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Contributions scientifiques

La diversité, principe symbolique et stratégie de différenciation au sein des missions de service public du groupe ­Radio France

Anastasia Choquet

Résumés

Principe consacré par l’UNESCO, la diversité est une notion centrale dans les politiques publiques culturelles en France. Cet article propose d’analyser l’utilisation de cette notion dans trois documents définissant le cadre légal actuel des missions de service public de Radio France. L’objectif étant, d’une part, de participer à la tentative d’une définition du service public (en définissant ses missions et activités supposées), tout en apportant des éléments quant à l’utilisation du principe de diversité par le groupe radiophonique en fonction des politiques publiques.

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Texte intégral

Introduction

Contexte

1Jean-François Lachaume affirme que l’expression « service public » est utilisée dans un « sens organique » et dans un « sens matériel » (Lachaume, 1989 : 17). Christophe Deleu, qui reprend cette définition, précise que le « sens organique […] suppose que le service public est une composante de l’État » et que le « sens matériel […] renvoie à une activité donnée, qu’il convient de définir, et qui relève souvent de l’intérêt général ». Il ajoute que « d’un point de vue matériel, il est plus difficile de définir le service public. La notion est en constante évolution ». Pour Bourdon (2011 : 27), il est moins « une doctrine clairement énoncée qu’un produit de circonstances historiques et sociales » (Deleu, 2013 : 97).

2C’est au prisme de mon objet d’étude, la programmation musicale de Radio France, que j’ai assemblé et étudié un corpus de textes dans le but de définir le « sens matériel » de l’expression « service public » appliquée au groupe radiophonique. J’ai choisi trois textes qui dessinent aujourd’hui le cadre légal relatif aux missions de Radio France : la loi 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication (et plus précisément le Titre III consacré au secteur public), le cahier des missions et des charges de la société Radio France et le contrat d’objectifs et de moyens (COM) 2015-2019.

Présentation du corpus

3La loi 86-1067 fait du cahier des missions et des charges la référence en matière de contrôle des activités du groupe Radio France. Selon l’article 103 du cahier, la société Radio France est tenue de rendre un rapport annuel sur l’exécution de ses dispositions à l’attention du·de la ministre de la Communication et du Conseil supérieur de l’audiovisuel, et ce avant le 30 juin de chaque année. Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel doit de son côté contrôler l’application de ce cahier en élaborant un rapport annuel qui est présenté aux commissions chargées des affaires culturelles de l’Assemblée nationale et du Sénat.

4Depuis la loi du 1er août 2000, l’article 53 de la loi 86-1067 mentionne également la rédaction d’un contrat d’objectifs et de moyens (COM) signé entre Radio France et l’État, renouvelé tous les trois, quatre ou cinq ans (ou lors de la nomination d’un·e nouveau·elle président·e). Le contrat est établi entre le·a président·e de Radio France et les ministres en charge de la Culture, de l’Économie et des Finances. Le CSA n’intervient pas dans sa rédaction, mais formule un avis, tout comme les commissions chargées des affaires culturelles et des finances de l’Assemblée nationale et du Sénat (cela peut faire l’objet d’un débat au Parlement). Chaque année, le·la président·e de Radio France est auditionné·e par les commissions des affaires culturelles et des finances de l’Assemblée nationale et du Sénat pour une présentation de l’exécution du contrat d’objectifs et de moyens.

  • 1 Le préambule du COM, considéré comme un texte ayant ses propres particularités sémantiques, ne sera (...)

5Si les deux premiers textes semblaient naturellement centraux dans ce type d’étude, c’est en considérant que le « sens matériel » du service public est le « produit de circonstances historiques et sociales », que j’ai choisi de m’intéresser à sa définition contemporaine, et par conséquent d’intégrer le dernier COM 2015-2019 à mon corpus1. L’objet de cet article étant de présenter une analyse des textes actifs aujourd’hui, je n’étudie pas ici les contrats précédents.

  • 2 Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, « Rapport sur l’exécution du cahier des missions et des charges (...)

6Si l’on s’intéresse à une définition contemporaine du « sens matériel » du service public, il est également important de préciser que le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel appelle à la refonte du cahier des missions et des charges de Radio France. Dans son dernier rapport annuel consacré au contrôle de son application et présenté aux commissions chargées des affaires culturelles de l’Assemblée nationale et du Sénat2, le CSA déclare prendre « également appui sur le contrat d’objectifs et de moyens conclu entre Radio France et L’État en 2015 », critiquant le cahier des charges dont les missions « ont une portée très générale, et dans leur grande majorité, ne sont pas assorties d’indications spécifiques relatives à leur mise en œuvre. » Au vu de cette position du CSA, il semble donc nécessaire d’inclure le COM dans cette étude.

La notion de diversité

  • 3 UNESCO, « Déclaration universelle de l’UNESCO sur la diversité culturelle », [En ligne] (consultée (...)
  • 4 UNESCO, « Convention de l’UNESCO sur la protection et la promotion de la diversité des expression c (...)

7De cette analyse guidée par mon intérêt pour la programmation musicale résulte la mise en lumière de trois notions importantes relatives aux missions de service public de Radio France : la diversité, l’innovation et la défense du patrimoine national. J’ai choisi de m’intéresser ici à un principe central des politiques culturelles internationales contemporaines, celui de la diversité. Lorsqu’on s’intéresse à la notion de diversité dans le cadre du service public, celle de « diversité culturelle » semble incontournable. Cette notion est devenue une référence en matière de politiques publiques internationales depuis la Déclaration universelle sur la diversité culturelle adoptée lors de la Conférence générale de l’UNESCO en 20013 suivie de la Convention de l’UNESCO sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles adoptée en 20054.

8Dominique Wolton parle d’une « troisième mondialisation, culturelle, qui en réaction à la standardisation veut préserver les identités nationales et locales » et qui instaure « l’obligation de tenir compte de toutes les diversités culturelles », la première mondialisation étant politique et la deuxième économique. Il souligne que « la rapidité de la signature de la Convention […] a montré l’importance de ces dimensions pour la paix de demain », faisant référence à « la diversité culturelle, aussi essentielle, mais inattendue que la diversité environnementale » (Wolton, 2008 : 195). Cependant, il est essentiel de rappeler que la notion de diversité culturelle s’est « construite sur des tournants, controverses, évolutions, ruptures parfois » (Mattelart, 2009 : 1) depuis les années 1960. Tristan Mattelart insiste ici sur « la nécessité de considérer la notion de diversité culturelle non comme donnée et allant de soi, mais comme construite et évoluant en fonction du contexte politique, économique et intellectuel ». L’économiste Françoise Benhamou affirme en effet que « la polysémie du terme permet son affichage par divers acteurs sans que la définition, les moyens, ni les objectifs n’en soient vraiment posés ni nécessairement partagés » (Benhamou, 2005 : 9).

9En considérant la « polysémie » que représente la notion de diversité, et par extension celle de « diversité culturelle », alors même que celle-ci est considérée comme « pour le genre humain, aussi nécessaire qu’est la biodiversité dans l’ordre du vivant » dans la Déclaration universelle sur la diversité culturelle de l’UNESCO en 2001, il est particulièrement pertinent de s’intéresser au sens qu’elle peut prendre dans le cadre des politiques publiques culturelles intérieures d’un pays comme la France, en prenant le cas ici du service public radiophonique. La diversité culturelle qui est à « respecter au sein des États-nations » constitue pour Wolton la première diversité culturelle, « source de problèmes graves » et pourtant moins discutée que la seconde étant « celle liée à l’ouverture du monde » (Wolton, 2008 : 196). Ainsi, les médias de service public semblent bien être en première ligne pour défendre la première.

10De plus, il est essentiel de rappeler que le contexte politique, économique et culturel est non seulement marqué par la mondialisation et le capitalisme, mais aussi par la numérisation. Celle-ci modifie considérablement l’approche de la notion de diversité culturelle qui est « aujourd’hui bouleversée par les perspectives du numérique, à travers notamment l’usage qui est fait de la data, c’est-à-dire des milliers de traces que chaque internaute laisse en permanence de ses différentes navigations, et qui permettent aux entreprises d’Internet de construire un rapport de plus en plus individualisé avec chacun de leurs clients » (Durand, 2016 : 13-14). Le rôle des politiques culturelles nationales et internationales serait donc d’autant plus important que celles-ci sont considérées par l’UNESCO comme un moyen d’assurer le maintien de la diversité face à ces bouleversements.

11À la lumière de ces outils théoriques et de notre corpus, nous pourrions émettre l’hypothèse que cette analyse de contenu est un moyen de définir un « sens matériel » contemporain du principe de diversité en tant que mission de service public, et que cette définition incarne la portée symbolique du principe de diversité culturelle consacré par l’UNESCO. Cependant, la notion de diversité va dépasser ici son sens symbolique et politique porté par l’UNESCO, à savoir vecteur de paix et de démocratie, pour revêtir un autre sens et devenir un argument de performance et de différenciation d’un service public radiophonique évoluant dans un environnement numérique concurrentiel.

12Le premier sens reste majoritaire dans la loi de 86 et le cahier des missions et des charges. Dans ce dernier, c’est l’article 5-1, ajouté par le décret 2006-645 du 1er juin 2006, qui mentionne le plus ces principes liés à la notion de diversité culturelle, ce qui semble être le prolongement de l’adoption de la Convention de l’UNESCO en 2005. Le COM va développer la portée stratégique de la diversité et définir des objectifs plus précis adaptés au contexte économique. L’article 53 de la loi de 86 affirme notamment que le COM doit déterminer « les engagements pris au titre de la diversité et l’innovation dans la création », mais aussi « les axes prioritaires de son développement », « le coût prévisionnel de ses activités », « le montant des ressources publiques devant lui être affectées », « les axes d’amélioration de la gestion financière et des ressources humaines » ou encore « les perspectives en matière de retour à l’équilibre financier ».

13Il est ici essentiel de rappeler que le CSA déclare se rapporter davantage au COM pour son rapport annuel de contrôle des missions de service public. Cela nous amène donc à considérer que le « sens matériel » du service public radiophonique aujourd’hui serait davantage défini par un principe de diversité porté par des objectifs stratégiques ancrés dans un contexte économique concurrentiel que par un idéal symbolique consacré par les politiques publiques internationales. Ce constat irait donc dans le sens des propos de Bourdon qui affirment que le « sens matériel » de la notion de « service public » est moins « une doctrine clairement énoncée qu’un produit de circonstances historiques et sociales » (Bourdon, 2011 : 27) : s’intéresser au COM, qui représente ici le produit de circonstances historiques et sociales, permettrait de mieux définir « l’activité donnée » et donc les missions contemporaines du service public en termes de diversité, par rapport aux textes législatifs fondateurs qui relèveraient davantage d’une « doctrine » qui ne semble pas ancrée dans les problématiques contemporaines.

Analyse du corpus : quelle place pour la notion de diversité dans les missions de Radio France ?

14Pour mener à bien cette analyse de contenu, j’ai non seulement cherché à repérer l’utilisation de la notion de « diversité culturelle », mais également celle du mot « diversité » et de son champ sémantique, défini au regard des trois indicateurs de mesure de la diversité établi par Andrew Stirling et utilisé notamment par l’Institut de statistique de l’UNESCO : la variété, l’équilibre et la disparité. En considérant cette approche ainsi que les éléments théoriques précédemment apportés sur la notion de diversité, trois thèmes s’y référant peuvent être dégagés du corpus : la diversité dans l’expression et la représentation des publics, la diversité des contenus diffusés par les chaînes de Radio France et la diversité des activités du groupe.

Expression et représentation des publics

15Concernant l’expression et la représentation des publics, le terme « diversité » apparaît plusieurs fois dans la loi de 86 et le cahier des missions et des charges. L’article 43-11 de la loi, dont l’objet est de détailler les missions attribuées aux sociétés de service public, mentionne l’obligation d’« assurer une meilleure représentation de la diversité de la société française, notamment d’outre-mer », et d’élaborer « une programmation reflétant la diversité de la société française ». La première phrase de l’article 3 du cahier indique que « la société conçoit ses programmes dans le souci d’apporter à toutes les composantes du public information, enrichissement culturel et divertissement », le troisième alinéa précise également que la société « contribue […] à l’expression et à l’information des communautés culturelles, sociales, et professionnelles, et des familles spirituelles et philosophiques ». L’article 5-1 du cahier va développer la notion de diversité en insistant sur la représentation des publics : « Elle [la société] prend en compte, dans la représentation à l’antenne, la diversité des origines et des cultures de la communauté nationale », puis sur l’authenticité de cette représentation en affirmant que les programmes doivent donner « une image la plus réaliste possible de la société française dans toute sa diversité ».

16Dans le COM 2015-2019, ce principe est largement repris et détaillé. Le premier « objectif » du contrat s’intitule « Toucher le plus large public par une gamme de radios complémentaires », ce qui montre que la notion de diversité est tout de suite assortie d’une action concrète, ici le développement de « radios complémentaires ». Nous pouvons également retrouver des expressions comme « s’adresser à tous les publics », « s’adressant à un public élargi », « tous les publics », ou encore « refléter et donner la voix à la société française dans toute sa diversité, dans ses territoires, dans ses quartiers » où la diversité revêt un sens géographique. Sur ce point, nous pouvons aussi noter la place faite aux langues régionales dans les trois documents étudiés. Le COM va aussi donner plus de précisions sur les publics, notamment dans la présentation des chaînes de Radio France : France Inter « s’attachera à élargir son public 35-49 ans », France Bleu « continuera à fédérer un public large, familial et populaire », France Info « renforcera sa présence auprès des 35-49 ans », France Culture « prolongera son action auprès des publics universitaires et étudiants », France Musique « proposera aux connaisseurs et aux amateurs [...] », Mouv’ est « destinée à la jeunesse, adolescents et jeunes adultes, urbains et péri-urbains de tous milieux sociaux » et FIP « à destination de tous les publics – notamment des jeunes adultes ». Le paragraphe qui conclut la présentation des chaînes ajoute : « Radio France offrira ainsi à chacun […] en fonction de ses goûts et préoccupations, de ses humeurs et inspirations, d’accéder à l’information, à la culture, à la musique ou au divertissement, à travers une offre […] de nature à toucher tous les publics ». Au-delà des aspects culturels, religieux, professionnels, spirituels et philosophiques qui étaient mentionnés dans le cahier des missions et des charges, l’accent est mis ici sur l’individualité des personnes avec les expressions « goûts et préoccupations », « humeurs et inspirations ».

17Alors que le principe de diversité s’appliquait à des « communautés », des « composantes » et des « publics » dans les autres textes, nous avons ici une référence au public en tant que somme d’individus uniques, ce qui pourrait être un écho à l’individualisation des contenus rendue possible par Internet dont parle Emmanuel Durand. Dans cette optique, le huitième objectif du COM s’intitule « Connaître les publics et accompagner les jeunes publics », et mentionne que Radio France « s’appuiera sur les données collectées pour proposer aux publics des offres et des parcours individualisés, selon leurs goûts, préférences ou affinités, grâce à des outils de recommandation adaptés. [...] l’offre de Radio France pourra toucher de manière plus précise les publics et individus qui souhaitent avoir accès aux contenus de manière personnalisée. » Nous pouvons donc constater que l’impératif de diversité concernant les publics représentés devient une stratégie concrète d’évolution du groupe Radio France dans un « univers numérique marqué par une personnalisation croissante de l’offre, où la connaissance des publics et de leurs usages est déterminante », selon le COM.

18Pour ce qui est du contrôle de ces missions, nous pouvons noter que le COM mentionne deux dispositions particulières : le premier objectif se conclut en précisant que « l’ensemble des actions engagées par Radio France en faveur de la représentation de la diversité de la société française fera l’objet d’une revue annuelle devant le conseil d’administration dans le cadre de la présentation du rapport sur la responsabilité sociale et environnementale de l’entreprise. » L’objectif 8 précise, lui, que « l’ensemble des actions engagées en matière de connaissance des publics […] fera l’objet d’une revue annuelle devant le conseil d’administration à compter de 2016 ».

Contenus diffusés

19Outre la représentation de la diversité des publics, le terme de « diversité » est également employé pour qualifier les contenus proposés par les chaînes du groupe. L’article 43-11 de la loi de 86 mentionne dès ses premières lignes « un ensemble de programmes et de services qui se caractérisent par leur diversité et leur pluralisme », « une offre diversifiée de programmes ». Il mentionne également que Radio France doit mettre en œuvre des « actions en faveur de […] la diversité culturelle », sans donner plus de détails sur ce point.

20Dans le cahier des missions et des charges et dans le COM, ce principe de diversité des contenus est surtout mis en avant à travers l’existence de différentes chaînes au sein du groupe. Dans le premier, l’article 25 présente ces différents « programmes ». Cinq programmes principaux sont définis (France Inter, France Musique, France Culture, France Bleu et France Info), ainsi que d’autres programmes (FIP et Mouv’). Chacun possède une description des missions particulières qui lui sont attribuées. Pour la diversité des contenus, sont cités notamment en 2e (France Musique) « un programme musical présentant les divers genres musicaux », en 3e (France Culture) « un programme présentant les divers aspects et modes d’expression des cultures » et Mouv’ « un programme à dominante musicale privilégiant la dimension éducative, sociale et culturelle des divers modes d’expression de la jeunesse ».

21Dans le COM, la diversité des contenus des différents programmes est détaillée de manière plus précise. Dès le paragraphe d’introduction de la première partie, « la diversité, la singularité et la richesse de ses programmes » sont décrites comme les éléments faisant la « force » de Radio France. Le premier objectif du COM débute ensuite avec ces mots : « Radio France offre la gamme de radios et de programmes la plus diverse et la plus complète du paysage public européen. […] la diversité de ses programmes et la complémentarité de ses sept antennes constituent pour Radio France à la fois le cœur de sa mission et un atout considérable ». Ici, la diversité des programmes au sein des différentes chaînes est clairement érigée comme l’une des valeurs principales du groupe. L’existence de sept chaînes différentes, de leur « complémentarité » qui offre « des programmes d’une exceptionnelle diversité », est présentée comme une véritable spécificité non seulement du service public par rapport aux sociétés privées, mais également du service public radiophonique français par rapport aux autres sociétés publiques européennes. Nous pouvons de nouveau faire l’hypothèse ici de l’influence de l’environnement numérique qui tend à individualiser les contenus et segmenter les offres des entreprises médiatiques et culturelles.

  • 5 Chaque « objectif » du COM se conclut sur une liste d’indicateurs qui seront utilisés comme référen (...)

22Le champ sémantique de la diversité est également utilisé pour décrire plus précisément les différentes chaînes. Pour France Inter, sont mentionnés « l’éclectisme des thèmes traités », « la diversité des formats radiophoniques », « la qualité de l’offre dans l’ensemble des champs de l’information, de la culture, de la musique et du divertissement ». Pour France Bleu, le terme « généralistes » est employé pour désigner les 44 stations locales. France Culture est qualifiée de « chaîne de tous les savoirs », avec une « diversité de ses productions et de ses formats radiophoniques ». Concernant directement la programmation musicale des chaînes, la « diversité des répertoires » est mentionnée pour France Musique, ainsi que « l’éclectisme unique de choix musicaux » de FIP, « mariant les styles et les époques ». À ce sujet, et malgré le peu d’informations que le COM contient sur la programmation musicale diffusée par les chaînes, l’indicateur 7 nous intéresse tout particulièrement puisqu’il concerne la « diversité de la programmation musicale sur les chaînes de Radio France »5.

23Les premières phrases de l’objectif 3 du COM mentionnent de nouveau l’atout que constitue « la qualité et la diversité de la production radiophonique », soulignant que la production radiophonique constitue le cœur de la « différence » des antennes. Le mot « différence » est écrit entre guillemets dans le COM, ce qui renforce l’idée d’une particularité en matière de complémentarité des chaînes. Dans la deuxième partie du COM intitulée « Radio France, acteur majeur de la musique et de la culture », la notion de « diversité culturelle » est utilisée de nouveau comme élément stratégique de différenciation. En effet, l’introduction de cette partie contextualise cette stratégie :

« À l’heure de la démultiplication des contenus et de l’avènement d’opérateurs puissants à l’échelle mondiale, ce rôle de producteur, de diffuseur et de promoteur de la diversité culturelle et de la création devra être à la fois revendiqué et valorisé. »

24Toujours dans le cadre de l’environnement numérique concurrentiel, Radio France développe des actions liées à la diversification des programmes, notamment présentes dans le deuxième objectif du COM où il est dit que « face à l’“hyper-concurrence” d’une offre pléthorique de contenus accessibles sur toujours plus de supports, la radio doit devenir une “hyper-radio” ». Le deuxième point de cet objectif s’intitule « L’enrichissement de l’offre radiophonique » et concerne le « développement de la présence numérique de Radio France » en termes de programmes, mentionnant notamment la création de webradios et le développement des offres proposées par les sites Internet.

Activités du groupe Radio France

25Au-delà des publics et des contenus, la diversité des activités du groupe Radio France hors de la diffusion de programmes à l’antenne est particulièrement observable. L’article 43-11 de la loi de 86 affirme que « les organismes du secteur public de la communication audiovisuelle […] s’attachent à développer les nouveaux services susceptibles d’enrichir ou de compléter leur offre de programmes ». Dans le cas de Radio France, il y a d’une part la place importante accordée à la production de créations radiophoniques originales, mais nous nous concentrerons ici sur les activités de production musicale et événementielle, particulièrement mises en avant dans le cahier des missions et des charges et le COM. Ce sont d’abord les formations musicales de Radio France qui sont présentées comme essentielles. L’article 44 de la loi de 86 dicte que Radio France « valorise le patrimoine et la création artistique, notamment grâce aux formations musicales dont elle assure la gestion et le développement ». Dans le cahier des missions et des charges, l’article 29 mentionne également la « place importante aux formations orchestrales et chorales dont elle a la charge ».

26Cependant, c’est surtout dans le COM que l’on peut distinguer clairement le rôle essentiel de la production musicale. En effet, la deuxième partie du COM intitulée « Radio France, acteur majeur de la musique et de la culture » est largement consacrée à ce point. Il est d’ailleurs rappelé dès le premier paragraphe que Radio France « dispose d’un outil unique de production et de diffusion de la musique et de la culture », et qu’elle possède un « rôle de producteur, de diffuseur et de promoteur de la diversité culturelle et de la création ». Après cette mise en avant du rôle de producteur de Radio France, cette partie du COM s’articule presque exclusivement autour de celui-ci. Les quatre formations musicales permanentes sont qualifiées de « nécessaires à l’accomplissement des missions de service public de Radio France », et leur place au cœur de la programmation radiophonique et des activités globales de Radio France est affirmée dans d’autres points de l’objectif 5 comme « une production musicale au cœur des missions de service public », « une offre sans équivalent dans le paysage musical ». Cette activité de production musicale est en lien non seulement avec la programmation radiophonique elle-même (les chaînes diffusent les productions musicales internes), mais également avec la Maison de la Radio qui accueille des concerts de ces formations.

27La notion de spectacle vivant est centrale dans cette deuxième partie du COM. D’une part, le rôle de la Maison de la Radio en tant que producteur de spectacles est réaffirmé (l’objectif 7 est intitulé « La Maison de la Radio, nouveau lieu et nouveau lien avec le public »), parce qu’elle produit non seulement les représentations des formations musicales internes, mais aussi des concerts dans le cadre d’une « politique active de soutien aux talents de la scène musicale actuelle, notamment d’expression francophone ». Cette activité de production d’événements musicaux est toujours liée à la diffusion, puisque ceux-ci ont vocation à être diffusés sur les chaînes du groupe. Nous pouvons aussi noter que la captation et la retransmission de concerts ou de spectacles sont partie intégrante de la programmation, comme indiqué à l’article 29 du cahier des missions et des charges. L’objectif 7 du COM consacré à la Maison de la Radio nous renseigne également sur d’autres activités qui tendent à être développées telles que l’événementiel à destination du public professionnel, la création d’une librairie et d’un service de restauration, ou encore la production de musiques de films. Il est également rappelé le rôle des éditions Radio France et de leur gamme de produits.

28Le développement de la Maison de la Radio apparaît comme un élément essentiel dans la rédaction du contrat, et les activités en son sein sont vouées à en faire « un lieu culturel nouveau, touchant un public large et renouvelé », « un lieu unique en Europe ». L’indicateur 8 du COM est d’ailleurs consacré au nombre d’événements organisés au sein de la maison de la radio, et il est précisé que la « diversification des activités fera l’objet d’une revue annuelle devant le conseil d’administration à partir de 2016 ». Cette « diversification des activités » autour du spectacle vivant et de la Maison de la Radio constitue un autre élément stratégique de différenciation pour Radio France. Il est en effet précisé dans le COM que :

« Face à la multiplication des offres de streaming, les émissions en public, la production et la diffusion d’émissions culturelles et de concerts de musique classique et de musiques actuelles constituent un élément de différenciation fort des chaînes. »

Conclusion

29Que ce soit en termes de publics, de contenus ou d’activités, la notion de diversité recouvre ici un sens qui dépasse l’utilisation symbolique qui peut en être faite dans le cadre des politiques publiques. Cependant, il est important de noter que c’est essentiellement le contrat d’objectifs et de moyens qui opère ce dépassement grâce à une contextualisation du service public radiophonique mettant l’accent sur l’environnement numérique concurrentiel, source de défis complexes qui nécessitent une stratégie. La notion de diversité est alors concrétisée par la mention d’une série de mesures destinées à être évaluées. Pour les publics est mentionnée la création d’outils de recommandation et de personnalisation de l’offre ; pour les contenus, un enrichissement de l’offre de programmes via des supports numériques ; et enfin, le développement des activités autour du spectacle vivant et de la Maison de la Radio.

30Nous pouvons remarquer la faible présence de la notion de diversité en rapport direct avec le recrutement des personnes employées par le groupe. Le COM y fait quelques références, d’abord dans un point intitulé « Maîtriser la masse salariale et réduire la part des emplois occasionnels » affirmant que Radio France est « engagée à favoriser l’insertion professionnelle des jeunes » grâce au développement du recours à l’apprentissage. Dans un autre point consacré à la « responsabilité sociale et environnementale », il est aussi fait mention d’une « politique d’égalité des chances » et d’une « politique volontariste avec des objectifs chiffrés » concernant le nombre de postes à responsabilité occupés par des femmes et l’accessibilité aux personnes en situation de handicap.

  • 6 Radio France. Page « Diversité et égalité ». [En ligne]. (Consultée le 17/09/19) https://www.radiof (...)
  • 7 France Inter. « Voici la liste des entreprises dont on a réussi à retrouver l’index d’égalité femme (...)

31Sur la page « Diversité et égalité »6 du site web de Radio France, l’intérêt pour la diversité des personnes employées semble particulièrement mis en avant, notamment par la mention de la signature de la Charte Diversité en 2004, de l’obtention du Label Diversité en 2013, renouvelé en 2018, mais aussi d’autres actions en interne comme la mise en place d’un dispositif d’écoute anti-discrimination en 2017. Il est alors intéressant de noter qu’en mars 2019, la publication obligatoire des index de l’égalité hommes-femmes par les entreprises de plus de 1 000 salarié·e·s révélait que Radio France faisait partie des entreprises dont le score était inférieur à 75 points, encourant une sanction financière7.

32Au vu de ces éléments, il semblerait nécessaire de prolonger cette analyse par une étude des mécanismes d’évaluation et de sanction relatifs au cadre législatif étudié dans cet article, notamment grâce aux rapports annuels du CSA et aux comptes rendus des auditions annuelles des président·e·s de Radio France. De plus, il serait également intéressant d’analyser les éléments de communication internes et externes du groupe en matière de diversité (tel le site web) afin de repérer les discours choisis par les dirigeant·e·s pour désigner les missions du service public, tout comme il semble essentiel de s’intéresser aux discours et aux pratiques des personnes employées par le groupe et des publics visés par ses activités.

33Enfin, il est essentiel de rappeler que la loi 86-1067 est dite « relative à la liberté de communication » et que plusieurs de ses articles s’appliquent au secteur privé, sans oublier que le champ d’action du CSA s’étend également aux médias privés. Une étude comparative en matière d’obligations liées à la diversité entre secteur public et secteur privé serait donc particulièrement éclairante quant à la spécificité du service public. En effet, en tentant de définir le « sens matériel » du service public par le biais de la notion de diversité, se pose une question majeure : quelle est la spécificité de la stratégie de diversité de Radio France par rapport aux sociétés privées ? Si l’on se rapporte à la définition initiale de Deleu, nous avons a priori réussi ici à définir une « activité donnée » liée à la notion de diversité, mais la question de « l’intérêt général » se pose cependant. En effet, le vocabulaire de la performance et de la stratégie est particulièrement présent dans le COM. Le service public radiophonique ne devrait-il pas évoluer en dehors de toute considération concurrentielle ? Si la diversité perd de son sens symbolique pour évoluer dans le champ de la performance, est-ce synonyme de perte du caractère a priori engagé du service public, vecteur des politiques culturelles de l’UNESCO ?

34Ces questions semblent d’autant plus légitimes qu’elles s’insèrent dans un contexte où l’individualisation des contenus rendue possible par Internet est perçue comme une potentielle menace pour la diversité. Si chaque personne a accès à un contenu sélectionné selon ses goûts, il y a certes une diversité offerte (la somme des contenus proposés à chaque personne), mais quand est-il de la diversité consommée ? Cette différence entre diversité offerte et appropriée a notamment été abordée par Emmanuel Durand, qui affirme que « Ce qui importe […] c’est la diversité des biens culturels que consomment les citoyens, celle à laquelle ils sont réellement exposés, et non celle qui serait théoriquement disponible, mais demeurerait au rang de virtualité » (Durand, 2016 : 79). Cette question est complexe, et nous pourrions émettre l’hypothèse que la performance d’un service public dans un environnement numérique concurrentiel peut également être une exigence des publics qui financent ce service. En effet, si l’on tente de définir le « sens matériel » du service public, qui « renvoie à une activité donnée », « relève souvent de l’intérêt général », s’intéresser aux discours des publics, à leurs attentes et leurs représentations semble essentiel.

Postface (avril 2020)

35Depuis la rédaction de cet article, Radio France a connu une grève inédite de par sa durée. Elle a débuté le 25 novembre 2019 et a été suspendue en mars dernier, suite à la crise sanitaire du Covid-19 (une trêve avait eu lieu pour les vacances de Noël).

36À l’origine de cette grève, un plan d’économie annoncé par la présidente du groupe, Sibyle Veil, qui fait suite à la baisse de la dotation de l’État à Radio France de 20 millions d’euros. Cette annonce intervient dans le cadre plus large du projet de loi relatif à la communication audiovisuelle et à la souveraineté culturelle à l’ère numérique, présenté le 5 décembre dernier en Conseil des ministres par Frank Riester, ministre de la Culture. Le projet instaure la création de France Médias, une société qui regrouperait Radio France, France Télévisions, France Médias Monde et l’Institut national de l’audiovisuel. Il supprime le Contrat d’objectifs et de moyens (COM) relatif à Radio France, pour un COM unique et commun à toutes les sociétés de France Médias. Le cahier des charges de Radio France serait également remplacé par un nouveau cahier fixé par décret. Pour l’heure, ce projet a été également suspendu en mars 2020 suite au Covid-19.

37Concernant la grève menée à Radio France, les conséquences humaines et matérielles qu’aurait le plan d’économie de la direction étaient dénoncées. Sont, notamment en cause les suppressions de postes annoncées : des réalisateurs et réalisatrices, techniciens et techniciennes, des journalistes et animatrices à Fip, puisque les flashes d’information et les décrochages locaux seront supprimés de la chaîne ; on peut aussi noter la suppression des émissions de création musicale sur France Musique qui eurent lieu dès septembre 2019. À ces mesures annoncées par la direction s’ajoutent une embauche et un investissement dans le numérique (une cinquantaine de postes créés et 20 millions d’euros dédiés) qui traduisent la volonté de diversifier les formats numériques produits, ainsi que l’importance donnée à l’impératif d’innovation.

38À plus large échelle, je ne détaillerai pas ici le projet de loi du gouvernement, mais deux éléments ont retenu toute mon attention concernant le principe de « diversité » au sein du service public abordé dans l’article : le choix du terme de « souveraineté culturelle » dans le titre du projet de loi, ainsi que la création du groupe unique France Médias et des questions que cela pose en termes de concentration versus diversité.

39L’objectif de mon article était d’apporter des éléments de définition du « sens matériel » de l’expression « service public » dont parle Lachaume, en me concentrant sur la notion de « diversité ». Au vu de ces récents événements, l’étude approfondie du plan d’économie de Radio France et surtout du projet de loi du gouvernement sera nécessaire puisque celui-ci remplace tous les textes analysés dans cet article. De plus, à la lumière de cette grève historique, il me semble essentiel de rappeler que la définition du service public radiophonique reste un enjeu politique. En effet, le « sens matériel » que donnent les personnes dirigeantes au service public dépend de leurs objectifs politiques et oriente leurs décisions économiques. Ces décisions ont un impact matériel et humain, et façonnent à leur tour le « sens matériel » du service public radiophonique français. Une grève comme celle-ci engage une lutte politique autour de ce « sens matériel » et peut permettre aux grévistes de participer à son explicitation voire à son évolution à travers leurs revendications. Il semblerait alors pertinent d’ajouter à la définition que donne Bourdon du « sens matériel » du service public, « produit des circonstances historiques et sociales », les circonstances politiques.

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Bibliographie

BENHAMOU Françoise, « Diversité culturelle : un concept trop rassembleur pour être honnête ? », Mouvements, 2005/1, n° 37, pp. 8-14.

BOURDON Jérôme, Du Service public à la téléréalité. Une histoire culturelle des télévisions européennes 1950-2010, Bry-sur-Marne : Ina Éditions, 2011.

DELEU Christophe, « Y a-t-il une spécificité du service public en matière radiophonique ? », Les Enjeux de l’information et de la communication, 2013/2, n° 14/2, pp. 95-110.

DURAND Emmanuel, L’Attaque des clones. La diversité culturelle à l’ère de l’hyperchoix, Paris, Presses de Sciences Po, 2016.

LACHAUME Jean-François, Grands services publics, Paris : Masson, 1989.

MATTELART Tristan, « Enjeux intellectuels de la diversité culturelle. Éléments de déconstruction théorique », Culture prospective, 2009/2, n° 2, pp. 1-8.

WOLTON Dominique, « Conclusion générale : de la diversité à la cohabitation culturelle », Hermès, La Revue, 2008/2, n° 51, pp. 195-204. URL: https://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2008-2-page-195.htm

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Note de fin

1 Le préambule du COM, considéré comme un texte ayant ses propres particularités sémantiques, ne sera pas traité ici.

2 Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, « Rapport sur l’exécution du cahier des missions et des charges de Radio France. Année 2017 » [En ligne] (consulté le 12/08/19). www.csa.fr/Informer/Collections-du-CSA/Travaux-Autres-publications/Les-comptes-rendus-et-les-bilans-des-radios-publiques/Rapport-sur-l-execution-du-cahier-des-missions-et-des-charges-de-Radio-France-Annee-2017

3 UNESCO, « Déclaration universelle de l’UNESCO sur la diversité culturelle », [En ligne] (consultée le 12/08/19) https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000124687_fre.page=78

4 UNESCO, « Convention de l’UNESCO sur la protection et la promotion de la diversité des expression culturelles », [En ligne] (consultée le 12/08/19) https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000142919_fre

5 Chaque « objectif » du COM se conclut sur une liste d’indicateurs qui seront utilisés comme référence par le rapport annuel du CSA

6 Radio France. Page « Diversité et égalité ». [En ligne]. (Consultée le 17/09/19) https://www.radiofrance.com/diversite-et-egalite

7 France Inter. « Voici la liste des entreprises dont on a réussi à retrouver l’index d’égalité femmes-hommes ». [En ligne]. (Consulté le 16/09/19). www.franceinter.fr/economie/voici-la-liste-des-entreprises-dont-on-a-reussi-a-retrouver-l-index-d-egalite-femmes-hommes

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Pour citer cet article

Référence électronique

Anastasia Choquet, « La diversité, principe symbolique et stratégie de différenciation au sein des missions de service public du groupe ­Radio France »RadioMorphoses [En ligne], 5-6 | 2021, mis en ligne le 01 novembre 2021, consulté le 11 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/radiomorphoses/1582 ; DOI : https://doi.org/10.4000/radiomorphoses.1582

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Auteur

Anastasia Choquet

Doctorante au CARISM sous la direction de Rémy Rieffel, Université Paris 2, https://carism.u-paris2.fr/fr/anastasia-choquet
anastasiachoquet[at]gmail.com

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