- 1 Une présentation abrégée de cet article devait paraître à l’origine dans les actes du colloque int (...)
1Obernai s’étend au pied des collines sous-vosgiennes en Centre Alsace, à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Strasbourg (fig. 1). La fouille au lieu-dit Neuen Brunnen a été r0éalisée en 2013 en prévision de l’installation d’une zone d’activité économique, localisée à deux kilomètres au nord-est du centre de l’agglomération actuelle (fig. 2, n° 9). Elle a porté sur une superficie de près de 7,5 ha qui a révélé, aux côtés d’occupations couvrant les périodes du Néolithique au début du Bas-Empire, un petit établissement singulier datant de la fin de l’Antiquité. Il comprend les vestiges d’un habitat, ainsi qu’à ses marges, un petit groupe de dix-huit tombes dont le mobilier est apparu étranger à la région1.
Fig. 1. Localisation d’Obernai et des quatre autres localités ayant livré du mobilier danubien en Alsace.
DAO : M. Châtelet.
Fig. 2. Localisation de la fouille d’Obernai Neuen Brunnen (n° 9) et des vestiges romains et altomédiévaux découverts dans son environnement.
Époque romaine : 1. Obernai Grosses Immerschenfeld : céramiques et mobilier romains en prospection (doc. SRA Alsace, prosp. Ch. Kirmannn, 2009) ; 3. Obernai Hauel : inhumations romaines N/S (Bull. de la Soc. pour la conservation des Monuments historiques d’Alsace, 2e série, 2, 1863-64, p. 7-8) ; 6. Obernai Grüning : sépultures romaines E/O avec du mobilier (Bull. de la Soc. pour la conservation des Monuments historiques d’Alsace, 2e série, 2, 1863-64, p. 8-13) ; 8. Obernai Kirblach : céramiques romaines en prospection (doc. SRA Alsace, prosp. Ch. Kirmannn 2009) ; 9. Obernai Neuen Brunnen : fouille 2013. Haut Moyen Âge : 2. Obernai/Ingmarsheim : trois tombes à dalles sans mobilier (doc. SRA Alsace, Gallia, 40, 1982, p. 371) à l’emplacement d’un village disparu mentionné dans les textes du xie au xviie s. (Humm, 1971) ; 4. Obernai, 1, rue Athic : indices d’une présence à la période du haut Moyen Âge (Simonin, Werlé, 1998) ; 5. Obernai, Place des fines Herbes : excavations (fosses et cabanes semi-enterrées ?) des vie-viie s. (Nilles, 1998) ; 10. Niedernai Kirchbuehl : nécropole des ve-début vie s. (Zehnacker, 1997) ; 11. Niedernai Todtenbreitel : mention de tombes mérovingiennes (Forrer, 1937).
2L’habitat est installé dans les vestiges d’un établissement antique antérieur, correspondant vraisemblablement à un hameau ou un village composé de quelques bâtiments disposant d’une cave, organisés autour d’un petit complexe thermal. Cette première occupation antique a pu être datée de la seconde moitié du ier au iiie siècle après J.-C. (fig. 3).
Fig. 3. Plan des vestiges de la fin du ive et de la première moitié du ve siècle d’Obernai Neuen Brunnen.
Conception : C. Féliu.
3La dizaine de structures attribuées à l’habitat plus tardif des ive et ve siècles se répartit sur le quart sud-est de la fouille (fig. 4). Elle recouvre quatre cabanes semi-enterrées, deux fours domestiques, un puits et quelques fosses et silos qui occupent une superficie de près de 7000 m² (fig. 4). Au nord, l’extension de l’habitat est délimitée par une voie bordée par des fossés traversant un vaste espace fossoyé rectangulaire, vide de toute installation à l’exception d’un four. L’implantation de la nécropole du Bas-Empire auprès de cette voie, la cohérence de son orientation avec celle des autres structures romaines et le mobilier retrouvé dans les fossés témoignent de son usage ou tout au moins de sa visibilité dans le paysage encore à cette époque tardive. À l’ouest, où aucune structure du Bas-Empire n’a été identifiée, la limite de l’occupation devrait avoir été atteinte également ; à l’est et au sud, elle n’a pas pu être établie avec certitude (fig. 3).
Fig. 4. Plan détaillé de l’habitat de la fin du ive et de la première moitié du ve siècle.
Conception : C. Féliu, M. Châtelet.
4Les bâtiments excavés, au nombre de quatre, présentent un plan carré ou rectangulaire (fig. 5). Leur superficie oscille entre 8,7 et 11,8 m² pour des profondeurs conservées n’excédant pas 0,45 m (fig. 6). Tous montrent les fondations d’une charpente, mettant en œuvre deux poteaux faîtiers, complétés dans trois cas par quatre supports corniers. La cabane 4681, qui présente des traces de réfection des poteaux, comporte par ailleurs un à deux autres trous sur les longs côtés, destinés probablement à renforcer les murs gouttereaux. À ces constructions s’en ajoute peut-être une cinquième, ST 4798, dont la fosse se rapproche par sa forme générale et sa superficie des précédentes. Elle est cependant conservée sur quelques centimètres seulement et ne possédait aucun trou de poteau.
Fig. 5. Relevé en plan et en coupe des cabanes semi-enterrées.
DAO : C. Féliu.
Fig. 6. Dimension des cabanes semi-enterrées.
- 2 Le contexte exact de ce deuxième four n’a pas pu être précisé. Il s’inscrit avec d’autres aménagem (...)
5Cet ensemble de bâtiments excavés forme le centre de gravité du petit habitat fondé à la fin du ive siècle, autour duquel les autres structures ont été installées. Les deux fours sont ainsi situés au nord et au sud de ce groupe. Le premier, au sud (ST 4068), est constitué d’une chambre de chauffe, certainement hémisphérique, reliée à une aire de travail de forme grossièrement quadrangulaire (fig. 8). Le second (ST 3545), au nord, n’a pas été observé en détail car relevé en coupe seulement ; il est toutefois probable qu’il appartienne à un type identique au précédent2. Tous deux peuvent être interprétés comme des fours domestiques, fours culinaires ou fours à pain. Au sud des cabanes, un puits profond de 4,30 m sous le niveau du décapage a été fouillé (fig. 9). Aménagé dans une fosse ovale de 4 m de long au sommet, il possédait un conduit d’environ 0,75 m de large pourvu d’un cuvelage en bois non conservé. Le mobilier dans son comblement indique une utilisation jusqu’à la fin de l’occupation du site, au ve siècle.
Fig. 7. Vue de la cabane 4708 à la fin de la fouille.
Photo : A. Ribeiro, Inrap.
Fig. 8. Plan et coupe du four 4068.
DAO : C. Féliu.
Fig. 9. Plan et coupe du puits 4568.
DAO : C. Féliu.
- 3 Pour les trois premiers sites, voir les rapports de fouille Murer, Tenud, 2015 ; Latron, 2008 et M (...)
6Cet habitat s’apparente par ses constructions à d’autres établissements contemporains de la région mis en évidence récemment par les grands décapages. Trois d’entre eux, à Lampertheim, Wiwersheim et Meistratzheim dans le Bas-Rhin, ont pu être dégagés sur de grandes superficies, trois autres à Geispolsheim (Bas-Rhin) et à Riedisheim (Haut-Rhin) n’ont fait l’objet que de petites ouvertures3. Ces habitats, datés entre la fin du ive et environ le milieu du ve siècle, se définissent par la présence systématique de cabanes semi-enterrées, réapparues peu de temps auparavant avec l’installation des premiers groupes de population d’origine germanique, et de fours domestiques qui constituent souvent avec quelques fosses et silos les seules structures identifiées de ces hameaux. Une cave faisait partie également des vestiges à Wiwersheim, seule survivante d’un aménagement qui prévalait jusque-là, en Alsace, dans les habitats groupés antiques à vocation principalement agricole (Nüsslein et alii, 2020). Sur aucun de ces établissements, les habitations et autres constructions de plain-pied n’ont été décelées. Sans doute étaient-elles peu fondées ou érigées sur des sablières basses. Le dernier élément caractérisant ces habitats est la céramique grossière et fine non tournée de tradition germanique, intégrée en proportion variable au vaisselier aux côtés des productions romaines.
- 4 Cette étude est préliminaire et sera reprise pour faire l’objet d’une contribution à part.
7L’habitat a livré un nombre relativement élevé de céramiques, environ 600 fragments attribuables à la fin de l’Antiquité, auxquels sont associés un peu plus de 200 éléments résiduels provenant des occupations protohistoriques, celle de La Tène en particulier. Les productions se répartissent entre les sigillées d’Argonne, les céramiques rugueuses importées de la région de Mayen et des productions régionales tournées et modelées. Le lot permet d’attribuer l’habitat à la période comprise entre la fin du ive et le milieu du ve siècle4.
Fig. 10. Céramiques issues des structures datées de la fin du Bas-Empire : les types de sigillée.
Dessins : S. Humbert ; DAO : V. Bourson ; photos : Ph. Haut, Inrap.
- 5 Les types renvoient à la typologie de Chenet, 1941.
8La sigillée d’Argonne comporte principalement des coupes de type Chenet 320. L’une d’elles, avec des traces de peinture (n° 7), peut être datée au plus tôt de la fin du ive siècle (Brulet et alii, 2010, p. 219). Des huit fragments décorés à la molette, six sont lisibles. Ils correspondent aux types UC 11 ou 12 (n° 1), UC 59 (n° 2), UC 79 ? (n° 3), à une variante d’UC 81 (n° 4), UC 151 (n° 5) et UC 169 (n° 6)5. Le lot compte également des assiettes Chenet 303 (n° 8) et 304 (n° 9), une assiette Chenet 313 (n° 10), des coupes Chenet 314 (n° 11) et un bol Chenet 319 (n° 12). Enfin deux coupes Chenet 324b sont en sigillée d’origine indéterminée : l’une est calcinée ; l’autre (n° 13) de qualité médiocre à pâte rouge-brun sans engobe s’apparente aux formes tardives produites notamment à Châtel-Chéhéry vers la fin du ive et au ve siècle (Brulet et alii, 2010, p. 250 ; Bet et alii, 2011).
Fig. 11. Céramiques issues des structures datées de la fin du Bas-Empire.
Les types de céramiques communes. 1-6. céramiques rugueuses ; 7-10. céramique commune claire ; 11-15. céramique commune sombre.
Dessins : S. Humbert ; DAO : V. Bourson, Inrap.
9Une part de la vaisselle commune rugueuse provient de la région de Mayen. Les pots de type Alzey 27 y dominent ; les profils sont simples, de variantes I (nos 1-2) et K (n° 3), datées de la seconde moitié du ive siècle et leur l’utilisation se poursuit jusqu’à la fin du siècle suivant (brulet, 2010, p. 415 ; Bet et alii, 2011). Une cruche Pirling 115 (n° 6) et deux jattes de type Alzey 28 (nos 4-5) complètent le lot. La lèvre des jattes s’arrondissant vers l’extérieur renvoie à des exemplaires tardifs de la fin du ive et de la première moitié du ve siècle (Brulet et alii, 2010, p. 418).
10Aucune terra nigra tardive n’a été identifiée dans cet ensemble. Les productions régionales en pâte claire couvrent des jattes à collerette avec des traces d’engobe orangé (nos 7-8), des assiettes à fond plat (n° 9) et une grande cruche ou amphore à lèvre moulurée (n° 10). Les céramiques à pâte sombre sont représentées par un couvercle (n° 12), des jattes carénées (n° 11) et des pots à panse ovoïde ou globulaire à bord déversé (nos 13-15).
Fig. 12. Céramiques issues des structures datées de la fin du Bas-Empire.
Les types de céramiques non tournées. 1-3. Céramiques fines ; 4-16. céramiques grossières.
Dessins : M. Châtelet ; DAO : P. Girard, Inrap.
- 6 La différenciation de ces productions antiques avec les céramiques protohistoriques n’a pas toujou (...)
11Une part non négligeable des céramiques se compose de productions montées aux colombins (un peu plus de soixante-dix fragments, soit 13 % des céramiques), contemporaines des productions romaines6.
- 7 Voir pour l’Alsace Schweitzer, 1984, pl. 50 ; Idem, 1993, fig. 5 ; Murer, Tenud, 2015, fig. 6 à 11 (...)
12La majorité d’entre elles ont pu être identifiées par leurs traces de suie comme des récipients culinaires. Cette céramique grossière se caractérise par des inclusions siliceuses peu calibrées, souvent grossières ou de taille variable et son façonnage maladroit (profil peu symétrique, parois d’épaisseur variable, surfaces irrégulières avec parfois un lissage grossier en grandes traînées verticales). Les pâtes sont dures, aux colorations non uniformes, brun-orangé, orangée ou ocre-orangé, témoignant d’une cuisson probablement en aire ouverte. Cette vaisselle recouvre des pots aux panses ovoïdes, caractérisés par leur base souvent débordante, pincée grossièrement sur les côtés (n° 7). Le seul bord conservé est rentrant (n° 4). Deux formes ouvertes aux bords droits ont également été identifiées : l’un est un bol (n° 6), l’autre pourrait être également une jatte (n° 5). Ces formes, classiques dans la région pour les ive et ve siècles, ont de nombreux parallèles en Alsace et en pays de Bade sur les habitats occupés par les populations germaniques7. Le seul récipient distinctif provient de la cabane 4681. Seule la base en est conservée. Il s’agit d’un récipient à parois épaisses très évasées (forme ouverte ?) avec une esquisse malhabile de base annelée (n° 8).
13Un pot, un bol et une jatte ont une finition plus soignée, polis sur la face externe et lissés sur la face interne. Sans traces d’usage au feu, ils devaient être destinés à la présentation des aliments. Leur pâte est également hétérogène avec des inclusions siliceuses en quantité variable, de taille fine à grossière selon les exemplaires. Les parois sont relativement épaisses (entre 7 et 9 mm) et marquées par quelques irrégularités. Deux des récipients imitent probablement les terra nigra par leur couleur noire. La jatte, seule, est brun-orangé (4612-15). Le pot est de forme classique : il est ovoïde et présente un bord éversé de section rectangulaire (n° 3). Le bol, avec son profil caréné, sa paroi supérieure droite légèrement concave, doit être interprété vraisemblablement comme une imitation (abâtardie) des coupes carénées en terra nigra ou en sigillée (n° 1). La jatte présente un profil en S (n° 2), analogue à des exemplaires découverts outre Rhin dans l’habitat du Münsterberg à Breisach (Bücker, 2007, fig. 67, p. 76).
14Plusieurs formes atypiques se concentrent dans la fosse 4506 qui a livré par ailleurs des fragments de céramiques rugueuses de la région de Mayen (fig. 12, nos 9-16). Ce sont quatre récipients de technologie similaire, grossièrement façonnés à pâte dure, de couleur ocre à brun-orangé. Les parois sont épaisses, superficiellement lissées, les inclusions siliceuses non triées de taille fine à grossière, plutôt abondantes. Deux pots et deux formes ouvertes composent cet ensemble. Les pots possèdent une forme ovoïde. L’un est à bord éversé arrondi et pourvu sur le col d’un cordon digité (n° 13), l’autre comporte un bord éversé rectangulaire à gorge interne et un décor ondé au peigne à deux dents (n° 14). Les formes ouvertes, un bol et une jatte, possèdent également un bord de section rectangulaire et le même décor ondé au peigne à deux dents (nos 9-10). Aucun parallèle n’a pour l’instant été retrouvé pour ces récipients, étrangers à la région. Le pot à cordon digité est sans comparaison. Le second pot, le bol et la jatte au décor ondé présentent des similitudes avec des formes de l’habitat de Lampertheim qui a livré le lot le plus important de céramiques modelées de cette période (Murer, Tenud, 2015, fig. 6, nos 13-14 et fig. 7, nos 12-13). Leur décor diffère néanmoins par l’utilisation d’un peigne à sept et non à deux dents et les parois y sont plus fines.
15La datation du lot entre la fin du ive et le milieu du ve siècle peut être assurée par les molettes des groupes V et VII de Hübener (1968 revu pour les datations par Dijkmann, 1993) et par les formes à profil simple de type Alzey 27 et 28 des productions de Mayen. On peut noter l’absence de terra nigra tardive, qui contraste avec leur abondance encore au troisième quart du ive siècle sur l’habitat voisin de Rosheim (Baudoux, Humbert, 2004, p. 124) et leur part toujours non négligeable (7 %) sur celui, contemporain, de Lampertheim (Murer, Tenud, 2015). La céramique non tournée s’apparente dans son ensemble à celle des habitats de la période en Alsace et dans le pays de Bade. Seul le lot de la fosse 4506 est singulier et d’influence manifestement étrangère.
16Installée à 200 m au nord-ouest de l’habitat qu’elle domine de l’autre côté de la voie, la nécropole, avec ses dix-huit sépultures, constitue un ensemble cohérent. Les tombes se distribuent sur une aire approximativement rectangulaire de 25 m de longueur et de 16 m de largeur. Au sein de cet espace, elles se répartissent en ordre lâche sur plusieurs rangées discontinues qui réservent entre elles des espaces vides plus ou moins importants, définissant des groupements (fig. 13). Toutes ont été implantées selon une orientation ouest/est.
Fig. 13. Plan général de la nécropole.
Conception : C. Féliu, M. Châtelet.
17Toutes les sépultures sont primaires et individuelles. Elles sont intactes et ne présentent aucun indice de pillage. La bonne conservation osseuse a conduit à l’identification de quatorze individus adultes (Schmitt, 2005 ; Owings Webb, Suchey, 1985), dont sept féminins et cinq masculins (Murail et alii, 2005) et de quatre individus immatures âgés d’environ deux à onze ans (Ubelaker, 1979 ; Scheuer, Black, 2000). Deux de ces enfants, les plus âgés, ont été inhumés avec un mobilier typiquement féminin.
18Les analyses paléogénomiques menées dans le cadre d’un mémoire de Master 2 de l’Université de Bordeaux (cf. infra) ont permis de préciser le sexe des individus inhumés et d’identifier tous les sujets immatures comme féminins. Pour l’individu adulte 1012, une discordance a été observée entre le sexe métrique (Murail et alii, 2005) et le sexe génétique. C’est évidemment le résultat fourni par l’analyse paléogénomique, ici le sexe masculin, qui a été privilégié dans un souci de fiabilité maximale.
19À l’issue de cette double étude, il est ainsi possible d’identifier, pour les dix-huit sépultures, quatorze adultes, dont six féminins et sept masculins et quatre immatures, tous féminins (fig. 14).
Fig. 14. Récapitulatif des données biologiques et des résultats de l’étude paléogénomique.
En surligné, les individus pour lesquels une étude génomique a pu être réalisée.
20D’après l’analyse des quotients de mortalité, les individus âgés de moins d’un an ont été exclus de la nécropole et ont donc vraisemblablement fait l’objet de pratiques funéraires différentes. Cette observation est quasi systématique en contexte archéologique, quelle que soit la période concernée. C’est la principale anomalie démographique que l’on peut noter pour ce petit ensemble qui semble donc pouvoir correspondre au lieu d’inhumation utilisé par un même groupe humain pendant quelques dizaines d’années.
21Si les données concernant l’état sanitaire sont tout à fait conformes à ce que l’on observe habituellement pour cette période, deux individus adultes présentent néanmoins des atteintes pathologiques relativement importantes. Les vertèbres du premier, de sexe indéterminé (SP 9999), sont endommagées par des abcès infectieux de type abcès froids. Le corps vertébral de la première lombaire s’en trouve ainsi réduit de 75 % en hauteur, provoquant une angulation antéro-postérieure de la colonne vertébrale. Sur le même individu, on note également une importante perte de substance osseuse (54,49 x 34,47 mm) aux bords irréguliers sur le neurocrâne, au niveau de la tempe droite (fig. 15). L’hypothèse d’une maladie infectieuse est ici privilégiée et il est tentant d’orienter le diagnostic vers un cas de tuberculose, même si d’autres pathologies sont susceptibles d’engendrer ce type de lésions. Des analyses génétiques en cours pourront permettre de confirmer ce diagnostic. Le second sujet, de sexe masculin (SP 1028), présente également une lacune osseuse sur l’os frontal, à équidistance de la suture coronale et de la région supra-orbitaire gauche. Sur le pourtour de l’ouverture et principalement vers la face antérieure du neurocrâne, les bords corticalisés présentent un important remodelage osseux. À l’origine, l’os devait donc être endommagé sur une surface plus importante, avoisinant probablement 46 x 20 mm. L’observation minutieuse de la lésion a permis de s’apercevoir que le bord latéral droit est oblique alors que le bord latéral gauche est vertical. À l’époque médiévale, les trépanations se font généralement en taillant la table externe en biseau, plus ou moins obliquement, le plus souvent de manière rasante et en abordant la table interne tangentiellement pour éviter la dure-mère (Dastugue, 1975). La morphologie du bord latéral gauche permet ainsi a priori de rejeter l’hypothèse d’un acte chirurgical. La forme générale de l’ouverture est également un élément permettant d’écarter l’hypothèse d’une trépanation. Il s’agit donc probablement d’une blessure par objet tranchant, de type arme blanche, partiellement cicatrisée.
Fig. 15. Atteinte, probablement infectieuse, sur la portion droite du frontal de l’individu 9999.
Photo : F. Chenal.
22Deux individus immatures féminins, âgés d’environ dix ans et portant des parures en métal précieux (SP 1031 et 1020), présentent une importante déformation crânienne antéro-postérieure (fig. 16). La très bonne conservation osseuse permet dans les deux cas d’exclure une modification taphonomique ou pathologique et de s’orienter vers une déformation volontaire par application de moyens de contention sur le neurocrâne au moment de la croissance. Cette pratique culturelle, isolée en Occident, a surtout connu une diffusion en Europe centrale et orientale où elle a été introduite en premier lieu par les Sarmates et les Alains au iie siècles après J.-C. Elle s’est par la suite transmise aux autres peuples en contact avec eux et reflète incontestablement une influence orientale chez les populations qui l’ont adoptée (Werner, 1956 ; Kazanski, 1980 ; Anke, 1998 ; Kazanski, 2009, p. 455-464). En Alsace, quatre autres crânes déformés ont été identifiés dans la nécropole de Dachstein et à Strasbourg. À Strasbourg, leur contexte n’est pas restituable (Ulrich, 1957). À Dachstein, le mobilier associé, de type germanique occidental, les place à une période plus récente, dans la deuxième moitié du ve ou au début du vie siècle (Schnitzler et alii, 2009, p. 82-84). Il est à noter qu’à Obernai, ce sont les deux individus les plus richement parés qui ont bénéficié de ce traitement (voir infra).
Fig. 16. Crâne déformée de la sépulture 1020.
Photo : D. Gliksman, Inrap.
- 8 L’étude a été réalisée dans le cadre du Master 2 d’Anaïs Pavin de l’Université de Bordeaux ainsi q (...)
23Tous les individus de la nécropole ont fait l’objet d’une analyse paléogénomique8. L’échantillonnage a été effectué au niveau de la partie pétreuse de l’os temporal ou de la pulpe dentaire dans le laboratoire de haut-confinement de la plateforme de paléogénétique de l’UMR PACEA. L’ADN a été extrait à partir de 200 mg de poudre d’os en suivant un protocole d’extraction et de purification basé sur la fixation de l’ADN à des colonnes de silice (Gorge et alii, 2016). Des banques d’ADN ont ensuite été construites (méthode double-brin) et séquencées sur le séquenceur illumina NextSeq 5000 de l’Institut de Recherche Biomédicale des Armées (IRBA). La préservation de l’ADN s’est révélée très hétérogène (fig. 14) avec des individus présentant moins de 1 % d’ADN humain préservé alors que d’autres en comportent plus de 23 %. Comme cela a déjà été démontré (Gamba et alii, 2014), la préservation de l’ADN est en moyenne meilleure au sein de l’os temporal qu’au niveau des dents. Le sexe a pu être déterminé au niveau moléculaire pour tous les individus à l’exception du sujet de la sépulture 1028, pour lequel l’ADN n’était pas suffisamment préservé (fig. 14).
- 9 En l’absence d’analyses sur des populations gauloises locales, la population de référence sélectio (...)
24Des génomes partiellement couverts (couverture moyenne de 0,14×) ont pu être obtenus pour sept sujets (SP 1009, 1012, 1021, 1033, 1034, 1037 et 9999). Aucun des deux enfants présentant une déformation crânienne n’a pu être inclus dans cette étude du fait de la mauvaise préservation de l’ADN dans les échantillons prélevés. Grâce aux données génomiques, nous avons pu déterminer les lignées mitochondriales (héritées par la mère), les lignées paternelles au niveau du chromosome Y des deux individus masculins (SP 1012 et 1021), rechercher leurs affinités génétiques avec des populations contemporaines et d’éventuelles relations de parenté. Ces études sont en cours et feront prochainement l’objet d’une publication. Les premiers résultats ont mis en évidence l’absence de liens de parenté jusqu’au troisième degré entre les sept individus analysés (fig. 14). La diversité observée au niveau des lignées maternelles et paternelles conforte également cette absence de liens directs entre eux. Les premières analyses menées sur leur origine montrent par ailleurs une grande hétérogénéité des sept sujets qui présentent, pour deux d'entre eux, des profils génétiques proches des populations de la fin de l’âge du Fer de la Gaule9, pour d’autres un métissage avec des populations du bassin méditerranéen et pour un individu un profil semblable aux populations antiques d’Italie. Des analyses complémentaires doivent cependant être menées pour affiner ces résultats et tenter d’obtenir des données génomiques pour d’autres individus afin d’avoir une vision plus exhaustive de ce petit groupe humain. Peu de données génomiques sont pour l’instant disponibles sur les populations contemporaines de la basse vallée du Danube d’où pourrait provenir cette communauté, ce qui complique les interprétations de ses origines.
25Les tombes, creusées dans le lœss, ont été aménagées dans des fosses étroites. Leurs dimensions sont relativement similaires et avoisinent en moyenne un peu moins de 2 m de longueur et environ 0,60 m de largeur pour les adultes (fig. 17). Les profondeurs, en revanche, sont variables : chez les adultes, elles oscillent entre 0,12 et 0,86 m, chez les immatures entre 0,12 et 0,72 m, indépendamment de la localisation des sépultures (fig. 18). Ces variations ne peuvent être ainsi attribuées à une érosion différentielle et sont d’origine.
Fig. 17. Caractérisation des tombes avec leur architecture présumée.
Fig. 18. Profondeurs des tombes.
Conception : M. Châtelet, C. Féliu.
26L’architecture des tombes est apparue globalement délicate à restituer. L’étude s’est heurtée à un principal obstacle : la présence d’effondrements de paroi non décelés à la fouille faute de différenciation nette avec le substrat et de l’absence de coupes transversales systématiques, débordant des limites supposées de la fosse, permettant souvent seules de les identifier. Par manque de temps, ces coupes n’ont pas pu être réalisées. Les limites exactes de la fosse n’ont ainsi pas toujours été bien restituées et la stratigraphie interne n’a dès lors pas toujours été bien comprise. Grâce cependant à des profils bien caractérisés ayant des parallèles sur d’autres nécropoles, grâce aussi aux données taphonomiques et aux indices apportés par les quelques restes de bois conservés, trois types de tombe ont pu être distingués : les fosses aménagées en chambre, au sein desquelles ont pu être différenciées celles avec et celles sans coffrage, et les fosses non aménagées. Faute d’indices suffisants, sept sépultures n’ont pas pu être attribuées à un type architectural particulier.
27En préalable de la présentation détaillée de ces types, certains termes nécessitent d’être définis plus précisément. Par chambre est entendu l’espace vide préservé dans la tombe, destiné à accueillir le défunt. Elle suppose ainsi la présence d’un couvercle qui referme hermétiquement l’espace qui peut ou non être coffré. Par contenant est entendu le réceptacle dans lequel est déposé le défunt (coffre ou cercueil). Enfin par fosse (sépulcrale) est désigné le creusement dans lequel est aménagée la chambre ou, en son absence, est déposé le contenant avant d’être recouvert de terre.
- 10 Des exemples bien conservés de ce type de construction à banquettes, pour la période plus tardive (...)
28Parmi les tombes aménagées, la seule qui ait conservé un profil quasi intact est la structure 1031 qui renfermait l’ensemble le plus riche de la nécropole. Sa fosse rectangulaire, large de 0,50 m et conservée sur 0,60 m de largeur, était pourvue sur tout son pourtour, à 0,50 m de hauteur, d’une banquette de 0,10 à 0,20 m de profondeur creusée dans le substrat (fig. 19 et 20). Cette banquette supportait un couvercle en bois dont quelques restes ont été conservés sur le rebord10. Au vu des parois verticales parfaitement préservées de l’excavation, sans marques d’effondrements, la fosse devait être coffrée. La présence ou non d’un contenant pour la défunte, déposée au centre de la chambre, n’a pas pu être déterminée en l’absence d’arguments taphonomiques.
Fig. 19. Plan et profil de la tombe 1031 avec une proposition de restitution.
Conception : M. Châtelet.
Fig. 20. Vue zénithale des tombes avec une banquette haute ou de probables effondrements de paroi, établissant la présence d’une chambre.
Photos : A. Latron-Colecchia, Inrap.
29Huit autres sépultures disposent d’indices tendant à montrer que leur fosse avait été également aménagée. Elles se caractérisent par un profil en entonnoir s’apparentant à celui des fosses aménagées en chambre, ayant subi des effondrements de paroi dans les espaces laissées vide de l’excavation (fig. 20 et 21). Cette configuration, aujourd’hui bien documentée par les fouilles récentes, a pour la première fois été mise en évidence à Matzenheim et à Osthouse (Châtelet, 2012). Par la suite, elle a été identifiée également sur d’autres nécropoles, à Vendenheim, Artzenheim et Eckwersheim où la conservation des bois était particulièrement remarquable et la lecture de la stratigraphie facilitée par un substrat différencié (Barrand Emam, 2013a et b ; Châtelet, 2018).
Fig. 21. Plan et profil des tombes avec des effondrements de paroi probables.
DAO : P. Girard, Inrap, M. Châtelet.
- 11 Cette difficulté de dissocier les effondrements intervenus dans les fosses apparaît surtout sur le (...)
30Sur les longs côtés, sur une partie ou sur la totalité de la longueur, parfois aussi sur les petits côtés, les huit tombes ont pour caractéristique d’avoir à la base un profil vertical faisant effet de butée, haut de dix à quarante centimètres, s’évasant ensuite pour redevenir vertical ou oblique au sommet (fig. 21). À la fouille, ce profil a été interprété comme celui du creusement. Sur d’autres sites, la réalisation de coupes transversales sur ces tombes a mis en évidence la présence d’indices parfois discrets attestant que les terres sur les côtés ont été déplacées : dans un substrat différencié, c’est un décalage stratigraphique entre le substrat et ces terres qui a permis d’établir leur effondrement, dans un substrat homogène comme les lœss, la présence, sous ces terres ou mélangées à elles, de sédiments parfois plus sombres ou de fibres de bois issus du comblement supérieur. Parfois, du mobilier a été trouvé aussi sous ces terres (Châtelet, 2012 et 2018)11. Faute de temps, ces tranchées n’ont été réalisées à Obernai que dans deux cas, à la mini-pelle (SP 1021 et 1022). Bien qu’un nettoyage attentif de ces coupes ait été réalisé, elles n’ont apporté aucun indice permettant de statuer sur la présence ou non d’effondrements dans la fosse.
31Ces effondrements n’ont pu survenir que dans un espace vide où ils sont venus mouler une paroi, comme l’atteste la verticalité de leur profil à la base. Deux cas ont pu être distingués en fonction de l’extension et de la localisation de ces terres dans la tombe.
32Dans le premier, regroupant la quasi majorité des sépultures à Obernai, les effondrements s’étirent sur les longs côtés où ils ont moulé une paroi prenant toute la longueur de la fosse (fig. 20 et 21). Si l’on prend l’hypothèse que la paroi correspond aux côtés du contenant, cela supposerait qu’il soit surdimensionné dans sa longueur et plus grand que le défunt, ce qui n’a été observé dans la région que dans le cas d’un dépôt d’objets aux pieds du défunt. Il paraît donc plus probable que la paroi corresponde au coffrage de la chambre, érigé à quelque distance des parois de la fosse sur les longs côtés, préservant ainsi un espace vide à l’extérieur dans lequel se sont effondrés les lœss (fig. 22). Ce type de construction a pu être observé également à Matzenheim, Eckwersheim ou Vendenheim où les restes de bois conservés dessinaient encore le plan du coffrage sur le fond de la fosse.
Fig. 22. Plan et profil de la tombe 1028 avec une proposition de restitution.
Conception : M. Châtelet.
- 12 On ne peut exclure que les replats ont été accentués involontairement à la fouille et qu’ils n’éta (...)
33Trois cas, SP 1009, 1022 et 1038, sont apparus plus douteux. Leur profil également en entonnoir y dégageait à la base un replat plus ou moins marqué mais que l’absence de coupe n’a pas permis de restituer précisément dans sa configuration primitive12. Ce replat, situé entre 0,12 et 0,25 m au-dessus du fond de l’excavation, se limitait dans la sépulture 1009 à un seul des longs côtés et se poursuivait dans la sépulture 1038 à la tête sur le petit côté ; dans la sépulture 1022 seulement, il était présent sur les deux longs côtés. L’absence dans deux des trois cas d’une symétrie des replats de part et d’autre des parois, mais aussi leur faible hauteur, inférieure au volume nécessaire pour un corps d’adulte, a permis d’écarter l’hypothèse d’un support pour un couvercle. En l’absence d’objets déposés sur eux, aucune fonction particulière ne peut leur être attribuée, rendant peu probable qu’ils aient été taillés dans le substrat. Tout laisse donc penser également dans ces trois cas à des effondrements de lœss qui, par leur présence sur toute la longueur de la paroi, ont dû mouler également l’extérieur du coffrage d’une chambre.
34La présence d’un contenant dans les chambres coffrées n’a pu être établie que pour les sépultures 1009 et 1038 par les contraintes observées sur le squelette, à distance des terres effondrées sur les côtés (voir catalogue). Le contact du squelette dans les tombes 1022 et 1028 avec les terres d’effondrement conduit à penser inversement dans ces deux cas à l’absence d’un contenant (fig. 20) : il paraît peu probable en effet d’envisager dans l’espace présent l’existence côte à côte de la paroi du contenant en plus du coffrage de la chambre. En l’absence d’indices, la présence d’un contenant n’a pas pu être vérifiée dans les autres cas.
35Des restes de bois ont été conservés dans quatre des huit tombes (SP 1011, 1020, 1022 et 1028). Dans toutes, ils sont apparus sous le squelette et devaient correspondre aux dernières traces d’un plancher, celui du coffrage de la chambre et/ou de l’éventuel contenant pour le défunt. Dans les sépultures 1020, 1022 et 1028, ces bois étaient présents également sur les côtés, et dans les sépultures 1011 et 1028, ils passaient sur le squelette, provenant ainsi d’un couvercle, celui du contenant ou celui, effondré, de la chambre.
- 13 Châtelet, 2012, p. 330-331, SP 27 ; Châtelet, 2018, vol. 1, p. 128-129, SP 1001 et 1038.
36Le deuxième cas de figure est représenté par la sépulture 1012. Au lieu d’occuper les seuls longs côtés, les effondrements y circonscrivaient entièrement le squelette (fig. 20). Des configurations similaires ont pu être observées à Matzenheim et à Eckwersheim où les terres enserrant également le corps ont bien été identifiées par les coupes transversales comme résultant de l’effondrement des parois de la fosse. Dans un cas même, elles ont recouvert un dépôt constitué d’un récipient et d’offrandes alimentaires (fig. 23)13. Comme à Obernai, elles dessinaient en négatif un contenant, attestant qu’elles n’avaient pas été retenues par un coffrage et que l’espace vide dans la chambre avait été préservé simplement par l’installation d’un couvercle (fig. 23). Dans certains cas, des traces des planches de ce dernier étaient visibles encore dans le comblement. La forte similitude entre la stratigraphie de ces tombes et celle de la sépulture 1012 d’Obernai incite donc à y voir le même aménagement.
Fig. 23. SP 1012 mise en parallèle avec la sépulture 1038 de la nécropole mérovingienne d’Eckwersheim.
Vue avec ses effondrements en cours de dégagement, recouvrant une céramique au sud.
D’après Châtelet, 2018, fig. 90.
37Ainsi, sur les neuf tombes aménagées, huit devaient disposer d’une chambre avec un coffrage. Dans deux d’entre elles au moins, le défunt était inhumé dans un contenant. Une seule tombe a montré des indices d’une chambre qui n’avait pas été coffrée et dans laquelle le défunt reposait dans un contenant (fig. 17).
38L’hypothèse d’une fosse sans aucun aménagement n’a pu être avancée que pour deux sépultures, celle d’un adulte (SP 1040) et celle d’un enfant (SP 1034), profondes seulement de quelques centimètres sous le niveau du décapage (fig. 24 et 25). L’absence de relief marqué sur le site et leur installation au côté immédiat de tombes profondes ne permettent pas d’imputer cette faible profondeur à une érosion différenciée de ces structures (fig. 18). Dans chacune, les corps ont montré une décomposition en espace vide. La faible profondeur permettant d’écarter l’éventualité d’une chambre, l’hypothèse d’individus déposés dans un contenant dans une fosse colmatée est apparue ainsi la plus vraisemblable.
Fig. 24. Plan et profil des tombes peu profondes.
DAO : P. Girard, Inrap.
Fig. 25. Vue zénithale des tombes peu profondes.
Photos : A. Latron-Colecchia, Inrap.
39L’architecture funéraire des sept autres sépultures n’a pas pu être caractérisée, faute de traces spécifiques. Aucune ne montre d’effondrements de parois avérés : les parois sont verticales, pour certaines très légèrement évasées ; aucune ne présente un décrochement dans leur profil (fig. 26). Une partie de ces fosses était conservée en outre sur moins d’une quarantaine de centimètres de profondeur, ce qui rendait délicate leur interprétation. Le mode d’inhumation n’a pu être restitué ainsi que sur la base d’indices taphonomiques (voir catalogue). À l’exception de la sépulture 1029, tous les corps ont montré une décomposition dans un espace vide, supposant la présence d’un contenant, sinon d’une chambre. Dans le cas des sépultures 1018 et 1021, cette hypothèse a été confortée par les restes de bois préservés à la base et sur le pourtour intérieur de la fosse (fig. 27) et dans les tombes 1021 et 1037 par les contraintes observées sur le squelette à distance des parois du creusement.
Fig. 26. Plan et profil des tombes n’ayant pas pu être attribuées à un type particulier.
DAO : P. Girard, Inrap.
Fig. 27. Vue zénithale des tombes n’ayant pas pu être attribuées à un type particulier.
Photos : A. Latron-Colecchia, Inrap.
40Dans le cas de la sépulture 1029, aucun indice n’a permis d’établir que la décomposition du corps s’est déroulée dans un espace vide, mais inversement aucune preuve n’a pu être avancée pour une décomposition dans un espace colmaté.
41Pour ces sept sépultures, il ne peut être ainsi tranché si le vide autour du corps a été maintenu par un contenant ou par une chambre, sinon par les deux.
42Les individus ont été inhumés selon une orientation ouest-est, la tête à l’ouest, selon la coutume qui s’est imposée au ve siècle dans la région. La plupart sont en position centrale dans la fosse ; un seul est au nord (SP 1030, fig. 27) et dans la majorité des cas, un espace vide a été réservé aux pieds ou à la tête et souvent aux deux (fig. 20, 25 et 27). Ce fait a été observé autant chez les adultes que chez les individus immatures (voir catalogue).
43Les défunts reposaient sur le dos avec les membres en extension. Seul l’individu immature de la sépulture 1020 présentait une très légère flexion des membres inférieurs, mais il ne peut être exclu qu’elle résulte d’un mouvement taphonomique au moment de la décomposition du corps. Les membres supérieurs droits des individus des sépultures 1030 et 1037 étant absents, leur position n’a pas pu être restituée.
44Cinq des dix-huit individus comportaient des éléments de parure ou des accessoires vestimentaires (fig. 28). Trois sont des sujets immatures de sexe féminin âgés entre 8 et 14 ans (SP 1020, 1031, 1034), les deux autres des femmes dont une de plus de 20 ans (SP 1035) et l’autre de plus de 50 ans (SP 1033).
Fig. 28. Parures et accessoires vestimentaires des défunts.
45Seule la jeune fille de la tombe 1031 se distinguait par le nombre et la richesse particulière de ses ornements. Les quatre autres enfants et adultes étaient moins richement parés, même si les bijoux étaient, pour certains, également en métal précieux. Deux des jeunes filles dont la plus richement dotée présentaient la déformation crânienne d’origine anthropique (SP 1031 et 1020).
46La jeune fille, richement parée, portait une paire de boucles d’oreille en argent, deux épingles en or en place des fibules et à la ceinture plusieurs pendants auxquels étaient attachés un miroir en argent et un peigne, de grosses perles en ambre et en verre, un set de toilette et une bague (fig. 29).
Fig. 29. Vue rapprochée de la tombe 1031 avec son mobilier.
1-2. Épingles en or ; 3. peigne en bois de cerf ; 4. miroir en argent ; 6-17. châtelaine (nécessaire de toilette, perles en verre et en ambre, bague en alliage cuivreux) ; 20-21. boucles d’oreille en argent.
Photo : A. Latron Colecchia, Inrap.
Les boucles d’oreille
- 14 Pour les plus anciennes découvertes et leur répartition, voir Ivanišević et alii, 2006, p. 29.
47Les boucles d’oreille, tout en étant de même type, sont dépareillées, l’une étant plus fine que l’autre et constituée d’un alliage plus argenté (fig. 30, nos 1-2). De petite diamètre (1,8 cm), elles sont à jonc circulaire avec une extrémité massive polyédrique, correspondant à un type dont les premiers exemplaires, situés dans les régions de la Mer Noire, remontent à la fin du ive siècle (période D1 de la chronologie du Barbaricum européen : 360/370-400/410)14. Leur utilisation s’est propagée ensuite dans le vaste territoire allant du Caucase au Danube avant de s’étendre dans les régions plus occidentales (Freeden, 1979, p. 277-287 ; Tejral, 2011, p. 228-231).
Fig. 30. Mobilier de la tombe 1031.
1-2, 17-18. Argent ; 3. alliage cuivreux ; 4-5. or ; 6-7. verre ; 8-15. ambre ; 16. argent et alliage cuivreux ; 19. restitution du miroir avec son cerclage (en gris) et sa cordelette (en noir) ; 20. bois de cerf
Dessins J. Gelot, Inrap.
Les épingles
48Les deux épingles en or étaient posées la tête vers le bas, l’une à gauche sur la cage thoracique, l’autre à droite sur l’épaule. De forme et de taille comparables, elles présentent une longueur d’environ 5 cm et possèdent une tête plate losangique. L’absence d’usure tend à penser qu’elles n’ont été que très peu, voire jamais portées auparavant (fig. 30, nos 1-2 et fig. 31).
Fig. 31. Épingles de la sépulture 1031 (L. : 4,9 cm).
Photo : D. Gliksman, Inrap.
49L’utilisation des épingles en place des fibules est une pratique connue principalement dans la région des Carpates et en Pannonie, chez les Germains orientaux. En Occident, les exemples sont rares et dispersés sur un vaste territoire se distribuant entre le sud de l’Allemagne, l’Alsace où un deuxième cas est connu à Brumath (Abert, 2015), le nord de la France, l’Espagne et l’Algérie (fig. 32). Cette tradition vestimentaire semble avoir été relativement courte puisqu’elle n’a été attestée jusqu’à maintenant que pour la période du deuxième tiers du ve siècle (Quast, 2005, p. 265-272).
Fig. 32. Répartition des épingles portées en fibules.
En rouge, Obernai (18) et Brumath (19).
D’après Quast, 2005, p. 270, fig. 26.
50La plupart des épingles portées en guise de fibules sont en or. Le plus souvent, elles sont dotées d’une tête polyédrique, comme la seconde paire, également en or, découverte en Alsace à Brumath. La tête plate losangique des exemplaires d’Obernai est singulière et n’a aucun parallèle. Elle s’apparente néanmoins aux têtes en forme de spatule, présentes exclusivement en Germanie orientale (Quast, 2005, p. 267, fig. 27).
51Compte tenu de leur localisation, ces épingles étaient probablement destinées à maintenir soit un vêtement, soit un voile retombant à l’avant sur la poitrine.
La châtelaine
52La jeune fille portait du côté gauche, à sa ceinture, une châtelaine composée d’au moins trois brins. L’un comportait quatre perles et une bague, le deuxième six perles dont une déplacée par un rongeur et le dernier un set de toilette.
53Les dix perles de la châtelaine sont toutes de grand diamètre. Deux, réparties sur chacun des brins, sont en verre opaque, l’une côtelée en verre vert clair de type Theune-Vogt T46 (Theune-Vogt, 1990), l’autre tonneliforme en verre brun-rouge, pourvue sur le pourtour d’un décor de trois lignes ondées, verte et blanches (fig. 30 n° 6-7 et fig. 33, n° 1). Les huit autres sont en ambre. Elles ont une forme annulaire au profil arrondi ou courte cylindrique avec un profil anguleux. Leur diamètre est compris entre 1,4 et 2,8 cm, leur longueur entre 0,8 et 1,2 cm. Toutes présentent une très belle finition (fig. 30, nos 8-15 et fig. 33, n° 2).
54La bague était suspendue à l’extrémité d’un des brins qui comportait les perles. Réalisée en alliage cuivreux, elle se compose d’un simple jonc de section circulaire, refermé par une double torsade (fig. 30, n° 3).
Fig. 33-1. Objets de la châtelaine de la sépulture 1031.
Perles en verre (D. de la perle à gauche : 2,5 cm,
Photos : D. Gliksman, Inrap.
Fig. 33-2. Objets de la châtelaine de la sépulture 1031.
Perles en ambre (D. de la perle à gauche : 2,4 cm).
Photos : D. Gliksman, Inrap.
Fig. 33-3. Objets de la châtelaine de la sépulture 1031.
Nécessaire de toilette (L. de la pincette : 6,7 cm).
Photos : D. Gliksman, Inrap.
Fig. 33-4. Objets de la châtelaine de la sépulture 1031.
Miroir en argent (D. : 4,9 cm).
Photos : D. Gliksman, Inrap.
55Le nécessaire de toilette en argent, composé d’un cure-oreille et d’une pince à épiler reliés à un anneau, reposait à l’arrière des perles où il avait été attaché à un troisième brin. Le cure-oreille, de section hexagonale, est pourvu d’un renflement central polygonal sur le manche. La pince à épiler est dotée de mors rectangulaires et ses branches sont maintenues par un fil en alliage cuivreux (fig. 30, n° 16 et fig. 33, n° 3).
56Ces nécessaires de toilette en or ou en argent, toujours décorés sur la branche du renflement polyédrique, sont des ustensiles qui apparaissent fréquemment dans les tombes des femmes les plus riches d’origine orientale. Pour exemples, il est à citer la tombe bien connue d’Untersiebenbrunn en Basse Autriche, éponyme de l’horizon chronologique lié à la mode danubienne, la tombe de Nedvigovska Tanais dans le delta du Don, en Russie méridionale et celle de Balleure en Saône-et-Loire qui comportait par ailleurs des fibules ansées en tôle d’argent et un collier à médaillons en or de type danubien (Calligaro, Bianchini, 2000, p. 115 et 129 ; Quast, 2005, fig. 46, B ; Anke, Externbrink, 2007, p. 157). Dans tous ces exemples, la pince à épiler était remplacée par un cure-dent.
Le miroir
57Le miroir reposait sur la cuisse droite de la jeune fille et était probablement rattaché à la ceinture, sur un pendant indépendant. Il était entouré d’un anneau en matière organique, non conservé, décoré de trois appliques triangulaires en tôle d’argent, disposées en symétrie autour du miroir (fig. 30, nos 17-19).
58Le disque du miroir, de 5 cm de diamètre environ, est décoré sur le revers d’un motif coulé en relief malhabile, constitué de dix-sept rayons encadrés de deux cercles concentriques. Le plus grand cercle souligne le bord du miroir, le plus petit encadre au centre une bélière qui a conservé encore les restes d’une cordelette en matière organique (fig. 33, n° 4).
59Ces miroirs en bronze ou en métal blanc, dépoli d’un côté et pourvu de l’autre d’un décor moulé en croix ou en étoile, sont répandus aux ive-ve siècles principalement dans le nord du Caucase et dans le bassin des Carpates. En Europe occidentale, ils ont été recensés dans quatre tombes seulement à Hochfelden (Bas-Rhin), Reims (Marne), Saint-Sulpice (Suisse, canton de Vaux) et Krefeld-Gellep (Allemagne, Rhénanie Nord-Westphalie), auxquelles il faut ajouter désormais la tombe d’Obernai (Steuer, 2005). Notons que le deuxième miroir trouvé en Alsace, à Hochfelden, est tout à fait similaire dans sa forme et son décor à celui d’Obernai (Schnitzler et alii, 2009, p. 173, fig. 149, n° 7). Par ce décor, il appartient au type Tchmi-Brigetio/Anke 1 diffusé aux ve-vie siècles principalement auprès des populations des régions pontiques et danubiennes (Werner, 1956, p. 20-22 ; Anke, 1998, p. 18-24 et 203).
60En Europe centrale et occidentale, ces objets étaient en possession exclusive des femmes et avaient sans doute une fonction principalement protectrice. Ils ont parfois été volontairement brisés et déposés en état fragmentaire dans la tombe (Steuer, 2005).
61L’exemplaire d’Obernai est entier. S’il ne se distingue pas des autres miroirs par sa morphologie, il est singulier néanmoins par son cerclage en matière organique. Comme cet anneau n’a pu être identifié que par la présence des appliques décoratives, on ne peut cependant exclure que d’autres miroirs en étaient dotés, mais que sa trace a disparu.
Le peigne
- 15 Le peigne a fait l’objet d’une restitution ayant permis de s’interroger sur les techniques utilisé (...)
62Le peigne en bois de cerf était posé sur la hanche droite de la jeune fille, dans l’axe du corps et du miroir, laissant envisager que les deux aient pu être attachés au même pendant. De forme triangulaire du type Thomas I à simple rangée de dents (Thomas, 1960), il est de petite taille et ne fait pas plus de 10 cm dans sa plus grande longueur. Sa facture est particulièrement soignée (fig. 34). Sur les côtés, il est orné de protomés de chevaux et en façade d’un motif gravé géométrique, constitué de croisillons décorés au centre d’un ocelle. Un étui protégeait les dents. De belle facture également, il est constitué des deux côtés de deux lames superposées maintenues par des rivets en fer et gravées d’une frise où alternent des ocelles et des lignes verticales. Aux extrémités, il est pourvu de chaque côté d’une plaque découpée en protomé de cheval (fig. 30, n° 20)15.
Fig. 34. Peigne de la sépulture 1031.
Photo : D. Gliksman, Inrap.
63Ces peignes étaient répandus principalement dans l’environnement du limes, dans les provinces romaines du nord de la Gaule et en Angleterre, où ils étaient utilisés par les populations autant germaniques que romaines. Leur diffusion a été limitée à la période comprise entre la fin du ive et le deuxième tiers du ve siècle (Böhme, 1974, p. 124-126, type E ; Petitjean, 1995, p. 150-151, 161 ; Tejral, 2007, p. 106-107).
64Sur les quatre autres individus, seule la jeune fille de la sépulture 1020, au crâne également déformé, disposait, avec ses 328 perles portées sur la poitrine, d’une parure plus sophistiquée, à laquelle avait été ajoutée des boucles d’oreille. Les autres défuntes étaient plus sobrement parées : la femme de plus de 50 ans de la sépulture 1033 possédait un collier ou des broderies de petites perles sur l’abdomen mais en nombre plus limité, la jeune fille de la sépulture 1034 une seule boucle d’oreille et la femme de plus de vingt ans dans la sépulture 1035 une simple bague au doigt.
Les boucles d’oreille
65Elles étaient portées par les deux jeunes filles, par paire dans la sépulture 1020 et à l’oreille droite dans la sépulture 1034. Elles sont en argent et de même type que celles de la sépulture 1031 : elles sont petites, pourvues également d’un jonc circulaire et d’une extrémité massive polyédrique (fig. 35, nos 1-3). Le diamètre de l’exemplaire de la sépulture 1034 est particulièrement réduit et ne fait qu’1 à 1,2 cm. Celui des deux autres est identique à celui des boucles de la sépulture 1031 et mesure 1,8 à 2 cm.
Fig. 35. Boucles d’oreille, bouton et bague des sépultures 1020, 1034 et 1035.
1-3. Argent ; 4-5. alliage cuivreux.
Dessins J. Gelot, Inrap.
Les colliers ou broderies de perles
66La jeune fille de la sépulture 1020 et la femme âgée de plus de 50 ans de la sépulture 1033 disposaient de tout un lot de petites perles réparties autour du cou et en avant sur la poitrine. Dans la sépulture 1020, leur nombre s’élève à 328. Elles comportent :
- - trois perles constituées d’une lamelle de métal argenté enroulée en cylindre (L. : 0,31 à 0,93 cm - D. : 0,20 à 0,23 cm) (fig. 36) ;
- - deux petites perles cylindriques en ambre (L. : 0,48 et 0,63 cm - D. : 0,21 et 0,42 cm) (fig. 37, n° 10) ;
- - dix petites perles sphériques en verre étiré translucide incolore décorées d’une feuille d’or du type T30 de la typologie de C. Theune-Vogt (1990) ou A4.2-01 de la typologie de C. Pion (2014) (L. : 0,25 à 1,3 cm - D. : 0,32 à 0,46 cm). Deux sont triples. Leur origine proche-orientale a pu être établie par les analyses archéométriques (Pion, 2014, p. 198-200) (fig. 37, nos 7 à 9) ;
- - trois cent treize petites perles sphériques sont en verre enroulé noir opaque à perforation circulaire ou quadrangulaire et appartiennent au type T24 de la typologie de C. Theune-Vogt ou B1.1-01a de la typologie de C. Pion (L. : 0,12 à 0,33 cm - D. : 0,18 à 0,30 cm) (fig. 37, nos 1 à 6). La qualité médiocre de ces perles (nombreuses cupules en surface et aspect mat) et la technique enroulée les différencient des micro-perles du sous-continent indien, caractérisées par leur brillance et réalisées en verre étiré (Pion, Gratuze, 2019).
Fig. 36. Perle en argent de la sépulture 1020 avec ses deux fils de lin conservés.
Photos : F. Médard, Anatex.
Fig. 37. Perles de la tombe 1020.
1-6. Perles miniatures en verre enroulé du type Theune-Vogt T24 dans ses différentes variantes (D. : 1,8 à 3 mm) ; 7-9. perles en verre étiré doré simples et triple du type Theune-Vogt T30 (D. des grains : 3,2 à 4,6 mm) ; 10. perle en ambre (L. : 4,8 mm).
Photos : F. Schneikert, Archéologie Alsace.
67L’agencement des grains n’a pas pu être restitué. Il faut noter qu’une des perles en argent a conservé exceptionnellement dans sa perforation les restes de deux fils en lin dont l’analyse a permis d’établir la grande qualité (Médard, Châtelet, 2022).
68Dans la sépulture 1033, le nombre des grains s’élevait à soixante-sept. Tous étaient en verre enroulé noir opaque du type T24 (L. : 0,20 à 0,25 cm - D. : 0,3 cm).
69L’utilisation des perles n’a pu être déterminée faute de connaître leur agencement primitif. Compte-tenu de leur petite dimension, elles peuvent faire partie autant d’un collier complexe que d’une broderie cousue sur l’encolure d’un vêtement. Quelques autres parures de ce type, composées d’une multitude de petites perles pour l’essentiel en verre noir opaque, sont connues à la période des ive et ve siècles dans des tombes du milieu socio-culturel danubien, mais qui n’ont pas donné davantage d’information sur la nature exacte de cet ornement (Calligaro, Bianchini, 2000, p. 154 et 157).
La bague
70L’adulte de plus de 20 ans de la tombe 1035 était paré d’une bague portée à l’une des phalanges de la main gauche. En alliage cuivreux, elle est d’un modèle courant au Bas-Empire et à l’époque mérovingienne, correspondant au type I de Ristow/Roth (1995). Elle comporte un jonc fermé en bandeau pourvu sur la face externe d’un décor de deux stries parallèles, peu lisible en raison de la corrosion de l’objet (fig. 35, n° 5).
Le rivet
71La jeune fille de la tombe 1034 à la boucle d’oreille unique disposait également d’un rivet plat en alliage cuivreux à l’arrière de son avant-bras gauche. Ce rivet, d’1,2 cm de diamètre, comporte un décor en creux cruciforme aux branches fines et aux extrémités s’évasant sur un ovale. Les incisions sont comblées d’une masse noire non identifiée. Le motif s’inscrit dans un cercle estampé, décentré par rapport à la plaque (fig. 35, n° 4). La fonction de l’objet n’a pas pu être déterminée mais on ne peut exclure une pièce résiduelle parvenue avec le comblement dans la tombe.
72La nécropole a été datée par le mobilier et les analyses en 14C effectuées sur les dix-huit squelettes (fig. 38).
Fig. 38. Datation 14C des tombes de la nécropole à 95,4 % de probabilité.
Poznań Radiocarbon Laboratory.
73Le mobilier n’a permis d’établir une datation précise que pour la riche tombe 1031, attribuée au deuxième tiers du ve siècle grâce au peigne et surtout aux épingles portées en fibule (cf. supra). Les tombes 1020 et 1034 n’ont pu être rattachées qu’à une période large entre la fin du ive et la fin du ve siècle par les petites boucles d’oreille à extrémité polyédrique. Cette datation peut être retenue également pour la tombe 1033 par sa parure en perles de verre, similaire à celle de la tombe 1020.
74Les analyses en 14C ont corroboré ces datations tout en établissant la création de la nécropole au plus tard au début du ve siècle : le terminus ante quem le plus ancien est fixé en effet à 408, le terminus post quem le plus récent à 420 (fig. 38 et annexe). Compte-tenu du nombre réduit des tombes et de leur organisation cohérente, qui plaident pour une occupation de courte durée, le mobilier et les analyses en 14C permettent ainsi de retenir la période de la fin du ive au milieu du ve siècle pour l’utilisation de la nécropole, soit sur deux générations.
75Faute d’une chronologie fine des tombes, le phasage de la nécropole ne peut être restitué. Tout au plus, les analyses au radiocarbone permettent-elles de placer les sépultures 1029 et 1030 parmi les plus anciennes (terminus ante quem en 418), 1040 et 1031 parmi les plus récentes (terminus post quem en 419) (fig. 38).
- 16 Ces regroupements familiaux peuvent être observés déjà en Alsace sur la nécropole d’Ittenheim (Bas (...)
76La dispersion spatiale de ces quatre tombes privilégie l’idée d’une structuration de la nécropole par groupes familiaux (au sens large du clan ou de la Sippe en allemand), ce que tend à suggérer aussi l’organisation générale des tombes en trois groupements A, B et C et la présence de sept sépultures isolées (fig. 39) 16. Aucun regroupement clair par sexe n’a pas pu être observé au sein de ces différentes unités (fig. 40). Cette organisation, évoquant une communauté pouvant rassembler jusqu’à dix familles, est corroborée par l’absence de liens familiaux entre les sept individus dont l’ADN a pu être restitué, qui se répartissent entre les trois groupes et une partie des sépultures marginales (fig. 39).
Fig. 39. Localisation des tombes ayant fait l’objet d’une analyse génomique par rapport aux trois groupements de tombes A à C (sur fond grisé).
Conception : M. Châtelet.
77Les espaces vides laissés entre certaines tombes pourraient s’expliquer par la présence de tumuli (fig. 40). Les alignements segmentés et décalés pourraient y trouver leur cohérence, comme les tombes intercalaires 1033 et 9999 dont la position se justifierait par leur implantation en marge du tertre. La petite taille, entre 5 et 6 m de diamètre environ, des tumuli ainsi restitués correspond dans la région aux dimensions de la majorité des enclos funéraires à l’époque mérovingienne (Vaux, 2021, p. 95).
78L’unité que revêt la nécropole dans son ensemble par son organisation, ses pratiques funéraires et son mobilier tend à voir de prime abord le lieu d’inhumation d’une seule et même communauté. Sa structuration en petites unités avec des tombes isolées, s’intégrant toutes dans le même espace plus ou moins rectangulaire en bordure de la voie, paraît cohérente (fig. 40). L’architecture des tombes est également homogène : les fosses sont toutes étroites et réservées au seul défunt, paré parfois de ses bijoux ; les seules variantes sont l’agencement ou non d’une chambre qui peut ou non être coffrée. Aucune tombe n’est destinée à recevoir sur le côté des objets en dépôt comme dans les nécropoles contemporaines ou légèrement plus tardives d’Ittenheim et de Niedernai (Cartier, 2007 ; Zehnacker, 1997).
Fig. 40. Répartition spatiale des défunts par sexes avec une restitution hypothétique des tumuli en gris.
Conception : M. Châtelet.
- 17 Voir sur ce courant Werner, 1956 ; Kazanski, 1989 ; Kazanski, 1990 ; Calligaro, Bianchini, 2000, p (...)
79Les parures, portées par les trois jeunes enfants et les deux adultes, bien que différentes par leur richesse et leur nombre, présentent aussi de nombreuses similitudes. Leurs influences sont presque exclusivement orientales. Chez la jeune fille la plus richement parée de la sépulture 1031, elles se rattachent clairement à la mode danubienne qui s’est propagée à la fin du ive siècle auprès de l’élite locale de la région des Carpates et du moyen Danube17. C’est dans ces territoires, occupés par une population disparate composée de Germains orientaux, comme les Goths, et de tribus nomades devenus sédentaires issus des steppes pontiques, comme les Sarmates et les Alains, que se situent les plus nombreux parallèles aux attributs comme à la mode vestimentaire de la jeune fille. En Europe occidentale, les parallèles sont isolés et dispersés.
80Ainsi, les épingles portées en guise de fibules se répartissent principalement dans le bassin du moyen Danube. Celles à tête en spatule, proches des exemplaires d’Obernai, se distribuent jusqu’en bordure occidentale de la Mer Noire en Roumanie (Quast, 2005, p. 267-270) (fig. 11). Aucun exemplaire n’a été recensé en Europe occidentale à l’exception de ceux d’Obernai. Le miroir de type Tchmi-Brigetio est diffusé principalement auprès des populations des régions pontiques et danubiennes (Werner, 1956, p. 20-22 ; Anke, 1998, p. 18-24, 203). Le nécessaire de toilette en argent est un attribut des femmes aristocratiques de ces mêmes régions (Tejral, 2011, p. 164-166). Enfin, la châtelaine même constitue une parure dont les exemples les plus anciens ont été recensés chez les Germains orientaux ; en Occident, à la période antique, elle ne fait pas partie des coutumes vestimentaires chez les populations tant romaines que germaniques (Martin, 1997, p. 354-365 ; Schach-Dörges, 2004, p. 44).
81Ces influences orientales apparaissent également dans les parures des quatre autres sujets. Les petites boucles d’oreille à extrémité polyédrique de la défunte de la sépulture 1031 sont portées également par les trois autres jeunes filles. Ces bijoux ont connu une diffusion d’abord centrée sur l’Europe centrale et orientale et n’ont acquis un attrait auprès des populations plus occidentales, notamment en Alémanie, que dans la deuxième moitié du ve et au début du vie siècle (Freeden, 1979, p. 277-287 ; Tejral, 2011, p. 228-231). De même les parures constituées d’une multitude de petites perles en verre noir des tombes 1020 et 1033 trouvent leur modèle dans la sphère et la mode ponto-danubienne. Un exemple en est connu dans la tombe de type danubien de Smolín en Moravie et un autre dans celle de Lezoux dans le Puy-de-Dôme (Calligaro, Bianchini, 2000, p. 154 et 157). Leurs perles noires miniatures ont eu quant à elles une diffusion plus large et ont été répertoriées jusque dans le nord de l’Europe, notamment dans les régions baltiques (Tempelmann-Mączyńska, 1985, p. 29, type 27). Elles semblent en revanche avoir été peu ou n’avoir pas été distribuées en Occident dans l’Empire romain où elles sont absentes des 3000 perles recensées dans les tombes de la nécropole de Krefeld-Gellep en Rhénanie (Theune, 2006) et de celles recueillies, en nombre également, sur le site d’Augusta Raurica en Suisse (Riha, 1990, p. 86).
82Les seuls objets non originaires des cultures ou des modes d’Europe centrale ou orientale sont la bague de la sépulture 1035 et le peigne triangulaire à protomés de chevaux de la tombe 1031, de modèle antique. Le peigne, néanmoins, a été largement adopté par les troupes de toutes origines installées sur le limes, y compris dans les milieux danubiens comme en attestent les tombes de Lébény-Magasmart en Hongrie ou de Balleure en Saône-et-Loire (Calligaro, Bianchini, 2000, p. 109 et 128).
83Au mobilier et aux traditions vestimentaires, s’ajoute enfin la pratique de la déformation crânienne qui témoigne pour cette époque également d’une influence orientale sur le mode de vie de la population inhumée (cf. supra).
- 18 Sur les critères permettant d’identifier des populations étrangères en milieu autochtone, nous nou (...)
84Ces indices, qui convergent vers les régions danubiennes et pontiques, concernent ainsi non seulement les objets manufacturés mais aussi les rituels et les traditions tant vestimentaires que corporelles. La nécropole avec ses caractères étrangers constitue donc un isolat en Alsace, voire aussi pour l’Europe occidentale, conduisant à défendre l’idée de l’implantation de personnes immigrées à Obernai dont l’origine peut être située en Europe centrale, dans le Bassin des Carpates ou dans la région du Moyen Danube18. L’architecture funéraire trouve aussi dans ces régions des parallèles : les tombes en fosse étroite à banquettes hautes sont connues notamment en Hongrie pour la période du ive au vie siècle (Müller, 2010, p. 159-160 ; Peters et alii, 2014, p. 342) et l’élévation de tumuli y est également une tradition bien ancrée (Sudhoff, 1999, p. 179).
85Si l’unité qui transparaît dans la nécropole permettrait d’argumenter en faveur d’une communauté de même origine, les résultats préliminaires de l’étude paléogénétique montrent une réalité plus nuancée : l’absence totale de filiation jusqu’au troisième degré des sept individus analysés et la diversité géographique de leurs lignées génomiques, la présence aussi de deux individus au profil génétique autochtone (au sens large du terme), s’opposent à l’idée d’un groupe homogène d’individus. Diverses familles composaient cette communauté dont la disparité des lignées génomiques pourrait renvoyer à une hétérogénéité géographique tout autant qu’à leur métissage avancé qui s’accorderait avec les populations ponto-danubiennes. La présence de deux individus au moins d’origine autochtone exclut néanmoins une communauté fermée constituée exclusivement d’immigrés.
86Il reste qu’un petit groupe d’individus étrangers, que les données archéologiques permettent de rattacher aux populations des régions ponto-danubiennes, s’est installé à la fin du ive ou au début du ve siècle à Obernai. Qu’il ait été à l’origine de la création de l’établissement ne peut être assuré : les tombes potentiellement les plus anciennes n’ont livré aucun mobilier et ne présentent aucun caractère distinctif ; les analyses paléogénétiques n’ont concerné aucune de ces sépultures. De même, rien ne permet de déterminer si ces populations étrangères se sont installées en une seule fois ou si la communauté a bénéficié d’arrivages successifs. La présence parmi la dernière génération de la jeune fille au crâne déformé, parée selon la mode ponto-danubienne (SP 1031), peut être interprétée soit comme un attachement de la première génération à ses traditions ancestrales, poussant à les afficher encore dans l’apprêtement de leur jeune enfant, soit comme un indice de l’implantation de nouveaux immigrants. L’absence de différences claires dans les rites funéraires tend à proposer tout au moins que la communauté partageait majoritairement et sur les deux générations les mêmes valeurs culturelles.
- 19 Pour les régions danubiennes, voir notamment les exemples recensés par R. Schreg (2006, p. 159-165 (...)
87Des indices d’une présence étrangère ont été recueillis également dans l’habitat. C’est à cette présence qu’il faut probablement attribuer les cabanes semi-enterrées, annexes servant entre autres d’atelier pour le tissage et dont l’usage s’est diffusé en Alsace au ive siècle avec la première vague des Grandes Migrations. Chez les Germains, ces cabanes constituaient depuis le Haut-Empire l’une des constructions les plus ordinaires. Elles ont été adoptées dans tout le monde germanique et des exemples en sont connus également dans les régions danubiennes (Donat, 1991, p. 162-163)19. C’est aussi probablement à cette présence étrangère que l’on doit l’usage des céramiques non tournées, réalisées dans la tradition germanique. Souvent malhabiles, ces productions témoignent d’une fabrication sans doute domestique et locale, dont les premiers exemples sont apparus dans la région simultanément avec les cabanes semi-enterrées. Comme elles, ils ne peuvent être rattachés spécifiquement aux populations danubiennes mais témoignent de l’implantation de communautés dont les traditions les relient aux traditions transrhénanes (Châtelet, 2015).
- 20 Sur les tombes de Hochfelden et de Mundolsheim, voir Kazanski, 1990 ; Aldne-Le Bayourse et alii, 1 (...)
88Le lien de la communauté avec l’Europe centrale permet de rapprocher les tombes d’Obernai aux trois autres en Alsace ayant livré des parures et du mobilier de même tradition. Isolées, elles se distribuent à une ou à quelques dizaines de kilomètres de distance les unes des autres au nord d’Obernai, dans un espace délimité au nord par la Zorn (fig. 1). La plus septentrionale est la tombe « princière » de Hochfelden avec ses fibules ansées en tôle d’argent de type Smolìn, son collier en fils d’or tressés et son miroir au décor similaire à celui d’Obernai. Les deux autres se situent plus à l’est. Elles comprennent la tombe de Mundolsheim avec sa selle décorée d’appliques en tôle d’argent doré, et la sépulture de Brumath avec ses épingles en or portées comme à Obernai à la hauteur des épaules20. À ces trois points s’ajoute Strasbourg d’où provient une fibule ansée en tôle métallique du type Ambroz IBA, dont la provenance exacte nous est cependant inconnue (Kazanski, 1993, p. 176, fig. 1, n° 13 ; Schnitzler, 2009, p. 419, fig. 382). Pour toutes ces tombes découvertes à une date ancienne, le contexte n’est pas établi et on ignore si elles étaient isolées ou intégrées avec d’autres tombes dans une nécropole.
89La communauté, à Obernai, semble avoir connu une certaine stabilité comme le sous-tend la présence à la fois d’hommes, de femmes et d’enfants et de leur installation sur le site pendant plusieurs décennies sur deux générations. Elle tend ainsi à accréditer l’hypothèse, défendue entre autres par M. Kazanski et P. Périn, selon laquelle ces témoignages isolés de la mode danubienne en Occident correspondaient non pas aux traces des raids barbares qui ont affecté l’Empire romain à partir de la fin du ive siècle, mais à l’implantation locale des chefs militaires d’origine orientale engagés dans l’armée romaine (Kazanski, 1989 et 1990 ; Kazanski, Périn, 2008, p. 207). L’absence de tombes d’hommes armés conduit à voir dans ces femmes les membres de la famille de ces chefs « barbares », établis dans la région frontalière qu’est l’Alsace pour assurer la protection du limes. Les deux jeunes filles aux crânes déformés, l’une avec ses épingles en or et son miroir et l’autre avec ses quelques centaines de perles en argent, en ambre et en pâte de verre, appartenaient sans aucun doute au milieu aristocratique. Elles sont à rapprocher, comme les autres sépultures alsaciennes de type danubien, des quelques autres tombes « princières » au mobilier oriental, souvent isolées, qui se répartissent en Occident sur un vaste territoire allant de l’Atlantique jusqu’au Danube et de l’Angleterre jusqu’en Afrique, tout au long de la frontière romaine (Kazanski, 1996 ; Calligaro, Bianchini éd., 2000, p. 48-49). L’origine exacte du petit groupe installé à Obernai ne peut être définie précisément : la mode ponto-danubienne a été adoptée dans le milieu aristocratique par tous les peuples qui se sont installés à la fin du ive siècle dans les régions des Carpates et du moyen Danube (Calligaro, Bianchini éd., 2000, p. 37-57). Il pourrait donc s’agir tout autant d’Alains, de Sarmates ou de Huns, que d’un petit groupe de Germains orientaux comme les Goths, les Gépides ou les Vandales. Ni le mobilier, ni la pratique de la déformation crânienne, ni aussi la céramique, partagés par tous ces peuples, ne permettent de pencher pour l’une ou pour l’autre population.
- 21 Ces productions exogènes des ive et ve siècles ont été étudiées dans le cadre du projet de recherc (...)
- 22 Nous remercions vivement U. Gross (Landesdenkmalamt Baden-Württemberg) pour l’identification de ce (...)
90Les autres établissements de cette époque comportant conjointement des cabanes semi-enterrées et des céramiques de traditions exogènes sont dispersés sur tout le reste de l’Alsace. Dans la majorité des cas, la céramique renvoie par ses formes et ses motifs aux productions du centre ou du nord de l’Allemagne 21. Dans un cas, à Wiwersheim (Bas-Rhin), des relations ont pu être établies avec les régions orientales. Une cabane y a livré un pichet en céramique fine tournée de couleur grise, polie en surface, caractéristique des productions moraves diffusées sur un territoire situé entre l’est de la Tchéquie, le sud-ouest de la Slovaquie et le nord-est de l’Autriche (Tejral, 1985) (fig. 41)22. Comme à Obernai, ces communautés d’origine étrangère étaient parfaitement intégrées dans les circuits économiques locaux comme le montre leur vaisselier constitué en majorité de productions romaines.
Fig. 41. Céramique de type morave issue de la cabane ST 71 (vers 350-450 ap. J.-C.) de l’habitat antique de Wiwersheim ‘Zone d’activité du Kochersberg’.
Forme restituée avec les fragments conservés.
Dessin et clichés : M. Châtelet).
91Les autres ensembles funéraires connus en Alsace datés de la période comprise entre le milieu du ive et le milieu du ve siècle sont pour la plupart des découvertes anciennes, souvent isolées et en partie mal documentées. Les deux seules nécropoles, quasi ou entièrement explorées sont celles de Sierentz (365-400 ap. J.-C.) et d’Ittenheim (350-420 ap. J.-C.), avec respectivement cinquante-trois et vingt-trois sépultures fouillées. Par leurs rites, toutes deux s’insèrent dans les traditions antiques, avec un dépôt de vaisselle fréquent associé parfois à des offrandes alimentaires, des parures et à Sierentz également des ustensiles et autres objets personnels (Heidinger, Viroulet, 1986 ; Cartier, 2007). Différant ainsi de la nécropole d’Obernai par leur mobilier, elles s’en distinguent aussi par l’orientation des tombes, nord/sud pour Sierentz et divergentes pour Ittenheim. Des sépultures datées du Bas-Empire ont été découvertes également à Strasbourg sur le site de la clinique Sainte-Barbe. Leur orientation ouest/est, l’absence de mobilier et les cercueils en partie cloués les rangent cependant dans une tradition plus tardive (Blaizot et alii, 2005).
92La période semble ainsi se caractériser par une grande diversité dans les pratiques funéraires. Néanmoins le groupe d’Obernai est le seul à avoir livré exclusivement des indices d’une présence étrangère. L’exploitation complète des données génétiques couplée avec une analyse des isotopes du strontium permettra ultérieurement, nous l’espérons, de préciser la composition de cette communauté comme son ou ses origines.
- 23 Zehnacker, 1997 ; Brather-Walter, 2015. La publication complète de la nécropole par S. Brather-Wal (...)
93L’établissement de Neuen Brunnen est abandonné vers le milieu du ve siècle et le site ne sera plus réoccupé jusqu’à l’époque actuelle. Dans la deuxième moitié du ve siècle, une autre communauté s’installera non loin de là, sur la commune de Niedernai pour un peu moins d’un siècle (fig. 2, n° 10). Ses rites funéraires et son mobilier, fortement imprégnés de la culture mérovingienne naissante, la différencie radicalement de la communauté d’Obernai23. Sur cette commune, le déplacement de l’occupation sur le site actuel du bourg à l’époque mérovingienne marque le début de l’évolution qui va mener progressivement à l’émergence du paysage villageois actuel (fig. 2, nos 4 et 5).
Sépulture 1009, vue générale.
Cliché : A. Latron Collechia, Inrap.
Sexe et âge du défunt : femme de plus de 50 ans.
Architecture funéraire présumée : chambre en fosse étroite, probablement coffrée avec un contenant rigide ajusté au corps du défunt.
Mobilier : /
Datation 14C : 257-535 AD (calibration 2 σ).
Fosse sépulcrale
- Fosse : fosse étroite de plan rectangulaire. Parois verticales ou légèrement évasées pourvues à la base, sur tout le long côté au sud, d’un ressaut avec un replat de 14 cm de largeur et environ 12 cm de hauteur, sans contact avec le squelette. Compte tenu de sa faible hauteur et de sa présence d’un seul côté, il ne peut s’agir d’une banquette creusée volontairement dans le substrat pour supporter un couvercle. L’horizontalité du replat a pu être accentuée à la fouille. Elle évoque davantage un effondrement de terre contre une paroi en bois dans un espace laissé vide de la fosse. La présence des effondrements sur toute la longueur exclut qu’ils puissent s’appuyer sur la paroi d’un contenant, celui-ci étant toujours plus ou moins proportionné au corps du défunt et ne pouvant ici occuper toute la longueur de la fosse. Elle plaide plutôt pour le coffrage d’une chambre.
- Dimensions inférieures : 2,10 × 0,80 m.
- Profondeur maximale : 0,58 m par rapport au niveau de décapage.
- Encaissant : lœss.
- Comblement : limon brun meuble homogène.
- Éléments d’architecture funéraire conservés : /
- Perturbation de la structure : /
Données biologiques
- Nombre minimum d’individu : 1.
- Représentation squelettique : bonne.
- État de conservation du squelette : moyen.
- Âge : individu adulte de plus de 50 ans (Schmitt, 2005 : SSPIA = 2; SSPIB = 3; SSPIC = 2, SSPID = 2, P = 0.95).
- Sexe : féminin (DSP, Murail et alii, 2005, P = 0,98 ; confirmé par les analyses paléogénomiques).
- État sanitaire et paléopathologique : présence de cinq caries et de deux abcès dentaires. Quatorze dents (principalement des molaires, mais également des prémolaires) ont été perdues ante mortem. Il convient également de noter une importante usure dentaire sur les dents encore en place (3/4 de la couronne) ainsi qu’une légère arthrose vertébrale.
Position du défunt, espace de décomposition et architecture funéraire
94La défunte a été déposée sur le dos selon une orientation est-ouest, la tête à l’ouest, les membres en extension. Le squelette est séparé du fond de la fosse par quelques centimètres de sédiment. Un espace vide est laissé à la tête et aux pieds. Le dépôt est primaire, la décomposition du corps de cet individu s’est donc déroulée dans le lieu de dépôt définitif.
95Malgré la bonne connexion générale, il est possible d’observer quelques déconnexions importantes, ainsi que quelques sorties d’os en dehors du volume du corps. C’est le cas notamment du bloc craniofacial et de la mandibule, mais également des extrémités acromiales des clavicules et de quelques éléments de la main droite. Si la sortie du volume du corps de ces derniers semble pouvoir s’expliquer par le passage d’un animal fouisseur, les autres déplacements permettent de mettre en évidence la présence d’un espace vide aux abords de la défunte au moment de la décomposition. La déconnexion talo-crurale droite et donc la chute du pied droit vers l’avant vont également dans ce sens.
96La sortie des extrémités acromiales des clavicules du volume du corps est induite par la verticalisation des clavicules qui est le reflet d’une contrainte latérale au niveau des épaules.
97Plusieurs restes osseux se trouvent en déséquilibre potentiel par rapport au volume extérieur du corps : le bloc craniofacial, l’humérus et l’ulna droits et la patella gauche. Il est probable que ces éléments soient venus en butée contre les parois d’un contenant rigide ajusté au corps de la défunte au moment de la décomposition. Signalons que les vêtements portés par la défunte ont également pu favoriser le maintien de certains éléments en déséquilibre potentiel par rapport au volume extérieur du corps. Une association de contenants souples et rigides ne peut évidemment pas être exclue. Les effets de butée observés sur les effondrements de lœss sont à distance du squelette et doivent être attribués quant à eux à la présence d’un coffrage pour la chambre, ce que conforte aussi leur présence sur toute la longueur de la fosse.
La sépulture 1011, vue générale zénithale.
Cliché : A. Latron Collechia, Inrap.
Sexe et âge du défunt : homme de plus de 20 ans.
Architecture funéraire présumée : chambre en fosse étroite, probablement coffrée sans contenant.
Mobilier : /
Datation 14C : 255-432 AD (calibration 2 σ).
Fosse sépulcrale
- Fosse : fosse étroite de plan rectangulaire. Parois verticales ou légèrement évasées. Le ressaut sur les longs côtés à 36 cm de hauteur du fond au sud et à 25 cm au nord tend à y voir des effondrements de lœss butant contre une paroi en bois. La présence des effondrements sur toute la longueur permet d’exclure les parois d’un contenant et privilégie l’hypothèse d’un coffrage de la chambre, ce que tend à corroborer aussi l’absence de contact des terres avec le squelette.
- Dimensions inférieures : 2,10 × 0,50 m.
- Profondeur maximale : 0,80 m par rapport au niveau de décapage.
- Encaissant : lœss.
- Comblement : limon lœssique, plus clair au fond qu’au sommet.
- Éléments d’architecture funéraire conservés : traces de bois identifiées sur et sous le squelette.
- Perturbation de la structure : /
Données biologiques
- Nombre minimum d’individu : 1.
- Représentation squelettique : bonne.
- État de conservation du squelette : bon.
- Âge : individu adulte de plus de 20 ans (Owings-Webb, Suchey, 1985 ; Sheuer, Black, 2000).
- Sexe : masculin (DSP, Murail et alii, 2005, P = 0,98).
- État sanitaire et paléopathologique : très bon état sanitaire général.
Position du défunt, espace de décomposition et architecture funéraire
98L’individu a été déposé sur le dos selon une orientation est-ouest, la tête à l’ouest et les membres en extension. Un espace vide est laissé à la tête et aux pieds. Le dépôt est primaire, la décomposition du corps de cet individu s’est donc déroulée dans le lieu de dépôt définitif.
99Malgré la bonne connexion générale, il est possible d’observer quelques déconnexions importantes. C’est le cas notamment de la connexion entre le bloc craniofacial et les vertèbres cervicales, ce qui implique une bascule latérale du bloc craniofacial d’origine taphonomique et probablement au sein d’un espace resté vide aux abords du corps du défunt. Même constatation en ce qui concerne les pieds, qui ont chuté sur le côté au moment de la décomposition, entraînant des légères déconnexions tibio-fémorales (les fémurs apparaissent en vue antérieure stricte, les tibias en vue antérieure légèrement médiale).
100On constate également le déplacement de quelques éléments du pied gauche en dehors du volume du corps, à probablement mettre en relation avec le passage d’un animal fouisseur à proximité.
101La ceinture pelvienne est maintenue relativement fermée. Les fémurs apparaissent en vue antérieure stricte et les patellas sont en place. Il est très probable que les coxaux, qui se trouvent de fait en déséquilibre potentiel par rapport au volume extérieur du corps, aient été maintenus par des vêtements, maintenant les os en place jusqu’au colmatage final de la sépulture.
102Il est donc possible ici d’envisager que le défunt a été inhumé vêtu, au sein d’un espace vide. Les traces de bois retrouvées sur et sous le squelette, directement à son contact, peuvent correspondre tout autant au coffrage de la chambre qu’aux restes d’un contenant pour le défunt. L’espace présent mais limité entre le squelette et les terres dues aux effondrements de paroi devrait cependant exclure la présence côte à côte de deux parois en bois et privilégie l’hypothèse d’une chambre coffrée sans contenant.
La sépulture 1012, vue générale zénithale.
Cliché : A. Latron Collechia, Inrap.
Sexe et âge du défunt : homme âgé de 20 à 49 ans.
Architecture funéraire présumée : chambre en fosse étroite, probablement non coffrée avec un contenant rigide ajusté au corps du défunt.
Mobilier : /
Datation 14C : 261-535 AD (calibration 2 σ).
Fosse sépulcrale
- Fosse : sub-rectangulaire dont les limites n’ont probablement pas été déterminées correctement en raison de la difficulté de lecture du terrain. L’arrondi des angles, l’irrégularité des parois telle que dégagée à la fouille sur les grands comme sur les petits côtés et le profil transversal en entonnoir, montrant une paroi verticale sur les trente premiers centimètres, s’évasant ensuite, tendent à y voir une fosse dont les parois se seraient effondrées dans l’espace vide d’une chambre.
- Dimensions inférieures : 2 × 0,60 (?) m.
- Profondeur maximale : 0,42 m par rapport au niveau de décapage.
- Encaissant : lœss.
- Comblement : limon ocre clair et foncé homogène dans la partie supérieure. Lentille de limon lœssique à la base, pouvant provenir de l’érosion des parois. Autour et sous le squelette, coloration grisâtre liée probablement à de la matière organique.
- Éléments d’architecture funéraire conservés : possibles traces d’un contenant rigide vues au moment du nettoyage sur le niveau de décapage (différence de couleur de remplissage entre l’intérieur du potentiel contenant et l’extérieur).
- Perturbation de la structure : /
Données biologiques
- Nombre minimum d’individu : 1.
- Représentation squelettique : excellente.
- État de conservation du squelette : excellent.
- Âge : individu adulte âgé de plus de 20 à 49 ans (Schmitt, 2005 ; P = 0,98).
- Sexe génétique : masculin.
- État sanitaire et paléopathologique : une carie sur la seconde molaire inférieure gauche, légère usure dentaire sur toutes les dents en place, légers dépôts tartriques en face linguale des incisives inférieures et Cribra Orbitalia.
Position du défunt, espace de décomposition et architecture funéraire
103Le défunt a été déposé sur le dos selon une orientation est-ouest, la tête à l’ouest, les membres en extension. Le squelette est séparé du fond de la fosse par quelques centimètres de sédiment. Le dépôt est primaire, la décomposition du corps de cet individu s’est donc déroulée dans le lieu de dépôt définitif.
104Malgré l’excellente connexion générale, on remarque deux principaux mouvements en dehors du volume du corps : le bloc crâniofacial (BCF), qui se présente en vue latérale droite très légèrement antérieure, et les pieds, pour lesquels le tarse apparaît par sa face médiale. La rotation du BCF est taphonomique, puisqu’une déconnexion importante est observée entre la première vertèbre cervicale, qui apparaît en vue latérale droite et la seconde en vue antérieure stricte. La tête du défunt devait donc apparaître à l’origine par sa face antérieure et sa chute sur le côté, au moment de la décomposition du corps, est la preuve d’un espace vide aux abords du corps. Même constatation pour les pieds, qui ont probablement subi une bascule latérale au moment de la décomposition (le tarse apparaît par la face médiale alors que les fémurs et les tibias apparaissent majoritairement en vue antérieure). Le fait que les éléments des pieds soient restés en connexion stricte peut s’expliquer par la présence de chaussures et il est tout à fait légitime de penser que le défunt a été inhumé habillé et chaussé.
105Plusieurs éléments se trouvent par ailleurs en déséquilibre potentiel par rapport au volume extérieur du corps et notamment les humérus, qui apparaissent en vue latérale (à droite) et en vue latérale légèrement antérieure (à gauche). Ils subissent un effet de paroi de type butée, probablement induit par la présence d’un contenant rigide, dont les limites correspondent peut être à celles identifiées à la fouille. Il devait être relativement ajusté au corps pour induire d’une part les effets de butée mais également une contrainte latérale au niveau des épaules, qui se traduit par une légère verticalisation des clavicules.
106De la même manière, les os coxaux apparaissent en vue antérieure. Ils ne se sont donc pas ouverts et ont pu être maintenus en place par des vêtements.
107Si l’on admet la présence d’effondrements de parois sur les longs côtés, ce qui paraît probable au regard du profil transversal en entonnoir relevé en fouille, on peut alors restituer soit une chambre non coffrée avec un contenant en bois en son centre où était inhumée le défunt, soit une chambre coffrée sans contenant. L’enveloppement étroit du squelette par les effondrements de paroi tend à privilégier la première hypothèse, cette étroitesse du volume renvoyant plus l’image d’un contenant que du coffrage d’une chambre.
La sépulture 1018, vue générale zénithale.
Cliché : A. Latron Collechia, Inrap.
Sexe et âge du défunt : homme âgé de plus de 30 ans.
Architecture funéraire présumée : indéterminée, soit chambre coffrée sans contenant ou non coffrée avec un contenant rigide en bois, soit contenant rigide dans une fosse comblée non aménagée.
Mobilier : /
Datation 14C : 401-544 AD (calibration 2 σ).
Fosse sépulcrale
- Fosse : fosse rectangulaire étroite et profonde. Parois légèrement obliques.
- Dimensions inférieures : 2,30 × 0,60 m.
- Profondeur maximale : 0,86 m par rapport au niveau de décapage.
- Encaissant : lœss.
- Comblement : limon brun, meuble, jusqu’au niveau du squelette et plus argileux à ses abords, comme sur les quelques centimètres sous lui.
- Éléments d’architecture funéraire conservés : présence de fibres de bois conservées sur et sous le squelette et également le long de ses membres.
- Perturbation de la structure : /
Données biologiques
- Nombre minimum d’individu : 1.
- Représentation squelettique : bonne.
- État de conservation du squelette : moyen.
- Âge : individu adulte âgé de plus de 30 ans (Schmitt, 2005 ; P = 1).
- Sexe : masculin (DSP, Murail et alii, 2005, P = 0,99 ; confirmé par les analyses paléogénomiques).
- État sanitaire et paléopathologique : présence de deux caries et de deux abcès dentaires. Sept dents (principalement des molaires, mais également des prémolaires) ont été perdues ante mortem. Il convient également de noter une importante usure dentaire sur les dents encore en place (3/4 de la couronne). Cet individu présente une Spina bifida sacrée (défaut de fermeture du tube neural au niveau du sacrum). Cette malformation n’entraîne pas nécessairement de handicap.
Position du défunt, espace de décomposition et architecture funéraire
108Le défunt a été déposé sur le dos selon une orientation est-ouest, la tête à l’ouest, les membres en extension. Le squelette est séparé du fond de la fosse par quelques centimètres de sédiment. Un espace vide est laissé à la tête et aux pieds. Le dépôt est primaire, la décomposition du corps de cet individu s’est donc déroulée dans le lieu de dépôt définitif.
109Malgré l’excellente connexion générale, on note une déconnexion importante : celle du bloc craniofacial, qui apparaît en vue latérale gauche, d’avec les vertèbres cervicales (les deux premières sont perturbées alors que les cinq suivantes, en connexion stricte, apparaissent en vue antérieure stricte). Le bloc craniofacial est également déconnecté de la mandibule qui apparaît en vue postérieure très légèrement latérale gauche. La rotation du bloc craniofacial, taphonomique, et la sortie de l’extrémité acromiale de la clavicule gauche et de la mandibule du volume du corps sont autant d’éléments qui dénotent la présence d’un espace vide aux abords du corps du défunt au moment de la décomposition. Notons également, pour corroborer cette hypothèse, la mise à plat de la cage thoracique et de la ceinture scapulaire. En outre, aucun élément ne se trouve en déséquilibre potentiel par rapport au volume extérieur du corps.
110La présence de traces de bois et de fibres de bois le long des membres et sur et sous le squelette permet toutefois de définir la présence d’un contenant rigide en bois pour le défunt ou d’un coffrage pour une chambre. Aucun indice ne permet cependant d’assurer l’aménagement d’une chambre dans la fosse (pas d’effondrements de lœss, pas de ressaut creusé dans les parois pour l’installation d’un couvercle). L’architecture de la tombe reste donc indéterminée.
111Il est vraisemblable que l’individu ait été inhumé vêtu et chaussé, ce qui permettrait d’expliquer la bonne connexion des éléments des pieds, qui semblent pourtant avoir chuté vers l’avant.
Inventaire des perles de la tombe 1020.
La sépulture 1020, vue générale zénithale.
Cliché : A. Latron Collechia, Inrap.
Sexe et âge du défunt : immature de sexe féminin âgé de 11 ans +/- 2,5 ans.
Architecture funéraire présumée : chambre en fosse étroite, probablement coffrée sans contenant.
Mobilier : parure.
Datation 14C : 377-547 AD (calibration 2 σ).
Datation du mobilier : fin ive-ve s. (boucles d’oreille).
Fosse sépulcrale
- Fosse : fosse rectangulaire, étroite. Parois verticales à la base sur les longs côtés, s’évasant ensuite au sommet après un décrochement à 30 cm du fond. Profil évoquant à la base des effondrements de parois accumulés contre une paroi rigide, celle probablement du coffrage de la chambre en raison de l’absence de contact des terres avec le squelette et leur présence sur toute la longueur de la fosse.
- Dimensions inférieures : 1,90 × 0,42 m.
- Profondeur maximale : 0,72 m par rapport au niveau de décapage.
- Encaissant : lœss.
- Comblement : limon hétérogène.
- Éléments d’architecture funéraire conservés : présence de bois sous le squelette et sur le côté nord (planche de fond et paroi latérale nord d’un contenant rigide ou du coffrage d’une chambre), reposant sur une fine couche de limon.
- Perturbation de la structure : /
Données biologiques
- Nombre minimum d’individu : 1.
- Représentation squelettique : bonne.
- État de conservation du squelette : bon.
- Âge : individu immature âgé de 11 ans ± 2,5 ans (Ubelaker, 1979, confirmé par Moorrees et alii, 1963 a et b).
- Sexe génétique : féminin.
- État sanitaire et paléopathologique : très bonne hygiène bucco-dentaire.
112Cet individu présente une très importante déformation crânienne artificielle de type antéro-postérieur. La tête osseuse est extrêmement bien conservée, ce qui a permis d’éliminer l’hypothèse d’un déformation pathologique ou taphonomique. La réalisation future de coupes scannographiques permettra d’étudier l’épaisseur du diploé afin d’éventuellement identifier les zones d’application des moyens de contention ayant entraîné cette déformation.
Espace de décomposition et architecture funéraire
113La jeune défunte est déposée sur le dos selon une orientation est-ouest, la tête à l’ouest, les membres en extension. Un espace vide est laissé à la tête et aux pieds. Le dépôt est primaire, la décomposition du corps de cet individu s’est donc déroulée dans le lieu de dépôt définitif. Le squelette repose sur une couche de 2 à 3 cm d’épaisseur comportant des traces de bois conservé, elle-même située à quelques centimètres au-dessus du fond de la fosse.
114Peu d’indices taphonomiques permettent de discuter l’environnement du corps au moment du dépôt. En effet, seul l’avant-bras gauche semble avoir subi un déplacement en dehors du volume du corps, ce qui pourrait être un indice d’espace vide aux abords du corps de la défunte au moment de la décomposition. Aucun élément n’apparaît particulièrement en déséquilibre par rapport au volume extérieur du corps.
115Néanmoins, les traces de bois identifiées à la fouille sous le squelette et au nord de celui-ci correspondent clairement à la planche de fond et à la paroi latérale nord d’un contenant ou du coffrage d’une chambre. Les effondrements de terres sur toute la longueur des deux parois de la fosse établissent la présence d’une chambre probablement coffrée. L’espace, présent mais limité sur les côtés entre le squelette et les effondrements, rend peu probable l’existence de deux parois côte à côte et tend à privilégier l’hypothèse d’une chambre coffrée sans contenant.
Mobilier
116Deux boucles d’oreilles portées et des perles autour du cou correspondant à un collier ou à des broderies.
- - Objets 1 et 2. Près des branches mandibulaires gauche et droite : paire de petites boucles d’oreille en argent à extrémité polyédrique. D. ext. : 2 x 2,1 cm.
- - Objets 3 à 14. Au niveau des vertèbres cervicales, des premières thoraciques et de la mandibule :
- 328 perles dont trois en argent, deux en ambre et 323 en verre. Une des perles en argent a conservé
- des restes de fils en lin. Typologie d’après Theune-Vogt, 1990 (tabl. 1).
- - Objet 15. Dans le comblement : pied d’un gobelet en verre s’apparentant au type AR 72/73 daté des iiie-ive s. (Rüti, 1991). Verre verdâtre irisé avec bulles. Fond bombé, pied annulaire rapporté.
La sépulture 1021, vue générale zénithale.
Cliché : A. Latron Collechia, Inrap.
Sexe et âge du défunt : homme âgé de plus de 20 ans.
Architecture funéraire présumée : indéterminée, soit chambre coffrée sans contenant ou non coffrée avec un contenant rigide en bois, soit contenant rigide dans une fosse colmatée non aménagée.
Mobilier : /
Datation 14C : 401-544 AD (calibration 2 σ).
Fosse sépulcrale
- Fosse : fosse rectangulaire étroite. Parois légèrement évasées, marquées à l’extrémité ouest par des irrégularités.
- Dimensions inférieures : 1,90 ? × 0,50 m.
- Profondeur maximale : 0,76 m par rapport au niveau de décapage.
- Encaissant : lœss.
- Comblement : limon brun homogène.
- Éléments d’architecture funéraire conservés : présence de traces de bois conservées sous le squelette. Elles correspondent aux restes de la planche de fond d’un contenant rigide ou du plancher du coffrage d’une chambre.
- Perturbation de la structure : sépulture endommagée par un violent orage alors qu’elle était en cours de fouille.
Données biologiques
- Nombre minimum d’individu : 1.
- Représentation squelettique : moyenne.
- État de conservation du squelette : moyen.
- Âge : individu adulte âgé de plus de 20 ans (Owings-Webb, Suchet, 1985 ; Scheuer, Black, 2000).
- Sexe génétique : masculin.
- État sanitaire et paléopathologique : les dents sont usées aux ¾ de la couronne. Deux pertes dentaires ante mortem ont été identifiées (sur la deuxième prémolaire et la première molaire inférieures gauches).
Position du défunt, espace de décomposition et architecture funéraire
117Le défunt a été déposé sur le dos, selon une orientation est-ouest, la tête à l’ouest, les membres en extension. Un espace vide est laissé aux pieds. Le dépôt est primaire, la décomposition du corps de cet individu s’est donc déroulée dans le lieu de dépôt définitif.
118Malgré la bonne connexion générale, on note une déconnexion importante : celle du bloc craniofacial, qui apparaît en vue antéro-inférieure, d’avec les vertèbres cervicales. La mandibule et le bloc craniofacial sont également déconnectés, puisque la mandibule apparaît en vue supérieure. La position du bloc craniofacial est taphonomique et résulte d’une bascule vers l’arrière (vers l’ouest) au moment de la décomposition. L’extrémité acromiale de la clavicule gauche est sortie du volume du corps. Ces éléments permettent d’envisager la présence d’un espace vide à proximité immédiate du corps du défunt au moment de la décomposition.
119Il convient également de noter que plusieurs éléments se trouvent en déséquilibre potentiel par rapport au volume extérieur du corps. C’est le cas notamment du bloc craniofacial, et des métatarsiens gauches qui subissent un effet de paroi de type butée à distance des parois de la fosse très probablement induit par les parois d’un contenant rigide ajusté à la morphologie de défunt ou d’un coffrage de la chambre. Cette hypothèse est corroborée par les traces de bois retrouvées sous le squelette et le long des parois sud et est. Aucun indice ne permet cependant d’établir si la fosse a été aménagée en chambre ou si elle renfermait seulement le défunt dans son contenant et a été remblayée par la suite.
La sépulture 1022, vue générale zénithale.
Cliché : A. Latron Collechia, Inrap.
Sexe et âge du défunt : femme âgée de 20 à 49 ans.
Architecture funéraire présumée : probable chambre coffrée sans contenant.
Mobilier : /
Datation 14C : 252-531 AD (calibration 2 σ).
Fosse sépulcrale
- Fosse : fosse rectangulaire plus large que le volume initial du corps. Parois verticales dans la partie supérieure, marquées sur les longs côtés à 25 cm au-dessus du fond d’un ressaut avec un replat de 0,40 et à 0,60 m de largeur, ajustée au squelette (en contact avec les os de la main) et contre laquelle étaient encore plaquées des fibres de bois. Cet ajustement au squelette, la faible hauteur du ressaut qui, dans le cas d’un support pour un couvercle, ne permettrait pas de laisser le volume nécessaire pour un corps d’adulte, et sa présence des deux côtés sur toute la longueur de la fosse tendent à privilégier l’hypothèse d’effondrements de lœss (et non de banquettes taillées dans le substrat) ayant moulé une paroi en bois. En l’absence de coupe, l’horizontalité du ressaut ne peut être assurée et a pu avoir été accentuée à la fouille.
- Dimensions inférieures : 2,12 × 1 m.
- Profondeur maximale : 0,60 m par rapport au niveau de décapage.
- Encaissant : lœss.
- Comblement : limon hétérogène.
- Éléments d’architecture funéraire conservés : restes de bois sur le fond et les côtés contre les parois du replat.
Données biologiques
- Nombre minimum d’individu : 1.
- Représentation squelettique : bonne.
- État de conservation du squelette : bon.
- Âge : individu adulte âgé entre 20 et 49 ans (Schmitt, 2005 ; P = 0,98).
- Sexe : féminin (DSP, Murail et alii, 2005, P = 0,98 ; confirmé par les analyses paléogénomiques).
- État sanitaire et paléopathologique : les dents sont usées à la moitié de la couronne. Agénésie des troisièmes molaires supérieures et inférieures.
Position du défunt, espace de décomposition et architecture funéraire
120La défunte est déposée sur le dos selon une orientation est-ouest, la tête à l’ouest, les membres en extension. Le dépôt est primaire, la décomposition du corps de cet individu s’est donc déroulée dans le lieu de dépôt définitif. Le squelette est séparé du fond de la fosse par une couche de quelques centimètres d’épaisseur contenant des restes de bois conservés. Un espace vide est laissé à la tête et aux pieds.
121Hormis deux métatarsiens droits, aucun os n’est sorti du volume du corps et il n’est pas exclu que la position de ces métatarsiens résulte du passage d’un animal fouisseur. Les seuls arguments taphonomiques permettant de démontrer la présence d’un espace vide aux abords du corps du défunt au moment de la décomposition du corps sont donc la mise à plat de la cage thoracique et l’ouverture de la ceinture pelvienne.
122Seul l’humérus gauche, qui apparaît en vue antéro-latérale, se trouve en déséquilibre potentiel par rapport au volume extérieur du corps à distance de la paroi identifiée à la fouille. Il peut avoir été maintenu dans cette position par la présence de vêtements.
123Les effondrements de parois sur toute la longueur de la fosse tendent à privilégier l’hypothèse d’une chambre pourvue d’un coffrage. Le contact des terres avec le squelette semble exclure le dépôt de la défunte dans un contenant.
La sépulture 1028, vue générale zénithale.
Cliché : A. Latron Collechia, Inrap.
Sexe et âge du défunt : homme de plus de 30 ans.
Architecture funéraire présumée : chambre coffrée en fosse étroite, probablement sans contenant.
Mobilier 14C : 406-543 AD (calibration 2 σ).
Fosse sépulcrale
- Fosse : fosse rectangulaire dont le profil transversal, dégagé à la fouille, présente une forme en entonnoir avec à la base une paroi droite sur 30 cm de hauteur avant un évasement au sommet. Ce profil évoque celui de parois effondrées, dont les terres accumulées à la base ont moulé une paroi rigide. Les limites effectives du creusement n’ont dû être atteintes ainsi que dans la partie supérieure de la fosse.
- Dimensions inférieures : 2,24 × 0,70 m ?
- Profondeur maximale : 0,84 m par rapport au niveau de décapage.
- Encaissant : lœss.
- Comblement : limon brun-gris homogène.
- Éléments d’architecture funéraire conservés : présence de restes de bois conservé sur et sous le squelette, plaqués sur les longs côtés, contre les effondrements de parois.
- Perturbation de la structure : /
Données biologiques
- Nombre minimum d’individu : 1.
- Représentation squelettique : mauvaise.
- État de conservation du squelette : moyen.
- Âge : individu adulte âgé de plus de 30 ans (Schmitt, 2005 ; P = 1).
- Sexe : masculin (DSP, Murail et alii, 2005, P = 0,99).
- État sanitaire et paléopathologique : pertes ante mortem de toutes les molaires et des deuxièmes prémolaires inférieures. Toutes les dents restantes sont usées aux ¾ de la couronne.
124Un coup porté par une arme tranchante est visible sur la partie gauche du frontal. La lésion est partiellement cicatrisée.
Espace de décomposition et architecture funéraire
125Le défunt a été déposé sur le dos selon une orientation est-ouest, la tête à l’ouest, les membres en extension. Le dépôt est primaire, la décomposition du corps de cet individu s’est donc déroulée dans le lieu de dépôt définitif. Le squelette est séparé du fond de la fosse par une couche de quelques centimètres d’épaisseur contenant des restes de bois conservés. Un espace vide est laissé à la tête et aux pieds.
126Le bloc craniofacial, qui apparaît en vue antéro-inféro-latérale droite, est déconnecté de la mandibule. Les vertèbres cervicales n’étant pas conservées, il est difficile de se rendre compte si cette position est primaire ou non. Les arguments taphonomiques disponibles ici ne permettent pas de discuter la présence d’un espace vide aux abords du corps du défunt pendant la décomposition, ni la présence d’un éventuel contenant. En effet, aucun os n’est sorti du volume du corps et aucun élément n’apparaît en déséquilibre potentiel par rapport au volume extérieur du corps à distance des parois de la fosse.
127Les effondrements de paroi sur toute la longueur de la fosse, se prolongeant bien au-delà de part et d’autre du corps du défunt en raison des espaces vides laissés à la tête et aux pieds, tendent à privilégier l’hypothèse d’effondrements intervenus à l’extérieur du coffrage d’une chambre et non autour d’un contenant. Dans ce deuxième cas, il faudrait supposer que le contenant était bien plus long que le nécessitait le corps du défunt et occupait toute la longueur de la fosse, ce qui paraît peu probable. Les traces de bois perçues sur et sous le squelette devraient ainsi appartenir au coffrage et au couvercle de la chambre. En raison du peu d’espace présent entre les terres et le squelette, il paraît difficile d’envisager à la fois une paroi en bois pour la chambre et un contenant pour le défunt.
La sépulture 1029, vue générale zénithale.
Cliché : A. Latron Collechia, Inrap.
128Sexe et âge du défunt : homme âgé de plus de 40 ans.
129Architecture funéraire présumée : indéterminée.
130Mobilier : /
131Datation 14C : 248-408 AD (calibration 2 σ).
Fosse sépulcrale
- Fosse : fosse rectangulaire, étroite et peu profonde. Parois verticales.
- Dimensions inférieures : 2 × 0,50 m ;
- Profondeur maximale : 0,37 m par rapport au niveau de décapage.
- Encaissant : lœss.
- Comblement : limon brun homogène.
- Éléments d’architecture funéraire conservés : /
- Perturbation de la structure : bioturbations (terrier au niveau de la main et du fémur droits).
Données biologiques
- Nombre minimum d’individu : 1.
- Représentation squelettique : mauvaise.
- État de conservation du squelette : moyen.
- Âge : individu adulte âgé de plus de 40 ans (Schmitt, 2005 ; P = 0,98).
- Sexe : masculin (DSP, Murail et alii, 2005, P = 1 ; confirmé par les analyses paléogénomiques).
- État sanitaire et paléopathologique : pertes ante mortem de toutes les molaires et des deuxièmes prémolaires inférieures. Toutes les dents restantes sont usées à la moitié de la couronne.
Espace de décomposition et architecture funéraire
132Le défunt a été déposé sur le dos selon une orientation est-ouest, la tête à l’ouest, les membres en extension. Le dépôt est primaire, la décomposition du corps de cet individu s’est donc déroulée dans le lieu de dépôt définitif. Le squelette repose sur le fond de la fosse. Le caractère primaire ou secondaire de la position du bloc craniofacial ne peut pas être discuté ici puisque les vertèbres cervicales ne sont pas conservées. Il convient toutefois de noter la chute de la mandibule, qui se présente par la face supérieure, alors que le bloc craniofacial apparaît en vue antéro-latérale droite. Les mains ont été perturbées et les os du carpe, les métacarpiens et les phalanges se trouvent pour la plupart en dehors du volume du corps. Cependant, un terrier a été identifié au niveau des mains et du fémur droit. Ces perturbations sont donc très vraisemblablement liées à des phénomènes de bioturbations. La ceinture pelvienne ne s’est que très peu ouverte. Finalement, le seul indice taphonomique qui irait dans le sens d’une décomposition en espace vide reste la chute de la mandibule. Cependant, il est possible que cette chute ait eu lieu au sein de l’espace vide secondaire libéré par la décomposition des chairs du cou. Notons également la chute des pieds, qui apparaissent en vue médiale, sur le côté, entraînant la déconnexion de l’articulation fémoro-tibiale à droite et la déconnexion de l’articulation talo-crurale à gauche. Ces observations, qui pourraient aller dans le sens d’une décomposition en espace vide, peuvent également s’expliquer par le port de vêtements et de chaussures, puisque le défunt a, selon toute vraisemblance, été inhumé vêtu et chaussé.
133En conclusion, il semble hasardeux de tenter de caractériser le mode d’inhumation ici, sur la seule base des indices taphonomiques que nous possédons. La faible profondeur de la fosse ne donne aussi aucun indice sur la présence d’éventuels effondrements de parois. On notera néanmoins que le creusement, tel que vu à la fouille, est étroitement ajustée au corps du défunt. Aucune trace de bois conservé n’a été identifiée à la fouille.
La sépulture 1030, vue générale zénithale
Cliché : A. Latron Collechia, Inrap.
Sexe et âge du défunt : immature de sexe féminin âgé de 2 ans +/- 8 mois.
Architecture funéraire présumée : indéterminée : soit chambre coffrée ou non en fosse étroite avec ou sans contenant rigide, soit contenant dans une fosse colmatée.
Mobilier : /
Datation 14C : 254-418 AD (calibration 2σ)
Fosse sépulcrale
- Fosse : petite fosse étroite de plan rectangulaire. Parois droites ou légèrement obliques.
- Dimensions inférieures : 1,22 × 0,42 m.
- Profondeur maximale : 0,38 m par rapport au niveau de décapage.
- Encaissant : lœss.
- Comblement : limon lœssique brun clair homogène.
- Éléments d’architecture funéraire conservés : /
- Perturbation de la structure : bioturbations (nombreux terriers et activités racinaires identifiés au sein de la fosse pendant la fouille).
Données biologiques
- Nombre minimum d’individu : 1.
- Représentation squelettique : moyenne.
- État de conservation du squelette : mauvais.
- Âge : individu immature âgé de 2 ans +/- 8 mois (Ubelaker, 1979).
- Sexe génétique : féminin.
- État sanitaire et paléopathologique : /
Position du défunt, espace de décomposition et architecture funéraire
134L’individu a été déposé sur le dos, selon une orientation est-ouest, la tête à l’ouest, les membres inférieurs et le membre supérieur droit en extension. La position de l’avant-bras gauche ne peut pas être restituée. Un espace vide est laissé aux pieds. Le dépôt est primaire et le squelette repose sur le fond de la fosse.
135La tête osseuse est très fragmentée, peut être en conséquence de la chute d’un élément d’architecture funéraire sur le corps du défunt. Ne nombreux fragments de neurocrâne sortent du volume du corps, ce qui constitue un argument de décomposition en espace vide. En outre, aucun élément ne se trouve en déséquilibre potentiel par rapport au volume extérieur du corps. Cet individu s’est donc probablement décomposé en espace vide et il est envisageable que la détérioration d’un élément d’architecture funéraire ait endommagé la tête osseuse, mais il n’est pas possible d’être plus précis ici, au vu de la mauvaise représentation squelettique et des arguments taphonomiques dont nous disposons.
136La présence d’un espace vide suppose néanmoins l’existence soit d’un contenant rigide, soit d’une chambre ou des deux. On ne peut aussi exclure un contenant dans une fosse colmatée.
La sépulture 1031, vue générale zénithale.
Cliché : A. Latron Collechia, Inrap.
Sexe et âge du défunt : immature de sexe féminin âgé de 9,59 ans +/- 1,78 ans.
Architecture funéraire présumée : chambre coffrée en fosse étroite, refermée par un couvercle en bois posé sur la banquette.
Mobilier : parure.
Datation 14C : 420-556 AD (calibration 2 σ).
Datation du mobilier : 2e tiers du ve siècle (peigne, épingles).
Fosse sépulcrale
- Fosse : fosse rectangulaire, étroite et profonde. Parois verticales avec une banquette de 10 à 20 cm de largeur à 50 cm de hauteur faisant tout le pourtour de la fosse. Des restes de bois noircis sur la banquette tendent à y voir un support pour le couvercle de la tombe. L’attribution de ce ressaut à la présence d’effondrements de lœss accumulés à l’extérieur du coffrage de la chambre peut être exclue : les parois sont trop verticales et hautes et le replat au sommet trop régulier pour envisager une accumulation de terres qui, sur cette hauteur, aurait eu un profil irrégulier.
- Dimensions inférieures : 1,92 × 0,50 m.
- Profondeur maximale : 0,60 m par rapport au niveau de décapage.
- Encaissant : lœss.
- Comblement : limon brun foncé hétérogène au sommet jusqu’au niveau de la banquette ; limon brun foncé tendant à s’éclaircir vers le bas dans la partie inférieure. Sous le squelette, limon argileux de coloration grisâtre.
- Éléments d’architecture funéraire conservés : restes de bois sur la banquette et sur le thorax de la défunte. Un clou contre la paroi nord, à 0,40 m au-dessus du fond de la fosse. Son intégration à l’architecture de la tombe n’est pas assurée.
- Perturbation de la structure : identification de terriers.
Données biologiques
- Nombre minimum d’individu : 1.
- Représentation squelettique : bonne.
- État de conservation du squelette : moyen.
- Âge : individu immature âgé de 9,59 ans +/- 1,78 ans (Ubelaker, 1979 avec correction de Smith, 2005 ; confirmé par Moorrees, 1963 a et b).
- Sexe génétique : féminin.
- État sanitaire et paléopathologique : cet individu présente une importante déformation crânienne artificielle de type antéro-postérieur. La tête osseuse est extrêmement bien conservée, ce qui a permis d’éliminer l’hypothèse d’un déformation pathologique ou taphonomique. La réalisation future de coupes scannographiques permettra d’étudier l’épaisseur du diploé afin d’éventuellement identifier les zones d’application des moyens de contention ayant entraîné cette déformation.
Position du défunt, espace de décomposition et architecture funéraire
137La jeune défunte a été déposée sur le dos selon une orientation est-ouest, la tête à l’ouest, les membres en extension. Un espace vide est laissé à la tête et aux pieds. Le dépôt est primaire, la décomposition du corps de cet individu s’est donc déroulée dans le lieu de dépôt définitif. Le squelette repose sur le fond de la fosse.
138Le bloc craniofacial est très fragmenté, peut être en conséquence de la chute d’un élément d’architecture funéraire sur le corps de la défunte. Ne nombreux fragments de neurocrâne sortent du volume du corps, à l’instar de l’extrémité acromiale de la clavicule droite. Il convient également de noter la mise à plat de la cage thoracique et l’ouverture de la ceinture pelvienne, autant d’éléments qui constituent des arguments de décomposition en espace vide.
139En revanche, aucun élément ne se trouve en déséquilibre potentiel par rapport au volume extérieur du corps et à distance des parois de la fosse.
140Les traces de bois observées sur la banquette sont probablement les vestiges du couvercle qui refermait la chambre.
141Cette jeune défunte aurait donc été inhumée au sein d’une chambre, qui a sans doute été coffrée au vu du bon état de conservation des parois de la fosse. La chambre était refermée par un couvercle reposant sur la banquette aménagée en hauteur, dans les parois de la fosse. La présence d’un contenant ne peut être exclu.
Mobilier
142À chaque épaule une épingle en or. Sur le flanc droit, un peigne et dans sa prolongation, le long du membre inférieur, un pendant auquel est attaché un miroir. Sur le flanc gauche, une châtelaine avec des perles et un set de toilette. Les parures sont portées.
- - Objet 1. Entre le bord latéral de la scapula droite et l’épiphyse proximal de l’humérus droit, la pointe vers le haut : épingle en or à tête pincée, plate losangique. Aucune trace d’usure ou d’utilisation. Dimensions : L. 4,9 cm.
- - Objet 2. Sous la 3e ou la 4e côte gauche, la pointe vers le haut : épingle en or à tête pincée, plate losangique. Aucune trace d’usure ou d’utilisation. Dimensions : L. 4,8 cm.
- - Objet 3. En avant de l’ilium droit, partiellement recouvert par le radius droit, posé dans l’axe du corps : peigne triangulaire en bois de cerf pourvu d’un étui. Le peigne est décoré sur les côtés de protomés de cheval et en façade d‘un décor géométrique gravé de croisillons et d’ocelles. L’étui est orné d’une frise constituée d’une alternance de lignes verticales et d’ocelles. Dimensions : L. max. peigne 9,8 cm – l. max. peigne 4,7 cm – L. étui 13,3 cm – l. max. étui 3,5 cm.
- - Objet 4. En avant du tiers proximal du fémur droit, face contre terre : « miroir » discoïde en métal coulé argenté, allié à un alliage cuivreux. Le revers est décoré d’un motif en relief malhabile constitué de dix-sept rayons délimités par deux cercles concentriques. Le plus grand souligne le bord du miroir. Le plus petit encadre au centre une bélière comportant des restes d’une cordelette en matière organique. Dimensions : D. 4,8 à 5 cm – Ép. 0,4 cm.
- - Objets 6 à 16. Châtelaine composée de trois brins, l’un extérieur avec quatre perles (objets 8 à 11) et une bague (objet 7), le deuxième intérieur avec cinq perles (objets 12 à 16), le troisième à l’arrière, recouvert par les deux premiers, avec un set de toilette (objet 6). Ils reposaient en avant et au côté du radius et de l’ilium gauche, à la hauteur du bassin. La disposition primitive a été conservée. Une perle en ambre, retrouvée dans le comblement au niveau du crâne (objet 17), devait en faire également partie et a dû être déplacée par un rongeur.
- - Objet 6. En partie sous les perles 8, 15 et 16, avec des restes de matière organique sur et sous les objets qui se poursuivaient sur 16 cm en amont :
143Set de toilette constitué d’un cure-oreille et d’une pince en argent, attachés à un anneau également en argent de section circulaire, refermé par une double torsade (D. 2,3 cm).
144Cure-oreille en argent de section hexagonale pourvu en son milieu d’un petit renflement polygonal. L’attache, de section rectangulaire avec une cannelure centrale, est réalisée par un repli du manche. Dimensions : L. 9,8 cm – Ép. du manche 0,3 cm.
145Pince à épiler en argent à mors rectangulaire. Les branches sont maintenues par un fil enroulé en alliage cuivreux. Dimensions : L. 6,7 cm – l. mors 0,4 cm.
- - Objet 7. À l’extrémité du brin extérieur de la châtelaine : bague en alliage cuivreux avec un jonc de section circulaire refermé par une double torsade. Dimensions : D. ext. 2,1 cm – Ép. du jonc 0,15 cm.
- - Objet 8. En 4e position du brin extérieur : grande perle côtelée en verre opaque vert clair de type Theune-Vogt (1990) T46. Dimensions : L. 1,8 cm – D. 1,9 cm.
- - Objet 9. En 3e position du brin extérieur : grande perle annulaire en ambre. Dimensions : L. max. 1,2 cm – D. 2 cm.
- - Objet 10. En 2e position du brin extérieur : perle annulaire en ambre. Dimensions : L. max. 0,5 cm – D. 1,6 cm.
- - Objet 11. En 1e position du brin extérieur : perle cylindrique courte en ambre. Dimensions : L. max. 0,8 cm – D. 1,4 cm.
- - Objet 12. En 1ère position du brin intérieur : perle annulaire en ambre. Dimensions : L. max. 0,8 cm – D. 2 cm.
- - Objet 13. En 2e position du brin intérieur : grande perle annulaire en ambre. Dimensions : L. max. 0,7 cm – D. 2,4 cm.
- Objet 14. En 3e position du brin intérieur : grande perle tonneliforme en verre opaque brun-rouge avec un décor de trois lignes ondées vert au milieu et blanc sur les côtés. Dimensions : L. max. 1,9 cm – D. 2,5 cm.
- - Objet 15. En 4e position du brin intérieur : grande perle annulaire en ambre. Décor (?) d’un côté de deux, de l’autre de trois cupules coniques. Dimensions : L. max. 1 cm – D. 2,8 cm.
- - Objet 16. En 5e position du brin intérieur : perle annulaire en ambre. Dimensions : L. max. 0,8 cm – D. 2,1 cm.
- Objet 17. En avant de la tête osseuse : perle annulaire en ambre. Dimensions : L. max. 1,2 cm – D. 2,3 cm.
- - Objet 20. En arrière de la branche droite de la mandibule : petite boucle d’oreille à extrémité polyédrique en argent ou en bronze (?). Dimensions : D. ext. 1,8 cm - Ép. jonc 0,2 cm.
- - Objet 21. À côté de l’os rocheux gauche : petite boucle d’oreille à extrémité polyédrique en argent avec de l’alliage cuivreux. Dimensions : D. ext. 1,8 cm - Ép. jonc 0,1 cm.
- - Objets 22 à 24. Trois appliques dont une incomplète disposées autour du « miroir » 1031-4, deux perpendiculairement à l’attache et la troisième dans son axe, sur la bordure inférieure du « miroir ». Deux petits fragments de plaquette ont par ailleurs été retrouvés dans le comblement, à quelques centimètres au-dessus du squelette, à proximité du coxal droit. Ils pourraient avoir été amenés par un rongeur et provenir de l’applique incomplète qui, de fait, est légèrement déplacée.
146Appliques triangulaires en tôle d’argent repliée, décorées sur les bords d’une ligne de petits points poinçonnés. Les deux parties repliées de la tôle sont reliées sur la pointe du triangle par un rivet. Dimensions : H. 1,9 cm – l. 1,4 cm – Ép. 0,6 cm.
Inventaire des perles de la sépulture 1033.
La sépulture 1033, vue générale zénithale.
Cliché : A. Latron Collechia, Inrap.
Sexe et âge du défunt : femme de plus de 50 ans.
Architecture funéraire présumée : indéterminée, soit chambre (coffrée ou non) en fosse étroite avec ou sans contenant rigide, soit contenant dans une fosse colmatée.
Mobilier : parure.
Datation 14C : 252-531 AD (calibration 2 σ).
Datation du mobilier : fin ive-ve s. (perles).
Fosse sépulcrale
- Fosse : fosse rectangulaire, étroite et peu profonde. Parois verticales ou légèrement obliques.
- Dimensions inférieures : 1,80 × 0,62 m.
- Profondeur maximale : 0,38 m par rapport au niveau de décapage.
- Encaissant : lœss.
- Comblement : limon brun-jaune homogène.
- Éléments d’architecture funéraire conservés : /
- Perturbation de la structure : bioturbation (terriers, perturbations racinaires).
Données biologiques
- Nombre minimum d’individu : 1.
- Orientation : est-ouest, tête à l’ouest.
- Dépôt primaire : oui (maintien en connexion d’articulations labiles).
- Représentation squelettique : bonne.
- État de conservation du squelette : bon.
- Âge : individu adulte âgé de plus de 50 ans (Schmitt, 2005 ; P = 1).
- Sexe : féminin (DSP, Murail et alii, 2005, P = 1 ; confirmé par les analyses paléogénomiques) ;
- État sanitaire et paléopathologique : cinq caries, six pertes dentaires ante mortem au minimum qui ne concernent que les molaires et légère arthrose vertébrale.
Position du défunt, espace de décomposition et architecture funéraire
147La défunte a été déposée sur le dos selon une orientation est-ouest, la tête à l’ouest, les membres en extension. Un espace vide est laissé à la tête. Le dépôt est primaire, la décomposition du corps de cet individu s’est donc déroulée dans le lieu de dépôt définitif. Le squelette repose sur le fond de la fosse.
148Le bloc craniofacial apparaît en vue supéro-antéro-latérale gauche, déconnecté des vertèbres cervicales qui se présentent en vue antérieure. La position du bloc craniofacial est donc secondaire et résulte d’un déplacement taphonomique. Il est en connexion stricte avec la mandibule. Ce déplacement, intervenu au moment de la décomposition du corps, est la preuve de la présence d’un espace vide aux abords du corps au moment de la décomposition.
149Il convient également de noter la déconnexion entre l’humérus et l’avant-bras gauche, entraînant un déplacement de l’avant-bras en dehors du volume du corps. Cette observation corrobore l’hypothèse avancée précédemment d’une décomposition en espace vide. Même constatation pour la mise à plat de la cage thoracique.
150Les déplacements osseux observés au niveau des pieds semblent plutôt devoir être mis en relation avec l’action d’animaux fouisseurs (de nombreux terriers ont été identifiés au moment de la fouille).
151Les coxaux apparaissent en vue antérieure. La ceinture pelvienne ne s’est donc pas ouverte malgré la présence d’un espace vide au moment de la décomposition du corps. Cette observation est très probablement à mettre en relation avec le port de vêtements, qui auraient pu maintenir les coxaux en place. Un vêtement ou un contenant souple pourraient également permettre d’expliquer la contrainte latérale mise en évidence au niveau des épaules, qui se traduit par la verticalisation des clavicules.
152Aucun autre élément ne se trouve en déséquilibre potentiel par rapport au volume extérieur du corps et aucune trace de bois n’a été repérée à la fouille, empêchant de pousser plus en avant la caractérisation de l’architecture funéraire. Il est simplement possible de déterminer que l’individu s’est décomposé au sein d’un espace vide engendré par la présence d’une chambre ou d’un contenant.
Mobilier
153Collier ou broderies de perles portés sur le haut de la poitrine.
154En avant des premières vertèbres thoraciques et au niveau de la mandibule gauche : soixante-sept perles miniatures en verre. Typologie d’après Theune-Vogt, 1990 (tabl. 2).
La sépulture 1034, vue générale zénithale.
Cliché : A. Latron Collechia, Inrap.
Sexe et âge du défunt : immature de sexe féminin âgé de 11 ans +/- 2,5 ans.
Architecture funéraire présumée : fosse comblée avec un contenant.
Mobilier : parure.
Datation 14C : 256-530 AD (calibration 2 σ).
Datation du mobilier : fin ive-ve s. (perles).
Fosse sépulcrale
- Fosse : fosse étroite rectangulaire, peu profonde. Parois verticales ou légèrement obliques.
- Dimensions inférieures : 1,32 × 0,40 m.
- Profondeur maximale : 0,12 m par rapport au niveau de décapage.
- Encaissant : lœss.
- Comblement : limon brun clair meuble homogène.
- Éléments d’architecture funéraire conservés : /
- Perturbation de la structure : bioturbations (terriers identifiés à la fouille).
Données biologiques
- Nombre minimum d’individu : 1.
- Représentation squelettique : bonne.
- État de conservation du squelette : bon.
- Âge : individu immature âgé de 11 ans +/- 2,5 ans (Ubelaker, 1979 ; confirmé par Moorrees, 1963 a et b).
- Sexe génétique : féminin.
- État sanitaire et paléopathologique : cet individu présente une Cribra orbitalia.
Position du défunt, espace de décomposition et architecture funéraire
155La jeune défunte a été déposée sur le dos selon une orientation est-ouest, la tête à l’ouest, les membres en extension. Le dépôt est primaire, la décomposition du corps de cet individu s’est donc déroulée dans le lieu de dépôt définitif. Le squelette repose sur le fond de la fosse.
156Le bloc craniofacial apparaît en vue antéro-supéro-latérale gauche. Il est en connexion lâche avec la mandibule et avec l’atlas, lui-même déconnecté de l’axis qui apparaît en vue antérieure. La position du bloc craniofacial est donc secondaire. Cet élément, couplé à la mise à plat partielle de la cage thoracique et à l’ouverture de la ceinture pelvienne permet de penser que cet individu s’est décomposé au sein d’un espace vide.
157Les humérus, qui apparaissent en vue antéro-latérale, se trouvent en position de déséquilibre potentiel par rapport au volume extérieur du corps. Ils subissent donc un effet de paroi de type butée qui pourrait avoir été induit par la présence d’une paroi en bois ou les parois de la fosse. L’espace vide a été engendré probablement par un contenant, l’éventualité d’une chambre devrait être écartée en raison de la faible profondeur de la fosse. Il faut ainsi penser qu’elle a été colmatée.
Mobilier
158Une boucle d’oreille portée et un bouton décoré sous l’avant-bras gauche.
- - Objet 1. Sous le bloc craniofacial : petite boucle d’oreille en argent à extrémité polyédrique. Dimensions : D. 1 à 1,2 cm.
- - Objet 2. En arrière des extrémités distales des os de l’avant-bras gauche, en vue postérieure : bouton plat en alliage cuivreux avec un décor en creux cruciforme aux branches fines terminées par un ovale, comblé par une masse noire (objet non nettoyé). Le motif s’inscrit dans un cercle estampé, décentré par rapport à la plaque. Dimensions : D. 1,2 cm – Ép. 0,05 cm.
La sépulture 1035, vue générale zénithale.
Cliché : A. Latron Collechia, Inrap.
Sexe et âge du défunt : femme âgée de plus de 20 ans.
Architecture funéraire présumée : chambre coffrée en fosse étroite, probablement sans contenant.
Mobilier : parure.
Datation 14C : 265-544 AD (calibration 2 σ).
Fosse sépulcrale
- Fosse : fosse sub-rectangulaire, aux contours irréguliers en hauteur sur toute la longueur de la fosse, qui pourraient trouver leur origine dans des effondrements de parois. Les parois verticales à la base sur 0,40 m, qui s’évasent ensuite, confortent également cette hypothèse et tendent à y voir les terres effondrées comblant l’espace vide à l’extérieur d’une paroi en bois.
- Dimensions inférieures : 2,08 × 0,54 m.
- Profondeur maximale : 0,60 m par rapport au niveau de décapage.
- Encaissant : lœss.
- Comblement : limon brun meuble homogène.
- Éléments d’architecture funéraire conservés : /
- Perturbation de la structure : bioturbations (terriers identifiés à la fouille).
Données biologiques
- Nombre minimum d’individu : 1.
- Représentation squelettique : mauvaise.
- État de conservation du squelette : mauvais.
- Âge : individu adulte de plus de 20 ans (les os longs sont matures, l’apex de la M2 et de la M3 est fermé).
- Sexe génétique : féminin.
- État sanitaire et paléopathologique : bon état bucco-dentaire.
Position du défunt, espace de décomposition et architecture funéraire
159La défunte a été déposée sur le dos selon une orientation est-ouest, la tête à l’ouest, les membres en extension. Un espace vide est laissé à la tête et aux pieds. Le dépôt est primaire, la décomposition du corps de cet individu s’est donc déroulée dans le lieu de dépôt définitif. Le squelette repose sur le fond de la fosse.
160Le bloc craniofacial apparaît en vue antéro-supéro-latérale droite. Les vertèbres cervicales ne sont pas conservées et la mandibule est très endommagée. Il n’est donc pas possible de savoir s’il s’agit d’une position primaire.
161Le squelette est extrêmement mal conservé. Il est tout de même possible de remarquer que les pieds ont chuté vers l’extérieur et apparaissent en vue médiale, alors que les tibias se présentent en vue antérieure. La déconnexion des articulations talo-crurales et la bascule des pieds pourraient être un indice de décomposition en espace vide, mais les arguments taphonomiques sont trop lacunaires pour pouvoir le certifier et pour tenter de définir le mode d’inhumation. L’irrégularité des parois dégagées, le profil en entonnoir avec un effet de butée à la base, à distance du squelette sur toute la longueur de la fosse, suggèrent néanmoins une chambre coffrée ayant subi des effondrements de parois dans l’espace vide laissé à l’extérieur. L’espace réduit entre le squelette et les terres tend à exclure deux parois côte à côte et ainsi la présence d’un contenant, même si celui-ci ne peut être exclu sur un plan taphonomique.
162Aucune trace de bois n’a été identifiée à la fouille.
Mobilier
163Une bague portée à la main gauche.
164Sur une phalange de la main gauche : bague en alliage cuivreux à jonc plat fermé, pourvu sur la face externe d’un décor de deux stries parallèles. Dimensions : D. ext. 2 cm – Ép. jonc 0,5 cm.
La sépulture 1037, vue générale zénithale.
Cliché : A. Latron Collechia, Inrap.
Sexe et âge du défunt : femme de plus de 20 ans.
Architecture funéraire présumée : indéterminée, soit chambre non coffrée avec un contenant rigide ajusté au corps du défunt, soit chambre coffrée sans contenant, soit contenant dans une fosse colmatée.
Mobilier : /
Datation 14C : 255-532 AD (calibration 2 σ).
Fosse sépulcrale
- Fosse : fosse rectangulaire étroite, légèrement plus large à la tête. Parois verticales.
- Dimensions inférieures : 2,10 × 0,56 m.
- Profondeur maximale : 0,40 m par rapport au niveau de décapage.
- Encaissant : lœss.
- Comblement : limon brun meuble homogène.
- Éléments d’architecture funéraire conservés : /
- Perturbation de la structure : bioturbations (terriers identifiés à la fouille).
Données biologiques
- Nombre minimum d’individu : 1.
- Représentation squelettique : moyenne.
- État de conservation du squelette : moyen.
- Âge : individu adulte de plus de 20 ans (Schmitt, 2005 ; P = 1).
- Sexe : féminin (DSP, Murail et alii, 2005, P = 1 ; confirmé par les analyses paléogénomiques).
- État sanitaire et paléopathologique : une carie sur la première molaire inférieure gauche, un abcès dentaire au niveau de la première molaire supérieure gauche (perte ante mortem de cette dent) ; toutes les dents sont usées à la moitié de la couronne, agénésie des troisièmes molaires et probablement de la deuxième molaire supérieure droite.
Position du défunt, espace de décomposition et architecture funéraire
165La défunte est déposée sur le dos selon une orientation est-ouest, la tête à l’ouest. Les membres inférieurs et le membre supérieur droit sont en extension. Le membre supérieur gauche est absent, à l’instar d’une partie des vertèbres thoraciques et de la quasi-totalité des côtes gauches. Ces lacunes osseuses semblent pouvoir résulter de la présence d’un important terrier de fouisseur, repéré à la fouille, qui aurait perturbé une grande partie de la sépulture. Un espace vide est laissé à la tête et aux pieds. Le dépôt est primaire, la décomposition du corps de cet individu s’est donc déroulée dans le lieu de dépôt définitif. Le squelette repose sur le fond de la fosse.
166Le bloc craniofacial, qui apparaît en vue antéro-latérale droite, est en connexion avec la mandibule et avec les vertèbres cervicales. Il est donc envisageable que sa position soit primaire.
167L’extrémité acromiale de la clavicule droite et la patella gauche sortent du volume du corps. La cage thoracique est mise à plat, la ceinture pelvienne est partiellement ouverte. On observe à droite une déconnexion fémoro-tibiale, probablement induite par la bascule du pied sur le côté et à gauche, une déconnexion talo-crurale, probablement pour la même raison. Tous ces éléments laissent supposer une décomposition du corps de cet individu en espace vide.
168L’humérus et le radius droits apparaissent en position de déséquilibre potentiel par rapport au volume extérieur du corps, à distance des parois de la fosse et on peut éventuellement noter un effet de délimitation linéaire à droite (coude, main, pied). Ces effets de paroi, de type butée et de délimitation linéaire à distance des parois de la fosse, peuvent permettre d’envisager la présence d’un contenant rigide ajusté au corps de la défunte ou d’une chambre coffrée. La présence des deux paraît peu probable en raison du peu d’espace présent entre les membres supérieurs de la défunte et les parois de la fosse. L’hypothèse d’un contenant dans une fosse colmatée ne peut être écartée également.
169Aucune trace de bois n’a été perçue à la fouille.
La sépulture 1038, vue générale zénithale.
Cliché : A. Latron Collechia, Inrap.
Sexe et âge du défunt : femme âgée de plus de 50 ans.
Architecture funéraire présumée : chambre probablement coffrée en fosse étroite avec un contenant rigide ajusté au corps du défunt.
Mobilier : /
Datation 14C : 255-423 AD (calibration 2σ).
Fosse sépulcrale
- Fosse : fosse rectangulaire. Parois irrégulières ou légèrement obliques avec un ressaut à la tête et sur le long côté au nord à une vingtaine de centimètres du fond avec un replat de 10 à 15 cm de largeur. Ce ressaut, à distance du squelette, laisse envisager la présence d’effondrements de parois venus combler à la base l’espace vide laissé à l’extérieur du coffrage d’une chambre ou autour d’un contenant. L’absence d’un replat au sud permet d’écarter l’hypothèse d’une banquette creusée dans le substrat à destination d’un couvercle. L’horizontalité du replat et sa régularité ont pu être accentuées à la fouille.
- Dimensions inférieures : 2,04 × 0,60 m.
- Profondeur maximale : 0,40 m par rapport au niveau de décapage.
- Encaissant : lœss.
- Comblement : limon brun-gris homogène.
- Éléments d’architecture funéraire conservés : /
- Perturbation de la structure : bioturbations (terriers identifiés à la fouille).
Données biologiques
- Nombre minimum d’individu : 1.
- Représentation squelettique : moyenne.
- État de conservation du squelette : moyen.
- Âge : individu adulte de plus de 50 ans (Schmitt, 2005 ; P = 1).
- Sexe : féminin (DSP, Murail et alii, 2005, P = 0,99 ; confirmé par les analyses paléogénomiques).
- État sanitaire et paléopathologique : arthrose vertébrale sévère et pertes ante mortem de toutes les dents.
Position du défunt, espace de décomposition et architecture funéraire
170La défunte a été déposée sur le dos selon une orientation est-ouest, la tête à l’ouest, les membres en extension. Le dépôt est primaire, la décomposition du corps de cet individu s’est donc déroulée dans le lieu de dépôt définitif. Un animal fouisseur a perturbé le squelette (terrier perçu à la fouille) si bien qu’une partie des vertèbres cervicales et des côtes a été déplacée et se trouve à l’ouest du bloc craniofacial. Les perturbations observées au niveau des pieds résultent probablement du même phénomène. Le squelette repose sur le fond de la fosse.
171Le bloc craniofacial apparaît en vue latérale droite légèrement antérieure, en connexion lâche avec la mandibule. Les vertèbres cervicales ont été déplacées, très probablement par un animal fouisseur.
172L’extrémité acromiale de la clavicule droite sort du volume du corps. La cage thoracique est mise à plat et la ceinture pelvienne est partiellement ouverte. Les articulations talo-crurales sont déconnectées et les pieds ont chuté sur le fond de la fosse, vers l’extérieur. Le membre supérieur droit apparaît en connexion, en vue médiale. Il a donc subi une rotation externe d’environ 90°, vers le sud. Toutes ces observations constituent des arguments de décomposition en espace vide.
173La patella gauche se trouve en position de déséquilibre potentiel par rapport au volume extérieur du corps, à distance des parois de la fosse. Il est très probable qu’après sa chute liée à l’ouverture de la ceinture pelvienne, elle ait été maintenue dans cette position par la présence de vêtements. L’humérus droit, qui apparaît en vue médiale, se trouve également en position de déséquilibre.
174Bien que le port de vêtements puisse également permettre cette position, il est possible d’envisager ici une butée contre une paroi rigide qui pourrait correspondre à un contenant. Les effondrements de parois, à distance du squelette, tendent à envisager en plus du contenant la présence d’une chambre coffrée.
La sépulture 1040, vue générale zénithale.
Cliché : A. Latron Collechia, Inrap.
Sexe et âge du défunt : homme âgé de 20 à 30 ans.
Architecture funéraire présumée : contenant rigide ajusté au corps du défunt dans une fosse probablement colmatée.
Mobilier : /
Datation 14C : 419-550 AD (calibration 2σ).
Fosse sépulcrale
- Fosse : fosse rectangulaire étroite, très peu profonde.
- Dimensions inférieures : 2,20 × 0,70 m.
- Profondeur maximale : 0,12 m par rapport au niveau de décapage.
- Encaissant : lœss.
- Comblement : limon brun-jaune meuble.
- Éléments d’architecture funéraire conservés : /
- Perturbation de la structure : /
Données biologiques
- Nombre minimum d’individu : 1.
- Orientation : est-ouest, tête à l’ouest.
- Dépôt primaire : oui (maintien en connexion d’articulations labiles).
- Représentation squelettique : bonne.
- État de conservation du squelette : bon.
- Âge : individu adulte âgé de 20 à 30 ans (Schmitt, 2005 ; P = 0.97 ; os longs et crête iliaque mâtures et fusion en cours de l’extrémité sternale de la clavicule).
- Sexe : masculin (DSP, Murail et alii, 2005, P = 1, confirmé par les analyses paléogénomiques).
- État sanitaire et paléopathologique : une petite carie sur la première incisive supérieure gauche.
Position du défunt, espace de décomposition et architecture funéraire
175Le défunt a été déposé sur le dos selon une orientation est-ouest, la tête à l’ouest, les membres en extension. Un espace vide est laissé à la tête. Le dépôt est primaire, la décomposition du corps de cet individu s’est donc déroulée dans le lieu de dépôt définitif. Le squelette repose sur le fond de la fosse.
176Le bloc craniofacial apparaît en vue latérale gauche, déconnecté de la mandibule et des vertèbres cervicales. Il semble que sa position soit secondaire et résulte de phénomènes taphonomiques. L’extrémité acromiale de la clavicule gauche sort légèrement du volume du corps. La cage thoracique est mise à plat et la patella droite a chuté. Les articulations talo-crurales sont déconnectées, les pieds apparaissent en vue médiale. Ces observations constituent des arguments de décomposition en espace vide.
177Plusieurs éléments apparaissent en déséquilibre potentiel par rapport au volume extérieur du corps, à distance des parois de la fosse. C’est le cas de l’humérus gauche, qui apparaît en vue latérale stricte, mais également des éléments de la main droite, demeurés en connexion stricte sur l’extrémité proximale du fémur droit et des coxaux, qui apparaissent en vue antérieure stricte. Le défunt semble donc avoir subi des contraintes latérales, pouvant avoir été induites par un contenant souple et/ou par un contenant rigide relativement étroit, qui aurait pu être déposé dans une fosse directement colmatée. La faible profondeur de la fosse devrait permettre d’écarter l’hypothèse d’une chambre. Le fait que les éléments de la main droite se trouvent en connexion stricte en position instable peut laisser penser que le colmatage de la sépulture à ce niveau a été relativement rapide, ou du moins a eu lieu alors que certaines contentions ligamentaires n’étaient pas encore décomposées. Il n’est évidemment pas exclu que ces éléments aient pu être maintenus par un élément vestimentaire, de type gants par exemple.
178Aucune trace de bois n’a été identifiée à la fouille.
La sépulture 9999, vue générale zénithale.
Cliché : A. Latron Collechia, Inrap.
179L’étude biologique et l’analyse taphonomique ont été réalisées par Amélie Pélissier (PAIR), dans le cadre du rapport de diagnostic (Pélissier dans Schneikert, 2012, p. 70 et 111-114).
Fosse : fosse rectangulaire à parois verticales.
Dimensions : L. et l. non renseignées. Profondeur : 0,70 m par rapport au niveau du décapage.
Éléments d’architecture funéraire conservés : /
Nombre minimum d’individu : 1.
Représentation squelettique : moyenne.
État de conservation du squelette : mauvaise.
Perturbation de la structure : pelle mécanique, bioturbations.
Encaissant : lœss.
Architecture funéraire présumée : contenant rigide ajusté au corps du défunt, pas d’information sur l’aménagement de la tombe.
Mobilier : /
Datation 14C : 416-545 AD (calibration 2 σ).
Données biologiques
- Âge : individu adulte âgé de plus de 20 ans (Bruzek et alii, 2005 ; Schmitt, Georges, 2008).
- Sexe génétique : féminin.
- État sanitaire et paléopathologique (F. Chenal, Inrap) : douze pertes dentaires ante mortem, une carie importante sur la M3 supérieure gauche.
180Ostéophytose sur la dent de l’axis, le pourtour de la fossette de la dent sur l’atlas, sur les facettes articulaires supérieures gauches de C4 et C5, sur les facettes articulaires inférieures gauches de C3 et C4 et fusion des corps vertébraux de T3 et T4.
181Cet individu présente, au niveau du rachis lombaire, les marques d’une probable infection touchant les plateaux vertébraux de deux vertèbres adjacentes (probablement L1 et L2), qui sont endommagés par des abcès infectieux de surfaces importantes, de type abcès froids. Le corps vertébral de la L1 s’en trouve réduit des ¾ en hauteur, provoquant une angulation antéro-postérieure de la colonne vertébrale. La colonne vertébrale et le squelette en général étant très mal conservés, il est délicat d’envisager un diagnostic sur la base de cette seule observation, mais l’hypothèse d’une maladie infectieuse est cependant privilégiée.
182Une importante perte de substance osseuse est également visible sur le neurocrâne, au niveau de la tempe droite, sur l’os frontal (54,49 x 34,47 mm). L’examen de la tranche de la section de l’os montre un début de cicatrisation par réaction osseuse, qui recouvre totalement la structure alvéolaire du diploé. Le pourtour de la lacune est irrégulier.
183Cette lésion a tout d’abord été interprétée comme une trépanation (Schneikert, 2012). Mais après examen minutieux, sous binoculaire, de la morphologie, il semblerait qu’il faille plutôt orienter le diagnostic vers une maladie infectieuse. Si on prend en compte les lésions visualisées sur la colonne vertébrale, il est tentant d’orienter le diagnostic vers un cas de tuberculose. Mais d’autres pathologies sont susceptibles d’engendrer des perforations crâniennes (tréponématoses, actinomycoses, histiocytoses, aspergillose ou histoplasmose pour n’en citer que quelques-unes). Pour confirmer le diagnostic, une recherche biologique moléculaire du génome du pathogène serait déterminante.
Position du défunt, espace de décomposition et architecture funéraire (A. Pélissier, Archéologie Alsace)
184C’est un dépôt primaire individuel. L’état de conservation du squelette est moyen mais la représentativité osseuse est bonne. Le membre supérieur droit a été perturbé par la pelle mécanique lors de la réalisation de la coupe longitudinale de la fosse. Le sujet est orienté ouest-est avec la tête à l’ouest. Il repose sur le dos, les membres en extension.
185Le bloc craniofacial apparaît en face supéro-latérale gauche, déconnecté de la mandibule. Il s’est effondré vers l’avant du corps.
186Les clavicules sont verticalisées, leur extrémité sternale a migré au sein de la cage thoracique. Le membre supérieur droit est très fragmenté, perturbé et repose sur une galerie d’un terrier. Le radius et l’ulna ont été déplacés, nous ne pouvons donc pas restituer leur face d’apparition. Le carpe n’est pas conservé. Les métacarpiens et les phalanges sont en face dorsale, le long de la diaphyse fémorale droite, à l’extérieur du volume initial du corps.
187La cage thoracique s’est affaissée. Le rachis est en connexion étroite et apparaît en face antérieure. Une torsion est toutefois observable entre les segments thoracique et lombaire.
188La ceinture pelvienne est semi-ouverte. L’os coxal droit s’est affaissé sur le fond de la fosse tandis que le gauche est toujours en position quasi anatomique.
189Le fémur droit apparaît en face postérieure et a fait une rotation de 180° vers l’extérieur du volume initial du corps, en se déconnectant de l’acétabulum.
190L’articulation du genou droit est rompue. Le tibia est très fragmenté mais il semble être en face médiale, tandis que la fibula est en face postérieure. Le fémur gauche est en face antérieure et l’articulation de la hanche est maintenue. L’articulation du genou gauche est déplacée. Le tibia et la fibula gauches ont chuté vers l’intérieur du volume initial du corps et reposent en face latérale. Les connexions tibia/fibula ne sont pas préservées. Les ossements des pieds ne sont pas conservés.
191L’effondrement du crâne, la chute de la mandibule, la récurrence des déconnections articulaires, l’affaissement des scapulas, la mise à plat et l’élargissement de la cage thoracique, la chute du coxal droit et l’abduction du fémur gauche sont des indices permettant de conclure à un espace vide lors de la décomposition du corps. Nous pouvons noter une forte contrainte exercée sur le côté gauche du corps, de l’épaule jusqu’au membre inférieur (chute du tibia et de la fibula vers l’intérieur du volume initial). De même, nous observons un alignement entre les diaphyses humérale, ulnaire, radiale et fémorale gauches. C’est un effet de délimitation linéaire distant des parois de la fosse qui prouvent la présence d’un contenant en matière périssable. Enfin, la bascule du crâne vers l’avant du corps suggère l’existence d’un élément en matière périssable sous la tête de la défunte, sorte de coussin funéraire, qui en se dégradant provoque un vide et entraîne des mouvements.