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L’établissement rural gallo-romain de “Fêts de Renier” à Étrechet (Indre)

The Gallo-Roman rural settlement of “Fêts de Renier” in Étrechet (Indre)
Nicolas Fouillet, Joël Mortreau, Michel Barret, Séverine Chaudriller, Marielle Delémont, Alexandre Fontaine, Laurent Fournier, Alix Fourré, Céline Galtier, Philippe Gardère, Béatrice Marsollier et Boris Robin

Résumés

Le site gallo-romain de “Fêts de Renier” à Étrechet (Indre), a été exploré sur environ deux hectares, dans la ZAC d’Ozans. La fouille réalisée en 2012 permet de retracer l’évolution chronologique et spatiale de ce modeste établissement rural qui est en fonction de la fin du ier s. av. J.-C. au début du iiie s. ap. J.-C. Deux principales phases d’occupation ont pu être individualisées. La morphologie de cet habitat enclos caractérise une exploitation tournée vers des activités agropastorales, mais il est possible que se développe en parallèle un artisanat en rapport avec la métallurgie du fer. Cet article synthétique décrit les vestiges structurants et leur mobilier ; il propose dans un second temps l’hypothèse argumentée d’un plan phasé du site.

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Texte intégral

1. Présentation

1Le site de “Fêts de Renier” est localisé au nord de la commune d’Étrechet (Indre), dans la partie nord-ouest de la zone d’aménagement concerté d’Ozans (Fig. 1). Les 4,5 ha explorés au cours de cette opération de fouille préventive ont livré les vestiges d’une ferme gallo-romaine et de plusieurs unités d’exploitations agricoles médiévales (Fouillet et Mortreau 2013). L’étude de la céramique a mis en évidence une occupation continue depuis le tournant de notre ère jusqu’à la fin du iie s.-début du iiie s. ap. J.-C. Par la suite, l’établissement est déserté et le site n’est réoccupé au plus tôt qu’à partir de la deuxième moitié du ve s. jusqu’au xe s. La présente publication ne concerne que l’établissement antique.

Fig. 1 - Carte de localisation de la Zac d'Ozans sur la commune d'Étrechet (Indre)

Fig. 1 - Carte de localisation de la Zac d'Ozans sur la commune d'Étrechet (Indre)

SRA/PCR Agglomérations antiques en région Centre, J. Vilpoux, C. Cribellier, E. Roux, 2011-2016

2Le diagnostic archéologique réalisé en 2010 dans l’emprise du projet de ZAC avait révélé plusieurs sites archéologiques protohistoriques et gallo-romains (Fig. 2) (Munos 2010a et b). Deux enclos maçonnés gallo-romains à vocation probablement funéraire ont été découverts à environ 130 m à l’est du site ici concerné (Fig. 2, site 17). Plus au sud, à près de 100 m, une nécropole du haut Moyen Âge (vie-ixe s.) a également été retrouvée dans le cadre de ce diagnostic (Fig. 2, site 13). Les deux sites détectés aux lieux-dits “Croc au Loup” et “le Four à Chaux”, localisés respectivement à 1 km et 2 km au sud-ouest de “Fêts de Renier”, ont fait l’objet de fouilles archéologiques en 2011 (Fig. 2, sites 19 et 23). Le premier correspond principalement à une petite zone d’habitat protohistorique, alors que la fouille du second a mis en évidence un établissement gallo-romain présentant des similitudes avec celui de “Fêts de Renier” (Cherdo et al. 2012 ; Raudin 2012), comme on le verra plus bas. Depuis la fouille de ces sites, d’autres opérations archéologiques ont été menées dans la ZAC d’Ozans ou à proximité (cf. infra) ; elles sont figurées sur la carte archéologique de la zone d’étude (Fig. 2).

Fig. 2 - Principaux sites recensés dans la zone d’étude pour les périodes de La Tène finale et l’Antiquité.

Fig. 2 - Principaux sites recensés dans la zone d’étude pour les périodes de La Tène finale et l’Antiquité.

B. Marsollier et N. Fouillet, Inrap

3L’aire étudiée ici occupe la partie haute du versant nord d’un grand thalweg orienté NE-SO, incliné en direction de la vallée de l’Indre. Elle culmine à une altitude moyenne de 156 m NGF (Gardère 2013 : 30). Dans ce secteur, le calcaire est généralement proche de la surface du sol, souvent directement sous la terre arable (Fig. 3). Ce substrat est très compact, avec un calcaire qui se délite en plaquettes de toutes tailles (calcaire de Montierchaume (j6-7a)). La couverture sédimentaire sus-jacente est constituée de limons compacts et homogènes de couleur brun-orangé, présents au mieux sur 0,50 m d’épaisseur (argiles sableuses et grès du Cénomanien [c2]) (Debrand-Passard 1972 ; Lorenz 1986).

Fig. 3 - Vue aérienne de la surface décapée prise depuis le sud-est.

Fig. 3 - Vue aérienne de la surface décapée prise depuis le sud-est.

Cliché : N. Holzem, Inrap

  • 1 Par la suite, abrégé : TCA.

4Si la faible profondeur du substrat rocheux a bien limité les labours en profondeur, les vestiges n’en présentent pas moins un état de conservation médiocre, pour la même raison de la faible épaisseur de terre arable. Ainsi, du fait de l’état d’arasement important du site, aucune couche d’occupation ni aucune surface de circulation ne sont préservées, et il ne reste des murs que leurs fondations. Les vestiges archéologiques sont assez régulièrement répartis sur la surface explorée et montrent que le site se développe sans doute en dehors de l’emprise décapée au nord et au sud. Les 1 127 faits archéologiques dénombrés recouvrent la gamme des vestiges habituellement retrouvés dans ce type de contexte, à savoir essentiellement des structures en creux (trous de poteau, fosses, fours, fossés, puits) et des maçonneries. D’une manière générale, la fouille a livré très peu de mobilier archéologique. Ainsi, sans tenir compte des fragments de terres cuites architecturales1 et des déchets métallurgiques, l’intégralité du matériel antique, toutes catégories confondues, tient dans seulement six caisses de 30 l. Cette indigence a nui à la détermination chronologique des occupations, qui reste fondée sur peu d’éléments matériels. Toutefois, ces datations par le mobilier, confrontées à la chronologie relative et à la topographie des vestiges, ont permis de retracer les grandes lignes de l’évolution de l’établissement gallo-romain et d’individualiser deux phases principales d’occupation (Fig. 4 et Fig. 5).

Fig. 4 - Plan masse des vestiges.

Fig. 4 - Plan masse des vestiges.

N. Holzem et B. Marsollier, Inrap

Fig. 5 - Principales caractéristiques des deux phases d’aménagement individualisées.

Fig. 5 - Principales caractéristiques des deux phases d’aménagement individualisées.
  • 2 90 faits ont livré du mobilier en céramique gallo-romain, parmi lesquels seulement 47 ont pu être p (...)

5Le peu de faits précisément datés2 et certaines lacunes stratigraphiques conduisent à présenter les résultats de ces recherches en deux parties. La première décrit les vestiges structurants et leur mobilier associé ; la seconde s’applique à restituer l’évolution chronologique et spatiale des occupations et propose l’hypothèse argumentée d’un plan phasé du site (Fig. 6). Les tableaux de comptage du mobilier et les dessins des éléments les plus caractéristiques et les mieux préservés ont été regroupés en annexes (cf. Annexes 1 à 10).

Fig. 6 - Plan phasé synthétique du site gallo-romain. Phase 1 : l'installation initiale (fin Ier s. av. J.-C.-1re moitié du Ier s. ap. J.-C.) ; Phase 2 : la ferme dans sa configuration définitive (2e moitié du Ier s. ap. J.-C.-IIe/IIIe s.).

Fig. 6 - Plan phasé synthétique du site gallo-romain. Phase 1 : l'installation initiale (fin Ier s. av. J.-C.-1re moitié du Ier s. ap. J.-C.) ; Phase 2 : la ferme dans sa configuration définitive (2e moitié du Ier s. ap. J.-C.-IIe/IIIe s.).

N. Holzem et B. Marsollier, Inrap

2. Les vestiges archéologiques

2.1. Les ensembles fossoyés

2.1.1. L’enclos fossoyé rectangulaire

6Les premières installations structurées du site sont matérialisées par un enclos fossoyé quadrangulaire localisé dans la moitié occidentale de l’emprise de fouille (Fig. 7). Celui-ci, quasi rectangulaire, mesure au maximum 85,90 × 71,50 m. L’ensemble représente donc près de 310 m de fossés qui délimitent un espace d’environ 6 140 m². L’unique entrée dans l’enclos est marquée par une interruption de fossé sur 3,85 m au milieu du côté est. Aucune construction sur poteaux ‑ type porche ou autre ‑ n’est attestée à l’emplacement de cette ouverture. D’autres passages sous la forme de franchissements légers et ponctuels sont possibles mais n’ont alors laissé aucune trace.

Fig. 7 - Plan et coupes des fossés de l’enclos quadrangulaire.

Fig. 7 - Plan et coupes des fossés de l’enclos quadrangulaire.

B. Marsollier, Inrap

  • 3 L’érosion du site semble en général assez forte.

7Les cinq fossés de l’enclos ainsi définis présentent des profils en U ou en auge. Ils sont en général évasés et leur largeur conservée oscille entre 0,65 et 1,50 m, mais avoisine généralement le mètre. La profondeur conservée3 des fossés n’excède pas 0,70 m. Les altitudes relevées au fond des creusements sont relativement régulières ; elles sont situées entre 155,72 et 156,51 m NGF. L’écart altimétrique marque l’inclinaison des fossés, permettant l’écoulement, selon le pendage naturel du terrain en direction de l’est et du sud.

8Leurs comblements sont peu stratifiés, essentiellement limono-sableux et hydromorphes, brun foncé à gris clair, compacts et homogènes. Ils incluent parfois des fragments, voire des petits blocs, de calcaire et des charbons de bois. L’analyse de la stratigraphie et de la nature des sédiments permet de conclure au remplissage principalement naturel de ces fossés (érosion des parois, colluvionnement). La stratigraphie trahit aussi des actions de curage ; la rareté du mobilier ne permet cependant pas de dater ces événements (Fig. 7 et Fig. 8).

Fig. 8 - Coupe du fossé F323 (coupe no 8) vue depuis l’ouest.

Fig. 8 - Coupe du fossé F323 (coupe no 8) vue depuis l’ouest.

Cliché : J. Mortreau, Inrap

9La présence d’un talus n’est pas attestée. Aucune trace de glissement d’un cordon de terre dans les fossés ne transparaît dans la stratigraphie des remplissages. Mais cette constatation ne permet pas d’infirmer sa réalité physique car des curages ont pu contribuer à oblitérer un tel phénomène, d’autant plus que l’absence de construction à proximité directe des fossés ménage un espace potentiellement suffisant pour un talus.

10Les fossés d’enclos ont livré peu de mobilier archéologique : 242 tessons de poterie en terre cuite (NMI : 22), 3 fragments de TCA, 2 éléments de faune, 5 fragments de clous, 1 scorie de forge et 1 fragment de silex.

  • 4 Indiquant sans doute ainsi une déposition peu après leur bris.

11Les éléments en céramique ont essentiellement été retrouvés en fin d’opération, lors de la fouille mécanique des fossés. Les tessons ne sont donc pas précisément rattachés à leur contexte stratigraphique stricto sensu car les US n’ont pas toujours pu être individualisées alors, en raison de leurs faibles différences chromatiques et granulométriques. En définitive, les marqueurs chronologiques pour le comblement des fossés sont très hétérogènes et concernent une large fourchette chronologique comprise entre la Protohistoire et le iie s. ap. J.-C. Ils ne permettent pas de proposer une datation précise pour la mise en place du système enclos. Cependant, au regard des autres informations chronologiques disponibles pour le site, il est sans doute possible de dater la fondation de l’établissement au plus tôt de la période dite gallo-romaine précoce, autour du changement d’ère, le corpus céramique le plus homogène retrouvé dans le fossé oriental (F113) permettant d’établir le terminus post quem (TPQ) du début du comblement du fossé de façade à la première moitié du ier s. ap. J.-C., probablement entre 10 et 40. Il ne s’agit que de 37 restes pour un minimum de 7 individus. Ce mobilier, bien que fragmenté, est relativement bien conservé et les surfaces des tessons sont peu émoussées4. Six catégories techniques ont été identifiées dans ce contexte (Annexes 1 et 2 : pl. 1). Ce corpus homogène est constitué d’un gobelet de type Beuvray, d’une coupe Menez 60 en Terra Nigra, d’une cruche balustre à anse moulurée en céramique fine engobée blanc, d’un pot à lèvre moulurée du type Besançon, d’un couvercle et d’un pot caréné en céramique commune sombre non tournée.

12La céramique retrouvée dans une US colmatant le fossé occidental de l’enclos (F325) permet d’appréhender son époque d’abandon. Celle-ci (NR : 76 ; NMI : 1), datée du iie s. ap. J.-C., suggère que le fossé est toujours visible à cette période, mais qu’il n’est plus entretenu.

13Un parallèle doit être fait entre ce système fossoyé et le probable enclos quadrangulaire d’environ 56 × 40 m, récemment mis au jour dans le cadre du diagnostic mené aux lieux-dits “Fêts de Marchat”/“les Marchats” situé à 450 m à l’est de la fouille (Fig. 2, site 24). Le mobilier en céramique contenu dans les remplissages des fossés est attribué aux ier-iie s. ap. J.-C. (Pallarès 2024 : 120). Aucune construction n’a été mise en évidence à l’intérieur de cet espace dans les tranchées du diagnostic.

14D’autres fossés, correspondant à un parcellaire gallo-romain (iie s.), ont été retrouvés plus au sud à environ 500 m de la fouille de “Fêts de Renier”, aux lieux-dits “Buisson Vert” et “Fêts de Marchat” (Fig. 2, site 25) (Poitevin 2017 : 91).

2.1.2. Le système fossoyé oriental

15Un autre ensemble constitué de trois fossés est situé à environ 85 m à l’est de l’enclos quadrangulaire principal. Leur tracé se développe sur 162 m. Les deux ensembles fossoyés sont orientés selon des axes sensiblement décalés, d’environ 15° (Fig. 6).

16Ces fossés forment un angle obtus d’environ 100°, pour deux côtés d’un possible enclos alors largement ouvert à l’ouest. Une interruption du tracé matérialise au sud-est un passage de 3,50 m de largeur. Les entrées des deux ensembles fossoyés, distantes d’environ 90 m, sont cependant presque situées en vis-à-vis. Il est à noter que l’absence de fossés au nord et au sud n’est pas liée à un arasement des vestiges car, pour chaque extrémité, l’arrêt du creusement est marqué par une nette remontée du fond de la structure (Fig. 9).

Fig. 9 - Profil du fossé F42 au niveau de son interruption au nord vu depuis le nord-ouest.

Fig. 9 - Profil du fossé F42 au niveau de son interruption au nord vu depuis le nord-ouest.

Cliché : J. Mortreau, Inrap

17Les trois segments de fossés présentent des profils en V ou en auge (Fig. 10). Leurs largeurs avoisinent 1 m, pour des profondeurs conservées n’excédant pas 0,60 m. Le fond des creusements est quasi horizontal et culmine à 156,25 m NGF. Les sédiments de comblement des fossés, homogènes, sont de nature argileuse, hydromorphe, leur couleur variant du gris au brun. Les remplissages sont généralement constitués de deux dépôts qui témoignent d’un comblement lent et naturel de la structure. La présence d’un éventuel talus n’a pas été mise en évidence dans la stratigraphie des remplissages et aucune trace de curage ou de recreusement n’est attestée. Seulement 19 tessons (NMI : 6), attribués à La Tène moyenne/finale, ou plus largement à la Protohistoire, ont été retrouvés dans ces contextes. Cette céramique, possiblement résiduelle ici, indique somme toute que l’établissement a vraisemblablement connu – au moins à La Tène finale – une phase en matériaux périssables, sans doute presque entièrement érodée, à l’image des établissements proches de cette période mais bien mieux préservés, mis au jour sur les fouilles de “Croc au Loup” et du “Parc du Château d’Ozans” (Fig. 2, sites 19 et 20) (enclos, bâtiments sur poteaux, fosses d’extraction…) (Cherdo 2015 : 8-9 ; Pescher et Dumas-Lattaque 2013 : 38-74).

Fig. 10 - Système fossoyé oriental : plan et coupes des fossés.

Fig. 10 - Système fossoyé oriental : plan et coupes des fossés.

B. Marsollier, Inrap

18La recherche de limites complémentaires pouvant compléter ce dispositif de clôture s’est avérée vaine, ce qui confère au plan de la structure une apparence d’inachevé. À l’ouest, l’enclos quadrangulaire pourrait, en lui-même, constituer une limite. Le cas échéant, cela implique que les deux ensembles fossoyés ont, au moins momentanément, coexisté, ce qui n’est pas archéologiquement démontré.

19Trois autres segments de fossés, identifiés pour l’Antiquité mais non précisément datés, n’ont pu être intégrés ni à l’un ni à l’autre des deux ensembles fossoyés mis en évidence sur le site. Ils sont situés au sud et au nord-ouest de la zone décapée et se développent manifestement en dehors de l’emprise explorée (Fig. 6).

2.1.3. L’enclos maçonné

20Les vestiges d’un probable enclos maçonné ont été retrouvés au centre de l’enclos fossoyé principal, à environ 16,50 m de distance des fossés ouest et sud ; les murs sont parallèles aux fossés (Fig. 6 et Fig. 11).

Fig. 11 - Plan et coupes de l’enclos de murs interne.

Fig. 11 - Plan et coupes de l’enclos de murs interne.

B. Marsollier, Inrap

21La maçonnerie est faiblement ancrée et seules les fondations des murs ouest et sud, agencées presque perpendiculairement, sont en partie préservées. Il est vraisemblable que l’ouvrage se développait au nord et à l’est pour former un enclos quadrangulaire mesurant au minimum 37,40 × 44,35 m (1 660 m²). À titre de comparaison, l’enclos maçonné antique retrouvé sur le site proche du “Four à Chaux”, a une superficie d’environ 1 400 m² (31,72 × 44,58 m) (Raudin 2012 : vol. 1 : 94).

22Les fondations, larges de 0,70 m, ne sont préservées que sur 0,14 m de profondeur. Ce radier est constitué de petits blocs et de fragments calcaires de 5 à 10 cm de côté, jetés pêle-mêle et sans liant à l’intérieur de la tranchée. Ces matériaux peuvent correspondre à des déchets de taille. L’ensemble de la construction est apparu compact et homogène.

23Aucun mobilier archéologique ne leur est associé. L’imbrication des deux enclos fossoyés et maçonnés et la position centrale du bâtiment maçonné 2 (cf. infra) dans ce système suggèrent que ces trois aménagements sont contemporains. L’enclos muré délimiterait alors la cour de l’édifice (Fig. 6).

2.2. Les constructions sur poteaux

24Les vestiges de bâtiments sur poteaux, bien qu’avérés, ont été difficilement appréhendés. La faible profondeur du substrat calcaire a dû limiter celle de leur ancrage, rendant ainsi leurs vestiges d’autant plus exposés à l’érosion. Ce constat vaut également pour les constructions sur solins de pierre ou longrines en bois qui ont pu totalement disparaître du fait de l’état d’arasement important du site.

25Les plans de trois bâtiments, dont deux hypothétiques, peuvent néanmoins être proposés (Fig. 6). D’autres zones construites sont vraisemblables là où les concentrations de trous de poteau sont les plus importantes : au centre de l’emprise (entre les deux bâtiments maçonnés antiques) et dans son angle ouest. Cependant, dans ces espaces fortement arasés, les restitutions hypothétiques de plans d’édifices ont été attribuées au Moyen Âge par la présence de céramique. L’aménagement des constructions maçonnées a également pu oblitérer des éléments d’un bâti antérieur en matériaux périssables. Si certains trous de poteau non datés ont bien été retrouvés dans ces secteurs, aucun n’a pu être associé au plan d’une quelconque structure bâtie. L’emprise des deux bâtiments maçonnés et leurs abords ont été entièrement décapés mécaniquement en fin d’opération, mais sans révéler les traces d’installations antérieures.

2.2.1. Le bâtiment sur poteaux 3

26Le bâtiment 3 est situé à quelques mètres de l’angle nord de l’enclos fossoyé (Fig. 6 et Fig. 12). Il s’agit d’une petite construction rectangulaire de 2,70 × 3,50 m (9,45 m²), agencée parallèlement à la clôture, à l’extérieur. Les quatre poteaux principaux de l’édifice sont circulaires. Ils mesurent entre 0,42 et 0,56 m de diamètre, pour des profondeurs conservées avoisinant les 0,35 m. Les remplissages sont limoneux brun, compacts et homogènes. Leur fouille a mis en évidence les négatifs des pieux qui sont apparus nettement plus foncés, en raison de leur forte concentration en fragments de charbons de bois et de nodules de terre brûlée. Leurs diamètres oscillent entre 0,24 et 0,36 m (Fig. 13). Aucune pierre de calage n’est attestée. Les négatifs de trois trous de poteau ont livré des tessons en céramique (NR : 44 ; NMI : 4) dont la datation fournit un terminus post quem attribué à La Tène finale.

Fig. 12 - Plan et coupes du bâtiment sur poteaux 3.

Fig. 12 - Plan et coupes du bâtiment sur poteaux 3.

B. Marsollier, Inrap

Fig. 13 - Coupe du trou de poteau F346, vue depuis le sud, avec traces du poteau et d’incendie

Fig. 13 - Coupe du trou de poteau F346, vue depuis le sud, avec traces du poteau et d’incendie

Cliché : J. Mortreau, Inrap

27Trois creusements supplémentaires appartiennent sans doute à la même entité architecturale (Fig. 12). En effet, l’emplacement de deux poteaux à 1,50 m de la paroi nord-ouest et espacés d’1,10 m, suggère qu’ils pourraient matérialiser un accès à l’édifice. À titre de comparaison, le bâtiment E15 découvert sur le site de “Champ Chardon” à Tours (Indre-et-Loire) présente des similitudes frappantes avec l’édifice de “Fêts de Renier” : cette construction avait livré quatre tessons datés de la Protohistoire (Couderc 2010 : 122-124 ; Couderc et al. 2018). Un troisième poteau, tangent au module porteur, à l’ouest, pourrait correspondre à un élément de consolidation de l’édifice.

2.2.2. Les hypothèses de bâtiments sur poteaux 28 et 29

28Une concentration de trous de poteau située en limite nord de l’emprise du décapage pourrait matérialiser deux bâtiments sur poteaux antiques supplémentaires (Fig. 6).

29La première hypothèse d’édifice (no 28) est induite par l’agencement de quatre trous de poteau de morphologie assez semblable. Le plan de ces vestiges forme un trapèze rectangle. Cette particularité morphologique s’explique par le décalage d’un des poteaux. L’édifice proposé mesure alors au maximum 3,65 × 2,50 m (9 m²) ; son orientation est proche de celle observée pour l’enclos fossoyé et le bâtiment 3. Les trous de poteau sont de dimensions relativement modestes, approximativement 0,50 m de diamètre pour des profondeurs conservées n’excédant pas 0,26 m (Fig. 14).

Fig. 14 - Plans proposés et coupes des trous de poteau des bâtiments hypothétiques 28 et 29.

Fig. 14 - Plans proposés et coupes des trous de poteau des bâtiments hypothétiques 28 et 29.

B. Marsollier, Inrap

30Les trois tessons de céramique (NMI : 2) retrouvés dans le remplissage de deux creusements ne fournissent qu’un terminus post quem imprécis à la Protohistoire. Le reste du mobilier consiste en deux fragments d’une même meta de meule en grès du sud Berry. Ni le flanc ni l’œil de la meule ne sont conservés, ce qui empêche toute comparaison chrono-typologique.

31Une petite fosse se situe dans l’emprise du bâtiment proposé no 28. Celle-ci n’est pas datée et sa contemporanéité n’est pas assurée. Les dimensions et la morphologie de la fosse ne sont pas précisément définies car elle est recoupée par un fossé médiéval. La fonction initiale de ce creusement n’est pas non plus déterminée.

32Quelques mètres plus au nord, deux alignements de poteaux agencés perpendiculairement pourraient matérialiser un second bâtiment (no 29) (Fig. 6). Son plan est incomplet car, sur les huit poteaux envisagés, seulement cinq sont conservés. Cette lacune du plan peut être expliquée par l’état d’arasement important des vestiges dans ce secteur et surtout par la très mauvaise lisibilité de cette partie de l’emprise de fouille constamment inondée. La possibilité d’un bâtiment à cet endroit n’a été examinée qu’en phase étude, si bien que la recherche de trous de poteau complémentaires n’a pas pu être opérée sur le terrain.

33Ces trous de poteau font entre 0,80 et 1 m de diamètre, pour une profondeur conservée n’excédant pas 0,30 m (Fig. 14). Le plan du bâtiment rectangulaire proposé, orienté NE-SO, mesurerait 9,90 × 4,50 m (44,55 m²). Trois tessons datés du Néolithique ou de la Protohistoire ont été retrouvés en surface du remplissage d’un des trous de poteau.

2.3. Les constructions maçonnées

2.3.1. Le bâtiment 1 et le cellier maçonné

34Le bâtiment 1 est situé à l’intérieur du double système enclos maçonné et fossoyé (Fig. 6). Il est édifié sur un affleurement du substrat calcaire qui culmine à cet endroit du site à environ 156,90 m NGF. Les murs ouest et sud de la clôture maçonnée, les seuls préservés, sont respectivement situés à 3,50 et 16,50 m du bâtiment. La construction présente un état de conservation médiocre : il ne reste aucune trace des élévations ni des niveaux d’occupation. En outre, les vestiges ont été profondément oblitérés par l’installation de deux drains contemporains.

35L’ensemble de la construction, hors tout, s’inscrit dans un quadrilatère de 17,30 × 14,80 m orienté NE-SO. Sans tenir compte des trois contreforts massifs et des deux antes de l’entrée, l’édifice mesure 15,60 m sur 11,20 m (175 m²) (Fig. 15 et Fig. 16). Cinq pièces sont dénombrées à l’intérieur de la construction : deux pièces principales, l’une de 6,60 × 8,20 m (n4) et l’autre de 6,60 × 5,20 m (n5), sont précédées en façade par un avant-corps large de 2,55 m. Dans ce dernier espace, les deux petites pièces fermées mesurent 2,30 × 2,55 m (n2) et 3,15 × 2,55 m (n3) ; elles encadrent un vestibule de 2,55 × 7,15 m (n1) (Fig. 15).

Fig. 15 - Principales caractéristiques morphologiques des cinq pièces du bâtiment maçonné 1.

Fig. 15 - Principales caractéristiques morphologiques des cinq pièces du bâtiment maçonné 1.

Fig. 16 - Plan et coupes des tranchées de fondation du bâtiment 1.

Fig. 16 - Plan et coupes des tranchées de fondation du bâtiment 1.

B. Marsollier, Inrap

36L’accès au bâtiment se fait depuis l’est, matérialisé par deux antes espacées de 3,80 m qui dépassent de 1,50 m en façade. Cette entrée est située précisément à l’intersection des diagonales de l’enclos fossoyé ; les entrées des deux aménagements, espacées d’environ 35 m, sont situées en vis-à-vis (Fig. 6). Les deux antes maçonnées pouvaient encadrer un escalier ou une rampe d’accès et marquer ainsi l’entrée du bâtiment de manière ostentatoire. Elles peuvent aussi correspondre aux soubassements d’un porche saillant en façade.

37L’édifice est renforcé à l’est et au sud par trois contreforts maçonnés massifs d’environ 1,50 m de côté. Leurs fondations, en tout cas, sont accolées et non chaînées à celles du bâtiment (Fig. 17). Ils sont destinés à parer à une faiblesse de l’élévation. Un changement de fonction de l’édifice a également pu nécessiter des modifications de la structure même du bâti (stockage de charges lourdes à l’étage, par exemple).

Fig. 17 - Vue depuis l’ouest du contrefort B. Au second plan, on distingue le mur F733 et le cellier F746.

Fig. 17 - Vue depuis l’ouest du contrefort B. Au second plan, on distingue le mur F733 et le cellier F746.

Cliché : E. Pierre, Inrap

38Les tranchées de fondation entaillent le sous-sol sur une profondeur assez constante qui avoisine 0,40-0,50 m. Les constructeurs n’ont pas cherché à fonder systématiquement les murs sur le substrat calcaire dur, comme dans le cas du bâtiment 2 (cf. infra). La largeur des tranchées oscille entre 0,56 et 0,90 m, selon le rôle de portance des murs dans la construction (Fig. 16).

39Ces fondations sont constituées d’un blocage de pierres calcaires de toutes dimensions (0,05-0,50 m) jetées pêle-mêle dans les tranchées, sans liant. Il s’agit de blocs non équarris, de formes tabulaire ou grossièrement hexaédrique. Par endroits, des dalles de dimensions plus importantes sont disposées horizontalement au fond des tranchées. La proportion de blocs calcinés et rubéfiés y est assez importante. Le fait qu’ils ne soient pas systématiquement situés sur les arases des fondations, mais parfois profondément incrustés dans la maçonnerie, montre que leur rubéfaction n’est pas liée à l’incendie, pourtant avéré, du bâtiment (cf. infra). Le rapprochement avec des blocs mal consumés issus du four à chaux proche est tentant mais ne peut pas être démontré et il peut donc s’agir de récupération après un incendie antérieur. La constitution des fondations des contreforts est identique à celle étudiée pour le reste de la construction, mais la proportion de pierres de moyens et gros calibres y est nettement plus importante (0,20-0,50 m). Le sédiment limoneux brun retrouvé dans les interstices des fondations est sans doute lié à des infiltrations postérieures, car le blocage initial, avec des vides, constitue certainement un radier drainant destiné à isoler les élévations de l’humidité du sous-sol. Du mortier de chaux blanc pulvérulent a été retrouvé, par endroits, sur les arases des fondations, dans l’angle sud-ouest notamment. Sa présence annonce la partie en élévation non conservée du bâtiment. L’arasement du mur pignon sud est apparu fortement rubéfié et violacé, sous l’action d’un incendie forcément très intense et dévastateur. Il est possible que le bâtiment ait été entièrement ruiné par cet incendie.

40La fouille de l’édifice a révélé la présence d’un cellier maçonné dans l’angle sud-ouest de la grande pièce. Il entaille le calcaire sur 1 m de profondeur depuis la surface du décapage. Il est raisonnable de penser, compte tenu de l’état d’arasement du site, que la profondeur initiale de cette structure, depuis le sol de l’époque donc, devait être d’au moins 1,5 m, pour permettre de s’y tenir presque debout, voire courbé, sous plafond (Fig. 18). La fosse d’installation de cette structure, de forme rectangulaire, mesure 2 × 1,60 m. Les bords du creusement sont presque verticaux et le fond est plat. Le profil des parois parementées du cellier apparaît, quant à lui, légèrement évasé. Le sol correspond au substrat calcaire, très compact à cette profondeur. Le cellier est démuni d’escalier d’accès et la fouille n’a livré aucun indice d’une installation légère permettant d’accéder à la structure. Les parois ne présentent pas d’encoche, ni de ressaut qui auraient pu faciliter l’accès au fond du cellier par une échelle fixe ou l’installation d’un plancher.

Fig. 18 - Plan et coupes du cellier F746 du bâtiment 1.

Fig. 18 - Plan et coupes du cellier F746 du bâtiment 1.

B. Marsollier, Inrap

41Le substrat calcaire, plus tendre et friable en partie supérieure, a nécessité le chemisage des parois. La structure est donc cuvelée par un blocage de dalles et dallettes calcaires soigneusement liées, sans mortier, avec un sédiment limoneux très fin de couleur brun-vert. Des fragments de TCA – presque exclusivement des tegulae – y sont également inclus. L’épaisseur des joints est assez constante et avoisine le centimètre, sauf pour la paroi sud où ils apparaissent plus épais (parfois > 2 cm), a priori sans raison particulière (Fig. 19). Ce parement ne présente pas d’assise régulière, mais on dénombre de 15 à 18 assises, selon les parois et l’épaisseur des pierres utilisées. Les quatre murs sont chaînés entre eux. L’épaisseur de ce chemisage s’amenuise de bas en haut des parements ; c’est ce qui crée le léger évasement des parois de la structure. Le calibre des blocs utilisés est plus gros dans la moitié inférieure de la construction (0,10-0,30 m) et se réduit dans la moitié supérieure (0,10-0,15 m), où la proportion de dallettes en calcaire augmente. Ainsi, la surface utile du cellier atteint 1,62 m² au fond (1,50 × 1,08 m), mais son ouverture, en l’état, mesure 2,15 m² (1,70 × 1,26 m), soit un volume avoisinant les 1,80 m3. Cette capacité ne tient pas compte du volume manquant arasé situé en partie supérieure de la structure, soit près d’1 m3, en restituant 0,50 m de hauteur supplémentaire.

Fig. 19 - Vue du parement du mur oriental du cellier.

Fig. 19 - Vue du parement du mur oriental du cellier.

Cliché : V. Georges, Inrap

42Une petite niche coffrée avec des fragments de tegulae a été intégrée dans le parement ouest (petit côté) du cellier. Elle est située au centre de la paroi, à 0,22 m du fond. L’ouverture mesure 0,50 m de largeur, pour une hauteur et une profondeur de 0,20 m. Le rebord et le linteau de la niche sont assurés par un grand fragment de tegula et, au fond de la niche, une autre tegula disposée verticalement est plaquée contre la paroi de la fosse d’installation du cellier. Les deux piédroits sont constitués de trois petits blocs calcaires empilés. L’ouverture de la niche est apparue murée. Cette condamnation intervient postérieurement à la construction du cellier car le liant utilisé pour cette “rustine” maçonnée est de nature différente (plus brun et sableux) que celui des parements. La fouille réalisée à l’intérieur de la niche, derrière son blocage en pierre, a livré un squelette complet de chouette chevêche. Il n’y a pas d’autre mobilier associé (Fig. 20).

Fig. 20 - Vue de la coupe du parement ouest du cellier et de la niche après fouille.

Fig. 20 - Vue de la coupe du parement ouest du cellier et de la niche après fouille.

Cliché : V. Georges, Inrap

43La niche, une fois vidée, est apparue en bon état de conservation, et par conséquent, rien ne paraissait justifier son colmatage. Sa fonction n’est pas précisément identifiée. Elle est trop basse pour servir de marche, mais était peut-être destinée à recevoir une lampe à huile. La découverte du squelette de chouette derrière le colmatage soigné de cette cavité est intrigante. La possibilité d’un animal sacrifié en dépôt de fondation est une hypothèse qui ne peut pas être complètement écartée. Le cas échéant, un dépôt intentionnel à caractère prophylactique ou apotropaïque de ce type (et sous cette forme) serait assez exceptionnel.

44Les sédiments de remplissage du cellier sont apparus très hétérogènes et trahissent un comblement massif et assez rapide de la structure. L’absence de trace d’incendie montre que cette structure a été abandonnée et intentionnellement rebouchée avant la destruction du bâtiment par le feu.

45La dynamique de comblement du cellier peut se résumer assez simplement en trois grandes séquences stratigraphiques (Fig. 18) :

  • US 1175 : le premier dépôt est constitué de limons brun foncé, homogènes et compacts, en contact direct avec le sol du cellier. La couche mesure au maximum 0,10 m d’épaisseur. Cet horizon peut être lié à l’utilisation du cellier, ou s’être formée dans les premiers temps d’abandon de celui-ci ;

  • US 1174 et US 1173 : le remblaiement primaire du cellier est matérialisé par deux épaisses couches enchevêtrées sur environ 0,40 m d’épaisseur. Il s’agit principalement de sédiments limoneux mêlés à des nodules et des blocs calcaires (< 0,10 m) ; l’ensemble est apparu assez compact. Ces dépôts sont soigneusement étalés et peut-être tassés préalablement au remblaiement final de l’excavation. Ils semblent correspondre à un comblement massif et volontaire de la structure ;

  • US 1171-1172 et US 1062-1065 : le comblement terminal de la structure est très hétérogène. Il est constitué de sédiments limoneux brun clair à brun foncé, assez compacts, avec des nodules de calcaire et de nombreux fragments de mortier pulvérulent. Des blocs en calcaire sont présents de manière éparse (< 0,20 m), ainsi que des fragments de tegulae et d’imbrices de grandes dimensions et un gros fragment de sol en terrazzo/béton de tuileau (0,30 × 0,50 m). Cet indice suggère la présence d’un sol bétonné dans le bâtiment 1, voire au-dessus du cellier.

46Les celliers gallo-romains de ce type et dans le même ordre de grandeur sont assez fréquemment rencontrés en contexte d’habitat rural. Celui présent dans la villa du “Gué des Grands Buissons” (F30), à Neuvy-Pailloux (Indre) ou ceux découverts sur le site des “Sables” (F89 et F167 notamment), à Suèvres (Loir-et-Cher) en constituent de bons exemples (Roy 2011 : 138 ; Couderc 2008 : 41). Un autre assez similaire (F264) a été retrouvé sur l’établissement rural de la rue des Flénats, à Muides-sur-Loire (Loir-et-Cher) (Irribarria et Raudin 2010 : 97-103).

47Les données chronologiques concernant le bâtiment 1 sont lacunaires. Les sondages manuels réalisés dans les murs du bâtiment 1 n’ont livré qu’un tesson de sigillée provenant de la Gaule du sud attribué au ier s. ap. J.-C. et un fragment d’enduit lissé peut-être badigeonné de lait de chaux. Il faut également noter, dans ces contextes, la présence résiduelle de trois fragments d’un même fond de four de réduction et de deux fragments de culots de forge (cf. infra).

48C’est le mobilier retrouvé dans les dépôts de comblement du cellier qui apporte les éléments de datation les plus fiables. L’essentiel de la céramique est situé au fond de la structure, dans l’US 1175, possible couche d’utilisation (cf. supra) (NR : 52 ; NMI : 1) et est globalement attribuable au Haut-Empire, sans davantage de précision. En revanche, l’US de remplissage intermédiaire 1174 a quant à elle livré quatre tessons d’un pot en céramique commune sombre, à lèvre ronde épaisse, attribuable aux iie-iiie s. : c’est l’information chronologique la plus précise pour l’abandon de ce cellier.

  • 5 US 1465 : 2 sigma calibration : 60-180 et 190-210 ap. J.-C.] (Beta - 337468) ; US 1175 : 2 sigma ca (...)

49Outre le squelette de chouette chevêche présent dans la niche (US 1465), on dénombre dans le comblement du cellier sept os de columba sp., deux os de porc, deux os d’oiseau indéterminé et un os indéterminé. Les datations radiocarbones réalisées sur les os de la chouette et sur un autre issu de l’US 1175, fournissent une date postérieure à la première moitié du ier s. ap. J.-C.5

50L’état d’arasement important et l’indigence du mobilier nuisent à l’interprétation fonctionnelle du bâtiment 1. Cependant, son compartimentage, la présence d’un cellier, voire d’un possible sol bétonné, ainsi que la position du bâtiment au centre d’un enclos maçonné (cour résidentielle ?), caractérisent davantage une habitation, sans doute la résidence de l’établissement. Néanmoins, un bâtiment de ce type peut être polyfonctionnel et regrouper sous le même toit des pièces de vie et d’autres à vocation de production, liée à l’activité économique de l’établissement. Excepté les trois contreforts qui sont rapportés contre le bâtiment à un moment indéterminé, l’ensemble de la construction paraît aménagé d’un seul tenant. Cette consolidation, réalisée principalement à l’arrière du bâtiment, est peut-être destinée à contrer des problèmes survenus sur les élévations (fissurations par exemple). En effet, contrairement aux soubassements du bâtiment 2, la profondeur des tranchées de fondation du bâtiment 1 est assez constante et ne tient pas compte des variations du substrat géologique. Ainsi, leur fond repose indifféremment sur le calcaire détritique ou sur les limons argileux, ce qui a pu engendrer des tassements différentiels des fondations préjudiciables à la bonne stabilité des élévations. Le changement de vocation d’un étage d’habitation en espace destiné à entreposer des denrées pondéreuses (en grenier par exemple), pourrait également engendrer des faiblesses architecturales et nécessiter de renforcer une partie des élévations, mais dans le cas présent, cette hypothèse n’est pas vérifiable par l’archéologie.

2.3.2. Le bâtiment maçonné 2

51Le bâtiment 2 est situé à 63 m à l’est du bâtiment 1 et à 33 m de l’entrée de l’enclos fossoyé principal, à l’extérieur. Les deux édifices ont une orientation NE-SO assez semblable. La construction mesure hors tout 15,95 × 13,65 m (environ 218 m²). Le plan du bâtiment est composé d’un corps principal à grande pièce unique carrée de 11,80 m de côté, précédé en façade d’un avant-corps constitué de deux petites pièces annexes de 4 × 1,85 m, encadrant une entrée de 3,14 × 1,85 m (Fig. 21 et Fig. 22). Ce dernier espace correspond sans doute à un porche qui dessert la pièce principale, mais également les deux pavillons. La petite pièce sud-ouest est apparue ouverte sur ce vestibule (absence du mur est). Il est cependant probable, vu l’affleurement du calcaire à cet endroit du site, qu’un mur peu fondé n’ait pas été préservé.

Fig. 21 - Principales caractéristiques morphologiques des quatre pièces du bâtiment 2 à fondations de pierre.

Fig. 21 - Principales caractéristiques morphologiques des quatre pièces du bâtiment 2 à fondations de pierre.

Fig. 22 - Plan et coupes des tranchées de fondation du bâtiment 2.

Fig. 22 - Plan et coupes des tranchées de fondation du bâtiment 2.

B. Marsollier, Inrap

  • 6 Soit plus de 300 m3 et plus de 225 tonnes (en considérant une densité moyenne de scories de l’ordre (...)

52L’aire de construction de ce bâtiment a préalablement été remblayée pour former une plateforme. En effet, l’espace à bâtir a d’abord été légèrement arasé pour ensuite être remblayé avec des dizaines de mètres cubes de scories de réduction, presque exclusivement des scories coulées (cf. infra). Ces déchets sont issus d’une installation métallurgique traitant le minerai de fer et faisant usage de bas-fourneaux. La provenance exacte des scories reste inconnue, mais la proximité de plusieurs ferriers plaide pour une origine locale (cf. infra), peut-être un ferrier proche utilisé à cet effet. Cet épandage de scories couvre un espace de forme ovalaire de 45 × 33 m (1 230 m²) pour une épaisseur n’excédant pas 0,30 m6. Des blocs calcaires de petits calibres (< 0,10 m) et des fragments de TCA sont associés en petite quantité aux scories. La matrice interstitielle des matériaux du remblai est sablo-limoneuse brun foncé, charbonneuse et très compacte. L’homogénéité du dépôt témoigne d’un apport massif et rapide.

53D’autres sites antiques présentant des constructions aménagées sur des remblais de scories de fer sont connus, comme par exemple la villa de Roullée/La Selle à Mont-Saint-Jean (Sarthe) (Sarreste 2017 : § 24). Pour “la villa de Feroles”, à Nozières (Cher), ce sont les fondations des murs elles-mêmes qui sont constituées de scories (Ferdière et Rialland 1996 : 21 ; Ferdière et Kisch 1984 : 286). L’épandage de scories déborde largement du bâtiment 2, surtout à l’arrière de celui-ci, au nord. Une cour a pu être aménagée à cet endroit, comme il est parfois attesté en association avec ce type de bâtiment (cf. infra). En effet, un espace propre et damé facilite le stockage et la manutention de matériel agricole. Par ailleurs, une aire de traitement des grains sur un sol propre est nécessaire dans les établissements agricoles pour le battage et le vannage. Cependant, dans le cas présent, l’hypothèse d’une arrière-cour aménagée n’est étayée par aucun autre indice, le peu de vestiges présents dans cet espace n’étant pas assurément rattachés à l’occupation du bâtiment.

54La largeur des fondations est de 0,54 à 0,94 m, pour des profondeurs conservées très variables qui oscillent de 0,26 à 1,50 m. Les constructeurs ont cherché à asseoir les fondations du corps principal du bâtiment sur le socle calcaire dur et ont donc décaissé les limons et le calcaire détritique jusqu’à atteindre l’horizon recherché (Fig. 22 et Fig. 23). D’une manière générale, la moitié nord-est du bâtiment est fortement fondée, alors que les fondations de la moitié opposée ne sont que peu ancrées et s’installent sur le calcaire compact affleurant. À titre de comparaison, des écarts altimétriques encore plus importants ont été observés pour les fondations du bâtiment A du site voisin du “Four à Chaux”, dont les profondeurs oscillent entre 0,50 et 3,80 m (Raudin 2012 : vol. 1 : 89).

Fig. 23 - Vue en coupe depuis l’ouest de la fondation du mur F96 (coupe n° 3).

Fig. 23 - Vue en coupe depuis l’ouest de la fondation du mur F96 (coupe n° 3).

Cliché : J.-F. Coulon, Inrap

55Les fondations sont composées de pierres calcaires de toutes dimensions (< 0,50 m) jetées pêle-mêle dans les tranchées. Elles sont principalement constituées de blocs non équarris mêlés à des nodules de calcaire désagrégé semblables à des déchets d’extraction. La proportion de plaques et de plaquettes est moins importante que dans les fondations du bâtiment 1. Le liant limoneux brun et homogène retrouvé dans les interstices du radier est dû à des infiltrations postérieures. Les fondations constituent ainsi un soubassement drainant contribuant à isoler les élévations de l’humidité du sous-sol. Les sondages réalisés dans les murs n’ont apporté aucun mobilier hormis quelques fragments de TCA et quelques scories de réduction écoulées.

56Cette indigence du mobilier archéologique et les informations très lacunaires disponibles en chronologie relative ne permettent pas de dater précisément la construction de ce bâtiment 2. Les quelques tessons retrouvés dans les remblais d’installation du bâtiment sont attribuables au Haut-Empire. Au diagnostic, le nettoyage de l’arasement d’un mur a livré un tesson de céramique daté de la seconde moitié du iie ou la première moitié du iiie s. ; mais une origine intrusive ne peut être dans ce cas écartée (Munos 2010b : 72).

57Il faut mentionner la présence de la fosse F948 située à 5 m devant cet édifice (Fig. 22). Le comblement de ce fait a livré du mobilier en céramique daté de la deuxième moitié du iie s. ou du premier tiers du iiie s. (Annexe 2 : pl. 2), ainsi qu’une monnaie de Trajan frappée entre 107 et 115 (Annexe 4). Cependant, la fonction de la fosse n’est pas déterminée et sa contemporanéité avec le bâtiment 2 n’est pas archéologiquement démontrée.

58L’absence des niveaux d’occupation et la pauvreté du matériel archéologique retrouvé dans ce contexte compliquent également la détermination de la fonction de ce bâtiment 2. Cependant, le plan de la construction, la présence d’un vraisemblable porche de manutention encadré de deux pavillons, la puissance des fondations, ainsi que la position du bâtiment à l’écart de ce qui paraît être la cour résidentielle de l’établissement, permettent d’envisager la présence d’un édifice destiné aux activités agro-pastorales de l’exploitation. La morphologie du bâtiment correspond clairement à un type d’édifice très répandu dans une vaste aire géographique qui couvre tout le centre de la Gaule (Lyonnaise et une partie de l’Aquitaine). D’une manière très générale, ces “granges” assez stéréotypées sont connues en contexte d’établissements agricoles et plus rarement en situation isolée. De nombreux exemples sont connus dans des villae étudiées en Beauce ou – comme ici – en Champagne berrichonne, quelles que soient leur taille et leur morphologie. Les édifices de ce type ont été récemment recensés (Ferdière, Gandini et Nouvel 2017 : 157- 180).

59Ces bâtiments sont de forme quadrangulaire et généralement puissamment ancrés dans le sol. Ils sont constitués d’une grande salle précédée d’un large porche. Un système de poulie fixé sur la charpente de la toiture du porche peut faciliter l’engrangement de charges lourdes à l’étage. L’entrée est généralement bordée de deux petites pièces quadrangulaires. Souvent, l’édifice est subdivisé selon des proportions proches des 1/3-2/3 (Ferdière, Gandini et Nouvel 2017 : 157- 180). Moins fréquemment, et c’est là une des particularités du bâtiment de “Fêts de Renier” et de celui du “Four à Chaux”, les proportions des deux espaces sont établies selon des proportions avoisinant les 1/5-4/5 ou 1/4-3/4 (Raudin 2012 : vol. 1 : 119-121). La grange E6 découverte sur le site de “Bourg Saint-Pair”, à Bais (Ille-et-Vilaine) en constitue un autre exemple (Pouille 2011 : 200).

60Ces édifices sont très souvent situés dans la pars rustica des villae, à l’écart du bâtiment résidentiel. L’hypothèse d’interprétation la plus souvent proposée pour ces bâtiments a longtemps été celle d’une grange-grenier, mais les études récentes montrent qu’en réalité ces édifices agricoles peuvent revêtir différentes fonctions : granges-greniers, étables, ateliers artisanaux et même logements pour des travailleurs agricoles, d’où le terme de “grange plurifonctionnelle” retenu pour les qualifier (Ferdière, Gandini et Nouvel 2017 : 173-177). Les dimensions souvent importantes observées pour ces constructions suggèrent la présence d’aménagements internes qui limiteraient la portée des entraits supportant un étage réellement fonctionnel, mais aucun vestige de ce type n’a été retrouvé dans le bâtiment de “Fêts de Renier”. Les élévations sont restituées en maçonnerie, au moins pour la pièce principale supportant l’étage. Des exemples de restitutions sont proposés (Ferdière, Gandini et Nouvel 2017 : 164 ; Gaston 2008 : 258 ; Pouille 2011 : 423, 425 et 434). La toiture est généralement représentée couverte de tuiles. Ici, les nombreuses tuiles découvertes dans le remplissage supérieur du puits proche F245 proviennent peut-être de ce bâtiment.

2.4. Le four à chaux

61Le four à chaux F779 a été découvert en situation isolée dans l’angle nord-ouest de l’enclos fossoyé principal (Fig. 6). Cette implantation particulière suggère que les deux structures ont coexisté, ou du moins que l’enclos était toujours visible au moment de l’installation du four.

62Orientée selon un axe à environ 45° par rapport aux fossés proches, la structure de combustion mesure 6,40 m de longueur pour une largeur maximale de 2,95 m. La profondeur conservée du creusement n’excède pas 0,70 m (Fig. 24 et Fig. 25). Ce type de four à chaux à tirage direct fonctionne selon le principe de la cuisson à longue flamme (Adam 1989 : 71-74 ; Coutelas 2009 : 43). L’analyse morphologique de la structure permet de distinguer les trois espaces classiquement reconnus pour les fours à chaux semi-excavés de ce type : l’aire de chauffe, le couloir de chauffe (alandier) et l’aire de travail (Lavergne et Suméra 2000 : 453-458 ; Suméra et Veyrat 1997 : 116-118).

Fig. 24 - Vue zénithale du four à chaux F779.

Fig. 24 - Vue zénithale du four à chaux F779.

Cliché : N. Holzem, Inrap

Fig. 25 - Plan et coupes du four à chaux F779.

Fig. 25 - Plan et coupes du four à chaux F779.

B. Marsollier, Inrap

63L’aire de travail est une fosse ovale de 2,50 × 2,20 m qui correspond à la moitié est de l’ensemble de la structure. La fosse transperce le substrat limoneux et calcaire sur une profondeur conservée n’excédant pas 0,60 m. L’accès au four se fait donc depuis l’est et met ainsi son ouverture à l’abri des vents dominants. Aucun aménagement dans la fosse de travail ou à proximité même du four n’a été observé.

64L’alandier mesure 1,16 m de longueur pour une largeur maximale de 0,60 m. Ce couloir de chauffe est volontairement surélevé, ce qui crée une marche entre l’aire de travail et la chambre de chauffe. Le fond est plat, mais incliné, descendant depuis l’aire de travail vers l’aire de combustion. Le dénivelé est de l’ordre de 0,32 m sur les 1,16 m de longueur du couloir. Ces particularités morphologiques sont propres à ce type de four et permettent un meilleur tirage, facilitant une montée en puissance de la température. Cette évolution technique est détaillée à propos du site de Touffréville (Calvados) (Coulthard 1999 : 176). Les deux côtés de l’alandier sont parementés. La maçonnerie, rubéfiée par le feu, est constituée de blocs de calcaire équarris liés à l’argile (Fig. 24). Les pierres mesurent environ 0,30 m de côté, pour une épaisseur assez constante de 0,12 m. Des blocs plus petits sont utilisés comme calage ou pour combler l’espace situé entre le parement et les bords de la fosse. La superstructure de l’alandier n’est pas préservée (voute maçonnée ou linteau droit en dalles ?).

65L’aire de chauffe du four est apparue sous la forme d’une grande fosse circulaire de 2,95 m de diamètre auréolée d’une bande rougeâtre à noirâtre, correspondant aux limons rubéfiés et indurés sous l’effet de la chaleur. Les parois ne sont pas chemisées.

66Un ressaut de 0,30 m de haut et d’environ 0,20 m de large a été observé sur tout le pourtour de la chambre de chauffe. La surface de cette sorte de banquette coïncide avec la limite entre le calcaire et les limons du substrat. Ce rebord a pu servir à caler les blocs calcaires à la base de la charge à calciner (fournée), montée en voute ou en tas de charge. Le même type de ressaut a été observé sur le four F1616 du site du “Four à Chaux” (Raudin 2012 : vol. 1 : 142).

67La fouille du four a permis d’individualiser une dizaine d’unités stratigraphiques ; aucune n’est liée au fonctionnement du four à proprement parler (Fig. 25). Sa dynamique de comblement peut se résumer assez simplement en trois grandes séquences :

  • la première correspond principalement à des limons homogènes, brun clair, contenant très peu de petits blocs calcaires (US 2074 et 2076 à 2078). Ces dépôts doivent, pour partie, être liés à l’érosion des contours du four ;

  • la deuxième séquence correspond à des remblais massifs déposés sans doute rapidement (US 2073 et 2075). Ils sont sablo-limoneux et contiennent une grande quantité d’éléments calcaires de tous calibres, dont certains rubéfiés par le feu ;

  • la troisième séquence correspond uniquement au comblement terminal de l’aire de chauffe (US 2069 à 2072), avec des dépôts assez semblables à ceux de la séquence précédente.

68En l’absence de mobilier archéologique associé, la datation de la structure de combustion a été tentée par mesure archéomagnétique (Warmé 2013 : 454-461). Malheureusement, la mesure de l’aimantation rémanente naturelle des échantillons montre une très forte dispersion des directions qui ne permet pas de proposer une datation archéomagnétique exploitable.

69La faible proportion de pierres brûlées dans le remplissage, l’absence de trace de chaux, mais également la rareté des résidus de cendre ou de charbons de bois sont atypiques pour ce type de structure. Le four a donc sans doute fait l’objet d’un nettoyage soigné après sa dernière utilisation. Le soin apporté au curage intégral de cette structure suggère qu’elle a pu être utilisée à d’autres fins suite à son abandon (stockage ?). Des fours à chaux antiques dépourvus de trace de chaux dans la chambre de combustion ont aussi été retrouvés sur la fouille proche du “Four à Chaux” et sur celle de “Bourg Saint-Pair”, à Bais (Ille-et-Vilaine) (Raudin 2012 : vol. 1 : 143 ; Pouille 2011 : 137). Cette particularité n’est également pas expliquée sur ces sites, mais il est possible que ces fours aient été simplement préparés pour une nouvelle cuisson qui n’a jamais eu lieu.

70Aucune aire de rejet de cendre n’a été retrouvée dans l’emprise explorée ; aucune trace non plus dans les fossés d’enclos pourtant proches du four. Les cendres ont dû être dispersées dans les champs pour les amender ou bien être enfouies en dehors de l’emprise décapée.

71L’emplacement du four à l’intersection de deux fossés peut constituer une protection en cas de fortes précipitations, notamment pendant son fonctionnement. Mais cette hypothèse implique que l’enclos fossoyé était fonctionnel au moment de la construction du four, ce qui, bien que probable, n’est pas stratigraphiquement démontré.

  • 7 D’après la formule de calcul du volume d’un cône tronqué = 1/3π × (r1² + r2² + r1 × r2) × H. r1 = r (...)

72La taille des fours est en général adaptée à la quantité de chaux à produire. Le diamètre de la chambre de combustion montre que ce four a une assez grande capacité de production. Le volume de chaux produite est assez proche du volume de blocs “enfournés” (Coutelas 2009 : 37, fig. 4). Caton préconise un amoncellement de blocs à cuire sur une hauteur correspondant à deux fois le diamètre du four. La largeur de la structure de combustion s’amenuise en hauteur pour prendre la forme d’un pain de sucre (Caton, De agricultura, XXXVIII, De fornace calcaria). En se fondant sur ce chiffrage, le four de “Fêts de Renier” aurait la capacité de produire environ 28 mètres cubes de chaux vive à chaque fournée7. La morphologie du four, muni d’une aire de travail et d’un alandier soigneusement maçonné, montre qu’il s’agit d’une construction pérenne qui permet d’enchainer des fournées successives ou d’être utilisée plus épisodiquement en fonction des besoins. La présence d’un unique four sur le site, même de dimensions importantes, semble exclure une production artisanale importante en vue de la commercialisation de la chaux. Le four a par exemple pu fournir la chaux nécessaire à la construction des bâtiments maçonnés de l’établissement, mais faute d’élément de datation fiable cela n’est pas démontrable. La chaux a pu aussi être utilisée pour la bonification des terres agricoles. La présence de la matière première sur place a en tout cas été déterminante dans le choix de l’implantation du four sur le site même de la consommation du produit. En effet, le calcaire en plaquettes local est tout à fait approprié pour la fabrication de la chaux. Une partie des matériaux enfournés pourrait provenir de la fosse/carrière retrouvée à une quinzaine de mètres au nord-est du bâtiment 2 (cf. infra).

2.5. Des fosses à chaux ?

73Deux fosses rectangulaires aux angles arrondis ont été découvertes à une quinzaine de mètres à l’ouest et au nord du bâtiment 1. La première à l’extérieur de l’enclos de mur, la seconde à l’intérieur, elles sont distantes de 30 m et présentent une orientation similaire à celle du bâtiment 1 (Fig. 6). Leur morphologie et la nature de leur remplissage suggèrent qu’elles sont liées au stockage de la chaux ou à sa transformation.

74• La fosse F790 mesure 1,80 × 1,70 m, pour une profondeur conservée de 0,20 m. Les parois du creusement sont presque verticales et le fond est légèrement concave (Fig. 26 et Fig. 27). Le remplissage est limoneux, brun, meuble et homogène, avec de nombreux blocs et nodules calcaires (< 0,30 m). La découverte de gros agglomérats de chaux éteinte suggère que la fosse a pu servir de bac pour l’extinction de la chaux. Des empreintes présentes sur certains d’eux indiquent que la fosse devait être coffrée de bois.

75• La fosse F789, très arasée, mesure 1,50 × 1,20 m et entaille le calcaire sur 0,12 m de profondeur conservée. Les parois du creusement sont évasées et le fond est légèrement concave (Fig. 27). Il est apparu tapissé de sédiments limoneux brun orangé, mêlés à des nodules de sable et de chaux agglomérés. Il pourrait s’agir d’une fosse utilisée pour le stockage ou la transformation de la chaux : extinction de chaux vive, stockage de chaux grasse, gâchage de mortier ; sans donnée complémentaire, il n’est pas possible de trancher entre ces différentes possibilités.

Fig. 26 - La fosse à chaux F790, vue du sud-ouest.

Fig. 26 - La fosse à chaux F790, vue du sud-ouest.

Cliché : S. Raudin, Inrap

Fig. 27 - Plans et coupes des fosses à chaux F789 et F790.

Fig. 27 - Plans et coupes des fosses à chaux F789 et F790.

B. Marsollier, Inrap

76Ces deux fosses n’ont pas livré de mobilier et ne sont donc pas précisément datées. Cependant, la proximité du bâtiment 1 suggère qu’elles sont liées à la construction de ses élévations maçonnées, voire à des restaurations du bâti, ou encore à la maçonnerie du mur de clôture.

2.6. Des fosses indéterminées

77Cinq fosses de fonction indéterminée, plus ou moins alignées, ont été retrouvées entre les deux constructions maçonnées, dont une seule (F1127) à l’intérieur de l’enclos principal (Fig. 28).

Fig. 28 - Plans et coupes des fosses F172, F186, F187, F257 et F1127.

Fig. 28 - Plans et coupes des fosses F172, F186, F187, F257 et F1127.

B. Marsollier, Inrap

  • 8 Il s’agit du seul fait attribué à cette période retrouvé dans l’emprise décapée, hormis le dépôt mo (...)

78• La fosse F1127, mise au jour lors du diagnostic, est située dans l’angle sud-est de l’enclos fossoyé principal. Il s’agit d’une fosse quadrangulaire creusée dans le calcaire. Elle mesure 1,10 × 1 m et n’est préservée que sur 0,18 m de profondeur. Les parois sont évasées et le fond irrégulier. Le remplissage est limono-argileux brun-gris, avec des petits blocs calcaires, des fragments de TCA et de charbons de bois. Le mobilier en céramique découvert dans ce contexte (NR : 14 ; NMI : 4) est attribuable au ive ou ve s.8 (Annexe 2 : pl. 3). Le lot se compose d’une sigillée d’Argonne (probable mortier Chenet 326 ou 328), d’une coupe à panse tronconique réalisée dans une pâte fine brune et engobée rouge et d’un bord de pot en céramique commune sombre modelée, une production qui réapparaît dans les assemblages régionaux à partir de la fin du iiie s. (Chenet 1941 ; Bouchain-Palleau 2007 : 105 et 106, fig. 12). Deux clous de construction en fer ont également été retrouvés dans cette fosse.

79• La fosse F172 a été mise au jour à proximité de l’angle nord-est du bâtiment 2, à près de 80 m de la précédente. Sub-quadrangulaire aux angles arrondis, elle mesure 1,42 × 1,26 m et entaille le calcaire sur 0,16 m de profondeur conservée (Fig. 29). Ses parois sont évasées et le fond irrégulier. Le remplissage est limono-argileux, brun, compact et homogène, et apparaît plus foncé en partie supérieure (charbon de bois), mêlé à du cailloutis calcaire et à des fragments de TCA. Le mobilier retrouvé dans ce fait est constitué de 47 fragments de scories de réduction et de dix tessons de céramique (NMI : 2) qui n’ont pas pu être précisément datés.

Fig. 29 - Vue depuis le nord-est de la fosse F172 fouillée par moitié.

Fig. 29 - Vue depuis le nord-est de la fosse F172 fouillée par moitié.

Cliché : A. Fontaine, Inrap

80• La fosse F186, située à 14 m au nord du bâtiment 2, à environ 12,50 m au NNE de la précédente, est de forme grossièrement circulaire. Son diamètre est d’environ 1,45 m et elle entaille le calcaire sur 0,38 m de profondeur conservée. Le creusement présente des parois évasées et un fond irrégulier. Son comblement est principalement limoneux, brun à brun sombre et compact, avec des gravillons calcaires, des fragments de charbon de bois et de la TCA. Quelques blocs calcaires sont concentrés au centre de la structure. Le mobilier découvert se limite à un clou en fer, un ossement animal et un unique tesson de céramique daté du premier quart du ier s. ap. J.-C.

81• La fosse F187 est toute proche, au NNE, de la fosse F186. Elle est de forme quadrangulaire et mesure 1,40 × 1,20 m, pour une profondeur conservée de 0,15 m. Le creusement présente un profil en auge et entaille le substrat calcaire de manière régulière. Son remplissage est limoneux, faiblement argileux, de teinte brun foncé, compact, avec du cailloutis et des blocs calcaires (< 0,15 m) et quelques fragments de charbon de bois et de TCA. Cinq scories coulées de réduction ont aussi été retrouvées dans ce contexte, sans autre mobilier.

82• Enfin, la fosse F257, de forme quadrangulaire, est située à l’extrémité nord-est du décapage, à 60 m au NNE de la précédente. Elle mesure 1,20 × 0,80 m, pour une profondeur conservée n’excédant pas 0,16 m. Les parois sont légèrement évasées et le fond relativement plat. Le remplissage est constitué de limons gris foncé, mêlés à des fragments de charbon de bois et à de la cendre. De la TCA, dont de possibles fragments de plaque foyère, sont également attestés. La fosse n’a pas livré d’autre mobilier.

83Les fosses de ce type sont parfois rencontrées dans des exploitations agropastorales à distance relative des zones bâties. Elles sont généralement interprétées comme des fosses de stockage pour des denrées en atmosphère fraiche, humide (voire confinée). Des celliers extérieurs en quelques sortes, vraisemblablement destinés à conserver des produits à court ou moyen terme (Séguier 1998 : 35). Ces structures peuvent être donc en rapport avec une activité de production maraîchère ou fruitière. Les fosses découvertes à “Fêts de Renier” pourraient entrer dans cette catégorie de faits. Elles apparaissent en situation relativement isolée et a priori sans rapport avec les autres creusements environnants. L’étude de leur répartition topographique montre que les quatre situées le plus au sud sont alignées, suggérant qu’elles ont pu être implantées le long d’une limite non reconnue à la fouille. L’hypothèse d’une possible contemporanéité n’est cependant pas corroborée par la datation des quelques éléments céramiques découverts dans ces contextes qui couvre une large fourchette chronologique comprise entre le ier s. et le ive s. ap. J.-C.

84Des celliers présentant des similitudes morphologiques datés du ier s. ap. J.-C. ont été retrouvés sur le site de Monchy-Lagache (Somme) (Blondiau et al. 2006 : 56-59). Sur ce site, huit fosses sont alignées le long d’un fossé. Elles sont interprétées comme des celliers implantés à distance de la zone d’habitat, “dans une cour, en bordure de champs et de chemins”. Sur l’établissement rural de “l’Ouest du Parc”, à Compans (Seine-et-Marne), d’autres spécimens datés du Haut-Empire sont recensés (Séguier 1998 : 35). D’autres encore ont été retrouvés sur les sites de “la Gueule II”, à Mer (Loir-et-Cher) et de “Voie Palon”, à Semoine (Aube) (iiie-ive s.) (Couvin et al. 2013 : t. 1, vol. 1 : 135-146 ; Couvin 2018 : 103 ; Durost 2011 : 216-217). Pour le Bas-Empire, le site de “la Roche Deniau”, à Parçay-Meslay (Indre-et-Loire), en compte quelques exemplaires (Fouillet 2004 : 59 ; Fouillet et Lusson 2015 : 193-195).

2.7. Des fosses de type “fond de cabane” ?

85Deux fosses accolées situées à une vingtaine de mètres au sud-est du bâtiment 2 s’apparentent à de petits fonds de cabanes (Fig. 6).

86• La première fosse (F3) présente un plan presque rectangulaire aux bords arrondis de 3,90 × 2,50 m. Sa profondeur conservée n’excède pas 0,45 m. Le profil du creusement est régulier : les parois sont presque verticales et le fond plat et horizontal (Fig. 30). Le comblement, constitué d’une seule unité stratigraphique relativement homogène, est limono-argileux, brun à gris, assez compact. Il contient des fragments de charbon de bois et quelques blocs et plaquettes calcaires, majoritairement dans sa moitié est. De nombreux fragments de TCA sont également recensés, notamment en partie supérieure. 21 tessons de céramique ont été mis au jour dans ce contexte (NMI : 4), ainsi que six fragments d’os animal et un clou de menuiserie en fer. La céramique est datée de la première moitié du ier s. ap. J.-C.

87• La seconde fosse (F1106) est située à 0,45 m plus à l’ouest. Elle est de forme rectangulaire aux angles arrondis, de 3,30 × 2,10 m, pour une profondeur conservée de 0,15 m. Le creusement présente des parois évasées et un fond plat. Les dépôts de remplissage sont limono-sableux brun-gris, meubles et homogènes, avec des nodules de terre brûlée, des fragments de charbons de bois et des gravillons calcaires. Le mobilier archéologique de ce contexte, assurément antique, a malheureusement été dérobé sur la fouille et ne peut donc pas être plus précisément daté.

88En l’absence de niveau d’occupation et de trous de poteau dans ces creusements, une interprétation comme de possibles fonds de cabane reste hypothétique. Les trois trous de poteau F1116, F1117 et F1118 retrouvés directement au nord des fosses pourraient participer aux constructions, mais ceci n’a pu être démontré (Fig. 30). Une superstructure autoportée en matériaux périssable, ou même faiblement ancrée dans le sol, est aussi possible et n’aurait sans doute pas laissé de trace.

Fig. 30 - Plans et coupes des possibles fonds de cabane F3 et F1106.

Fig. 30 - Plans et coupes des possibles fonds de cabane F3 et F1106.

B. Marsollier, Inrap

89La présence de fonds de cabane sur des établissements ruraux n’est attestée dans nos régions qu’à partir de la seconde moitié du iiie s. ap. J.-C. (Fournier et Rivoire 2022 : 66). Laurent Fournier et Édith Rivoire en recensent 112 dans le nord de la région Centre-Val de Loire, plus particulièrement dans les départements du Loiret et de l’Eure-et-Loir. Parmi ces fonds de cabane seize apparaissent démunis de trous de poteau internes (Fournier et Rivoire 2022 : 79 et 80).

2.8. Les témoins d’activités sidérurgiques gallo-romains

  • 9 Ce chapitre synthétique ne reprend pas toutes les données issues du rapport de fouille, notamment l (...)

90Les déchets de métallurgie du fer retrouvés dans les faits, l’épandage de scories situé sous le bâtiment 2, mais aussi la présence de minerai, même diffuse, et d’une structure de combustion sur le site, témoignent d’activités sidérurgiques dans la zone de “Fêts de Renier” durant l’Antiquité9 (Galtier et Fournier 2013 : 78-81 et 391-412). Cependant, le dépôt essentiellement (exclusivement ?) secondaire des scories, le mauvais état de préservation des vestiges et souvent des imprécisions concernant leur datation, compliquent la caractérisation du travail sidérurgique réellement effectué in situ à cette époque.

2.8.1. Caractérisation des activités sidérurgiques

91Les phases de la chaîne opératoire sidérurgique révélées par les rejets de scories en position secondaire sur le site correspondent à des activités de réduction et de post-réduction (épuration et forge) (Fig. 31 et Annexe 9a, b et c). L’activité de forge d’épuration a été démontrée par des analyses métallographiques (Dransard 2013 : Vol. 1, 413-453 et pl. 11 à 13) (Annexe 10).

Fig. 31 - Répartition spatiale des faits antiques et médiévaux ayant fourni des indices d’activités sidérurgiques.

Fig. 31 - Répartition spatiale des faits antiques et médiévaux ayant fourni des indices d’activités sidérurgiques.

N. Holzem et B. Marsollier, Inrap

92À travers l’étude macroscopique des déchets issus d’opérations de réduction, deux types de déchets ont pu être identifiés sur le site : les scories dites “piégées”, issues de bas fourneaux sans écoulement de la scorie hors du fourneau, et les scories “écoulées” évacuées du bas fourneau au cours de l’opération de réduction (Annexe 9a).

93Les bas fourneaux à scories piégées sont connus dès la période du Hallstatt et sont documentés régionalement à partir de La Tène A (Dieudonné-Glad 2017a et Dieudonné -Glad 2017b : 68-69). Ils disparaissent durant La Tène finale au profit de structures à scories écoulées. Trois fragments d’un même bloc de scorie piégée (3,19 kg) ont été retrouvés en position résiduelle dans les fondations du bâtiment 1 (F739) (Fig. 6 ; Annexe 10 : 10 et pl. 5). La structure interne de ces pièces est très aérée et marquée par la présence de nombreux charbons de bois imparfaitement consumés. Elles présentent une oxydation de surface relativement marquée et l’un des fragments témoigne d’un contact avec une paroi argilo-sableuse. Des fragments de paroi vitrifiée sont visibles dans l’épaisseur des pièces. Ces résidus, découverts en position secondaire, témoignent du démantèlement d’un four à scorie piégée situé à proximité et d’une exploitation locale précoce des minerais de fer, dès La Tène ancienne ou moyenne. Deux fragments de culots de forge très oxydés et présentant une surface vitrifiée ont également été retrouvés dans ce contexte (1,27 kg).

94Des scories écoulées ont été également mises au jour en position secondaire dans des comblements de faits antiques (Fig. 31). Elles constituent en outre la majeure partie du remblai retrouvé sous le bâtiment maçonné 2 (Fig. 6). L’assemblage des résidus métallurgiques mis au jour sous cette construction est cependant atypique. Dans ce contexte, la faible quantité de fragments de parois de four et l’absence de tuyères et de bouchons de tuyère suggèrent un ferrier épandu. En effet, ces déchets n’ont probablement pas été récupérés in situ, mais prélevés dans les environs et rapportés pour servir de plateforme au bâtiment. Toutefois, la concentration des prélèvements analysés dans une zone relativement restreinte (4 m²) incite à la prudence quant à l’extension possible des observations réalisées à l’ensemble de l’épandage.

  • 10 À titre d’exemples, on peut citer entre autres les ferriers suivants : dans la commune de Diors, au (...)

95La seule structure de combustion à vocation métallurgique mise en évidence sur la fouille (F28) est interprétée comme un possible foyer de forge d’épuration. Aucune trace tangible de bas fourneau n’y a été identifiée (cf. infra), mais la proximité des ferriers perçus au moyen des photographies aériennes10 laisse néanmoins peu de doute quant à l’existence d’une activité de réduction dans les environs immédiats de l’établissement (Fig. 2, sites 1 à 8).

96Aucune structure clairement identifiée comme liée à l’extraction de minerais n’a été mise au jour, mais du minerai de fer est attesté de manière diffuse sur le site et plus largement dans la ZAC d’Ozans (Dransard 2013 : Vol. 1, 416) (Annexe 10 : 4 et pl. 2). Les traces d’extraction les plus proches, également détectées sur des vues aériennes, sont localisées au lieu-dit “le Bois du Pin”, à Diors (Indre), à 3,5 km à l’est de la zone d’étude (Fig. 2, site 4) (Fouillet et Mortreau 2013 : vol. 1 : 399). Deux petits épandages de scories de réduction mêlées à des fragments de parois de four ont été mis au jour à environ 500 m à l’est et à 600 m au sud-est sur le diagnostic archéologique mené récemment aux lieux-dits “Fêts de Marchat”/“les Marchats” (Fig. 2, site 8) (Pallarès 2024 : 129-134). Ces rejets, potentiellement antiques, sont situés en dehors de l’enclos fossoyé cité plus haut. Il n’a pas été possible de déterminer s’ils témoignent d’activités métallurgiques réalisées in situ (ferriers arasés) ou s’ils correspondent, comme ceux retrouvés sous le bâtiment 2, à des apports extérieurs épandus. Le cas échéant, ceux-ci ne sont alors sans doute pas trop éloignés des zones de production.

97Les déchets de post-réduction sont essentiellement présents dans le fossé nord de l’enclos antique (F323), et en limite d’emprise, au sud-est, dans les faits situés à proximité du possible foyer de forge d’épuration (F28) (Fig. 6 et 31 ; Annexe 9b). Ces scories plano-convexes appelées culot de forge sont le plus souvent complètes et associées à des fragments de paroi de four scorifiée. Certaines sont réactives à l’aimant, par exemple un culot de forge entier provenant du fossé F30 qui jouxte le foyer F28 (cf. infra 2.8.2.). L’épuration est d’ailleurs attestée par la présence de “gromps” (déchets associés à la première épuration d’une masse brute de réduction) qui ont été caractérisés par les analyses métallographiques d’échantillons issus de la même structure (Annexe 10 : pl. 12 et 13).

98Des travaux de forge d’élaboration ont aussi été identifiés sur le site, mais la majorité du mobilier tendrait plutôt à les attribuer à la période médiévale, à l’image des deux culots de forge (1,7 kg) contenant des résidus de fer métallique retrouvés dans le remplissage du fait F929 daté des viie-ixe s. (Fouillet et Mortreau 2013 : vol. 1 : 199). Les scories de forge antiques ont principalement été retrouvées dans les faits les plus orientaux du site (cf. infra § 2.8.2.). Une scorie de forge dense très oxydée (0,97 kg), a néanmoins été retrouvée dans le fossé nord de l’enclos rectangulaire (F323) et une autre (0,04 kg) dans le four F747 qui jouxte le bâtiment 1 (Annexe 9b).

2.8.2. Le foyer F28 et les faits périphériques (F25, F29, F30 et F31)

99Le foyer F28 occupe une situation excentrée à l’extrémité orientale du décapage. La structure est de forme oblongue ; elle mesure 0,60 × 1,70 m et n’est plus préservée que sur 0,16 m de profondeur (Fig. 32 et Fig. 33). Une auréole rubéfiée uniforme de cuisson a priori oxydante est visible sur tout le pourtour du creusement sur 0,20 m d’épaisseur. Le fond de l’extrémité sud-ouest de la structure est tapissé de charbon de bois et de cendres sur 0,02 m d’épaisseur. Les sédiments sus-jacents sont limoneux, brun foncé, assez compacts et mêlés à des éléments rubéfiés déstructurés (principalement terre et calcaire). Le foyer a livré deux fragments de scories coulées (0,81 kg). Ces éléments (taille du foyer, rubéfaction, scories d’aspect coulé) sont compatibles avec une interprétation comme structure d’épuration, en accord avec le mobilier métallurgique découvert dans les faits situés à proximité qui relève presque exclusivement d’activités de post-réduction (F25, F29, F30 et F31). Le four n’a pas livré d’autre mobilier et ne peut donc pas être précisément daté ; son appartenance même à la période gallo-romaine, bien que privilégiée, reste sujette à caution.

Fig. 32 - Vue d’ensemble du four F28 depuis le nord-ouest.

Fig. 32 - Vue d’ensemble du four F28 depuis le nord-ouest.

Cliché : J.-F. Jakubowski, Inrap

Fig. 33 - Plans et coupes du four F28 et des faits périphériques F25, F29, F30 et F31.

Fig. 33 - Plans et coupes du four F28 et des faits périphériques F25, F29, F30 et F31.

B. Marsollier, Inrap

100Le vaste fait F25, situé à 3,30 m au nord du foyer, est une probable carrière d’extraction de limons ensuite réutilisée en mare (cf. infra § 2.11.) (Fig. 33). Son remplissage a livré douze scories de forge (0,52 kg), dont un culot de forge entier (0,26 kg), un fragment de scorie d’aspect coulé (0,05 kg) et quatre fragments de paroi de four vitrifiée (0,06 kg). Le mobilier en céramique assez important contenu dans son remplissage est attribué au dernier tiers du ier s. ap. J.-C. (NR : 87 ; NMI : 13).

101Le fait F29 est une fosse ovale de 0,85 m sur 0,70 m et de 0,12 m de profondeur conservée (Fig. 33). Le creusement est comblé de sédiments argileux gris foncé incluant des fragments de charbon de bois et des petits blocs calcaires présentant, pour certains, des traces de rubéfaction. La fosse a livré deux petits culots de forge entiers (0,19 kg) et quinze fragments de paroi de four vitrifiée (0,06 kg). Un fragment de molette en granite et quatre tessons de céramique (NMI : 1), datés possiblement du ier s. ap. J.-C., ont aussi été retrouvés dans ce contexte.

102Le fossé F30, orienté NO-SE, a été observé sur 11,20 m de longueur ; son tracé se poursuit en dehors de l’emprise explorée. Il mesure 0,80 m de largeur pour 0,28 m de profondeur (Fig. 33). Son comblement est argilo-sableux, gris foncé, compact et homogène, avec des fragments de charbon de bois et des petits blocs calcaires. Trois culots de forge entiers (0,70 kg), 42 fragments de scories de forge (1,29 kg) et deux “gromps” (0,04 kg) ont été mis au jour dans ce contexte (Annexe 10 : pl. 13), ainsi que six tessons de céramique (NMI : 3) attribuables au ier s. ap. J.-C.

103La fosse F31, de forme ovale, mesure 1,20 m sur 1,30 m, pour 0,30 m de profondeur. Le fond du creusement, en cuvette, est tapissé de sédiments limono-argileux, brun-gris, meubles et homogènes, avec quelques fragments de charbon de bois et des nodules de terre rubéfiée. Le reste du remplissage est plus hétérogène et plus riche en charbons de bois et en terre rubéfiée. La fouille de cette fosse a livré quinze fragments de paroi de four vitrifiée (0,21 kg), trois culots de forge entiers (0,71 kg) et trois fragments de scories de forge (1,14 kg). Un clou de menuiserie en fer et quatre autres fragments d’objets en fer non identifiés ont aussi été retrouvés dans ce contexte (Munos 2010b : 328). Le corpus céramique regroupe 22 tessons (NMI : 6) : cet ensemble, outre la cruche Menez 98 qui pourrait être plus précoce, est attribué à la période 40-70 ap. J.-C.) (Annexe 2 : pl. 4).

2.9. Le four F747

104La structure de combustion F747 est située à 1 m de l’angle sud du bâtiment 1. Le four présente un creusement oblong de 1,85 m sur 1 m qui entaille le calcaire en plaquettes sur 0,22 m de profondeur conservée (Fig. 34 et Fig. 35). Au sud-est, le substrat est apparu fortement rubéfié à l’emplacement du foyer. Le profil du creusement apparaît relativement plat et ses parois sont évasées. Le foyer est relié à un alandier auquel on accède depuis une fosse faisant office d’aire de travail. Les dépôts de comblement sont limoneux, gris à brun foncé, assez meubles, et contiennent des concentrations importantes de charbon de bois et des fragments de terre brûlée, peut-être des résidus de la voute du four effondré.

Fig. 34 - Le four F747 fouillé par moitié, vu du sud-ouest.

Fig. 34 - Le four F747 fouillé par moitié, vu du sud-ouest.

Cliché : S. Raudin, Inrap

Fig. 35 - Plan et coupe du four F747.

Fig. 35 - Plan et coupe du four F747.

B. Marsollier, Inrap

105La fonction de cette structure de combustion n’est pas précisément déterminée, mais la présence d’un alandier semble exclure une activité métallurgique. Il pourrait s’agir d’un four destiné à la cuisson des aliments. La taille restreinte du foyer (1 m de diamètre) suggère alors une structure domestique destinée à une utilisation courante et cuisant des quantités peu significatives. L’hypothèse d’une structure liée au séchage des céréales ou au fumage de la viande ne peut pas être totalement écartée.

106La fouille de ce four a livré un corpus mobilier assez notable : 31 tessons de céramique (NMI : 9), 112 fragments de TCA, un fragment de fond de bouteille en verre, un clou en fer, une scorie de forge (0,04 kg), un fragment de minerai de fer et un éclat de silex taillé. Le tamisage de la couche charbonneuse n’a pas livré d’indice d’activité métallurgique supplémentaire, ni de reste carpologique. Le mobilier en céramique est datable du ier s. ap. J.-C.

2.10. L’aire funéraire

107Une petite aire funéraire a été mise au jour dans la partie nord de l’emprise de fouille, à 45 m au nord-est de l’enclos fossoyé principal et à l’intérieur de l’enclos incomplet (Fig. 6 et 36) (Delémont 2013 : 320-346). Elle réunit six inhumations individuelles de sujets immatures (Annexe 5). Ces structures sont largement arasées puisqu’elles n’excèdent pas 0,22 m de profondeur. Il est ainsi possible que d’autres sépultures plus superficielles aient disparu. Aucune trace tangible d’une quelconque délimitation physique de cet espace funéraire n’a été mise au jour.

108Les fosses sépulcrales ont été implantées selon deux orientations différentes (Fig. 36). Les tombes F213 et F806 sont placées selon un axe NO-SE. Les orientations des corps sont opposées puisque la tête de l’individu F213 se trouve au sud-est et celle du sujet F806 au nord-ouest. Les inhumations F794, F804, F805 et F867 sont globalement orientées SO-NE, la tête du défunt placée au sud-ouest.

Fig. 36 - Plan de l’aire funéraire.

Fig. 36 - Plan de l’aire funéraire.

B. Marsollier, Inrap

109Hormis la tombe F213, à l’est, les fosses sépulcrales présentent des longueurs adaptées au plus juste – voire trop juste – à la stature du sujet inhumé et sont particulièrement étroites, ce qui a eu pour effet une forte contention du corps à l’intérieur de la fosse. La sépulture F213 contient les restes d’un enfant décédé avant l’âge d’un an. D’une longueur de 0,96 pour 0,40 m de largeur, elle est conservée sur une profondeur de 0,12 m. Les quatre vases en dépôt dans la tombe expliquent sa largeur relativement importante (Fig. 37).

Fig. 37 - Vue zénithale et profils de la sépulture antique F213.

Fig. 37 - Vue zénithale et profils de la sépulture antique F213.

Cliché : N. Holzem, Inrap ; DAO : B. Marsollier, Inrap

110Les fosses d’inhumations sont creusées dans un substrat hétérogène constitué de limon argileux brun, de calcaire altéré ou en plaquettes. Elles semblent comblées avec les sédiments issus du creusement. À l’exception des tombes F213 et F806, les remplissages des fosses ont livré quelques scories de réduction. Ces déchets métallurgiques, résiduels, pourraient provenir de la zone du bâtiment 2, constituant dans ce cas un marqueur chronologique.

111Les squelettes des sépultures F794, F805, F806 et F867 sont présents plus ou moins dans leur intégralité. La conservation de la matière osseuse est dans l’ensemble bonne à moyenne. Seul l’individu F213 n’est représenté que par huit pièces osseuses ou dentaires.

112Les individus ont tous été déposés sur le dos et la position des corps est globalement stéréotypée. Les crânes apparaissent dans l’ensemble en vue supéro-antérieure, voire latérale droite pour les sujets F794 et F867. Les membres supérieurs sont soit en extension, les mains placées en arrière de la ceinture pelvienne et à proximité des fémurs, soit légèrement fléchis, les mains placées sur le pubis. Les membres inférieurs sont en extension pour les individus F804, F805 et F806, mais ont été déposés fléchis pour les sujets F794 et F867, les genoux reposant sur la paroi ouest de la fosse ou du contenant (Fig. 38). La longueur des fosses ne permet en aucun cas le dépôt des membres inférieurs en extension.

Fig. 38 - Vue zénithale et profils de la sépulture antique F867.

Cliché : N. Holzem, Inrap ; DAO : B. Marsollier, Inrap

113Les observations taphonomiques suggèrent une décomposition des corps en espace vide, au vu notamment des nombreuses dislocations et des déplacements de certaines pièces osseuses. Cet espace vide a sans doute été ménagé par la présence d’un système de couverture de la fosse (planches de bois ou autres matériaux périssables). Des plaquettes calcaires disposées contre les bords longitudinaux de la sépulture F867 devaient participer à l’origine de la couverture de la tombe (Fig. 38). Les déplacements de certaines pièces osseuses suggèrent également que les défunts étaient peut-être enveloppés dans des linceuls, et en particulier les éléments des pieds des sujets F805 et F806 qui se sont décomposés tout en restant dans un espace réduit. La tête du sujet F806 a peut-être été installée sur un coussin funéraire, au vu de la légère bascule vers l’arrière du crâne, des déconnexions de celui-ci avec la mandibule et l’atlas, et des déplacements des quatre premières vertèbres cervicales.

114Seule la sépulture F213 possède un dépôt funéraire constitué de quatre vases en céramique datés de la période augustéenne (Fig. 37). Les vases sont déposés en ligne contre le flanc sud-ouest de la fosse. On dénombre, du sud-est vers le nord-ouest, un gobelet, un pot, une assiette et une cruche. Il s’agit de céramiques destinées au service de table (gobelet, assiette, cruche) et à usage culinaire (pot) (Annexes 1 et Annexe 2 : pl. 5). Il faut aussi noter la présence d’un fond annulaire de vase en Terra Nigra découpé et percé en son centre (Fig. 37). L’objet repose à l’emplacement de l’abdomen du défunt. Il se pourrait que cet objet ait été associé à l’individu, peut-être suspendu à son cou, et non accidentellement redéposé, car sa datation est en accord avec le reste du mobilier. La forme, la perforation centrale, et dans une moindre mesure les dimensions (52 mm de diamètre), rappellent les monnaies percées ou les médaillons en bois de cervidé que l’on rencontre dans certaines sépultures d’enfants décédés en phase infantile, dans le bassin clermontois par exemple, comme sur le site de “Champ Madame”, à Beaumont (Puy-de-Dôme) (Alfonso et Blaizot 2004 : 174- 176). De telles amulettes apotropaïques semblent avoir été portées autour du cou ou cousues (Baills 2012 : 272).

  • 11 F805, US 1276 (2 sigma calibration) : [780 ap. J.-C. – 900 ap. J.-C.] et [920 ap. J.-C. – 970 ap. J (...)

115Bien que cette sépulture F213 se distingue par plusieurs caractères et que les autres tombes ne présentent aucun objet déposé, l’aire funéraire, par son faible nombre d’individus, son extension réduite et les caractéristiques similaires des fosses et des défunts, paraît homogène. Toutefois, la datation 14C de la sépulture F805 offre une fourchette chronologique comprise entre 780 et 970 ap. J.-C11. Celle-ci coïnciderait par ailleurs avec les installations médiévales retrouvées sur le site. Cette datation – si elle est fiable – rendrait très complexe l’interprétation de cette aire funéraire, car elle impliquerait l’inhumation d’un – ou plusieurs ? – enfants au ier s. ap. J.-C., et d’un autre – ou de plusieurs ? – plus de 750 ans plus tard. Serait-il possible qu’un élément marquant le paysage, comme une stèle funéraire, ait traversé les siècles et permis aux populations alto-médiévales de reconnaître ce secteur comme lieu d’inhumation pour des enfants ? Tout bien considéré, n’est-ce pas, plus simplement, la datation 14C qui est erronée ?

116La particularité de cette aire funéraire réside également dans son recrutement spécifique, puisqu’elle comporte uniquement des sépultures d’enfants, décédés pour la plupart avant l’âge de neuf ans (Annexe 5). La totalité de la population enfantine décédée du site ne semble pas y avoir été accueillie, puisque l’on considère généralement, pour les sociétés dites pré-jennériennes, une mortalité enfantine toujours très grande : environ un quart des enfants meurent à la naissance ou dans leur première année, et environ un autre quart disparaît avant l’âge de dix ans (Dedet, Gruat et Marty 2001 : 149). À Étrechet, seul un individu est décédé avant l’âge d’un an. À moins que des sépultures superficielles aient été totalement arasées, il faut considérer un déficit de sépultures infantiles dans ce secteur. Cette aire funéraire représenterait donc plutôt un espace utilisé de manière irrégulière, avec une distribution aléatoire des diverses phases de la mortalité enfantine.

117La nécropole à inhumations la plus proche de “Fêts de Renier” a été mise en évidence lors du diagnostic de 2010 à environ 130 m au sud de l’emprise de fouille (Fig. 2, site 13). Non fouillée à ce jour, elle est datée des vie-ixe s., mais quelques éléments céramiques découverts dans ce secteur au diagnostic suggèrent qu’elle pourrait avoir une origine plus ancienne (Bas-Empire ?) (Munos 2010b : 179). Plus à l’ouest, à environ 130 m du site de “Fêts de Renier”, deux possibles enclos funéraires maçonnés ont été mis au jour lors de ce même diagnostic (Fig. 2, site 17) (Munos 2010b : 77). Le cas échéant, ces espaces funéraires ont pu accueillir une partie des défunts de “Fêts du Renier” et/ou d’autres habitats localisés dans ce secteur. Ce type d’implantation d’enclos funéraires à distance des bâtiments d’habitation est assez fréquent en région Centre-Val de Loire. Les enclos funéraires du “Vieux Domaine”, à Vierzon (Cher), celui de “Beaudisson”, à Mer (Loir-et-Cher) ou encore celui du “Tertreau”, à Notre-Dame-d’Oé (Indre-et-Loire) en constituent des exemples (Béguin et Le Goff 2001 : 15, fig. 4 ; Couvin 2013 : vol. 2, p. 15, fig. 2 ; Couvin 2018 : 66 ; Fouillet et al. 2007 : 114-118).

118Depuis la fouille de “Fêts de Renier”, des diagnostics complémentaires, toujours réalisés dans la ZAC d’Ozans ou à proximité directe, ont révélé d’autres sépultures antiques (Haut-Empire), uniquement des crémations. Ainsi, sur le diagnostic du “Village des Menas”/“la Mardelle”, à environ 1 100 m à l’ouest de la fouille, une dizaine d’incinérations ont été mises en évidence (Fig. 2, site 12), ainsi que deux autres possibles enclos funéraires maçonnés accolés (Fig. 2, site 18) (Munos et Holzem 2013 : 40 et 127). De même sur le site de “Buisson Vert”/“Fêts de Marchat”, à environ 500 m au sud-est, sur lequel deux crémations ont été retrouvées (Fig. 2, site 11) (Poitevin 2017 : 82). Plus récemment les diagnostics du “Guignier Noir”, à environ 1 000 m au nord de “Fêts de Renier”, et celui de “Fêts de Marchat”/“les Marchats”, à environ 650 m à l’est (Fig. 2, sites 9 et 10), ont respectivement livré 25 et 27 crémations potentielles, et possiblement des inhumations d’immatures en coffre en bois (une attestée) dans l’emprise de cette dernière opération (Baguenier 2023 : 55 ; Pallarès 2024 : 103) (Fig. 2). Parmi ces sites, certains ont également pu recevoir des sépultures d’occupants de l’établissement de “Fêts de Renier”, mais cela n’est pas démontrable.

2.11. Les fosses d’extraction

119Trois grandes fosses pouvant correspondre à des carrières de calcaire et/ou de limons ont été mises en évidence sur la fouille.

120• La fosse la plus vaste (F25), déjà évoquée plus haut, est située à proximité du possible four d’épuration F28 (cf. § 2.8.2) (Fig. 6 et 33). L’excavation apparaît sous la forme d’un vaste creusement aux contours irréguliers dont l’emprise n’excède pas 27,25 × 19 m. Son profil longitudinal présente des bords évasés ; le fond, irrégulier, n’entaille pas le substrat calcaire, ici à 0,75 m de profondeur : on peut donc dans ce cas exclure l’exploitation du calcaire. Le comblement est limono-argileux brun foncé, assez compact, et contient des fragments de charbon de bois et de TCA. La nature hydromorphe des dépôts inférieurs montre que la fosse a dû rester en eau un certain temps avant d’être définitivement comblée. Ce vaste creusement résulte sans doute d’une ou plusieurs campagnes successives d’extraction des limons. La carrière a pu servir de point d’eau (mare), à la suite de l’arrêt de son activité. Le mobilier en céramique découvert dans ce contexte est assez abondant, avec 87 restes pour 13 individus. La céramique est bien conservée et les éléments de forme sont nombreux. L’association de coupes Menez 63 en Terra Nigra, d’une coupelle Drag 22a en sigillée de Gaule du Sud, de deux cruches à lèvre plate en céramique commune claire et d’un dolium à lèvre en amande en pâte brune permet d’attribuer ce lot au dernier tiers du ier s. ap. J.-C. Il faut aussi signaler dans cette fosse la présence d’un as de Caligula frappé en 37-38 ap. J.-C. (Annexe 4) et la présence des déchets d’activités métallurgiques décrits plus haut (cf. 2.8.2). On dénombre également quatre fragments d’un outil de type faucille ou serpette en fer (soie plate) et un petit plateau de balance-trébuchet en bronze (Annexe 8 : pl. 10).

121• Par ailleurs, une possible fosse d’extraction de matériaux calcaires a été retrouvée dans la partie nord de la fouille (F271). Il s’agit d’une structure polylobée d’au moins 6,30 m de diamètre. Sa profondeur maximale conservée d’1,44 m entaille très largement le calcaire en plaquettes. Le profil du creusement présente des parois évasées et un fond plat mais légèrement incliné. La fosse est principalement comblée de limons argileux bruns, compacts, mélangés à du cailloutis calcaire (déchets de carrière) (Fig. 39). Sa fouille a livré 121 tessons de céramique (NMI : 8) (Annexe 2 : pl. 6). La présence d’une marmite à collerette à lèvre rentrante en céramique commune claire brute et d’un pot à lèvre déversée en pâte brune brute, suggère pour cet ensemble une datation à la fin ier- début du iie s. Une jatte à lèvre épaissie en céramique commune sombre complète ce lot. À noter également la présence de formes redéposées attribuables au début du ier s. ap. J.-C., comme un col d’amphore Pascual 1 de Tarraconaise et un bord d’une jatte ou d’une marmite de type “Besançon” (Lallemand et Tuffreau-Libre 2005 : 76, fig. 14). Le reste du mobilier mis au jour dans ce contexte est constitué de fragments de tegulae, de restes fauniques.

Fig. 39 - Plan et coupe de la fosse F271.

Fig. 39 - Plan et coupe de la fosse F271.

B. Marsollier, Inrap

122• Un troisième secteur de prélèvement de matériaux est possible à côté du bâtiment 2. Cette vaste structure aux contours irréguliers mesure au maximum 15,70 × 13,20 m, pour une profondeur conservée n’excédant pas 0,70 m. L’étude stratigraphique montre que cet ensemble est en réalité constitué de deux faits imbriqués : le creusement du fait F825 recoupe le remplissage du fait F1114 en son centre ; ils mesurent respectivement 9,60 et 11,86 m de longueur (Fig. 40). Les dépôts des remplissages sont argileux, compacts et homogènes, de nature hydromorphe. Ils contiennent des petites plaquettes ou blocs calcaires et quelques fragments de TCA, de charbon de bois et de mortier de chaux pulvérulent. La fosse initiale correspond vraisemblablement à une carrière d’extraction du calcaire qui affleure à cet endroit du site. Il présente un débit ingrat, peu propice à fournir des moellons ou des blocs pour la construction (forte gélivité à l’affleurement). En revanche, sa teneur élevée en carbonate de calcium et son grain sub-lithographique en font un matériau propre à être transformé en chaux de bonne qualité. Un rapprochement pourrait donc être fait entre cette fosse et le four à chaux précédemment décrit (cf. 2.4). La nature hydromorphe des deux dépôts qui tapissent le fond du creusement initial suggère une utilisation secondaire comme mare. Le cas échéant, le creusement postérieur (F825) pourrait constituer un curage de cette dernière ou à sa remise en état à la suite d’un abandon prolongé. Seul le second creusement (F825) a livré du mobilier archéologique constitué de 27 tessons de céramique (NMI : 4). 24 d’entre eux concernent une même cruche en céramique commune claire engobée blanc dont la lèvre manquante rend impossible la datation précise. L’élément datant le plus pertinent est un fragment d’une coupe de type Drag. 37 en sigillée grésée de la Gaule centrale, du iie s (Annexe 2 : pl. 7).

Fig. 40 - Plan et coupe des fosses imbriquées F825 et F1114.

Fig. 40 - Plan et coupe des fosses imbriquées F825 et F1114.

B. Marsollier, Inrap

2.12. Les puits

123Trois puits antiques ont été découverts sur le site.

124• Le puits F289 est situé à une quarantaine de mètres au nord de l’angle NO de l’enclos principal (Fig. 6). Il est cuvelé sur 3 m de hauteur pour consolider la partie du creusement qui entaille les limons et le calcaire détritique. Au-delà, le puits est creusé directement dans le calcaire dur. Son diamètre interne est d’environ 1,50 m. Au fond du sondage, la partie préservée du cuvelage montre un agencement très soigné des blocs, liés à l’argile. Ceux-ci sont de grandes dimensions, certains de 0,80 m de côté. Ils présentent tous une surface visible plane qui correspond à des lignes de fracture naturelle du socle calcaire. L’espace situé entre le cuvelage et la fosse d’installation du puits est comblé d’éléments calcaires semblables à des déchets de taille mêlés à de l’argile. Le fond du puits n’a pas pu être atteint car, au-delà de 4 m de profondeur, la dureté du substrat calcaire a empêché toute exploration mécanique. La dizaine de tessons de céramique antique issue du comblement n’est pas précisément datée. Néanmoins, le tracé d’un chemin médiéval dans l’emprise du puits assure que ce dernier est déjà comblé au vie ou viie s.

125• Le puits F245 est situé à 44 m au nord-est du bâtiment 2, dans l’enclos incomplet oriental. Son diamètre externe est de 3 m et il a pu être exploré jusqu’à 4 m de profondeur. Au-delà, les bords du sondage mécanique se sont effondrés et l’étude du puits a dû être interrompue pour des raisons de sécurité. Aucune trace de cuvelage n’a été mise en évidence, mais une maçonnerie de ce type a pu totalement s’effondrer ou être récupérée. Le remplissage de la structure est très hétérogène et compact. Il est principalement constitué de sédiments argilo-sableux brun clair, mêlés à de nombreux fragments de tuiles et de mortier de chaux, ainsi qu’à des blocs calcaires parfois rubéfiés. Ces matériaux de démolition pourraient provenir de la ruine du bâtiment 2, assez proche. 34 tessons de céramique (NMI : 8) ont été retrouvés dans le comblement. Ce lot est attribué au iie s. par la présence d’un élément de coupe de type Lezoux 042 en sigillée grésée de Gaule centrale (Annexe 1 et Annexe 2 : pl. 8). Ce contexte a également livré du mobilier en fer, dont un clou de construction, une clavette et un ciseau plat à un seul biseau et emmanchement à douille (Annexe 8 : pl. 11). Le reste du mobilier est concerné par un probable fragment de mortier en grès de Saint-Christophe, trois scories de réduction coulées et treize ossements animaux.

126• Le puits F591, situé à 25 m au nord-est du bâtiment 1, quant à lui à l’intérieur de l’enclos principal, a lui aussi été sondé mécaniquement en fin d’opération. Il est apparu au décapage sous la forme d’une fosse ovale de 4,20 × 3,20 m. À 4 m de profondeur, le diamètre du puits dans le calcaire dur est proche d’1,20 m. Le comblement, très hétérogène et compact, n’a fait l’objet que d’observations sommaires, en raison de l’effondrement des parois du sondage. Il est vraisemblable que les nombreux blocs calcaires qui y ont été mis au jour correspondent, au moins pour partie, à l’effondrement du cuvelage du puits. Les treize tessons de céramique (NMI : 2) retrouvés dans ce contexte sont attribués au ier s. ap. J.-C. Un maillon de chaîne et une fibule en alliage cuivreux y ont également été découverts (Annexe 8 : pl. 12). La fibule est dans un état fragmentaire : seul l’arc, le ressort et le départ de l’ardillon sont conservés. Elle appartient au type Feugère 23b et est en usage aux iie et iiie s. (le type apparaît dans la deuxième moitié du ier s. ap. J.-C.) (Feugère 1985 : 183 et 331-335).

2.13. Le dépôt monétaire

  • 12 1 antoninien de Victorin de 269 et 2 minimi d’imitation de 275-290.

127Un fond de vase en céramique contenant trois monnaies antiques a été mis au jour lors du décapage au nord de la fouille, à une dizaine de mètres au NE du fossé NO-SE de l’enclos incomplet oriental (Fig. 6). La poterie a dû être enterrée dans une petite fosse (F253) à peine plus large que le récipient. Il s’agit d’un pot en céramique commune gris-noir non tournée, à fond légèrement concave. Les monnaies présentent un bon état de conservation et ont pu être identifiées par Michel Barret (Inrap)12 (Cohen 1882 ; Bmc 1932-1962 ; RIC 1923-1994) (Annexe 4 et Annexe 2 : pl. 9). Les trois monnaies sont datées de la fin du iiie s. ap. J.-C., ce qui peut paraître assez tardif au regard de la chronologie établie pour le reste de l’occupation du site. En effet, à l’exception de la céramique découverte dans la fosse F1127 (cf supra 2.6.), ces monnaies constituent les seuls indices de cette période retrouvés à la fouille.

3. Synthèse sur le mobilier

  • 13 Qui justifie aussi le fait que celui-ci soit présenté ici dans son ensemble et non contexte par con (...)

128L’indigence du mobilier archéologique13, tant en quantité qu’en qualité, doit de nouveau être soulignée dans ce chapitre de synthèse, tant elle est frappante et problématique pour caractériser précisément la nature de cet établissement et sa chronologie. C’est notamment une conséquence du fort arasement du site. Ainsi, sans tenir compte des fragments de TCA et des scories de réduction épandues sous le bâtiment maçonné 2, le volume de l’intégralité du mobilier antique, toutes catégories confondues (ossements animaux et humains inclus), ne dépasse pas 0,20 m3.

129Ce chapitre présente et synthétise les données des différentes études menées par les spécialistes à l’issue de la fouille. Aucune étude complémentaire sur le mobilier n’a été réalisée dans le cadre de cet article. Comptages, caractérisation et dessins du mobilier ont été réunis en annexes.

– Les restes animaux

  • 14 Les ensembles fauniques des sites ruraux gallo-romains étant toutefois, généralement, assez réduits

130Au total, seuls 18 faits antiques ont livré des vestiges fauniques (Fontaine 2013 : 316-319) (Annexe 6). Ils présentent dans l’ensemble un état de conservation plutôt correct, avec 137 restes pour un poids de 1,5 kg. Cette quantité, qui apparaît tout à fait dérisoire sur un site de cette nature et de cette superficie14, limite singulièrement la portée de l’étude de ces vestiges. Ainsi, le nombre de restes déterminés est insuffisant pour interpréter correctement la part des différents taxons identifiés. Et la répartition spatiale des restes fauniques ne montre pas de zone de concentration particulière.

– La céramique

131Parmi les 1 127 faits archéologiques fouillés, seulement 90 ont livré du mobilier en céramique attribuable à l’Antiquité (Fourré 2013 : 234-261) (Annexes 1 à 3). Ce corpus rassemble 941 restes, pour un nombre minimum de 181 individus. Parmi ces 90 faits, seulement 47 ont pu être rattachés précisément à l’une et/ou l’autre des deux phases chronologiques individualisées pour l’Antiquité (cf. infra). Les 43 faits restants sont ainsi attribués au Haut-Empire ou à l’époque gallo-romaine au sens large. Ces chiffres pourraient même être revus à la baisse dans la mesure où parmi ces éléments céramiques, certains se trouvent sans doute en position résiduelle dans des faits médiévaux (sans matériel médiéval). A contrario, les analyses planimétrique et stratigraphique ont parfois permis de proposer des corrélations entre certains faits assurément antiques et d’autres sans mobilier archéologique associé. En définitive, il ressort de ces études que très peu d’événements et faits – une soixantaine tout au plus – peuvent être précisément datés. Le phasage proposé pour les diverses installations de cet établissement rural gallo-romain est donc à considérer avec prudence.

132L’étude des lots attribués au ier s. ap. J.-C. (phase 1) fournit différentes informations concernant le faciès céramique de ce secteur du territoire des Bituriges Cubes (Annexe 3). On note la quantité relativement importante des céramiques fines, qui représentent environ un tiers du mobilier, et notamment des céramiques de type Terra Nigra originaires de Gaule centrale, catégorie technique prédominante. Les sigillées sont, quant à elles, importées de Gaule centrale et de Gaule du Sud, ce dernier groupe de production étant le plus fourni. La présence de productions importées au sein des lots montre que le site d’Étrechet est, dès le début du ier s. ap. J.-C., malgré sa modestie, intégré aux circuits de diffusion commerciaux. Ce même constat a été réalisé pour l’établissement rural voisin du “Four à Chaux” (Fourré 2012a : 109).

133Les céramiques communes sont quant à elles d’origine régionale. Elles se caractérisent par des pâtes riches en mica et en grains de quartz assez peu calibrés. Ce groupe est légèrement dominé par les céramiques communes en cuisson réductrice (mode B). Néanmoins, les céramiques communes en cuisson oxydante (mode A) et celles à pâte brune sont attestées de manière pratiquement équivalente, ce qui suggère une représentativité quasi identique entre ces trois catégories techniques. Concernant l’analyse des formes, on peut souligner l’importance des poteries destinées au service de la table (Annexe 3). Néanmoins, la présence en quantité non négligeable de céramiques culinaires et de stockage dénote des assemblages céramiques issus de contextes domestiques, à l’exception, bien évidemment, des vases découverts dans la tombe F213.

134Le mobilier appartenant au iie-début iiie s. (phase 2) est peu abondant. On note l’absence des céramiques communes à pâte brune et la disparition des vases en Terra Nigra. En effet, ces derniers ne sont plus fabriqués à la fin du ier s. ap. J.-C. et disparaissent donc alors des lots. Il en est de même pour la sigillée de Gaule du Sud qui n’est plus présente que sous forme résiduelle. La céramique fine n’est attestée que par la sigillée grésée de Gaule centrale, une catégorie technique qui est produite et importée à partir du iie s. On souligne aussi l’égalité, en termes de nombre d’individus, des céramiques communes cuites en mode A ou B (Annexe 3). Ce constat est caractéristique du territoire biturige et a été observé sur le site du “Four à Chaux”, proche, mais également dans le Cher, à Fussy et à La Chapelle-Saint-Ursin (Fourré 2011 ; 2012b). Dans d’autres territoires de cité proches, tels que celui des Carnutes et des Sénons, il en est tout autrement et, dès le iie s., la céramique commune en cuisson réductrice domine largement les pâtes claires (Fourré 2009).

135En ce qui concerne l’analyse des formes, on remarque l’association de vases destinés à la préparation (mortier) et à la cuisson des denrées (pots, jattes) et de récipients voués à la présentation des mets et boissons (coupes, gobelets, cruches) (Annexe 3). Il faut noter pour cette époque l’absence de grands contenants utilisés pour stocker ou transporter des produits (dolia et amphores).

136La fouille n’a pas révélé de céramique du Bas-Empire, mais il faut noter que quatre contextes datés de cette période (ive s.) ont été mis au jour lors du diagnostic dans l’emprise de la fouille (Couvin 2010 : 168-170). Parmi ceux-ci, deux sont rattachés à la seconde moitié du iiie ou au ive s. et les deux autres sont datés du courant du ive s. Ce corpus céramique concerne 17 restes (NMI : 5), mais l’essentiel de ce mobilier est concentré dans la seule fosse F1127 (NR : 14 ; NMI : 4), l’unique fait parmi les quatre qui a été retrouvé lors de la fouille. Ce lot se compose d’une sigillée d’Argonne, un probable mortier Chenet 326 ou 328, d’une coupe à panse tronconique réalisée dans une pâte fine brune et engobée rouge et d’un bord de pot en céramique commune sombre modelée, une production qui réapparaît dans les assemblages régionaux à partir de la fin du iiie s. ap. J.-C. (Annexe 2, pl. 3) (Chenet 1941 ; Bouchain-Palleau 2007). Ces éléments témoignent d’une fréquentation sans doute très sporadique du site durant cette période.

– Le verre

137Seuls deux tessons de verre sont dénombrés pour l’époque romaine. Il s’agit d’un fragment de fond de bouteille, dans le four F747, et d’un fragment de panse, dans la fosse F82 située en toute limite sud de la fouille, pour des formes non identifiées.

– Le mobilier métallique

  • 15 Le détecteur n’a cependant pas été passé sur les déblais de décapage et pas systématiquement sur le (...)

138Le mobilier métallique est apparu en très faible quantité, et ce malgré le passage systématique du détecteur à métaux sur toute la surface du site, puis régulièrement au moment de la fouille des vestiges15. En tout et pour tout, douze faits gallo-romains ont livré des objets ou fragments d’objets en fer : on dénombre seulement 9 clous et 15 fragments d’objets pour la période romaine (Chaudriller 2013 : 348-371). Il ne s’agit que de quelques rejets domestiques ou en rapport avec l’activité agro-pastorale de l’établissement (Annexes 7 et 8).

139Le mobilier en alliage cuivreux est concerné par un petit plateau de balance de type trébuchet décoré de cercles concentriques, un maillon d’une probable chaînette et une fibule de type 23b Feugère (Feugère 1985 : 183 et 331-335) (Annexe 8 : pl. 10 et 12).

– Les monnaies

140Cinq monnaies, identifiées par Michel Baret (Inrap), sont dénombrées dans trois contextes ; parmi elles, trois sont issues d’un dépôt dans un vase isolé (cf. § 2.13. et Annexe 4).

– Le matériel de mouture

141Le site a livré trois éléments de mouture pour la période gallo-romaine : un probable fragment de mortier en grès de Saint-Christophe dans le remplissage du puits F245, un fragment de molette en granite dans la fosse F29 et deux fragments d’une même meta en grès du sud Berry dans le trou de poteau F396. Ce corpus est également très modeste au regard de la densité et de la durée d’occupation du site (Robin 2013 : 372-382).

– Les matériaux de construction

142Le volume des éléments de construction retrouvés à la fouille peut être estimé à environ 0,30 m3. Il s’agit pour l’essentiel de fragments de terre cuite architecturale, principalement des éléments de toitures (imbrices et tegulae). Les éléments remarquables ont été isolés dans trois caisses, dont l’une (env. 35 dm3) rassemble l’intégralité des matériaux de construction retrouvés dans le cellier du bâtiment 1, contexte qui a notamment livré un fragment de sol en terrazzo. L’unique fragment d’enduit peint mis au jour est issu de la maçonnerie d’un contrefort du même bâtiment. Il faut signaler l’absence de moellon, même si certains blocs sont apparus grossièrement équarris. Il n’y a pas non plus sur le site d’éléments de marbre (ou apparenté), ni de carreau de terre cuite ou encore de tesselle.

– Les rejets d’activités métallurgiques

  • 16 En considérant une densité moyenne de scories de l’ordre de 750 kg par mètre cube.

143Il est impossible de quantifier précisément les rejets strictement antiques liés aux différentes activités métallurgiques (Annexes 9 et 10). En effet, l’essentiel des scories a été retrouvé dans des contextes non datés, une autre partie, dans des proportions non définies, se trouvant inévitablement en situation de redéposition dans des faits médiévaux. Ainsi, sur les 64 creusements ayant livré des indices mobiliers d’activités métallurgiques, seulement 17 sont assurément datés de l’époque romaine. À lui seul, l’épandage de scories qui précède l’installation du bâtiment 2 concentre sans doute plus de 300 m3 (plus de 225 tonnes16) de scories de réduction (cf. supra). Toutes périodes confondues, et après étude des prélèvements réalisés sur le terrain, le volume du mobilier métallurgique conservé représente 0,30 m3 (environ 225 kg).

4. Analyse morphologique du plan de l’Établissement et proposition de phasage

144Le mauvais état de conservation des vestiges et la pauvreté du mobilier compliquent l’interprétation fonctionnelle de cet établissement rural et l’appréciation de son évolution chronologique. Malgré tout, la confrontation des données mobilières aux informations stratigraphiques et topographiques permet de distinguer deux états d’aménagements successifs (phases 1 et 2) (Fig. 6). Pour autant, ce phasage du site reste fondé sur peu d’éléments et doit être considéré avec prudence.

4.1. L’installation initiale (fin du ier s. av. J.-C. – 1re moitié du ier s. ap. J.-C.) (phase 1)

145La première installation structurée du site est caractérisée par un enclos fossoyé quadrangulaire établi vraisemblablement à la fin du ier s. av. J.-C. ou au début du siècle suivant (phase 1) (Fig. 6). Au regard de la céramique mise au jour dans une vingtaine de faits archéologiques et de quelques éléments en position résiduelle dans l’enclos fossoyé, une fréquentation du site antérieure à la période augustéenne n’est cependant pas exclue, notamment pour les éléments d’enclos orientaux. Toutefois, les caractéristiques technologiques de ce corpus céramique sont largement répandues et perdurent jusqu’au début du Haut-Empire : il est ainsi difficile de dater précisément la fondation de l’établissement. Au-delà des données mobilières, une origine “tardive” de l’enclos est suggérée par la morphologie même des fossés dont les caractéristiques diffèrent de celles généralement observées sur les sites fondés à La Tène (Maguer et Lusson 2009 : 430-432). En effet, il faut souligner la taille en général modeste des fossés de cet enclos quadrangulaire, et en particulier celle des fossés de façade, surtout comparés à ceux des trois autres côtés. Ces petites dimensions, également observées pour l’ensemble fossoyé qui se développe à l’est, ne peuvent pas être mises sur le seul compte de l’arasement du site, ni sur la nature du substrat rocheux.

146La configuration du premier état de l’établissement de “Fêts de Renier” n’en reste pas moins marquée par l’héritage laténien : un enclos fossoyé et un autre système de fossés sont probablement associés à des constructions sur poteaux plantés. L’enclos, l’élément le plus structurant du site, perdure sans doute pendant la plus grande partie de l’occupation de l’établissement d’époque romaine. Le bâti est mal caractérisé pour la phase 1 et seules trois constructions ont pu y être rattachées, toutes sur poteaux plantés : le petit bâtiment 3, situé à proximité de l’enclos principal, à l’ouest, et les probables édifices 28 et 29, situés en limite d’emprise, au nord. Les deux possibles fonds de cabane situés à l’est du bâtiment 2 pourraient sans doute également intervenir à cette époque. D’autres constructions en matériaux périssables sont probables sur le site au ier s. ap. J.-C. mais n’ont pas pu être clairement identifiées. L’arasement du site est tel que certains poteaux faiblement ancrés dans le sol, ou des fondations sur sablière basse et/ou solins de pierres, peuvent n’avoir laissé aucune trace. Le re-décapage du bâtiment 1 situé au centre de l’enclos maçonné n’a révélé aucune construction sur poteau sous-jacente. Et dans les zones à forte concentration de trous de poteau, les hypothèses de plans de bâtiments sont attribuées, via le mobilier en céramique, au Moyen Âge. Mais, la plupart de ces trous de poteau n’étant pas datés, certains pourraient participer à des constructions antérieures non identifiées. Il est aussi possible que des édifices aient été construits en dehors de l’emprise décapée. Cependant, un ensemble bâti au sud de l’enclos apparaîtrait assez atypique car un tel développement est davantage attendu – pour ce type d’établissement – en avant de la façade orientale de l’enclos ou dans l’enclos lui-même.

147L’aire d’inhumation est en usage dès cette époque, comme le montre un dépôt funéraire de quatre céramiques datées du premier quart du ier s. ap. J.-C. dans l’une des sépultures (cf. § 2.10). Dans ce même secteur, il faut aussi signaler un possible cellier ayant livré de la céramique datée du premier quart du ier s. ap. J.-C. Toutefois, ce mobilier est peut-être en position de résidualité car cette fosse pourrait fonctionner avec d’autres creusements du même type ayant fourni une datation plus tardive (cf. § 2.6).

148Si la fonction principale de cet établissement est sans doute étroitement liée à l’agriculture et à l’élevage, il est possible qu’une activité d’exploitation métallurgique se soit développée en parallèle, à proximité directe du site. En effet, les remblais massifs de scories de réduction antiques épandus préalablement à la construction du bâtiment maçonné de la phase 2 trahissent le développement d’une activité métallurgique antérieure, il est vrai largement attestée aux alentours de la ZAC d’Ozans, notamment à l’est (Fig. 2, sites 1 à 8). Néanmoins, ces ferriers et zones d’extraction, principalement révélés par la photographie aérienne, n’ont pas été fouillés et ne sont pas précisément datés, ce qui limite singulièrement toute étude comparative.

149Au sud-est, le four F28 et des rejets métallurgiques retrouvés dans d’autres faits proches pourraient matérialiser l’installation d’un atelier d’épuration. La position excentrée de ces vestiges atteste peut-être une spécialisation de ce secteur qui pourrait se développer, le cas échéant, en dehors de l’emprise décapée, sans que toutefois on puisse en préciser la datation ni la durée. Néanmoins, aucun indice de ce type n’a été mis en évidence plus au sud et à l’est lors du diagnostic de 2010. Le diagnostic réalisé tout récemment aux lieux-dits “Fêts de Marchat”/“les Marchats”, à environ 500 m à l’est de l’emprise de la fouille de “Fêts de Renier”, a mis au jour deux petites zones d’épandage de scories de réduction potentiellement antiques, mêlées à des fragments de parois de four (Pallarès 2024 : 129-134). Mais là encore, il n’a pas été possible de déterminer si ce mobilier témoigne d’activités métallurgiques réalisées in situ (ferriers et fours arasés et dispersés) ou alors d’apports massifs de matériaux extérieurs. Dans ce cas, aucun autre vestige, comme le bâtiment 2 à “Fêts de Renier”, n’expliquerait la raison de tels déplacements de remblais.

150Ainsi, les informations recueillies sur le site ou à proximité et les indices révélés par la photographie aérienne montrent que l’établissement de “Fêts de Renier” s’installe sans doute au cœur d’une aire d’activité de sidérurgie primaire certes modeste au plan du territoire biturige, mais sans doute importante au plan local. La quantité de mobilier découvert sur le site – et tout particulièrement l’épandage de scories de réduction – montre une interaction certaine entre l’exploitation agropastorale et un ou plusieurs sites de production métallurgique. La mise en évidence d’un lien de traçabilité entre le minerai de fer pisolithique prélevé in situ, les scories coulées de réduction et les scories magnétiques d’épuration découvertes sur la fouille va également dans ce sens (Dransart 2013 : 413) (Annexe 10).

151Si la métallurgie du fer n’est vraisemblablement pas l’activité principale de l’établissement, elle pouvait toutefois générer un complément de revenu appréciable. À l’inverse de ce mode d’exploitation, il est possible que les occupants de “Fêts de Renier” aient bénéficié de remblais de scories provenant d’un site de production métallurgique proche indépendant, voire rattaché à un autre établissement. Des problématiques similaires ont été soulevées dans la région d’Argenton-sur-Creuse-Argentomagus (36), à une trentaine de kilomètres au sud-ouest, où les activités agricoles et métallurgiques semblent coexister. En effet, la carte de répartition des ferriers et des habitats ruraux situés autour de cette agglomération montre que les établissements agropastoraux de ce secteur sont implantés au cœur de la zone d’activité métallurgique, en particulier au nord et au sud-ouest de la ville, impliquant une interaction sans doute assez forte entre les deux activités (Dumasy, Dieudonné-Glad et Laüt 2010 : 407 et fig. 1). De même, dans la forêt domaniale de Tronçais (Allier), à une soixantaine de kilomètres à l’est d’Étrechet, dans laquelle une vingtaine de petites unités de production de fer pourrait être intégrée aux domaines agricoles (Batardy, Buchsenschutz et Dumasy 2001 : 153).

4.2. L’établissement dans sa configuration définitive (2e moitié du ier s. ap. J.-C.-iie/iiie s. ap. J.-C.) (phase 2)

152L’établissement connaît, vers la fin du ier s. ap. J.-C. ou au cours du suivant, une profonde restructuration qui lui confère sa forme définitive (phase 2) (Fig. 6). Celle-ci est marquée par l’apparition du bâti en pierre. En l’absence de mobilier dans les fondations des bâtiments et des niveaux d’occupation, peu d’éléments viennent valider cette chronologie de mise en place du bâti en dur. L’information chronologique la plus pertinente réside dans la présence de tessons d’un vase attribuable aux iie-iiie s. dans le remplissage du cellier maçonné du bâtiment 1. Cette datation est confortée par les analyses 14C réalisées dans le même contexte sur des ossements animaux. D’une manière générale, cette chronologie est en accord avec celle généralement observée pour les établissements ruraux dans cette partie de la Gaule Lyonnaise (chez les Turons et les Bituriges Cubes notamment), où le passage à une architecture de pierre et maçonnée, des modèles méridionaux, n’a généralement pas lieu avant la deuxième moitié du ier s. ap. J.-C. pour les établissements agricoles.

153Des fermes de l’époque dite gallo-romaine précoce (toute fin du ier s. av. et 1er tiers du ier s. ap. J.-C.) et du reste du ier s., caractérisées par un (ou plusieurs) enclos fossoyé et des constructions sur poteaux plantés sont recensées pour les Bituriges dans la thèse de Cristina Gandini (Gandini 2008). Plus récemment, et tout proche, cette morphologie de l’habitat “précoce” a été mise en évidence sur le site du “Four à Chaux”, sur lequel la période comprise entre 30 av. J.-C. à 50 ap. J.-C. (Période IV, phase 1) regoupe un enclos fossoyé et des constructions en matériaux périssables. D’autres sites de ce type sont connus chez les voisins Turons, comme par exemple sur les établissements agropastoraux de “la Roche Deniau”, à Parçay-Meslay, ou encore “les Billettes”, à Esvres (Indre-et-Loire) (Fouillet et Lusson 2015 : 139 ; Fouillet et al. 2006). Sur ces sites, les constructions sur poteaux associées à un enclos fossoyé cèdent progressivement la place à du bâti maçonné délimité par des enclos murés et fossoyés. La restructuration architecturale intervient également dans la seconde moitié du ier s. ap. J.-C., voire à la fin de ce siècle, ou dans le courant du suivant. La même période de transition a été mise en évidence sur le site du “Four à Chaux”, sur lequel l’apparition de la construction en dur correspond aussi à la seconde phase d’occupation d’époque romaine comprise entre la 2e moitié du ier s. ap. J.-C. et les iie-iiie s. (Période IV, Phase 2) (Raudin 2012 : vol. 1 : 12) (Fig. 41). L’établissement rural de “Fêts de Renier” étudié ici acquiert sans doute sa morphologie définitive à cette même époque. L’habitat antérieur est alors profondément réorganisé. Le bâti en matériaux périssables, mal caractérisé, a pu être démantelé à cette époque, mais cette hypothèse n’est pas démontrée et des bâtiments sur poteaux ont également pu subsister. Si ici la coexistence des deux édifices maçonnés est probable, il n’est pas possible de déterminer si leur aménagement est contemporain ou s’ils correspondent à deux projets de construction distincts. Il est cependant raisonnable de supposer qu’ils sont construits dans une fourchette chronologique assez resserrée.

Fig. 41 - Plans simplifiés à échelle commune, pour comparaison, des établissements antiques de "Fêts de Renier" (1) (période 1, phase 2) et du "Four à Chaux" (2) (période IV, phase 2), à Étrechet.

Fig. 41 - Plans simplifiés à échelle commune, pour comparaison, des établissements antiques de "Fêts de Renier" (1) (période 1, phase 2) et du "Four à Chaux" (2) (période IV, phase 2), à Étrechet.

DAO : F. Couvin. (1) : d'après Fouillet et Mortreau 2013, vol. 2 : fig. 8 ; (2) : d'après Raudin 2012, vol. 2 : fig. 12

154Dans sa configuration définitive le site présente deux entités architecturales distinctes espacées d’une soixantaine de mètres qui permettent d’identifier un espace à vocation résidentielle (bâtiment 1) et un espace dévolu à la production et au stockage (bâtiment 2, hors de l’enclos principal). Le premier est situé dans un enclos de murs (de 1660 m²) établi au centre de l’enclos fossoyé initial (de 6 140 m²). Les quelques éléments céramiques de la fin du ier et du iie s. présents dans les fossés corroborent la coexistence des deux systèmes de clôture et donc la perduration de l’enclos fossoyé durant le Haut-Empire. La localisation du four à chaux, précisément dans un angle de celui-ci, va également dans ce sens. Il est d’ailleurs vraisemblable que ce four, non daté, ait fourni la chaux nécessaire à la construction des deux édifices. À nouveau une comparaison peut être réalisée avec le site voisin du “Four à Chaux” – avec aussi des fours à chaux – pour lequel l’analyse planimétrique montre également que les fossés de l’établissement initial étaient au moins toujours visibles au moment de la construction du bâti maçonné. Au cours de la phase 2, d’autres bâtiments ont pu être construits en matériaux périssables ; dans ce cas, comme pour l’état d’occupation précédent, ils n’ont pas été retrouvés, peut-être détruits par l’érosion.

  • 17 Qualifiant les grandes villae lorsque tous ces critères sont réunis.

155La composition bipartite du plan définitif procure à l’établissement de “Fêts de Renier” une configuration qui rappelle celle observée pour les villae antiques. La localisation du bâtiment 1, a priori résidentiel, à l’intérieur d’un enclos maçonné et la présence d’une probable grange dans un espace juxtaposé à cette cour, à proximité de l’entrée de l’enclos fossoyé, évoquent cette typologie particulière de forme de l’habitat. Pour autant, il apparaît délicat de qualifier cet établissement de villa stricto sensu. En effet, en l’absence d’un nombre plus important de bâtiments maçonnés, d’équipement de confort (espace balnéaire), de décor architectural (mosaïques, marbres…), et de toute autre entité architecturale à caractère ostentatoire (porche monumental…)17, cet établissement s’apparente à une modeste ferme maçonnée. Cette simplicité architecturale de l’exploitation agropastorale s’accompagne d’une pauvreté mobilière, en quantité comme en qualité, qui ne peut pas être mise sur le seul fait de l’arasement du site : absence de vaisselle en bronze, un seul élément de parure, seulement deux tessons de verre et seulement cinq monnaies retrouvées pour l’Antiquité. L’établissement doit correspondre à une “exploitation familiale” ou à une “petite exploitation agricole” pour reprendre la terminologie définie par Pierre Ouzoulias dans sa thèse de doctorat (Ouzoulias 2006 : 167).

156L’absence ou la faible quantité de vestiges retrouvés à l’intérieur de l’enclos maçonné, et entre celui-ci et la clôture fossoyée, est atypique. L’espace situé entre les deux systèmes de clôture pourrait constituer des jardins potagers ou des vergers. Mais aucun indice archéologique ne permet de corroborer cette interprétation, dans la mesure où aucune fosse de plantation d’arbre n’a été mise en évidence. Le décapage de la haie moderne présente sur le site a cependant montré que des arbres, même de dimensions importantes, des ormes dans le cas présent, ne laissaient aucune trace dans le substrat calcaire, les racines se développant au-dessus de cet horizon géologique, sans l’altérer. L’hypothèse d’un jardin d’agrément n’est pas retenue, tant sa présence contrasterait avec la simplicité architecturale de l’établissement.

157L’aire funéraire est peut-être toujours fréquentée à cette époque, mais cette possibilité n’est pas corroborée par la présence de mobilier datant associé aux sépultures. Les deux possibles enclos funéraires retrouvés au diagnostic à 130 m à l’ouest de la zone d’étude ont pu également accueillir des défunts de “Fêts de Renier” durant la période romaine (Fig. 2, site 17).

158Après le milieu du iiie s., au vu du mobilier en céramique, l’occupation de l’établissement paraît péricliter. En effet, la fouille n’a pas livré d’indice du Bas-Empire en dehors du dépôt de trois monnaies datées de la fin iiie s. cachées dans un vase enfoui. Il s’agit de minimi dont la phase de circulation principale est la première moitié du ive s. (Annexe 4). Seuls quelques éléments céramiques issus de quatre faits mis au jour lors du diagnostic dans l’emprise fouillée peuvent témoigner d’une fréquentation a priori ténue et sporadique des lieux durant cette période (Annexe 2 : pl. 3). En effet, il faut attendre la deuxième moitié du ve s., au plus tôt pour certains lots céramiques, et le vie s., pour que l’occupation du site apparaisse de nouveau structurée.

159Les travaux de Cristina Gandini ont montré que les établissements agro-pastoraux de cette taille avaient le plus souvent une durée de vie n’excédant pas trois siècles chez les Bituriges Cubii (Gandini 2008 : 308). Ainsi, le site de “Fêts de Renier”, de rang 4 dans sa typologie des sites, n’échappe pas à cette tendance, tout comme le site du “Four à Chaux”, dont l’abandon est également attribué au courant du iiie s. ap. J.-C. (cf. infra) (Raudin 2012, vol. 1 : 147).

160Pour autant, il convient de relativiser quelque peu ce hiatus chronologique apparent et il reste en tous cas impossible de déterminer précisément jusqu’à quand les deux bâtiments et les enclos de la ferme du Haut-Empire, même abandonnés, voire ruinés, structurent le paysage de “Fêts de Renier”.

161La reconnaissance des vestiges d’occupation tardo-antiques (ive-ve s.) sur les établissements agropastoraux est actuellement une question centrale, tant leur présence est généralement difficile à mettre en évidence sur des sites ruraux arasés, dont ne subsistent que des structures en creux, les niveaux d’occupation et d’abandon du site ‑et leur mobilier associé‑ ayant été oblitérés par les labours et non collectés, comme c’est le cas à “Fêts de Renier” (Fournier 2022 ; Kasprzyk 2018 : 239 ; Durost 2011 : 210). Néanmoins, pour le cas qui nous intéresse, d’autres arguments viennent étayer cette hypothèse d’un abandon précoce de l’établissement romain, notamment l’absence de céramique résiduelle du Bas-Empire dans les faits médiévaux, mais aussi l’organisation spatiale de vestiges du haut Moyen Âge (période 2) qui ne semble absolument pas tenir compte des orientations des bâtiments et des enclos antiques, suggérant que ceux-ci ont depuis longtemps déjà complètement disparu du paysage de la zone d’étude (Fig. 5) (Fouillet et Mortreau 2013, vol. 2 : 129-131).

4.3. Éléments de comparaison et typologie

162Des exemples d’établissements ruraux Bituriges disposant d’enclos emboîtés contemporains, l’un maçonné et l’autre fossoyé, sont connus, mais relativement peu courants. Le site le plus proche présentant cette caractéristique morphologique est manifestement celui du “Four à Chaux”, situé à seulement 2 km et dont l’évolution chronologique et spatiale, on l’a vu, présente des similitudes évidentes avec celle du site étudié ici (Raudin 2012 : vol. 1, p. 87) (Fig. 41). Chez les Carnutes, à Tavers (Loiret), l’établissement rural antique de “Clos Martin” dispose également d’une clôture maçonnée (pars urbana) imbriquée dans un enclos fossoyé (Delétang 1982 : 91 ; Provost 1988 : 135-136). Le site turon de “la Roche Deniau”, à Parçay-Meslay (Indre-et-Loire) évolue similairement et l’intégration parfaite de sa cour murée dans un enclos fossoyé montre que les deux systèmes sont contemporains (Fouillet 2004 ; Fouillet et Lusson 2015 : 142).

  • 18 En opposition avec la catégorie morphologique ”Morpho G”, c’est-à-dire “habitats dotés d’une clôtur (...)

163Selon les critères définis pour l’habitat rural de la cité des Bituriges Cubes (Gandini 2008 : 191-192), l’établissement de “Fêts de Renier” correspond à la catégorie morphologique Morpho F, c’est-à-dire “habitats dotés d’une clôture maçonnée enserrant uniquement le secteur résidentiel, les dépendances sont rejetées à l’extérieur18”. Toujours selon ces travaux, l’établissement de “Fêts de Renier” adopte des modèles de définition principalement liés au niveau hiérarchique (rang) 4, à savoir “fermes grandes à moyennes” (Gandini 2008 : 246).

164Il est aussi intéressant de confronter le plan du site à la typologie établie pour les villae situées dans le territoire proche de Clermont-Ferrand-Augustonemetum, chez les Arvernes voisins (Dousteyssier, Segard et trément 2004 : 128). Selon ces auteurs, l’établissement de “Fêts de Renier” correspond au type B3 ou C. Cette catégorie rassemble des sites de taille modeste qui ne sont pas identifiés comme des villae à proprement parler (Dousteyssier et Trément 2007 : 11-24). Les fermes antiques de “la Narse” à Veyre-Monton et des “Briaux” à Mezel (Puy-de-Dôme), par exemple, reconnues par prospection aérienne, bien qu’apparemment dénuées d’enclos fossoyé, présentent des similitudes morphologiques avec le site d’Étrechet (Dousteyssier et Trément 2007 : 19 et 23).

165Les mêmes observations typologiques peuvent être réalisées en comparant le plan du site d’Étrechet à ceux récemment répertoriés dans l’Atlas des fermes et villae gallo-romaines de Beauce (AERBA) [en ligne], réalisé sous la direction d’Alain Lelong et d’Alain Ferdière par le Laboratoire Archéologie et Territoires (UMR 3724 CITERES-LAT) : la ferme de “Fêts de Renier” peut être ici classée entre le rang 3, “villae moyennes à petites (moins de 2 ha), restant essentiellement construites “en dur” (pour partes urbana et rustica)” et le rang 4, “villae” de facture modeste, mais avec une partie résidentielle construite “en dur”.

Conclusion

166La fouille du site de “Fêts de Renier” à Étrechet (Indre) a mis au jour un établissement agropastoral gallo-romain de moins de deux hectares, occupé entre la fin du ier s. av. J.-C. et le début du iiie s. ap. J.-C. Cette ferme, maçonnée et de forme bipartite dans sa configuration définitive, est circonscrite par des enclos. Au-delà de sa simplicité architecturale, le site se caractérise par la faible quantité de mobilier retrouvée, toutes catégories confondues. Si cela peut être en grande partie dû à une forte érosion et au fait qu’une partie des rejets domestiques a pu être réalisée en dehors de l’emprise explorée, cette pauvreté mobilière n’en dénote pas moins des occupants de rang social sans doute relativement modeste (paysans dépendants ?).

  • 19 La commune d’Argenton-sur-Creuse - Argentomagus, dans l’Indre, est située dans la région naturelle (...)

167L’établissement de “Fêts de Renier” est établi dans un secteur géographique situé à l’interface entre deux régions naturelles : la Champagne Berrichonne, au nord-ouest, qui concentre la plus grande partie de l’habitat rural antique de la cité des Bituriges (Batardy, Buchsenschutz et Dumasy 2001 : 66-73) et la Brenne, à l’est, réputée pour ses activités sidérurgiques importantes notamment au nord d’Argenton-sur-Creuse - Argentomagus19 (36). D’une manière générale, la Champagne Berrichonne possède des terres assez fertiles et celles de la Brenne sont plus pauvres et moins propices à l’agriculture, mais son sous-sol est localement riche en minerai de fer. La situation de “Fêts de Renier” s’inscrit dans ce dernier contexte : les sols environnants sont pauvres et les terres, grasses et fortement caillouteuses, sont sans doute moins adaptées à la pratique de la polyculture qui devait être la règle dans les campagnes en Gaule romaine. De même, la proximité des ferriers reconnus par la photographie aérienne laisse peu de doute quant à l’existence d’une activité d’extraction et de réduction à proximité de “Fêts de Renier”, même s’il faut le rappeler, ces activités sont peu documentées dans le cadre des opérations archéologiques menées sur la Zac d’Ozans depuis 2010. Les relations entre l’établissement de “Fêts de Renier” et l’exploitation du fer sont donc appréhendées de manière détournée (ferriers perçus par photographies aériennes ou scories épandues à “Fêts de Reniers” et à “Fêts de Marchat”/“les Marchats”, possible foyer d’épuration…). Ainsi, l’existence d’une activité spécifique de l’établissement en rapport avec cet artisanat est possible mais reste difficilement démontrable. Aussi, l’hypothèse selon laquelle cet établissement rural, établi sur des terres ingrates, ait pu développer une activité sidérurgique en parallèle de ses activités agropastorales doit être considérée avec prudence. Le cas échéant, cet artisanat a pu générer un complément de revenu nécessaire à la viabilité économique de l’établissement, mais sans pour autant empêcher son déclin avant le milieu du iiie s. ap. J.-C., après une assez courte existence.

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Document annexe

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Notes

1 Par la suite, abrégé : TCA.

2 90 faits ont livré du mobilier en céramique gallo-romain, parmi lesquels seulement 47 ont pu être précisément rattachés à l’une des deux phases individualisées de l’établissement gallo-romain.

3 L’érosion du site semble en général assez forte.

4 Indiquant sans doute ainsi une déposition peu après leur bris.

5 US 1465 : 2 sigma calibration : 60-180 et 190-210 ap. J.-C.] (Beta - 337468) ; US 1175 : 2 sigma calibration : 70-230 ap. J.-C. (Beta - 337469).

6 Soit plus de 300 m3 et plus de 225 tonnes (en considérant une densité moyenne de scories de l’ordre de 750 kg par mètre cube).

7 D’après la formule de calcul du volume d’un cône tronqué = 1/3π × (r1² + r2² + r1 × r2) × H. r1 = rayon supérieur (petite base) ; r2 = rayon inférieur (grande base) ; H = hauteur. Pour le cas qui nous intéresse : r1 restitué : 1 m ; r2 = 1,475 m ; H = 5,9 m.

8 Il s’agit du seul fait attribué à cette période retrouvé dans l’emprise décapée, hormis le dépôt monétaire (cf. § 2.13).

9 Ce chapitre synthétique ne reprend pas toutes les données issues du rapport de fouille, notamment les analyses chimiques et les observations métallographiques réalisées par Emmanuel Dransart (Annexe 10) et plus récemment par Émilie Caillaud dans le cadre de sa thèse de doctorat (Caillaud 2017).

10 À titre d’exemples, on peut citer entre autres les ferriers suivants : dans la commune de Diors, aux lieux-dits “la Bruyère” et “la Campine” et dans la commune d’Étrechet, aux lieux-dits “Ormillons” et “les Sablés” (Fig. 2).

11 F805, US 1276 (2 sigma calibration) : [780 ap. J.-C. – 900 ap. J.-C.] et [920 ap. J.-C. – 970 ap. J.-C.] (Beta – 337472).

12 1 antoninien de Victorin de 269 et 2 minimi d’imitation de 275-290.

13 Qui justifie aussi le fait que celui-ci soit présenté ici dans son ensemble et non contexte par contexte.

14 Les ensembles fauniques des sites ruraux gallo-romains étant toutefois, généralement, assez réduits.

15 Le détecteur n’a cependant pas été passé sur les déblais de décapage et pas systématiquement sur les déblais engendrés par la fouille des vestiges.

16 En considérant une densité moyenne de scories de l’ordre de 750 kg par mètre cube.

17 Qualifiant les grandes villae lorsque tous ces critères sont réunis.

18 En opposition avec la catégorie morphologique ”Morpho G”, c’est-à-dire “habitats dotés d’une clôture maçonnée enserrant la totalité des bâtiments”.

19 La commune d’Argenton-sur-Creuse - Argentomagus, dans l’Indre, est située dans la région naturelle du Boichaut sud, mais en limite de la Brenne qui se développe directement au nord.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 - Carte de localisation de la Zac d'Ozans sur la commune d'Étrechet (Indre)
Crédits SRA/PCR Agglomérations antiques en région Centre, J. Vilpoux, C. Cribellier, E. Roux, 2011-2016
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 392k
Titre Fig. 2 - Principaux sites recensés dans la zone d’étude pour les périodes de La Tène finale et l’Antiquité.
Crédits B. Marsollier et N. Fouillet, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 928k
Titre Fig. 3 - Vue aérienne de la surface décapée prise depuis le sud-est.
Crédits Cliché : N. Holzem, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-3.png
Fichier image/png, 2,8M
Titre Fig. 4 - Plan masse des vestiges.
Crédits N. Holzem et B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 208k
Titre Fig. 5 - Principales caractéristiques des deux phases d’aménagement individualisées.
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 120k
Titre Fig. 6 - Plan phasé synthétique du site gallo-romain. Phase 1 : l'installation initiale (fin Ier s. av. J.-C.-1re moitié du Ier s. ap. J.-C.) ; Phase 2 : la ferme dans sa configuration définitive (2e moitié du Ier s. ap. J.-C.-IIe/IIIe s.).
Crédits N. Holzem et B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 220k
Titre Fig. 7 - Plan et coupes des fossés de l’enclos quadrangulaire.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 276k
Titre Fig. 8 - Coupe du fossé F323 (coupe no 8) vue depuis l’ouest.
Crédits Cliché : J. Mortreau, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-8.png
Fichier image/png, 1,2M
Titre Fig. 9 - Profil du fossé F42 au niveau de son interruption au nord vu depuis le nord-ouest.
Crédits Cliché : J. Mortreau, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-9.png
Fichier image/png, 1,3M
Titre Fig. 10 - Système fossoyé oriental : plan et coupes des fossés.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-10.jpg
Fichier image/jpeg, 284k
Titre Fig. 11 - Plan et coupes de l’enclos de murs interne.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-11.jpg
Fichier image/jpeg, 116k
Titre Fig. 12 - Plan et coupes du bâtiment sur poteaux 3.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-12.jpg
Fichier image/jpeg, 148k
Titre Fig. 13 - Coupe du trou de poteau F346, vue depuis le sud, avec traces du poteau et d’incendie
Crédits Cliché : J. Mortreau, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-13.png
Fichier image/png, 1018k
Titre Fig. 14 - Plans proposés et coupes des trous de poteau des bâtiments hypothétiques 28 et 29.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-14.jpg
Fichier image/jpeg, 156k
Titre Fig. 15 - Principales caractéristiques morphologiques des cinq pièces du bâtiment maçonné 1.
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-15.jpg
Fichier image/jpeg, 200k
Titre Fig. 16 - Plan et coupes des tranchées de fondation du bâtiment 1.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-16.jpg
Fichier image/jpeg, 348k
Titre Fig. 17 - Vue depuis l’ouest du contrefort B. Au second plan, on distingue le mur F733 et le cellier F746.
Crédits Cliché : E. Pierre, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-17.png
Fichier image/png, 3,6M
Titre Fig. 18 - Plan et coupes du cellier F746 du bâtiment 1.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-18.jpg
Fichier image/jpeg, 184k
Titre Fig. 19 - Vue du parement du mur oriental du cellier.
Crédits Cliché : V. Georges, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-19.png
Fichier image/png, 957k
Titre Fig. 20 - Vue de la coupe du parement ouest du cellier et de la niche après fouille.
Crédits Cliché : V. Georges, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-20.png
Fichier image/png, 1,6M
Titre Fig. 21 - Principales caractéristiques morphologiques des quatre pièces du bâtiment 2 à fondations de pierre.
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-21.jpg
Fichier image/jpeg, 120k
Titre Fig. 22 - Plan et coupes des tranchées de fondation du bâtiment 2.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-22.jpg
Fichier image/jpeg, 288k
Titre Fig. 23 - Vue en coupe depuis l’ouest de la fondation du mur F96 (coupe n° 3).
Crédits Cliché : J.-F. Coulon, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-23.png
Fichier image/png, 1,7M
Titre Fig. 24 - Vue zénithale du four à chaux F779.
Crédits Cliché : N. Holzem, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-24.png
Fichier image/png, 3,3M
Titre Fig. 25 - Plan et coupes du four à chaux F779.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-25.jpg
Fichier image/jpeg, 272k
Titre Fig. 26 - La fosse à chaux F790, vue du sud-ouest.
Crédits Cliché : S. Raudin, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-26.png
Fichier image/png, 1,3M
Titre Fig. 27 - Plans et coupes des fosses à chaux F789 et F790.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-27.jpg
Fichier image/jpeg, 96k
Titre Fig. 28 - Plans et coupes des fosses F172, F186, F187, F257 et F1127.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-28.jpg
Fichier image/jpeg, 180k
Titre Fig. 29 - Vue depuis le nord-est de la fosse F172 fouillée par moitié.
Crédits Cliché : A. Fontaine, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-29.png
Fichier image/png, 993k
Titre Fig. 30 - Plans et coupes des possibles fonds de cabane F3 et F1106.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-30.jpg
Fichier image/jpeg, 156k
Titre Fig. 31 - Répartition spatiale des faits antiques et médiévaux ayant fourni des indices d’activités sidérurgiques.
Crédits N. Holzem et B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-31.jpg
Fichier image/jpeg, 240k
Titre Fig. 32 - Vue d’ensemble du four F28 depuis le nord-ouest.
Crédits Cliché : J.-F. Jakubowski, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-32.png
Fichier image/png, 525k
Titre Fig. 33 - Plans et coupes du four F28 et des faits périphériques F25, F29, F30 et F31.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-33.jpg
Fichier image/jpeg, 208k
Titre Fig. 34 - Le four F747 fouillé par moitié, vu du sud-ouest.
Crédits Cliché : S. Raudin, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-34.png
Fichier image/png, 1,6M
Titre Fig. 35 - Plan et coupe du four F747.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-35.jpg
Fichier image/jpeg, 88k
Titre Fig. 36 - Plan de l’aire funéraire.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-36.jpg
Fichier image/jpeg, 92k
Titre Fig. 37 - Vue zénithale et profils de la sépulture antique F213.
Crédits Cliché : N. Holzem, Inrap ; DAO : B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-37.jpg
Fichier image/jpeg, 440k
Crédits Cliché : N. Holzem, Inrap ; DAO : B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-38.jpg
Fichier image/jpeg, 880k
Titre Fig. 39 - Plan et coupe de la fosse F271.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-39.jpg
Fichier image/jpeg, 140k
Titre Fig. 40 - Plan et coupe des fosses imbriquées F825 et F1114.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-40.jpg
Fichier image/jpeg, 148k
Titre Fig. 41 - Plans simplifiés à échelle commune, pour comparaison, des établissements antiques de "Fêts de Renier" (1) (période 1, phase 2) et du "Four à Chaux" (2) (période IV, phase 2), à Étrechet.
Crédits DAO : F. Couvin. (1) : d'après Fouillet et Mortreau 2013, vol. 2 : fig. 8 ; (2) : d'après Raudin 2012, vol. 2 : fig. 12
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7122/img-41.jpg
Fichier image/jpeg, 76k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Nicolas Fouillet, Joël Mortreau, Michel Barret, Séverine Chaudriller, Marielle Delémont, Alexandre Fontaine, Laurent Fournier, Alix Fourré, Céline Galtier, Philippe Gardère, Béatrice Marsollier et Boris Robin, « L’établissement rural gallo-romain de “Fêts de Renier” à Étrechet (Indre) »Revue archéologique du Centre de la France [En ligne], Tome 64 | 2025, mis en ligne le 22 janvier 2025, consulté le 16 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/racf/7122

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Nicolas Fouillet

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