Navigation – Plan du site

AccueilNumérosTome 71Comptes rendusMarie-Thérèse Raepsaet-Charlier, ...

Comptes rendus

Marie-Thérèse Raepsaet-Charlier, Institutions et fastes de la province romaine de Gaule Belgique d’Auguste à l’Empire gaulois (27 av. n.è.-260 d. n. è.)

Sabine Lefebvre
p. 468-469
Référence(s) :

Marie-Thérèse Raepsaet-Charlier, Institutions et fastes de la province romaine de Gaule Belgique d’Auguste à l’Empire gaulois (27 av. n.è.-260 d. n. è.), Bruxelles, CreA-Patrimoine, 2021, 218 p. (Études d’archéologie, 17). ISBN : 978-2-9602029-4-6.

Texte intégral

1Dans ce volume de 218 pages, Marie-Thérèse Raepsaet-Charlier nous livre sa réflexion sur une province de l’empire romain qu’elle connaît bien et depuis longtemps, la Gaule Belgique, espace auquel elle a déjà consacré nombre de travaux, en particulier dans le cadre du programme franco-belge Empreinte de Rome sur les Gaules et les Germanies initié en 1999.

  • 1 Meyers W., 1964, L’administration de la province romaine de Belgique, Bruges, De Tempel, 135 p. (D (...)
  • 2 En 1985 paraissait un bilan plus social et économique sur la province : Wightman É., 1985, Gallia (...)

2Si des travaux ponctuels sur telle cité, tel monument, tel personnage, n’ont pas manqué ces dernières décennies, depuis 19641, aucune synthèse conséquente sur l’administration de la Gaule Belgique n’avait été publiée2. Ainsi que le rappelle l’auteur, les découvertes et les publications des dernières années permettent aujourd’hui de disposer d’une vision plus complète du dispositif mis en place par les Romains, tant au niveau provincial que dans le cadre des cités.

  • 3 Sur la conquête, cf. l’ouvrage récent de Reddé M., 2022, Gallia Comata : la Gaule du Nord : de l’i (...)
  • 4 Blamangin O, Demon A., Hoët-van Cauwenberghe Chr. éd., 2020, Boulogne-sur-Mer antique, entre terre (...)

3Le volume est organisé en deux parties. Après une courte introduction, l’auteur évoque l’organisation administrative de la province en une cinquantaine de pages. Le cadre chronologique choisi peut surprendre : débuter à la date de 27 a.C. n’a guère de sens pour la Gaule Belgique, car la date de la création de la province n’est pas assurée, ainsi que le rappelle l’auteur (p. 13). La conquête est passée sous silence, mais ce n’était pas le propos de l’auteur3 ; mais une description plus ample de l’espace belge (p. 15 ; p. 17 pour les frontières) aurait sans doute permis de mieux cerner les enjeux lors de la création provinciale, entre autres de comprendre le choix de la capitale, Durocortorum-Reims. Une place importante est faites aux Tongres (p. 15-16) dont l’auteur est une grande spécialiste : elle propose ici une synthèse des connaissances actuelles. Quant à la date de 260 p.C., elle est très régulièrement outrepassée, l’auteur se référant souvent à la situation postérieure au découpage provincial de Dioclétien. Province proche de la frontière de l’empire, la Gaule Belgique a été modestement marquée par le fait militaire (p. 18-20), qu’il s’agisse de rébellion ou d’incursions. Bien que province inerme, on y trouve le port de la classis Britannica à Gesoriacum-Boulogne4.

4Le cadre posé, l’auteur présente les autorités du pouvoir central (p. 21) ; les différents agents impériaux sont tour à tour présentés : légats de la Gallia Comata, légats propréteurs, procurateurs financiers, subprocurator, adiutor, puis procurateur affranchi, procurateur du patrimoine ou du vingtième des héritages, de l’affranchissement, des véhicules, de la ratio privata, du recensement, commandant de la flotte de Boulogne. Chaque individu fait l’objet d’une notice prosopographique, comprenant les références prosopographiques, les renvois aux sources, la datation de la fonction exercée, quelques mots sur la carrière du personnage et un commentaire plus ou moins étoffé tenant compte des derniers apports de la recherche. L’auteur ne retient pas certains individus, pour qui les informations ne sont pas suffisantes. Son acribie fait de ces fastes un outil de travail fort utile : le personnel subalterne (p. 53) n’est pas oublié, même si les individus sont moins bien connus ; les divers bureaux autour du gouverneur ou des procurateurs sont évoqués, le personnel militaire ou civil fait l’objet d’une courte présentation. Ces quelques pages donnent un bon aperçu du fonctionnement d’une petite province et de la complexité du dispositif administratif mis en place par le prince, une province « appréciée du pouvoir romain » (p. 149), les légats gouverneurs ayant ensuite accès au consulat.

5La première partie se termine par les institutions supra-municipales (p. 61-63) dont la présentation aurait peut-être été mieux placée dans la seconde partie.

6Celle-ci (un peu plus de 80 pages) est consacrée aux cités de la province. Le cadre général est rappelé, avec en particulier le dossier de l’octroi du droit latin (p. 65-66), qui permet de suivre l’intégration des populations jusqu’à la romanisation juridique avec l’accès à la citoyenneté romaine. Une rapide présentation des statuts (p. 66), de la religion (p. 67), des subdivisions de la cité (p. 68), des voies (p. 71) et des carrières locales (p. 71) permet au lecteur de mieux appréhender chaque cité que l’auteur présente ensuite par zones géographiques en lien avec la réforme de Dioclétien (en dehors du cadre chronologique retenu pour l’ouvrage), celle de Gaule Belgique au sens strict, puis les cités orientales, et enfin les cités méridionales qui ont constitué une partie de la Germanie inférieure à partir de Domitien ; il était utile de les traiter car elles ont participé à la vie de la Gaule Belgique durant la période la mieux connue, le Ier siècle p. C.

7Pour chaque cité , plusieurs rubriques ont été prévues : les sources mentionnant le nom de la cité, la capitale de la civitas, la mention des divinités locales, les magistratures et responsabilités locales – le curateur de cité nommé par le prince est-il ici bien à sa place ? (p. 85) –, le conseil décurional, les notables, sévirs et évergètes, les citoyens locaux hors de leur cité, la présence de fonctionnaires impériaux, l’organisation du territoire civique, les étrangers dans la cité, les métiers et enfin les sanctuaires. Chaque rubrique est plus ou moins développée en fonction des informations connues. Ces rubriques sont très riches et fort utiles : on peut noter en particulier le sanctuaire de Nehalennia à Domburg ou le rôle de pôle économique de Colijnsplaat (p. 93). Plusieurs tableaux utiles permettent de mettre en évidence les propos de l’auteur, sur les dédicaces trévires par exemple (p. 116-117).

8Le volume comprend aussi une bibliographie prenant en compte les travaux récents, fort utile pour le lecteur souhaitant approfondir tel ou tel dossier. Il faut aussi noter la grande qualité du dossier cartographique (9 cartes en couleur) et l’ampleur des indices qui comprennent un index nominum organisé sur le modèle du Corpus Inscriptionum Latinatum, un index geographicus, un index rerum, un index locorum particulièrement bien organisé pour les sources épigraphiques.

9Si une seconde impression a lieu, il faudra veiller à corriger quelques scories : par exemple tria nomina qui n’est pas systématiquement en italique, des tableaux avec des superpositions de ligne (p. 111).

  • 5 Hoët-van Cauwenberghe Chr., 2022, à paraître, La province de Gaule Belgique : approches politiques (...)

10Ce volume propose une synthèse sur la province de Gaule Belgique, fort utile méthodologiquement en particulier pour les étudiants travaillant sur cette région mais aussi pour tout chercheur curieux. On y retrouve les grandes qualités de l’auteur, sa rigueur scientifique, sa profonde connaissance des sources, la qualité de sa réflexion. Il faut noter que cette province est en ce moment « à la mode », une présentation plus complète de l’espace provincial et de son organisation administrative devant paraître d’ici peu5, qui complètera la belle synthèse de Marie-Thérèse Raepsaet-Charlier.

Haut de page

Notes

1 Meyers W., 1964, L’administration de la province romaine de Belgique, Bruges, De Tempel, 135 p. (Dissertationes archaeologicae gandenses, 8).

2 En 1985 paraissait un bilan plus social et économique sur la province : Wightman É., 1985, Gallia Belgica, Londres, B.T. Batsford, 386 p.

3 Sur la conquête, cf. l’ouvrage récent de Reddé M., 2022, Gallia Comata : la Gaule du Nord : de l’indépendance à l’Empire romain, Rennes, PUR, 400 p.

4 Blamangin O, Demon A., Hoët-van Cauwenberghe Chr. éd., 2020, Boulogne-sur-Mer antique, entre terre et mer : Gesoriacum-Bononia, le port et son arrière-pays à l’époque romaine, Actes de la table ronde du PCR, Atlas topographique de la ville antique de Boulogne-sur-Mer, Boulogne-sur-Mer, 24-25 sept. 2015, Villeneuve-d’Ascq, PUS, 446 p.

5 Hoët-van Cauwenberghe Chr., 2022, à paraître, La province de Gaule Belgique : approches politiques et sociales sous le Haut-Empire romain, numéro hors-série de la Revue du Nord.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Sabine Lefebvre, « Marie-Thérèse Raepsaet-Charlier, Institutions et fastes de la province romaine de Gaule Belgique d’Auguste à l’Empire gaulois (27 av. n.è.-260 d. n. è.) »Revue archéologique de l’Est, Tome 71 | 2022, 468-469.

Référence électronique

Sabine Lefebvre, « Marie-Thérèse Raepsaet-Charlier, Institutions et fastes de la province romaine de Gaule Belgique d’Auguste à l’Empire gaulois (27 av. n.è.-260 d. n. è.) »Revue archéologique de l’Est [En ligne], Tome 71 | 2022, mis en ligne le 01 octobre 2022, consulté le 10 décembre 2023. URL : http://journals.openedition.org/rae/16451

Haut de page

Auteur

Sabine Lefebvre

Université de Bourgogne-Franche-Comté - UMR 6298 ARTEHIS

Articles du même auteur

Haut de page

Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search