Navigation – Plan du site

AccueilNumérosTome 64ArticlesLe village de Mougon (Crouzilles,...

Articles

Le village de Mougon (Crouzilles, Indre-et-Loire) de l’Antiquité à nos jours

The village of Mougon (Crouzilles, Indre-et-Loire) from Antiquity to the present day
Philippe Salé
avec la collaboration de Céline Barthélemy-Sylvand, Philippe Bet, Thomas Boucher, Philippe Gardère, Matthieu Gaultier, David Guitton, Émeline Marot, Daniel Morleghem et Françoise Yvernault

Résumés

Le site de Mougon, localisé dans la commune de Crouzilles, correspond à une agglomération secondaire antique de la cité des Turons, caractérisée notamment par une activité artisanale majeure de production céramique. À partir du iiie ou du ive s., elle connaît de profondes mutations, mais elle constitue toujours un pôle important au moins jusqu’au viie s. Puis, sa surface se réduit pour devenir le hameau modeste tel qu’on le connaît actuellement. Depuis le xixe s., les découvertes ponctuelles, les prospections, et les opérations préventives se succèdent et ont donné lieu à des articles modestes ou des travaux de synthèse plus conséquents. À partir de 2014, la création d’un projet de recherche, a permis de reprendre la documentation archéologique ancienne, de réaliser de nouveaux sondages et de renouveler les études des photographies aériennes, de la documentation archivistique et du bâti. La collecte de ces données constitue une évaluation du potentiel du site, préalable nécessaire à des fouilles programmées permettant de répondre aux problématiques énoncées.

Haut de page

Plan

Haut de page

Texte intégral

Introduction

1Le hameau de Mougon se situe sur la rive droite de la Vienne dans la commune de Crouzilles, à une vingtaine de kilomètres à l’est de Chinon, en Indre-et-Loire (Fig. 1). Il se distingue par la richesse de son patrimoine archéologique caractérisée par la présence d’une agglomération secondaire antique et médiévale. Elle est identifiée au vicus Mediconnum, mentionné par Grégoire de Tours au vie s. (Historiarum libri decem, X, 31) et situé dans la cité des Turons. Ce site se développe sous le bourg actuel, mais également sur les parcelles cultivées vers le nord et l’est et sa surface est estimée à plus de 20 ha, toutes périodes confondues. Les premières découvertes archéologiques sont faites au milieu du xixe s. Depuis, le site a fait l’objet de nombreuses observations, souvent ponctuelles et mal documentées. Trois caractéristiques principales sont fréquemment soulignées : son organisation viaire régulière, la forte domination de l’activité potière et un vaste cimetière du haut Moyen Âge. Depuis au moins quarante ans, ces spécificités ont attiré les chercheurs alors que le questionnement n’a guère évolué, en raison de l’absence d’opération archéologique d’envergure. Un premier travail de synthèse a été réalisé dans les années 1970 pour un mémoire universitaire (Vallée et Toulier 1976). L’ensemble des mentions anciennes sont alors recensées et de nouvelles données sont apportées avec la réalisation de prospections pédestres, aériennes et géophysiques. En 2008, une étude systémique et multiscalaire d’un territoire de la vallée de la Vienne comprenant Mougon, est menée dans le cadre d’une thèse de doctorat, par Anne Moreau (Moreau 2008). À cette occasion, de nouvelles prospections pédestres et géophysiques sont menées. Le Projet Collectif de Recherches sur Mougon (PCR), né en 2014, constitue le troisième travail synthétique. Il a pour vocation, dans sa première phase, de présenter une évaluation définitive du potentiel du site, avec la reprise de l’ensemble de la documentation disponible et son enregistrement homogène. Il s’agit aussi de formuler un plaidoyer pour un nouveau cycle de recherche et en particulier la réalisation de fouilles sur des surfaces significatives, seules à même d’apporter des réponses aux problématiques énoncées.

Fig. 1 - Localisation de Mougon et des lieux-dits cités dans le texte.

Fig. 1 - Localisation de Mougon et des lieux-dits cités dans le texte.

B. Marsollier, Inrap

1. Des données à mettre en forme

1.1. Les données archivistiques (F. Yvernault)

  • 1 Réalisée sous la direction d’Élisabeth Zadora-Rio, Université de Tours.

2Les sources antérieures au xiie s. ont été dépouillées par A. Moreau, par le biais de la base de données Topo-Source Anjou-Touraine1 qui recense toutes les mentions topographiques contenues dans les textes antérieurs à la fin du xiie s. concernant les départements d’Indre-et-Loire et de Maine-et-Loire. à la fin du vie s., l’église et le “vicus” de Mougon sont évoqués dans les Dix livres d’histoire de Grégoire de Tours (573-594), sous l’épiscopat duquel de nombreux édifices religieux sont fondés ou réparés à Tours ainsi que dans les campagnes (Hist. libri decem dans Moreau 2008 : 225 ; Piétri 1983 : 324). Les autres textes citant Mougon aux xe et xie s. sont les recueils de chartes, comme le Livre Noir de l’abbaye Saint-Florent de Saumur ou le cartulaire de Noyers qui comporte des mentions de la voirie aux environs de L’Île-Bouchard (Moreau 2008 : 54, 225).

3Les fonds consultés aux Archives Départementales d’Indre-et-Loire concernent essentiellement les transactions immobilières comprenant les achats, ventes, aveux, baux, contrats de réparations. Ces actes, nombreux à partir du xvie s., apportent des mentions du bâti, de la voirie et des cultures et leurs environs, appelés “confronts”. Mais leur recherche nécessite préalablement d’identifier les différents propriétaires terriens. Les principaux propriétaires ecclésiastiques du clergé régulier sont l’abbaye de Marmoutier et son prieuré de Tavant, le prieuré Notre-Dame de Crouzilles, dépendant de l’abbaye de Beaulieu et qui conserve des déclarations de biens et des aveux durant les xve et xvie s., et le prieuré Saint-Gilles de L’Île-Bouchard, dépendant de Noyers et qui mentionne des baux passés sur la paroisse de Crouzille au xve s. Outre les églises paroissiales de Mougon et Crouzilles qui conservent des transactions entre les seigneurs de Crouzilles, des baux à ferme et des devis, les principaux propriétaires du clergé séculier sont l’archevêché de Tours et les collégiales des Roches Tranchelion et du Plessis-lès-Tours, notamment pour un aveu rendu par Charles Odart, chevalier et seigneur de la Fuie-de-Vauguerin. De plus, les comptes de fabrique de l’église Saint-Pierre de Mougon sont conservés de la fin du xvie à la première moitié du xviie s., comportant des mentions de réparations de l’église.

4Des informations topographiques sont également dispersées dans les archives civiles, comme des déclarations de biens immobiliers relevant du roi (série C), ainsi que des procédures concernant les mariniers de la Vienne (série E).

5La série 1Q, correspondant aux domaines nationaux vendus à la Révolution, contient des mentions de l’église et du presbytère, ainsi que des possessions de la cure. La période du xixe s. a été documentée par les registres de délibérations municipales et la série V, concernant les cultes, livre des informations sur l’entretien de l’église jusqu’à son abandon au début du xxe s.

6Les registres de sépulture de la paroisse Saint-Pierre de Mougon sont conservés de 1648 à 1792. Créés par l’ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539, afin de comptabiliser les baptêmes, ces registres recensent également, à partir de 1667, les décès avec mention de l’âge (Lebrun 1971 : 179). Les registres paroissiaux sont susceptibles de contenir des informations sur la topographie du cimetière et de l’église avec, notamment la présence de chapelles, les espaces réservés aux enfants, la présence de plusieurs cimetières, ainsi que sur la population, comme le nombre de sépultures et de baptêmes, la profession des habitants, les crises de mortalité. à la fin du xviie s., le curé de Saint-Pierre de Mougon mentionne dans la majorité des cas la date d’inhumation, le nom et le prénom du défunt, son état matrimonial, son âge et le lieu d’inhumation. Les registres de sépultures ont été dépouillés de 1648 à 1678 et de 1755 à 1792, afin de collecter les données les plus anciennes et de découvrir des informations sur l’éventuel transfert du cimetière durant la seconde moitié du xviiie s. Notons que d’autres paroisses étudiées en Touraine et en Anjou montrent une détérioration du contenu des actes de 1700 à 1729, avec notamment, des renseignements absents ou irréguliers (Papin et al. 2015, vol. 2, 2013 : 104).

7Le bâti de Mougon n’est renseigné que par quelques documents iconographiques, dont les plans cadastraux. Le plus ancien, datant de 1832 (Crouzilles section E), fournit un terminus ante quem pour une partie des maisons. Toutefois, certaines d’entre elles ont été modifiées ou reconstruites depuis cette date. Les études architecturales sont rares pour les maisons de Mougon, quelques édifices seulement ayant fait l’objet de l’attention des chercheurs, notamment l’église et le manoir du xvie s. situé rue de l’Écluse (Toulier-Vallée 1976b, dossiers de l’inventaire IA37000528, IA37000529, IA37000530).

1.2. Les données archéologiques (Ph. Salé)

1.2.1. Les découvertes antérieures aux années 1970

8La majorité des informations antérieures aux années 1970 correspond à des découvertes fortuites ou à des opérations très mal documentées. Les premières mentions datent de 1871. L’abbé Chevalier signale alors la découverte d’un abondant mobilier qu’il suppose en lien avec un atelier de poterie gallo-romain (Chevalier 1871 et 1872). Quelques années plus tard, deux fours de potier sont mis au jour lors des travaux d’aménagement du chemin de fer en 1881 (Quincarlet 1885a). Ils ont été relevés par M. Pic-Paris, un ingénieur participant à la construction de cette ligne (Vallée et Toulier 1976, vol. 2, PL. XXII). Un des deux (il semble que ce soit le plus petit) a été détruit peu de temps après. Louis Bousrez, en 1899, en fait une description rapide et mentionne la proximité d’une sépulture du Haut-Empire et d’autres fours placés dans la berge (Bousrez 1899). Une mention succincte fait également état “des nombreuses sépultures trouvées aux environs de Paviers” (Quincarlet 1885b : 246). En 1936, Henry Auvray réalise des prospections pédestres et sept sondages qui sont non localisés (Auvray 1936 : 307-311). Il évoque la présence de différentes structures, qui n’ont pas toutes été retrouvées et du mobilier divers, dont un moule de déesse-mère, la partie inférieure d’une statue drapée et deux chapiteaux en remploi dans des maçonneries récentes. En 1950, François de Rilly publie une notice sur un couteau attribué à la période gauloise (Rilly 1950). Enfin, en 1957, des ouvriers mettent au jour deux structures au sud-est du bourg actuel, qui furent démolies aussitôt (Héron 1964). Il s’agirait de fours dont l’un a été détruit sans observation et l’autre paraît douteux.

  • 2 Localisée par Christine Toulier-Vallée en 1976 sur l’ancienne parcelle AK 112.

9Pour la période médiévale, les découvertes anciennes concernent exclusivement l’église et le cimetière. En 1850, une plaque-boucle issue d’un tombeau dont la localisation est inconnue est acquise par la Société Archéologique de Touraine (Bourassé 1854). Mais en 1966, Jacques Rivière présente deux plaques boucles qui seraient issues des fouilles de 1850 (Rivière 1966 : 359-360). En 1912 un sondage est pratiqué dans le jardin de la cure (Du Fort, Guyon de la Berge et Charbonneau-Lassay 1912) et livre quatre ou cinq sarcophages dits carolingiens2. Une deuxième fouille est menée par H. Auvray, sous forme de trois sondages dans l’église (Auvray 1936 : 312-315) (Fig. 2). Il met au jour “trois étages superposés de sarcophages” et quelques sépultures en pleine terre. Il déclare également avoir trouvé les murs et le sol de l’église primitive. En 1966, des fouilles sont réalisées suite à la construction d’un silo au lieu-dit Le Clos (Philippon, Rivière et Monneteau 1966). Treize sarcophages trapézoïdaux sont décrits brièvement.

Fig. 2 - Carte des opérations archéologiques dont la localisation est précise.

Fig. 2 - Carte des opérations archéologiques dont la localisation est précise.

B. Marsollier, Inrap

1.2.2. Une forte activité de recherches dans les années 1970 et 1980

10Dans les années 1970 et 1980, les recherches archéologiques ont principalement concerné l’agglomération antique. Elles sont notamment motivées par la création en 1972, du Centre de Prospection Archéologique de Touraine (CPAT 1974a et CPAT 1974b). Cette association réalise alors un travail complet et remarquable, avec le recensement de l’ensemble des données anciennes, la réalisation de prospections aériennes, pédestres et géophysiques et l’étude du mobilier découvert, et aboutit à la réalisation d’un mémoire universitaire (Vallée et Toulier 1976) et d’une publication (Toulier-Vallée 1976a). Les prospections pédestres qui ont été menées en 1973 concernent les parcelles des Poulons Guérêts et de la Gusterie et couvrent une surface de 3,6 ha (Vallée et Toulier 1976) (Fig. 2 et 3). Le mobilier récolté a notamment permis de caractériser le type de production en céramique. Des prospections géophysiques (magnétiques et électriques) ont été conduites sur les mêmes parcelles par Alain Kermorvant (Kermorvant 1975 ; Kermorvant et Delauné 1976 a et b). Elles ont permis de reconnaître la voie centrale, près d’une quinzaine de fours, quelques portions de murs et d’autres anomalies plus incertaines. En 1988, Alain Ferdière réalise une nouvelle prospection aux Poulons Guérêts avec pour objectif la détermination d’une éventuelle production de sigillée (Ferdière 1988).

Fig. 3 - Plan de synthèse des vestiges connus aux Poulons Guérets et à la Gusterie en 1976.

Fig. 3 - Plan de synthèse des vestiges connus aux Poulons Guérets et à la Gusterie en 1976.

Vallée et Toulier 1976 : vol. 2, fig. 20

11Les prospections aériennes ont livré des vues parfois spectaculaires, malheureusement les clichés les plus anciens sont perdus ou demeurent dans des archives privées. Ainsi, Alain Kermorvant et Philippe Delauné mentionnent en 1976 la réalisation de cinq missions, dont deux assurées par Jacques Dubois (Kermorvant et Delauné 1976 a). Aucun rapport d’A. Kermorvant n’est disponible. Ceux de P. Delauné s’échelonnent de 1982 à 1992 (Delauné 1982 à 1992), mais ils ne sont guère exploitables. Certaines vues sont publiées, mais elles demeurent de mauvaise qualité (Kermorvant et Delauné 1976 a : 21). Les photographies de Jacques Dubois conservées au SRA Centre Val-de-Loire apportent plus d’informations (Dubois 1989 et 1993). Elles concernent notamment le réseau viaire, qui est formé de segments de rues croisant un axe principal est-ouest. Deux bâtiments ou petits enclos rectangulaires ont également été photographiés en 1987 et 1989, le long de l’ancienne voie de chemin de fer. On notera que Jean-Mary Couderc évoque la présence d’une enceinte protohistorique éventuelle au niveau de la Butte des Moulins (Couderc 1982), mais les prospections de surface postérieures n’ont pas confirmé ce site (Moreau 2008 : 318).

12Enfin quelques fouilles ponctuelles ont été menées. En 1973, préalablement au doublement de la ligne ferroviaire, Jean-Louis Sergent reprend l’étude du plus grand des deux fours mis au jour en 1881. À proximité, une fosse dépotoir est enregistrée. Quelques mois plus tard, une structure, interprétée comme un puits, est fouillée dans la Vienne, à une distance de 50 m de la berge. Malheureusement seules quelques notes et croquis témoignent de ces découvertes (Sergent 1973). De nouvelles fouilles sont réalisées en 1979 dans l’enceinte de l’usine Paviers (Schweitz et al. 1986). Elles concernent principalement un four et le mobilier qui est associé, mais d’autres vestiges sont brièvement mentionnés. Une dernière fouille concerne la période médiévale. En 1975, Charles Lelong réalise un autre sondage dans l’église paroissiale, afin de vérifier les informations et les hypothèses d’H. Auvray (Lelong 1975).

1.2.3. Les travaux archéologiques des trois dernières décennies

13Dans les années 1990 et 2000, J. Dubois a poursuivi ses campagnes de prospections aériennes avec des résultats parfois saisissants, en particulier les clichés de 2005 qui livrent des informations exceptionnelles sur la parcelle des Poulons Guérêts (Dubois 2005). On distingue très clairement le réseau viaire, mais également des constructions le long de la rue des Poteries. Plus récemment, un mémoire de maîtrise a été réalisé portant sur l’étude des maçonneries de l’ancienne église paroissiale (Kersanté 2006). De nouvelles prospections sont également réalisées au nord du bourg, sur les parcelles du Clos, de La Robinerie et de la Butte du Moulin (Fig. 2). Des ramassages de surface selon un maillage resserré permettent notamment de mieux préciser les limites et la chronologie des occupations sur cette partie du site. Des prospections électriques et magnétiques révèlent également un axe de circulation probable, mais aussi de fortes anomalies évoquant des fours ou des concentrations de déchets liées à ces structures (Loveluck et Strutt 2003). Un autre travail universitaire concerne une étude doctorale sur l’occupation du sol d’un territoire de la vallée de la Vienne comprenant Mougon (Moreau 2008). Un nouveau recensement des données du site et un important travail d’analyse des données sont alors effectués (Fig. 4).

Fig. 4 - Plan de synthèse réalisé en 2008.

Fig. 4 - Plan de synthèse réalisé en 2008.

Moreau 2008 : fig. 132

14Enfin, les données les plus récentes sont issues d’opérations d’archéologie préventive. Deux surveillances d’enfouissement de réseaux ont apporté des résultats modestes. En 2008, deux ou trois latrines datées du viiie s. sont observées en coupe à l’ouest du bourg (Aubourg, Moreau et Theureau 2008). L’année suivante, des informations ponctuelles sont enregistrées au niveau des rues de la Poterie et de l’église (Bouillon 2009). En 2011, deux diagnostics archéologiques préalables à la construction de maisons individuelles sont menés. Au sud de la rue de l’église quelques vestiges attribués à l’Antiquité ont été repérés (Raudin 2011). Au nord, les résultats de l’opération sont nettement plus probants (Salé 2011 b), avec la découverte d’une concentration de mobilier néolithique, de deux ou trois fours antiques dont la fouille n’a pas été engagée, ainsi que quelques structures attenantes et enfin de nombreuses sépultures du haut Moyen Âge. Dans le même secteur, un autre diagnostic a permis la découverte de nouvelles fosses probablement liées aux ateliers antiques, mais également des indices d’une occupation alto-médiévale dont d’éventuels solins de bâtiments (Salé 2017).

1.3. Le PCR Mougon (Ph. Salé)

15Après la réalisation de deux synthèses portant sur le site (Vallée et Toulier 1976 et Moreau 2008), la création du PCR Mougon, en 2014, a été l’occasion d’un nouveau recensement des données historiques et archéologiques. Il a permis la reconnaissance de quelques éléments demeurés inexploités, l’intégration des informations issues des opérations préventives récentes et des travaux de terrain du PCR, mais également la remise en cause d’hypothèses anciennes.

1.3.1. L’acquisition de nouvelles données de terrain

16À partir de 2014, l’équipe du PCR a réalisé des prospections électriques et des carottages en particulier sur les parcelles situées à l’ouest du bourg, ou les occupations demeuraient méconnues (Fig. 5). Mais plusieurs propriétaires se sont montrés réticents et l’équipe n’a pas pu accéder à une grande partie des terrains ciblés. En 2015, un projet de large sondage au niveau de la voie est-ouest, dans une parcelle au sud la rue de l’Église a avorté du fait du refus du propriétaire. Il s’agissait notamment de déterminer les dates de création et d’abandon de cet axe central. Nous avons donc concentré notre attention sur l’escarpement le long de la Vienne et le fond de vallée avec la réalisation de 41 sondages de 1 m de côté, essentiellement manuels. Ils ont permis, entre autres, le relevé précis d’un four de potier, l’observation de la stratigraphie de quatre voies, et l’étude de l’évolution du profil de la berge et du fond de la vallée depuis l’Antiquité.

Fig. 5 - Opérations menées sur le terrain dans le cadre du PCR.

Fig. 5 - Opérations menées sur le terrain dans le cadre du PCR.

B. Marsollier, Inrap

1.3.2. L’enregistrement des données

17Trois outils principaux, présentés en détail dans les rapports d’activités du PCR (notamment, Salé, Bet et Moreau 2017), ont permis la mise en forme des données :

  • la réalisation d’un plan à l’aide d’une application SIG (Qgis) représentant tous les vestiges recensés, aux caractéristiques hétérogènes, et permettant de visualiser, de modifier et à terme, d’analyser les données géo-spatiales (Fig. 6) ;

    • 3 On précisera seulement ici la définition des UE (Unités d’Enregistrement) et des ZP (Zones de Prélè (...)

    l’enregistrement des vestiges dans une base de données (Access), conçue par Nicolas Holzem (Inrap) à partir d’un cadre préconstruit destiné aux opérations préventives et modifié selon nos demandes spécifiques3 ;

  • une méthode de traitement du mobilier en céramique élaborée par Céline Barthélemy-Sylvand et Philippe Bet.

Fig. 6 - Plan général des vestiges à l’issue des travaux du PCR.

Fig. 6 - Plan général des vestiges à l’issue des travaux du PCR.

B. Marsollier, Inrap

1.3.3. La formulation de la problématique

18Enfin, la création du PCR a permis de préciser la problématique générale qui sous-tend les recherches autour du site de Mougon et qui correspond à la formation de l’agglomération secondaire antique et à son devenir. Elle a été divisée en quatre axes de recherches principaux :

  • Axe 1 : le site de "Mougon" dans son contexte environnemental et archéologique. Cet axe doit permettre d’intégrer les occupations humaines successives du site dans leur contexte géomorphologique, paléo-environnemental et archéologique, sur le temps long.

  • Axe 2 : l’agglomération du Haut-Empire. Ce thème propose d’étudier les équipements publics, collectifs ou domestiques, et leur organisation par rapport aux ateliers, notamment pour mieux appréhender l’organisation du travail.

  • Axe 3 : les ateliers de potiers antiques et leur production. Il s’agit de déterminer les caractéristiques des ateliers de potiers, d’étudier les techniques et les outils des artisans, de caractériser les productions de céramiques afin de constituer un référentiel pour la fouille des sites antiques régionaux.

  • Axe 4 : l’évolution de l’agglomération après le Haut-Empire. En raison de la pauvreté des données archéologiques postérieures au Haut-Empire, nous avons choisi de regrouper les questions portant sur les périodes les plus récentes dans un seul axe. Il doit permettre de caractériser les occupations du sol pour chaque grande période.

2. Le site de “Mougon” dans son contexte environnemental et archéologique

2.1. Le contexte naturel de la vallée de la Vienne (Ph. Gardère)

19Le hameau de Mougon se situe à l’interfluve de la Manse, au nord, et de la Vienne, au sud. La zone est en contrebas d’une pente régulière, dont les transferts sédimentaires sont largement dominés par une dynamique nord-est/sud-ouest, suivant l’axe principal du dôme. Celui-ci est constitué de formations crétacées, parmi lesquelles le tuffeau blanc de Touraine (c3b) est largement représenté. Le site est installé sur les terrasses anciennes (Fw et Fx), sur la rive droite de la Vienne. Dans sa partie la plus orientale, les assises alluviales sont érodées, les dépôts superficiels reposent alors directement sur les craies du Turonien (Fig. 7).

Fig. 7 - Contexte géologique entre Manse et Parçay-sur-Vienne.

Fig. 7 - Contexte géologique entre Manse et Parçay-sur-Vienne.

Ph. Gardère, Inrap, d’après Alcaydé 1978

20Dans le secteur de Mougon, deux paléochenaux parcourent le lit majeur ; celui au sud est marqué encore de nos jours dans le paysage, par la présence du ruisseau de l’Arceau à l’aplomb de son tracé. Les travaux récents (Coquery 2005 ; Moreau 2008 ; Salé, Bet et Moreau 2014), en détaillent la morphologie, ainsi que le fonctionnement et le comblement progressif. Les datations radiocarbones, obtenues sur des tourbières en amont, sur le ruisseau de l’Arceau (Moreau 2008 : 62-63), indiquent que ces bras secondaires sont clairement antérieurs à toute occupation historique. Leur disparition, à la charnière entre le Pléistocène et l’Holocène, débouche sur un système à chenal unique, proche de l’actuel. Celui-ci n’a pas connu de modification notable dans son tracé, ce qui s’explique notamment par la tendance générale du lit mineur à s’encaisser dans le substrat calcaire au cours du temps. La formation des méandres au droit de Mougon est alors largement amorcée ; leur morphologie évolue ensuite de façon progressive. La dynamique érosive à l’œuvre tend depuis à creuser la rive convexe, tout en remblayant la rive concave.

21Ce sont précisément ces phases récentes d’évolution du tracé de la Vienne et de ses méandres qui intéressent la problématique archéologique. Il s’agit notamment d’appréhender au mieux l’intensité de l’érosion ayant impacté le site. Depuis plusieurs décennies, les auteurs considèrent que l’escarpement le long de la Vienne, entre Mougon et l’usine de Paviers, a fortement été entamé sous l’action de l’érosion fluviatile et il est parfois question d’un recul de près de 50 m (Moreau 2008 : 68), ayant entraîné la destruction d’une partie importante du site. La fouille d’une structure, interprétée comme un puits, dans le lit mineur de la Vienne, dans les années 1960, la découverte de nombreux tessons en bas de cet escarpement, les mentions d’effondrement de murs et de maisons depuis le xixe s., et le plan des voies observé par photographie aérienne, semblaient accréditer cette idée.

22Cependant, depuis la réalisation de nos premiers sondages en 2015, nous sommes conduits à relativiser cette hypothèse. À l’est des Poulons Guérêts, des couches de rejet de mobilier, attribuées à l’Antiquité ont été observées à des profondeurs importantes : dans les ZP 5, 6 et 7, des niveaux constitués de tessons antiques ont été découverts à une profondeur variant de 0,70 à 0,90 m (Salé, Bet et Moreau 2015 : 53-55 ; Fig. 8). Leur niveau d’apparition, en partie haute, témoigne au contraire d’une bonne conservation des vestiges, et d’un enfouissement favorisé par le transfert de colluvions le long du thalweg, conséquence des labours et de l’agriculture mécanisée. En 2016, des sondages ont été entrepris dans le lit majeur (Salé, Bet et Moreau 2016 : 39-45). Les niveaux antiques ne sont représentés que par du mobilier ponctuel, et ils sont recouverts de dépôts fluviatiles très fins et homogènes (Fig. 9). Ce sont essentiellement des limons bruns, déposés depuis l’Antiquité. Ces niveaux sont généralement dépourvus de toute inclusion : aucun mobilier archéologique, ni galets alluviaux de la terrasse, ou de pierres calcaires rattachées à l’escarpement.

Fig. 8 - Des niveaux de mobilier conservés dans la pente au niveau des ZP 5, 6 et 7.

Fig. 8 - Des niveaux de mobilier conservés dans la pente au niveau des ZP 5, 6 et 7.

B. Marsollier, Inrap

Fig. 9 - Coupes réalisées au pied du versant.

Fig. 9 - Coupes réalisées au pied du versant.

B. Marsollier, Inrap

23Il semble ainsi que l’hypothèse d’une érosion générale tout le long de l’escarpement, par l’accroissement de la convexité du méandre de la Vienne après l’Antiquité, doive être largement nuancée. L’évolution du méandre n’est certes pas niée. La Vienne vient buter, dans sa partie la plus concave, au droit de l’usine de Paviers, à un endroit où les couches alluviales deviennent moins épaisses et disparaissent au profit de l’affleurement calcaire, plus difficile à entamer. Immédiatement à l’ouest, l’érosion est attestée, mais concerne uniquement la partie haute de l’escarpement (ZP 6 et 7). Au niveau des ZP 12 à 22, Le socle calcaire n’est plus visible, le tracé de la berge est légèrement concave et la voie est-ouest se distingue en coupe sur près de 35 m de long ; c’est peut-être le secteur le plus impacté par l’érosion avec un recul minimum de 3 m. mais probablement inférieur à 10 m. En se rapprochant du bourg actuel, elle est toujours sensible (le puits et les murs de la ZP 30 par exemple) mais la modification de la berge depuis le Haut-Empire, ne doit pas dépasser quelques mètres.

24En plus de l’action érosive de la Vienne, des phénomènes gravitaires à proximité de l’abrupt peuvent accentuer sa fragilité. Les vestiges antiques placés à quelques mètres du rebord sont bien conservés et on les retrouve à une profondeur variant de 0,40 à 0,80 m. Cela témoigne du déplacement progressif de colluvions en direction de la vallée par des ruissellements diffus et par le développement de l’activité agricole, sur une durée d’une quinzaine de siècles au moins. Ce déplacement a pu être empêché par les aménagements humains. Par exemple, la construction d’un mur parcellaire dans les périodes modernes ou contemporaines, attesté dans plusieurs sondages de l’escarpement (ZP 19, 21, 22, 23), a probablement conduit à l’accentuation de la pression colluviale en partie haute ce qui a précipité sa destruction.

25Enfin, la diversité des faciès sédimentaires rencontrés au cours des opérations archéologiques offre un accès potentiel très large à des sites d’extraction de matériaux. Le calcaire local présente des caractéristiques qui en font une très bonne source de matériaux de construction (moellons et pierre de taille) et de fabrication de chaux. Le sable, largement répandu sur les diverses terrasses alluviales aux alentours du hameau, est également propice à la construction (pour le mortier par exemple). Les éléments alluviaux plus grossiers (graviers et galets) ont été prélevés pour l’empierrement des voies. En outre, l’exploitation de l’argile par les ateliers de potiers locaux apparaît a priori comme une évidence. En l’absence d’analyses comparatives entre matériaux naturels et pâtes fabriquées sur place, l’utilisation de matériaux autochtones dans la production céramique ne peut être clairement caractérisée. Les sources potentielles d’approvisionnement sont nombreuses et variées, et demanderaient à être testées individuellement : argiles d’altération du substrat crayeux, sédiments provenant des terrasses anciennes ou des chenaux comblés au début de l’Holocène, voire dépôts de crues sub-contemporaines.

2.2. La vallée de la Vienne, un axe de communication (Ph. Salé et F. Yvernault)

26La Vienne s’étire sur 372 km de longueur et constitue l’affluent de la Loire dont le débit est le plus important. Il s’agit d’un axe de communication privilégié pour tous les peuples anciens du centre-ouest de la Gaule : au nord et au nord-ouest, les Andécaves, les Turons, jusqu’aux Namnètes à l’embouchure de la Loire, et vers le sud et le sud-est les Bituriges, les Pictons, les Lemovices et les Arvernes. De la Creuse à la Loire, le lit majeur de la Vienne n’excède pas 3 km de largeur. Sur cette section, son tracé forme d’amples courbes qui viennent s’adosser par intervalles aux coteaux sud et nord. Au niveau de Trogues jusqu’à Paviers, une courbe plus accentuée bute contre le substrat calcaire. Cette configuration a probablement influencé l’implantation des axes routiers anciens dont le tracé se retrouve alternativement en plaine et sur le plateau.

2.2.1. La navigation sur la Vienne et l’hypothèse d’un port à Mougon

27Pour la période antique, il ne fait guère de doutes que la rivière a été utilisée pour le transport et le commerce. Ainsi, des Nautes sont signalés à Candes-Saint-Martin (Toulier-Vallée 1976 b) et des aménagements de berges ont été découverts à Candes également (Dumont et al. 2007) et à Pouzay/Trogues (Provost 1988 : 46). La navigation est attestée aux périodes médiévales, modernes et contemporaines par les sources écrites (Allard 1992 : 29-31). Ainsi, en 1127, le comte d’Anjou et de Touraine donne à l’abbaye de Fontevraud le droit d’écluse sur la Vienne qu’il tenait de sa mère, attestant l’ancienneté de cette activité (Mabille 1863 : 153). Dans sa description du royaume au xve s., Le Bouvier déclare que la Vienne fait partie des “moult de bonnes rivières portans navire”, tandis que ni le Cher, ni l’Indre ne figurent dans son énumération (Le Bouvier 1908 : 32, 34).

28Divers toponymes actuels font état de ports (Port-de-Piles, Ports, Le Port de Nouâtre, la rue du Port à Mougon...). Les sources écrites mentionnent le “port de Mougon” à partir du xvie s. Ainsi, “une pippe de vin rendue au port de Mougon” est citée parmi les dîmes de la collégiale des Roches-Tranchelion (ADIL G344). Le chemin menant du port de Mougon à Crissay est mentionné à partir de 1587, puis durant le xviie s. et figure également sur le cadastre de 1832 à l’ouest du bourg (ADIL C621, f°7 ; Fig. 10). Cependant, une mention du chemin du cimetière de Mougon “au porct de la rivière de Vienne” en 1644, suggère une position davantage centrée sur le bourg, au niveau de l’actuelle rue des Écluses, ou un prolongement vers l’ouest de la rue de l’Ancienne Église (ADIL H15). Le port de Mougon est toujours cité en 1789 (ADIL 1Q65, n°47). De plus, un toponyme “port de Mougon” figure sur la carte de Cassini, au sud de la Vienne, sur le territoire communal de Parçay et perdure sur la carte IGN, mais aucune source écrite ne semble confirmer ce troisième site (Fig. 11). En 1642, le terme de “chantier” est employé concernant la rive de la Vienne à Mougon : “une maison […] seante en la paroisse de Mougon et sur le chantier de la riviere de vienne proche et vis-à-vis les escluses” (ADIL C621, f°73). Le terme de “chantier” désigne un espace de débarquement : “bord des rivières navigables, lisière qui doit rester libre pour le service de la navigation, l’entrepôt des marchandises qu’on embarque ou débarque”, qui serait présent, non loin des maisons du bourg de Mougon et des écluses (Godefroy 1889).

Fig. 10 - Cadastre ancien du bourg de Mougon (ADIL, section E, 1832), avec le nom actuel des rues.

Fig. 10 - Cadastre ancien du bourg de Mougon (ADIL, section E, 1832), avec le nom actuel des rues.

ADIL, section E, 1832 ; B. Marsollier, Inrap

Fig. 11 - Extrait de la carte de Cassini, section de Richelieu, xviiie s.

Fig. 11 - Extrait de la carte de Cassini, section de Richelieu, xviiie s.

29L’hypothèse d’un port à Mougon est donc probable du fait des mentions régulières dans les sources écrites, où il est cité sans être décrit. Il s’agit vraisemblablement d’un aménagement sommaire ; les ports ruraux sont souvent de simples débarcadères durant l’époque médiévale, dont la grève sédimentaire est aménagée de façon modeste. Les travaux du PCR sur le Cher relèvent 44 ports possibles sur cette rivière, indices d’un trafic intense sur de courtes distances (Serna et al. 2013 : 108). Les recherches menées sur la navigation fluviale en Charentes indiquent que du xiie au xive s., les petits ports ruraux se consacrent à l’embarquement des productions de leur immédiat arrière-pays : vin, céréales, bois, poterie, pierre (Chapelot 2012 : 141).

30L’aménagement de la rive de la Vienne pourrait avoir évolué au xviiie s. Lors du procès-verbal portant sur les dégâts provoqués par la crue en 1768, le terme de quai est employé, indiquant plutôt une construction qu’une simple berge, “nous ont dit avoir vu cy devant ledit quay le long de ladite rivière qu’ils ont remarqué que les glaces de l’hiver dernier les ont ruynés en ayant mangé de long en long considérablement […] de manière que si ledit quay n’est pas promptement refait que le surplus des autres maisons periront incessamment […] et que sy ledit quay nest refait outre le tort quil fera aux dits habitants il genera le commerce de la marine infiniment” (ADIL G791). Sans être décrits précisément, les quais constituent une construction qu’il est nécessaire de “refaire” en urgence.

31Un chemin de halage est enfin mentionné par plusieurs auteurs (notamment Vallée et Toulier 1976 : 39 et 52), mais il est curieusement localisé en partie haute de l’escarpement qui domine la Vienne sur la parcelle des Poulons Guérêts, à 8 m de hauteur et à 50 m de distance du cours d’eau (en période de basses eaux). Il semble pourtant menacé par les crues, “il n’y a plus de hallée pour la marine” précise le procès-verbal de 1768 (ADIL G791). Il pourrait plus probablement correspondre au chemin découvert en fond de vallée dans les sondages de 2016 (35 et 37) et dont le tracé est en grande partie restitué (Fig. 12). Il est constitué de blocs calcaires de 2 à 5 cm de diamètres formant une couche peu épaisse et numérotée en UE 54 (US 1068). Il se trouve à près de 0,80 m sous la surface actuelle, et sa datation est assurée par la présence d’une faïence du xviiie s. dans la couche immédiatement inférieure (UE 55).

Fig. 12 - Emplacement présumé du chemin de halage du xviiie s.

Fig. 12 - Emplacement présumé du chemin de halage du xviiie s.

B. Marsollier, Inrap

2.2.2. Le franchissement de la Vienne

32Si la Vienne se révèle un atout, son franchissement constitue, en revanche, un obstacle. Une part importante des traversées des hommes et des marchandises devait se faire grâce aux bateaux. Durant l’Antiquité, le franchissement de la Vienne en Touraine, se fait à Candes-Saint-Martin, où deux ponts successifs ont été construits à la fin du ier s. av. J.-C. et au début du siècle suivant (Dumont et al. 2007). Pour les périodes médiévales et modernes, deux ponts sont attestés à Chinon et l’Île-Bouchard (Allard 1992). À Mougon, on évoque la présence d’un gué, et d’un pont de bateaux franchi par Foulques Nerra, mais les preuves matérielles ainsi que les sources écrites manquent (Vallée et Toulier 1976 : 27-28).

33Les mentions de port durant l’époque moderne peuvent faire référence à un débarcadère, mais également à un point de franchissement de la rivière (Serna et al. 2013 : 107). Sur le cadastre ancien, l’actuelle rue des Poteries, axe nord-sud traversant le bourg de Mougon sur son côté est, aboutit à la Vienne. Sur la rive sud, correspondant à la commune de Parçay-sur-Vienne, un chemin lui fait face, suggérant un point de passage de la Vienne (Fig. 13). Au xviiie s., la carte de Cassini n’indique aucune traversée par bac dans le secteur de Mougon, L’existence de ce dernier semble, cependant, antérieure au milieu du xixe s. En effet, en 1852, le fermier du bac, c’est-à-dire l’exploitant, demande l’autorisation d’établir une charrière, un bateau plat permettant de contenir plusieurs voitures, pour remplacer la barque. à cette époque, la traversée se fait à l’ouest du bourg (ADIL S4774, Serna et al. 2013 : 286).

Fig. 13 - Assemblage des cadastres anciens de Mougon et de Parçay-sur-Vienne.

Fig. 13 - Assemblage des cadastres anciens de Mougon et de Parçay-sur-Vienne.

ADIL 1832 ; B. Marsollier, Inrap

2.3. Les axes routiers de la vallée de la Vienne

2.3.1. Les axes routiers antiques

34Plusieurs voies semblent parcourir la vallée de la Vienne (Fig. 14). La voie Tours-Poitiers est mentionnée sur la Table de Peutinger et différents tronçons sont connus, le dernier fouillé étant situé à Nouâtre (Philippon, Marteaux et Tan 2011). Elle semble traverser la Creuse à Port de Piles puis suivre la Vienne en rive droite (Mauny 1963). Elle se sépare ensuite en deux tracés distincts au nord de Nouâtre, le plus important se dirigeant vers Tours. L’autre permet de rejoindre Chinon par la rive droite de la Vienne. Sur la commune de Trogues, un tronçon de près de 1,2 km a été repéré sur les photographies IGN et lors de prospections aériennes (site 61). Il semble suivre le cours de la Vienne à une distance de 700 m environ. À l’est de Mougon, la voie a été repérée à la Tuilerie (site 70, au sud du bourg de Crouzilles, (Aubourg, Moreau et Theureau 2008) et selon la carte archéologique, aux Mazelles (site 71). Ces segments sont probablement constitutifs du même axe qui traverse le site de Mougon d’est en ouest. Une autre voie est réputée longer la Vienne en rive gauche, mais son tracé demeure largement hypothétique en raison du manque de connaissance archéologique.

Fig. 14 - Carte archéologique des communes de Crouzilles, Parçay-sur-Vienne et Trogues (37).

Fig. 14 - Carte archéologique des communes de Crouzilles, Parçay-sur-Vienne et Trogues (37).

B. Marsollier, Inrap

35D’autres indices de routes antiques ont été recensés (Fig. 14). À l’ouest de Mougon, une trace linéaire perpendiculaire à l’axe principal semble se dessiner sur une photographie de J. Dubois, mais elle demeure incertaine (Dubois 1993 : 837-838). À Parçay-sur-Vienne, deux tronçons de chemins différents, probablement secondaires ou privés, ont été découverts lors de diagnostics dans la vallée (Baguenier et al. 2006 ; sites 67 et 68).

2.3.2. Les axes routiers médiévaux et modernes

– L’axe de circulation mentionné dans les textes des xie et xiie s.

36Un chemin, orienté est-ouest, reliant Crouzilles à L’Île-Bouchard est cité à partir du xie s. (Fig. 15 no 1). En 1065, une donation de terre est réalisée au profit des religieux de Noyers afin de bâtir une église et un bourg, entre trois voies, près d’Ismantiam, “terram inter tres vias apud Ismantiam […] ad monasterium et burgum aedificandum” (Chevalier 1872 b : Ch. XL). Ismantiam peut désigner le secteur est du village de L’Île-Bouchard, en rive droite de la Vienne, ou la Manse (Carré de Busserolle 1880 : art. L’Île-Bouchard). La présence de plusieurs voies est confirmée par un texte contemporain. En 1067 ou 1069, le seigneur de L’Île-Bouchard donne aux religieux de Noyers toutes les coutumes et redevances de sa terre située entre la route menant à Chinon et deux autres chemins qui conduisent à L’Île-Bouchard ou au château sur l’île, “et de illa terra quae est inter tres via, inter viam quae ducit versus Cainonem, et duas vias quae tendunt ad castrum Insulae”, afin de construire l’église Saint-Gilles, située dans le faubourg est de L’Île-Bouchard (Mabille 1863 : 86 ; Chevalier 1872b : Ch. LI). Ces deux textes attestent la présence de voies à la sortie est de L’Île-Bouchard.

Fig. 15 - Assemblage des territoires de Mougon et de Crouzilles, comportant les hameaux et les chemins.

Fig. 15 - Assemblage des territoires de Mougon et de Crouzilles, comportant les hameaux et les chemins.

ADIL, tableaux d’assemblage Mougon et Crouzilles, 1832 ; B. Marsollier, Inrap

37Une mention du xiie s., indique de manière plus précise qu’une voie relie L’Île-Bouchard à Crouzilles. En 1104, les moines de Noyers reçoivent une terre le long de la rive du ruisseau de Morricus, située entre Crouzilles et la Vienne et entre la voie qui va de Crouzilles à L’Île-Bouchard, “terram quam habebat juxta rivulum qui dicitur Morricus, qui est inter Cruciliam et Insulam, et ipsa terra est inter viam quae vadit ad Cruciliam et Vigennam” (Chevalier 1872b : ch. CCCXXII). La voie mentionnée au début du xiie s. pourrait correspondre au deuxième état de la voie bordant la Vienne identifiée par A. Moreau. Son premier état repéré en photographie aérienne, matérialise un itinéraire ancien, sans doute antique, qui traverse le bourg de Mougon et pourrait tomber en désuétude à partir du viiie s., événement peut-être lié au développement du cimetière de Crouzilles (Moreau 2008 : 191-195, Fig. 16).

Fig. 16 - restitution de l’évolution du réseau viaire entre Mougon et Crouzilles d’après l’analyse morphologique.

Fig. 16 - restitution de l’évolution du réseau viaire entre Mougon et Crouzilles d’après l’analyse morphologique.

Moreau 2008 : fig. 33

– Les voies mentionnées aux xve et xvie s.

- Le chemin de Crouzilles à L’Île-Bouchard

38Une mention de la fin du xve s. évoque l’existence d’un chemin reliant le bourg de Crouzilles à la voie principale menant à L’Île-Bouchard et indique également son antériorité (Fig. 15). L’aveu du prieur de Notre-Dame de Crouzilles en 1453, localise la “maison du prieuré” près de l’église et du “grand chemin par lequel on va du cimetière de Crouzilles à Lisle Bouchard dune part et [joignant] au grand chemin par lequel on va de Crouzilles audit lieu de Lisle Bouchard d’autre part” (ADIL H15). La différenciation de ces deux chemins, tous deux qualifiés de “grands” dans la même phrase est étonnante (Fig. 15 nos 3 et 4). Le chemin allant du cimetière de Crouzilles à L’Île-Bouchard ne semble pouvoir constituer qu’une voie secondaire reliant le centre bourg à la voie principale, correspondant à un chemin disparu du cadastre napoléonien, peut-être situé au niveau de l’actuelle rue de la Potaquerie, ou à l’actuel chemin des Mazelles. Un croquis microfilmé de 1779 indique dans le bourg de Crouzilles, au lieu-dit disparu de la Podacrie, au sud-ouest de l’église, la présence en pointillés de “l’ancien chemin de L’Ile Bouchard à sainte Maure, à Trogues, Mougon et au cimetière de Crouzilles”, tandis que, plus au sud est représentée la “nouvelle grande route de L’Ile Bouchard à Sainte-Maure” (ADIL H15). Le premier axe, tombé en désuétude, semble constituer un tronçon du chemin de Mougon à Crouzilles.

- Le chemin de Mougon à L’Île-Bouchard

39Le prolongement est de la voie reliant l’église de Saint-Gilles à Crouzilles, mentionnée au xiie s., pourrait correspondre au chemin de L’Île-Bouchard à Trogues, passant au nord du hameau de Mougon et constituer le prolongement du deuxième état de la voie longeant la Vienne (Fig. 15). Il ne fait, cependant, pas l’objet de mention dans le cartulaire de Noyers et n’est cité dans les textes qu’à partir du xvie s., comme la majorité des sources écrites concernant le territoire de Mougon (ADIL H15). En 1644, cette voie est qualifiée de “Grand Chemin de Trogues à L’Île Bouchard” (ADIL H15). Le chemin de Mougon à Trogues est de nouveau mentionné en 1740, le long du lieu-dit de Puy Laurain, immédiatement au nord-est du bourg. Il correspond alors à son état cartographié sur le cadastre de 1832 (ADIL G791). Cet axe perdure jusqu’à l’ouverture en 1754 de l’embranchement de la route d’Espagne, reliant Sainte-Maure à Chinon et correspondant à l’actuelle D760 (ADIL C180).

- Le chemin de l’église de Crouzilles à Mougon

40À partir de 1500, la mention de “grand chemin comme len va de l’église de Crouzille à Mougon” est relevée dans les textes (no 9), notamment la copie d’une déclaration de biens de la cure de Crouzille (ADIL G791). Deux hypothèses sont possibles quant à l’interprétation de cette voie :

  • il pourrait s’agir d’une variante dans le toponyme de la voie principale, orientée est-ouest, citée à partir du xie s. Cette voie est, cependant, appelée en général chemin de Mougon ou de Crouzilles à L’Île-Bouchard ;

  • l’observation du cadastre ancien, montre que le “grand chemin comme len va de l’église de Crouzille à Mougon” pourrait correspondre au prolongement nord-est de la rue du Port, qui relie les hameaux de Mougon et Crouzilles en empruntant un tronçon de la voie ancienne (Fig. 10). Cet axe est régulièrement mentionné dans les textes jusqu’au xviiie s. sous les noms de “chemin tandant de Crouzille à Mougon” ou de “grand chemin de Mougon à Crouzilles” (ADIL G791, H15). A. Moreau interprète cette voie comme une voie postérieure ou contemporaine à la voie la plus ancienne, c’est-à-dire la voie antique parallèle à la Vienne (Fig. 16).

- Le chemin du Port de Mougon à Crissay

41Le “chemin par lequel lon va du port de mougon a crisse” constitue une voie importante, régulièrement mentionnée à partir de 1590 (ADIL G791 ; Fig. 15 no 7). Elle est également appelée au xviie s. “chemin tandant du Port de Mougon au gué [ou au bac] de Grutteau et pourrait indiquer un débarcadère à l’ouest du hameau (ADIL C621, f°7, H15). Il ne s’agit pas de l’actuelle rue du Port dans le bourg de Mougon, mais d’un chemin situé à 300 m à l’ouest du bourg sur le cadastre de 1832 (Fig. 13).

42Deux autres chemins, mentionnés au xvie s. relient le bourg de Crouzilles au nord du territoire : le “chemin des Touches à Grutteau” (no 6) qui rejoint le “chemin du Port de Mougon à Crissay” et le “chemin de Crouzilles à la Fontaine de Mane” (ADIL H15), (Fig. 15 no 5).

2.3.3. Éléments de synthèse sur le réseau viaire

43Le tracé de la voie antique est relativement bien connu sur les communes de Trogues et Crouzilles. À Mougon, on suppose généralement que l’axe central en constitue un segment, mais il n’est pas exclu qu’elle passe plus au nord, en bordure de l’agglomération. Selon A. Moreau, le développement du bourg de Crouzilles au haut Moyen Âge constitue un élément décisif pour le déplacement de la voie au nord de Mougon (Moreau 2008 : 195). Cette agglomération serait alors placée en position de retrait par rapport à l’axe principal. à la période médiévale, deux chemins est-ouest existent. Ils sont qualifiés de grands et font l’objet des mentions les plus anciennes :

  • le grand chemin de Crouzilles à L’Île-Bouchard” et son prolongement est, qui dessert Mougon, mais dont les mentions sont plus rares et plus tardives. Il pourrait être rattaché au chemin reliant Crouzilles à L’Île-Bouchard, cité dès le xiie s. mais probablement plus ancien, et semble constituer la voie la plus importante de la zone d’étude ;

  • le “Grand Chemin de Crouzilles à Mougon”, attesté en 1500, qui pourrait aboutir à un point de franchissement de la Vienne, du côté ouest du bourg de Mougon ;

  • par ailleurs, la plupart des axes de circulation mentionnés à partir du xvie s. semble révéler l’importance croissante du trafic nord-sud.

2.4. L’occupation des sols en vallée de la Vienne et autour de Mougon pour les périodes historiques (Ph. Salé)

44En bord de Vienne, de nombreuses agglomérations secondaires antiques ont été recensées (Cribellier 2016 : 24-71), mais elles restent largement méconnues. Les sites de Candes-Saint-Martin, Saint-Germain-sur-Vienne, Cinais, Chinon, Panzoult et Nouâtre sont mal documentés (Chimier 2012 b : 28-35) et la nature du site de Trogues/Pouzay, pourtant bien visible en photographie aérienne, demeure incertaine (agglomération secondaire ou grande villae ; Fig. 14, site 15). L’agglomération de Mougon représente en fait le site le moins mal connu. Par ailleurs de nombreux indices d’occupations rurales antiques ont été découverts, dans son environnement (Fig. 14). Ainsi, différents fragments de sculptures ont été trouvés à Trogues, dans la tranchée du chemin de fer de Chinon à Port de Piles (Quincarlet 1885 b : 245-246) et au sud de Mougon, en bord de Vienne, mais leur localisation est peu précise (Boussard 1960). De même, dans le bourg de Parçay-sur-Vienne, un abondant mobilier a été trouvé anciennement (Carré de Busserole 1883 : 15). Les campagnes de prospections aériennes ont permis la localisation de diverses substructions ou parcellaires (Delauné 1982 à 1992 et Dubois 1973 à 2005 ; sites 16 à 20). Thomas Boucher a également découvert de nombreux indices de sites en prospection pédestre à Crouzilles (sites 21 à 34), qui n’ont pas tous été confirmés par A. Moreau (Moreau 2008 : 81-90 et 129-131). Enfin, plusieurs diagnostics à Crouzilles et Parçay-sur-Vienne ont livré de petites concentrations de vestiges : quelques fosses éparses à La Blissière (non localisé ; Baguenier et al. 2006) ; peut-être plusieurs habitats modestes à Vinay, les Landes et les Libarelles (Guiot 2012 ; sites 35 à 37) ; quelques trous de poteau à La Gare (Tan 2012, site 41), un fossé et un sol empierré à Méligrette (Chimier 2012 a ; site 42). Enfin, une petite série de structures funéraires indépendantes et du Haut-Empire a été observée à Parçay-sur-Vienne (sites 38 à 40), à La Varenne et La pièce de Prézault (Landreau 2017 et Pailler 2011) et au Prézault (De Filippo, legoff, et Jesset 2002).

45Les cimetières médiévaux des bourgs de Crouzilles et de Mougon ont été partiellement explorés. à Trogues, un toponyme évoque l’existence d’une motte féodale (site 44). à Parçay-sur-Vienne, trois habitats modestes ont été découverts au Prézault (Joly, Jesset et Dabek 2008 ; sites 45 à 47). À Vinay, un site du vie et viie s. et un autre des xiiie et xive s. sont mentionnés (Guiot 2012 ; sites 48 et 49). Une dernière occupation a été repérée à Méligrette, à Crouzilles (Chimier 2012 a ; site 50). Les autres sites sont non datés (par exemple des enclos en prospection aérienne) ou contemporains.

46Ce bref aperçu semble démontrer l’attractivité de la vallée de la Vienne. On y trouve les sites antiques les plus importants (sites de Mougon et Pouzay/Trogues) et les bourgs actuels, mais également une succession de sites assez nombreux et de dimensions modestes, qui évoquent une forte occupation de l’espace rural. Découverts lors d’opérations préventives récentes, ils viennent compléter les données issues du travail universitaire d’A. Moreau (Moreau 2008).

2.5. Les espaces cultivés et les espaces en friches de Mougon d’après les archives (F. Yvernault)

47Le tableau d’assemblage du cadastre de 1832 présente une légende et des annotations concernant la nature des terrains, répartis en terres, vignes, bois, pâtures, oseraies (Fig. 14). Les terres labourables, sont les plus nombreuses. Les vignes sont situées à l’intérieur et autour du bourg, mais également dispersées sur l’ensemble du territoire communal, notamment autour du château de Paviers. Une trame est consacrée aux oseraies qui ne semblent présentes que sur une parcelle, en rive de Vienne, immédiatement à l’ouest du bourg. Le cadastre de 1832, ainsi que les mentions relevées dans les sources écrites indiquent à la fois des terres cultivables et des vignes, sans prédominance particulière. Cependant, lors de la construction de la grande route de Chinon à Sainte-Maure, passant par L’Île-Bouchard avant 1754, 259 particuliers sont indemnisés pour la réquisition de leur terrain. Pratiquement tous les terrains indemnisés sont des vignes (ADIL C180).

48Les terrains non cultivés semblent situés dans le secteur de Paviers. En 1599, les “garennes de Paviers” sont mentionnées autour du lieu de “Pulerin”, c’est-à-dire entre le château de Paviers et le bourg (ADIL H15). En 1644, le bois de la seigneurie de Paviers est mentionné à proximité du lieu de “Pularin” et du grand chemin de Trogues à L’Île-Bouchard (ADIL H15). Sur le cadastre ancien, un vaste bois occupe le nord-est du territoire communal de Mougon et un petit bois est situé le long de la route de L’Île-Bouchard à Sainte-Maure (Fig. 13). De même, les prairies, peu nombreuses sur le territoire de Mougon sont situées dans le secteur de Paviers.

3. L’agglomération du Haut-Empire

49L’origine de l’agglomération demeure totalement inconnue. L’élément considéré comme le plus ancien est le couteau miniature présenté en 1950 qui a été alors attribué à la période gauloise (Rilly 1950 ; Fig. 17). Mais les exemplaires de Tavant indiquent une datation plus récente (Riquier et Salé 2006). Au milieu du ier s. de notre ère, le développement de l’occupation s’accompagne d’une activité artisanale, avec un four de potier fouillé en 1979 et daté de 40 à 60 (Schweitz et al. 1986 : 63).

Fig. 17 - Dessin du couteau miniature.

Fig. 17 - Dessin du couteau miniature.

Rilly 1950

3.1. L’organisation de l’agglomération au Haut-Empire (Ph. Salé)

50Les différents sondages réalisés dans le cadre du PCR et la reprise des données anciennes dans le SIG permettent d’apporter de nouvelles précisions sur l’organisation du réseau viaire de l’agglomération et sur la construction et l’entretien des voies (Fig. 18).

Fig. 18 - Plan des axes relevés sur la parcelle des Poulons Guérêts et du Clos.

Fig. 18 - Plan des axes relevés sur la parcelle des Poulons Guérêts et du Clos.

B. Marsollier, Inrap

3.1.1. les voies est-ouest

51Selon les données actuelles, on peut envisager la présence de trois voies est-ouest au sein de l’agglomération secondaire. Celle située au nord demeure la plus incertaine et correspondrait à l’UE 287 qui a été repérée lors des prospections géophysiques de 2003 (Loveluck et Strutt 2003 : fig. 17). Elle semble confirmée par la disposition de nombreuses anomalies magnétiques placées de part et d’autre. Plus vers l’ouest, les UE 141 et 408 correspondent à deux zones plus claires sur les clichés de J. Dubois (Dubois 2005). Cependant, aucun fossé n’est visible et ces traces pourraient correspondre à des différences dans la nature du sous-sol. A. Moreau les placent dans le prolongement de l’UE 287, alors qu’elles semblent se situer nettement plus au sud (Moreau 2008 : 237).

  • 4 Cliché IGNF_PVA_1-0__1972-07-15__C1722-0061_1972_FR2265_0375.

52La voie centrale est la mieux connue (UE 28), mais sa représentation a évolué au cours du temps. Durant une longue période, elle a été représentée comme un axe linéaire détruit en partie est par l’affouillement des berges lors des crues (par exemple Ferdière 1999). Cependant le géo-référencement des photographies de J. Dubois et de l’IGN montre un fléchissement marqué à l’approche de l’escarpement. Les sondages réalisés dans ce secteur en 2015 et 2016 confirment la courbe formée par cette voie (ZP 13 et 66). Elle semble ensuite se poursuivre selon un axe rectiligne orienté nord-est/sud-ouest (UE 167). Ainsi, seule une faible partie de cette voie a été détruite par l’action érosive de la Vienne. Sous le bourg actuel, son prolongement demeure inconnu, d’autant qu’elle n’a pas été identifiée dans les tranchées du diagnostic de 2011 (Raudin 2011). Son tracé semble pourtant se poursuivre à la sortie ouest du village, où deux tronçons ont été repérés sur des photographies aériennes (Dubois 1993 et cliché IGN4).

53Plus au sud, vers la sortie est du bourg, une anomalie linéaire de près de 30 m de long et 4 m de large se distingue sur les photographies de prospection aérienne de J. Dubois (UE 104 ; Fig. 18). Elle est parallèle à la voie centrale est-ouest. Vers l’ouest, elle semble se prolonger sous le bourg actuel, alors qu’à l’est, elle s’interrompt au bord de l’escarpement qui domine la Vienne. L’hypothèse d’une voie est confirmée par la réalisation d’un sondage (ZP 33) qui a révélé la présence d’au moins trois niveaux de circulation.

3.1.2. Les voies nord sud à nord-est/sud-ouest

  • 5 Notamment cliché IGNF_PVA_1-0__1972-07-15__C1722-0061_1972_FR2265_0375_georef.

54Différentes anomalies linéaires ont été relevées par Gérard Chouquer et étudiées selon leur orientation (Chouquer 1998). Quatre axes correspondent à des droites étroites, parallèles et distantes de 62 m à 90 m. (UE 314, 315, 316 et 317). Ils apparaissent très nettement sur une série de photographies aériennes de l’IGN de 19725, alors que les voies antiques clairement identifiées par ailleurs demeurent invisibles. Ils ne se distinguent ni sur les clichés antérieurs ou postérieurs, ni sur les photographies de J. Dubois. De plus ils recoupent les bâtiments antiques identifiés le long de la rue de La Poterie. Il nous semble ainsi que ces anomalies témoignent plus d’une activité agricole (des fossés par exemple) que de véritables vestiges archéologiques.

55À l’extrémité ouest des Poulons Guérêts, deux segments de voies placés de part et d’autre de l’artère principale est-ouest ont été identifiés par Gérard Chouquer et reportés sur une photographie aérienne de J. Dubois (Fig. 19). L’UE 409 au sud, est décalée de 2° vers l’est par rapport au nord et l’UE 410, de 6°. Plus à l’est, à 64 m de distance, deux autres tronçons présentent des orientations légèrement différentes (UE 87, 3° vers l’est et UE 117, 7°). Deux traces linéaires plus sombres longent l’UE 87 (UE 149 et 158) et suggèrent la présence de trottoirs ou de fossés. Toujours plus à l’est, à environ 75 m de distance des précédents, les deux chemins présentent également des décalages d’orientation, soit 11° vers l’est pour l’UE 74 et 8° pour l’UE 118. La voie suivante est encore plus éloignée des précédentes (83 m) et ses deux segments (UE 119 et 120) sont orientés selon le même axe que l’UE 74. Enfin, à 63 m de distance, la voie UE 121 n’est visible qu’au nord de l’axe central est-ouest. Elle est décalée vers l’est de 4° seulement. Les segments sud se développent de l’axe central au rebord de l’escarpement (hormis l’UE 221 qui doit croiser l’UE 104), alors qu’au nord l’extrémité septentrionale n’est pas perçue.

Fig. 19 - Localisation des voies UE 104, 409 et 410 sur un extrait d’une photographie aérienne.

Fig. 19 - Localisation des voies UE 104, 409 et 410 sur un extrait d’une photographie aérienne.

D’après Dubois 2005

56Le plan des voies antiques de Mougon reflète une organisation structurée, mais sans rigueur absolue (Fig. 18) : les routes se croisent rarement à angle droit, les axes approximativement nord-sud ne sont pas strictement parallèles et les ilots ainsi délimités constituent plus des quadrilatères irréguliers ou des trapèzes que des rectangles ou des carrés. Seule la surface de la l’ilot au sud-ouest des Poulons Guérêts peut-être estimée (soit 6 110 m²). On remarquera que l’angle des voies par rapport au nord s’ouvre plus fortement au fur et à mesure qu’elles sont situées vers l’est (de 2° à 11°), hormis l’UE 121, à l’extrémité est, qui retrouve une orientation pratiquement nord-sud (4°). La courbe de la voie est-ouest peut expliquer les irrégularités à l’extrémité est des Poulons Guérêts mais pour le reste de l’agglomération, les raisons de ces différences demeurent inconnues.

3.1.3. Des voies entretenues et bien conservées

57Dans le cadre du PCR, quatre voies ont fait l’objet de sondages le long de l’escarpement Fig. 20). La voie est-ouest a été sondée à deux reprises au niveau de sa courbe, à l’endroit où elle apparaît dans l’escarpement, en raison de son érosion partielle. Au niveau de la ZP 13, trois niveaux de circulation composés de cailloutis siliceux, s’intercalent avec des remblais. Plus à l’est, la coupe de la ZP 66, qui est incomplète, montre la succession d’au moins quatre niveaux de circulation.

Fig. 20 - Coupes des voies fouillées lors des interventions de terrain dans le cadre du PCR.

Fig. 20 - Coupes des voies fouillées lors des interventions de terrain dans le cadre du PCR.

B. Marsollier, Inrap

58La ZP 28 correspond à un sondage manuel de près de 4 m². Il est réalisé à l’emplacement de la voie UE 74 et montre une stratigraphie complexe composée de treize couches successives, dont cinq niveaux de circulation attestés. Les couches les plus profondes (US 1125 à 1112) se poursuivent vers le sud et nous n’avons aucune idée de la façon dont elles s’interrompent dans la pente. Les niveaux US 1111 et 1104 semblent en revanche limités par la présence de gros blocs de pierres pouvant évoquer l’extrémité méridionale de cette voie. Les couches supérieures sont en revanche tronquées par l’érosion de l’escarpement. La stratigraphie de la voie UE 87 dans la ZP 32 se développe sur 1,16 m de haut et comprend quatorze couches distinctes dont au moins cinq couches de roulement. Enfin, à 20,50 m vers l’ouest, un autre segment de voie (l’UE 104) a été découvert dans la ZP 33. Ce sondage est malheureusement inachevé et seuls les niveaux supérieurs ont été fouillés. Si la stratigraphie des voies des Poulons Guérêts diffère selon les sondages, on retiendra cependant que leurs coupes révèlent une conservation exceptionnelle et un entretien régulier.

3.2. Un habitat méconnu (Ph. Salé)

  • 6 IGNF_PVA_1-0__1995-06-27__CN95000044_1995_IFN37_IRC_0768.

59Le principal problème qui demeure pour la connaissance du site du Haut-Empire concerne la faiblesse de la documentation sur le bâti. Un des rares bâtiments qui pourrait correspondre à un habitat a été signalé par Ph. Delauné (Delauné 1984 ; Fig. 21). Il serait situé au nord de la parcelle des Poulons Guérêts, à l’emplacement de traces observées sur les vues aériennes de l’IGN de 19956 (UE 320 à 322) et de J. Dubois (Ensemble 7 ; Dubois 2005). Cependant, la restitution du bâti, dessinée par Ph. Delauné, semble erronée et sa géolocalisation sur le plan général ne correspond pas aux limites cadastrales actuelles. Les autres mentions d’habitat sont également douteuses ou incomplètes (Fig. 22). Vers l’est, J. Dubois a photographié des empreintes, qui peuvent correspondre à des fossés ou à des vestiges de maçonneries (Ensemble 6 ; Dubois 1989). En 2005, ses photographies de la parcelle des Poulons Guérêts, montrent de nombreux détails, qui suggèrent également la présence de constructions (Ensemble 4 et 5 notamment). D’autres bâtiments sont signalés par Ph. Delauné sur la parcelle de la Gusterie (Delauné 1977), mais leur plan est incomplet (UE 504 à 512). Seuls deux murs antiques dont la fonction reste inconnue ont été mis au jour dans le cadre des sondages manuels du PCR (sondage 30). Aucune maçonnerie n’a été découverte dans l’emprise d’environ 3 000 m², des opérations d’archéologie préventive localisée au niveau de l’extrémité orientale de la rue l’Ancienne église. Enfin, aucune construction n’est signalée sous le bourg, mais les informations sont rares sur ce secteur de l’agglomération.

Fig. 21 - Plan d’un bâtiment restitué par P. Delauné selon une de ses photographies aériennes.

Fig. 21 - Plan d’un bâtiment restitué par P. Delauné selon une de ses photographies aériennes.

Delauné 1982

Fig. 22 - Plan des éventuels bâtiments antiques de Mougon.

Fig. 22 - Plan des éventuels bâtiments antiques de Mougon.

B. Marsollier, Inrap

60Les indices issus des prospections aériennes forment généralement des quadrilatères simples de 30 à 90 m². Ils sont orientés selon les axes du réseau viaire, mais ils apparaissent dispersés sur l’ensemble de la surface de l’agglomération. La majorité des bâtiments demeure probablement inconnue, cependant les opérations préventives et les sondages réalisés pendant les campagnes de terrain du PCR, peuvent suggérer la présence d’espaces non bâtis, et éventuellement un maillage peu serré.

3.3. Les ateliers de potiers antiques et leur production

3.3.1. L’implantation des fours de potiers (Ph. Salé)

61La majorité des mentions de fours de potiers est issue des prospections magnétiques (Kermorvant 1975 et Loveluck et Strutt 2003). Leur nature précise n’a généralement pas été confirmée par des sondages et une partie de ces indices peut correspondre à d’autres types de structures, comme des fosses dépotoirs. Par ailleurs les fours qui ont été observés anciennement ou plus récemment concernent quatre secteurs de l’agglomération :

  • dans la partie orientale de l’agglomération, à Paviers, au niveau de la voie de chemin de fer (UE 258, 259 et 282) ;

  • le long de l’escarpement de la Vienne (UE 13, 261 et 262) ;

  • au sud du bourg, où la nature des vestiges est incertaine (UE 267 et 268) ;

  • et au nord de la rue de l’Ancienne Église (UE 196, 199 et 207) (Salé 2011 b).

62Au total, 86 indices de fours ont été enregistrés dans la base de données (Fig. 23), mais seuls sept d’entre eux sont certains, les autres constituant de fortes anomalies magnétiques (75) ou des mentions douteuses ou incertaines (4).

Fig. 23 - Carte de localisation des fours de potiers potentiels ou certains.

Fig. 23 - Carte de localisation des fours de potiers potentiels ou certains.

B. Marsollier, Inrap

63Les fours découverts à Paviers semblent installés aux confins est de l’agglomération (Schweitz et al. 1986 : 63). Ceux mis à jour lors du diagnostic de 2011 (UE 196, 199 et 207) constituent les références occidentales les plus sûres, mais le sondage de Ch. Lelong en 1975 (Lelong 1975) suggère la présence de vestiges antiques à l’emplacement de l’église paroissiale. L’ensemble de ces indices, permet d’estimer la surface de l’agglomération antique de 13 ha à 15 ha. Les indices d’activités potières semblent regroupés en deux grands ensembles, l’un situé sur une large partie est du site, et l’autre, au nord du bourg actuel. Entre ces ensembles, une vaste zone de près de 1,5 ha n’a livré, pour l’instant, aucun indice d’activité artisanale. Il pourrait s’agir d’un secteur réservé à des constructions monumentales (cf. chap. 3-4).

64Hormis cette zone réservée, l’activité potière paraît se développer sur l’ensemble de la surface de l’agglomération et les rares indices de constructions semblent répartis parmi ces fours (ensembles 4 et 5), ou immédiatement au nord (Fig. 22, ensembles 6 et 7). Il est ainsi fort probable qu’une grande partie des habitats et des ateliers partagent les mêmes espaces.

3.3.2. Les fours (Ph. Salé)

  • 7 Les chambres de chauffe sont divisées en deux parties par un pilier.

65Les structures liées à l’activité potière sont généralement des découvertes ponctuelles et concernent principalement des fours (Fig. 24). Leur orientation est très variée : l’axe de l’UE 282 est approximativement nord-sud (164° vers l’ouest par rapport au nord géographique, avec le laboratoire vers le sud) ; celui fouillé par J.-L. Sergent (UE 259) est à l’opposé (laboratoire vers le nord) ; celui détruit en 1881 semble plutôt est-ouest (UE 258 ; laboratoire à l’ouest) ; enfin, celui redécouvert en 2016 est orienté est-ouest (UE 13 ; 78° vers l’est, avec le laboratoire à l’est). Ils sont constitués d’alandiers oblongs et de laboratoires dont le plan est plus piriforme que circulaire. Ils correspondent à des fours “verticaux”, à laboratoire séparé de la chambre par une sole et appartiennent au type 2 défini par A. Ferdière (Ferdière 1975)7. La longueur des maçonneries relevée en 1881 varie de 3,20 m à 4,10 m. Celle des UE 13 et 282 atteint 3,20 m et 3,52 m. Le diamètre du laboratoire du grand four de 1881 mesure 2,90 m (maçonneries comprises), alors que les autres sont proches de 2,10 m y compris celui découvert en 2011 (UE 196). Les maçonneries sont confectionnées à partir de tegulae complètes ou brisées et jointes à l’aide d’argile durcie à la cuisson. Le four UE 282 est également constitué de nombreux fragments de céramiques, essentiellement des amphores, disposés à plat sur la surface externe des maçonneries. Le fond de la fosse d’accès et le sol des alandiers et de la salle de chauffe sont constitués du terrain naturel sableux devenu gris et induré, conséquence de son fonctionnement. La fosse d’accès du four UE 282 a été partiellement observée. Il semble qu’un muret en pierre sèche ait existé, mais le dispositif d’accès reste inconnu.

Fig. 24 - Les fours de Mougon.

Fig. 24 - Les fours de Mougon.

D’après Salé, Bet et Moreau 2015 : 60, fig. 14 ; Vallée et Toulier 1976, vol. 2, Pl. XXII ; Schweitz et al. 1986 : 47, fig. 10 ; Sergent 1973)

66L’alandier du four UE 13 est long d’au moins 1,36 m. Sa largeur, au niveau de sa coupe transversale médiane, est de 0,60 m à laquelle il convient d’ajouter l’épaisseur des murs, de 0,28 m, soit une largeur totale estimée à 1,16 m. Le parement interne de ces maçonneries est assez détérioré et les bords des tegulae sont généralement cassés. On distingue cependant une alternance de tuiles complètes et fragmentées. Cette technique de construction a été mieux observée au niveau de la salle de chauffe. Depuis le sol, les tuiles constituent une paroi verticale sur 0,25 m de haut puis chaque assise déborde vers l’intérieur de manière à infléchir le profil pour aboutir à la création d’une voute. La hauteur de l’intrados est de 0,80 m.

67Depuis les premières tuiles occidentales du pilier, la chambre de chauffe mesure 2,08 m dont 0,28 m de maçonnerie à l’est. Perpendiculairement, on estime sa largeur à 2,12 m (dont les maçonneries, épaisses de 0,28 m). Les maçonneries sont construites à l’identique de celles de l’alandier. En partie basse sur près de 0,55 m de haut, des fragments de tegulae complètes sont posés horizontalement de manière à ce que les bords forment un parement régulier et vertical. Entre chaque tuile complète s’intercalent des fragments. Puis la paroi s’évase vers l’intérieur pour constituer la voûte reliée au pilier central. Pour ce faire, la maçonnerie s’élargit et est formée de deux gros fragments de tegulae, entre lesquels s’intercalent des plus petits. L’ensemble est joint à l’aide d’argile sableuse qui a pris une couleur orangée. La chambre de chauffe est divisée en deux nefs de 0,55 m de large chacune. L’intrados des voûtes est haut de 0,80 m.

  • 8 Le plan semble montrer l’inverse de ce qui est décrit dans le texte.

68Au centre de la chambre, le pilier se développe sur 1,58 m de long et 0,32 m de large. Il est construit de la même manière que les parois. Vers l’ouest, le parement du pilier forme un profil étagé en raison de la disposition des tuiles, en gradin. À l’est en revanche, cette maçonnerie est verticale et ne s’adosse pas à la paroi du four : un espace de 0,22 m est conservé. Les clichés d’un des fours de 1881 montrent également la présence d’un pilier central qui, selon C. Toulier-Vallée, ne serait pas solidaire de la paroi (Vallée et Toulier 1976). Le pilier central de l’UE 282 est légèrement différent (Schweitz et al. 1986 : 48), puisque selon sa description, il semble s’appuyer contre la paroi sud du four8 et il se termine en pointe au nord pour faciliter le tirage. Par ailleurs, quatre pilettes latérales participent au maintien de la sole, deux dans la partie la plus large et deux autres, plus en avant, vers l’entrée.

69À l’intérieur des maçonneries du four UE 13, quatre conduits ont été repérés. Il s’agit de carneaux distants d’une vingtaine de centimètres en moyenne. Ils ont été observés au niveau des élévations accessibles, mais il est très probable que d’autres structures analogues soient disposées symétriquement, en partie nord, on arriverait donc à un total de huit carneaux. Seul le placement des fragments de tuiles des maçonneries forme ce dispositif. On peut alors supposer que ces derniers aient été montés au fur et à mesure autour d’une pièce, en bois par exemple, qui a ensuite été démontée. Le diamètre des carneaux est d’environ 0,10 m. Ils sont verticaux en partie haute au niveau de la sole, et s’incurvent vers l’intérieur, en partie basse, dans la maçonnerie. Sur le four fouillé en 1979 (UE 282), aucun carneau n’est signalé, mais cette absence peut s’expliquer par la destruction de la majeure partie des maçonneries. En revanche, le relevé d’un des fours découvert en 1881, réalisé en 1973 par J.-L. Sergent montre que des carneaux percent la sole, autour du pilier central, en plus de ceux placés en périphérie, dans les parois (Sergent 1973).

  • 9 Selon la formule π × R2 × h.
  • 10 Les fours UE 13, 196 et 282 ont un diamètre très légèrement supérieur à celui-ci.

70Les observations sur les parties hautes de l’UE 13 sont relativement limitées. La sole qui sépare la chambre de chauffe du laboratoire est construite à l’aide des mêmes matériaux que les maçonneries précédentes. Elle est ancrée dans les parois et s’appuie sur le pilier central de la chambre de chauffe. Elle est épaisse de 0,20 m. Sa surface semble être irrégulière, les fragments de tuiles formant un relief accidenté. Il est possible cependant qu’elle ait été altérée au cours du temps ou qu’elle ait fait objet de restauration. La maçonnerie du laboratoire de l’UE 13 est constituée d’une rangée de fragments de tuiles dont l’épaisseur varie de 0,14 à 0,20 m. On peut ainsi supposer que l’enterrement au moins partiel de cette structure garantit son maintien. Le laboratoire de l’UE 13 adopte un plan circulaire et son diamètre peut être estimé à 1,80 m (2,10 m avec les maçonneries), soit une surface utile de 2,83 m². Au-dessus de la sole, la structure est conservée sur une hauteur de 0,60 m. Selon les coupes de l’ingénieur Pic-Paris et les estimations d’A. Ferdière, il semble que la hauteur des laboratoires des fours de Mougon atteint au moins 1,40 m, ce qui est largement suffisant pour les amphores produites localement. Le calcul du volume du laboratoire demeure incertain9, mais si on retient une hauteur de 1,40 m, il semble varier de 3,20 m3 (l’UE 258)10 à 5,20 m3 (l’UE 259). Enfin, aucun indice ne permet de préciser le mode d’accès au laboratoire ou son type de couverture.

  • 11 Document conservé au SRA Centre-Val de Loire.

71Deux fours auraient également été découverts en 1957 (Héron 1964 ; UE 267 et 268), mais ces mentions sont douteuses : l’un a été détruit sans aucune description et le croquis de la coupe du second montre une fosse de 1,20 m de profondeur et de 1,05 m de large, dont le creusement est tapissé d’argile jaune11 (Fig. 25). Hormis ce cas, les fours de Mougon sont globalement du même type, mais des différences concernent les dimensions, le nombre des carneaux et le pilier de la chambre de chauffe. En l’état, il est impossible d’expliquer ces variations qui peuvent être liées entre autres explications, à la période de construction, au savoir-faire du maître d’œuvre, à des choix techniques ou encore à la disponibilité des matériaux.

Fig. 25 - Croquis de la coupe d’un des “fours” découvert en 1957.

Fig. 25 - Croquis de la coupe d’un des “fours” découvert en 1957.

B. Marsollier, Inrap

3.3.3. Les autres structures liées aux ateliers (Ph. Salé)

72Les autres structures liées aux ateliers correspondent à des éventuelles fosses d’extraction, des vases enterrés et des amas de céramiques.

73Nous supposons que l’argile choisie pour le façonnage des terres cuites est extraite sur le site ou dans les environs immédiats (Fig. 26). Si en surface les couches sont sableuses, des couches argileuses se situent plus en profondeur. Les carottages réalisés en 2014 (Salé, Bet et Moreau 2014) et le sondage profond de 2017 (Salé 2017), montre la présence d’argile, mais en quantité limitée ; elle paraît peu exploitable. À l’emplacement de l’usine Paviers, deux structures peuvent correspondre à des puits ou des tranchées d’extraction (UE 283 et 284), mais leur fouille est incomplète (Schweitz et al. 1986 : 39-42). Enfin, les grandes anomalies maculiformes visibles sur de nombreuses vues aériennes (UE 150 et 151) peuvent évoquer de vastes fosses d’extractions. En l’état, il est impossible de préciser comment s’organisent l’extraction et l’acheminement de l’argile, qui sont pourtant une problématique essentielle, car ce thème peut apporter des éléments de connaissances sur l’organisation du travail : est-ce que chaque atelier se préoccupe de son propre approvisionnement, ou existe-t-il une gestion commune des gisements ? La morphologie et le nombre des fosses d’extraction, si elles étaient connues, pourraient en partie répondre à cette question.

Fig. 26 - Les niveaux d’argiles et les fosses d’extractions potentielles.

Fig. 26 - Les niveaux d’argiles et les fosses d’extractions potentielles.

B. Marsollier, Inrap

74À l’occasion des diagnostics réalisés de part et d’autre de la rue de l’Église, sept grands récipients ont été retrouvés en position primaire (Fig. 27), quatre en 2011 (UE 209, 210, 212 et 213 ; Salé 2011 b) et trois autres en 2017 (UE 462, 475 et 480 ; Salé 2017). Ils sont posés au fond de fosses, creusées dans le sable alluvial et correspondent à des dolia dont la datation s’échelonne du milieu du ier s. au début du iie s. Dans l’UE 462, un premier vase a été posé, puis il a été remplacé par un second. Toute la partie supérieure de ce dernier a été découpée volontairement. Les comblements de ces vases n’ont livré aucun indice sur leur fonction, mais ils peuvent être liés à l’artisanat potier : peut-être constituent-ils des réservoirs d’eau ? La proximité d’un puits (UE 211, non fouillée) peut conforter cette hypothèse. On notera la forte concentration de ces céramiques dans un secteur à la surface restreinte et partiellement explorée : cela suggère l’existence de nombreux autres dépôts équivalents sur le site.

Fig. 27 - Une série de vases enterrés.

Fig. 27 - Une série de vases enterrés.

B. Marsollier, Inrap

75Les amas de céramiques rejetées peuvent également être des témoins de l’activité artisanale. De façon générale, toutes les couches et les fosses postérieures à la fin de la période gauloise livrent un abondant mobilier en céramique, mais il arrive que certaines d’entre elles soient formées uniquement de céramiques : c’est le cas pour les couches des fosses UE 168 et 169, pour le comblement du four UE 196, ou pour le sol UE 471. Des niveaux de céramiques sont également conservés dans la pente de l’escarpement, en partie orientale des Poulons Guérêts (ZP 5, 6 et 7) et il est probable que de nombreux déchets aient été jetés depuis le haut de l’escarpement. Ces amas sont souvent peu homogènes et comprennent également des fragments de céramiques importées. Les tessons présentent rarement des défauts liés à leur façonnage ou à leur cuisson ce qui a déjà été noté par A. Moreau suite à l’étude du mobilier issu des prospections du clos (Moreau 2008 : 279-280).

3.3.4. Les productions en céramique (C. Barthélemy-Sylvand et Ph. Bet)

76L’étude des céramiques a été confiée à C. Barthélemy-Sylvand et Ph. Bet et devrait faire l’objet d’un autre article, probablement dans le cadre des publications de la SFECAG. Nous ne présenterons donc ici que les grandes lignes des données existantes.

77Une grande partie des premières connaissances sur la céramique de Mougon a été réunie et publiée en 1986 (Schweitz et al. 1986 : 37-77). Elle montre une grande variété de productions, toutes en mode A et datables principalement du ier s. ap. J.-C. Aux nombreuses imitations de types connus (amphores Dressel 2/4, Pascual 1, Gauloise 1 à 5 ; céramique commune dérivée “Besançon”, …) s’ajoutent de tout aussi nombreux types régionaux.

78Les opérations archéologiques et les données publiées depuis 1999 ont permis de nombreux progrès. D’une part, les diagnostics d’archéologie préventive et les sondages opérés dans le cadre de ce PCR, sur le site même de Mougon, ont amélioré les connaissances du lieu et livré un abondant matériel issu, essentiellement, des officines locales. D’autre part, les autres sites régionaux ont précisé les aires de diffusion des céramiques de ce centre de production. Celles-ci semblent circonscrites, pour la plupart, au territoire turon, quelques-unes peuvent se retrouver au-delà vers l’est le long de l’axe ligérien et vers le sud sur le cours de la Vienne.

79Par ailleurs, les contextes de découvertes étendent la période d’utilisation au iie, voire au iiie s. Enfin, le registre de formes fabriqué à Mougon s’est agrandi, avec notamment une grande variété de couvercles, des dolia à lèvre plate, des jattes carénées, des pots Menez 130 (Ménez 1985), quelques céramiques fines et des pièces cuites en mode B (Fig. 28 et 29).

Fig. 28 - Les productions de céramiques fines et de céramiques communes claires à surface brute, à engobe blanc et à engobe micacé.

Fig. 28 - Les productions de céramiques fines et de céramiques communes claires à surface brute, à engobe blanc et à engobe micacé.

Ph. Bet et C. Barthélemy-Sylvand, Inrap

Fig. 29 - Les productions de céramiques communes claires à engobe rouge ou orangé et de céramiques communes sombres.

Fig. 29 - Les productions de céramiques communes claires à engobe rouge ou orangé et de céramiques communes sombres.

Ph. Bet et C. Barthélemy-Sylvand, Inrap

80La céramique de Mougon se répartit en quatre catégories qui se caractérisent par des textures de pâtes fines, mi-fines, grossières ou très grossières, cette dernière étant assez marginale. Les productions mi-fines représentent la très grande majorité des céramiques identifiées sur cette agglomération potière avec de larges nuances et des catégories de céramiques fines et de pâtes grossières assez bien représentées.

81Au sein des céramiques fines, nous retrouvons des sigillées principalement importées et des terra nigra dont une partie seulement est exogène.

82La sigillée qui provient des opérations récentes déjà traitées est peu abondante avec une cinquantaine de restes seulement et presque autant d’individus pondérés. Une dizaine d’entre eux se rattache au groupe du Centre Ouest, alors que le reste se partage, de façon assez égale, entre les officines de Millau et celles de Lezoux et du Centre de la Gaule. La question d’une production de sigillées à Mougon, longtemps suspectée, n’est toujours pas attestée. Pour la terra nigra, une bonne partie semble largement régionale, et pour cause puisque l’atelier de Mougon paraît, de façon maintenant certaine, avoir produit des terra nigra et des imitations jusque dans le iie s. En effet, le diagnostic de 2011 (Barthélemy-Sylvand 2013) a laissé voir les premiers éléments de cette production jusqu’alors méconnue. Le PCR a permis de compléter les données issues de cette opération et a apporté des renseignements complémentaires sur les productions de céramiques communes aussi bien sur le vaisselier que sur les matériaux de constructions (TCA). Si les terra nigra sont importantes parmi les productions de facture soignée, au sein de la céramique commune, ce sont les productions à pâtes claires qui sont les plus nombreuses (Fig. 28 et 29, nos1-60). Nous constatons une variété de revêtements avec des engobes blancs (Fig. 28, nos 24-43), rouges à bruns, ainsi que micacés (Fig. 28 et 29, nos 44-60). Ce dernier se surimpose parfois aux couvertes colorées (Fig. 29, nos 55-56, 58-60). Les surfaces lustrées restent assez rares pour les productions à pâtes claires. Enfin, la céramique non-tournée n’est presque pas représentée. Concernant les éléments de toiture, la plupart des tegulae que nous avons eues à traiter étaient particulières dans le sens que leur surface inférieure est bien lisse. Habituellement, ces tuiles étaient mises à sécher, à l’extérieur, sur des aires plus ou moins sableuses. Celles de Mougon n’ont pas été traitées de cette façon. Elles ne présentent aucune rugosité ou aspérité de chaque côté.

83Parmi les vases identifiés au cours des études de mobilier en céramique, nous avons pu reconnaître plusieurs formes que l’on peut classer en deux grands ensembles. Un tiers est constitué de formes basses et ouvertes (Fig. 28 et 29, nos 13-17, 20-23, 43-47, 53-67), tandis que les formes hautes et fermées sont deux fois plus nombreuses (Fig. 28 et 29, nos 1-12, 18-19, 24-42, 48-52, 68-74). Cette répartition s’explique par la très forte production de cruches (Fig. 28 et 29, nos 2-9, 24-39, 42, 51-52), de pots (Fig. 28 et 29, nos 10-12, 40-41) et de dolia (Fig. 28 et 29, nos 18-19, 73-74) pour les formes hautes, tandis que, pour les formes ouvertes et basses, seules les jattes sont produites en très grand nombre (Fig. 28 et 29, nos 13-17, 43-47, 55-60, 66-67). Quelques coupes (Fig. 29, n°53, 65), gobelets (Fig. 28 et 29, nos 1, 68-72) et couvercles (Fig. 28 et 29, nos 20-23, 54) viennent compléter l’ensemble clairement orienté vers la table, le stockage ou la conserve, puis dans une moindre mesure vers la cuisson. Nous avions déjà fait remarquer la production toute particulière des couvercles, dont la production n’apparaît pas très souvent dans les publications d’officines de potiers. Ceux-ci peuvent s’associer aux nombreuses formes de marmites tripodes, de jattes et de pots.

3.3.5. Les productions des ateliers de Mougon parmi les autres ateliers régionaux (D. Guitton)

84Observée depuis le xixe s., la fonction artisanale de l’agglomération antique de Mougon a davantage retenu l’attention des chercheurs ces dernières décennies. L’ampleur du centre de production reste une évidence, a minima “l’un des plus importants, si ce n’est le plus important, des ateliers de potiers de Touraine” (Barthélemy-Sylvand 2013 : 518).

85Toutefois, quel que soit le volume de son activité, se pose surtout la question du rayonnement du centre de production.

86Les principales formes produites relèvent avant tout d’un répertoire fortement standardisé commun à un vaste territoire cohérent de plus de 50 000 km2, structuré par la basse et moyenne vallée de la Loire et de ses affluents. Au sein de cet espace ligérien à la culture matérielle forte, au fil de l’eau, une dizaine d’ateliers connus (Fig. 30) aux vaisseliers similaires (Fig. 31) dessinent les contours d’un polygone d’environ 20 000 km2, d’une longueur maximale de 216 km d’ouest en est (orthodromie de Rezé à Thésée-Pouillé) et d’une largeur maximale de 157 km du nord au sud (orthodromie de La Bosse à Naintré). à l’ouest de l’Indre-et-Loire et à l’est de la Vienne, quatre d’entre eux s’inscrivent même au sein d’un cercle restreint d’environ 25 km de rayon correspondant au cœur d’une zone de confluence des sous-affluents (Le Clain) et des affluents (La Vienne, La Creuse) du grand fleuve. Ainsi, dans un espace proche, les ateliers de Dangé-Saint-Romain (Vienne), Barrou (Indre-et-Loire) et Naintré (Vienne) prennent respectivement place à 24, 37 et 40 km au sud de Mougon, ceux de Gourgé (Deux-Sèvres, Le Thouet affluent de la Loire) et de Thésée-Pouillé (Loir-et-Cher, le Cher affluent de la Loire) étant en fin de compte à peine plus distant au sud-ouest et au nord-est (respectivement 65 et 68 km). Au-delà de ce groupe cohérent, élargissant l’emprise commune, toujours avec la Loire en fond, se détachent à l’ouest (152 km) les ateliers de Rezé (Loire-Atlantique, estuaire de la Loire), et, au nord (117 km), ceux de La Bosse (Sarthe, l’Huisne sous-affluent de la Loire).

87Face à des produits identiques (Fig. 31), il paraît bien difficile de mesurer le rayonnement potentiel de tel ou tel atelier. Même fortement sensibilisé à une officine spécifique, il est, par manque de critère objectif, infiniment aléatoire de fonder une attribution sur un simple “ressenti visuel”. L’intérêt des analyses physico-chimiques, en dehors de l’hypothèse de l’usage spécifique d’un dégraissant ajouté, semble également limité par l’emploi par tous du même matériau de base d’origine alluviale.

Fig. 30 - Localisation des ateliers de la basse et moyenne vallée de la Loire et de ses affluents inscrivant à leurs répertoires un vaisselier standardisé commun.

Fig. 30 - Localisation des ateliers de la basse et moyenne vallée de la Loire et de ses affluents inscrivant à leurs répertoires un vaisselier standardisé commun.

D. Guitton, Inrap

Fig. 31 - Répertoire céramique commun aux ateliers du Haut-Empire de la basse et moyenne vallée de la Loire et de ses affluents.

Fig. 31 - Répertoire céramique commun aux ateliers du Haut-Empire de la basse et moyenne vallée de la Loire et de ses affluents.

88Il ne reste donc, en fin de compte, que logiques et hypothèses de travail. Excepté le cas spécifique des productions fines, les céramiques culinaires et de stockage, communes et n’exigeant aucun savoir-faire particulier, n’ont pas, sauf cas singulier, vocation à être diffusées massivement à moyenne et longue distance. Au contraire, elles semblent plus destinées aux marchés locaux, au mieux à l’échelle du parcours d’une journée, soit environ un rayon de 20/25 km autour de la zone de production. Le maillage serré d’ateliers aux vaisseliers similaires dans le secteur de Mougon (Dangé-Saint-Romain, Naintré, Barrou, voire Nouâtre) plaide d’ailleurs sans nul doute en ce sens. De fait, la réelle question n’est pas tant de savoir si Mougon a exporté ses produits au loin, mais plutôt d’appréhender le rôle de ses artisans dans la diffusion des savoirs et de la création d’une culture matérielle commune à l’espace ligérien. Il sera probablement impossible de répondre, quoiqu’en sortant du répertoire commun et en prenant en référence un produit spécifique, un nouvel éclaircissement peut apparaître. En effet, la “cruche”, “jarre”, “demi-amphore”, “amphore” (laissons ici ce débat sémantique ouvert) de type J semble, en l’état actuel des connaissances, particulière à l’atelier de Mougon (Fig. 32). S’il s’agit effectivement – rien ne le prouve réellement – d’un trait singulier du centre de production turon, celle-ci se retrouve en quantité au sein de nombreux contextes de consommation éloignés du bassin de la Loire (Poitiers, Angers, Rezé/Nantes, etc.). Mais, là encore, un nouvel écueil se dresse : cette céramique est-elle diffusée en qualité de produit fini et symbole du rayonnement de l’atelier, ou en tant que contenant d’un produit prisé et largement distribué ?

Fig. 32 - “Jarre” de type Mougon J.

Fig. 32 - “Jarre” de type Mougon J.

Ph. Bet et C. Barthélemy-Sylvand, Inrap

89On l’aura compris, toutes les hypothèses et contre-hypothèses évoquées reposent sur des postulats fragiles qu’il conviendra, à l’avenir, de renforcer. Avant même d’évoquer le rayonnement de l’atelier, il sera indispensable, suite aux prochaines interventions (fouilles programmées ?), de conforter le volume des structures de production envisagé, leurs répartitions dans le temps et dans l’espace urbain, et, enfin, d’élaborer une chrono-typologie développée des vaisseliers fabriqués. Mesurer l’influence du centre de production de Mougon au sein du grand faciès ligérien dépend inévitablement de ces préalables.

3.4. Deux zones réservées ? Un espace cultuel et un espace funéraire (Ph. Salé)

90Vers le centre de l’agglomération secondaire, une vaste zone semble réservée à des constructions imposantes (ensemble 1 à 3 Fig. 22). Celles-ci se distinguent assez bien sur les photographies de J. Dubois de 2005. Le long de l’escarpement, un premier ensemble se présente sous la forme d’une concentration irrégulière de vestiges dans laquelle on distingue un rectangle de 35 m de long et 15 m de large, soit une surface minimale de 525 m² (Ensemble 3 ; Fig. 33). D’autres murs se distinguent péniblement immédiatement au sud, et à l’intérieur de cette construction, mais le plan de cet ensemble demeure largement incomplet. À proximité, la ZP 30 (Fig. 20) a permis la fouille des comblements supérieurs d’un puits qui ont livré de nombreux fragments d’enduits peints (Salé, Bet et Moreau 2016). Enfin, A. Ferdière, en 1988, signale la présence de tegulae avec mortier et deux carreaux de terre cuite au sud-ouest des Poulons Guêrets et pose la question de la présence de thermes (Ferdière 1988). Si cette hypothèse demeure incertaine, les arguments en sa faveur sont désormais plus nombreux.

Fig. 33 - L’ensemble 3 : des thermes ?.

Fig. 33 - L’ensemble 3 : des thermes ?.

B. Marsollier, Inrap

91Immédiatement au nord, un autre ensemble se dessine plus clairement (Fig. 34). Il est constitué d’un enclos probablement maçonné de 35 m de long sur 31 m de large, soit une surface de 1085 m² (Ensemble 2). Dans le quart nord-ouest, (Ensemble 1) une construction sur fondations de pierres présente un plan carré de 12 m de côté, soit une surface de 144 m². à l’intérieur, se distingue plus difficilement un autre quadrilatère dont les dimensions sont estimées à 6 m pour la longueur et 5,20 m pour la largeur. L’hypothèse d’un fanum paraît assez probable, d’autant qu’il est situé au cœur de l’agglomération, dans une zone où aucun indice d’activité artisanale n’a été trouvé. Deux fragments de figurine en terre cuite à engobe blanc ont été découverts en 1974, mais ils ne sont pas localisés précisément (Toulier-Vallée 1976 : 138-140). Un troisième a été découvert en 1979, lors de travaux à l’usine Paviers (Schweitz et al. 1986 : 40-41). Ils ne peuvent pas être associés directement à cet édifice car on suppose une production de ce type d’objets sur le site.

Fig. 34 - Un temple à Mougon : les ensembles 1 et 2.

Fig. 34 - Un temple à Mougon : les ensembles 1 et 2.

B. Marsollier, Inrap

92À l’est, vers l’usine de Paviers, un secteur de l’agglomération paraît regrouper les indices funéraires antiques (Fig. 35). En 1885, l’abbé Quincarlet fait état, en quelques mots, de nombreuses sépultures découvertes à l’emplacement de la voie de chemin de fer (Quincarlet 1885b). Une autre mention concerne une inhumation (l’UE 286) qui renferme les dépôts d’une fiole en verre et deux monnaies de Vespasien (Bousrez 1899 : 5) et qui est située à quelques mètres des fours découverts au même moment. En 1974, J.-L. Sergent remarque les traces d’une incinération dans le talus de la voie de chemin de fer (UE 260), à l’ouest des fours (Toulier-Vallée 1976 : 131-134). Lors des terrassements à la pelleteuse à l’usine Paviers en 1979, un lot de mobilier caractéristique de sépultures a été découvert (lot F ré-enregistré en UE 285) : six petits récipients en verre, une figurine zoomorphe (lion en terre cuite blanche à engobe plombifère) et un petit vase à panse carénée (Schweitz et al. 1986). Ils peuvent être issus de différentes fosses. Par ailleurs, un sarcophage observé en coupe, est également mentionné (UE 280). L’ensemble de ces indices suggère la présence d’un espace funéraire antique à l’est de l’agglomération et probablement à proximité de la voie centrale. Il ne semble pas délimiter l’extension maximale de l’agglomération puisque trois fours et plusieurs fosses sont localisés plus à l’est.

Fig. 35 - Un espace funéraire antique.

Fig. 35 - Un espace funéraire antique.

B. Marsollier, Inrap

93On notera également qu’une sépulture de nourrisson, datée du Haut-Empire, a été découverte lors du diagnostic de 2017 (UE 461 ; Salé 2017). Ce type de sépulture est fréquemment localisé à l’écart des nécropoles et à proximité de l’habitat (Baills-Talbi et Blanchard 2006).

3.5. Quelques découvertes ponctuelles et remarquables

94En avril 1973, la forte baisse des eaux de la Vienne laisse apparaître une structure d’un diamètre de 0,87 m interprétée comme un puits (UE 257). Elle a été fouillée rapidement à l’aide de plongeurs et fait l’objet d’une description sommaire (Sergent 1973) Sa coupe montre que ses parois sont formées du substrat calcaire (Fig. 36), mais une photographie semble indiquer qu’un parement de pierres calcaires est aménagé. Sur le fond, une couche de calcaire altérée est signalée. Au-dessus, un niveau semble se distinguer par la présence d’une tegulae et de tablettes en bois posées à l’horizontale, sur lesquelles on trouve des céramiques complètes et un peson, dont la position évoque plus un dépôt qu’un rejet. Ce mobilier est recouvert de tessons de céramiques, et en partie haute, d’une couche comprenant des blocs calcaires. Une des céramiques contenait un dépôt bitumeux et des ossements animaux et des graines sont signalés. La localisation de cette structure, à 50 m de la berge, a longtemps été un argument pour démontrer la destruction d’une grande partie de l’agglomération par la Vienne. Cependant, les résultats des sondages dans le cadre du PCR, ont remis en cause l’hypothèse d’une érosion aussi massive de la Vienne. La position du mobilier et la stratigraphie horizontale des couches de cette fosse incitent également à réviser l’hypothèse d’un puits. L’étude de l’ensemble du mobilier pourrait probablement aider à la compréhension de cette structure, mais celui-ci semble dispersé.

Fig. 36 - Coupe de la structure fouillée dans la Vienne en 1973.

Fig. 36 - Coupe de la structure fouillée dans la Vienne en 1973.

D’après Sergent 1973

95Dans le cadre des sondages du PCR, un puits situé en rebord de l’escarpement a été découvert en 2016 (ZP 30 ; Fig. 5 et Fig. 37). Son diamètre intérieur est de 0,84 m. Sa partie nord est nettement mieux conservée que sa partie sud qui a été soumise à une érosion verticale. Sa maçonnerie est formée de moellons calcaires équarris sur une face. Le comblement a été fouillé sur près de 3 m de profondeur, sans que le fond n’ait été atteint. Il est constitué d’un sédiment sableux brun qui a livré un abondant mobilier de nature variée : de nombreux tessons de céramique, dont certains gravés, des fragments de TCA, de la faune, des enduits peints, des clous…

Fig. 37 - Un puits en haut de l’escarpement (UE 92 de la ZP 30).

Fig. 37 - Un puits en haut de l’escarpement (UE 92 de la ZP 30).

B. Marsollier, Inrap

96Enfin plusieurs ensembles de mobilier particulier doivent être signalés. Des centaines de coquilles d’huîtres non ouvertes ont été trouvées à l’ouest de Paviers, le long de l’escarpement, mais leur localisation précise demeure inconnue (Auvray 1936 : 304 et Bull. Soc. des Amis du Vieux Chinon, 1966 : 614). Lors du diagnostic de 2011, un ensemble d’objets hétéroclites a été découvert en surface d’une vaste fosse (UE 169) donc la fonction demeure inconnue. Il comprend une épée très courte, soit 42,1 cm de long, de type “Pompeii” (Voirol 2000 : 11-12) et qui serait datée du dernier quart du ier s. à la première moitié du iiie s., deux anneaux en alliage cuivreux et deux fragments de bagues décorées d’un chaton en pâte de verre, une clef en fer, deux outils, en fer également, dont un couteau et d’autres artefacts divers (Salé 2011 b : 40-41 ; Fig. 38). Une collection de lampes à suif, très différentes les unes des autres est également issue de ce niveau (Fig. 39). L’association et la présence de ce mobilier restent inexpliquées. Sur le diagnostic situé sur la parcelle plus au sud, (Salé 2017) quatre pesons massifs ont également été découverts. D’autres sont conservés dans les collections de la Société Archéologique de Touraine (Boucher et Michaux 2012 : 65). Lampes et pesons sont probablement produits sur place, pour l’usage des habitants du lieu. On notera également qu’un sceau en terre cuite pourrait correspondre à une matrice utilisée pour le décor des médaillons de lampes à huile (Boucher et Michaux 2012 : 65).

Fig. 38 - Le mobilier non céramique antique découvert en 2011.

Fig. 38 - Le mobilier non céramique antique découvert en 2011.

Ph. Salé, Inrap

Fig. 39 - Une collection de lampes à suif et de pesons.

Fig. 39 - Une collection de lampes à suif et de pesons.

Ph. Salé, Inrap

3.6. Mougon une agglomération secondaire aux caractéristiques prononcées

97Quatre caractéristiques peuvent décrire l’agglomération antique de Mougon : sa superficie, son organisation, son activité artisanale et la présence de bâtiments monumentaux collectifs (Fig. 6). L’emprise de l’agglomération semble désormais au moins approximativement connue. Au sud, la berge de la Vienne, qui n’a pas été érodée sur plus de 10 m depuis l’Antiquité, constitue sa limite ; les vestiges les plus orientaux ont été découverts à l’ouest de l’usine de Pavier ; les indices les plus au nord se trouvent à moins de 180 m de l’axe viaire central ; et à l’ouest, le dernier vestige antique supposé correspond à l’église paroissiale et aucun indice antique n’a été découvert à l’ouest de la rue du Port. Selon ces données, la superficie de Mougon atteint 13 à 15 ha, ce qui la place selon C. Hervé (2012), dans le groupe de rang 3 (sur 10) des agglomérations secondaires de la cité des Turons, soit une agglomération aux dimensions modestes.

98L’organisation des rues de Mougon pourrait évoquer les agglomérations dont le plan d’urbanisme adopte au moins en partie un carroyage, comme à Verdes (Loir-et-Cher), Saint-Marcel (Indre) ou Orléans (Loiret) et pour cette raison, C. Cribellier la classe avec ces sites (type 5 ; Cribellier 2016 : 52). Cependant il existe une différence essentielle entre Mougon et ces agglomérations : ces dernières disposent d’une trame urbaine indépendante des axes routiers, qui peut évoluer au cours du temps sans forcément impacter le tracé de ces voies. Celles-ci forment un réseau étoilé plus ou moins régulier, ou parfois passent en bordure de l’agglomération (Pithiviers-le-Vieil) et elles viennent se raccorder à la trame urbaine. Ainsi, leur topographie générale s’affranchit au moins en partie de l’orientation des axes routiers. à Mougon, l’organisation parcellaire est totalement dépendante de l’axe Chinon-Nouâtre, qu’il corresponde à la voie centrale, ou à celle, éventuelle, plus au nord. Pour cette raison, il semble que le site de Mougon s’intègre plutôt au groupe des agglomérations secondaires qui se développent le long des voies interurbaines (Salé 2020). C’est un corpus très hétérogène, qui se compose probablement de plusieurs sous-ensembles aux caractéristiques et aux origines diverses.

99Mougon se distingue également par l’activité du site, qui est essentiellement centrée sur la production de céramique. D’autres types de production ont déjà été mis en évidence (la production textile avec la découverte de pesons), ou peuvent l’être lors de prochaines fouilles, cependant l’activité potière est sans conteste la production la plus importante du site. Le nombre de fours supposé et la quantité de déchets de céramiques mis au jour montrent une forte spécialisation artisanale. Cette caractéristique est partagée par d’autres agglomérations notamment pour la production de céramique et sidérurgique (Ferdière 2006), mais en région Centre-Val de Loire, les exemples sont peu nombreux : à Thésée-Pouillé par exemple, une trentaine de fours de potiers a été dénombrée sur une surface de 5 ha (Cadalen-Lesieur 2014) (Fig. 40) ; à Beaune-la-Rolande, des ateliers de forge et des outils ont été mis au jour dans un quartier qui semble presque exclusivement dédié à la sidérurgie (Roux 2013) ; et à Saint-Romain-sur-Cher une activité de production de moellons calcaires pourrait être à l’origine de la création de l’agglomération (Fournier et Salé 2008).

Fig. 40 - Le site de Thésée-Pouillé (Loir-et-Cher).

Fig. 40 - Le site de Thésée-Pouillé (Loir-et-Cher).

Cadalen-Lesieur 2014, carte 2

100Enfin, Mougon se distingue par la présence de thermes et d’un espace cultuel regroupés dans le même îlot. En région Centre-Val de Loire, en dehors des chefs-lieux de cité ou des agglomérations secondaires les plus importantes, on trouve souvent l’association de temples, de thermes et d’un théâtre comme à Drevant (Cher), Sceaux-du-Gâtinais (Loiret) ou Areines et éventuellement Briou (Loir-et-Cher), Thaumier (Cher) et d’autres (Cribellier 2016 : 64). La présence d’un balnéaire et d’un temple, sans théâtre, est moins fréquente. Ces monuments sont signalés à Chanceaux-sur-Choisille (Indre-et-Loire) et Beaune-la-Rolande (Loiret), mais ils ne sont pas placés l’un à côté de l’autre.

101Le site de Mougon peut probablement être rapproché d’un autre en particulier, celui des Cormins à Saint-Romain-sur-Cher (Loir-et-Cher ; Salé et Fournier 2004 ; Fig. 41). Il se caractérise notamment par son implantation, de part et d’autre de la voie reliant Tours à Bourges et de son organisation très structurée qui suggère une planification préalable. Un modeste balnéaire a été découvert, ainsi qu’un monument de type incertain. Par ailleurs, une activité d’extraction de pierres de constructions est démontrée. L’hypothèse d’un site qui constituerait une dépendance domaniale à vocation artisanale a été proposée (Salé 2011 a). On peut également envisager l’existence d’un entrepreneur indépendant.

Fig. 41 - L'agglomération secondaire de Saint-Romain-sur-Cher (Loir-et-Cher).

Fig. 41 - L'agglomération secondaire de Saint-Romain-sur-Cher (Loir-et-Cher).

Ph. Salé, Inrap

4. L’évolution de l’agglomération après le Haut-Empire

4.1. Abandon, réduction ou déplacement du site après le iiie s. (Ph. Salé)

102La production potière semble cesser vers le début du iiie s. (Barthélemy-Sylvand 2013). Nous n’avons aucune idée des causes de cette interruption ni comment elle s’opère, progressivement, ou plus brutalement. Nous ne savons pas non plus si l’occupation perdure au Bas-Empire dans le cadre de la trame du Haut-Empire. En revanche, l’hypothèse d’A. Moreau selon laquelle le site est abandonné suite à la destruction d’une grande partie du site par la progression du méandre de la Vienne paraît désormais contestable, au regard des données sur l’évolution du profil de l’escarpement (Moreau 2008 : 323). Les indices du Bas-Empire et de l’époque mérovingienne se limitent à quelques fragments de céramiques, généralement issus des prospections : trois tessons aux Poulons Guérêts (Ferdière 1988 : 2) ; du mobilier du ive au viie s. en plus grande quantité issu des prospections d’A. Moreau, en particulier à l’est des parcelles de la Robinerie et du Clos (Moreau 2008 : 264) ; et quelques tessons des iiie et ive s. au 6, rue de l’Ancienne Église (Salé 2017). Enfin, au moins une partie des sculptures découvertes en rive gauche de la Vienne est attribuée au ive s. (Vallée et Toulier 1976 : 42). Ces quelques éléments peuvent suggérer que l’occupation du Bas-Empire et de l’époque mérovingienne se situe plutôt au niveau du bourg et dans les parcelles plus au nord.

103Cette localisation de l’occupation paraît se confirmer pour la fin de la période mérovingienne et la période carolingienne, même si les indices demeurent peu nombreux (Fig. 42). Au nord du village actuel, les prospections d’A. Moreau ont livré un mobilier en céramique nettement plus abondant que pour les périodes précédentes (Moreau 2008 : 265 ; UE 490 et 491) Dans le même cadre, du mobilier des viie et viiie s. a été découvert immédiatement à l’ouest du bourg (UE 489). Trois fosses datées du viiie s., dont deux sont probablement des latrines (UE 241, 242 et 243), ont été observées lors d’une surveillance de réseaux au sud de la rue du Port (Aubourg, Moreau et Theureau 2008 : 17). Au 6, rue de l’Église, une autre fosse (UE 467) et peut-être un sol (UE 471) sont datés du xe s. (Salé 2017). Les autres données pour le haut Moyen Âge concernent essentiellement l’église et surtout le cimetière qui l’entoure (cf. chap. 4.1 et 4.2). L’occupation de cette période pourrait ainsi couvrir près de 11 ha, soit une surface légèrement inférieure à celle de l’agglomération du Haut-Empire. Cette première estimation modifie l’image de cette occupation, qui a longtemps été occultée par celle de l’Antiquité, nettement plus prégnante.

Fig. 42 - Localisation des fosses et du mobilier de la période carolingienne.

Fig. 42 - Localisation des fosses et du mobilier de la période carolingienne.

B. Marsollier, Inrap

4.2. Les mentions dans les textes du vicus de Mougon (F. Yvernault)

104Le site de Mougon est mentionné trois fois entre les vie et xe s. à la fin du vie s., le bourg et l’église du “vicus” sont cités dans les Dix livres d’histoire de Grégoire de Tours (573-594), lorsque celui-ci attribue la fondation de l’église de Mougon à l’évêque de Tours, Perpet, au ve s., “Huius tempore [en son temps, celui de saint Perpet] aedificatae sunt ecclesiae in vicis, id est Evena, Mediconno [...]” (Hist. libri decem dans Moreau 2008 : 225). La première mention de Crouzilles, la “villa Curcilia”, est plus tardive et intervient au viiie s. dans un diplôme de Charlemagne (Moreau 2008 : 187).

105Deux exploitations agricoles sont attestées par le Livre Noir de l’abbaye Saint-Florent de Saumur sur le territoire de la viguerie de Mougon au xe s. En 968, Gilbert, chanoine de la cathédrale de Tours cède aux religieux une terre dépendante d’une villa, “terra in pago Turonico in vicaria Metgonensi in supra dicta villa Ad His” (LN no 12, dans Moreau 2008 : 225, (Mabille 1863 : 29). En 975, la “villa Morarias” est mentionnée, également dans la viguerie de Mougon (“unam quartam terrae sitam in pago Turonico in vicaria Medgonensis in villa Morarias…”, LN, no 13, in Moreau 2008 : 225). La “vicaria”, qui constitue une circonscription du comté apparaît au IXe s. Ses responsables, les “vicarii”, exercent des fonctions administratives, judiciaires et militaires, permettant une mobilisation plus rapide. Elles s’éteignent vers 950, tandis qu’apparaissent les “vicaria castri”. L’apparition de la “vicaria” de L’Île-Bouchard en 981 pourrait coïncider avec la disparition de celle de Mougon (Lelong 2001 : 48).

4.3. Les rues de Mougon aux périodes médiévales et modernes (F. Yvernault)

106Dans les archives, les mentions de rues à Mougon apparaissent au xvie s. Le chemin tendant de l’église de Mougon à Trogues est mentionné en 1599 (ADIL H15) (Fig. 14 no 10). Il pourrait correspondre à l’actuelle rue de l’Ancienne Église, qui rejoint la voie principale de Trogues à L’Île-Bouchard au nord-est de Mougon. Le prolongement nord de la rue de l’Ancienne Église, vers l’extérieur du bourg, ne semble pas mentionné avant 1755, sous les termes de “chemin de Mougon à Paviers” (ADIL G791) (Fig. 14 no 14). Par ailleurs, en 1642, un aveu rendu au duc de Richelieu mentionne une maison située dans le bourg, au niveau de la rive, encadrée par deux chemins reliant l’église de Mougon au port, “joignant devers le soleil levant au chemin tandant de lesglise dudit Mougon au port dudit lieu du midy en ladite riviere de Vienne […] et du nord a autre chemin tandant de ladite église audit port de Mougon” (ADIL C621, f°73). La maison est comprise entre deux chemins reliant l’église de Mougon au port ; le premier chemin est à l’est de la maison et pourrait correspondre à la rue de l’Écluse (Fig. 14 no 11), le second au nord (Fig. 14 no 12). Le cadastre ancien ne représentant aucun chemin au nord, cette mention pourrait s’expliquer par la présence d’un chemin prolongeant vers l’ouest la rue de l’Ancienne église, disparu au xixe s. Une autre source en 1644, renforce cette hypothèse, avec la mention du “chemin du cimetière au porct de la rivière de Vienne” (ADIL H15 ; Fig. 13).

107Un chemin est également attesté par l’archéologie. Il a été observé à deux reprises lors de la surveillance de travaux de 2011 (UE 225) et lors du diagnostic de 2017 (UE 460 ; Salé 2017). Il est nord-sud et large d’environ 3 m. Il est constitué d’un fin niveau induré de graviers et fragments de terres cuites architecturales, et est bordé à l’ouest de blocs calcaires dont un élément de sarcophage attribué au vie ou au début du viie s. Ce chemin est donc probablement largement postérieur à cette date.

4.4. L’église paroissiale (É. Marot et F. Yvernault)

108Seuls quelques murs de l’église Saint-Pierre sont conservés, correspondant à une grande partie des murs est et nord, au mur ouest et à un tronçon en retour du mur sud. à cela s’ajoute une chapelle funéraire accolée au nord-est en 1833 (Kersanté 2006 : 5-6 ; Fig. 44). L’église, dans son dernier état mesurait 13,2 m de long sur 6,75 m de large, associée à une petite pièce adjacente au sud-est et la chapelle funéraire au nord-est. Le clocher, à présent entièrement détruit, se trouvait à l’ouest du bâtiment. Les murs mesurent 0,70 m d’épaisseur.

109Les tronçons de murs les plus anciens sont situés au nord du mur est, à l’ouest du mur nord et dans le mur sud. Ces maçonneries sont construites en blocs de petit appareil cubiques associés à des assises de tuiles liées avec un mortier rose. Elles seraient contemporaines de couches de terres noires contenant du mobilier antique et du sol de béton de tuileau identifiés en fouille. L’édifice mesurait à ce moment près de 7 m de large mais pouvait avoir une longueur plus importante vers l’ouest, les plans de Ch. Lelong indiquant une continuité du mur sud en petit appareil (Lelong 1975). Cela semble être confirmé par la partie basse du tronçon de mur, qui prend actuellement la forme d’un contrefort en moyen appareil : son apparence résulte-t-elle d’une transformation médiévale ou d’une restauration (Fig. 44 f) ? Les murs présentent les caractéristiques de constructions de la fin de l’Antiquité et du haut Moyen Âge mais l’identification de cet ensemble n’est pas certaine : bâtiment antique ou première église ?

110Au-dessus des maçonneries attribuées à la première phase, G. Kersanté a défini un autre état du bâtiment, qu’elle attribue à une reconstruction partielle. Les murs sont construits en blocs de petit appareil avec cette fois des blocs à décor de chevrons et le mortier utilisé est différent de celui de la phase 1b. L’étude a montré des variations de mortier qui correspondent certainement à des phases du chantier. Cette construction correspond à la mise en place de sépultures en sarcophages, ce qui permet, selon G. Kersanté, de placer cette phase du viiie au xiie s. Le statut de l’édifice ancien n’est pas documenté par les archives écrites. En effet, la paroisse de Mougon est mentionnée tardivement, à la fin du xiiie s. (Moreau 2008 : 225), alors que celle de Crouzilles est attestée beaucoup plus tôt, en 1107 (Chevalier 1872 b : Ch. CCCLVIII).

111La phase suivante est caractérisée par des maçonneries en blocs de moyen appareil de calcaire présentes dans le mur nord ainsi que dans le mur sud, où elles forment une sorte de contrefort bas, avec un ressaut (Fig. 44 a-b). Le contrefort visible à l’angle sud-ouest, bien que présentant une technique comparable, ne peut être attribué avec certitude à cette phase. Sa position, tournée vers l’est, impliquerait que la façade de l’église se trouvait déjà à cet emplacement, ce que ne semble pas confirmer la technique de construction du mur lui-même. De plus, la coupe réalisée par Ch. Lelong indique la présence d’un pilier à moins de 0,50 m du mur ouest. Si la nature de ce pilier n’est pas certaine, cet élément incite à restituer une nef plus longue. La datation proposée à partir du xiie s. n’est pas précise, les dimensions des blocs et l’épaisseur des joints de certaines maçonneries pourraient correspondre plutôt au xive s.

112Quelques reprises visibles dans le mur nord et le tronçon situé au sud-est pourraient être attribués à la seconde partie de cette phase, mais leur fonction et leur datation sont incertaines. Pour ce qui est du décor de l’église, les traces de piquetage des maçonneries de la phase 2 indiquent probablement qu’un enduit recouvrait au moins une partie des murs intérieurs. Quelques chapiteaux provenant de l’église sont signalés en 1963 et furent déposés un temps à l’église du Vieux Cravant (Héron 1964) ; H. Auvray précise que des peintures étaient encore conservées en 1936 derrière le maître-autel (Auvray 1936 : 312).

113La troisième phase correspond selon G. Kersanté à la réduction de la nef de l’église, le mur ouest actuel constituant un bouchage percé d’une porte. Le mur ouest présente des parements très irréguliers et comporte des blocs provenant de sarcophages visibles côté ouest. Il a également été très restauré, la partie haute étant entièrement reconstruite (Fig. 44 f).

114Deux ouvertures sont aménagées dans le mur sud : une porte couverte d’une plate-bande clavée près de l’angle et une ouverture dont il ne reste que le piédroit ouest. Ces deux ouvertures ont pu se succéder, le bouchage de la porte occidentale, comprenant de nombreux blocs de petit appareil en remploi, étant difficile à dater. À l’est, le mur nord est ouvert d’une grande arcade couverte d’un arc surbaissé, donnant accès un édifice représenté sur le cadastre de 1832 (Fig. 43 a-c). Il n’en reste probablement que cette arcade, des bâtiments ayant été construits à cet emplacement après cette date. La fonction de cette annexe nord est incertaine : il peut s’agir d’une sacristie ou d’une première chapelle funéraire, contenant peut-être l’autel dédié à la vierge mentionné dans les sources textuelles du xviie s. Une litre qui courait sur les trois murs préservés atteste la fonction funéraire (Auvray 1936 : 312). La présence d’un autel ou d’une chapelle dédiée à la Vierge est attestée durant la seconde moitié du xviie s., qui constitue un lieu d’inhumation, “au dessous des marches devant l’autel de la Vierge” (BMS 1661, 1677).

115Cette phase semble correspondre à des transformations de la période moderne, peut-être avant la fin du xvie s., puisqu’aucun chantier d’importance n’est indiqué dans les comptes à partir de cette date.

116Les registres de comptes des fabriciers de l’église de Mougon sont conservés entre 1586 et 1640 et répertorient les recettes et les dépenses de la paroisse qui attestent des campagnes de travaux modestes (ADIL G791). Les dépenses engagées concernent le linge et le mobilier d’église, ainsi que les réparations courantes qui dénotent un entretien régulier, notamment de la toiture (ADIL G791). Ainsi, en 1587, les fabriciens font réaliser des travaux de couverture, qui nécessitent, outre les clous, le sable et la chaux, l’achat d’un fagot de lattes et de “deux cens dardoise”. Le prix des travaux s’élevant à 40 sols paraît relativement modeste ; en effet, en 1609, l’achat d’une livre de chandelle coûte 20 sols. En 1604, les comptes indiquent l’achat d’un cent d’ardoises destinées aux réparations de l’église et du faîtage et en 1606, des réfections sur les vitres de l’église, avec “une barre de fer à mettre à l’une des vitres” et un vitrier employé à “recoudre” les vitres. En 1609, des réfections sont de nouveau entreprises sur la toiture de l’église durant quatre jours, à la fois avec des tuiles, “dont quatre feteaux” et des ardoises. Il s’agit des travaux les plus importants répertoriés, les autres réparations sont très modestes : en 1612, deux sols payés à un maçon pour remettre cinq pavés dans l’église ; en 1619, l’achat de clefs pour la porte de l’église et pour le coffre de la fabrique, la réalisation d’une “image pour le crucifix”.

117Notons qu’un maitre-autel de la Renaissance est signalé par H. Auvray. La pièce annexe voûtée situé à l’est, qualifiée d’abside moderne par R. Ranjard ou de sacristie par Auvray, semble avoir été construite au plus tard lors de cette phase, intervenant au plus tard durant le xvie s. : contrairement à ce qu’affirme G. Kersanté, cette pièce semble bien représentée sur le cadastre de 1832, et la technique de construction indique une édification antérieure au xixe s.

118En 1755, la mention d’une assemblée de paroissiens “au devant de la porte et principalle entrée de l’église de Mougon” suggère la présence d’une seconde entrée, bien que la formule soit habituelle dans les textes (ADIL G791).

119En 1818, l’église de Mougon semble toujours en bon état, suffisamment pour que le marquis de Quinemont entreprenne une série de démarches auprès du préfet et de l’archevêque dans le but de transférer à Mougon le chef-lieu de la paroisse. Celui-ci est établi à Crouzilles et comprend les paroisses de Crouzilles, Mougon et Trogues (ADIL 2V27). Le vicaire général remarque, cependant que Mougon “n’a qu’une église proportionnée à sa population et cette église ne suffirait pas pour les trois communes”. Après la réunion de la commune de Mougon à celle de Crouzilles en 1833, l’église Saint-Pierre sert encore aux paroissiens de Mougon (Vallée-Toulier 1976 : 48).

120La quatrième phase concerne des remaniements récents. La construction de la chapelle funéraire au nord-est en 1833 a entraîné le bouchage de l’arcade antérieure pour créer un nouvel accès, ouvrant dans un avant-corps éclairé par des baies en arc brisé visibles au nord, permettant l’accès vers la chapelle à l’est, qui surplombe l’église (Fig. 43 c, Fig. 44 c). Le mur de clôture, comportant un petit portail couvert d’un fronton ouvrant sur la rue de l’Ancienne Église, a été aménagé au même moment. La destruction de l’église au début du xxe s., puis l’utilisation des ruines comme carrière constituent la dernière transformation de l’édifice, avec le bouchage de l’arcade ouvrant vers la chapelle funéraire et la restauration du mur ouest.

Fig. 43 - Plans de l'église et relevé du mur nord.

Fig. 43 - Plans de l'église et relevé du mur nord.

D’après Kersanté 2006

Fig. 44 - Photographies des murs de l'église.

Fig. 44 - Photographies des murs de l'église.

Ph. Salé

121En 1906, un état des biens détenus par les églises paroissiales mentionne “l’ancienne église de Mougon” dans laquelle se trouvent 15 chaises en mauvais état, une cloche et un autel de pierre blanche (ADIL 2V91). En 1914, le conseil municipal ayant reçu des réclamations de la part des habitants de Mougon, se déplace en vue de constater les dégâts : “la partie centrale de la toiture est complètement effondrée que le clocher qui se trouve à l’ouest du bâtiment a fléchi du côté de l’est et menace de tomber sur les maisons voisines et sur la route, car la charpente qui le soutient est toute vermoulue” (Reg. 1911-1918, f°28). L’église de Mougon ne servant plus au culte “depuis de longues années”, le conseil municipal opte alors pour sa démolition. Ainsi, La destruction de l’église au début du xxe s., puis l’utilisation des ruines comme carrière constituent la dernière transformation de l’édifice, avec le bouchage de l’arcade ouvrant vers la chapelle funéraire et la restauration du mur ouest.

4.5. L’espace funéraire médiéval et moderne

4.5.1. L’espace funéraire du haut Moyen Âge (M. Gaultier)

122La topographie funéraire du haut Moyen Âge est mieux connue que celle de l’Antiquité, bien que la localisation d’une partie des découvertes reste imprécise et que les fenêtres d’observations soient de faible ampleur (Fig. 45). Les sarcophages découverts lors de la fouille de 1966, semblent marquer la limite ouest de la nécropole (Philippon, Rivière et Monneteau 1966 : 370). Le diagnostic de la parcelle ZM 129 montre également une délimitation nette de l’espace funéraire qui forme, à l’est, un angle de près de 90° (Salé 2011 b). La limite sud-est semble se prolonger jusqu’aux trois sépultures observées par J. Bouillon en 2009 (UE 218, 219, 220 ; Bouillon 2009) et peut-être au-delà. Au sud de la rue de l’Ancienne église, un sarcophage a en effet été découvert lors de la construction d’un garage (ZP 93), et d’autres fragments sont mentionnés sur les anciennes parcelles AK 109 et 110, mais également 117 (Vallée et Toulier 1976 : 46 et 47). Sur cette dernière parcelle, A. Kermorvant a repéré d’autres sarcophages en prospection géophysique (ZP 94 ; Kermorvant et Delauné 1976 b : 24, fig. 6). Selon ces informations, l’espace funéraire du haut Moyen Âge atteint une surface d’environ 1,1 ha (Fig. 46). Ses limites à l’est, présentent des orientations différentes de celles des grands axes du Haut-Empire. De plus, la nécropole semble se développer sur une partie du tracé de la voie antique est-ouest, qui est supposée se poursuivre à l’ouest des Poulons Guérêts. Ces éléments paraissent indiquer que l’implantation de cet espace s’affranchit, au moins en partie, de l’ancienne trame antique. Par ailleurs, la présence des sarcophages en calcaire trapézoïdaux et non décorés des vie et viie s. suggère un certain dynamisme du site à cette période.

Fig. 45 - Localisation des mentions funéraires dans le bourg de Mougon.

Fig. 45 - Localisation des mentions funéraires dans le bourg de Mougon.

M. Gaultier, SADIL

Fig. 46 - Proposition d’extension des cimetières du haut Moyen Âge à l’époque moderne.

Fig. 46 - Proposition d’extension des cimetières du haut Moyen Âge à l’époque moderne.

M. Gaultier, SADIL

4.5.2. Le mobilier issu des sépultures médiévales (T. Boucher)

123À Mougon, le mobilier associé aux sarcophages est très rare. Seuls quelques objets personnels ont été mis au jour : il s’agit notamment d’une petite épingle en bronze, d’un collier à perles en pâte de verre incomplet (Philippon, Rivière et Monneteau 1966 : 365) et surtout de deux plaques-boucles de ceinturon (Fig. 47). Une troisième boucle aurait été mise au jour en 1850 en même temps que la plaque-boucle à plaque scutiforme (Rivière 1966 : 360) ; elle porte d’ailleurs le même numéro d’inventaire (no 916). Il paraît surprenant que cette boucle, découverte au milieu du xixe s., n’ait fait l’objet d’aucune mention dans la bibliographie sur Mougon avant 1966. Un numéro d’inventaire identique attribué à deux objets différents a sans doute entraîné une confusion quant à la provenance de la boucle.

Fig. 47 - Deux plaques-boucles découvertes à Mougon.

Fig. 47 - Deux plaques-boucles découvertes à Mougon.

D’après Rivière 1966 : 359

124Les deux plaques-boucles sont conservées par la Société Archéologique de Touraine. La première porte le numéro d’inventaire HG856.001.0002 (ancien numéro : 916). Elle a été découverte en 1850, à l’intérieur d’un sarcophage situé dans l’ancienne cure de l’église (Rivière 1966 : 359). Elle est longue de 101,5 mm et large de 69,5 mm. Elle pèse 117 g. La plaque, scutiforme, porte en son centre un grand entrelacs quadrilobé et hachuré d’où rayonnent huit bandes également hachurées. Le contour de la plaque est pourvu d’un ruban interrompu par six des huit bandes hachurées ; il est décoré d’une succession de motifs géométriques : marches d’escalier et zigzags sur le bord arrondi, quatre-feuilles et rectangles sur le bord droit. Les trois bossettes décoratives, disposées en triangle sur la plaque et fixées à celle-ci par des petits rivets, ont aujourd’hui disparu. Au revers de la plaque sont soudées trois languettes percées qui assurent la fixation au cuir de la ceinture. Sur le bord droit, deux tenons percés, traversés à l’origine par un axe probablement en fer, permettent la jonction à la boucle.

125La boucle, ovale, porte un large ruban décoré de nids d’abeille pointés suivi, sur le bord extérieur, d’une ligne de chevrons. Le ruban et la ligne de chevrons sont interrompus par deux bourrelets transversaux disposés de part et d’autre du repos de l’ardillon. Deux tenons percés permettent l’articulation avec la plaque.

126La base de l’ardillon, scutiforme, est gravée d’un masque humain très stylisé entouré presque entièrement par une bande hachurée suivie d’un ruban décoré de nids d’abeille pointés. Au revers de la base de l’ardillon est soudée une languette percée pour la fixation à la plaque et à la boucle.

127Les plaques-boucles à plaque scutiforme – qui entrent également dans une appellation plus large de “plaques circulaires” – sont généralement datées du dernier tiers du vie s. au milieu du viie s. D’après Claude Lorren, “les plaques-boucles rondes semblent plus spécialement répandues en domaine franc, dans la France du nord et la vallée du Rhin” (Lorren 2001 : 216).

128La seconde plaque-boucle est inventoriée HG 978.024.0001. Elle a été découverte en 1966 à l’intérieur d’un sarcophage mis au jour sur la propriété de M. Robin, au lieu-dit “Le Clos” (cadastré AK 178) au nord-ouest du hameau de Mougon (Philippon, Rivière et Monneteau 1966 : 365). Elle est longue de 166 mm, large de 60 mm. et pèse 192 g. La plaque, trapézoïdale, est presque entièrement recouverte d’un décor natté dont les brins sont pourvus d’une ligne pointillée. La base de la plaque ainsi que le décrochement correspondant au repos de l’ardillon sont soulignés d’une frise de hachures en échelle. Trois bossettes décoratives sont disposées en triangle sur la plaque ; l’une d’entre elles a conservé partiellement une calotte d’argent et une collerette hachurée.

129La boucle, ovale, est décorée de frises de nids d’abeilles alternant avec des frises de hachures ; ces frises s’interrompent au droit du repos du dard de l’ardillon. Le décor de l’ardillon scutiforme a presque entièrement disparu ; seule subsiste une petite bande à hachures en échelle sur le bouclier.

130Une plaque-boucle très semblable, mais décorée de cinq bossettes, provient du quartier de Saint-Germain-des-Prés (cimetière Saint-Vincent, rue Gozlin, Paris) ; elle est datée de la seconde moitié du viie s., voire de la fin de ce siècle ou du début du suivant (Philippon, Rivière et Monneteau 1966 : 372 ; Périn 1985 : 394). La pièce de Mougon est sans doute à placer dans la même chronologie. Ce type de plaque-boucle est considéré comme classique dans la région parisienne et en Normandie (Philippon, Rivière et Monneteau 1966 : 372).

4.5.3. Les sarcophages de Mougon (D. Morleghem)

131Trente-six sarcophages ont pu faire l’objet d’une fiche d’enregistrement. Ils sont inégalement renseignés : pour certains seul le type général est connu, pour d’autres toutes les dimensions le sont, et pour d’autres encore on connaît le matériau par exemple. La qualité des informations est également variable, suivant la date de l’opération, le contexte de la fouille et les auteurs.

– Caractéristiques des sarcophages

132Une unique cuve correspond au remploi de deux éléments architecturaux antiques (blocs de grand appareil). L’immense majorité des cuves du corpus correspond au type le plus simple des cuves monolithes trapézoïdales à chevet plat sans aménagement interne. Quatre cuves présentent un aménagement céphalique : trois sont à chevet plat et la dernière à quatre pans. Deux cuves sans aménagement interne présentent un chevet à trois pans.

133Les couvercles sont moins nombreux. Un est à dessus plat. Trois exemples en bâtière plus ou moins prononcée ont également été retrouvés, dont l’un, fouillé par Ch. Lelong, présente un décor de triple traverse à ciselure périphérique (Lelong 1975). Le couvercle “bombé” mentionné en 1912 doit sans doute correspondre à un exemplaire du même type, en bâtière légère et à l’arête peut-être émoussée. En 2017, un fragment de couvercle qui appartient au type de couvercle à dessus et dessous plats, correspond à la partie inférieure de la moitié de tête d’un couvercle bipartite (Salé 2017). Il est orné d’un probable décor à traverses et de stries obliques alternées couvrant les intervalles et la bande longitudinale. Le chant gauche du bloc présente également des chevrons, contrairement au chant droit.

134Les cuves, comme les couvercles, sont le plus souvent asymétriques. Ils présentent en général deux angles droits soit à gauche soit à droite. Quatre des cuves fouillées par Ch. Lelong présentent un aménagement céphalique. Il s’agit dans trois cas de banquettes latérales en quart de cercle de 8 cm à 15 cm d’épaisseur. La dernière cuve présente un couvercle en faible bâtière orné d’une triple traverse et possède une encoche en Ω de 22 cm de diamètre et de moins de 4 cm d’épaisseur.

135Les blocs sont de facture variable, même si les données sur ce point sont peu nombreuses. Le fond de la petite cuve mis au jour par S. Raudin est de facture assez simple pour le peu qui en est visible, avec une taille d’équarrissage au marteau taillant (Raudin 2011). Les auteurs de la fouille de 1966 remarquaient que les cuves présentaient une “finition intérieure en chevrons incisés et un simple équarrissage à l’extérieur” (Philippon, Rivière et Monneteau 1966). Il ne s’agit toutefois pas d’un traitement esthétique de l’intérieur, mais du résultat fréquemment observé d’une taille au pic fin de l’intérieur (qu’il s’agisse du résultat de l’évidement ou d’une reprise de taille), tandis que l’extérieur est laissé brut de carrière, son état général ne nécessitant pas forcément une reprise de taille plus fine. Enfin, les relevés effectués par Ch. Lelong montrent des cuves avec plusieurs registres de stries obliques alternées d’un rang sur l’autre (Lelong 1975). Les photographies prises durant la fouille permettent de trancher entre une simple taille fine (qui peut être de bonne qualité) et une volonté ornementale. Dans le cas du sarcophage S. 5 (cuve à encoche en oméga et couvercle orné d’une triple traverse), la régularité des registres, l’inclinaison des stries et leur taille suggèrent une véritable volonté décorative.

136Peu de couvercles ayant été mis au jour à Mougon, ce sont principalement les cuves qui permettent d’appréhender les caractéristiques morphologiques des sarcophages utilisés.

137Leur longueur varie de 180 cm à 216 cm, avec seulement deux exemplaires de plus petite taille (117 cm et 150 cm). La largeur à la tête varie de 49 cm à 74 cm, indépendamment de la longueur du bloc. La largeur au pied est quant à elle comprise entre 26 cm et 50 cm, encore une fois sans corrélation avec les autres dimensions du bloc.

138Les cuves du corpus présentent une trapézoïdalité assez prononcée, avec des indices morphologiques compris entre 0,45 et 0,73, la valeur moyenne étant située autour de 0,6. Ainsi, pour une largeur à la tête de 65 cm le pied mesure 37 cm, et pour une largeur à la tête de 50 cm celle du pied est d’environ 27 cm. Dans les cas où la hauteur est connue (sondage Lelong), on peut observer un surbaissement d’une douzaine de centimètres entre la tête et le pied du bloc.

– L’origine des sarcophages

139Trente cuves et couvercles ayant fait l’objet d’une fiche d’enregistrement ont été échantillonnés en vue d’une étude pétrographique ; cinq autres blocs moins bien conservés l’ont également été.

140Deux matériaux principaux ont été observés, qui présentent plusieurs faciès et parfois plusieurs origines. Il y a d’une part les tuffeaux blancs qui affleurent dans toutes les vallées de la Touraine, de l’Anjou et du Blésois. Aucun site de fabrication de sarcophages implanté dans cette formation géologique n’est connu dans la région. On trouve d’autre part des tuffeaux jaunes, un calcaire sablo-coquillier qui ici est représenté par une dizaine de faciès. Deux centres de production, situés à quelques kilomètres seulement de Mougon, se rapportent à cette formation : à Panzoult dans la vallée de la Vienne, ainsi qu’à Saint-Épain et Sainte-Maure-de-Touraine, dans les vallées de la Manse et de Courtineau. Ces observations correspondent à celles déjà formulées depuis le début du xxe s. Les cinq échantillons prélevés sur des cuves au type non défini proviennent pour quatre d’entre eux du site de Panzoult, tandis que le dernier, qui correspond également à un tuffeau jaune, n’a pu être rattaché à aucun site avec certitude.

141Les cuves se répartissent comme suit :

  • une cuve bipartite en remploi est en tuffeau blanc ;

  • parmi les cuves monolithes sans aménagement interne, quatre sont en tuffeau blanc, deux proviennent de Saint-Épain, quinze de Panzoult et sept autres sont en tuffeau jaune sans site de rattachement certain ;

  • une cuve à chevet à trois pans est également en tuffeau jaune.

142Le couvercle prélevé en 2011 est en tuffeau jaune, sans plus de précision sur le site d’origine, alors que celui découvert en 2017 est un tuffeau jaune de Touraine provenant certainement des carrières des vallées de la Manse et du Courtineau. La plupart des échantillons provenant des opérations de 2011, il n’est guère possible de dire si cette répartition des matériaux est véritablement représentative de l’ensemble de la nécropole.

– Proposition d’une chronologie (M. Gaultier et D. Morleghem)

143La chronologie du site est encore délicate à appréhender, les deux plaques-boucles constituant le seul mobilier daté avec fiabilité, mais l’étude menée sur la typologie et la chronologie des sarcophages permet de revoir et d’affiner leur datation. Bien qu’isolée, la cuve du sarcophage S0101 trouvée à proximité de l’église Saint-Pierre atteste le remploi d’éléments antiques, une pratique qui a cours durant l’Antiquité tardive et dans certaines régions jusqu’au milieu du vie s. Cet élément milite en faveur d’une origine assez haute des premières inhumations, peut-être contemporaines de la fondation de l’église.

144Trois couvercles en bâtière peu prononcée sont localisés dans et autour de l’église, et un seul à dessus plat est situé en périphérie. Cela n’est sans doute pas représentatif de l’ensemble de la nécropole. En Touraine, les formes en bâtière sont en général attribuées au début de la période mérovingienne, le profil des blocs ayant ensuite tendance à s’aplanir et réduire en épaisseur. On notera que certains sarcophages à couvercle en bâtière présentent une cuve à aménagement céphalique ; dans ces quelques cas, les deux blocs ont indiscutablement été fabriqués en même temps. Les encoches céphaliques ne sont d’ailleurs pas si tardives qu’on l’a longtemps cru. Les premiers exemplaires apparaissent dès le début du vie s. et leur nombre croît au tournant du viie s. Les formes en oméga, réputées carolingiennes, sont déjà connues au viie s., comme l’attestent plusieurs exemplaires retrouvés à Antigny (Vienne), dont les couvercles associés ont pu être datés stylistiquement de la fin du vie s. à la fin du viie s. (Coppola et Flammin 1997) Le couvercle décoré de 2017 est daté du vie s. et éventuellement du début du viie s.

145En l’état actuel des connaissances de la nécropole dans son ensemble et des sarcophages en particulier, une attribution du site à la période du ve s. au viiie s. peut être envisagée.

146Les traces d’occupation alto-médiévales sont ténues à Mougon. La nature et le statut de la nécropole peuvent être questionnés, en particulier sur le fait qu’il puisse s’agir d’une nécropole rurale associée à une église, dont le recrutement correspondrait à un ensemble de pôles d’habitats proches ou connectés les uns aux autres (appartenant à une même viguerie par exemple). Si l’hypothèse d’une datation haute peut-être retenue pour la nécropole de Mougon, la diminution progressive des inhumations à partir du viiie s. et jusqu’au Bas-Moyen Âge, peut s’expliquer par la diminution du nombre d’habitant, mais également par le développement des inhumations dans le bourg de Crouzilles, où les premières sépultures semblent attribuées au viiie s. Ce schéma est également supposé à Noyant-de-Touraine pour la nécropole de plein champ tardo-antique et du début du haut Moyen Âge du Bois du Marais au profit du cimetière attenant à l’église du bourg (Blanchard et Gombeau 1996).

4.5.4. Topographie de l’espace funéraire du bas Moyen Âge et de l’époque moderne (M. Gaultier et F. Yvernault)

147L’ampleur du cimetière au haut Moyen Âge contraste avec la modestie de la paroisse à l’époque moderne. L’occupation funéraire perdure très certainement à Mougon sans discontinuité à l’époque médiévale et moderne même si à l’heure actuelle nous disposons de peu d’évidences archéologiques de cette continuité. Le seul indice dans ce sens réside dans la description faite par H. Auvray des résultats de ses fouilles en 1936 (Auvray 1936) : l’étagement de trois niveaux de tombes, des tombes en pleine terre ou en cercueil surplombant deux étages de sarcophages, le dernier niveau de sépultures pouvant correspondre au cimetière médiéval et moderne. Ch. Lelong n’a observé, ni étagement de trois niveaux de sépultures, ni tombes en pleine terre ou en cercueil en 1975, mais il a placé son sondage au même endroit que l’un de ceux du baron Auvray en son temps.

  • 12 Réduction progressive de la surface du cimetière, apparition progressive d’éléments de délimitation (...)

148L’extension du cimetière médiéval et moderne n’est pas connue. Si l’on se réfère aux schémas d’évolution topographique classiquement retenus pour l’époque médiévale et moderne12, l’emprise funéraire médiévale devait être beaucoup plus vaste que celle, contemporaine, définie en 1755 (cf. ci-dessous). Centrée autour de l’église (Fig. 46), elle pouvait englober le périmètre de 1755 et, mais cela nous semble moins probable, également s’étendre vers le nord (les éléments de preuves actuellement en notre possession restent minces puisque cela ne repose que sur la découverte de quelques esquilles osseuses dans les labours au moment des prospections de 2002-2003 (Moreau 2008 : 276). Quant à l’extension funéraire de l’époque moderne, probablement plus resserrée que celle de l’époque médiévale, on peut proposer à titre d’hypothèse qu’elle se développait autour de l’église et pouvait s’étendre vers sur le sud, englobant le périmètre défini en 1755.

149Les mentions topographiques du cimetière dans les sources écrites apportent peu d’éléments. Les comptes de fabrique de Mougon, conservés pour la fin du xvie s. et la première moitié du xviie s. indiquent des travaux au cimetière, en 1604, 1605, 1609 (ADIL G791). à chaque fois, il s’agit pour un ouvrier, de bêcher aux pieds des murs du cimetière pour la somme de 18 sols, indiquant probablement plusieurs jours de travail.

150La présence d’un cimetière entourant l’église est attestée jusqu’à son interdiction en 1755, en raison de sa proximité de l’église. L’archevêque ordonne alors la construction d’un nouveau cimetière, “labbé Rigault vicquaire general de monsseigneur larchevesque de Tours faisant la visite des églises et simetiere de cette paroisse voyant que le cimetiere estoit trop proche de leglise et qu’il obstacloit la sortie dicelle M. de Lacroix interdit qua ce moyen estant necessaire pour l’utillité du publique et l’innumation des corps morts den construire un autre” (ADIL G791). Les habitants préconisent alors un petit jardin appartenant à la cure, le long du chemin de Paviers à la Vienne, c’est-à-dire rue de l’Ancienne Église, en face de l’édifice, “ledit sieur curé avoit dependant de ladite cure un petit jardin renfermé de murs situé sur le chemin qui va de Paviers a la riviere joignant dune part audit chemin dautre a Jean Boissé et dautre a Louis Guichard la ruette entre deux et dautre a la veuve de Chezelle contenant environ une boisselee […] pour en faire leur simetière” (ADIL G791). Cette parcelle, de taille très modeste, correspond au no 87 du cadastre ancien et au cimetière actuel (Fig. 10). Contrairement aux préconisations hygiénistes du xviiie s., le cimetière reste au centre du bourg.

  • 13 Déclaration royale du 10 mars 1776. “Nulle personne ecclésiastique ou laïque […] à l’exception des (...)

151Le cimetière de Mougon est probablement en mauvais état au milieu du xviiie s., car l’interdiction intervient nettement avant la déclaration royale de 1776, qui modifie la police des inhumations et ordonne l’agrandissement des cimetières trop exigus, ainsi que leur installation à l’extérieur des agglomérations en cas de problèmes de pollution13 (Joly 1987 : 239). Cependant, aucune source ne semble conservée du transfert du cimetière paroissial de Mougon après son interdiction. Les registres de sépultures, dépouillés à partir de 1755, n’indiquent pas la présence d’un nouveau cimetière. La comparaison avec d’autres sites d’Indre-et-Loire indique la coexistence possible de plusieurs cimetières durant la période moderne, l’un situé autour de l’église et un second, souvent qualifié de “grand”, pouvant être relativement éloigné. Ainsi, c’est le cas à Joué-lès-Tours, à Tauxigny, à Villedômer et à Esvres (ADIL G987, G802, Salé 2010 : 10). La présence d’espaces funéraires différents pourrait s’expliquer par la partition et la rétraction d’une vaste aire funéraire durant le Moyen Âge.

4.5.5. Les inhumations pratiquées dans le cimetière et l’église d’après les registres paroissiaux (F. Yvernault)

152Les registres paroissiaux répertorient 112 inhumations entre 1648 et 1678 et 133 entre 1755 et 1792, réparties entre le cimetière et l’église. Aucun secteur réservé aux enfants n’est décrit. Ces derniers sont inhumés au cimetière, quel que soit leur âge. Sur les 30 ans de registres dépouillés pour le xviie s., le cimetière est le lieu de sépulture dans 88 % des cas, seules 2 % des sépultures n’étant pas localisées. Durant la seconde moitié du xviiie s., 73 % des défunts sont inhumés au cimetière, mais 24 % des sépultures ne sont pas localisées dans les registres.

153L’église constitue un lieu d’inhumation de manière marginale. Entre 1648 et 1678, 11 sépultures sur 112 sont pratiquées à l’intérieur (environ 10 %). La plupart des inhumations dans l’église ont lieu entre 1648 et 1662, date à laquelle le phénomène décroît fortement. La proportion de défunts inhumés dans l’édifice semble conforme à d’autres villages de Touraine ; ainsi à Joué-lès-Tours, les sépultures dans l’église représentent 7 % du total des inhumations aux xviie et xviiie s. (Papin et al. 2013 vol. 1 : 223). La pratique de l’inhumation dans les églises atteint son maximum au xviie s., où elle concerne toutes les catégories sociales, bien que les classes aisées restent majoritaires (Prigent et Hunot 1996 : 96).

154Les 11 inhumations pratiquées dans l’église de 1648 à 1678 sont toutes des adultes, hormis un enfant de un an, issu de la noblesse et placé en nourrice à Mougon. Les autres personnes sont âgées de 50 ans ou plus. L’âge du curé de Mougon, François Robin, inhumé en 1677, n’est pas indiqué, cependant, il officie depuis au moins 1648, et peut donc probablement, être relié à la classe d’âge des plus de 50 ans. La localisation des sépultures à l’intérieur de l’église est précisée dans trois cas pour des notables : le seigneur de Paviers, enterré dans le chœur en 1660, le fils de “M. de la Roche Godru”, âgé d’un an et le curé de Mougon, inhumés devant l’autel ou la chapelle de la Vierge.

155La diminution du nombre des sépultures dans l’église, observée à la fin du xviie s. se confirme pour la période allant de 1755 à 1792, où seules trois inhumations sur 133 sont répertoriées en 1767, 1771 et 1774. Il s’agit adultes de plus de 50 ans, plutôt de condition modeste ou moyenne : une femme sans profession indiquée, un domestique et un pêcheur. La faiblesse de ce chiffre s’explique par le contexte historique et un problème dans la tenue des registres : tout d’abord, les inhumations dans les églises sont interdites à partir de 1776, hormis celles de l’archevêque, de l’évêque ou du curé (Prigent et Hunot 1996 : 128). De plus, le lieu d’inhumation n’est quasiment pas renseigné par les registres jusqu’en 1771. Enfin, ce faible nombre est comparable au phénomène observé à Joué-lès-Tours, où la période s’étendant de 1741 à 1776 recense le plus faible nombre d’inhumations dans l’église (Papin et al. 2013 vol. 2 : 112).

4.6. Le bâti civil (É. Marot, F. Yvernault)

4.6.1. Le bâti civil en élévation du bourg

156L’inventaire du bâti civil de Mougon a été mené dans le cadre du PCR pour estimer le potentiel architectural du bourg, établir des propositions de datation et orienter de futures recherches. Ce travail a été réalisé en 2014 puis 2017 par Anaïs Casaubon et Émeline Marot, comprenant des prospections et visites, une couverture photographique, la création d’une base de données et un traitement cartographique des données. Ces prospections se sont limitées pour l’essentiel à des observations extérieures des bâtiments depuis la voie publique, seuls trois édifices ayant pu être visités (parcelles 90, 124, 134). La précision et la pertinence des données recueillies dépendent donc en grande partie de la visibilité des bâtiments et de leur état de conservation (restaurations, présence d’enduit couvrant, etc.). Le bourg de Mougon comprend actuellement une centaine de bâtiments et appentis répartis sur cent parcelles, dont la plupart ont pu être traités. Les bâtiments antérieurs au milieu du xxe s. ont fait l’objet d’une description intégrée à une base de données.

– Caractéristiques architecturales

157L’étude du bâti antérieur au xxe s. a permis d’identifier des formes architecturales spécifiques, de dégager des tendances constructives et de proposer une chronologie des maisons.

- Les matériaux de construction

158Les matériaux de construction utilisés révèlent des pratiques constructives spécifiques. La construction la plus ancienne, l’église, présente des techniques très différentes en fonction des périodes (petit appareil, moyen appareil de calcaire jaune, grand appareil de calcaire blanc, moellons). L’habitat présente lui aussi des choix de matériaux divers qui sont liés à la fois au type et à la date de construction.

159La pierre utilisée est essentiellement le calcaire jaune ou blanc, sous forme de moellons ou de pierres de taille. Certains bâtiments comportent en outre de nombreux remplois de cuves et de couvercles de sarcophages, réalisés notamment en calcaire coquillier (parcelle 124). Les terres cuites architecturales sont utilisées ponctuellement pour les maçonneries (parcelles 124, 141), tandis que les couvertures sont en tuiles plates ou en ardoises, qui sont parfois associées dans une même toiture (parcelles 135, 160).

160La plupart des maçonneries sont construites en moellons de modules différents, qui peuvent former un appareil irrégulier ou un appareil réglé dont les hauteurs d’assises varient fortement. La pierre de taille est utilisée majoritairement pour les chaînages d’angles et l’encadrement des ouvertures (portes, fenêtres, lucarnes). Dans certains cas, elle est utilisée de façon plus systématique, pour une façade (parcelle 134-135), un portail (parcelle 124) ou pour une tourelle d’escalier (parcelle 131). Le bois est parfois utilisé pour former les linteaux de portes et de fenêtres.

161La pierre de taille utilisée pour des parements complets correspond à des constructions médiévales (église), ou des xve-xvie s. (tourelle d’escalier), puis caractérisent plutôt le xviiie s. Elle n’est toutefois pas utilisée pour toutes les constructions de ces périodes et témoigne plutôt d’une certaine richesse. Des maisons du xve s. des environs sont par exemple construites essentiellement en moellons, mais avec des linteaux en pierre de taille pour les ouvertures (Inventaire, Avon-les-Roches, IA37000409).

162La majorité des bâtiments de Mougon sont construits en moellons et pierre de taille pour les angles et les ouvertures mais il existe des variations : certains comportent des pignons découverts couronnés de pierre de taille, tandis que d’autres ont des pignons couverts faits de moellons. Les premiers sont tous des logis, tandis que les seconds correspondent à des annexes ou à des logis. L’utilisation des matériaux témoigne donc en partie de choix liés à la fonction des édifices, combinés à des changements constructifs dans le temps.

163Notons que la technique de construction dominante, en moellons de calcaire, rend très difficile le repérage des parties restaurées, ce qui peut compliquer l’analyse, de même que la présence d’enduits et de crépis couvrant les maçonneries.

- Les pignons découverts à crossettes

164Plusieurs édifices comportent des pignons découverts à crossettes, dont les rampants sont construits en pierre de taille au-dessus de murs de moellons (Fig. 48 a-c). Cette forme est généralement caractéristique des xive-xve s. mais est parfois utilisée au cours des siècles suivants. à Mougon et dans les alentours, ce type de pignon semble toutefois utilisé sur une longue période, jusqu’aux xviie-xviiie s.

Fig. 48 - Photographies du bâti de Mougon.

Fig. 48 - Photographies du bâti de Mougon.

É. Marot, UMR 7324 CITERES-LAT

165Les études réalisées par le service de l’Inventaire dans cette zone géographique révèlent l’existence de maisons à pignons découverts datés des xvie-xviie s. (Maugonne à Crissay-sur-Manse), mais également de la seconde moitié du xviie s. ou du début du xviiie s. (La Fourqueterie à Avon-les Roches, Le Pont à Parçay-sur-Vienne, où un logis porte la date de 1729).

166Au 41, rue Rabelais à Crouzilles, proche de Mougon, le bâtiment d’habitation comporte un pignon découvert à crossettes. La construction associe moellons et pierre de taille pour les rampants, les chaînages d’angles mais également toute la façade principale, qui comporte une corniche moulurée et des ouvertures couvertes de plates-bandes clavées sur deux niveaux. La cohérence des assises ne fait pas de doute entre la façade et le pignon, ce qui impose de dater l’ensemble des xviie-xviiie s.

167Par ailleurs, un des bâtiments n’apparaissant pas sur le cadastre de 1832 comporte des pignons découverts (parcelle 85). Il est difficile de déterminer si les constructeurs, aux xixe ou xxe s., ont choisi d’adopter cette forme archaïque de pignon ou si l’absence de l’édifice sur le cadastre ancien résulte d’une erreur.

168Il est possible qu’une partie des constructions à pignons découverts de Mougon soient antérieures au xviie s., ou que leur datation tardive repose sur des ouvertures transformées dans une seconde phase de construction. En l’absence de visites intérieures, la plupart des datations restent imprécises, mais l’étude des lucarnes apporte quelques précisions.

- Les lucarnes

169Les lucarnes sont nombreuses mais une forme domine : la lucarne à fronton-pignon à crossettes construite en pierre de taille avec un linteau de bois (parcelles 90, 125, 135, 140, 143, 145, 151, Fig. 48 d-f). Ces lucarnes sont situées en façade, interrompent l’avant-toit ou la corniche et leurs dimensions indiquent qu’il s’agit de portes à l’origine, dont certaines ont conservé leur fonction (parcelles 130, 138, 145). Le linteau de bois est parfois remplacé par un linteau de pierre délardé (parcelle 90) et le pignon de la lucarne peut être couvert (parcelle 138). Ces lucarnes ont de nombreux éléments de comparaison dans les environs, repérés par le service de l’inventaire, qui date les bâtiments correspondant des xviie s. ou xviiie s. (Avon-les-Roches : Lallay IA37000405, Puy-Chauveau, Fourquetterie IA37000406 ; Crouzilles IA37000531 ; Parçay-sur-Vienne IA37000324). L’association de ces lucarnes avec des maisons à pignons découverts n’est pas systématique, mais les formes très similaires pourraient indiquer une datation comparable.

170D’autres types de lucarnes, plus petites et situées sur le versant, sont plutôt caractéristiques du xixe s. : lucarnes en croupe (parcelle 135) ou lucarne à fronton triangulaire (parcelle 85). D’autres ont été fortement restaurées, comme les lucarnes à ailerons du logis de la parcelle 124, qui résultent d’une restitution des ouvertures à partir d’un piédroit sculpté de volutes découvert sur place.

- Les portails

171Quelques portails en pierre de taille sont conservés. Celui de la parcelle 124 comporte une porte cochère et une porte piétonne couvertes d’arcs légèrement déprimés ou surbaissés à clé pendante, claveaux appareillés en crossettes en escalier et sommiers en saillie (Fig. 48 g). Côté intérieur, le portail principal est couvert d’un linteau de bois, tandis que la porte piétonne est couverte d’une plate-bande clavée délardée d’un arc surbaissé. La date portée de 1779 permet de corriger ou préciser la datation proposée par le service de l’inventaire pour deux portails très similaires situés dans les fermes du Ponceau et du Puits Galant à Crouzilles (IA37000333, IA37000433).

172La porte donnant accès à la parcelle de la chapelle funéraire a probablement été posée en même temps que les maçonneries, en 1833, puisqu’elle présente les mêmes motifs de décor à l’antique (fronton triangulaire, antéfixes ; parcelle 127).

– La chronologie proposée

173L’étude du bâti de Mougon permet de proposer cinq grandes phases de construction pour l’habitat (Fig. 49).

Fig. 49 - Proposition de datation du bâti actuel de Mougon.

Fig. 49 - Proposition de datation du bâti actuel de Mougon.

É. Marot,UMR 7324 CITERES-LAT

- Le bâti du xvie s.

174Le bâti du xvie s. est représenté par un seul édifice, la tourelle d’escalier de la parcelle 131 (Fig. 48 h). Cette structure polygonale devait desservir l’étage d’un logis qui a aujourd’hui disparu, puisque la maison accolée ne comporte qu’un rez-de-chaussée et semble relativement récent, les enduits couvrants empêchant de proposer une datation précise. L’élévation de la tourelle, construite en blocs de grand appareil de calcaire jaune, est rythmée par deux cordons et une corniche moulurés et est accessible par une porte couverte d’un arc surbaissé à clé en agrafe. Le premier étage est éclairé par une fenêtre moulurée à culots sculptés zoomorphes. La datation du xvie s. a été proposée par C. et B. Toulier (Vallée et Toulier 1976 :49).

175Il serait nécessaire de réaliser des observations dans les maisons pour vérifier si des éléments intérieurs permettraient d’identifier des constructions médiévales, comme des cheminées. Quelques exemples repérés par le service de l’Inventaire à Crouzilles montrent que les façades peuvent être remaniées, masquant des cheminées ou planchers plus anciens (cheminée xve s. à Mannes, IA37000403 ou deuxième moitié du xvie s. à Villiers, IA37000532).

- Le bâti des xviie-xviiie s. (et avant ?)

176Une part importante des constructions semble pouvoir être attribué du xviie s. au début du xviiie s. avec quelques incertitudes. Les techniques et les formes du bâti sont semblables à celles des communes voisines. Les caractéristiques principales sont la présence de lucarnes, et de pignons découverts à crossettes, qui témoignent d’une architecture soignée mais ne permettent pas en l’état des recherches de préciser la datation des édifices. Un sous-groupe a été formé pour indiquer le bâti comportant à la fois des pignons découverts et des lucarnes à fronton-pignon (Fig. 48 b-c). Ces deux éléments sont a priori datés des xviie-xviiie s., mais en l’absence de visites intérieures des maisons, il est difficile d’écarter la possibilité d’un bâti plus ancien dans certains cas, lorsque les édifices ont été remaniés.

- Le bâti des xviiie-xixe s.

177Les xviiie et xixe s. sont également bien représentés, avec de fortes disparités de techniques entre les logis, qui comportent des chaînages d’angle et des ouvertures en pierre de taille, et les annexes, construites en moellons avec des linteaux en bois pour les ouvertures dans certains cas.

178L’exemple du logis de la parcelle 124, qui a pu être visité, fournit des informations précises sur un édifice dont la date de construction est connue : il correspond au presbytère édifié en 1756 (Fig. 48 a). Précisons que la visite a été partielle et que les élévations ont été très restaurées. Ce bâtiment comporte des pignons découverts à crossette, ce qui inciterait à le dater de la période précédente, mais les lucarnes sont des reconstructions. La cave, d’une surface identique à celle de la maison, est couverte par un plafond supporté par des arcs diaphragmes à voussoirs passants un sur deux. Les maçonneries de la cave sont très homogènes et la position des arcs correspond à celle des murs des niveaux supérieurs : il faut donc en conclure que l’édifice a été construit en grande partie en une seule phase. à l’angle sud-est, une maçonnerie prolonge le mur gouttereau pour rejoindre l’angle de l’église. Il s’agit probablement d’un mur de clôture qui était couronné d’une corniche moulurée partiellement conservée. Ces quelques observations n’ont pas permis de déterminer s’il reste dans la parcelle des traces de l’ancien presbytère, que ce bâtiment a remplacé (Salé, Bet et Moreau 2016 : 64).

- Le bâti du xixe s. postérieur au cadastre de 1832

179Le cadastre fournit des indications précieuses pour confirmer la datation de certains bâtiments, qui n’apparaissent pas sur le plan. Quelques édifices posent toutefois problème, leur technique de construction et leurs formes incitant à les dater avant le début du xixe s. (parcelles 85, 138). De nombreuses annexes, construites de façon très simple, sont difficiles à dater. Les appentis des parcelles 177-180 sont ainsi attribués à cette période, mais il est possible que cette technique de construction ait perduré jusqu’au début du xxs. D’autres édifices sont toutefois bien datés, comme la chapelle funéraire près de l’église.

- Le bâti xxe-xxie s.

180Un seul édifice, construit en partie en brique, peut être attribué au début du xxe s. ou à la fin du xixe s. (parcelle 141). Le bâti le plus récent est localisé en périphérie, à l’est et à l’ouest, dans la rue du Port et la rue des Poteries.

éléments de synthèse

181Cet inventaire a permis d’identifier les caractéristiques architecturales du bâti de Mougon, et de proposer un phasage général, qui comporte des incertitudes étant donné le caractère incomplet des observations, qui ont souvent été limitées à l’extérieur des édifices.

182Le bâti actuel de Mougon témoigne d’une occupation médiévale très lacunaire (église et logis à tourelle d’escalier), tandis que les xviie-xviiie s. semblent correspondre à une phase de construction importante pour le bourg, qui s’est peut-être redéveloppé à cette période. Les constructions ultérieures sont réparties dans le temps et dans l’espace, le village se développant continuellement, comme le montrent les constructions très récentes.

4.6.2. L’évocation du bâti dans les archives

183En 1622, Mougon est indiqué comme un bourg dans les comptes de la fabrique, mais, en général, le lieu n’est pas qualifié par les textes (ADIL G791). Sur la carte de Cassini, Mougon porte les sigles correspondant à un hameau et une paroisse. Le cadastre ancien indique une agglomération qui se concentre sur 5 à 6 ha, dont l’habitat est réparti le long des rues principales (Fig. 50 ; Moreau 2008 : 248). Les textes n’évoquent le bâti dans le bourg de Mougon que de manière ponctuelle. Plusieurs registres de la série 2C, bureau de L’Île-Bouchard, qui établissent des listes de transaction mobilières ou immobilières au xviiie s., ont été dépouillés mais indiquent des propriétés situées dans le territoire rural de la paroisse, les bâtiments dans le bourg restant peu nombreux.

Fig. 50 - Détail du cadastre de 1832, planche E du bourg.

Fig. 50 - Détail du cadastre de 1832, planche E du bourg.

ADIL 6NUM10/093/012

184Au xviie s., la présence de bâtiments, installés le long des rues, accompagnés de jardins et de bâtiments réservés aux animaux est attestée. L’aveu de 1642 indique deux voies dans le centre du bourg reliant l’église de Mougon à la rive de la Vienne (cf. supra), le long desquels se tient une maison couverte d’ardoise, ainsi que plusieurs bâtiments d’habitation, des jardins et des appentis pour les animaux, dans une pièce de terre accolée à la première maison, “dans laquelle sont basties plusieurs maisons et tez a bestes avecq les espaces et jardins”. Elles sont situées au nord de l’un des chemins “tendant de ladite église de Mougon audit port”, qui pourrait également désigner un prolongement vers l’ouest de la rue de l’Ancienne Église, actuellement disparu (ADIL C621, f°73). Les confronts cités sont des particuliers, indiquant probablement d’autres constructions le long de la rue de l’Ancienne Église.

185Au xviiie s. le bâti est attesté le long de la Vienne. Un procès-verbal de 1768 mentionne la présence de bâtiments fréquemment endommagés par les crues “ils ont vu sur le bou desdits quays nombre de maisons qui ont péry en partie par les débordements de laditte riviere” (ADIL G791). En 1768, il s’agit de trois bâtiments, emportés par une crue et de plusieurs autres constructions, également menacées, “et quils connoissent que les glaces de l’année dernière ont emporté trois maisons, de manière que si ledit quay n’est pas promptement refait que le surplus des autres maisons periront incessamment”.

186Hormis le presbytère de Mougon, les textes ne font pas état de chantiers de construction. Celui-ci est reconstruit ou rénové au milieu du xviiie s. Une annotation du curé Auger dans le registre paroissial de 1757 indique la présence d’un nouveau bâtiment, “Jay curé soussigné commence a batir le presbitaire de la cure de Mougon en lannée 1755 et aeste fini en 1756 sans rien avoir exigé des héritiers du defunct et des habitants ni du seigneur et des tenants biens se sont des propres deniers de ma légitime lancien presbytaire nestant composé dune seule chambre affreuze je supplie mon successeur de prier dieu pour moy et il se trouvera dans le cas de rien exiger de ma famille après mon décès Auger curé” (BMS 1757). Sur le cadastre ancien, le presbytère est un corps de logis accolé au nord de l’église (Fig. 50). Le curé fait donc construire un nouveau bâtiment, peut-être sur la même parcelle. Le précédent presbytère est beaucoup plus modeste, composé d’une pièce unique au rez-de-chaussée, surmonté d’un grenier, qui semble constituer un modèle de maison très répandu. Ainsi, une étude réalisée sur l’habitat dispersé de la Gâtine poitevine au xviiie s. montre que la grande majorité des bâtiments d’habitation des métairies se composent d’un rez-de-chaussée, souvent surmonté d’un grenier (Péret 2002 : 382). En 1789, le presbytère de Mougon fait partie des biens nationaux, où il est décrit comme “un logement composé de trois chambres cabinets greniers dessus cellier dessous une cuisine grenier dessus, une grange, un pressoir, un clos de vigne proche ladite cure” (ADIL 1Q65). Le nouveau presbytère est donc construit sur une cave, le rez-de-chaussée compte trois pièces et une cuisine, ainsi que d’autres petites pièces ou réduits appelés cabinets. Le comble est aménagé en grenier. L’habitat est associé à plusieurs bâtiments agricoles, comme une grange et un pressoir.

4.6.3. Les mentions de destruction du bâti

187Hormis les crues dévastatrices de la Vienne, il ne semble pas exister de mentions de destructions de bâtiments. Cependant, à L’Île-Bouchard, des destructions sont signalées en 1674, lors des guerres de Religion (ADIL G855). De même, les comptes de la fabrique de Mougon indiquent en 1590 la présence de bandes armées dans le secteur, susceptibles de porter atteinte aux bâtiments “attendu les troubles et guerres de les compaignes de dis armees qui journellement estoit” (ADIL G791).

188Les crues de la Vienne sont recensées de manière précise depuis 1740 ; une soixantaine de crues, moyennes ou graves sont répertoriées entre 1740 et 2003. Pour les périodes antérieures, les textes indiquent des crues violentes de manière ponctuelle. Ainsi celle de 1638 qui détruit les ponts de l’Île-Bouchard. Ils ne sont reconstruits que durant le xixe s. (Moreau 2008 : 70). En 1674, une crue de la Vienne est signalée à L’Île-Bouchard, causant des dégâts dans la paroisse Saint-Maurice, située sur la rive sud “la plus grande partie de la paroisse dudit saint maurice ruynée par les inondations de la riviere de Vienne, en sorte qu’il n’y reste plus que peu de paroissiens” (ADIL G855). Il paraît peu probable que la paroisse de Mougon n’ait pas été touchée par cette crue. De même, le procès-verbal de 1768 décrit les dégâts causés par les inondations à Mougon, où trois maisons ainsi que les quais ont été emportés par les eaux et endommagés par les glaces (ADIL G791).

4.6.4. L’habitat dispersé

189Paviers est un château des xve-xvie s., situé au nord du bourg de Mougon, qui comporte des vestiges de fortifications, comme les douves sèches, la porte et son pont-levis, flanquée d’une grosse tour cylindrique à mâchicoulis. En 1750, une chapelle est ajoutée à la façade sud. Ce château a été restauré de 1907 à 1912 (Couderc [dir.] 1987 ; Fiche Mérimée14).

190Le lieu-dit de la Croix Baston est mentionné en 1590 et figure sur la carte de Cassini comme un hameau. En 1622, il s’agit d’une “ferme et mestairie”, comportant 18 boisselées de terre cultivable, soit plus de deux hectares, situées le long du chemin de Mougon à Crissay (ADIL G791). Le toponyme est présent sur le cadastre ancien, mais aucun bâti n’est visible.

191Au lieu de “pilarin au dessus des garennes de Paviers” se trouve en 1599 un “commancement d’une maison” et une pièce de terre, situés le long du chemin de Mougon à Trogues, qui pourrait correspondre à Pulerin, au nord-est du bourg de Mougon sur le cadastre ancien (Fig. 10, ADIL H15). Aucun bâtiment, cependant, n’est visible sur la parcelle en 1832, le bâtiment n’ayant sans doute pas été achevé.

192En 1599, le chemin et la métairie de Mougon apparaissent dans les textes sans aucune description (ADIL G791). En 1610, une nouvelle mention indique une pièce de vignes dépendant de la métairie, située à l’ouest du bourg de Mougon, “[joignant au] chemin tendant de l’église de Crouzilles a mougon et dautre au cloux et vigne despendant de la mestairie de mougon”, mais n’apporte pas d’information sur le bâtiment lui-même (ADIL G791). Le toponyme, “la métairie” n’existe pas sur le cadastre napoléonien de Mougon, mais sur celui de Crouzilles, au nord-ouest du bourg (section B1 du bourg). La “métairie de Mougon” est de nouveau mentionnée en 1644 dans les confronts de la terre de “Nives”, située le long du chemin de Crouzilles à Mougon, “item une autre pièce de terre au lieu apelé Nives contenant un arpent ou environ joignant la terre de la mestairye de Mougon […] et au chemin tendant de Crouzille audit Mougon” (ADIL H15). Sur le cadastre napoléonien, le lieu-dit pourrait correspondre au “carroi de Nives”, à l’intersection des chemins de L’Île-Bouchard à Mougon, de Mougon à Crouzilles et du Port de Mougon à Crissay (Fig. 10). Cette mention et celle de 1610 semblent ainsi confirmer que la métairie de Mougon se tient au nord-ouest du bourg. La localisation du lieu de Nives est confirmée par d’autres actes du xviie s. (ADIL H15). Il est proche de la métairie de Mougon, qui serait donc un domaine différent du lieu-dit la Métairie, paroisse de Crouzilles. D’ailleurs, une mention au cours du même acte indique “la Grande Mestairie de Crouzille”, dont les terres, non loin du “Grand Chemin de L’Île Bouchard au bac de Grusteau”, semblent correspondre au cadastre napoléonien. La métairie de Mougon pourrait donc constituer un lieu-dit disparu, ou dont le nom a changé. Elle est, cependant, citée jusqu’en 1771, sur le territoire paroissial de Mougon (ADIL 74B1).

193En 1642, l’aveu et dénombrement de la seigneurie des Roches Tranchelion par le seigneur de Crouzilles, Avon et Mougon, indique une maison de maître ou un château au lieu du Coudraye, situé paroisse de Crouzilles et appartenant à Samuel Chézelle, écuyer (ADIL C621, f°7, f°50). Les bâtiments sont visibles sur le cadastre de 1832 au nord-est du bourg de Crouzilles, à la limite de l’ancien territoire communal de Mougon (Fig. 13). L’aveu de 1642 indique que le domaine du Coudraye est entouré d’un enclos fossoyé, disparu ou non représenté sur le cadastre ancien ; en effet, “seant aux fosses du couldray”, se tient un domaine plus modeste contenant “une maison terre et bois” et dont le terrain est traversé par le chemin du Port de Mougon à Grutteau (ADIL C621, f°47).

194La métairie de Villeneuve est mentionnée en 1642, dans les confronts de la maison du Coudraye, à proximité du chemin de la Roche Guenet, “joignant […] dautre part au chemin tendant de la mestairie de Villeneusve à la Roche Guenet” (ADIL C621, f°7). La ferme ou hameau de Villeneuve figure sur le cadastre ancien, sur le territoire communal de Mougon (Cadastre ancien, section D1 de Paviers).

4.7. Les données sociales d’après le dépouillement des registres paroissiaux (F. Yvernault)

195L’effectif de la population de la paroisse est peu important durant les xviie et xviiie s. Les registres paroissiaux indiquent moins de quatre décès par an en moyenne durant la seconde moitié du xviie s., pour moins de cinq baptêmes par an en moyenne. Pour la seconde moitié du xviiie s., trois décès pour cinq baptêmes sont enregistrés par an en moyenne. La population de Mougon est estimée à 21 feux en 1687, 33 en 1713 (Couderc [dir.] 1987 : 364). Les rôles d’imposition répertorient en 1787, 30 à 33 feux, soit 80 habitants environ (ADIL C744). La taille restreinte de l’église (89 m²), confirme la taille modeste de la paroisse. La séance de délibération du Conseil Municipal du 22 juin 1831, indique que l’église de Mougon peut contenir 130 personnes (Kersanté 2006 : 5).

196Les éléments relevés au cours du dépouillement des registres paroissiaux pour l’étude de la mortalité de la population sont la date, le nom et la filiation, l’âge, le lieu d’inhumation. Les défunts ont été classés en différentes classes d’âge : 0-1 an, 1-4 ans, 5-9 ans, 10-19 ans, 20-49 ans, 50 ans et plus, non renseigné, lorsque l’âge n’est pas précisé.

197La classe d’âge des 0-1 ans semble sous représentée dans les registres durant le xviie s. ; en effet, sur les 112 décès inscrits de 1648 à 1678, seuls 15 sont des enfants de un an ou moins, soit 13,3 % de la mortalité. Pour la seconde période, de 1754 à 1792, la classe d’âge des 0-1 an représente 22 % des inhumations répertoriées ; au xviiie s., la mortalité des enfants de un an et moins à Mougon est comparable à celle répertoriée dans d’autres sites de Touraine. Ainsi, à Joué-lès-Tours, la classe d’âge des 0-1 an représente 20 % du total des décès, si on exclut les enfants placés en nourrice dont la mortalité est nettement plus forte (Papin 2013 vol. 2 : 117). D’après Lachiver qui évoque l’ensemble de la France durant l’Ancien Régime, la mortalité des 0-1 ans est de 20 à 25 %, dans les périodes les plus favorables ; ils constituent donc la classe d’âge la plus touchée par la mortalité (Lachiver 1991 : 43). à Rigny-Ussé, en Indre-et-Loire, plus du quart des nouveau-nés meurent avant leur premier anniversaire (Thomas 1993 : 34). Les décès des 0-1 an recensés à Mougon au xviie s. sont donc nettement inférieurs aux données observées pour le reste de la Touraine. L’explication la plus probable est un défaut d’enregistrement des enfants en bas âge durant cette période, qui ne permet pas de conclure de manière certaine à l’absence d’un espace funéraire réservé aux tout-petits.

198La mortalité des autres classes d’âges d’immatures à Mougon correspond à différentes études sur la mortalité en Touraine. De 1648 à 1678, 14 % des inhumations concernent les enfants âgés de 1 à 4 ans, 12 % durant la seconde moitié du xviiie s. Les 5- 9 ans représentent 4 à 5 % des inhumations sur l’ensemble de la période. En effet, à partir de 5 ans, les enfants sont moins touchés par la mortalité. Concernant la classe d’âge suivante, 8 % des enfants sont décédés entre 10 et 19 ans au xviie s., pour 4,5 % au xviiie s. Les registres indiquent une surmortalité des 10-19 ans à Mougon entre 1648 et 1678, peut-être à rattacher à la crise de 1662. Il s’agit de l’une des crises de mortalité les plus graves du xviie s. pour la Touraine et l’Anjou, également appelée “crise de l’Avènement”, qui s’étend de 1660 à 1662, au début du règne de Louis XIV. Elle correspond à une crise de subsistance et de cherté du blé, mais aussi de contagion (Maillard 1989 : 82). à Mougon, il s’agit de la crise la plus importante de la période échantillonnée, avec 17 décès dans l’année, alors qu’ils oscillent de un à neuf par an. En 1662, la grande majorité des décès (14 d’entre eux) ont lieu durant l’été et l’automne. Un pic de mortalité durant l’automne évoque des maladies de type dysenterie ou typhoïde, liées à la pollution de l’eau, qui peuvent s’ajouter à une crise de subsistance et touchent en majorité les adultes et les enfants à partir de 5 ans (Lachiver 1991 : 260). Les classes d’âges les plus touchées à Mougon sont les 10-19 ans, qui passent à 23 % des décès recensés au lieu de 4 à 8 %, et les 20-49 ans, qui passent à 41 % des décès.

199La classe d’âge des 20-49 ans, à laquelle deux défunts, simplement identifiés comme des adultes ont été ajoutés, représente à Mougon 24 % des inhumations au xviie s. et 20 % durant la seconde moitié du xviiie s. à Joué-lès-Tours, les adultes de 20 à 49 ans oscillent entre 19 et 22 % du total des inhumations, ces chiffres restant des minima car l’âge d’un grand nombre d’individus est indéterminé (Papin et al. 2013 vol. 2 : 118).

200Dans la paroisse de Mougon, les inhumations de défunts âgés de 50 ans et plus varient entre 33 et 35 % des décès aux xviie et xviiie s. Par rapport à l’étude de la population du village de Joué-lès-Tours, où cette classe représente 17 % des inhumations, elle est surreprésentée ; cet élément semble confirmer l’hypothèse selon laquelle les registres paroissiaux de Mougon ne sont pas tenus de manière exhaustive pour les individus les plus jeunes (cf. supra).

4.8. Les activités économiques (F. Yvernault)

4.8.1. Les professions recensées dans les registres paroissiaux

201Au cours du dépouillement des registres paroissiaux, les noms de familles et les prénoms ont été recensés afin d’identifier les différentes professions sans risquer de compter plusieurs fois la même personne. La profession des défunts ou de leurs parents est indiquée dans moins de la moitié des cas, bien que la situation s’améliore durant le xviiis. Ensuite, les professions ont été réparties en différentes catégories sociales :

  • la catégorie “supérieure”, regroupant les nobles, les titulaires d’office, comme des procureurs, magistrats ou notaires, les religieux ;

  • la catégorie “moyenne +”, qui concerne les maîtres artisans, les marchands, les membres de l’armée, les titulaires d’un petit office tels les greffiers ;

  • la catégorie “moyenne”, comme les laboureurs, qui constituent les agriculteurs les plus aisés et sont souvent propriétaires d’une partie des terres qu’ils cultivent (Martiquet 1990 : 95) ;

    • 15 Les vignerons possèdent parfois leurs propres vignes, généralement de taille restreinte. Ils peuven (...)

    la catégorie “moyenne ₋”, les vignerons15, les ouvriers, les artisans ;

  • la catégorie “inférieure”, avec les journaliers, les domestiques.

202Le recensement des professions dans les registres paroissiaux a permis de découvrir l’importance de la catégorie des pécheurs, qui appartiennent probablement à la classe “moyenne ₋” ou modeste et permet d’attester des aménagements de la rivière de type écluses et pêcheries. Pour la période allant de 1648 à 1678, onze personnes ont un métier en lien avec la rivière, faisant de cette profession la catégorie la plus représentée (8,7 % de la population recensée) avec les catégories sociales modestes, comprenant trois domestiques et neuf journaliers, c’est-à-dire 9,5 %. Il s’agit de huit pêcheurs ou individus appartenant à une famille de pêcheurs, un charpentier de bateaux, un sabotier et fermier des écluses et un voiturier par eau recensés sur 112 décès et 136 baptêmes. Les “voituriers par eau” sont des transporteurs fluviaux ; ils constituent des chefs d’entreprise, à la différence des bateliers ou mariniers (Serna et al. 2013 : 290). Viennent ensuite les catégories moyennes, constituées de différentes professions de l’artisanat ou titulaires d’un office : trois maçons, deux charpentiers, un tailleur de pierre, un “texier” (tisserand), un chirurgien, deux gardes des gabelles (8 % de la population). Le reste de la population renseignée sur ces 30 ans est réparti entre sept personnes appartenant aux catégories aisées : deux nobles, deux curés, trois laboureurs (5,5 % de la population).

203Durant la période de 1755 à 1792, 133 inhumations sont répertoriées, la profession n’étant pas mentionnée dans plus de 40 % des cas. Les catégories modestes sont de nouveau les plus représentées, avec une prééminence des professions en rapport avec l’exploitation de la rivière. Il s’agit de deux éclusiers, un charpentier en bateaux, deux marchands-éclusiers et 12 pêcheurs différents (10,4 % de la population). Le reste des catégories modestes sont représentées par neuf journaliers, un jardinier et trois domestiques (8 %). Les catégories moyennes (9,8 % de la population) sont en majorité représentées par les artisans : cinq maçons, deux sabotiers, un tisserand, deux tonneliers, deux tuiliers. Seuls deux métayers sont cités dans les registres pour l’exploitation de la “métairie de Mougon”. Enfin, un sacristain et un “employé dans les fermes du roi” complètent la population de la catégorie moyenne. Les catégories aisées (5 %) sont représentées par cinq laboureurs et plusieurs militaires : un cavalier au régiment de Bourbon, un brigadier, le garde de la terre de Paviers. La catégorie supérieure est seulement représentée par l’inhumation de la dame de Paviers.

4.8.2. Les pêcheries et les écluses

204La grande importance de la consommation de poisson sous l’Ancien Régime est liée au grand nombre de “jours maigres” dans le calendrier chrétien (110 ou 120 par an), et, bien sûr, à l’exploitation des ressources disponibles (Serna et al. 2013 : 206). L’activité de la pêche professionnelle est attestée à Mougon depuis le xviie s., où les écluses et les pêcheries sont mentionnées en 1642, au cours de l’évocation d’“une maison couverte d’ardoise seante en la paroisse de Mougon et sur le chantier de la riviere de vienne proche et vis-à-vis les escluses ou pescheries dudit Mougon” (ADIL C621, f°73). Les deux éléments, pêcheries et écluses, sont donc associés et sont situés au niveau du bourg. Le lieu-dit les Écluses figure sur la carte de Cassini, sur le territoire de Mougon (Fig. 11). Les écluses, comportant des éléments mobiles comme des vannes ou des portes, permettent d’intensifier le courant et de creuser un chenal favorable à la navigation (Toulier-Vallée 1976 : 128).

205Le terme de pêcherie est l’indice d’installations durables de pêcheurs professionnels (Serna et al. 2013 : 289). Durant le Moyen Âge, il s’agit d’un piège fixe, barrages de pieux, treillis, amoncellement de pierres qui canalisent les poissons vers des bassins et des nasses. Ces structures sont installées dans le lit mineur de la rivière, au niveau de zones riches en nourriture, de zones d’abris, ou de passage vers les lieux de reproduction, notamment pour les anguilles, les saumons, les lamproies (Serna et al. 2013 : 208). En 1789, une étude émanant de la Chambre du conseil de Nantes, dans le but de préserver la navigation sur la Vienne, proteste contre les constructions qualifiées d’écluses par le lieutenant de la maîtrise de Chinon qui sont en fait des “gords [bâtons courts] ou pescheries formés avec des pieux sédentaires, serrés et clayonnés et au milieu des quels il existe une ouverture destinée à tendre des fillets pour retenir le poisson a son passage […] le clayonnage qui sert à les construire forme necessairement une digue qui arreste le cour de l’eau et la force à ce jeter avec rapidité dans les voyes qui lui sont ouvertes” (ADIL E214). En août 1789, le lieutenant et juge en la maîtrise des eaux et forêt de Chinon dénombre six ouvrages de ce type sur la Vienne : à Saint-Louand, à Chinon, à Tavant, à L’Île-Bouchard, à Nouâtre et à Mougon. Dans tout le secteur visité, les constructions sont neuves, toutes les pêcheries ayant été détruites par les glaces de l’hiver précédant. À Mougon, elles se présentent comme “des pieux (presque entièrement garmi de limandes pour former des gords sur ladite rivière de Vienne, dans presque toute sa largeur, auxquelles gords sont plusieurs voyes aussi fort étroites) le courant pour former des ecluses sur la dite riviere de Vienne, dans presque toute sa largeur auxquelles écluses sont plusieurs voyes aussy fortes étroites”. Sur le plan général, elles pourraient correspondre à une anomalie qui se distingue nettement sur de nombreuses photographies aériennes de l’IGN (UE 444). Ces pêcheries appartiennent au sieur de Quinnemont, résidant à Paviers et à celui de Prezault, résidant paroisse de Parçay. Une gravure du xviiie s., ou copiée à cette époque, représente une pêcherie installée immédiatement en amont de Chinon, sous forme de pieux implantés dans le lit de la Vienne (Fig. 51). Des photographies du début du xxe s. montrent des pêcheries installées dans la Loire (Fig. 52).

Fig. 51 - Estampe anonyme. “Vue de la ville et du château de Chinon en Touraine du côté de la Vienne” figurant une pêcherie.

Fig. 51 - Estampe anonyme. “Vue de la ville et du château de Chinon en Touraine du côté de la Vienne” figurant une pêcherie.

ADIL 7Fi0205

Fig. 52 - Exemple de pêcherie en Loire à la fin du xixe s.

Fig. 52 - Exemple de pêcherie en Loire à la fin du xixe s.

ADIL 10Fi161-0015

206En 1778, puis en 1789 (la demande étant restée sans effet) “les juges et consuls de Nantes” sollicitent la démolition de toutes les digues et écluses construites par des particuliers “dans toute l’étendue de la rivière de Vienne depuis Chinon jusqu’à Chatellerault”, hormis celles reconnues nécessaires au maintien d’une quantité d’eau suffisante à la navigation (ADIL E214). Les consuls de Nantes admettent l’utilité des digues et écluses pour la pêche, mais, ces structures “n’en sont pas moins préjudiciables à la navigation parce qu’elles occasionnent souvent le naufrage des bateaux”. Pour la municipalité de Nantes, la Vienne constitue un axe commercial important, “c’est par la voie de la Vienne que les négociants expédient toutes sortes de marchandises, particulièrement celles de l’amérique, et qu’en retour ils en tirent des bleds, des vins, des eaux de vie”. D’après la municipalité de Nantes, les écluses incriminées ne servent pas à la navigation, mais bien à la pêche. En octobre 1789, l’ordre est donné par le procureur royal de la maîtrise des eaux et forêts de Chinon de procéder à la destruction des digues et écluses. Cependant, d’après le site internet de la mairie de Crouzilles, la pêche professionnelle a résisté, jusqu’aux années 1918-1920 à Mougon.

4.8.3. L’activité de poterie évoquée dans les archives

207L’intense activité de production de céramique développée sur le site de Mougon durant l’Antiquité semble avoir disparu au Moyen Âge. Le cadastre de 1832 indique, néanmoins, la présence d’un toponyme les Potteries sur la commune de Crouzilles, au nord de Mougon, ainsi qu’un lieu-dit le Pré Pottier, indiqué en bordure de la Manse sur la même feuille cadastrale (Fig. 53).

Fig. 53 - Les toponymes liés à l'activité de poterie sur le territoire de Crouzilles.

Fig. 53 - Les toponymes liés à l'activité de poterie sur le territoire de Crouzilles.

ADIL, cadastre ancien de Crouzilles, section A1, 1832

208L’activité de production de céramique est attestée durant le xviie s. au nord de la zone d’étude. En effet, l’aveu de la seigneurie des Roches-Tranchelion, rendu en 1642, indique la présence d’un atelier de potier, ou au moins d’un “four a cuire potz”, situé dans une “piece de terre seant au lieu appelé La Doronière en laquelle y a une maison couverte d’ardoises appartenant audit pallu ou ledit Beranger fait sa demeure cause four a cuire potz cours espaces jardins chenevreuil terre labourable tout en un tenant” (ADIL C621, f°30). Le lieu et la maison de la Doronière sont situés par le texte le long d’un chemin “tandant du gué doriez a autre chemin tandant du carroy de la Poutelliere au caroy Beruye et a la fontaine des auberts de lestang joignant dune part au chemin tendant de la garenne pouttet au carroye Berruyer […] et d’autre part au chemin tandant de mon dit chasteau des Roches a Lisle Bouchard”. La Doronière n’appartient pas au territoire communal de Crouzilles ou de Mougon, mais se trouve le long d’un chemin reliant le château des Roches-Tranchelion à L’Île-Bouchard. Le lieu-dit de la Dordonière, dont l’orthographe est donc légèrement différente, figure sur la carte de Cassini entre le village d’Avon et les Roches Tranchelion (Fig. 11). Le locataire de la maison est identifié par le texte comme un potier, “René Béranger potier” (ADIL C621, f°39). Bien qu’ils ne soient pas décrits, l’aveu indique la présence de plusieurs autres potiers dans la seigneurie. Ainsi, à la fin du registre, le seigneur des Roches-Tranchelion énumère ses droits, notamment, “prendre sur chescung potier faisant potz ou autre piece de terre par chescune cuite six piece de vesselle et de chescung potier un sous six deniers” (ADIL C621, f°108).

4.8.4. La production de tuiles et de chaux

209Un tuilier est mentionné sur le territoire de la paroisse de Crouzilles en 1642, “Catherin Roubin tuiller demeurant audit crouzille pour une pièce de terre seante en la paroisse de crouzille lieu appellé les Chaffaux” (ADIL C621, f°45). Le lieu-dit des Chaffaux semble disparu et ne figure pas sur le cadastre napoléonien, ni dans le dictionnaire de Carré de Busserolles pour la zone d’étude. Le hameau de la Tuilerie s’est développé autour de la fabrique industrielle de tuiles et de briques au xixe s. La matière première provenait d’une carrière à ciel ouvert située en bordure de Vienne (Moreau 2008 : 188). J. Thomas recense sept tuileries au lieu-dit du même nom, dont la période d’activité s’étend de la fin du xviiie au début du xxe s. (Thomas 2005 : 51-53).

210En 1850, une nouvelle activité s’implante à Mougon, les chaux des fours de Paviers, établis sur la rive droite de la Vienne, près du bac (ADIL S4774). L’usine devient la plus importante du département, une vingtaine de fours est exploitée jusqu’en 1985. La matière première était extraite d’une carrière souterraine installée dans l’usine, dont les galeries se développent sur 90 km de long (Thomas 2005 : 53, 54). Les sondages réalisés à Mougon dans le cadre du PCR ont permis la mise au jour des vestiges d’un four à chaux (ZP 34 et mur UE 36) comprenant un mur équipé d’embrasures en canonnière en arc brisé, comparable à des fours à chaux attestés recensés sur la commune de Trogues (Thomas 2005 : 58,59 ; Salé, Bet et Moreau 2016 : 54 ; Fig. 54). Il peut être identifié à celui construit en 1857 sur le chemin de halage au détriment des bateliers de la Vienne (Vallée et Toulier 1976 : 52).

Fig. 54 - Le four à chaux en bord de Vienne (UE 36).

Fig. 54 - Le four à chaux en bord de Vienne (UE 36).

Ph. Salé, Inrap

4.9. éléments de synthèse : topographie générale de Mougon aux époques médiévales et modernes

211Si l’origine du bourg de Mougon remonte au moins à l’Antiquité, son emplacement paraît être un héritage du haut Moyen Âge, avec deux points de fixation principaux : la Vienne, qui limite vers le sud son développement, mais qui permet le développement d’activités fluviales (pêches et transports), et l’église paroissiale, qui constitue le seul bâtiment pérenne.

212Le bourg est organisé autour de cinq rues, l’essentiel du bâti étant concentré sur la rue de l’Écluse, orientée nord-sud, et le long des quais au sud (Fig. 48 et 49). L’habitat dispersé est limité : la Robinerie est située au nord du bourg, le château de Pavier et la “grille de Pavier”, se trouvent de l’autre côté de la route départementale, tandis que l’habitat est plus concentré à Crouzilles à l’ouest.

213L’étude morphologique du cadastre de 1832, menée par A. Moreau dans sa thèse, indique que la trame viaire, lâche et centrée sur les points de franchissement de la rivière, a peu varié depuis l’Antiquité (Moreau 2008 : 232-235, 248). La rue de l’écluse, qui dessert l’essentiel du bâti, ne semble pas constituer un tracé directeur, les parcelles étant plutôt organisées par rapport aux lignes de force du paysage rural.

214La position des bâtiments par rapport à la rue révèle une organisation très spécifique, qui est mieux perceptible sur le cadastre de 1832. Les maisons forment généralement des groupes de deux à huit propriétés : cette disposition révèle une structure de hameaux dispersés plus que d’un bourg. Plusieurs petits noyaux d’occupation sont ainsi identifiables : un près de l’église, un au milieu de la rue de l’Écluse, et trois autres près des quais. Chacun des regroupements comporte des édifices antérieurs au xviiie s.

215En outre, les maisons sont relativement isolées des rues : soit elles comportent une avant-cour, ce qui est caractéristique des maisons sur les quais, soit elles sont perpendiculaires à la rue, comme la plupart des maisons desservies par la rue de l’Écluse. Certaines maisons sont groupées autour de passages ou de cours étroites, à distance des rues. Cette organisation est encore perceptible aujourd’hui, où des passages desservent plusieurs maisons situées en cœur d’îlot, aux 12 et 14 rue de l’Écluse, et à l’extrémité orientale du quai des Mariniers. Cette volonté d’isolement des rues, à quelques exceptions près, est conforme à une logique d’organisation rurale, les axes n’ayant jamais constitué des pôles d’attraction directs de l’occupation, pas plus que l’église, qui a été laissée en marge de l’agglomération et à l’écart des rues.

Conclusion

216Les trois synthèses réalisées sur Mougon depuis les années 1970 ont chacune apporté des éléments nouveaux pour la compréhension de ce site. Dernière synthèse en date, les travaux du PCR ont permis l’enregistrement de toutes les informations anciennes, mais aussi celles issues des opérations préventives récentes. Ils ont livré de nouvelles données grâce à la réalisation d’une quarantaine de sondages sur le terrain et de prospections (bâti notamment), mais aussi la consultation des vues aériennes de l’IGN et le dépouillement des archives. Les réponses aux questions posées dans le cadre de l’établissement de la problématique du PCR sont largement incomplètes, mais ce bilan apporte des éléments nouveaux et permet surtout de préciser nos connaissances sur de nombreux points.

217Dans le cadre de l’étude du contexte naturel du site, nous avons montré que l’ampleur de la destruction des vestiges provoquée par l’érosion de l’escarpement de la Vienne est moins importante que ce qui était supposé précédemment. La question centrale pour le site de Mougon à la période antique, concerne le statut de l’agglomération. A. Ferdière évoquait, il y a plusieurs décennies, “un plan concerté” qui laisse “entrevoir une officine organisée à l’origine par un seul maître et correspondant dès l’abord, à un plan ambitieux” (Schweitz et al. 1986 : 63). Cette hypothèse est toujours actuelle, mais les éléments pour la confirmer ou la réfuter, demeurent en l’état, pratiquement identiques. On insistera quand même sur la spécialisation de la production artisanale, avec un nombre de fours qui paraît supérieur aux anciennes estimations (Moreau 2014 par exemple) et sur l’organisation régulière de la trame de l’agglomération, dans laquelle un quartier semble réservé aux constructions à usage collectif (un temple et de probables thermes). Le site a fabriqué des dolia, des amphores et des cruches en très grand nombre, ce qui témoigne d’une certaine spécialisation, mais il est probable que le reste de la production, bien que moins développé, soit assez varié. Les raisons et les modalités de l’abandon de cette activité, qui pourrait s’achever au début du iiie s. demeurent inconnues. La trame et la nature des occupations du Bas-Empire à la période carolingienne restent à déterminer, mais cela est aussi le cas pour presque toutes les autres agglomérations secondaires régionales. L’évolution de l’espace funéraire médiéval et moderne a été précisée. Enfin, un bilan des connaissances a été dressé pour les périodes couvrant le bas Moyen Âge au début du xxe s. Il donne l’image de groupements de quelques maisons, placés notamment en bord de Vienne. L’ensemble des études réunies a ainsi permis de proposer une évaluation du site, aboutie au moins dans ses grandes lignes.

218Il demeure de nombreuses zones d’ombre que nous avons pris soin de souligner tout au long de notre exposé. De nouvelles prospections ou des sondages ponctuels supplémentaires pourront probablement apporter des données inédites et éclairer, par petites touches, les zones en question. Mais l’expérience de la première triennale du PCR montre que les apports de ce type d’opération resteront limités par rapport aux connaissances que nous avons actuellement de l’agglomération. Désormais seules des fouilles suffisamment étendues seront à même de répondre efficacement aux questions posées. La localisation idéale de cette fouille devrait être, selon les problématiques énoncées initialement, en un secteur qui couvrirait à la fois les ateliers antiques et l’occupation alto-médiévale. Si on exclut également l’espace funéraire médiéval, dont l’étude nécessiterait un temps infini, il resterait donc la partie ouest du bourg, peu accessible en raison de la présence des constructions actuelles, et la parcelle du Clos. Le développement ultérieur d’un nouveau programme de recherche sur Mougon prendra probablement en compte ces réflexions.

Haut de page

Bibliographie

Afan : Association pour les Fouilles Archéologiques Nationales
BSAT : Bulletin de la Société Archéologique de Touraine
Inrap : Institut Nationale de Recherches Archéologiques Nationales
RACF : Revue archéologique du Centre de la France
SRA : Service Régional de l’Archéologie

Allard 1992

Allard E. - L’aménagement et l’exploitation hydraulique du bassin de la Vienne d’Antogny à Candes-Saint-Martin du xie au xixe s., Mém. de maîtrise d’Hist., Université François Rabelais, Tours, 77 p.

Aubourg, Moreau et Theureau 2008

Aubourg V., Moreau A. et Theureau C. - Crouzilles, “la commune” - (37.093.016 AH) (Indre-et-Loire), Surveillances archéologiques, Rapport d’opération de sauvetage urgent, Afan/SRA Centre-Val de Loire, Orléans, 127 p.

Auvray 1936

Auvray H. - Les établissements romains de Mougon, BSAT, 26 : 301‑315.

Baguenier et al. 2006

Baguenier J.-P., Arquille J., Pierre E., Riquier S., Mercey F. et Froquet-Uzel H. - Parçay-sur-Vienne, La Blissière et La Tannerie (Indre-et-Loire), Rapport de diagnostic, Inrap/SRA Centre-Val de Loire, Tours, 33 p.

Baills-Talbi et Blanchard 2006

Baills-Talbi N. et Blanchard P. - Sépultures de nouveau-nés et de nourrissons du premier âge du Fer au haut Moyen-Âge découvertes hors des contextes funéraires traditionnels sur les territoires carnute, turon et biturige cube: inventaire, synthèse et interprétation, in : Ensembles funéraires gallo-romains de la Région Centre - 1, 29e Suppl. à la RACF, FERACF, Tours : 157‑205.

Barthélemy-Sylvand 2013

Barthélemy-Sylvand C. - L’atelier de potiers de Mougon (Crouzilles, Indre-et-Loire) : de nouvelles données sur la production de céramiques communes, in : SFECAG, Actes du Congrès d’Amiens (9-12 mai 2013), SFECAG, Marseille : 517‑528.

Blanchard et Gombeau 1996

Blanchard Ph. et Gombeau V. - Noyant-de-Touraine (Indre-et-Loire) “Bois du Marais”. Aménagement du Carrefour de la RD 706 avec la RD 58, Document final de synthèse de fouille, Afan/SRA Centre-Val de Loire, 156 p.

Boucher et Michaux 2012

Boucher T. et Michaux G. - Les Gallo-Romains entre Loire et Vienne. 40 ans de découvertes archéologiques, catalogue de l’exposition présentée à l’Écomusée du Véron du 14 avril 2012 à novembre 2013, écomusée du Véron, Savigny-en-Véron, 129 p.

Bouillon 2009

Bouillon J. - Crouzilles, est du hameau de Mougon, rue de l’Ancienne Église et rue des Poteries (Indre-et-Loire), Rapport final de diagnostic archéol., Inrap/SRA Centre-Val de Loire, Tours, 39 p.

Bourassé 1854

Bourassé J.-J. - Tombeaux de l’époque mérovingienne découverts en Touraine, Mém. Soc. Archéol. de Touraine, IV : 237‑244.

Bousrez 1898

Bousrez L. - La poterie gallo-romaine en Touraine : ateliers de Mougon et de Nouâtre, Bull. archéol. du Comité des travaux hist. et scientifiques, E. Leroux, Paris : 30-39.

Boussard 1960

Boussard J. - Carte et texte du département d’Indre-et-Loire, Carte archéologique de la Gaule romaine, Académie des Inscriptions et Belles Lettres, Paris, 140 p.

Cadalen-Lesieur 2014

Cadalen-Lesieur J. - Thésée-Pouillé (Loir-et-Cher), l’agglomération antique, in : E. Zadora-Rio (dir.), Atlas Archéologique de Touraine, 53e Suppl. à la RACF, FERACF, Tours, URL : http://a2t.univ-tours.fr/notice.php?id=64, 2008 (consulté le 9 août 2019).

Carré de Busserolle 1880

Carré de Busserolle J.-X. - Dictionnaire géographique, historique et biographique d’Indre-et-Loire et de l’ancienne province de Touraine, T. III, Soc. Archéo. de Touraine, Tours.

Carré de Busserolle 1883

Carré de Busserolle J.-X. - Dictionnaire géographique, historique et biographique d’Indre-et-Loire et de l’ancienne province de Touraine, T. V, Soc. Archéo. de Touraine, Tours.

Chapelot 2012

Chapelot J. - Aux origines des châteaux et des bourgs castraux dans la moyenne et basse Charente : entre sources écrites et archéologie, in : Château Ville Pouvoir Au Moyen Âge, Publications du Centre de Recherches Archéol. et Hist. Médiévales, Caen : 81‑156.

Chevalier 1871

Chevalier C. - Communications, séance du 22 nov. 1871, BSAT, 2 : 72.

Chevalier 1872a

Chevalier C. - Communications, séance du 25 nov. 1872, BSAT, 2 : 246.

Chevalier 1872b

Chevalier.C. - Cartulaire de l’abbaye de Noyers, Mémoires de la Soc. Archéol. de Touraine, XXII, Tours, 815 p.

Chimier 2012a

Chimier J.-Ph. - Crouzilles, Indre-et-Loire “Méligrette”, Rapport Final d’Opération de diagnostic archéol., Inrap/SRA Centre, Tours, 35 p.

Chimier 2012b

Chimier J.-P. - Les agglomérations antiques de la basse vallée de la Vienne, in : Gallo-Romains Entre Loire Vienne, Catalogue de l’exposition présentée à l’Écomusée du Véron du 14 avril 2012 à novembre 2013, Écomusée du Véron, Savigny-en-Véron : 28‑35.

Chouquer 1998

Chouquer G. - L’agglomération antique de Mougon, Rapport dactylographié, 2 p.

Coppola et Flammin 1997

Coppola M. et Flammin A. - Les sarcophages au musée lapidaire du baptistère Saint-Jean de Poitiers : classement typologique et étude iconographique, Bull. de la soc. des antiquaires de l’ouest et des musées de Poitiers, VIII, no 3/4, 147 p.

Coquery 2005

Coquery J.-F. - Formes fluviales et formations superficielles dans la vallée de la Vienne de Chinon à Marcilly-sur-Vienne durant l’Holocène (Indre-et-Loire), Mém. de maîtrise d’archéol., Université François Rabelais, Tours, 2 vol. dactyl.

Couderc 1982

Couderc J.-M. - Nouveaux sites antiques en Touraine et nouvelles données sur des sites connus, BSAT, 40 : 77‑107.

Couderc (dir.dir) 1987

Couderc (dir.) J.-M. - Dictionnaire des communes de Touraine, CLD, Chambray-lès-Tours, 967 p.

CPAT 1974a

CPAT - Mougon : officine de potiers gallo-romaine. Bilan d’une recherche archéologique, dans : Catalogue d’exposition du 26 octobre au 3 novembre 1974 à l’ancien presbytère de Mougon, 27 p.

CPAT 1974b

CPAT - Étude préliminaire à la prospection du site de Mougon, Mém. Société Archéol. de Touraine, 8 : 33‑40.

Cribellier 2016

Cribellier C. - Éléments de synthèse pour appréhender les agglomérations secondaires antiques en région Centre-Val de Loire : origine, évolution, caractéristiques et fonctions, in : Cribellier C. (dir.), Agglomérations Secondaires Antiques en Région Centre-Val de Loire, 3, 106 notices archéologiques et synthèse 63e Suppl. à la RACF, FERACF, Tours : 24‑71.

De Filippo, Le Goff et Jesset 2002

De Filippo R., le Goff I. et Jesset S. - Parcay-sur-Vienne (Indre-et-Loire), Le Prézault 06 37 180 06 AH/06 37 180 08 AH, Document final de synthèse d’évaluation archéo., 1 vol., dactyl., Inrap/SRA Centre-Val de Loire, Orléans, 17 p.

Delauné 1977

Delauné Ph. - La prospection archéologique, Doctorat de 3e cycle, thèse d’Hist., Université François Rabelais, 1 vol. dactyl., Tours, 290 p.

Delauné 1982

Delauné Ph. - Rapport de prospection aérienne, Rapport dactylographié, n.p.

Delauné 1984

Delauné Ph. - Rapport de prospection aérienne, Rapport dactylographié, n.p.

Delauné 1992

Delauné Ph. - Rapport de prospection aérienne, Rapport dactylographié, n.p.

Du Fort, Guyon de la Berge et Charbonneau-Lassay 1912

Du Fort, Guyon de la Berge et Charbonneau-Lassay - Rapport sur deux fouilles faites en Indre-et-Loire, BSAT, 18 : 452‑455.

Dubois 1973

Dubois J. - Rapport de prospection aérienne, n.p.

Dubois 1989

Dubois J. - Rapport de prospection aérienne, n.p.

Dubois 1993

Dubois J. - Archéologie aérienne : prospections de 1990, 1991 et 1992 en Touraine, BSAT, 43 : 825‑846.

Dubois 2005

Dubois J. - Rapport de prospection aérienne, n.p.

Dumont et al. 2007

Dumont A., Mariotti J.-F., Lemaître S. et Lavier C. - Un pont et un aménagement de berge gallo-romains découverts dans le lit de la Vienne, à la confluence avec la Loire (commune de Candes-Saint-Martin), Aestuaria, Archéol. en Loire, Actualité de la recherche dans les régions Centre et Pays-de-la-Loire, 12 : 183‑206.

Ferdière 1975

Ferdière A. - Notes de céramologie de la région Centre, VII - Les ateliers de potiers gallo-romains de la région Centre, RACF, 14, 1 : 85‑110.

Ferdière 1988

Ferdière A. - Prospection au sol sur l’atelier de potier de Crouzilles “Mougon” (37) les 6, 7 et 10 février 1988, Rapport de prospection dactylographié, SRA Centre-val de Loire, Orléans, 4 p.

Ferdière 1999

Ferdière A. - Crouzilles (Indre-et-Loire), Mougon, in : Bellet M.-E. et al. - Agglomérations secondaires antiques en Région Centre, 17e Suppl. à la RACF, FERACF, Tours : 139‑144.

Ferdière 2006

Ferdière A. - La place de l’artisanat en Gaule romaine du Centre, Nord-Ouest et Centre-Ouest (province de Lyonnaise et cités d’Aquitaine septentrionale), RACF [En ligne], Tome 45-46 | 2006-2007, mis en ligne le 08 avril 2008, consulté le 09 août 2019. URL : http://journals.openedition.org/racf/758

Fournier et Salé 2008

Fournier L. et Salé P. - Extraction et récupération de matériaux dans l’Antiquité : l’exemple de Saint-Romain-sur-Cher (Loir-et-Cher), in : Briquel D. (dir.), Poésie, théorie et pratique, xvcongrès International de l’Association Guillaume Budé, (Orléans, 25-28 août 2003), Les Belles Lettres, Orléans : 1102‑1111.

Galinié et Zadora-Rio 1996

Galinié H. et Zadora-Rio E. - Archéologie du cimetière chrétien, Actes du 2e colloque ARCHEA (Orléans 29 septembre-1er octobre 1994), 11e Suppl. à la RACF, FERACF, Tours, 310 p.

Godefroy 1889

Godefroy F. - Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du ixe au xvs., composé d’après le dépouillement de tous les plus importants documents manuscrits ou imprimés qui se trouvent dans les grandes bibliothèques de la France et de l’Europe et dans les principales archives départementales, municipales, hospictalières ou privées, [s.n.], Paris.

Guiot 2012

Guiot T. - Indre-et-Loire, Parçay-sur-Vienne, Vinay, Les landes, Les Libarelles, diagnostic archéologique du projet de carrière GSM, Rapport d’opération de diagnostic archéol., Inrap CIF, SRA Centre, 133 p.

Héron 1964

Héron A. - Les découvertes de Crouzilles-Mougon, Bull. de la soc. des Amis du Vieux Chinon, 6, 8, 1963-1964 : 399-400.

Hervé 2012

Hervé C. - Les agglomérations secondaires de la civitas Turonorum, in : Cribellier C. et Ferdière A., Agglomérations secondaires antiques en région Centre, Actes de la Table Ronde d’Orléans, 2, 42e Suppl. à la RACF, FERACF, Tours : 27‑48.

Joly 1987

Joly R. - Les cimetières chartrains, Bull. Soc. Archéo. Eure-et-Loir, 14 : 231‑289.

Joly, Jesset et Dabek 2008

Joly S., Jesset S. et Dabek P. - Aux environs de l’An mil à Parçay-sur-Vienne, Le Prézault (Indre-et-Loire) : une aire d’ensilage isolée ?, BSAT, 54 : 29‑54.

Kermorvant 1975

Kermorvant A. - Géophysique appliquée à l’archéologie, Thèse École Pratique des Hautes Études, Paris.

Kermorvant et Delauné 1976 a

Kermorvant A. et Delauné P. - Bilan d’une première phase de recherche géophysique à Mougon, commune de Crouzilles (Indre-et-Loire), in : Vicus Gallo-Romain, Caesarodunum, École Nationale Supérieure, Paris : 76‑83.

Kermorvant et Delauné 1976 b

Kermorvant A. et Delauné P. - La prospection géophysique. Activités d’une cellule de prospection géophysique dans la circonscription archéologique Centre, Archéologia, 92 : 20‑27.

Kersanté 2006

Kersanté G. - Étude archéologique de l’ancienne église de Mougon (Crouzilles, Indre-et-Loire), Mém. de Master 1, Université François Rabelais, Tours, 2 vol. dactyl.

Lachiver 1991

Lachiver M. - Les années de misère, la famine au temps du Grand Roi, 1680-1720, Fayard, Paris, 573 p.

Landreau 2017

Landreau (dir.) C. - Parçay-sur-Vienne, Indre-et-Loire, Pièce de Prézault et La Varenne, Rapport de diagnostic, Inrap/SRA Centre-Val de Loire, Tours, 77 p.

Le Bouvier xve s.

Le Bouvier G. dit Berry - Recueil de voyages et de documents pour servir à l’histoire de la Géographie depuis le xiiie jusqu’à la fin du xvie siècle. Le livre de la description des pays, réed. 1908, E. Leroux, Paris, 260 p.

Lebrun 1971

Lebrun F. - Les hommes et la mort en Anjou aux xviie et xviiie siècles, essai de démographie et de psychologie historiques, Mouton, La Haye-Paris, 571 p.

Lelong 1975

Lelong C. - Observations relatives à l’ancienne église de Mougon (Indre-et-Loire), RACF, 14 : 269‑284.

Lelong 2001

Lelong C. - Les incursions normandes en Touraine et leurs conséquences, BSAT, 47 : 43‑51.

Lorren 2001

Lorren Cl. - Fibules et plaques-boucles à l’époque mérovingienne en Normandie. Contribution à l’étude du peuplement, des échanges et des influences, de la fin du ve au début du viiie siècle, Mém. de l’Assoc. française d’archéo. mérovingienne, 8, Saint-Germain-en-Laye, 554 p.

Loveluck et Strutt 2003

Loveluck C. et Strutt K. - Mougon, Indre-et-Loire, Geophysical Survey Report, Rapport dactylographié, Université de Southampton : 17.

Mabille 1863

Mabille E. - Catalogue analytique des diplômes, chartes et actes relatifs à l’histoire de Touraine contenus dans la collection de Dom Housseau, Mém. de la Soc. Archéo. de Touraine, 14, 748 p.

Maillard 1989

Maillard B. - Les hommes et la mort à Tours au xviie s., Cehvi-Université François-Rabelais de Tours, Tours, 419 p.

Martiquet 1990

Martiquet J.-F. - Joué pendant la Révolution, 1789-An V, Étude d’après les registres de délibération de la municipalité, Mém. de maîtrise, Université François-Rabelais de Tours.

Mauny 1963

Mauny R. - La voie romaine de Tours à Poitiers (section Tours-Port-de-Piles), BSAT, 33 : 297‑308.

Ménez 1985

Ménez Y. - Les céramiques fumigées de l’Ouest de la Gaule, Cahiers de Quimper Antique - 2. Centre d’étude et de recherche archéol. de Quimper, Quimper, 127 p.

Moreau 2008

Moreau A. - Du tesson au système territorial : une approche multiscalaire de l’occupation du sol dans la vallée de la Vienne autour de l’Île-Bouchard (Indre-et-Loire), Thèse d’Hist., Université François-Rabelais - Tours, 2 vol.

Moreau 2014

Moreau A. - Crouzilles, “Mougon” : de l’agglomération antique au village médiéval, in : E. Zadora-Rio (dir.) - Atlas Archéologique de Touraine, 53e Suppl. à la RACF, FERACF, Tours, URL : http://a2t.univ-tours.fr/notice.php?id=49, 2012 (consulté le 21 février 2025)

Pailler 2011

Pailler Y. - Parçay-sur-Vienne, Indre-et-Loire, La Pièce de Prézault, La Varenne. L’occupation des terrasses alluviales de la Vienne, Rapport de diagnostic, Inrap/SRA Centre-Val de Loire, Tours, 147 p.

Papin et al. 2013

Papin P., Aunay C., Bouillon J., Canny D., Fontaine A., Gardère P., Livet J., Vanhove C., Troubady M. et Yvernault F. - Joué-lès-Tours (37 22). Places Victor Hugo et François Mitterand. Origine et évolution d’un centre paroissial rural (fin 7e-19s.), Rapport Final d’Opération de fouille archéol., CG37/SRA Centre-Val de Loire, Tours, 254 p.

Papin et al. 2015

Papin P., Livet J., Vanhove C. et Yvernault F. - Contribution à la connaissance de la topographie d’un centre paroissial en milieu rural : le cas de Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire), RACF [En ligne], Tome 54 | 2015, mis en ligne le 01 décembre 2015, consulté le 09 août 2019, URL : http://journals.openedition.org/racf/2284

Péret 2005

Péret J. - L’organisation de la maison rurale dans un pays d’habitat dispersé : la Gâtine poitevine au xviiis., in : Antoine A., La maison rurale en pays d’habitat dispersé de l’Antiquité au xxe s. Actes du Colloque du 29-31 Mai 2002, Presses Universitaires de Rennes, Rennes : 379‑388.

Périn 1985

Périn P. - Collections mérovingiennes, Catalogues d’art et d’hist. du musée Carnavalet, II, Paris, 860 p.

Philippon, Rivière et Monneteau 1966

Philippon A., Rivière J. et Monneteau M. - La nécropole mérovingienne de Mougon, communes de Crouzilles (première campagne de fouilles, 1966), BSAT, 34 : 365‑373.

Philippon, Marteaux et Tan 2011

Philippon S., Marteaux F. et Tan C.-C. - Nouâtre, Maillé, La Celle-Saint-Avant (Indre-et-Loire). Diagnostic du projet d’aménagement de la ligne ferroviaire à grande vitesse (LGV) - Sud Europe Atlantique (SEA 2) Tronçon Tours-Angulême (Phase 39), Rapport de diagnostic, CG 37/SRA Centre-Val de Loire, Tours, 208 p.

Piétri 1983

Piétri L. - La ville de Tours du ive au vie siècle : naissance d’une cité chrétienne, École Française de Rome, 69, Rome, 900 p.

Prigent et Hunot 1996

Prigent D. et Hunot J.-Y. - La mort : voyage au pays des vivants, Pratiques funéraires en Anjou (livre réalisé dans le cadre de l’exposition, À réveiller les morts, rites funéraires en Anjou, Association culturelle du département de Maine-et-Loire, 151 p.

Provost 1988

Provost M. - L’Indre-et-Loire, 37, Carte Archéologique de la Gaule, Académie des Inscriptions et Belles Lettres, Paris, 141 p.

Quincarlet 1885a

Quincarlet E. - Procès-verbaux des Séances. Séance du 27 février 1884, BSAT, 6 : 174.

Quincarlet 1885b

Quincarlet E. - Procès-verbaux des Séances. Séance du 26 novembre 1884, BSAT, 6 : 245‑246.

Raudin 2011

Raudin S. - Crouzilles “Mougon”, rue de l’ancienne église (Indre-et-Loire), Rapport de diagnostic, Inrap/SRA Centre-Val de Loire, Tours, 64 p.

Rilly 1950

Rilly C. de. - Le couteau gaulois de Mougon, Bull. Soc. Amis Vieux Chinon, 5 : 180‑181.

Riquier et Salé 2006

Riquier S. et Salé P. - La nécropole du Haut-Empire de Tavant (Indre-et-Loire), in : Ensembles funéraires gallo-romains de la Région Centre - 1, 29e Suppl. à la RACF, FERACF, Tours : 7‑108.

Rivière 1966

Rivière J. - Bijoux mérovingiens du musée de la Société archéologique de Touraine, BSAT, 24 : 359-363.

Roux 2013

Roux E. - Approche qualitative et quantitative de l’usage du mobilier non céramique dans les agglomérations (iie s. av. J.-C. - iiis. apr. J.-C. L’exemple des territoires turon, biturige et carnute, thèse, Université François Rabelais, Tours, 3 vol.

Salé 2010

Salé Ph. - Villedômer, Indre-et-Loire, Place des Martyrs de la Résistance et rue du Maréchal Leclerc, Rapport de diagnostic archéol., Inrap/SRA Centre-Val de Loire, Tours, 27 p.

Salé 2011a

Salé Ph. - Un programme de lotissement antique à Saint-Romain-sur-Cher. Une dépendance domaniale à vocation artisanale ? Archéopages, Inrap, 33 : 40‑45.

Salé 2011b

Salé Ph. - Crouzilles, Indre-et-Loire, “Mougon”, rue de l’Ancienne Église. Vestiges néolithiques, antiques et médiévaux (parcelle ZM 129), Rapport final d’opération de diagnostic archéol., Inrap/SRA Centre-Val de Loire, Tours, 90 p.

Salé 2017

Salé Ph. - Crouzilles, Indre-et-Loire, “Mougon”, 6, rue de l’Ancienne Église, Rapport de diagnostic, Inrap/SRA Centre-Val de Loire, Tours, 94 p.

Salé 2020

Salé Ph. - Topographie et organisation viaire des agglomérations secondaires antiques dans le centre de la France, in : J.-L. Fray et C. Pérol, Routes et petites villes de l’Antiquité à l’époque moderne, actes du colloque de Clermont-Ferrand, (19 au 21 mars 2013), Presses universitaires Blaise Pascal : 99-115.

Salé, Bet et Moreau 2014

Salé Ph., Bet Ph. et Moreau A. - L’agglomération antique et médiévale de “Mougon” à Crouzilles (Indre-et-Loire), Bilan d’activités, UMR 7324 CITERES-LAT/Inrap, 143 p.

Salé, Bet et Moreau 2015

Salé Ph., Bet Ph. et Moreau A. - L’agglomération antique et médiévale de “Mougon” à Crouzilles (Indre-et-Loire), Bilan d’activités, UMR 7324 CITERES-LAT/Inrap, 132 p.

Salé, Bet et Moreau 2016

Salé Ph., Bet Ph. et Moreau A. - L’agglomération antique et médiévale de “Mougon” à Crouzilles (Indre-et-Loire), Bilan d’activités, UMR 7324 CITERES-LAT/Inrap, 127 p.

Salé, Bet et Moreau 2017

Salé Ph., Bet Ph. et Moreau A. - L’agglomération antique et médiévale de “Mougon” à Crouzilles (Indre-et-Loire), Rapport d’activité, UMR 7324 CITERES-LAT/Inrap, 163 p.

Salé et Fournier 2004

Salé P. et Fournier L. - Saint-Romain-sur-Cher, “Les Cormins” (Loir-et-Cher), Autoroute A85 - sites 25 et 26, Rapport de fouille archéol., Inrap/SRA Centre-Val de Loire, Tours, 3 vol.

Schweitz et al. 1986

Schweitz D., Toulier C., Toulier B., Ferdière A., Fehrnbach X. et Blanc P.-M. - L’atelier de potiers de Mougon (Crouzilles, Indre-et-Loire), RACF, 25, 1 : 37‑77.

Sergent 1973

Sergent J.-L. - Fouille de sauvetage à Mougon, Rapport provisoire manuscrit, déposé au SRA Centre-Val de Loire, n.p.

Serna et al. 2013

Serna V., Affonzo M., Aliliaire P., Antuna E., Billacois F., Depret T., Desban A., Gerardot A., Le Sueur B., Mauret-Cribellier V., Neury P., Perrault C., Peschang C., Philippe M. et Schemmama V. - Le Cher, Histoire et archéologie d’un cours d’eau, 43e Suppl. à la RACF, FERACF, Tours, 326 p.

Tan 2012

Tan C.-C. - Crouzilles (37), Indre-et-Loire, “La Gare”, Rapport de diagnostic archéol., CG 37/SRA Centre-Val de Loire, Tours, 49 p.

Thomas 1993

Thomas F. - La population de Rigny-Ussé entre 1670 et 1856 d’après les registres paroissiaux et l’état civil, Rigny-Ussé, 2, 9e Suppl. à la RACF, FERACF, Tours, 48 p.

Thomas 2005

Thomas J. - Fours à chaux, tuileries-briqueteries en Touraine, Conseil Général d’Indre-et-Loire, Tours, 289 p.

Toulier-Vallée 1976

Toulier-Vallée C. - Complément à l’étude du site de Mougon, BSAT, 38 : 125‑153.

Vallée et Toulier 1976

Vallée C. et Toulier B. - Contribution à l’étude du site de Mougon, Mém. de maîtrise. Université de Tours, Tours, 2 vol.

Voirol 2000

Voirol A. - “États d’armes”. Les militaria d’Avenches/Aventicum, Bull. de l’Assoc. pro Aventico, 42 : 7-92.

Haut de page

Notes

1 Réalisée sous la direction d’Élisabeth Zadora-Rio, Université de Tours.

2 Localisée par Christine Toulier-Vallée en 1976 sur l’ancienne parcelle AK 112.

3 On précisera seulement ici la définition des UE (Unités d’Enregistrement) et des ZP (Zones de Prélèvement). Les UE remplacent les faits et comprennent les ensembles constitués de couches et d’un creusement, mais également les US ou des groupes d’US correspondant par exemple à des sols, des couches de remblais ou des niveaux de colluvionnement. Les ZP correspondent en grande partie aux sondages, mais englobent également les tranchées de diagnostics, les carottages, ou des zones de ramassage de mobilier.

4 Cliché IGNF_PVA_1-0__1972-07-15__C1722-0061_1972_FR2265_0375.

5 Notamment cliché IGNF_PVA_1-0__1972-07-15__C1722-0061_1972_FR2265_0375_georef.

6 IGNF_PVA_1-0__1995-06-27__CN95000044_1995_IFN37_IRC_0768.

7 Les chambres de chauffe sont divisées en deux parties par un pilier.

8 Le plan semble montrer l’inverse de ce qui est décrit dans le texte.

9 Selon la formule π × R2 × h.

10 Les fours UE 13, 196 et 282 ont un diamètre très légèrement supérieur à celui-ci.

11 Document conservé au SRA Centre-Val de Loire.

12 Réduction progressive de la surface du cimetière, apparition progressive d’éléments de délimitation plus marqués comme des murs ou clôtures (Galinié et Zadora-Rio 1996)

13 Déclaration royale du 10 mars 1776. “Nulle personne ecclésiastique ou laïque […] à l’exception des archevêques, évêques, curés, patrons des églises et hauts justiciers et fondateurs de chapelles ne pourra être enterrée dans les églises, même dans les chapelles publiques ou particulières […]. Les cimetières qui, placés dans l’enceinte des habitations, pourraient nuire à la salubrité de l’air, seront portés, autant que les circonstances le permettront, hors de ladite enceinte” (Prigent et Hunot 1996 : 128).

14 http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_PA00097731

15 Les vignerons possèdent parfois leurs propres vignes, généralement de taille restreinte. Ils peuvent aussi être closiers, c’est-à-dire ouvriers vignerons sans propriété (Martiquet 1990 : 97).

Haut de page

Table des illustrations

Titre Fig. 1 - Localisation de Mougon et des lieux-dits cités dans le texte.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 305k
Titre Fig. 2 - Carte des opérations archéologiques dont la localisation est précise.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 259k
Titre Fig. 3 - Plan de synthèse des vestiges connus aux Poulons Guérets et à la Gusterie en 1976.
Crédits Vallée et Toulier 1976 : vol. 2, fig. 20
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 277k
Titre Fig. 4 - Plan de synthèse réalisé en 2008.
Crédits Moreau 2008 : fig. 132
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 239k
Titre Fig. 5 - Opérations menées sur le terrain dans le cadre du PCR.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 206k
Titre Fig. 6 - Plan général des vestiges à l’issue des travaux du PCR.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 209k
Titre Fig. 7 - Contexte géologique entre Manse et Parçay-sur-Vienne.
Crédits Ph. Gardère, Inrap, d’après Alcaydé 1978
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 175k
Titre Fig. 8 - Des niveaux de mobilier conservés dans la pente au niveau des ZP 5, 6 et 7.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 231k
Titre Fig. 9 - Coupes réalisées au pied du versant.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-9.jpg
Fichier image/jpeg, 343k
Titre Fig. 10 - Cadastre ancien du bourg de Mougon (ADIL, section E, 1832), avec le nom actuel des rues.
Crédits ADIL, section E, 1832 ; B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-10.jpg
Fichier image/jpeg, 526k
Titre Fig. 11 - Extrait de la carte de Cassini, section de Richelieu, xviiie s.
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-11.jpg
Fichier image/jpeg, 945k
Titre Fig. 12 - Emplacement présumé du chemin de halage du xviiie s.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-12.jpg
Fichier image/jpeg, 150k
Titre Fig. 13 - Assemblage des cadastres anciens de Mougon et de Parçay-sur-Vienne.
Crédits ADIL 1832 ; B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-13.jpg
Fichier image/jpeg, 915k
Titre Fig. 14 - Carte archéologique des communes de Crouzilles, Parçay-sur-Vienne et Trogues (37).
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-14.jpg
Fichier image/jpeg, 305k
Titre Fig. 15 - Assemblage des territoires de Mougon et de Crouzilles, comportant les hameaux et les chemins.
Crédits ADIL, tableaux d’assemblage Mougon et Crouzilles, 1832 ; B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-15.jpg
Fichier image/jpeg, 636k
Titre Fig. 16 - restitution de l’évolution du réseau viaire entre Mougon et Crouzilles d’après l’analyse morphologique.
Crédits Moreau 2008 : fig. 33
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-16.jpg
Fichier image/jpeg, 366k
Titre Fig. 17 - Dessin du couteau miniature.
Crédits Rilly 1950
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-17.jpg
Fichier image/jpeg, 38k
Titre Fig. 18 - Plan des axes relevés sur la parcelle des Poulons Guérêts et du Clos.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-18.jpg
Fichier image/jpeg, 183k
Titre Fig. 19 - Localisation des voies UE 104, 409 et 410 sur un extrait d’une photographie aérienne.
Crédits D’après Dubois 2005
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-19.jpg
Fichier image/jpeg, 48k
Titre Fig. 20 - Coupes des voies fouillées lors des interventions de terrain dans le cadre du PCR.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-20.jpg
Fichier image/jpeg, 343k
Titre Fig. 21 - Plan d’un bâtiment restitué par P. Delauné selon une de ses photographies aériennes.
Crédits Delauné 1982
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-21.jpg
Fichier image/jpeg, 69k
Titre Fig. 22 - Plan des éventuels bâtiments antiques de Mougon.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-22.jpg
Fichier image/jpeg, 247k
Titre Fig. 23 - Carte de localisation des fours de potiers potentiels ou certains.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-23.jpg
Fichier image/jpeg, 295k
Titre Fig. 24 - Les fours de Mougon.
Crédits D’après Salé, Bet et Moreau 2015 : 60, fig. 14 ; Vallée et Toulier 1976, vol. 2, Pl. XXII ; Schweitz et al. 1986 : 47, fig. 10 ; Sergent 1973)
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-24.jpg
Fichier image/jpeg, 341k
Titre Fig. 25 - Croquis de la coupe d’un des “fours” découvert en 1957.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-25.jpg
Fichier image/jpeg, 170k
Titre Fig. 26 - Les niveaux d’argiles et les fosses d’extractions potentielles.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-26.jpg
Fichier image/jpeg, 339k
Titre Fig. 27 - Une série de vases enterrés.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-27.jpg
Fichier image/jpeg, 262k
Titre Fig. 28 - Les productions de céramiques fines et de céramiques communes claires à surface brute, à engobe blanc et à engobe micacé.
Crédits Ph. Bet et C. Barthélemy-Sylvand, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-28.jpg
Fichier image/jpeg, 356k
Titre Fig. 29 - Les productions de céramiques communes claires à engobe rouge ou orangé et de céramiques communes sombres.
Crédits Ph. Bet et C. Barthélemy-Sylvand, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-29.jpg
Fichier image/jpeg, 281k
Titre Fig. 30 - Localisation des ateliers de la basse et moyenne vallée de la Loire et de ses affluents inscrivant à leurs répertoires un vaisselier standardisé commun.
Crédits D. Guitton, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-30.jpg
Fichier image/jpeg, 378k
Titre Fig. 31 - Répertoire céramique commun aux ateliers du Haut-Empire de la basse et moyenne vallée de la Loire et de ses affluents.
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-31.jpg
Fichier image/jpeg, 258k
Titre Fig. 32 - “Jarre” de type Mougon J.
Crédits Ph. Bet et C. Barthélemy-Sylvand, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-32.jpg
Fichier image/jpeg, 24k
Titre Fig. 33 - L’ensemble 3 : des thermes ?.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-33.jpg
Fichier image/jpeg, 323k
Titre Fig. 34 - Un temple à Mougon : les ensembles 1 et 2.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-34.jpg
Fichier image/jpeg, 345k
Titre Fig. 35 - Un espace funéraire antique.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-35.jpg
Fichier image/jpeg, 156k
Titre Fig. 36 - Coupe de la structure fouillée dans la Vienne en 1973.
Crédits D’après Sergent 1973
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-36.jpg
Fichier image/jpeg, 143k
Titre Fig. 37 - Un puits en haut de l’escarpement (UE 92 de la ZP 30).
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-37.jpg
Fichier image/jpeg, 439k
Titre Fig. 38 - Le mobilier non céramique antique découvert en 2011.
Crédits Ph. Salé, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-38.jpg
Fichier image/jpeg, 174k
Titre Fig. 39 - Une collection de lampes à suif et de pesons.
Crédits Ph. Salé, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-39.jpg
Fichier image/jpeg, 361k
Titre Fig. 40 - Le site de Thésée-Pouillé (Loir-et-Cher).
Crédits Cadalen-Lesieur 2014, carte 2
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-40.jpg
Fichier image/jpeg, 347k
Titre Fig. 41 - L'agglomération secondaire de Saint-Romain-sur-Cher (Loir-et-Cher).
Crédits Ph. Salé, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-41.jpg
Fichier image/jpeg, 342k
Titre Fig. 42 - Localisation des fosses et du mobilier de la période carolingienne.
Crédits B. Marsollier, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-42.jpg
Fichier image/jpeg, 421k
Titre Fig. 43 - Plans de l'église et relevé du mur nord.
Crédits D’après Kersanté 2006
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-43.jpg
Fichier image/jpeg, 338k
Titre Fig. 44 - Photographies des murs de l'église.
Crédits Ph. Salé
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-44.jpg
Fichier image/jpeg, 640k
Titre Fig. 45 - Localisation des mentions funéraires dans le bourg de Mougon.
Crédits M. Gaultier, SADIL
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-45.jpg
Fichier image/jpeg, 247k
Titre Fig. 46 - Proposition d’extension des cimetières du haut Moyen Âge à l’époque moderne.
Crédits M. Gaultier, SADIL
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-46.jpg
Fichier image/jpeg, 238k
Titre Fig. 47 - Deux plaques-boucles découvertes à Mougon.
Crédits D’après Rivière 1966 : 359
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-47.jpg
Fichier image/jpeg, 65k
Titre Fig. 48 - Photographies du bâti de Mougon.
Crédits É. Marot, UMR 7324 CITERES-LAT
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-48.jpg
Fichier image/jpeg, 857k
Titre Fig. 49 - Proposition de datation du bâti actuel de Mougon.
Crédits É. Marot,UMR 7324 CITERES-LAT
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-49.jpg
Fichier image/jpeg, 279k
Titre Fig. 50 - Détail du cadastre de 1832, planche E du bourg.
Crédits ADIL 6NUM10/093/012
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-50.jpg
Fichier image/jpeg, 1,6M
Titre Fig. 51 - Estampe anonyme. “Vue de la ville et du château de Chinon en Touraine du côté de la Vienne” figurant une pêcherie.
Crédits ADIL 7Fi0205
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-51.jpg
Fichier image/jpeg, 272k
Titre Fig. 52 - Exemple de pêcherie en Loire à la fin du xixe s.
Crédits ADIL 10Fi161-0015
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-52.jpg
Fichier image/jpeg, 141k
Titre Fig. 53 - Les toponymes liés à l'activité de poterie sur le territoire de Crouzilles.
Crédits ADIL, cadastre ancien de Crouzilles, section A1, 1832
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-53.jpg
Fichier image/jpeg, 492k
Titre Fig. 54 - Le four à chaux en bord de Vienne (UE 36).
Crédits Ph. Salé, Inrap
URL http://journals.openedition.org/racf/docannexe/image/7472/img-54.jpg
Fichier image/jpeg, 234k
Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Philippe Salé, « Le village de Mougon (Crouzilles, Indre-et-Loire) de l’Antiquité à nos jours »Revue archéologique du Centre de la France [En ligne], Tome 64 | 2025, mis en ligne le 23 avril 2025, consulté le 18 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/racf/7472

Haut de page

Auteur

Philippe Salé

Inrap, 148 av. Maginot, 37100 Tours, UMR 7324 CITERES-LAT

Articles du même auteur

Haut de page

Collaborateurs

Céline Barthélemy-Sylvand

Inrap, 4 bvd de l’Europe, 14540 Bourguébus

Philippe Bet

Inrap, 56 bvd du Courcerin, pavillon 34, 77183 Croissy-Beaubourg

Thomas Boucher

écomusée du véron, UMR 7324 CITERES-LAT

Philippe Gardère

Inrap, 148 av. Maginot, 37100 Tours, UMR 7324 CITERES-LAT

Matthieu Gaultier

Service de l’archéologie du département d’Indre-et-Loire, UMR 7324 CITERES-LAT/UMR 5199 PACEA

David Guitton

Inrap, 122 rue Bugellerie, Zone République 3, 86000 Poitiers, EA 3811 HeRMA

Émeline Marot

UMR 7324 CITERES-LAT

Daniel Morleghem

UMR 7324 CITERES-LAT

Françoise Yvernault

Inrap, 148 av. Maginot, 37100 Tours

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search