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Hommages à Guy Starkey (1959-2018)

To Guy (Poem) ; Il y a un peu de magie dans tout, et puis des pertes pour équilibrer les choses

Hommages à Guy Starkey (1959-2018)
Peter Lewis et Angeliki Gazi

Texte intégral

1Guy Starkey, universitaire anglais, polyglotte et, en particulier francophone émérite, passionné de radio, des recherches à son sujet, de son enseignement et de sa pratique, ne pouvait que rencontrer et rejoindre le GRER. Depuis 2004, il fut un compagnon de route de notre association, puis un de ses membres, participant à son conseil d’administration et à toutes ses manifestations ou presque.

2C’est avec inquiétudes que nous avions appris sa maladie, suivi ses combats. Il était présent à Bordeaux, en novembre 2017, lors du 8e colloque international du GRER ; fatigué, mais participant, débattant avec son légendaire sourire et sa voix inimitable, sa présence chaleureuse et brillante. Aussi, c’est avec une infinie tristesse que, quelques mois plus tard, au cœur de l’été, en août 2018, nous avons appris son décès.

3Le GRER, par la voix de son président, Frédéric Antoine, portant notre tristesse et notre reconnaissance à tous, avait rapidement rendu un vibrant hommage à notre collègue et ami sur le blog du GRER, RadioGraphy1. Lors de notre 9e colloque international, qui s’est tenu à Tours en novembre 2019, nous avons voulu renouveler cet hommage et rappeler le souvenir de celui qui nous avait quittés, dont l’absence restait frappante.

  • 2 « “Guy Starkey (1959-2018), obituary », by Andrew Crisell Emeritus Professor of Media, University o (...)

4Pour cette occasion, nous avons souhaité inviter Peter Lewis à écrire un texte pour et sur son collègue et ami. Il a généreusement accepté. Prenant en compte l’existence de deux hommages, bien informés et émouvants, déjà publiés en anglais2, Peter Lewis a choisi de rédiger un poème. Nous avons aussi demandé à une autre fidèle amie du GRER et de Guy, Angeliki Gazi, de nous transmettre son témoignage, ses souvenirs. Elle a tout autant et d’emblé accepté. D’une plume subjective, chargée d’une émotion très partagée, elle se fit notre porte-parole. Les deux textes furent lus à la tribune du colloque par Wafa Dahman et Derek Vaillant, tandis qu’un diaporama illustré musicalement nous rappelait de manière poignante, l’ami disparu.

5Nous publions ici ces deux textes, le poème de Peter, dans sa langue originale, et l’évocation subtile des souvenirs d’Angeliki. Merci à eux et merci à Guy, nous ne t’oublierons pas. Avec l’ensemble du GRER, nous lui dédions ce numéro 5 et 6 de RadioMorphoses.

6Jean-Jacques Cheval - Etienne Damome - Pascal Ricaud - Nozha Smati

To Guy

The voice you could not fail to recognise
came first. Its warmth and welcome were his own,
but used professionally to empathise
with listeners. First heard at the microphone
aged eighteen on the pirate Voice of Peace,
he worked in radio through the next decade,
then found in teaching and research new lease
of life. His passion for the medium made
important contributions to the way
we study radio - books, his work as Chair -
“meetings with him were like a group of friends,”
friends made in ECREA, in Europe and in GRER.
Up late at conferences, still fresh next day,
much loved, alas, too soon his story ends.

Il y a un peu de magie dans tout…

« Il y a un peu de magie dans tout
Et puis des pertes pour équilibrer les choses »
Lou Reed

7J’ai rencontré Guy Starkey lorsque j’étais doctorante à l’Université Nationale et Kapodistrienne d’Athènes et l’une des partenaires du projet européen IREN (le Réseau international de recherche sur la radio), un contrat pour une action coordonnée dans le 6e programme-cadre de la Commission européenne, qui s’est déroulé entre 2004 et 2007, sous la coordination du professeur Jean-Jacques Cheval.

8Ensuite, Guy et moi, avons travaillé à la conception, à la préparation de plusieurs nouveaux projets de recherches et de demandes de financement, sur la base de nos intérêts communs pour la radiodiffusion, pour Internet et, plus largement, dans les domaines de la communication et des médias.

9En tant que vice-présidente de la Section radio de l’Association Européenne pour la Recherche sur la Communication et l’Éducation (ECREA), j’ai eu le plaisir de travailler avec Guy Starkey à partir de 2008, quand il fut élu président de cette section. En septembre 2013, au nom de la section de recherche Radio d’ECREA, Guy a organisé, une large et très réussie conférence académique intitulée : « Radio, the Resilient Medium » (« Radio, le média résilient »), sur le campus londonien de l’Université de Sunderland. Il a pleinement et activement participé à un large éventail de collaborations et recherches internationales. J’ai travaillé avec lui à l’édition d’un recueil de quinze articles par la maison d’édition britannique Intellect. Le livre Radio Content in the Digital Age (Les programmes radiophoniques à l’ère numérique) (2012) fut une contribution très importante à ce domaine d’investigation. Plusieurs chapitres y sont consacrés à des recherches de pointe sur les relations entre la radio et Internet, en Europe et en Afrique.

10Au travers de ses divers articles et communications, j’ai grandement apprécié le caractère original et hautement scientifique de l’approche de Guy Starkey concernant les programmes et les technologies de la radio, ainsi que la présence croissante, le développement de la radio sur Internet. Lui-même a étudié certains des développements les plus récents de ce support, notamment les effets de la numérisation pour la production et de diffusion radiophonique.

11Guy disposait d’atouts particuliers pour s’identifier auprès d’un large éventail de personnes dans les cercles académiques internationaux. Un « Anglais, à la fois courtois et sincère, presque douloureusement poli, qui s’est levé à la fin d’un week-end très réussi de rencontre du réseau international IREN pour nous remercier tous, pour notre travail acharné et pour exprimer sa joie et sa gratitude d’avoir été invité à y participer », ainsi que Rosemary Day l’a rappelé en novembre 20018, dans une tribune en hommage à Guy lors d’une conférence d’ECREA.

12J’ai appris sa disparition en août 2018 à travers un message Whatsapp. J’étais vraiment choquée et à ce moment-là je réalisais qu’au cours des années – à l’orée du nouveau siècle - nous avions créé un réseau radiophonique mondial non seulement de collègues, mais aussi d’amis… En cette chaude journée athénienne du 2 août 2018, j’ai reçu plusieurs messages de ­collègues du monde entier, via de nombreux canaux de communication, exprimant leur tristesse pour la perte de Guy. Il est encore possible de lire plus d’une centaine de commentaires suivant l’annonce de sa disparition sur sa page Facebook3.

13J’en sélectionne ici quelques-uns parmi d’autres : « Un grand professeur avec une fantastique voix radiophonique » ; « un excellent ami prêt à aider les autres » ; « un collègue si sociable » ; « un véritable ami » ; « un homme de radio naturellement talentueux » ; « il aimait et comprenait la radio » ; « un homme bon à tous les sens des mots » ; « un collègue et professeur merveilleux, gentil, généreux et brillant » ; « il avait de belles histoires à raconter et conviait tout le monde dans son cercle » ; « une figure paternelle » ; « quelqu’un de si véritablement gentil, attentionné et prévenant » ; « un authentique et stimulant universitaire » ; « un charmant compagnon, plein d’histoires fascinantes » ; « un homme brillant, un collègue très attentionné » ; « nous promettons de garder sa voix vivante tant que nous existerons » et tant d’autres paroles précieuses et vraies à propos de Guy. Guy Starkey fut un gentleman, un gentilhomme, jusqu’à ses derniers instants, il avait demandé à sa fille, Kay, à l’annonce de sa mort, de « transmettre ses meilleurs vœux à tous ».

14Lors de sa 6e conférence qui s’est tenue en septembre 2019 à Sienne en Italie, en sa mémoire, la section Radio recherches d’Ecrea a décerné le « Prix Guy Starkey » destiné aux jeunes chercheurs.

15Je me souviens de nos rencontres, de nos discussions sur nos vies et toujours de nos rires, même quand il était question de nos problèmes inconfortables ou déplaisants.

16Guy, était aussi l’homme du « dernier verre » lors de nos soirées radiophoniques, un homme à l’énergie inépuisable, doté d’un grand sens de l’humour, d’une gentillesse et d’un sourire sans fin. Lorsque je suis arrivé à la conférence ECREA de Lugano, en novembre 2018, ma première pensée fut de lui envoyer un texto pour lui demander dans quel bar il se trouvait. Immédiatement, bien sûr, j’ai réalisé que cela ne serait plus possible…

17J’aurai tellement d’histoires à retenir et à raconter à propos de Guy. Certaines d’entre elles sont très drôles, d’autres plus tristes. Mais je veux me souvenir de lui ainsi qu’il était en cette nuit tempétueuse de janvier 2007 sur la côte de Sunderland. Nous avions beaucoup marché sur une plage de sable, en bordure de l’océan et nous avions trouvé un petit cottage. Cette cabane, au milieu de nulle part, était un bar rempli de chaude ambiance dans lequel un groupe de jazz essayait de couvrir le fracas de la tempête et des vagues de l’océan. Je veux croire que c’est dans un tel lieu, chargé d’atmosphère, entre vérité et légende, que Guy est maintenant, animant ses émissions de radio pour les Dieux.

18Les Grecs de l’Antiquité croient que quelqu’un meurt quand on l’oublie, qu’on ne lui rend plus hommage. Pour moi, pour nous, pour notre communauté des études radiophoniques, Guy Starkey restera immortel. Ce fut un grand privilège et un honneur, Guy, de vous avoir connu et d’avoir travaillé avec vous.

Guy Starkey (1959-2018), mars 2007

Guy Starkey (1959-2018), mars 2007

Guy Starkey en compagnie de Angeliki Gazi et Wafa Dahman, Paris, novembre 2009

Guy Starkey en compagnie de Angeliki Gazi et Wafa Dahman, Paris, novembre 2009

Guy Starkey, et Peter Lewis, lors de sa dernière intervention au 8e colloque du GRER, Bordeaux, novembre 2017

Guy Starkey, et Peter Lewis, lors de sa dernière intervention au 8e colloque du GRER, Bordeaux, novembre 2017
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Note de fin

1 Frédéric Antoine, « Une douce voix s’en est allée », RadioGraphy, 6 août 2018, https://radiography.hypotheses.org/2491

2 « “Guy Starkey (1959-2018), obituary », by Andrew Crisell Emeritus Professor of Media, University of Sunderland », Radio Journal: International Studies in Broadcast & Audio Media, Volume 16 Number 2, 2018, https://doi.org/10.1386/rjao.16.2.107_7 & Madalena Oliveira, “A tribute to Guy Starkey (1959-2018)”, 20 août 2018, https://www.ecrea.eu/news/6584224

3 https://www.facebook.com/guy.starkey

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Table des illustrations

Titre Guy Starkey (1959-2018), mars 2007
URL http://journals.openedition.org/radiomorphoses/docannexe/image/1614/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 28k
Titre Guy Starkey en compagnie de Angeliki Gazi et Wafa Dahman, Paris, novembre 2009
URL http://journals.openedition.org/radiomorphoses/docannexe/image/1614/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 118k
Titre Guy Starkey, et Peter Lewis, lors de sa dernière intervention au 8e colloque du GRER, Bordeaux, novembre 2017
URL http://journals.openedition.org/radiomorphoses/docannexe/image/1614/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 251k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Peter Lewis et Angeliki Gazi, « To Guy (Poem) ; Il y a un peu de magie dans tout, et puis des pertes pour équilibrer les choses »RadioMorphoses [En ligne], 5-6 | 2021, mis en ligne le 01 novembre 2021, consulté le 21 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/radiomorphoses/1614 ; DOI : https://doi.org/10.4000/radiomorphoses.1614

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Auteurs

Peter Lewis

Professor of Media and Culture, School of Computing and Digital Media, London Metropolitan University.
p.lewis[at]londonmet.ac.uk

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Angeliki Gazi

Professor, Department of Communication, Media and Culture, Panteion University of Social and Political Sciences – Athens.
a.gazi[at]panteion.gr

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Droits d’auteur

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