1Au cours de ces dernières décennies, les recherches concernant les périodes de l’âge du Bronze et de l’âge du Fer sont restées quelque peu lacunaires pour ce secteur géographique de la confluence Saône/Azergues. Dans cette perspective, il nous est apparu opportun de présenter les données issues de deux interventions préventives réalisées sur les communes de Belleville-en-Beaujolais et de Reyrieux et qui intéressent la période du Hallstatt C (fig. 1). Ces deux entités archéologiques sont distantes d’une vingtaine de kilomètres et occupent les deux rives de la Saône : la plus méridionale, Vignoles, est implantée sur le rebord d’un plateau qui surplombe la rivière. Plus au nord, en rive droite, le site de Descours à Belleville occupe quant à lui, une haute terrasse alluviale de la Saône. Ces deux gisements ont révélé la présence de structures de type domestique, associées à des assemblages mobiliers susceptibles de révéler l’existence d’au moins deux phases stylistiques du Hallstatt C.
Fig. 1. Localisation des sites de Descours à Belleville-en-Beaujolais (Rhône) et de Vignoles à Reyrieux (Ain).
© IGN.
2Les recherches concernant l’âge du Bronze dans la basse vallée de la Saône débutent au xixe siècle sous l’impulsion d’érudits tels Adrien Arcelin, Henri Testot de Ferry, Ernest Chantre, Auguste Carra et Claudius Savoye. Cette région, délimitée au nord par Mâcon et au sud, par Lyon, est restée longtemps méconnue quant à son potentiel archéologique pré- et protohistorique (surtout pour sa moitié nord, entre Mâcon et Villefranche-sur-Saône). Les principales découvertes ont donc principalement concerné la partie nord de la région lyonnaise, plus exactement les rives de la Saône beaujolaise et de la Costière de Dombes, entre Belleville et Anse (Rhône) (fig. 1 et 2). Les monts du Beaujolais sont restés pour leur part quelque peu délaissés par ces investigations jusque dans les années 1890. Rétrospectivement, il convient de rappeler que cette dynamique de recherches archéologiques a atteint son apogée entre les années 1860 et 1863. C’est en effet à cette période que débutent les premières explorations destructrices ciblées dans le lit de la rivière, le long de ses berges, ainsi que sur les plaines limitrophes. Sur ordre de Napoléon III, les premiers dragages débutent le 16 décembre 1861 à la hauteur de Saint-Georges-de-Reneins (Rhône) et à Messimy (Ain), puis, progressent ensuite vers le sud en direction de Riottier (Ain), où les vestiges exhumés se font de plus en plus denses. Deux campagnes ont lieu à Riottier entre le 12 mars et le 21 août 1862 (Valentin-Smith, 1888) et sont immédiatement relayées par l’exploration de la vallée du Formans du 4 au 10 septembre de la même année. Plusieurs emplacements protohistoriques à vocation funéraire sont rapidement exploités entre les communes de Saint-Bernard et de Saint-Didier-sur- Formans (Ain). Les lieux de sépultures concernés correspondaient principalement à des tumuli (dont certains, selon l’auteur, étaient encore préservés sur une hauteur de plus de 3 m) ou à des « tombelles », de dimensions moindres. Il n’en demeure pas moins que de nombreuses autres structures funéraires (dépôts de crémations en urne, inhumations isolées ou groupées) ont parallèlement été mises au jour, leur localisation restant toutefois très imprécise pour la plupart d’entre elles.
Fig. 2. Carte de localisation des principaux sites pré- et protohistoriques de la Saône beaujolaise et de la Costière d’Ain.
© P. Hénon, W. Widlak.
3Les mobiliers métalliques et céramiques témoignent d’une relative pérennité des lieux, de la fin du Néolithique à l’Antiquité. L’essentiel de la documentation connue concerne les phases moyenne et récente de l’âge du Bronze final (coupe tronconique, gobelet à épaulement,…), mais également l’âge du Fer lato sensu. Il va sans dire que le caractère exceptionnel de ces découvertes stimula sans doute davantage l’intérêt des préhistoriens mâconnais A. Arcelin et H. Testot de Ferry, qui dès l’été 1867 explorent de nouveau les rives de la Saône entre Chalon (Saône-et-Loire) et Villefranche (Rhône). Ces investigations archéologiques centrées dans cette partie du val de Saône se concrétiseront au travers de la publication de J.-O. Valentin Smith en 1888.
4Le pendant de ces recherches, mais cette fois-ci en rive droite de la Saône beaujolaise est assuré par C. Savoye, instituteur à Odenas. La publication de son ouvrage Le Beaujolais Préhistorique (Savoye, 1898) scellera pour de nombreuses décennies à venir les prospections et fouilles archéologiques effectuées dans cette partie du département du Rhône. Il ressort néanmoins de l’œuvre du préhistorien caladois que ce sont surtout les sites de plein air (Alix, Dorieux, Rhône) et troglodytiques (grotte de Saint-Try à Pommiers et grotte des Sarrasins à Morancé, Rhône) – fréquentés au Paléolithique et au Néolithique –, qui ont été le plus mis en lumière (Savoye, op. cit.). Entre les années 1888 et 1890, C. Savoye entreprend une série de prospections des berges de la Saône, entre les communes de Thoissey (Ain) et de Villefranche (Thevenot, 1973) et y recense de nouveaux points de découvertes à Belleville, Saint-Georges-de-Reneins et Villefranche (Rhône).
5Les destructions massives des gisements protohistoriques connaissent un nouvel essor à la fin du xixe siècle avec en particulier, des dommages sans précédent affectant les abords du gué de Grelonges (Rhône).
6Entre les années 1960 et 1980, l’industrie liée à l’extraction des matériaux voit la création de nombreuses sociétés qui s’implantent sur les deux rives de la rivière entre Mâcon et Lyon. De nouvelles découvertes ponctuelles issues des dragages dans les lits majeurs du Rhône et de la Saône viennent étoffer un corpus déjà bien argumenté. Ces vestiges dénués de contexte stratigraphique sont représentés par du mobilier métallique en bronze et en fer appartenant aux cortèges de la parure et de l’armement (Millotte, 1963 ; Combier, 1977 ; Chapotat, 1981). Le milieu des années 1980 est marqué par le développement des Grands Travaux dans la région Rhône-Alpes, qu’il s'agisse de tracés linéaires (A.46 Nord ; A.46 Sud) ou de concessions d’exploitations de granulats, dont certaines prospèrent entre Villefranche et Trévoux (Ain). Ces dernières font l’objet d’une surveillance accrue de la part des services de l’État, en particulier des Directions des Antiquités historiques et préhistoriques de la région Rhône-Alpes.
7Présenté sous différentes facettes, le projet visant à la création d’une vaste zone de loisirs à Anse (Rhône), au lieu-dit Le Bourdelan (ou Bordelan) avait entraîné l’instauration d’une campagne de diagnostic réalisée sur une superficie avoisinant les 171 ha, entre 1987 et 1988. Le site du Bourdelan est situé à proximité immédiate de la confluence Saône/Azergues et fait face à la commune de Saint-Bernard. Trois zones principales d’interventions avaient été préalablement circonscrites (Hénon, 1988). La première, au sud, avait permis de repérer la présence d’indices de fréquentation (caractérisés par du mobilier céramique), rapportés globalement à l’âge du Bronze final. À une distance d’environ 600 m à l’ouest de la berge et à proximité d’un ancien bras de la rivière et d’une tourbière, fut découvert un pieu en chêne fiché en position verticale dans une séquence d’argiles vasardes. L’analyse dendrochronologique fut confiée au laboratoire Archéolabs et livra le résultat suivant : Ref. Séquence 1 Anse / -1046 -1033 av. J.-C. La multiplication des sondages dans un large périmètre autour du lieu de la découverte n’a curieusement révélé la présence d’aucun autre vestige d’origine anthropique.
8Le second pôle investi a concerné le secteur de la berge (lieu-dit Le Perthuis) menacé par le projet d’ouverture d’un chenal sur la Saône. Une fouille réalisée sur une surface de 500 m2 a permis de localiser des vestiges piégés dans une couche limono-argileuse grise, oxydée et livrant du mobilier lithique taillé et du mobilier céramique attribuables au Néolithique et à l’âge du Bronze final. Il apparaît que cet horizon archéologique n’est pas homogène au vu des mobiliers exhumés : un grand récipient de stockage évoque le Bronze moyen/récent, tandis que deux autres fragments, dont un segment de panse à décor de fines impressions ovales obliques et adjacentes et un fragment de cordon digité, semblent devoir indiquer la seconde moitié du Bronze final, ainsi d’ailleurs qu’un fragment de bord dont la base est soulignée par deux filets concentriques incisés.
9Enfin, conjointement aux prospections et fouilles terrestres, une campagne de prospection subaquatique sous la direction du CNRAS d’Annecy a concerné les rives de la berge entre les PK 36 et PK 37. Cette dernière a conduit au repérage d’une couche archéologique enrichie en charbons de bois et contenant des fragments de céramiques, attribuables selon J. Vital, au Bronze final 3b. En dépit de la superficie soumise au diagnostic, les vestiges attribuables à l’âge du Bronze se sont révélés ténus dans leur ensemble. L’ultime intervention menée dans une gravière aura lieu en 1990 à Trévoux (Ain), au lieu-dit En Combard, à une centaine de mètres de la rive gauche de la rivière. Cette fouille de sauvetage a concerné ce qu’il subsistait d’une fosse de forme oblongue du Néolithique final, détruite pour moitié sous l’action d’une dragueline (Hénon, 1991).
10Ce site domine légèrement la rive droite de la rivière d’une quarantaine de mètres, soit entre 204 et 211 m (fig. 2 et 3). Il a fait l’objet en 2014 de deux campagnes de diagnostic sur une emprise d’une superficie de 3 ha, concernée par un projet immobilier. Les sondages ont révélé la présence de nombreux vestiges dont la chronologie s’échelonne entre le Premier âge du Fer et le xve siècle. Une opération de fouille préventive a été ensuite réalisée par l’Inrap entre les mois d’octobre 2016 et mars 2017 (Motte, 2018). Quatre zones d’interventions ont été définies : la Zone A (6485 m2) ; la Zone B (7995 m2) ; la Zone C (8115 m2) et la Zone D (9230 m2) (fig. 3). Les vestiges du Premier âge du Fer ont principalement été recensés sur les Zones B et D et étaient caractérisés par une dizaine de structures excavées.
Fig. 3. Belleville-en-Beaujolais (Rhône), Descours. Localisation des structures du Hallstatt C.
© P. Hénon.
11Deux structures ne pourront faire l’objet d’une proposition de datation relative, compte tenu de l’insignifiance heuristique du mobilier céramique associé. Nous les évoquerons toutefois, ce à titre d’information. La première, F320, est une fosse de forme oblongue d’une longueur de 5 m pour une largeur de 2,20 m. Observée en coupe, elle montre un profil en « V » dont la profondeur oscille entre 0,50 et 1,60 m (fig. 4). Son remplissage limono-sableux brun à rouge n’a livré qu’un tesson de céramique. La structure F348 fera également l’objet d’une réserve d’usage quant à son affiliation culturelle. Il s’agit d’une cuvette de forme ovale (1,80 x 0,84 x 0,14 m) dont le fond est irrégulier (fig. 5). Le remplissage n’a livré qu’un petit fragment de céramique non tournée.
Fig. 4. Relevés en plan et en coupe des Faits 320 et 321.
© A. Borel, A. Frecon-Jouve.
Fig. 5. Relevés en plan et en coupe du Fait 348.
© A. Borel, A. Frecon-Jouve.
12La fosse F351, de forme ovale (1,80 x 1,50 x 0,50 m), se caractérise en coupe par un profil à bords inclinés et fond irrégulier (fig. 6). Son comblement, constitué d’un limon argileux gris clair, hétérogène, contenait de rares galets, quelques nodules de terre cuite, de la céramique (quatre-vingt-cinq fragments) et des éléments lithiques (lissoirs et fragment de lame). Aucune caractéristique ne permet d’en déterminer sa fonction, l’irrégularité du fond peut malgré tout suggérer une tentative d’extraction.
Fig. 6. Relevés en plan et en coupe du Fait 351.
© A. Borel, A. Frecon-Jouve.
13L’ensemble constitué par les structures F315/F319/F355 demeure le plus imposant fouillé sur le site. Lors du diagnostic de 2014, il se présentait sous la forme de deux fosses (sondage 22, numéros diagnostic F27 et F35). La fosse F27 au sud avait fait l’objet d’un sondage mécanique sur pratiquement un quart de sa surface, le fond étant intentionnellement non atteint. Les coupes ont montré un profil caractéristique de fosse-silo en plus d’un comblement charbonneux livrant un abondant mobilier céramique. Le décapage extensif mené lors de la fouille a permis de mieux cerner cet ensemble qui apparaît en surface comme une fosse polylobée d’un peu plus de 6 m de long selon un axe nord-sud et aux contours irréguliers (fig. 7 et 8). La partie sud est large de 1,86 m, montre un étranglement plus au nord, puis de nouveau une largeur plus conséquente à son extrémité septentrionale nord. Le comblement se différencie du substrat par une couleur brun-rouille, par la présence de céramique et par une texture plus hétérogène, un peu sableuse. Ce sédiment tend vers le brun-noir dans la partie centrale jusqu’à former deux concentrations distinctes.
Fig. 7. Relevés en plan et vue des Faits 315 et 319.
© A. Borel, A. Frecon-Jouve, J.-C. Sarrasin.
Fig. 8. Relevés en coupe des Faits 315, 319 et 355.
© A. Borel, A. Frecon-Jouve.
14Au sud, F315 (F27 du diagnostic) est très bien délimitée sur les trois quarts de son pourtour et sa limite nord se fond dans l’ensemble (fig. 7). Au nord, F319 (F35 du diagnostic), dont la partie centrale de couleur brun-noir contenait de nombreux tessons de céramique et fragments de terre cuite, est de plan bilobé. Ces deux creusements se rejoignent au centre (F355) dans une zone à la fois moins sombre, présentant moins de céramique et surtout moins de terre cuite. Trois creusements rectilignes parallèles de très faible profondeur, entament le sommet du remplissage de F319. Il s’agit de traces de labours profonds ou plus probablement de tranchées réalisées lors de l’installation de pieds de vigne ou d’opérations de marcottage. Afin de mieux appréhender ce qui paraît, en surface, être un groupe de fosses se recoupant, l’ensemble a été fouillé en huit quadrants.
15Les deux premiers quadrants reprennent l’axe des coupes réalisées dans la partie méridionale de l’ensemble lors du diagnostic (coupe 1). Ces coupes montrent un profil en ampoule et un fond légèrement convexe caractéristique d’une fosse-silo. Le creusement atteint 0,80 m de profondeur et son diamètre en surface est de 1,80 m. Côtés est et sud, à la base, le creusement s’élargit d’une vingtaine de centimètres, portant le diamètre inférieur du silo à environ 2 m (fig. 7 et 8). Le comblement comprend plusieurs phases et une probable perturbation liée à un creusement postérieur dans la partie nord de la fosse. Le processus de comblement commence avec, au fond, une couche un peu charbonneuse formant un dôme. En périphérie cette couche devient moins compacte, elle renferme deux cent cinq tessons de céramique dont des profils de vases complets. Ce niveau correspond au premier stade d’abandon du silo, lorsque celui-ci conserve son profil de creusement mais a perdu sa fonction de stockage pour devenir un dépotoir. La deuxième phase de comblement se traduit par l’effondrement des bords en redan, qui se retrouvent sous la forme d’une couronne périphérique de sédiment très proche de l’encaissant, allant même jusqu’à créer l’illusion d’un rebord. Les phases suivantes de comblement sont un mélange d’encaissant effondré (à dominante plutôt jaune) et de sédiment brun-rouille résultant de l’érosion et de l’altération des sols anthropisés. La phase ultime de comblement, du moins dans la hauteur conservée, est une couche d’abandon mêlant tessons de céramique, fragments de terre cuite et rejets charbonneux dans un sédiment brun à brun-noir. Les élément recueillis, et notamment le profil du creusement, attestent donc une fonction première de silo pour cette fosse. Une datation radiométrique réalisée sur charbons de bois (fait 315 US 315.1 -Lyon-14047 GrA) a donné le résultat suivant : 2495 ± 30 BP (âge calibré : 783 - 517 av. J.-C.).
16En surface, ce creusement recoupe partiellement le bord nord de F315 mais apparaît plus nettement en profondeur. En plan, elle s’inscrit entre F315 et F319 et sa limite nord-ouest correspond à l’étranglement mentionné plus haut (fig. 7 et 8). Elle présente une densité assez forte de mobilier céramique, dont des fragments de grande taille et deux fusaïoles. F355 atteint une profondeur de 0,90 m et mesure 1,40 m dans sa partie la plus large à mi-hauteur, lorsque son creusement s’individualise par rapport à F315 et F319. Elle présente un profil à bords évasés et à fond plat, d’un diamètre à la base de 1 m. Elle s’élargit ensuite progressivement vers le haut. Contrairement à F315, elle semble présenter un processus de comblement assez simple avec une première phase constituée d’un sédiment brun-rouille et peu de mobilier. Lors de cette phase, les bords supérieurs du creusement doivent probablement s’effondrer, provoquant un évasement de celui-ci. La deuxième phase se caractérise par un comblement plus riche en artefacts dans un creusement élargi masquant son profil initial. La forme cylindrique de la base du creusement plaide en faveur d’une fonction de fosse-silo pour F355 et ceci, même si le processus de comblement de F355 est différent de celui de F315.
17En surface et sur la partie centrale de l’extrémité septentrionale de l’ensemble F315/35/319, se différencie un sédiment plus sombre, brun à brun-noir et d’une densité assez forte en mobilier céramique, mais également en terre cuite, ainsi que de nombreux blocs thermofractés (fig. 7 et 8). L’importance notamment des fragments de terre cuite évoque un éventuel foyer, voire un four, mais la fouille a montré que tous ces éléments étaient inorganisés et appartenaient à une couche de remblai. Les coupes réalisées lors de la fouille semblent plutôt mettre en évidence une imbrication de fosses. La coupe 3 montre, en plus d’une limite de creusement de F355 côté ouest, l’existence d’un creusement à fond plat. La coupe 4 présente des profils beaucoup plus irréguliers. La profondeur du creusement de F319 est plus faible (0,50 m) que celles de F315 et F355 (0,80 m et plus). Par ailleurs, la succession stratigraphique est comparable, avec cependant un niveau supérieur sombre plus volumineux et qui se poursuit même jusqu’au fond du creusement. Le décapage mécanique a permis de distinguer deux surcreusements : l’un au sud et l’autre au nord, de dimensions plus réduite. Malgré la forme relativement circulaire des excavations perçues sur les parties inférieures de F319, les arguments manquent pour identifier formellement une fosse-silo sur cette partie nord de l’ensemble fouillé.
18L’ensemble F303/310/326 (fig. 9 à 11) forme une entité trilobée peu profonde (0,20 m) à fond plat. D’une longueur totale de 4,50 m pour une largeur de 2,30 m, son creusement est irrégulier et concave. La partie sud (F303) est caractérisée en son centre par un amas de fragments de terre rubéfiée (USF303.4) parmi lesquels de rares éléments de sole foyère ont été identifiés (fig. 10). Les autres comblements y compris ceux des fosses F310 et F326 sont des limons argileux à charbon de bois en quantité plus ou moins dense (fig. 11). Les remplissages supérieurs renfermaient de la céramique (296 tessons) datée du Hallstatt C, d’autre part, une fusaïole a été retrouvée dans F303. En surface, le creusement F326 semble recouper la fosse F323 qui se développe juste au sud-est. La datation radiométrique réalisée à partir de charbons de bois (Fait 303 US 303.2-Ly-17324) a donné le résultat suivant : 2795 ± 30 BP (âge calibré : 1016 - 846 av. J.-C.).
Fig. 9. Relevés en plan des Faits 303, 308, 309, 310, 323, 324 et 326 et 319.
© A. Borel, A. Frecon-Jouve.
Fig. 10. Relevés en plan et en coupe des Faits 303, 310, 311 et 326.
© A. Borel, A. Frecon-Jouve.
Fig. 11. Relevés en plan et en coupe des Faits 323 et 326.
© A. Borel, A. Frecon-Jouve.
19F323 est caractérisée par un plan informe long de 4,10 m et large de 2,80 m. En coupe, le profil montre un creusement irrégulier des parois et du fond mais aussi un surcreusement central de 0,55 m de profondeur (fig. 9 et 11). Le comblement, constitué de limon sableux beige et compact, devient plus argileux à l’approche du fond. La céramique (14 tessons) provient du remplissage de surface.
20F324 est située juste au sud-est de la précédente. Il s’agit également d’une grande structure polylobée de 7,25 m de longueur et 4,25 m de largeur. Trois coupes montrent chacune un double creusement dont la profondeur atteint 0,90 m au maximum (fig. 9 et 12). Les six surcreusements ainsi identifiés présentent un profil en U et sont comblés de plusieurs remplissages de limon sableux beige et compact, devenant plus argileux à l’approche du fond. La céramique provient du remplissage de surface. Le caractère irrégulier du plan de ces fosses, le grand volume que représente la terre évacuée et, pour certaines fosses, l’arrêt du creusement au niveau d’un substrat plus grossier suggèrent une fonction d’extraction liée à la construction d’un habitat en matériaux périssables à proximité. Quant aux éléments retrouvés dans les comblements supérieurs de ces fosses (terre rubéfiée, céramique, fusaïole), ils semblent leur conférer une fonction secondaire de rejet. Ce mobilier témoigne de la proximité d’un habitat, confirmant ainsi la présence de bâtiments et donc de la fonction de fosses d’extraction pour ces fosses.
Fig. 12. Relevés en plan et en coupe du Fait 324.
© A. Borel, A. Frecon-Jouve.
21Situées juste au sud-ouest des fosses d’extraction, deux structures ont livré des traces de combustion.
22La fosse F308 est de forme ovale avec une longueur de 2,45 m pour 1,73 m de largeur (fig. 9 et 13). En coupe, son profil montre une profondeur de 0,36 m, des bords droits et un fond plat. Deux comblements ont été identifiés : le niveau supérieur, sur 0,10 m d’épaisseur, est composé d’un limon sableux gris à noir, assez meuble, riche en charbon de bois, en terre cuite et en céramique (soixante-quatre tessons) ; le niveau inférieur est un comblement limono-sableux grisâtre très compact et homogène.
Fig. 13. Relevés en plan et en coupe du Fait 308.
© A. Borel, A. Frecon-Jouve.
23La fosse F309 est également de forme ovale (1,46 x 1,30 x 0,12 m) (fig. 9 et 14). Elle se caractérise par un profil à bords droits avec un fond plat incliné vers l’est. Le comblement unique est composé d’un limon argileux gris à noir, meuble, hétérogène, très riche en charbon de bois, terre cuite et céramique (cent soixante-dix-huit tessons) parfois brûlée. La fosse F309 pourrait être interprétée comme un foyer arasé, son comblement unique, bien circonscrit, contenait de nombreux tessons de céramique brûlés. Le niveau supérieur, peu épais, de la fosse F308 semble correspondre à un rejet de foyer. Il paraît donc fort probable que ces deux structures aient fonctionné ensemble.
Fig. 14. Relevés en plan et en coupe du Fait 309.
© A. Borel, A. Frecon-Jouve.
24Comme nous l’avons évoqué antérieurement, les sites du Premier âge du Fer restent méconnus dans ce secteur des rives de la Saône beaujolaise. Il est sans aucun doute illusoire de rester sur cette impression de sous-représentation de cette période des Âges des métaux, qui recouvre plus précisément les viiie et viie siècles avant notre ère. Au travers de ce contexte culturel, il ressort que les séries céramiques du site de Descours à Belleville-en-Beaujolais constituent les premiers ensembles caractéristiques du Hallstatt ancien de la basse vallée de la Saône.
25Le corpus céramique extrait des structures du site de Descours totalise un effectif composé de 2 081 fragments issus de la fouille de sept ensembles (fig. 15), disséminés sur deux secteurs distants d’environ 400 m (secteurs B et D). En terme de masse, ce sont 47,724 kg de rejets domestiques qui ont été recueillis, pour un effectif d’environ cent quarante éléments typologiques remarquables. Au plan technologique et macroscopique, l’état de conservation du mobilier est très altéré et la plupart du temps les dégraissants sont apparents sur les parois. Les types de productions montrent clairement la dominance des pâtes dites grossières (1141 occurrences), par rapport aux pâtes fines (855 occurrences). De nombreux remontages ont été effectués entre les ensembles F315/319/355 et F303/310/326. Tous les éléments caractéristiques ont été dessinés, à l'exception de certains fonds plats. Sur la centaine de formes identifiables, il ressort que ce sont les coupes, les vases à col et les vases à épaulement qui restent les mieux représentés dans cette série (fig. 15).
Fig. 15. Répartition du mobilier céramique par ensemble-clos (A) et matrice de présence/absence des différentes formes (B).
© P. Hénon.
26Effectif : 296 tessons.
- coupe tronconique à lèvre interne facettée (fig. 16, n° 1) ;
- coupes tronconiques à lèvre amincie (fig. 18, nos 2 à 4) ;
- jatte carénée (fig. 16, n° 4) ;
- jattes à épaulement (fig. 16, nos 3 et 5) ;
- gobelet à bord et épaulement (fig. 16, n° 2) ;
- grande jatte à épaulement et à décor digité (fig. 16, n° 13) ;
- pot à décor de cannelures concentriques larges (fig. 16, n° 12) ;
- jarre à épaulement (fig. 17, n° 1) ;
- jarre à bord et épaulement à décor de cordon digité (fig. 18, n° 5) ;
- jarre à bord et épaulement (fig. 22, n° 6) ;
- jarre à bord et cordon digité (fig. 22, n° 7) ;
- jarre à col et épaulement (fig. 16, n° 14) ;
- divers fragments de bords et de cols (fig. 16, nos 6 à 11 ; nos 5 à 18).
Fig. 16. Mobilier céramique du Hallstatt C1 provenant du Fait 303.
© P. Hénon.
27Effectif : 64 tessons.
- coupe tronconique à lèvre interne facettée (fig. 17, n° 3) ;
- coupe hémisphérique à lèvre interne digitée (fig. 17, n° 2) ;
- jatte à rebord et épaulement (fig. 17, n° 4) ;
- pot ovoïde (fig. 17, n° 8) ;
- jarre à col (fig. 17, n° 6) ;
- fragments divers (fig. 17, nos 5, 7 et 9).
Fig. 17. Mobilier céramique du Hallstatt C1 provenant des Faits 303 (n° 1), 308 (nos 2 à 9) et 309 (nos 10 et 11).
© P. Hénon.
28Effectif : 178 tessons.
- coupes tronconiques à lèvre interne facettée (fig. 17, nos 10 et 11) ;
- jarre bitronconique à décor de cordon digité placé sous le bord (fig. 18, n° 1).
29Effectif : 1 435 tessons.
- coupes tronconiques à lèvre interne facettée / digitée (fig. 18, n° 10 ; fig. 19, nos 2 et 18 ; fig. 22, n° 16 ; fig. 23, n° 2) ;
- coupes tronconiques à lèvre amincie (fig. 18, nos 7, 9 ; fig. 19, n° 1 ; fig. 20, n° 6 ; fig. 21, nos 8, 9, 13, 15, 18, 19 ; fig. 23, n° 5, 6) ;
- coupes à profil convexe / hémisphérique (fig. 18, nos 6 et 8 ; fig. 20, nos 1 à 5 et 7 à 10 ; fig. 22, n° 14 ; fig. 23, nos 2 et 6) ;
- jattes carénées ou à épaulement (fig. 19, n° 3 ; fig. 21, n° 3 ; fig. 23, nos 4, 8) ;
- gobelets à bord et épaulement / carène (fig. 19, nos 4 et 6 ; fig. 23, n° 7 ; fig. 24, n° 1) ;
- pots à bord et épaulement et profil sinueux (fig. 19, nos 5 et 7 ; fig. 20, n° 15 ; fig. 21, n° 6 ; fig. 24, n° 8) ;
- pots à bord, carénés (fig. 20, nos 12 et 13) ;
- pots / jarres à col et épaulement (fig. 19, n° 10 ; fig. 20, n° 16 ; fig. 21, nos 1 et 8 ; fig. 24, nos 2 et 4) ;
- pots / jarres à épaulement à décor d’impressions ou de cordons digités (fig. 19, n° 16 ; fig. 21, nos 4 et 7 ; fig. 22, n° 7 ; fig. 23, nos 14 et 15 ; fig. 24, nos 3, 9 et 12) ;
- pots / jarres à bord rectiligne convergent à décor d’impressions ou de cordons digités (fig. 19, n° 23 ; fig. 20, n° 18 ; fig. 21, nos 9 et 10 ; fig. 24, n° 10) ;
- un fragment de fond multiforé (faisselle ? – fig. 24, n° 11) ;
- fragments divers (fig. 19, nos 8-9, 11 à 17, 19, 21 et 22 ; fig. 20, nos 11, 14 et 17 ; fig. 21, nos 2 et 5 ; fig. 23, nos 9 à 12, 13 et 16 ; fig. 24, nos 5 à 8, 13 et 14).
Fig. 18. Mobilier céramique du Hallstatt C1 provenant des Faits 309 (n° 1), 310 (nos 2 à 4) et 315 (nos 5 à 10).
© P. Hénon.
Fig. 19. Mobilier céramique du Hallstatt C1 provenant des Faits 315 (nos 1 à 17) et 319 (nos 18 à 23).
© P. Hénon.
Fig. 20. Mobilier céramique du Hallstatt C1 provenant du Fait 319.
© P. Hénon.
Fig. 21. Mobilier céramique du Hallstatt C1 provenant du Fait 319.
© P. Hénon.
30Effectif : 14 tessons.
- coupe tronconique à lèvre interne facettée (fig. 22, n° 1) ;
- bord à lèvre interne facettée (fig. 22, n° 2) ;
- jarre à bord et épaulement et profil sinueux (fig. 22, n° 3).
Fig. 22. Mobilier céramique du Hallstatt C1 provenant des Faits 323 (nos 1 à 3) ; 324 (nos 4 et 5) ; 326 (nos 6 et 7) ; 351 (nos à 12) et 355 (nos 13 à 19).
© P. Hénon.
31Effectif : 9 tessons.
- récipient à col (fig. 22, n° 4) ;
- vase à épaulement (fig. 22, n° 5).
32Effectif : 85 tessons.
- coupe tronconique à lèvre amincie (fig. 22, n° 8) ;
- coupe hémisphérique (fig. 22, n° 9) ;
- vase à col (fig. 22, n° 10) ;
- fragments de fonds plats (fig. 22, nos 11 et 12).
33Dans cette série, ce sont pratiquement toutes les formes d’un vaisselier domestique qui sont représentées. Il ressort par ailleurs une fréquence relativement importante des récipients de grandes dimensions souvent dévolus au stockage. Les formes basses sont principalement représentées par les coupes, qui comptent un effectif minimum d’une cinquantaine d’exemplaires. Peu d’entre elles montrent un profil tronconique à délinéation rectiligne et à lèvre biseautée/facettée (fig. 16, n° 1 ; fig. 17, nos 10 et 11) qui souligneraient des caractères typologiques plus ancrées dans les traditions stylistiques du Hallstatt B3 régional (Thiériot, 2000). Ces rares éléments proviennent des Faits 303 et 309. La grande majorité des exemplaires dénote une tendance caractérisée par un adoucissement des profils évoluant vers une délinéation légèrement convexe des parois (fig. 17, nos 2 et 3 ; fig. 18, nos 4, 8 à 10 ; fig. 19, nos 1 et 2 ; fig. 19, nos 9, 18 à 20 ; fig. 20, nos 1 à 10 ; fig. 22, nos 1, 8, 9, 14, 15, 17 à 19 ; fig. 23, n° 2, 6). Deux exemplaires affichent nettement un redressement du rebord (fig. 18, n° 6 ; fig. 20, n° 10). Comme il l’a été signalé plus haut, la plupart de ces récipients possèdent des lèvres arrondies/amincies, quelques rares cas ont des lèvres facettées/biseautées. Peu d’exemplaires sont décorés, parmi lesquels des coupes dont la lèvre interne porte des motifs impressionnés/digités (fig. 17, n° 2 ; fig. 22, n° 16 ; fig. 23, n° 2). Ce dernier cas montre un rebord festonné.
34Les autres formes basses sont des jattes à épaulement ou carénées possédant parfois un léger ressaut externe (fig. 17, n° 4 ; fig. 19, n° 3 ; fig. 23, nos 4 et 8), mais aussi par des gobelets à épaulement (fig. 16, n° 2 ; fig. 19, nos 4 et 6 ; fig. 24, n° 1) et un gobelet caréné (fig. 23, n° 7). Le cas du petit gobelet F355.1-49 (fig. 23, n° 7) appelle une comparaison avec un récipient provenant du site du Pré-de-la-Cour à Montagnieu (Ain), mais attribué au Bronze final I (Vital, 1993, fig. 68, n° 12).
Fig. 23. Mobilier céramique du Hallstatt C1 provenant du Fait 355 et du Bronze final 1 (n° 7).
© P. Hénon.
Fig. 24. Mobilier céramique du Hallstatt C1 provenant du Fait 355.
© P. Hénon.
35La catégorie des formes hautes reste sans doute la plus représentative aux plans numéraire et typologique. On notera ainsi une très forte représentation des formes à col (fig. 16, nos 6, 7, 10 et 14 ; fig. 17, n° 1 ; fig. 17, nos 10 et 22 ; fig. 21, nos 1, 7 et 8 ; fig. 20, n° 16 ; fig. 22, nos 4 et 10 ; fig. 24, nos 2, 4, 5 et 7).
36Les récipients de dimensions moyennes sont représentés par des pots à rebord et épaulement qui ont souvent un profil sinueux (fig. 19, n° 12 ; fig. 20, n° 15 ; fig. 21, n° 6 ; fig. 22, n° 3 ; fig. 24, n° 8). Des récipients biconiques sont aussi présents (fig. 19, n° 10 ; fig. 21, n° 8 ; fig. 23, nos 13 et 16 ; fig. 24, n° 4). Il convient également de mentionner l’existence d’un vase à épaulement qui porte un décor composé d’impressions oblongues réalisées à l’outil (fig. 19, n° 16) ; de deux récipients carénés dont la lèvre porte des motifs impressionnés et pour l’un d’entre eux, des impressions oblongues adjacentes situées à la base du col (fig. 20, nos 12 et 13). Nous citerons aussi un petit récipient à bord festonné dont la partie supérieure de la lèvre est digitée et dont la base du rebord est soulignée par une lignes d’impressions triangulaires (fig. 20, n° 18) et d’un pot à rebord rentrant (fig. 17, n° 8).
37Dans cette série, les jarres sont souvent présentes, dont un grand récipient bitronconique (fig. 18, n° 1 ; fig. 16, n° 14 ; fig. 17, n° 1). D’autres exemples sont représentés, telle une grande jatte à épaulement (fig. 21, n° 3). Il existe aussi des jarres à rebord court et parois subrectilignes (fig. 18, n° 5 ; fig. 19, n° 16 ; fig. 21, nos 9 et 10 ; fig. 22, nos 6 et 7). Une forme particulière très ouverte et très haute pourrait être apparentée à une grande écuelle (fig. 23, n° 1). Un objet particulier est représenté par un fond de récipient avec une large perforation centrale en périphérie de laquelle d’autres perforations plus fines ont été exécutées (fig. 24, n° 11).
38Enfin, si l’on examine le répertoire décoratif du corpus de Belleville, ce dernier apparaît appauvrit. On retiendra ainsi un fragment de col portant un décor composé de cannelures concentriques larges (fig. 16, n° 12). Les décors sont donc principalement représentés par des impressions digitées simples (fig. 16, n° 13), des impressions à l’outil (fig. 17, n° 7 ; fig. 19, nos 16 et 23 ; fig. 20, nos 12, 13 et 18 ; fig. 21, nos 9 et 10 ; fig. 23, n° 14), ainsi que par des registres plastiques du type cordon digité (fig. 20, nos 1 et 5 ; fig. 21, nos 4, 7 et 10 ; fig. 22, n° 7 ; fig. 23, n° 15 ; fig. 24, nos 3, 9, 10 et 12). Malgré l’écart relevé entre les deux résultats 14C et l’antériorité relative du Fait 303, les mobiliers issus des différentes structures nous paraissent être homogènes d’un point de vue culturel et se distinguent très nettement de ceux provenant des sites de Vignoles et du Pré-Jacquin, comme nous le verrons plus loin. Le mobilier céramique du site de Descours nous semble caractéristique des ensembles de la phase ancienne du Premier âge du Fer.
39En examinant les composantes typologiques de la série de Descours, on peut constater que certaines formes/décors traduisent un héritage culturel du Hallstatt B3. C’est le cas des vases biconiques à col et à épaulement (fig. 16, n° 14 ; fig. 19, n° 10 ; fig. 21, n° 8). Ils évoquent des formes bien attestées parmi les mobiliers du site des Barlières à Serrières-de-Briord pour le Hallstatt B3 (Ain ; Thieriot, 2000, pl. 1, n° 1 ; pl. 13, n° 96), mais également sur le site du Pré-de-la-Cour à Montagnieu pour le Premier âge du Fer (Ain ; Vital, 1993, fig. 75, n° 13). Les coupes à lèvre festonnée/impressionnée (fig. 17, n° 2 ; fig. 22 n° 16 ; fig. 23, n° 2) sont connues en contexte Hallstatt B3 aux Barlières, parmi le mobilier de l’Ensemble 4H-I (Thieriot, 2000, pl. 2, n° 4 ; pl. 3, n° 7).
40Parallèlement, un certain nombre de caractères typologiques propres aux productions du Hallstatt B3 sont absentes des ensembles de Descours. Ainsi, si l’on se réfère à l’imposant corpus du site des Barlières (Thieriot, op. cit.), les écuelles carénées à bord rentrant, les gobelets cannelés à méplat, les motifs de méandres gravés, les coupes tronconiques à marli bien dégagé et les décors peints sont inexistants à Belleville. De cette présentation du mobilier céramique de Descours, il semble ressortir que ce dernier ne puisse caractériser le Hallstatt B3, même si certains éléments en sont récurrents. De même, cette série ne peut être affiliée typologiquement au faciès Saint-Sorlin / Sermérieu / Les Perches (Thieriot, Treffort, 2009), qui lui au contraire, marque l’extrême fin du Hallstatt B3. Par déduction et dans l’attente de nouvelles séries, nous proposons à titre d’hypothèse de placer cette série à la phase ancienne du Premier âge du Fer, soit vers 750 avant J.-C. environ.
41Hormis le mobilier céramique, trois fusaïoles en terre cuite et trois bracelets en roche noire proviennent des fosses du Hallstatt C. Un bracelet en alliage cuivreux, un peu plus récent, a été découvert également hors contexte dans un fossé antique.
42Les fusaïoles, le plus souvent en terre cuite (mais aussi en pierre, os, bronze…), percées verticalement, permettaient de lester le fuseau (20 à 40 cm) ; enfilées à l’extrémité inférieure de celui-ci, la fusaïole permettait de lui donner l’élan pour son mouvement rotatif (Py, 2016, p. 331 et fig. 25). Ces objets sont présents du Néolithique (Moyen) jusqu’à l’époque romaine, où ils se raréfient toutefois (Médard, 2000, p. 23 ; Chaume, 2001, p. 162). On reprendra ici la typologie de B. Chaume (Chaume, op. cit.), basée sur celle établie par D. Hosltein (Hosltein, 1998). Deux fusaïoles ont été découvertes dans le creusement F355 de l’entité F315/319/355 (secteur B), une troisième provient du comblement de la fosse d’extraction F303 (secteur D) (fig. 25).
- F355 : grande fusaïole orangée en terre cuite de forme arrondie type Chaume, 2001 : Ib3 ; diam : 5 cm, perforation : 7 mm. Objet inorné incomplet (50 %) ; poids : 41,8 g.
- F355, USF 335.1 : grande fusaïole beige-orangé de forme arrondie-aplatie type Chaume, 2001 : Ib2 ; diam. : 4,3 cm, perforation : 7 mm. Nombreux dégraissants, objet inorné incomplet (brisé sur le fond) ; poids : 48,4 g.
- F303, USF 303.2 : fusaïole en terre cuite, lissage externe, teinte brun foncé. Forme arrondie, à faces supérieure et inférieure concaves (Chaume, 2001, Ib3 ; Py, 2016, p. 331 : CC-2135). Objet inorné incomplet (brisé sur un côté) ; poids : 28,1 g.
43Malgré le fait que ces objets soient incomplets, on notera les différences de taille mais aussi de poids qui pourraient témoigner de différentes finesses de tissus, le calibre du fil variant en fonction du poids du fuseau lesté de sa fusaïole.
Fig. 25. Fusaïoles et bracelets.
© C. Bellon, J.-C. Sarrasin.
44Parmi les trois fragments recueillis, deux sont en en roche noire, le dernier en roche verte (fig. 25). Tous proviennent du creusement septentrional F355 de l’entité F315/319/355 (secteur B).
45Certains objets archéologiques, notamment de la parure, sont traditionnellement considérés comme étant en lignite. Pourtant, ce terme apparaît aujourd’hui impropre et si les gisements de lignite sont assez fréquents en Europe (France, Angleterre, Écosse), on n’associera pourtant pas ces mines aux vestiges archéologiques. En effet, le lignite – charbon qui se situe entre le stade de la tourbe et celui de la houille –, présente un stade de maturation de la matière organique assez avancé, ce qui ne lui permet pas d’être utilisé à des fins artisanales ; de plus, la forte proportion de matière volatile et d’eau font qu’il se désagrège une fois exposé à l’atmosphère, argument supplémentaire pour sa non-utilisation par les populations anciennes (Baron, 2012, p. 86 ; Brechbuhl, 2005). Ainsi, A. Baron, dans sa thèse note que « l’utilisation du lignite n’est pas attestée dans la fabrication d’objets archéologiques ». On préfèrera aujourd’hui utiliser le terme plus générique de « roches noires » ou « black shales » couramment employé par les géologues anglais (Baron et alii, 2007, p. 88). Il offre l’avantage, en l’absence d’analyses chimiques (cf. Baron, op. cit.), de regrouper plusieurs types de roches sédimentaires à structure feuilletée de couleur noire à marron, constituées d’une fracture minérale et d’une fraction organique (carbonatées, carbonées, argilites, schistes bitumineux) à l’exception du jais (dérivé du lignite). Ces matériaux noirs ont été utilisés dès le Paléolithique supérieur, mais c’est au Néolithique (anneaux-disques en schiste) que leur exploitation et diffusion deviennent plus fréquentes. La parure se diversifie durant l’âge du Bronze, avec notamment l’utilisation du jais, dont l’aspect noir et brillant est alors très apprécié. Puis, à l’âge du Fer, l’engouement pour ces matériaux s’intensifie encore avec de nouvelles parures, notamment des bracelets de formes diverses mais aussi de la vaisselle à la fin de la période de La Tène. On retrouvera encore des objets usuels et quelques parures (perles, bagues) durant l’Antiquité, alors que le Moyen Âge utilisera ces matériaux principalement pour des objets à caractère religieux (Baron, op. cit., p. 7).
- F319.1 : fragment de large bracelet en roches noires. Section probablement en croissant de lune (incomplète), hauteur conservée : 25 mm (fig. 25) ; ép. max. : 10 mm ; diam. interne /externe : 62/72 mm ; couleur : brun/noir ; poids : 16,8 g. On observe e fines fissures horizontales externes ; la surface externe est polie et la surface interne porte de probables traces de coups de ciseau.
46Ce bracelet n’étant présent que sous forme d’un fragment, il est impossible de connaître sa hauteur originelle. Toutefois, son profil, la hauteur conservée (25 mm) avec une extrémité présente, permettent de proposer de le classer parmi les « bracelets de forme moyenne », communément appelés « ronds ou liens de serviettes ». Cette catégorie de bracelet regroupe des parures de 3 à 8 cm de hauteur et de section en « croissant de lune ». Massives, ces parures caractéristiques de la période hallstattienne sont plus fréquemment mises au jour en contexte funéraire, souvent par paires et dans des sépultures féminines, qu’en contexte domestique (Baron, op. cit., p. 22, fig. 9). La présence à Belleville (mais aussi récemment à Montagnat (Ain ; Motte, 2017) de cette parure en contexte domestique (fosse F319) est donc intéressante, témoignant bien du port de ses parures, à la différence des plus grands brassards tonnelets réservés probablement à un usage funéraire.
- F319.2 : un fragment de bracelet en probable roche noire chauffée (fig. 25). Section inconnue, hauteur conservée : 27 mm ; ép. max. : 10 mm ; diam. externe : 70 mm ; couleur : brun ; poids : 8,8 g. Observations : surface altérée et fissurée.
47Ce fragment de bracelet pourrait correspondre soit à une deuxième parure, soit au premier bracelet ; il a probablement été chauffé, ce qui expliquerait son aspect et son poids. Remarquons que là aussi le site de Montagnat (Ain ; Motte, 2017) a livré récemment, en association avec des bracelets en roches noires, deux éléments assez semblables à ce dernier bracelet.
- F319.3 : un petit fragment de bracelet en roche verte (fig. 25). Section en ‘D’, hauteur : 19 mm ; ép. max. : 8 mm, diam. externe estimé : 70 mm ; couleur : vert-gris ; poids : 4,9 g.
48On notera que cette troisième parure de bras, en roche verte, est issue de la même fosse sur le site : ces bracelets proviennent tous de la fosse F319 où ils étaient associés à du mobilier céramique daté du Hallstatt C1, soit dans le courant du viie s. av. J.-C.
49Ces parures, en roches noires et/ou roche verte, souvent associées, sont connues régionalement dans des contextes chronologiquement comparables. Outre le site de Montagnat (Ain) déjà évoqué, on citera également les bracelets de Beynost Grandes-Croix (Ain ; Motte, 1992, p. 16, fig. 27). Sur ce site, un fragment de large bracelet provenant d’une fosse-silo dont le comblement est daté dans la première moitié du viie s. av. J.-C. y est caractérisé comme étant « en lignite » ; sur cette fouille ainsi que sur celle attenante de 2009-10 ont également été mis au jour des fragments de bracelets « en roche verte » avec trou d’articulation (Motte, 1992, fig. 27 ; Bellon et alii, 2011, p. 36, fig. 26). Plus au nord, rive droite de la Saône, le site de Quincieux Grange-Rouge (Rhône) a livré deux anneaux simples en matières organiques fossilisées (hauteur inférieure à 2 cm), sans décor, ainsi qu’un bracelet en roche verte, mis au jour au sein de rejets domestiques du Hallstatt C (C. Ramponi, inédit). En région lyonnaise, citons enfin l’exemplaire en roche verte de Corbas BUS Grand-Champ (Rhône ; Ramponi et alii, 1998). On rappellera enfin que seules des analyses pourraient permettre de déterminer la provenance des bracelets en roches noires, comme cela a été réalisé pour les bracelets de Lyon (cf. Baron, 2012).
50Ce secteur du sud-ouest des Dombes se caractérise par la présence d’un vaste plateau majoritairement formé par des dépôts morainiques fluvio-glaciaires et fluvio-lacustres surmontés de loess. Depuis plusieurs années déjà, le plateau de Vignoles (commune de Reyrieux, Ain), qui domine la vallée de la Saône à la hauteur de Trévoux, est connu pour avoir livré de nombreux vestiges archéologiques dont la chronologie intéresse aussi bien les périodes de la préhistoire, de la protohistoire, que les périodes historiques. Quelques découvertes isolées confirment la fréquentation des lieux au Bronze final. Au lieu-dit Le Bourg, des prospections ont permis de récolter des fragments de poteries, dont une grande jatte monoansée à décor de cannelures obliques caractéristique du Bronze D (Hénon, Caclin, 2011). La fouille du site de L’école a également livré plus d’une centaine de tessons dont une dizaine d’éléments caractéristiques du Bronze final 3b (Caclin et alii, 1991). Il est par ailleurs fait mention de deux épées du type Mörigen dont une proviendrait des environs de Balmont (commune de Reyrieux), l’autre exemplaire étant sans doute à mettre en relation avec le complexe funéraire de La Bruyère à Saint-Bernard (Millotte, 1963). Sur le site voisin du Poyat-du-Chêne à Toussieux (Ain), une jatte à bord rentrant du Second âge du Fer serait associée à une probable crémation (Millotte, 1963, pl. XXVI, n° 12 ; Gallay, 1977).
51C’est à l’occasion d’un remembrement réalisé au cours du printemps 1993 et concernant une superficie de plus de 10 ha qu’une prospection systématique des tranchées fut réalisée et permis ainsi de constater la destruction partielle ou endémique de structures et de sols archéologiques. Au lieu-dit Vignoles, ce sont quatre structures excavées qui ont été fouillées et bien datées par leurs mobiliers de la fin du Premier âge du Fer (fig. 26).
Fig. 26. Reyrieux (Ain), Vignoles. Localisation des structures archéologiques.
© P. Hénon.
52La partie sommitale de la fosse est apparue à une profondeur d’environ 50 cm sous la terre arable (259,24 m NGF). Elle est de forme subcirculaire et ses dimensions sont de 1,50 x 1,30 m. Sa surface était marquée par un sédiment limoneux gris foncé, ainsi que par des fragments de céramiques et des nodules de terre crue-cuite, dispersés. Cette fosse était conservée sur une profondeur de 75 cm. Observée en coupe, ses parois sont irrégulières et le fond est à la fois incliné et aplani (fig. 27). On notera par ailleurs la présence de nombreuses bioturbations (terriers). Le remplissage de la fosse peut être subdivisé en cinq unités sédimentaires :
- US 5 – matrice argilo-sableuse gris clair, avec cailloutis ;
- US 4 – matrice limono-sableuse brun foncé à noir, enrichie en particules de charbons de bois ;
- US 3 - matrice limono-sableuse gris-foncé, avec blocs de quartzite ;
- US 2 - matrice limono-sableuse brun foncé à noir renfermant charbons de bois et nodules de terre crue cuite ;
- US 1 : matrice limono-sableuse beige (terre arable).
53Toutes ces unités ont livré du mobilier céramique et plus particulièrement les US 2 et 4, qui s’apparentent à des niveaux de rejets détritiques. Une datation par le radiocarbone réalisée à partir de charbons de bois (US 4) a donné le résultat suivant : Ly 4750 – 2480 ± 60 BP (755, 686, 540 cal BC). Des prélèvements palynologiques réalisés par J. Argant se sont révélés être stériles.
Fig. 27. Relevés en plan et en coupe des AS 6 et 8.
© P. Hénon.
54Elle se situe à une distance d’environ 70 cm à l’ouest de l’AS 9. La moitié de la structure a été tronquée par le creusement du fossé. Le niveau d’apparition de la fosse est sensiblement plus haut que pour les autres anomalies sédimentaires. L’ouverture d’une fenêtre permet d’observer que l’AS 7 semble être de forme ovale, ses dimensions connues étant de 1,45 x 0,70 x 0,65 m. Trois étapes de décapages manuels ont été entreprises. La lecture de la coupe stratigraphique révèle au plan macroscopique, deux types de sédiments qui constituent le remplissage (fig. 28 et 29) :
- US 2 – matrice limono-argilo-sableuse gris foncé, très enrichie en charbons de bois et livrant de gros segments de plaques d’argile crue-cuite d’une épaisseur de 4 cm, de tessons, de galets et blocs thermofractés ;
- US 1 – elle correspond au remplissage supérieur de la fosse et se caractérise par une matrice limono sableuse gris clair, avec abondance de mobilier céramique et de fragments de plaques indurées.
Fig. 28. Relevés en plan et en coupe de l’AS 7.
© P. Hénon.
Fig. 29. Relevés en plan et en coupe des AS 7 et AS 9.
© P. Hénon.
55Il ressort des trois niveaux de décapage, qu’une concentration des fragments de plaques semble épouser le contour de la fosse. Ces fragments ont été le plus souvent retrouvés disposés à plat.
56Elle est de forme subcirculaire et apparaît à la cote de 259,24 m. Ses dimensions sont de 0,70 x 0,65 m. Cette cuvette est peu profonde (13 cm) et son profil en coupe atteste des parois et un fond irréguliers (fig. 27). Son remplissage est constitué d’un sédiment limono-sableux beige. Ce creux atypique est très fortement perturbé par des terriers et son origine anthropique demeure plus que suspecte. Ce creux n’a livré aucun mobilier céramique, excepté quelques nodules d’argile cuite ont été prélevés en surface.
57Ce creusement est apparu à une faible profondeur sous la terre arable (50 cm) et n’a pu être fouillé que sur une moitié seulement. Sa forme originelle est circulaire à ovale et ses dimensions connues sont de 0,80 x 0,40 x 0,24 m (fig. 29). Le remplissage de la cuvette se composait d’un sédiment limono-sableux gris foncé. La moitié inférieure du remplissage a livré quelques fragments de céramiques, ainsi que plusieurs galets de quartzites brûlés.
58La fosse a livré un effectif composé de cinquante-deux tessons dont vingt-neuf éléments qui présentent un intérêt au plan typologique. Pour les formes basses, on retiendra la présence de coupes à lèvres facettées ou biseautées (fig. 30, nos 8 et 9), ces deux exemplaires étant rehaussés sur leur paroi interne de peinture ocre/rouge. Des coupes coniques ouvertes ou à paroi redressée, voire légèrement convergentes sont également présentes dans cet assemblage (nos 1 à 4, 11, 12). On dénombrera ensuite : un exemplaire appartenant à une petite jatte à carène mousse (n° 10) ; deux récipients à profils sinueux (nos 6 et 7), le dernier portant un décor de deux lignes incisées horizontales, profondes et adjacentes. Les jattes carénées sont représentées par au moins trois fragments (fig. 30, nos 15 à 17), dont un est orné de deux cannelures horizontales larges superposées (n° 15). Un fragment de carène porte également un registre composé de deux cannelures étroites horizontales (n° 13). Les céramiques dites à pâte grossière se rapportent principalement à des pots ou à des jarres à décors d’impressions ou de cordons digités (fig. 30, nos 20 à 22 ; fig. 31, nos 1 à 3), de sillon concentrique (fig. 30, n° 18). Quelques décors d’impressions triangulaires ou oblongues sont présents (fig. 30, n° 21 ; fig. 31, n° 3). Enfin, parmi les objets en terre cuite, il convient de noter la présence de deux fusaïoles (fig. 31, nos 6 et 7).
Fig. 30. Mobilier céramique de la transition Hallstatt C/D provenant de l’AS 6.
© P. Hénon.
Fig. 31. Mobilier céramique de la transition Hallstatt C/D provenant des AS 6 (nos 1 à 7) et AS 7 (nos 8 à 26).
© P. Hénon.
59Il totalise un effectif de cent vingt tessons, dont cinquante-quatre éléments typologiques remarquables. Les coupes sont représentées par différents types de profil, à l’instar de ce que nous avons pu relever pour le mobilier de l’AS précédente, dont : des coupes coniques ouvertes (fig. 31, nos 13 et 14 ; fig. 31, n° 16), un cas porte un décor de guillochis sur sa paroi interne (fig. 31, n° 16). Malgré l’absence de coupes à marli ou à rebord facetté/biseauté, certaines coupes ont un rebord légèrement divergent, marquant parfois un léger ressaut externe (fig. 31, nos 15, 17 et 18). D’autres contenants accusent un profil plus redressé, avec pour certains, des bords très légèrement rentrants (fig. 31, nos 11 et 13 ; fig. 32, n° 20). Elles sont parfois décorées de motifs impressionnés (fig. 31, nos 18 et 21). Les récipients volumineux du type jarre sont représentés par un exemplaire à rebord divergent et à décor d’impressions et de cordon digité (fig. 32, n° 1), ainsi que par une jarre à rebord légèrement convergent et décor de cordon digité (fig. 31, n° 23), qui évoque dans sa morphologie générale un contenant de l’AS 9 (fig. 32, n° 20).
Fig. 32. Mobilier céramique de la transition Hallstatt C/D provenant des AS 7 (nos 1 à 15) et AS 9 (nos 16 à 23) et du Bronze final 1 (n° 19).
© C. Caclin, P. Hénon.
60Un certain nombre de fragments appartenant surtout à des bords ou à des fonds ne peuvent recevoir une attribution typomorphologique (fig. 31, nos 19, 22, 25, 26 ; fig. 32, nos 2 à 15). Qu’il s’agisse de segments de bords, ou de panses, les registres décoratifs sont le plus fréquemment des motifs d’impressions circulaires, unguiformes, triangulaires ou losangiques (fig. 31 n° 2 ; fig. 32, nos 6 et 9) ; ainsi que les décors de cordons digités (fig. 31, nos 23 et 24 ; fig. 32, nos 1, 2, 8 et 13).
61Il totalise seulement quatorze fragments, parmi lesquels les éléments remarquables sont :
- une jarre à rebord convergent et décor de cordon digité horizontal (fig. 32, n° 20) ;
- deux segments de panses à décor de cordon impressionnés/digités (nos 17 et 18) ;
- un fragment de rebords (n° 16) ;
- trois fragments appartenant à des fonds plats (nos 21 à 23).
62Les mobiliers provenant des AS 6, 7 et 9 du site de Vignoles nous paraissent devoir être à attribuer à la transition Hallstatt C/D. Ils ne présentent plus aucune connexion, au plan typologique, avec les productions céramiques des ixe-viiie siècles avant notre ère, encore moins avec celles caractérisant le faciès « SS/S/LP » (Thieriot, Treffort, 2009). C’est tout d’abord avec le site des Grandes-Croix à Beynost (Ain ; Motte, 1992 ; Visseyrias, 1998) que les mobiliers céramiques de Vignoles trouveront de plus amples comparaisons.
63Ainsi, les coupes à rebord biseauté et/ou méplat de l’AS 6 sont présentent à Beynost parmi le mobilier des structures 9001 ; 9951 et 11551 (Motte, 1992, fig. 18, n° 5 ; fig. 20, n° 1 ; fig. 22, n° 1). Les coupes à rebord légèrement redressé de l’AS 7 ainsi que la petite jatte carénée de l’AS 6 évoquent des exemplaires de la structure 2 des Grandes-Croix (Motte, op. cit., fig. 13, nos 5 et 9).
64Les coupes à enduction interne de peinture ocre/rouge de l’AS 6 (fig. 30, nos 8 et 9) sont également attestés parmi les mobiliers de Beynost, les Grandes-Croix, structures 2, 11551, 11621 et 11661. Les pots et gobelets à profil sinueux et épaulement de l’AS 6 renvoient à des formes connues parmi le mobilier des structures 9001, 11551 et 11771 des Grandes-Croix (Motte, op. cit., fig. 18, n° 8 ; fig. 19, n° 7 ; fig. 22, n° 7 et fig. 27, n° 1). D’autres comparaisons peuvent être établies avec le mobilier hallstattien du site de Roche-Noire à Montagnieu (Ain ; Treffort, Dumont, 2001 ; Thieriot, Treffort, op. cit., p. 312, fig. 9, n° 9).
65La jatte à décor de cannelures périphériques (fig. 30, n° 15) évoque de manière « lointaine » des jattes à rebord connues par exemple sur les sites du Petit Bloissieu à Lagnieu (Ain ; De Klijn et alii, 1994), et de Beynost Grandes-Croix avec un exemplaire moins haut et plus large provenant de la structure 11661 (Motte, op. cit., fig. 26, n° 1).
66En ce qui concerne les pots et les jarres en pâte dite « grossière », les récipients à décor d’impressions ou de cordons digités de l’AS 6, renvoient également au site des Grandes-Croix, avec les mobiliers des structures 11541 et 11551 (Motte, op. cit., fig. 21, nos 8 à 11 ; fig. 23, n° 4). Le segment d’épaulement de l’AS 7 (fig. 31, n° 24) porte un registre de cordon digité double et superposé, qui rappelle par ailleurs un registre attesté parmi le mobilier du site hallstattien d’Avenches (Vaud, Suisse ; Doiteau, 1991). Enfin, nous attirons l’attention sur la présence de grands récipients à rebord rectiligne provenant des AS 7 et 9 et légèrement convergent (fig. 31, n° 23 ; fig. 32, n° 20) : ils évoquent des formes proches connues notamment au Mont Lassois, parmi le mobilier hallstattien. Selon D. Bardel, ces vases (qui sont une variante des vases « tonnelets »), sont des formes caractéristiques du Hallstatt ancien qui semblent perdurer jusqu’au Hallstatt D (Bardel, 2009). Le site de la Roche Noire à Montagnieu livre une forme proche, en contexte hallstattien (Treffort, Dumont, op. cit. ; Thieriot, Treffort, op. cit., fig. 9, n° 18) ainsi que le site du Pré-de-la-Cour à Montagnieu (Ain ; Vital, 1993, fig. 72, n° 1 ; fig. 75, nos 3 et 17 ; fig. 78, nos 1 et 2 ; fig. 82, n° 1 ; fig. 83, nos 2 et 4) et celui de la Grande Pinée à Chambéon dans la plaine du Forez, en contexte Hallstatt moyen / final (Loire ; Vaginay, 1985, p. 9, fig. 4, n° 1).
67Le Premier âge du Fer est une période qui est restée longtemps méconnue pour l’ensemble de la région lyonnaise, où les recherches ont principalement concerné les phases culturelles postérieures (Bellon, Franc et alii, 2009). Les deux sites concernés par notre étude ne permettent pas d’aboutir à une lecture cohérente de l’habitat. À Descours, les structures témoignent d’un état de dispersion flagrant. Il s’agit essentiellement de fosses liées à l’extraction de matériaux et de structures de combustion potentielles. L’ensemble constitué par les Faits 315/319/355 résulte-t-il de la réutilisation d’un secteur à l’origine dévolu au stockage, à des fins d’extraction, ou d’un comblement postérieur à l’abandon de fosses dévolues au stockage ? Ces grandes fosses au contour polylobé ont souvent été recensées sur des sites du Bronze final de l’est lyonnais (Saint-Priest, Les Perches ; Corbas, Grand-Champ ; Ramponi et alii, 1998). On mentionnera également leur existence en contexte Bronze moyen, dans le Massif central, sur le site de la rue Maryse Bastié à Cournon d’Auvergne (Puy-de-Dôme ; Carroza et alii, 2006), ou à Montussang à Aigueperse (Puy-de-Dôme ; Ratsimba, 2014).
68Les sites de Vignoles et de Pré-Jacquin à Reyrieux soulignent l’existence d’entités distantes d’environ 500 m qui occupent le rebord du plateau. La nature des aménagements fouillés à Vignoles se résume à une structure de stockage ainsi qu’à une structure de combustion.
69Les valeurs fournies par le biais de la chronologie absolue sont à considérer avec les réserves d’usage, mais indiquent l’antériorité relative du site de Descours par rapport à celui de Vignoles, ce que semble corroborer la valeur heuristique des séries céramiques respectives. À l’exception de très rares formes, le mobilier de Belleville Descours est en totale discordance avec des assemblages caractérisant le Hallstatt B3 de l’est lyonnais ou de la vallée de la Saône, tel celui du Gué-des-Piles à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire ; Bonnamour, 1989). Ainsi, proposons nous d’attribuer le mobilier de Belleville Descours au Hallstatt C1 et celui de Reyrieux / Vignoles, probablement au Hallstatt D (fig. 33).
70Ce secteur géographique du lit mineur de la Saône est principalement connu pour avoir fournit des indices de fréquentation, ainsi que des sites d’habitat du Néolithique et de l’âge du Bronze (Anse, Trévoux, Quincieux…). À l’exception des deux nécropoles de Saint-Bernard et de Quincieux, aucun site d’habitat n’est à ce jour connu dans la basse plaine pour la période de Hallstatt. À l’instar des observations formulées par L. Bonnamour, ces derniers seraient-ils à rechercher sur les hauteurs de la vallée ? (Bonnamour, 1985).
Fig. 33. Proposition d’attribution culturelle des principales formes céramiques des sites de Descours et de Vignoles.
© P. Hénon.