme de grappe de raisin, considérées comme produites en Rhénanie mais peut-être de production régionale (Provost 2022 : 269 ; 342-343, Fig. 298 ; 383, Fig. 335) ; ainsi que, dans la nécropole du “Martray” à Loudun (Vienne), une bague en argent au chaton orné d’une grappe et, sur le sanctuaire de “Mazamas” à Saint-Léomer (Vienne), une intaille en cornaline représentant un satyre tendant une grappe (Provost 2021 : 497 et 704) ; tout ceci, anecdotique, étant exclu du corpus…

135 Sans ateliers avérés sur place.

136 Je n’ai pu avoir accès à ces résultats. Au moins pour le département de la Vienne, dont la préfecture est Poitiers, chef-lieu des Pictons, et d’ailleurs pour cette ville même, outre les Cartes archéologiques de la Gaule (Provost 2021 et 2022) récemment parues pour Poitiers et le département, cette thèse en cours devrait bientôt permettre de faire le point sur la question de la viticulture en Poitou antique. Les données rassemblées ici, déjà, ne sont toutefois pas négligeables, tant quantitativement que qualitativement.

137 Pour les besoins de comparaison avec les données de la cité des Bituriges Vivisques dans le cadre du dossier de la biturica, ce § 1.4.2.2 est ici un peu plus développé que ceux consacrés aux autres cités concernées par le bassin versant de la Loire.

138 Sur l’histoire de la viticulture en Berry sur le temps long, voir aussi : Turpin 1903.

139 À l’exception ici, bien entendu, des mentions de la biturica ou biturigiaca (cf. infra, chap. 2).

140 Qui, malgré leur nom, ne sont pas plus que d’autres enclins à la biture ni les inventeurs du conditionnement du vin en cubis…

141 Le premier auteur étendait son inventaire à l’iconographie du vin en général (consommation comprise) ; sur les 5 reliefs mentionnés, les auteurs de la seconde référence n’en retiennent que 3 ou 4 : je considère qu’objectivement, un seul serait en fait à prendre pleinement en compte, les représentations de vignes étant du domaine de l’iconographie funéraire classique et les scènes de vente de vin, si même il s’agit ici bien de cela, ne signifient pas forcément viti-viniculture locale ; avec aussi une autre stèle funéraire du même site de Saint-Ambroix, dite aussi “du cabaretier”, voire “du potier” : Espérandieu 1907/81, IX, n° 7006 ; Dumasy et al. 2011 : Fig. 89, 4.

142 Certains sont certes présentés comme douteux dans cet article.

143 NB : les “douelles” indiquées parmi d’autres objets en bois conservés, aux “Avrillages” à Saint-Doulchard (Cher) par la CAG 18 (Chevrot et Troadec 1992 : 336), dans le remplissage d’un chenal bordé d’une rangée de poteaux jumelés (en fait bief de moulin), datés par dendrochronologie de la période laténienne ou gallo-romaine précoce, sont en fait des éléments de seau (Rialland 1989 : 14-17, Fig. 2 ; cf. Champagne, Ferdière et Rialland 1997 : 159).

144 On aurait pu ajouter un site avec pépins de raisin, mentionné dans plusieurs publications, à Lignières (Cher) (Jenny 1898 : 155-156 ; Turpin 1903 : 217 ; 1907 : 9 ; cf. Coulon 1995 ; Gandini 2008 : 399-400 ; Dumasy et al. : 112-113), lors de travaux en 1864 et 1879 dans un ancien lit de l’Arnon, dans un important dépôt de tourbe (“glaise”), avec des pieux plantés et poutres en bois, de nombreux restes végétaux (et ossements animaux) dont carporestes, avec ces pépins de raisin (considérés alors comme de vigne sauvage ou mal cultivée : Jenny 1998 : 156) ; mais la datation de deux tessons signalés dans cet ensemble (Jenny 1898 : Pl. h. t.) semble bien montrer qu’il est plutôt à dater du Moyen Âge central, autour du xiie s. (?). L. Jenny (loc. cit.) proposait une datation à la Protohistoire et renvoyait, pour une datation selon lui erronée au xiie s. – et pourtant sans doute assez juste ! –, à “A. Buhot de Kersers, Stat.…, canton de Lignières, p. 163 et Pl. XVIII, 1” : cette mention est en fait absente de Buhot 1891 : 163-173, s.v. “Linières”, et pourrait être dans les fascicules publiés par lui, par canton, entre 1875 et 1895.

145 Il est à noter cf. Fig. du corpus C.41a et b) que les exemplaires de Faverdines –malheureusement non dessinées et pour lesquelles on ne dispose que de cette photographie médiocre – présentent un bord et un fond caractéristiques, du même type que certains exemplaires de Saint-Marcel-Argentomagus (Dumasy et al. 2011 : Fig. 84), datée de 40-50 de n. è. : bord en corniche et fond sans épaississement, à profil sinueux. Et la pâte, rouge orangée à surface brune, très micacée, semble la même.

146 À noter que J.-P. Brun (2010 : 244-249) semble exprimer une (légère) préférence en faveur des Bituriges Cubes pour l’“invention” de la biturica ; pour la viticulture antique en Berry, voir aussi Vernou 2004. Voir aussi plus bas la comparaison des répartitions des différentes catégories de données avec les Bituriges Vivisques (infra, Fig. 29 à 38).

147 Si ce n’est, pour F. Dumasy et ses collègues (2011 : 126-130), les possibles chais, que je considère en grande partie du domaine de la surinterprétation (cf. corpus en ligne pour les Bituriges Cubes).

148 Là aussi avec la prise en compte comme antique, sans doute aventureuse, du vignoble de Bourges “les Pijolins” (cf. corpus).

149 À noter que Balmelle et al. 2001 (cf. carte Fig. 61) n’indique aucun élément lié à la viticulture dans la vallée de la Dordogne en amont d’Allas-les-Mines (Dordogne).

150 Je remercie R. Bedon, J.-P. Bost et H. Marévaud de m’avoir confirmé ce point.

151 Si ce n’est, dans une sépulture à Saint-Julien-le-Petit (Haute-Vienne), une serpe à ergot mais à douille qui est plus vraisemblablement un ébranchoir (Perrier 1969). Cet outil ne semble donc pas devoir être retenu pour la viticulture.

152 Le Limousin antique étant l’un des rares territoires de notre enquête à bénéficier d’une telle étude archéobotanique, ceci aurait pu produire un certain effet de source en faveur de cette cité lémovice, mais il n’en est sans doute rien, compte tenu de l’indigence de la documentation sur la viticulture antique de cette cité.

153 Il s’agit de la très grande villa à pavillons multiples (de plusieurs puits de la partie d’exploitation) de “Cazaudet” à Malemort-sur-Corrèze (Corrèze), avec des pépins de Vitis vinifera dans plusieurs contextes de la 2e moitié du iie-iiie s., surtout puits 1155, 1183 et 2023, avec plusieurs centaines de pépins (Hanry-Besombes 2007 ; Bouchette et Figueiral 2015 : 125, tabl. Fig. 101-2 ; Dietsch-Sellami et Hanry 2021 : tabl. Fig. 8 ; cf. Bouchette 2015 : Ann. tabl. 18). Ce grand nombre pourrait correspondre à une viticulture locale et non à l’éventualité de raisin importé. S’y ajoute, sur ce même site, un fragment de bois de Vitis vinifera dans un contexte du iiie s. (dans ce même puits F90) (Mille 2015 : 62, 65, tabl. Fig. 39).

154 Un type habituellement considéré comme issu des ateliers arvernes (infra, § 1.4.2.4 et corpus en ligne) ; amphores indiquées comme possiblement pour le transport de céréales, selon une unique analyse biochimique de contenu sur un exemplaire du département de la Loire, chez les Ségusiaves : Barthélemy-Sylvand, Chambon et Couvin 2005 : 174, n. 8) : ceci paraît donc des plus discutables.

155 Auxquels s’ajoutent, hors de notre aire d’enquête, le site rural de Pérols-sur-Vézère et la villa de “Massoure” à Burgeat (Corrèze).

156 Ici essentiellement selon page Wikipédia “Vignoble du Limousin”, dernière modif. 3 sept. 2019, consultée le 14 déc. 2020.

157 Mention dès le viiie s. pour Yssandon.

158 Ville représentée entourée de vignes sur une gravure du xviie s.

159 Voir une redevance en vin pour l’abbaye de Bonlieu, fondée au xiie s. (commune de Peyrat-la-Nonière, à l’est du département de la Creuse).

160 Cf. Vallat et Cabanis 2009 : 170-171 ; 2011 : 253-254.

161 On pourrait y ajouter (non pris en compte dans le corpus), à Vichy (Allier), une statuette en terre cuite de Sucellus, type Rouvier-Jeanlin n° 523 (collection de la Compagnie Fermière de Vichy ; Corrocher 1981 : 240 ; Corrocher, Piboule et Hilaire 1989 : 153) et, des fouilles de 1885 à Vichy, un fragment de médaillon d’applique – de production sans doute non locale mais rhodanienne, représentant le Dieu au Maillet (Musée du Louvre ; Morlet 1953 ; 1955 : 152-153, 2 Fig.).

162 Je signale en outre, à Bessay-sur-Allier (Allier), près du château de “Changy”, sur un habitat gallo-romain, un “bassin en granit rouge” (Corrocher, Piboule et Hilaire 1989 : 122) : soit sans doute plutôt ici en grès rose du Bourbonnais, ou encore cuve bétonnée au mortier de tuileau, alors possible cuve de foulage-pressage ?

163 En l’absence, notamment, d’analyses biochimiques.

164 Avec cependant ici un risque de surreprésentation par rapport à d’autres chefs-lieux de cité du corpus, car Clermont-Ferrand bénéficie depuis plusieurs années d’études carpologiques (par Marion Cabanis) et donc de prélèvements plus systématiques à cet effet dans les récentes opérations d’archéologie préventive.

165 Pour les amphores régionales en Auvergne, voir aussi : Roversi 2020 (leur contenu n’est pas assuré ; voir en ligne, corpus pour Arvernes), notamment des amphores à lèvre évasée assez nombreuses dans un contexte de consommation (fin du iie-début du iiie s.) sur l’agglomération biturige de Néris (supra, ceci non cité alors) ; et voir aussi : Vallat et Cabanis 2011 : 251-252.

166 Dédicace à Liber Pater, proche de Bacchus, à Lachamp (Musée de Mende ; CIL XIII, 1574 ; Trintignac, Marot et Ferdière 2011 : 433, n° 4.36 (Ann. 6, A. Ferdière, textes et épigraphie) ; Trintignac 2012 : 290, Fig. 342 ; Rémy et Thauré 2019 : 69-71, n° 19 ; cf. Deturche 2001 : 19-20).

167 Dont possiblement de la cité limitrophe des Helviens (infra, 1.4.3), mais aussi de celle des Arécomiques, plus au sud.

168 Notamment sur les ateliers connus de sigillée, dont Banassac.

169 Également hors de notre aire de recherche.

170 Le poissage d’étanchéité des tonneaux est notamment attesté par les grands tonneaux récemment mis au jour à Reims (Mille et Rollet 2020 : § 74).

171 En quasi-totalité dans le bassin versant du Rhône.

172 Variété inconnue par ailleurs : compte tenu de l’expansion de ce “plant” (infra), on a proposé de lire “narbonica” (de Narbonnaise). Selon J. André (1952 : 133) ; sinon, le terme Carbunica serait d’étymologie celtique.

173 Caractéristique inconnue des botanistes pour les différentes variétés de vigne, possible invention fantaisiste de Pline.

174 Trois chez Columelle, dont la troisième est petite et la meilleure, à feuilles plus rondes, mais seulement deux chez Pline (d’après Celse), les “feuilles rondes” étant indiquées pour la seconde, ceci sans doute à cause d’une lecture trop rapide du passage de Columelle à propos de Celse (cf. éd. Pline, loc. cit. : 86, n. 33).

175 Cf. le vin helvenicum, au goût naturellement poissé, produit notamment à Vienne, “connue depuis peu” du temps de Pline (NH, XIV, 18). Pourtant, J. André (éd. de Pline, loc. cit. : 86, n. 32 ; et 1952 : 130) propose d’attribuer l’origine de l’Helvennaca non aux Helviens de la vallée du Rhône mais à la région de l’Helvinus, fleuve côtier aux confins du Picenum en Italie, en s’appuyant notamment sur un autre passage de Pline (NH, XIV, 39, cf. éd. : 90, n. 5-6) qui indique que “tandis qu’en Italie on aime la Gallica [de Gaule Cisalpine], au-delà des Alpes on aime la Picena [du Picenum]”.

176 Qui ne cite pas Pline, NH, XIV, 32-33.

177 Respectivement, possibles tonneliers (et/ou charpentiers navals) et transporteurs d’outres.

178 Voir aussi, pour la Protohistoire, les données carpologiques pour l’Ardèche : Cabanis et al. 2021a et b ; à noter que le site d’Ardèche le plus occidental à avoir livré des indices botaniques de viticulture pour le ve s. av. n. è. est à Vinezac (charbon de bois de vigne indéterminée), à seulement environ 25 km à l’ouest d’Alba et donc encore nettement hors du haut cours de la Loire (Cabanis et al. 2021b : carte Fig. 1).

179 Selon la CAG 07 (Dupraz et Fraisse 2001 : index).

180 Dans les textes latins (selon Gaffiot 1934 : s.v.), deux termes à peu près synonymes, vinea étant peut-être un peu plus la vigne à vin.

181 = “saveurs de prix/précieuses”.

182 Dans les §§ précédents, la biturica, donnant un bon vin en quantité, cultivée en Italie, est plusieurs fois comparée à la balisca.

183 Soit seulement un quart de siècle après Columelle et deux ans avant sa propre mort, au cours de l’éruption du Vésuve qu’il observait.

184 Voir André et Levadoux 1956.

185 Qu’il ne précise malheureusement pas : Biturica a regione nomen sortita est… Voir toutefois plus bas (sous-chap. 2.4) sur ce point.

186 Ce qui objectivement conviendrait, par rapport à l’Italie, aussi bien au Berry qu’au Bordelais, tous deux en Gaule non méditerranéenne…

187 Qui opte délibérément pour le Bordelais ; cf. infra, § 2.3.2.

188 Columelle (Rust., III, 9, 7) précise bien, en effet, que la biturica est de son temps cultivée en Italie.

189 Températures comparables en été, un peu plus clémentes en hiver pour le Bordelais ; mais pluviosité un peu plus importante en Bordelais qu’en Berry (données de : Serryn, Blasselle et Bonnet 1953, cartes p. 26-27).

190 Reconnue pour ses vertus en ce qui concerne l’olivier et la vigne, encore du temps de R. Billiard, il y a un siècle.

191 Et encore tout récemment dans un dossier en ligne de l’Inrap concernant l’histoire du vin pour l’Antiquité en Gaule (/Desktop/Inrap.Dossier.2020.htm). Sans parler bien sûr du lobby des viticulteurs du Bordelais et par exemple de la page “Vignoble de Bordeaux” sur Wikipedia (mise à jour 22 oct. 2020, consultée 16 nov. 2020) ; voir aussi récemment, par exemple : Bouby et al. 2019 : 36 ; Duquesne 2021 : 25. Il est cependant à noter que, pour Charles Estienne (1537 : f° 22v), il ne fait pas de doute que la “Biturica vitis” est “la vigne de Bourges” !

192 Faute de mieux, on utilisera ce terme générique et neutre pour désigner les variantes de vigne cultivée pour la viniculture.

193 Telle que par exemple la balisca, souvent associée dans les textes à la biturica (cf. supra).

194 Nuance important proposée par L. Bouby (juin 2022), que je remercie encore ici.

195 Successivement mentionnée par les deux mêmes auteurs : Columelle (Rust., IV, 29, 16, parmi de nombreux détails pour la greffe de la vigne : IV, 29, 7 et 13-16) et Arb., 8, 3-4 (4 : pour la greffe de la vigne, amélioration de la technique ancienne avec la “tenebram […] gallicanam”, qui creuse sans brûler ni faire de sciure, et prend facilement ; cf. note 7 à 9, p. 108, de l’éd. Goujard) ; et Pline l’Ancien (NH, XVII, 116) : à “notre époque” (3e quart ier s.), amélioration du procédé de greffe avec la tarière gauloise (Gallica […] terebra), qui perce sans brûler (car toute brûlure affaiblit) (cf. note éd. André, p. 148), cette gallica terebra laissant une plaie bien nette ; on peut y ajouter dans ce cas Palladius (Agr., III, 17, 7) ; Columelle, au milieu du ier s., indique : “nos terebram, qum Gallicanam dicimus, […] comperimus”, que la traduction L. Du Bois de l’éd. Panckoucke transcrit par : “nous avons découvert que la tarière que nous appelons gauloise…”, expression ambiguë quant à l’origine géographique de cette innovation technique. Plus généralement sur les techniques de greffe, voir Columelle, Rust., IV, 239, 7 et 13-17 ; et Palladius (Agr., III, 17, 7), dans son exposé des techniques de greffe, indique que Columelle donne une technique avec la “tarière gauloise”, en perçant en oblique jusqu’à la moelle ; cf. aussi, bien plus tard, les Géoponiques, 4, 123, 2 sq. (τρύπησις) ; cette tarière à greffer la vigne gauloise n’est pas mentionnée dans Brun 2001 (cf. en revanche Rich 1883 : s.v. terebra gallica, avec malheureusement la figure d’une tarière moderne. La greffe par perçage était déjà mentionnée par Caton, 41 (XLVIII), 3, dont la technique à la tarière/terebra (voir supra, § 1.3.3.2).

196 Rens. L. Bouby, juin 2022.

197 Pline l’Ancien, NH, XII, 5 ; cf. supra, sous-chap. 1.2.

198 Soit en réalité une très vaste part du territoire des Gaules.

199 Voire iconographique. Pour les catégories de sources et leur critique, voir supra, 1.3.

200 En tenant cependant compte, pour les quantités de données archéologiques, du fait que la superficie de la seconde est à peine du tiers de celle de la première : c’est ce qui a été opéré plus haut pour le Berry (cf. § 1.4.2.2 et corpus en ligne) et sera vu plus bas pour le Bordelais (§ 2.3.2 et corpus en ligne).

201 Sans que cette situation concerne malheureusement le Berry.

202 Surtout, Ferdière, Luberne et Ruffier 2000 ; Dumasy et al. 2011.

203 En particulier à partir de la Base de Données OUTAGR.

204 C’est selon lui le cas d’Étienne 1987.

205 Cf. Balmelle et al. 2001 : 130 et 161.

206 Comme le souligne Jean-Pierre Bost – que je remercie ici de me l’avoir communiqué – dans un texte inédit (2010 : 1, n. 4).

207 Le Comte Odart (1859 (6e éd.) : 257), avec la même identification, évoque Jules César à son sujet, alors que J. Guicherd (loc. cit.) reconnaît que rien ne permet d’identifier le cépage Genouillet à la biturica, pour la région d’Issoudun qu’il identifie de manière erronée comme étant l’Uxellodunum de César ; voir aussi Roy-Chevrier 1900 : 78 : la biturica serait le Cabernet ou Bidure/petite Vidure, du nom des Bituriges vibisci

208 Voir plus bas la discussion au sujet de l’origine des cépages actuels, sous-chap. 2.4.

209 Dumasy et al. 2011.

210 En renvoyant à la conclusion, de même ordre, de Ferdière, Luberne et Ruffier 2000 : 248, tout en rejetant l’affirmation sans preuve de Billiard 1913 : 85-86, qui argumentait déjà sur la production d’amphores vinaires.

211 Analyses portant sur des amphores Pascual 1 et Dr.2/4, comparées à celles des pâtes d’amphores produites à Pouillé-Thésée et Crouzilles “Mougon”.

212 Affluent de la Vienne, sur laquelle se trouve Crouzilles.

213 Si ce n’est dans les “épaves à dolia” de la côte méditerranéenne et du Rhône, ici hors de propos.

214 Produits notamment sur l’atelier de Crouzilles “Mougon” en même temps que les amphores (Schweitz et al. 1986 : 56-59, Fig. 20, forme F).

215 Ceci confirmé par Laurent Bouby, rens. en date du 12 juin 2022.

216 Celui-ci émet même (p. 68-69), à propos d’un texte d’Ausone (cf. corpus en ligne), l’hypothèse d’une sorte d’“appellation Bordeaux” – avec la biturica –, bénéficiant d’une législation spéciale : rappelons que l’illustre historien de la Gaule a d’abord été professeur à l’université de Bordeaux avant d’occuper (1905) sa chaire au Collège de France…

217 “… difficile de l’attribuer aux Bituriges de Bourges”.

218 Malgré l’absence de mentions textuelles avant le vie s. ; cette position est encore suivie par exemple par André Tchernia (1986 : 184).

219 Selon lui, parallèlement à l’allobrogica pour l’aire rhodanienne.

220 Voir les importations massives de vins italiens ou espagnols à Bordeaux au ier s. av. n. è. : Berthault 1989.

221 En excluant bien sûr ici, comme a priori non localisées, les mentions de la biturica/biturigiaca.

222 Province romaine dont la cité des Bituriges Cubi du Berry fait d’ailleurs également partie.

223 Traduction E. Galletier.

224 Une commune où l’on signale un bassin à cuvette (cf. corpus en ligne).

225 Signalons en outre que l’éd. Leclercq du Testament de Bertrand (cf. textes, dans le corpus) signale, sans citer le passage précis, la production de poix dans un locus du Bordelais : s’agit-il du locum… qui appellatur Braesetum (à Preignac, Gironde), qui indique “pinita” ?

226 Hormis les restes de pieds et ceps de vigne sans doute in situ signalés (corpus en ligne, Bituriges Vivisques). Le clos de vignes avec fosses de plantation indiqué à Reignac (Gironde) (Balmelle et al. 2001 : 141, Fig. 70) est en fait à situer dans la cité des Santons et non celle des Bituriges Vivisques.

227 Il faut en outre signaler une supposée autre découverte archéobotanique, à Bordeaux, dans les fouilles de l’îlot Saint-Christoly (contexte de la 1re moitié du ier s. de n. è., mais sans doute non augustéen), avec ce qui est indiqué comme des pieds de vigne apparemment in situ (plantation) des macrorestes de vigne, grappes et pépins de raisin ; l’examen fait alors à l’INRA (J.-P. Doazan) indiquait une forme cultivée (Vitis vinifera L.), ressemblant au cépage “petit verdot”), ici pour la production vinicole ou seulement de raisin de table (Debord et Gauthier 1982 : 56-60 ; 1983 : 95 et 105, Fig. 67 ; Berthault 1990 ; 2000 : Fig. p. 56 ; 2004 ; Balmelle et al. 2001 : 150-151 et 162 ; cf. Ferdière, Luberne et Ruffier 2000 : 248 ; Dumasy et al. 1011 : 144 ; Doulan 2013 : 163-177). Une plus récente identification archéobotanique sur le seul macroreste encore conservé a en fait identifié du saule et non de la vigne (rens. Frédéric Berthault, juin 2022, et L. Bouby, juin 2022, que je remercie ici). À noter par ailleurs, en Aquitaine méridionale, mais clairement hors de la cité des Vivisques, des occurrences de macrorestes de vigne ou pépins de raisin, dès avant l’époque romaine à Agen (Lot-et-Garonne) (dans un “puits à offrande”, avec une serpette), certes peut-être importés en amphores (Marinval 1994 : 50 ; Balmelle et al. 2001 : 162) et pour la même époque, dans un autre “puits à offrande” de Lectoure (Gers), des sarments de vigne taillée (Larrieu-Duler 1973 : 43 ; Balmelle et al., loc. cit.) ; ainsi que, pour la première moitié du ier s. de n. è., des pépins de raisin à Bergerac (Dordogne, hors cité des Vivisques) (Gaillard 1997 : 72).

228 L’amphore aquitaine typique (Berthault 1999 : 459 ; Berthault et Watier 1988 : 158), avec notamment trois modules reconnus pour le site de l’Auditorium de Bordeaux : Benquet 2009 : 316 ; cf. Benquet et Sanchez 2021 : 281.

229 Rens. Frédéric Berthault, juin 2022, que je remercie ici.

230 229 Il faut toutefois souligner le fait que des ateliers urbains, ou encore en bord de cours d’eau sont plus susceptibles d’échapper aux investigations (remarque pertinemment suggérée par Stéphane Mauné, que je remercie ici).

231 Avec notamment la comparaison des cartes de répartitions des différentes catégories de données entre les cités des Bituriges Cubi et Vivisci (cf. infra, Fig. 29 à 38).

232 Il est par exemple remarquable que l’importante part de l’article de Catherine Balmelle (et al. 2001 : 134-150) consacrée aux installations vinicoles les plus caractéristiques (“sites représentatifs”) détaille ainsi 9 sites qui en fait sont tous hors du Bordelais proprement dit (cité vivisque).

233 Quelques données, peu nombreuses, parvenues trop tard à ma connaissance, n’ont pu être intégrées dans ces cartes.

234 Aucun texte pour les Cubes et présence d’un puissant “effet de source” chez les Vivisques, avec Ausone et autres.

235 Compte tenu des superficies différentes des cités.

236 Aucune donnée pour le Bordelais.

237 Atténuée par la différence de superficie des deux cités.

238 Mais alors sans prendre en compte l’effet de source en faveur du Bordelais, dû à la notoriété de ces vignobles aujourd’hui.

239 À la suite de la découverte du vignoble de “Saint-Martin-des-Champs” à Bourges, j’écrivais en 2000 “au pire, […] les deux civitates candidates pour ce cépage peuvent aujourd’hui être renvoyées dos à dos” (Ferdière, Luberne et Ruffier 2000 : 250), laissant ainsi clairement la porte ouverte à la candidature du Berry pour l’“invention” de la biturica. Peu d’années plus tard, F. Berthault (2004) n’était pas non plus catégorique en faveur du Bordelais, reconnaissant que le seul vrai argument restait la production régionale d’amphores vinaires, quant à elle tout aussi globalement absente – du moins pour les ateliers – du Berry que du Bordelais.

240 Sur ce débat, voir encore : Ferdière 2013 : 427, note 300.

241 Plutôt que d’aller chercher des amphores vinaires dans les ateliers de potiers de leurs voisins turons (Touraine), comme le propose Dumasy et al. 2011 (cf. supra).

242 Et les chances de trouver un tonneau d’origine traçable portant une inscription qui mentionne la biturica sont, on en conviendra, très faibles !

243 Voir Gaffiot 1934 : s.v bituricus/a, la forme biturigiacus/a n’étant apparemment utilisée que par Pline.

244 Cet argument déjà invoqué dans : Ferdière, Luberne et Ruffier 2000 : 248.

245 En rappelant que César (G) ne connaît déjà que les Bituriges du Berry ; la précision/distinction de “Cubi” ou “Vivisci” est donnée, à la fin du Ier s. av. n. è. par Strabon (Géogr., IV, 2, 1-2), puis presque un siècle plus tard par Pline l’Ancien (NH, IV, 108-109, liste des cités par provinces) : du moins dans les textes, l’identité ethnique et culturelle des Vivisques semble en réalité beaucoup moins marquée que celle des Cubes.

246 Je remercie J.-P. Bost d’avoir confirmé ce point en me transmettant ces informations et références ; on notera par exemple que la Notitia Gallliarum (Not. Gall.) – certes à la fin du ive s. – mentionne pour Bordeaux “Metropolis civitas Burdegalensium”. Ceci contrairement à la pratique plus courante alors de dénommer la ville (et son territoire) non par son appellation du Haut-Empire – par exemple, Avaricum pour Bourges – mais par celui du peuple concerné (sous-entendu “civitas”) : ainsi, Bordeaux aurait alors dû se renommer (caput civitatis) Biturigum ou “ad Bituriges”, qui aurait aujourd’hui donné un non ressemblant à Bourges, en plus occitan…

247 Trois occurrences (hormis biturigiaca), l’une (NH, IV, 109) avec la précision “Cubi” dans la liste des cités d’Aquitaine, les deux autres (XIX, 8 et XXIV, 162) sans précision…

248 En fait une seule occurrence (NH, IV, 108), dans la liste des cités d’Aquitaine.

249 L’“isthme gaulois” d’Yves Roman (1983 ; 1988 ; 1989).

250 Cette voie d’introduction de la viticulture en Berry par Lyon est évoquée par Jean-Marie Couderc (2008 : 61-62) ; cf. aussi Desbat 1987, avec les productions lyonnaises d’amphores vinaires (voir supra, § 1.4.1.9).

251 Cf. Dion 1959 : 105-107 ; Balmelle et al. 2001 :161 sqq.

252 Paradoxalement, cf. supra la proposition de Robert Étienne (1962 : 104-106 ; 1987) de la balisca venue d’Épire, par l’Espagne, dans le Bordelais !

253 Voir notamment les récents résultats, dans ce sens, des recherches paléo-génétiques (Terral et Bouby 2012 ; 2013). Mais des influences plus continentales, par le nord des Alpes, depuis le Caucase dont également envisageables (cf. supra, sous-chap. 1.1).

254 Il est en outre à noter, au sujet de ces voies de pénétration du vin puis de la viticulture en Gaule intérieure, que les nombreuses amphores vinaires présentes dans le groupe de sépultures aristocratiques (sans doute grands propriétaires fonciers) gallo-romain précoce (env. 30 av. - 40 de n. è.) dit “de Fléré” (Ferdière et Villard 1993 : cf. p. 173) sont très généralement de type Pascual 1, importées de Tarraconaise (Espagne), qui peuvent arriver en Berry par les deux voies évoquées supra ; ces vins espagnols tendent en effet à remplacer alors ceux italiens (en amphores Dr.1) massivement importées dans toute la Gaule jusque vers 50 av. n. è.

255 Au moins la Loire moyenne, jusqu’à la Touraine (sans doute exclue).

256 C’est à ces mêmes pratiques d’hubris que se réfèrent encore des mentions textuelles : Strabon (Géogr., IV, 4, 6) puis Denys le Périégète (Descr.) évoquent ainsi une île de l’embouchure de la Loire occupée par des femmes “possédées” par Dionysos (voir corpus, pour la cité des Namnètes, en 2e partie) ; et Pline l’Ancien (NH, XIV, 149), à propos de l’ivresse, évoque des boissons alcoolisées obtenues par macération du grain (céréales : bières) et autres fruits (fruge madidafruges), en Occident, dont dans en Gaule et en Espagne. Voir aussi supra, au sous-chap. 2.1, les textes antiques mentionnés pour le début de la période romaine en Gaule intérieure.

257 Divers fragments, cités par d’autres auteurs.

258 Voir les importations en amphores vinaires massaliotes, finalement assez peu représentées à Vix mais plus nombreuses, un peu plus tardivement, dans le secteur de Bourges (rens. P.-Y. Milcent, déc. 2020, que je remercie ici, et références bibliographiques supra ; cf. aussi à ce sujet : Sacchetti 2013).

259 Si du moins on se fie aux informations nouvelles de la biochimie, de plus en plus abondantes.

260 Sans doute de vigne sauvage, dont les pépins sont reconnus dans ces contextes.

261 Observation L. Bouby, juin 2022, que je remercie ici.

262 Qui ne sont donc pas vraiment du vin, ces travaux récents jouant un peu sur les mots…

263 Information L. Bouby, juin 2022 (Limier et al. 2018).

264 Voir Dig. (Ulpien), 33, 6, 9 (cf. éd. de Pline, NH, XIV : 153-154, n. 2).

265 = Trogue Pompée, Hist. Phil. ; texte non cité dans la recension de M. Poux (2004 : 583-604) ; cf. en revanche Brun 2001 : 236.

266 Rens. P.-Y. Milcent, déc. 2020.

267 Voir Tchernia 1983 ; Fitzpatrick 1985 : 319-320, Fig. 8 ; Roman 1983 : 173-180, Fig. 39 ; 1985 ; 2009 ; Bats 1986 ; Roman et Roman 1997 : carte ; Olmer et Maza 2004. Les “emporia” redistributeurs étant principalement Toulouse et Lyon (cf. Benquet 2004 ; Maza 2004), correspondant bien aux deux voies de pénétration majeures définies ici plus haut. Plus récemment, plus à jour : Paraskeva et Poux 2004 ; Poux 2004 : carte Fig. 118 ; et pour une bonne part de l’aire ici en question : Laruaz et al. 2022 : carte Fig. 14).

268 Ce travail récent dispense de citer la bibliographie antérieure. Pour ce site, on notera un apparent paradoxe quant à la question ici traitée : cet oppidum biturige est en effet, pour La Tène finale, l’un des sites qui ont fourni les plus grandes quantités d’amphores Dr.1 italiques et qui devait donc, a priori, jouer alors un rôle majeur dans le commerce de ces vins italiens à destination de l’aristocratie biturige. Ainsi, on lui conférerait volontiers une certaine importance dans l’introduction de la viticulture dans la cité (d’autant qu’un cru Châteaumeillant jouit aujourd’hui d’une certaine renommée). Mais les études carpologiques récentes (Jedrusiak 2013 ; 2016 : Fig. 102b, 103 et 111) – il est vrai seulement sur un puits du début du iie s. de n. è. – n’ont révélé qu’un unique pépin de raisin, dans un riche cortège de carporestes de fruitiers, entre autres (voir corpus des données, Bituriges Cubes, en ligne). Dans les deux cas, ceci montre, une fois de plus, que nous sommes à la merci du hasard des découvertes archéologiques.

269 Ne serait-ce que par les coûts ajoutés du transport, mais aussi sans doute par la renommée de ces vins d’Italie centrale.

270 Discipline commune à la botanique et à l'œnologie, traitant des “cultivars” – variétés d'une espèce végétale obtenue artificiellement pour être cultivée – de vignes cultivés en viticulture, les cépages. Pour la définition des “groupes écogéographiques”, Proles et Subproles, ainsi que “cépage”, voir supra, § 1.1).

271 S’appuyant principalement sur les travaux de L. Levadoux (1948 ; 1953 ; 1956 ; André et Levadoux 1964).

272 Cette extension en Touraine est mise en doute par H. Galinié (2021 et à paraître).

273 Selon J.-M. Boursicot, rens. oral 2003 (Bisson, loc. cit.).

274 Voir définition supra, § 1.1.

275 Cette thèse, importante pour la génétique, a été examinée plus en détail ci-dessus, au § 1.1.

276 Absence d’analyses confirmée par Laurent Bouby, rens. juin 2022 : voir cependant quelques pépins en Alsace.

277 À noter au passage un autre échantillon médiéval (2e moitié du xie s.) provenant du site de “La Madeleine” à Orléans (Loiret), identifié comme sauvignon blanc (Ramos-Madrigal et al. 2019 : 600), en fait savagnin.

278 Cette cartographie a été réalisée par Daniel Morleghem (LAT, UMR CITERES, Tours), que je remercie ici ; à noter que quelques données, insérées dans les corpus (en ligne), portées trop tardivement à ma connaissance pour pouvoir être pris en compte dans ces cartes, sont signalées comme telles dans les corpus concernés.

279 En fait peu déterminantes.

280 Celles du Dieu au Maillet étant sans doute bien plus représentatives que celles bachiques.

281 Il est vrai avec surtout des serpettes de vigneron, dont une bonne partie des exemplaires retenus par les auteurs, semblent en fait contestables comme telles.

282 Un peu à l’image de ce qu’on note pour les installations viticoles (supra) et les productions d’amphores (infra), ce qui somme toute est assez cohérent. Mais rappelons que tonneau ne signifie pas automatiquement vin…

283 Carte assez similaire à celle des installations viticoles, ce qui ne saurait surprendre. Avec il est vrai, pour plusieurs cités, des productions attestées sans que les ateliers n’en soient connus.

284 Documentation en fait ici essentiellement selon les dossiers de Gallia 2001 et 2011 (Brun et Laubenheimer 2001 ; Poux, Brun et Hervé-Monteil 2011).

285 Une situation que, globalement, ne contredisent pas les corpus un peu plus développés et l’ajout de la documentation textuelle et iconographie fournie ici dans le présent article.

286 Ce qui en fait apparaissait déjà implicite dès le départ !

Haut de page

Table des illustrations

Titre Fig. 1 - La lambrusque spontanée en France aujourd’hui (symboles en points et croisillons) ; la ligne noire la plus au Nord marque la limite culturale nord de la vigne ; les autres lignes marquent les isolignes de 1000° (tiretés) et 3000° (pointillés).
Crédits D’après Bisson 2009 : Fig. 3
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 102k
Titre Fig. 2 - Installations vinicoles et plantations de vigne connues en 2011 pour la Gaule du Nord.
Crédits Brun 2011 : Fig. 1, DAO J.-P. Brun, CNRS, Centre Jean-Bérard
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 243k
Titre Fig. 3a - Limites du bassin versant de la Loire.
Crédits D’après site en ligne www.logrami.fr (selon POI 2014-2020/Région Centre)
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-3.png
Fichier image/png, 719k
Titre Fig. 3b - Limites du bassin versant de la Loire.
Crédits D’après page “bassin de la Loire” sur Wikipedia.org (selon Own work, Drainage basin from GTOPO)
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-4.png
Fichier image/png, 1,4M
Titre Fig. 4 - Diffusion de la vigne cultivée à partir du Caucase, de sa domestication à l’Antiquité tardive : a) Carte d’ensemble ; b) possibles relations chronologiques entre les groupes de diversité, selon 20 marqueurs microsatellites nucléaires.
Crédits a) d’après Lacombe 2012 : Fig. 1.8, selon divers auteurs antérieurs ; b) d’après ibid. : Fig. 3.5
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 659k
Titre Fig. 5a - Le vignoble français selon l’ampélographie : tableau synoptique.
Crédits D’après Bisson 2009 : Fig. 23
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 179k
Titre Fig. 5b - Le vignoble français selon l’ampélographie : carte climato-ampélographique.
Crédits D’après Bisson 2009 : Fig. 4
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 193k
Titre Fig. 6 - Dispersion des amphores italiques (iie-1re moitié du ier s. av. n. è.) : a) dans l’ensemble de la Gaule ; b) dans la basse et moyenne vallée de la Loire, ainsi qu’en Berry.
Crédits a) d’après Poux 2004 : Fig. 118 ; b) d’après Laruaz et al. 2022 : Fig. 14
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 395k
Titre Fig. 7 - Culte des divinités en Gaule : a) état des connaissances pour l’ensemble de la Gaule vers 1920 ; b) dans la province de Lyonnaise, les occurrences du Dieu au Maillet étant figurées par DM dans un rectangle orangé.
Crédits a) d’après Espérandieu 1919 : Fig. 1 ; b) d’après Bossard 2021 : Fig. 14
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-9.jpg
Fichier image/jpeg, 700k
Titre Fig. 8 - Le culte de Bacchus et affilié dans le Val de Loire.
Crédits D’après Provost 1993 : Fig. 167
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-10.jpg
Fichier image/jpeg, 213k
Titre Fig. 9 - Installations vinicoles des Trois Gaules et Germanies.
Crédits D’après Brun 2010 : Fig. 4
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-11.jpg
Fichier image/jpeg, 124k
Titre Fig. 10 - Outillage viticole : a) Falx vinatoria, serpette de vigneron ; b) bidens-houe bident ; c) tarière à greffer, terebra.
Crédits a) d’après Rich 1883 : s.v., selon un manuscrit de Columelle ; b) d’après Gaffiot 1934 : s.v., selon un manuscrit de Virgile ; c) d’après Gaffiot 1934 : s.v., sans indication de source
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-12.jpg
Fichier image/jpeg, 36k
Titre Fig. 11 - Le tonneau en Gaule, dont des exemplaires dans les régions concernées ici : a) découverte de tonneaux en bois conservés ; b) représentation de tonneaux dans la sculpture et les bas-reliefs.
Crédits D’après Marlière 2002 : Fig. 101 et 128
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-13.jpg
Fichier image/jpeg, 349k
Titre Fig. 12 - Localisation des ateliers d’amphores vinaires : a) en Aquitaine nord et Lyonnaise ; b) en Aquitaine sud-ouest et Narbonnaise occidentale.
Crédits a) d’après Brun 2011 : Fig. 3, DAO J.-P. Brun, CNRS, Centre Jean-Bérard ; b) d’après Benquet et Sanchez 2021 : Fig. 1
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-14.jpg
Fichier image/jpeg, 612k
Titre Fig. 13a - Les productions d’amphores vinaires ligériennes et de la région Centre-Val de Loire : répartition des Dr.2/4 régionales.
Crédits D’après Barthélemy-Sylvand, Chambon et Couvin 2005 : Fig. 5
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-15.jpg
Fichier image/jpeg, 131k
Titre Fig. 13b - Les productions d’amphores vinaires ligériennes et de la région Centre-Val de Loire : diverses formes produites régionalement, de divers sites de la région, dont Saint-Marcel-Argentomagus en Berry.
Crédits D’après Barthélemy-Sylvand, Chambon et Couvin 2005 : Fig. 2, 4, 6, 23 ; Barthélemy-Sylvand, Bouchain-Palleau et Laubenheimer 2007 : Fig. 2 à 7 et 9
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-16.jpg
Fichier image/jpeg, 259k
Titre Fig. 14 - La viti-viniculture antique dans la cité des Turons.
Crédits D’après Ferdière 2007 : carte 1
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-17.jpg
Fichier image/jpeg, 377k
Titre Fig. 15 - La viticulture antique, dont la production d’amphores vinaires, dans les cités de Carnutes, Sénons et Parisii.
Crédits D’après Cribellier 2011 : Fig. 94, dessin Ch. Cribellier, SRA Centre, à partir de publications antérieures
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-18.png
Fichier image/png, 897k
Titre Fig. 16 - La viticulture antique dans le Centre-Est, dont cité des Éduens, avec les installations viticoles, les ateliers d’amphores vinaires et analyses palynologiques avec Vitis.
Crédits D’après Gauthier et Joly 2003 : Fig. 1
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-19.jpg
Fichier image/jpeg, 216k
Titre Fig. 17 - Iconographie de la vigne et de la viticulture dans le Centre-Est, dont le Dieu au Maillet et les cultes bachiques.
Crédits D’après Thévenot 1951 : carte
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-20.png
Fichier image/png, 888k
Titre Fig. 18 - La viticulture antique en Berry (cité des Bituriges Cubes) selon les données archéologiques.
Crédits D’après Gandini 2008 : Fig. 165
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-21.jpg
Fichier image/jpeg, 290k
Titre Fig. 19 - Les représentations de Bacchus et affiliés et Berry antique.
Crédits D’après Girond 2015 : Fig. 120
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-22.png
Fichier image/png, 314k
Titre Fig. 20 - Chais et vignobles antiques en Berry ; les nos des points correspondent aux sites mentionnés pour ces deux catégories de données dans les corpus pour les Bituriges Cubes, en ligne à part.
Crédits D’après Dumasy et al. 2011 : Fig. 81
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-23.jpg
Fichier image/jpeg, 128k
Titre Fig. 21 - Répartition des outils de vigneron (serpes et serpettes) dans la cité des Bituriges Cubes.
Crédits D’après Dumasy et al. 2011 : Fig. 67
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-24.jpg
Fichier image/jpeg, 136k
Titre Fig. 22 - Découvertes de pépins de raisin en contexte antique en Berry.
Crédits D’après Dumasy et al. 2011 : Fig. 65
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-25.jpg
Fichier image/jpeg, 135k
Titre Fig. 23 - Ateliers de production d’amphores vinaires (Crouzilles et Thésée) en relation possible avec la viticulture du Berry antique.
Crédits D’après Dumasy et al. 2011 : Fig. 92
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-26.jpg
Fichier image/jpeg, 336k
Titre Fig. 24 - Les vignobles en Gaule selon les textes antiques des iers s. av. de de n. è.
Crédits D’après Dumasy et al. 2011 : Fig. 91, DAO C. Gandini
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-27.jpg
Fichier image/jpeg, 241k
Titre Fig. 25 - La viticulture antique en Aquitaine selon les données archéologiques : a) dans l’ensemble de la province ; b) dans la région actuelle d’Aquitaine (grande Aquitaine).
Crédits a) d’après Bouet 2015 : Fig. 60 ; b) Benquet et Sanchez 2021 : Fig. 6, d’après H. Gaillard, DRAC Aquitaine, complétée
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-28.jpg
Fichier image/jpeg, 625k
Titre Fig. 26 - Le vignoble en Berry au Moyen Âge au xviiie s.
Crédits D’après Gandini 2008 : Fig. 166
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-29.jpg
Fichier image/jpeg, 193k
Titre Fig. 27 - Serpettes de vigneron et à vendanger en Aquitaine du Sud-Ouest.
Crédits D’après Brun 2004 : 239
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-30.jpg
Fichier image/jpeg, 177k
Titre Fig. 28 - Répartition des découvertes d’amphores vinaires de type “bordelais”.
Crédits D’après Maurin, Bost et Roddaz 1993 : Fig. p. 107, selon F. Berthault
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-31.png
Fichier image/png, 1,3M
Titre Fig. 29 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : les textes antiques ; pour cette carte et les suivantes, données assurées en noir, données douteuses en blanc ; les points mixtes (mi-noir-mi-banc) représentent des données assurées et douteuses, et un point entre 4 flèches une absence de localisation.
Crédits DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-32.jpg
Fichier image/jpeg, 109k
Titre Fig. 30 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : l’iconographie divine.
Crédits DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-33.jpg
Fichier image/jpeg, 111k
Titre Fig. 31 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : l’iconographie de la vigne.
Crédits DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-34.jpg
Fichier image/jpeg, 108k
Titre Fig. 32 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : les installations vinicoles.
Crédits DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-35.jpg
Fichier image/jpeg, 110k
Titre Fig. 33 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : l’outillage viticole.
Crédits DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-36.jpg
Fichier image/jpeg, 112k
Titre Fig. 34 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : la tonnellerie.
Crédits DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-37.jpg
Fichier image/jpeg, 108k
Titre Fig. 35 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : les plantations de vigne.
Crédits DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-38.jpg
Fichier image/jpeg, 108k
Titre Fig. 36 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : l’archéobotanique.
Crédits DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-39.jpg
Fichier image/jpeg, 111k
Titre Fig. 37 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : les ateliers de production d’amphores vinaires.
Crédits DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-40.jpg
Fichier image/jpeg, 109k
Titre Fig. 38 - Comparaison des données entre Bituriges Cubes et Vivisques (voir corpus en ligne à part) : ensemble des données.
Crédits DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-41.jpg
Fichier image/jpeg, 111k
Titre Fig. 39 - Voies de la Méditerranée à la Gaule centrale et occidentale : a) le commerce d’amphores italiques de Méditerranée (Narbonne) à Bordeaux (Bituriges Vivisques) par le Seuil du Lauragais ; b) voies fluviales et terrestre entre l’axe Rhône-Saône et l’Atantique.
Crédits a) d’après Étienne 1962 : carte 12 ; b) d’après Ferdière 1977 : Fig. 2
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-42.jpg
Fichier image/jpeg, 143k
Titre Fig. 40 - Les relations de la région de Bourges avec l’aire nord-alpine à la Protohistoire : a) le centre proto-urbain de Bourges par rapport à une sélection de marqueurs culturels du domaine nord-alpin et atlantique au 1er âge du Fer récent ; b) distribution des sites de La Tène A1, avec, pour comparaison, les sites du Midi de la Gaule et du nord-ouest de l’Italie.
Crédits a) d’après Milcent 2007 : Fig. 22 ; b) d’après Milcent 2007 : Fig. 25
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-43.jpg
Fichier image/jpeg, 550k
Titre Fig. 41 - Écogéogroupes ampélographiques en lien avec le Bordelais et le Berry : a) Carmenets ; b) Cots ; c) Folles ; d) Gras ; e) Gouais ; f) Messiles ; g) Noiriens ; h) Tressots.
Crédits D’après, dans l’ordre, Bisson 2009 : Fig. 7, 9, 11, 13, 12, 15, 17 et 22
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-44.jpg
Fichier image/jpeg, 347k
Titre Fig. 42 - Localisation des sites ayant livré des restes archéobotaniques de vigne (pépins…) utilisés pour analyse biométrique en France en 2001 ; ne nous concerne ici que les points n° 23 (Mazières-en-Mauges), 24 (Tours), 25 (Bourges) et 26 (Argentomagus) ; le point no 20 est Bibracte, hors de l’aire étudié, mais proche d’Autun.
Crédits D’après Bouby et Marinval 2001 : Fig. 2
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-45.png
Fichier image/png, 295k
Titre Fig. 43 - Répartition des données textuelles antiques pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire ; pour cette carte et les suivantes, données assurées en noir, données douteuses en blanc.
Crédits DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-46.jpg
Fichier image/jpeg, 440k
Titre Fig. 44a - Répartition des données iconographiques pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire : représentations divines.
Crédits DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-47.jpg
Fichier image/jpeg, 440k
Titre Fig. 44b - Répartition des données iconographiques pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire : figuration de vignes, etc.
Crédits DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-48.jpg
Fichier image/jpeg, 430k
Titre Fig. 45 - Répartition des installations vinicoles pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire.
Crédits DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-49.jpg
Fichier image/jpeg, 434k
Titre Fig. 46 - Répartition des données sur l’outillage viticole pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire.
Crédits DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-50.jpg
Fichier image/jpeg, 444k
Titre Fig. 47 - Répartition des données sur la tonnellerie pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire.
Crédits DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-51.jpg
Fichier image/jpeg, 430k
Titre Fig. 48 - Répartition des données sur les plantations de vigne pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire.
Crédits DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-52.jpg
Fichier image/jpeg, 429k
Titre Fig. 49 - Répartition des données archéobotaniques (palynologie, carpologie…) pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire.
Crédits DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-53.jpg
Fichier image/jpeg, 443k
Titre Fig. 50 - Répartition des données sur la production d’amphores vinaires pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire.
Crédits DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-54.jpg
Fichier image/jpeg, 434k
Titre Fig. 51 - Les productions d’amphores vinaires, par cité (par province, dans l’ordre des cités d’ouest en est, avec en outre la cité des Bituriges Vivisques).
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-55.png
Fichier image/png, 175k
Titre Fig. 52 - Répartition de l’ensemble des données, toutes catégories confondues, pour l’ensemble du Bassin versant de la Loire.
Crédits DAO D. Morleghem, LAT, UMR CITERES, Tours
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-56.jpg
Fichier image/jpeg, 475k
Titre Fig. 53 - a) modèle prédictif des zones potentiellement favorables à l’implantation d’un vignoble en Gaule romaine au ier s. de n. è. ; b) superpositions des données archéologiques sur la viticulture gallo-romaine au modèle prédictif.
Crédits D’après Bernigaud et al. 2021 : Fig. 3 et 4, DAO N. Bernigaud, CEREGE
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-57.jpg
Fichier image/jpeg, 534k
Titre Fig. 54 - Les données sur la viti-viniculture à l’époque romaine superposées à la carte viticole médiévale et actuelle pour le Nord-Ouest de la France (ouest de la province de Lyonnaise).
Crédits D’après Hervé-Monteil et al. 2011 : Fig. 129, DAO M. Monteil, Univ. de Nantes
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-58.jpg
Fichier image/jpeg, 287k
Titre Fig. 55 - Viticulture aujourd’hui en France : a) les Appellations d’Origine Contrôlée du vignoble français aujourd’hui ; b) les AOP et IGP du Val de Loire.
Crédits a) d’après Pitte 2022 : carte p. 89 ; b) d’après le site en ligne vinsvaldeloire.fr, InterLoire, 2020, consulté fév. 2021
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/6453/img-59.png
Fichier image/png, 3,0M
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Pour citer cet article

Référence électronique

Alain Ferdière, « Le développement de la viticulture antique dans le bassin versant de la Loire à l’époque romaine (Gaule centrale) et la question de la vigne biturica »Revue archéologique du Centre de la France [En ligne], Tome 62 | 2023, mis en ligne le 28 novembre 2023, consulté le 11 décembre 2024. URL : http://journals.openedition.org/racf/6453

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Auteur

Alain Ferdière

Laboratoire Archéologie et Territoires, UMR CITERES, Tours

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