Navigation – Plan du site

AccueilNumérosTome 73Cohons La Vergentière (Haute-Marn...

Cohons La Vergentière (Haute-Marne) : révision du mobilier céramique néolithique

Cohons La Vergentière (Haute-Marne): revisiting neolithic ceramic objects
Laura Redon
p. 75-92

Résumés

Aux limites d’un secteur géographique encore peu documenté pour le Néolithique, le site de Cohons La Vergentière occupe une place de choix pour initier une nouvelle exploration de la zone. Un état des lieux s’avérait ainsi nécessaire en révisant le corpus céramique issu des fouilles réalisées dans les années 1970-80. La reprise d’une partie du mobilier céramique du sondage 1 nous a permis de mettre en évidence des caractères propres au Néolithique moyen bourguignon. Ce retour au mobilier a également été l’occasion de discuter les restitutions réalisées lors des précédentes études. C’est donc à partir d’un corpus renouvelé que nous proposons de nouvelles pistes de discussions. Si une occupation du Néolithique moyen bourguignon est à présent mieux délimitée au sein du corpus, des indices plus discrets ouvrent la voie vers de nouvelles perspectives avec en particulier des affinités avec la culture du Munzingen ou du Cortaillod.

Haut de page

Texte intégral

I. Introduction

I.1. Situation géographique

1La commune de Cohons est située dans le sud du département de la Haute-Marne, dans la région Grand Est, à une dizaine de kilomètres au sud de la ville de Langres, à la limite du plateau calcaire de Langres (fig. 1). Le secteur s’inscrit plus largement au centre du Seuil morvano-vosgien entre les bassins de la Marne et de la Vingeanne. La Vergentière est aujourd’hui une parcelle boisée d’une cinquantaine d’hectares à l’ouest de la commune. Le site, en éperon, donne sur la vallée depuis sa face sud et la domine d’une centaine de mètres de hauteur.

Fig. 1. Situation géographique de Cohons La Vergentière (DAO : L. Redon. Fond de carte : NASA Shuttle Radar Topography Mission).

Fig. 1. Situation géographique de Cohons La Vergentière (DAO : L. Redon. Fond de carte : NASA Shuttle Radar Topography Mission).

I.2. Les vestiges

2Les vestiges aujourd’hui conservés sur le site sont de deux ordres (fig. 2). Tout d’abord, un large talus enferme le site sur ses faces nord et est sur une surface de 11 ha. Des fouilles, sur lesquelles nous reviendrons, ont révélé que ce talus était le vestige d’un rempart effondré en pierres sèches (LEPAGE, 1992). Sa longueur est estimée à plus de 700 m. Il s’élève à environ 3 m de hauteur sur sa face nord tandis que sur sa face est, à partir du chemin dit de La Vergentière, il ne dépasse pas le mètre. Cet aspect s’explique en grande partie par la rupture de pente dans laquelle les pierres, encore visibles, se sont éboulées lors de son effondrement.

Fig. 2. Plan du site. Celui-ci a été géoréférencé en combinant les services de cartographie en lignes et le plan d’après L. Lepage (DAO : L. Redon d’après LEPAGE, 1992, plan hors-texte).

Fig. 2. Plan du site. Celui-ci a été géoréférencé en combinant les services de cartographie en lignes et le plan d’après L. Lepage (DAO : L. Redon d’après LEPAGE, 1992, plan hors-texte).

3Le deuxième type de vestiges rencontré sur le site concerne le domaine funéraire. À 200 m au nord du rempart, une concentration de tertres et de structures massives en pierre a été interprétée comme une nécropole extra-muros (LEPAGE, 1992). Quatre structures (sp. 1 à 4 ; fig. 2, D) sont des sépultures dont les parois sont matérialisées par des dalles. Un tertre recouvrait chacune de ces sépultures qui sont encore pour certaines en partie enfouies (sp. 3 et 4). Dans l’emprise des sépultures 1 et 2, les fouilles de L. Lepage (1992) ont permis de mettre au jour un ensemble d’ossements sans connexion apparente et rattachable à plusieurs individus. D’autres structures aux abords immédiats de ces vestiges ont également été mentionnées par L. Lepage (fig. 2, D, st. 3 et 4). Divers bouleversements au cours du temps rendent toutefois leur lecture difficile. Le regroupement de ces vestiges en un même complexe funéraire doit donc être perçu avec prudence. En effet, l’identification de ces structures comme des sépultures n’est pas toujours évidente, mais il faut aussi noter que la contemporanéité des sépultures découvertes n’est pas clairement établie. Enfin, l’étendue de cet espace reste encore mal appréhendée et mériterait des prospections plus poussées.

4Lors d’études antérieures, il a été conclu que le site avait été occupé durant le Néolithique moyen et l’âge du Bronze (GAILDRAUD, 1937 ; LEPAGE, 1992). Même si L. Lepage évoque un premier état au Néolithique moyen II (NM II) pour le rempart, il est en réalité plus prudent d’évoquer une datation pré- et protohistorique (cf. § I.3.3). Les époques plus tardives à partir de l’âge du Fer sont quant à elles représentées par quelques éléments ponctuels récupérés en surface. Il faut également mentionner la présence de plusieurs linéaires de pierres sur l’ensemble du site. Ceux-ci peuvent être des « meurgers » qui ont délimité des parcelles mises en cultures durant les époques médiévale et moderne (PININGRE, RICHARD, 1999).

I.3. Historique des recherches

I.3.1. Le Néolithique en Haute-Marne

5Le Néolithique haut-marnais est aujourd’hui encore mal connu (BASSET, VANMOERKERKE, 2006, ; LAURELUT et alii, 2014, p. 426, fig. 1). L’archéologie préventive intervient peu et les recherches, souvent anciennes, sont principalement menées depuis le XIXe siècle par des bénévoles. Elles sont alors centrées majoritairement sur les mégalithes et sépultures collectives ainsi que sur des prospections de surface (SALMON, 1880 ; DRIOUX, 1931 ; BALLET, 1971 ; DECRON, 1994 ; BONNABEL et alii, 2014). Les premières recherches prennent ainsi la forme d’inventaires. Le premier inventaire comprenant des comparaisons et des propositions d’attributions chronoculturelles a été soumis par L. Lepage et L. Thomas (1994). Avec J.-C. Étienne, ils ont tous trois largement participé à étoffer la documentation archéologique du secteur à partir des années 1970. Néanmoins, les sites néolithiques qu’ils ont étudiés ont été souvent victimes de perturbations humaines (pillages, fouilles anciennes…) et le mobilier mis au jour est souvent peu caractéristique (à titre d’exemple : Andelot Fort Bévaux, Vitry-lès-Nogent La Pierre Alot, Nogent La Pierre Tournante ; ÉTIENNE, LEPAGE, 1976 ; LEPAGE, 1985 ; 1986 ; LEPAGE, THOMAS, 1994). Plus récemment, des prospections se sont poursuivies sur les mégalithes (MAHIEU, 2006), mais se sont aussi étendues aux sites de hauteur (SCHMITTER, 2018). Ces derniers n’ont toutefois pas fait l’objet de recherches plus poussées et il faut alors se rendre à Bourguignon-lès-Morey Le Camp romain, à une trentaine de kilomètres à vol d’oiseau vers l’est, pour trouver un site bien documenté et à l’implantation comparable à celle de La Vergentière. Aux abords du seuil de Bourgogne, le site est implanté sur un éperon à l’extrémité septentrionale de la Montagne de la Roche. Cette situation lui permet d’occuper une place privilégiée au centre d’un secteur aux reliefs peu marqués. Fouillé une première fois à la fin du XIXe siècle, il a fait l’objet d’une importante campagne de fouille menée par J.-F. Piningre entre 1992 et 2004 (PININGRE et alii, 2004 ; MOREAU, 2010). Un rempart en pierre de 480 m de longueur barre l’éperon à l’est. Les occupations datées du Néolithique moyen sont attribuées pour une première phase au Bischheim occidental et au Michelsberg I-II (MK) et/ou au Groupe de Noyen, puis pour les phases postérieures au Néolithique moyen bourguignon avec des affinités Munzingen (MZ) ancien.

I.3.2. Les recherches à La Vergentière

6Le site de La Vergentière est repéré dès la deuxième moitié du XIXe siècle par H. Defay qui décrit le lieu comme un camp gaulois (DEFAY, 1863). Par la suite, un manuscrit, daté de 1909 et mentionné par L. Lepage, révèlerait que des fouilles y ont été réalisées sans qu’aucune documentation nous soit parvenue. Le début de ce siècle est également marqué par les prospections de l’abbé Miot (DRIOUX, 1931). Durant le XXe siècle, le site fait l’objet de nombreuses prospections par des amateurs et érudits locaux comme P. Ballet ou encore par l’un des frères Colson (BALLET, 1971 ; Lepage, 1992). Entre 1932 et 1939, C. Gaildraud y entame des fouilles. Il serait le premier à parler d’une occupation néolithique (GAILDRAUD, 1937 ; LEPAGE, 1986b). En 1965, ce chercheur présente le site à L. Lepage. Il lui communique à cette occasion l’ensemble du mobilier qui avait été mis au jour au cours de ses fouilles. Alors motivé par la protection des vestiges menacés par des fouilles clandestines, L. Lepage décide de reprendre les recherches sur ce site et lance une campagne de fouille entre 1976 et 1985.

I.3.3. Les fouilles dirigées par Louis Lepage

7Lors de ces campagnes de fouille, L. Lepage et son équipe ont ouvert une surface totale d’un peu plus de 370 m². Les sondages se sont concentrés principalement sur le côté est du rempart et ses abords immédiats (sondage 1 à sondage 6) ainsi que sur les tertres et structures au nord du site (fig. 2). Le plus important d’entre eux est le sondage 1, couvrant à lui seul une surface de 216 m² (fig. 3, A). Les couches surplombant directement le substrat ont été identifiées comme les couches renfermant les indices d’occupation néolithique (fig. 3, B et C). Dans ce sondage, un alignement de poteaux a été mis au jour sous la forme de tâches charbonneuses (fig. 3). Une « faille » a été mise en évidence dans le substrat dans les coupes nord (coupe 1) et sud. Elle est remplie d’un sédiment rouge et de pierres éboulées et est située auprès de cet alignement de poteaux. Il est impossible pour le moment d’avancer une utilisation de cette faille en rapport avec le rempart mais il semble que du matériel néolithique ait été trouvé en son sein puisque de rares sacs de mobiliers sont étiquetés avec cette information. Une nouvelle exploration serait requise sur ces zones afin de mieux comprendre ces aménagements et leur rapport avec le rempart en pierre ainsi que leur datation.

Fig. 3. A : Plan du sondage 1 et localisation des relevés de fouille. B : Coupe 1. C : Restitution des couches de la coupe 1 sur une photographie de fouille d’après Louis Lepage (DAO : L. Redon d’après relevés de terrain ; cliché : équipe de fouille, 1982).

Fig. 3. A : Plan du sondage 1 et localisation des relevés de fouille. B : Coupe 1. C : Restitution des couches de la coupe 1 sur une photographie de fouille d’après Louis Lepage (DAO : L. Redon d’après relevés de terrain ; cliché : équipe de fouille, 1982).

8Trois datations radiocarbone ont été effectuées dans le sondage 1 à partir d’échantillons prélevés dans les couches rattachées au Néolithique. Elles ont néanmoins livré des écarts-types trop importants pour être retenues.

I.4. Les cultures régionales

I.4.1. Un secteur mal défini

9Selon la dernière étude consacrée au site, l’une des principales occupations de La Vergentière se serait donc établie au cours du NM II avec la culture du Néolithique moyen bourguignon (NMB ; LEPAGE, 1992). Celle-ci s’inscrit entre environ 4000 et 3600 av. n.è. et s’étend sur une aire vaste touchant la Haute-Marne, le sud des Vosges et la trouée de Belfort au nord et la région lyonnaise au sud (fig. 4). Elle est délimitée à l’est par la rive occidentale du lac de Neuchâtel et à l’ouest par la Bourgogne occidentale, avec une extension dans le Cher (PÉTREQUIN, PÉTREQUIN, 2015a, p. 11). Notre site se place à la limite septentrionale de l’aire d’extension connue. Plus au nord, les données archéologiques manquent. Il faut alors se tourner vers l’est, en Alsace, pour retrouver des territoires très bien documentés avec la culture du Munzingen qui s’étend de 3900 jusqu’en 3500 av. n.è. pour les phases plus récentes en Basse-Alsace (DENAIRE, LEFRANC, 2020). Au nord-ouest, le Groupe de Noyen est centré sur le territoire de la Bassée. Encore mal défini, il est positionné chronologiquement à la fin du Ve millénaire. Dans ses premières phases, le Groupe de Noyen aurait été en contact avec le Bischheim occidental, un faciès basé dans le Bassin parisien et issu du Bischheim rhénan, ainsi qu’avec le Chasséen de type Chassey. Ce dernier s’est principalement implanté sur le littoral méditerranéen, mais des occupations sont connues bien plus au nord tout au long du couloir rhodanien jusqu’à Chassey-le-Camp La Redoute, le site éponyme, voire même jusqu’à Marcheseuil Montagne de Bard (NICOLARDOT, 2003, fig. 175). Avec le Bischheim occidental, et associé à une influence chasséenne, le Groupe de Noyen participerait à la genèse du Michelsberg dans le Bassin parisien (JEUNESSE, 1998 ; JEUNESSE et alii, 2003). Le MK I-II s’installerait dans un premier temps dans le Bassin parisien avant de s’étendre à la plaine du Rhin (4100 av. n.è. au plus tôt) puis à toute la Rhénanie dans ses phases plus récentes (MK IV-V ; JEUNESSE et alii, 2003 ; DENAIRE et alii, 2011).

Fig. 4. Cultures néolithiques du quart nord-est de la France au NM II, entre 4000 et 3600 av. n.è. (d’après JEUNESSE et alii, 2019, p. 70, fig. 6).

Fig. 4. Cultures néolithiques du quart nord-est de la France au NM II, entre 4000 et 3600 av. n.è. (d’après JEUNESSE et alii, 2019, p. 70, fig. 6).

I.4.2. Le Néolithique moyen bourguignon

10Cette partie n’a pas pour objectif de revenir sur l’ensemble des travaux qui ont participé à la définition du NMB. Nous renverrons pour cela à l’historique réalisé dans le travail de thèse de L. Jammet-Reynal (2012, p. 19-28). Il s’agit plutôt ici de rappeler les derniers travaux importants sur lesquels nous nous sommes basés afin de reprendre les réflexions sur le site de La Vergentière. Depuis le colloque de Beffia (PÉTREQUIN, GALLET, 1986), deux chercheurs ont récemment tenté de reprendre la définition du NMB afin de proposer une périodisation interne (MOREAU, 2010 ; JAMMET-REYNAL, 2012).

11Le premier travail, achevé en 2010 par C. Moreau, se centre sur la quasi-entièreté de la Bourgogne et sur ses environs immédiats. La périodisation exposée est basée sur l’étude typologique d’un corpus conséquent de céramiques très fragmentées issues de contextes terrestres. Un calage chronologique a été ensuite proposé en utilisant les datations 14C à disposition. Elles sont néanmoins issues de fouilles anciennes et de contextes où la stratigraphie n’est pas toujours claire. Trois groupes typochronologiques ont ainsi été avancés, s’étendant entre 4300 et 3650 av. n.è.

12Le deuxième travail, terminé en 2012 par L. Jammet-Reynal, est centré principalement sur le Jura. Ces travaux ont été les prémices d’une réflexion plus large consacrée aux sites de Clairvaux-les-Lacs et publiée sous la direction de P. Pétrequin et A.-M. Pétrequin (2015c). Au sein de cette vaste monographie, la typologie a été établie sur les corpus lacustres de Clairvaux-les-Lacs et Concise-sous-Colachoz. Par la suite, les corpus terrestres, pour un certain nombre déjà étudiés par C. Moreau (2010), ont été mobilisés pour valider la typologie sur l’ensemble de l’aire de répartition du NMB. À cette typologie s’ajoute une étude des tendances techniques qui permet de compléter ces propositions. Là où C. Moreau (2010, 2014) discutait d’évolution dans le temps, il est ici distingué deux faciès stylistiques contemporains se côtoyant entre 3900 et 3635 av. n.è.: la Molle-Pierre, ou style bourguignon, et la Motte-aux-Magnins, ou style jurassien.

13Sur la figure 5, on remarque rapidement que les deux propositions se répondent dans la répartition des groupes. Le groupe 1 de C. Moreau, considéré comme une phase de formation du NMB, correspond à une étape antérieure repérée par P. Pétrequin et alii (2015a), mais qui n’a pas été retenue comme une étape à part entière du NMB. Certains sites du groupe 1 et le groupe 2 de C. Moreau (2010, 2014) correspondent bien au style bourguignon, dit de la Molle-Pierre, tandis que le groupe 3 correspond au style jurassien, dit de la Motte-aux-Magnins.

Fig. 5. Propositions de subdivision du NMB par C. Moreau et P. Pétrequin et alii (DAO : L. Redon, d’après MOREAU, 2010, p. 477, fig. 244 et PÉTREQUIN et alii, 2015, p. 558, fig. 35 ; p. 559, fig. 36 ; p. 562, fig. 39).

Fig. 5. Propositions de subdivision du NMB par C. Moreau et P. Pétrequin et alii (DAO : L. Redon, d’après MOREAU, 2010, p. 477, fig. 244 et PÉTREQUIN et alii, 2015, p. 558, fig. 35 ; p. 559, fig. 36 ; p. 562, fig. 39).

14Ces deux propositions s’accordent sur la forme prise par les étapes précédant le NMB. Un substrat favorable à la formation du style bourguignon associerait des influences du Chasséen de type Chassey et du Groupe de Noyen/MK I-II. Ces occupations précédant le NMB sont notables à Chassey-Le-Camp La Redoute, couche 9 avec une occupation chasséenne à laquelle succéda l’occupation NMB (THEVENOT, 2005). Il a été également reconnu une occupation Groupe de Noyen/MK I-II à Bourguignon-lès-Morey Camp romain dans l’ensemble inférieur du rempart est qui précède une couche composée de vases de style bourguignon, précèdant elle-même une couche où les styles bourguignons et jurassiens cohabitent (PÉTREQUIN et alii, 2015a, p. 532). En parallèle, P. Pétrequin et alii (2015a) suggèrent des influences nord-orientales annonçant le style jurassien. Ces influences pourraient impliquer le Bruebach-Oberbergen et le Bischheim Occidental du Rhin Supérieur. L’extension de ces cultures dans l’aire connue du style de la Motte-aux-Magnins est toutefois peu documentée.

I.5. Problématique

15Le Seuil morvano-vosgien se trouve ainsi au croisement de diverses cultures à la fin du NM I et durant le NM II. Celles-ci, pour la plupart fréquemment révisées, ne sont en fait que timidement documentées sur notre secteur géographique. Cohons La Vergentière, par sa localisation, est ainsi un point de départ non négligeable pour entamer une nouvelle réflexion sur le Néolithique de cette zone au nord de l’aire d’occupation connue du NMB. Mobilisé en 1983 au colloque de Beffia où furent mises en place les bases du NMB, le site ne joua pourtant qu’un rôle mineur au moment de reprendre la définition de cette culture dans les récents travaux (LEPAGE, 1986b ; MOREAU, 2010 ; JAMMET-REYNAL, 2012 ; PÉTREQUIN et alii, 2015a). Ces derniers ont permis de reprendre un ensemble important de corpus céramiques en Bourgogne et Franche-Comté afin d’avoir une vision claire du NM II régional. En marge de ceux-ci, La Vergentière n’a pas pu profiter d’une révision. Cet article se propose de faire un premier état des lieux au regard de la recherche actuelle. Parmi les principaux caractères déterminants pour la définition des cultures du secteur, la céramique est le matériel privilégié pour reprendre l’étude de ce site.

16Le NMB a été très tôt identifié sur le site, dès les années 1980, mais les dessins de plusieurs profils suggéraient des intrusions de diverses cultures à différentes époques sans que celles-ci n’aient été nettement délimitées (LEPAGE, 1992). Surtout, les restitutions de l’auteur devaient être questionnées. La fragmentation des poteries, que nous avons pu constater au cours de notre étude, empêchait très souvent une orientation assurée des tessons.

17Il n’est donc pas seulement question de confirmer une attribution au NMB, alors vaguement identifié. Au milieu de ce corpus très fragmenté, il faut repérer les indices fiables pouvant restituer les différentes cultures et périodes représentées sur le site et qui n’avaient pas été nécessairement perçues dans les années 1970-80.

18Il s’agit donc ici de mieux rendre compte du NMB de La Vergentière, aujourd’hui placé à l’interface de deux faciès stylistiques (un style bourguignon et un style jurassien), mais aussi de se poser la question suivante : le NMB est-il l’unique culture à s’implanter sur le site au cours du Néolithique ? La question mérite de se poser puisque l’on comprend depuis quelques années les différentes interactions culturelles au cours du NM I qui ont permis la formation de cette culture. Reconnus aussi depuis quelques décennies, les contacts entre le NMB et les cultures voisines sont sans nul doute une clé de lecture à ne pas omettre pour appréhender les interactions au nord du site.

II. Méthode

II.1. Reprise du corpus

19La reprise du corpus s’est déroulée dans le cadre d’un mémoire de Master de l’Université de Bourgogne-Franche-Comté encadré par A. Denaire et M. Charnot et en collaboration avec le Musée d’Art et d’Histoire de Langres.

20Dans un premier temps, il s’agissait d’isoler l’ensemble du mobilier céramique néolithique du sondage 1, qui est conservé au Musée d’Art et d’Histoire de Langres. Il a été décidé de se concentrer sur ce sondage qui semblait offrir un potentiel de remontage plus intéressant que les autres par la quantité de tessons recueillis. En parallèle, nous avons pu prendre connaissance de la documentation de fouille (minutes de terrain, photographies et rapports).

21Lors de ce tri, réalisé en l’absence d’un inventaire, il est apparu rapidement que le rangement manquait de clarté. Les tessons étaient regroupés par carré de fouille, mais des sacs de différents sondages étaient parfois mélangés dans les caisses. L’information du contexte de découverte était parfois manquante ou illisible, rendant la tâche plus ardue.

22Un total de 10 470 tessons, clairement attribués au Néolithique et au sondage 1, ont ainsi été isolés. Nous remarquons la nette prédominance des éléments de panse isolée qui composent 91 % de ce corpus (soit 9 507 tessons). La deuxième classe la mieux représentée concerne les bords, qui en constituent seulement 4 % (soit 440 tessons). Il faut noter l’importante fragmentation du corpus et la taille centimétrique des tessons dans la majorité des cas. Les tessons sont très rarement roulés et les cassures sont nettes.

23Nous pouvons observer sur la figure de répartition du mobilier que celui-ci ne se retrouve qu’en assez faible quantité aux abords des structures en bois (fig. 6). Cette observation doit toutefois être énoncée avec réserve puisque, comme nous l’évoquions plus tôt, l’ensemble de la céramique du sondage n’a pas forcément pu être identifié et récupéré.

Fig. 6. Répartition du mobilier au sein du sondage 1.

Fig. 6. Répartition du mobilier au sein du sondage 1.

24La deuxième étape de ce travail consistait donc à inventorier le mobilier et à rechercher des remontages. La phase de remontage n’a toutefois fourni que peu de résultats. La forte fragmentation du corpus et son hétérogénéité expliquent le nombre assez pauvre de recollages (~N = 200), principalement des éléments de panse.

II.2. Typologie

25La typologie des vases de La Vergentière a été construite dans un premier temps en prenant en considération tous les profils restitués dans la monographie pour les sondages 1, 2 et 6 (LEPAGE, 1992). Elle a été ensuite ajustée avec la reprise des vases du sondage 1.

26Les vases dessinés par L. Lepage et son équipe n’ont pas été signalés ou individualisés par eux. C’est donc au moment du montage des planches que nous avons pu effectuer des appariements avec le mobilier dessiné dans la monographie et effectuer un tri dans celui-ci. En effet, au vu de la forte fragmentation du corpus, il paraissait peu probable de restituer des formes aussi complètes et bien orientées que celles proposées par L. Lepage dans ses rapports et la monographie. Certains vases restitués, jugés douteux, ont donc été exclus de la typologie, et donc de notre discussion ; c’est le cas par exemple des vases de type Tulpenbecher (ibid., fig. 86-88 ; fig. 90, 1).

27Pour établir nos critères de catégorisation, nous nous sommes basés en partie sur la méthode et les terminologies proposées dans les travaux de C. Moreau (2010). Cette méthode a été adaptée au corpus de La Vergentière en allégeant le nombre de critères pris en compte.

28Notre typologie se divise en trois classes : la famille, le type et le sous-type. La famille permet de réunir des vases regroupant des caractéristiques morphométriques proches afin de faciliter par la suite le travail sur les types. À lui seul, ce degré de classification est bien trop large pour rendre compte pleinement de la grande diversité du corpus de La Vergentière.

  • Les familles ont été distinguées en prenant en considération trois critères : la taille du vase (inférieure ou supérieure à 10 cm), l’ouverture et le rapport largeur/hauteur. Une forme est dite « ouverte » lorsque le diamètre à l’ouverture (D1) est supérieur ou proche du diamètre maximal (D2) tandis qu'elle est dite « fermée » lorsque D1 < D2. Quant à la relation largeur/hauteur d’un vase, elle prend en compte la hauteur du vase (H1) et son diamètre maximal (D2). Une forme est très basse lorsque D2 > 2,5H1, basse lorsque 2,5H1 ≥ D2 ≥ 1,5H1 ou haute lorsque D2 < 1,5H1.
  • Le critère pour distinguer ensuite les types s’est appuyé sur le profil du vase. Le vase à profil simple ne possède ni point d’inflexion ni point de rupture, contrairement aux vases à profil complexe. Le point d’inflexion désigne un changement léger dans la courbe du vase et un point de rupture est un changement marqué par un angle. Les profils complexes peuvent se composer d’un épaulement ou d’une carène. Lorsque l’inflexion du profil est légère et n’est pas suffisante pour mentionner un épaulement, nous parlerons de profil en S.
  • Des sous-types ont enfin été répertoriés en se basant sur la forme du col. Ils peuvent être verticaux, concaves, évasés, éversés ou absents dans le cas des profils simples. La forme des bords ne rompt généralement pas avec la courbe induite par le col sauf dans un cas. Pour ce dernier, le bord est rentrant.

III. Les vases de La Vergentière

III.1. La pâte

29Les premières observations sur le corpus au cours du remontage ont donné une impression d’homogénéité globale concernant la composition de la pâte, et cela s’est vérifié à leur observation plus attentive au sein de notre échantillon. Elles sont principalement à base d’inclusions calcaires. L’étude des pâtes mériterait toutefois un intérêt plus poussé. La granulométrie est moyenne (entre 1 et 3 mm) et la densité a généralement un taux moyen (= 20 %, d’après ORTON et alii, 1993, p. 238) sur l’ensemble de l’échantillon.

30Une proposition de L. Lepage mérite d’être mentionnée concernant la nature de cette pâte. Il proposait une origine locale à la suite d’expérimentations lors desquelles fut utilisée une argile de décalcification prélevée sur l’éperon (LEPAGE, 1992, p. 94). Cette suggestion rejoint les modèles ethnoarchéologiques (ARNOLD, 2005 ; CAULIEZ et alii, 2017) et des propositions dans le cadre archéologique (RODOT, MARTINEAU, 2007 ; MOREAU, 2010 ; PÉTREQUIN, PÉTREQUIN, 2015b) qui démontrent un déplacement des populations excédant rarement une dizaine de kilomètres pour l’acquisition de l’argile.

31Des pâtes coquillées ont également été observées, mais, même si elles sont attestées dans les secteurs voisins pour le Néolithique (MOREAU, 2010), elles ne seront pas incluses dans la discussion puisque les formes qui leur sont rattachées rappelaient plutôt des périodes postérieures. Quelques pâtes silicatées sont attestées. Aucun dégraissant n’a été reconnu. D’une manière générale, les argiles utilisées dans les sites voisins, principalement NMB, reflètent les contextes géologiques au sein desquels ils se localisent (ibid., p. 409). Les pâtes carbonatées sont également reconnues comme étant majoritaires dans cette aire culturelle (RODOT, MARTINEAU, 2007).

III.2. Les profils (fig. 7)

Fig. 7. Typologie de La Vergentière

Fig. 7. Typologie de La Vergentière

32Au cours de notre travail, nous avons pu restituer dix profils (sans compter les plats à cuire). À ceux-ci s’ajoutent les dix-neuf profils sélectionnés dans la monographie (LEPAGE, 1992) que nous avons jugés fiables et que nous avons pu maintenir dans notre typologie ainsi que dans la discussion finale. Nous pouvons voir la répartition des types entre ceux que nous avons documentés et ceux issus des travaux de L. Lepage sur la figure 8. Nous n’avons pas intégré les plats à cuire, très facilement reconnaissables et certainement surestimés, que ce soit dans nos travaux ou ceux de L. Lepage.

Fig. 8. Répartition des vases par types. La distinction est faite entre les types documentés au cours de ce travail et les types tirés de la monographie de L. Lepage (1992).

Fig. 8. Répartition des vases par types. La distinction est faite entre les types documentés au cours de ce travail et les types tirés de la monographie de L. Lepage (1992).

33Le gobelet est un vase ouvert et haut (N = 1). Sa hauteur est inférieure ou égale à 10 cm. Il désigne un individu du sondage 1 (fig. 9, n° 1).

Fig. 9. Mobilier céramique de Cohons La Vergentière (dessins et DAO : 1-6, 10-11 et 13 : L. Redon ; 7-9 et 12 : in : LEPAGE, 1992).

Fig. 9. Mobilier céramique de Cohons La Vergentière (dessins et DAO : 1-6, 10-11 et 13 : L. Redon ; 7-9 et 12 : in : LEPAGE, 1992).

34Les bols sont des formes ouvertes et basses dont la hauteur est inférieure ou égale à 10 cm. Ils se subdivisent en quatre types. Le bol à profil simple en calotte n’a aucune rupture dans son profil (fig. 9, nos 2-4 ; fig. 10, nos 1-3). Un exemplaire du sondage 2 semble porter un cordon, mais cela reste à confirmer (n° 3). Les autres catégories ont des profils complexes et des panses hémisphériques. Le bol à épaulement marqué et col vertical est une forme que l’on retrouve à la fois dans le sondage 1 et dans le sondage 2 (fig. 9, n° 5 ; fig. 10, n° 4). L’individu que nous avons étudié présente une couleur grise avec un aspect brillant sur toute sa surface externe (fig. 9, n° 5). Aucune trace n’a pu être observée pour permettre d’identifier les techniques du brunissage ou du polissage. Un bol caréné et à col concave a été mis au jour dans le sondage 2 (fig. 10, n° 5). Les bols à profil en S se retrouvent exclusivement dans le sondage 1 (fig. 9, nos 6-8).

Fig. 10. Mobilier céramique de Cohons La Vergentière (dessins et DAO : 11 : L. Redon ; 1-10 : in : LEPAGE, 1992).

Fig. 10. Mobilier céramique de Cohons La Vergentière (dessins et DAO : 11 : L. Redon ; 1-10 : in : LEPAGE, 1992).

35Les coupes sont des récipients ouverts très bas dont la hauteur n'excède pas 10 cm. Le premier type regroupe trois vases à profil simple (fig. 9, nos 9-10 ; fig. 10, n° 6). L’un des vases du sondage 1 possède une panse hémisphérique et le vase du sondage 2 a une panse en calotte. Le deuxième type n’est représenté à La Vergentière que par un unique exemplaire caréné (N = 1 ; fig. 10, n° 7).

36Les jattes sont des vases bas ouverts et très évasés. Leur hauteur dépasse les 10 cm. Pour alléger notre typologie, nous avons incorporé un vase dont le rapport hauteur/largeur est très proche des vases bas. Il n’était en effet pas pertinent de lui créer un type à part entière. Les trois exemplaires de Cohons sont carénés. La carène est médiane pour deux d’entre eux et basse pour le dernier (N = 3 ; fig. 10, n° 8 ; fig. 11, nos 7-8). L’un des exemplaires a été restitué quasi entièrement, permettant de lui rattacher un fond rond (fig. 11, n° 7).

37Les pots sont des vases hauts à profil complexe dont le diamètre à l’ouverture est proche du diamètre maximal. Leur hauteur dépasse les 10 cm. Le premier type regroupe les pots à épaulement. Ils se subdivisent en deux sous-types : col évasé et col éversé. Le premier concerne un vase issu du sondage 2 qui a pu être documenté (fig. 10, n° 11). Le passage de la panse au col est souligné par une ligne incisée. Nous avons pu observer sur sa surface externe de légères cannelures et des facettes brillantes suggérant un traitement au brunissage. La coloration des surfaces est rouge sombre. Le pot à col éversé porte également un mamelon sur son épaulement (fig. 9, n° 11). Le deuxième type au sein de la famille des pots se caractérise par un profil en S. Nous avons distingué deux sous-types : à col concave simple et à col concave et bord rentrant (fig. 9, nos 12-13 ; fig. 10, nos 9-10). Ce dernier a été défini sur un unique individu dessiné par L. Lepage et dont les bords sont rentrants (n° 12). Enfin, le dernier type des pots est le profil caréné (fig. 11, n° 9).

38Le plat à cuire est un disque plat. Sur l’ensemble des éléments quantifiés du sondage 1, deux variantes ont été reconnues : sans perforation ni incision périphérique (N = 9) et avec perforation périphérique (N = 2 ; fig. 12, n° 1). De nombreux plats à cuire sont signalés dans le sondage 2 et le sondage 6 par L. Lepage. Parmi les éléments notables, nous avons repéré des plats à cuire avec perforations périphériques dans le sondage 6 (fig. 11, nos 10-12) et un plat à cuire avec incisions périphériques retrouvé dans le sondage 2 (n° 1).

39Les puisoirs possèdent un manche concave relevé associé à un cuilleron profond, alors que les cuillères ont un manche plat horizontal et un cuilleron peu profond. Pour ces types, nous avons seulement trois fragments de manche provenant du sondage 2 qui ne font pas plus de 4 cm de longueur (fig. 11, nos 2-4). Trop fragmentés, ils ne permettent pas une attribution à l’un ou l’autre des types.

Fig. 11. Mobilier céramique de Cohons La Vergentière (dessins et DAO : in : LEPAGE, 1992).

Fig. 11. Mobilier céramique de Cohons La Vergentière (dessins et DAO : in : LEPAGE, 1992).

III.3. Les fonds

40Sur l’ensemble des fonds quantifiés du sondage 1 (N = 75), les fonds reconnus sont principalement aplatis (fig. 12, nos 2-10 ; N = 40). Parmi eux, huit individus ont été identifiés comme appartenant à la variante ombiliquée (nos 2-3). Le fond rond a été avancé avec prudence pour deux tessons isolés, mais est attesté pour une jatte carénée (fig. 11, n° 7). La sous-représentation du fond rond, pourtant fréquent dans nos contextes, s’explique en partie par la fragmentation des tessons qui rend difficile sa reconnaissance.

Fig. 12. Mobilier céramique de Cohons La Vergentière (dessins et DAO : L. Redon).

Fig. 12. Mobilier céramique de Cohons La Vergentière (dessins et DAO : L. Redon).

III.4. Les éléments plastiques

41Les éléments plastiques sont majoritairement isolés pour le sondage 1. Pour ce dernier, les éléments plastiques documentés ont été catégorisés de la façon suivante :

  • les mamelons sont des reliefs sphériques sans (N = 43 ; fig. 12, nos 11-17) ou avec perforation horizontale (N = 3 ; nos 18-21) ou indéterminée (N = 4). Ils peuvent être appairés avec ou sans perforation horizontale (N = 4 ; fig. 11, n° 9 ; fig. 13, n° 1). Certains mamelons possèdent une légère dépression à leur sommet (fig. 12, n° 22). Deux mamelons à perforation horizontale sont plus proéminents (N = 2 ; fig. 12, n° 23) ;
  • les barrettes sont des reliefs allongés et larges en forme d’ellipse. Elles peuvent être verticales, sans (N = 6) ou avec perforation horizontale (N = 1 ; fig. 13, nos 6-7). Les barrettes horizontales peuvent être sans perforation (N = 6 ; fig. 11, nos 2-4), avec perforation verticale (N = 1) ou horizontale (N = 1). Deux barrettes avec (N = 1) et sans perforation (N = 1) n’ont pas pu être orientées.
  • les languettes sont des reliefs verticaux allongés et fins (N = 2 ; fig. 13, nos 8-9) ;
  • les cordons arciformes sont des reliefs en « U » inversé (N = 1 ; fig. 13, n° 10).

Fig. 13. Mobilier céramique de Cohons La Vergentière (dessins et DAO :1-10, 12-19 : L. Redon ; 11 : in : LEPAGE, 1992).

42Parmi les vases du sondage 1, deux pots à épaulement et à profil en S à bord rentrant possèdent un mamelon simple à la jonction col-panse (fig. 9, nos 11-12). Pour les autres sondages, les éléments plastiques viennent aussi marquer systématiquement une inflexion ou un point de rupture (fig. 10, nos 10-11). Un pot caréné porte deux mamelons appairés soulignant sa carène (fig. 11, n° 9). Parmi les éléments plastiques évoqués par L. Lepage, nous devons signaler une barrette horizontale simple sous les lèvres dans le sondage 1 (fig. 13, n° 11) ainsi que deux barrettes horizontales à double perforation verticale dans le sondage 2 (fig. 11, nos 5-6). Un bol semble porter un cordon lisse sur le pourtour de sa panse, mais sans certitude, car il n’a pas été retrouvé durant ce travail (fig. 10, n° 3).

III.5. Les décors

43Les décors de ce corpus sont rares et distingués sur de petits fragments. Ce problème de taille a empêché de faire la distinction entre des impressions (pression sur la pâte) et des incisions (entaille dans la pâte ; fig. 13, nos 12-14). Les incisions peuvent être continues, c’est-à-dire qu’elles se prolongent sur le vase (nous parlons alors de lignes incisées), ou discontinues, elles sont alors plus ponctuelles (Denaire, 2009, p. 98 ; fig. 12, n° 15). Les lignes incisées soulignent le passage de la panse au col (fig. 10, n° 11 ; fig. 13, nos 16-17). Deux fragments permettent de suggérer l’utilisation de la technique du pointillé sillonné, qui est un décor en impression où « le potier ne dégage pas entièrement l’extrémité de son poinçon ou de son peigne de la pâte entre deux impressions consécutives » (Denaire, 2009, p. 104 ; fig. 13, nos 18-19).

IV. Attribution chronoculturelle

IV.1. Deuxième moitié du cinquième millénaire

44La technique du pointillé sillonné, reconnue sur de petits fragments, ne peut être en l’état attribuée à une culture spécifique. Notons tout de même que cette pratique est particulièrement fréquente au Néolithique moyen I, notamment au sein des cultures succédant au Roessen (Bischheim rhénan, Bischheim occidental…). Ces décors pourraient même être les indices d’une présence du Bischheim occidental, dont une occupation a été reconnue sur le site voisin de Bourguignon-lès-Morey Le Camp romain (DENAIRE, 2009 ; MOREAU, 2010).

IV.2. Première moitié du quatrième millénaire

IV.2.1. Une occupation Néolithique moyen bourguignon

45Les traits caractéristiques du NMB que l’on retrouve à La Vergentière sont les pots à épaulement et plus particulièrement ceux dont la panse supérieure est marquée par des reliefs d’applique (fig. 9, n° 11; fig. 10, n° 11). Les mamelons, barrettes, languettes, les reliefs arciformes et, dans une moindre mesure, les barrettes à perforations multiples sur l’épaulement sont en effet des incontournables de cette culture (MOREAU, 2010 ; PÉTREQUIN et alii, 2015b ; REY, 2016). Aussi présents sur notre site, les mamelons appairés se sont développés avec le NMB. Ils sont néanmoins peu fréquents dans le style bourguignon (PÉTREQUIN et alii, 2015a, p. 524). Les pots à col éversé (fig. 9, n° 11) trouvent de nombreux points de comparaison à Clairvaux avec les vases tulipiformes et pseudo-tulipiformes de style jurassien (PÉTREQUIN et alii, 2015b). Quant au pot à col évasé (fig. 10, n° 11), il doit très certainement sa forme à un héritage du Groupe de Noyen ou MK ancien sans pour autant leur être contemporain (ibid., p. 140). Il serait associé à des phases anciennes du NMB ou plus spécifiquement au style bourguignon dit de la Molle-Pierre défini par P. Pétrequin et alii (MOREAU, 2010 ; PÉTREQUIN et alii, 2015b). Les pots à profil en S et col concave simple sont aussi très bien représentés dans l’aire générale du NMB (fig. 9, n° 13 ; fig. 10, nos 9-10). Ils sont notamment connus à Clairvaux VII dans l’ensemble AB (PÉTREQUIN et alii, 2015b, p. 287, pl. 59, CLVII 39) ; Clairvaux XIV, phase 3 (ibid., p. 195, pl. 21, CLXIV 86 ; p. 196, pl. 22, CLXIV 336), et phase 4 (ibid., p. 200, pl. 26, CLXIV 41). En dehors de Clairvaux, ils sont connus à Montmorot Le Château (PÉTREQUIN et alii, 2015a, p. 638, pl. 10, MO 78) et à Préty Les Essards (MOREAU, 2010, pl. 23, 05), à Bourguignon-lès-Morey Le Camp romain dans l’ensemble supérieur du rempart est (PÉTREQUIN et alii, 2015a, p. 693, annexe 17, pl. 50, BM 127) ou encore à Mavilly-Mandelot Grotte de la Molle-Pierre (MOREAU, 2010, pl. 38, 61).

46Le cas du pot à épaulement suggéré (fig. 9, n° 12) pose plus de questions. Sa forme plus atypique tranche avec les formes plus standards du NMB. Sa « paire » de mamelons appliquée sur l’épaule permet de deviner une affinité certaine avec le NMB et ses cultures voisines. On connaît en effet ces paires au sein du Cortaillod et du groupe de Balloy, dans lequel elles sont dites d’inspirations orientales (MORDANT, 1984). Nous pourrions supposer un raté au cours du façonnage ou lors de la cuisson expliquant cette forme originale qui ne trouve pas de comparaisons dans les corpus voisins.

47Nous pouvons adjoindre à ces traits des formes plus ubiquistes. C’est le cas notamment des bols, jattes et pots carénés qui sont répertoriés sur l’ensemble de l’aire culturelle. Ils sont rattachables aux nombreux exemplaires des gobelets à carène basse et carène moyenne de Clairvaux (PÉTREQUIN et alii, 2015b, p. 133, fig. 18 ; p. 135, fig. 19). Ils sont également présents à Concise Sous-Colachoz, dans l’ensemble E2 (BURRI-WYSER, 2007, pl. 13, 878) où ils sont dit de style NMB, à Marcilly-sur-Tille Le Mont (THEVENOT, 2005, p. 263, fig. 164, nos 4-5), à Mavilly-Mandelot Grotte de la Molle-Pierre (MOREAU, 2010, pl. 39, 83) ou encore à Montceau-et-Écharnant Grotte du Peuh Trou (PÉTREQUIN et alii, 2015a, p. 724, pl. 73, ME 2). Les vases à carène médiane se rattachent au style jurassien chez P. Pétrequin et alii (2015a) et au groupe 2, plutôt centré sur la Bourgogne, de C. Moreau (2010) qui les perçoit comme d’inspirations chasséennes anciennes. Ces points communs avec les corpus chasséens sont également remarqués avec un bol à profil en S (fig. 9, n° 6) dont l’inflexion est comparable aux carènes mousses des gobelets à carène moyenne de Clairvaux-les-lacs (Pétrequin et alii, 2015b, p. 135, fig. 19 ; p. 197, pl. 23, CLXIV 230 et 324 ; p. 296, pl. 2, CL MM V 35).

48Les bols à épaulement marqué peuvent être rapprochés des contextes chasséens méridionaux sans être pour autant absents des corpus NMB (fig. 9, n° 5 ; fig. 10, n° 4). Pour des comparaisons dans des couches précédant une présence NMB, nous avons trouvé un parallèle en contexte Chasséen/Saint-Uze à la Grotte de la Grande Cave de La Balme (REY, 2015, p. 361, pl. 22, nos 2-3). Pour ce dernier cas, l’auteur n’hésite pas à rapprocher ces deux vases des exemplaires qui se retrouvent à la base du niveau A de Capdenac, attribuée au Chasséen de type Chassey (Gernigon, 2014, p. 51, fig. 8, n° 19). Parmi les corpus méridionaux, le site de la Grotte de Levant de Léaunier à Malaucène a livré un exemplaire dont la morphologie se rapproche de notre exemplaire issu du sondage 1 (LEPÈRE, 2009, p. 1056, fig. XVIII95, n° 4). L’usage de cette forme semble perdurer dans les faciès de La Roberte et du Mourre de La Barque (VAN WILLIGEN et alii, 2011). Notons enfin qu’un bol de ce type a pu être observé à Clairvaux XIV en contexte NMB dans le type hétéroclite des microvases (PÉTREQUIN et alii, 2015b, p. 207, pl. 33, CLXIV 252).

49Le type de la coupe carénée (fig. 10, n° 7) est à rapprocher des coupes à carène moyenne de Clairvaux où six exemplaires sont répertoriés (Pétrequin et alii, 2015b, p. 130, fig. 14). On en connaît un aussi à Chevroches Le Champ Millet (Moreau, 2010, pl. 204, n° 7). Présents en contexte NMB, ils sont toutefois en nombre restreint.

50Le fonds NM II de La Vergentière est renforcé par un ensemble de récipients communs aux cultures du quart nord-est de la France. Ceux-ci regroupent des gobelets, des bols hémisphériques, des écuelles, des louches/puisoirs et des plats à cuire (MOREAU, 2010 ; JAMMET-REYNAL, 2012 ; PÉTREQUIN et alii, 2015a ; 2015b). La rareté des décors ainsi que l’aplatissement des fonds s’inscrivent dans une tendance générale s’observant à la fin du Ve millénaire (JEUNESSE et alii, 2003, p. 207). Les ombilics sont à rattacher aux premières phases d’apparition des fonds plats (PÉTREQUIN et alii, 2015a, p. 573).

IV.2.2. Des affinités avec les cultures voisines

51Les reliefs d’applique sous les bords sont propres aux cultures du Munzingen et du Cortaillod (fig. 13, n° 11 ; Denaire, Lefranc, 2020). Le tesson retrouvé à La Vergentière et dessiné par L. Lepage n’est hélas pas rattaché à une forme. Il n’est donc pas possible de trancher pour les vases tronconiques du MZ ou les vases plus sinueux du Cortaillod.

52Le bol à cordon (fig. 10, n° 3) trouve un point de comparaison dans le niveau 2 dans Le Chenet des Pierres à Bozel (Rey, 2016, p. 534, fig. 19, n° 3). Dans ce niveau, le bol de Bozel est associé à des formes originales récemment regroupées sous la dénomination du style de Hautecombe, calé dans le deuxième tiers du quatrième millénaire (ibid., p. 519). Il ne paraît toutefois pas caractéristique de ce style.

V. Discussion

V.1. Une phase antérieure au Néolithique moyen bourguignon

53Aucune occupation antérieure au NMB n’est clairement individualisée dans le corpus céramique de La Vergentière. Les décors en pointillé sillonné sont en fait les seuls indices jusqu’à maintenant d’une présence dans la deuxième partie du Ve millénaire sur le site, si l’on estime que ces décors se rapprochent du faciès du Bischheim occidental. Ailleurs, ce faciès est attesté de manière intrusive à Chassey-le-Camp en contexte chasséen et une première occupation attribuée au Bischheim occidental a été identifiée sur l’éperon voisin de Bourguignon-lès-Morey (JEUNESSE et alii, 2003 ; MOREAU, 2010).

V.2. Le Néolithique moyen bourguignon de La Vergentière

54Bien que l’attribution du corpus céramique au NMB est assez évidente pour La Vergentière, il est difficile de s’avancer davantage dans l’attribution à un faciès stylistique plus spécifique. Les formes reconnues se retrouvent en effet autant dans le style jurassien que bourguignon. Les autres éléments plus récurrents, à savoir les vases carénés, constituent un fond commun à l’ensemble de l’aire du NMB et au Néolithique moyen II régional. Dans les propositions de C. Moreau (2010, 2014) et de P. Pétrequin et alii (2015a ; fig. 5), notre site est localisé à la jonction de chaque faciès. Cette situation particulière pourrait suggérer la cohabitation des deux styles, comme à Bourguignon-lès-Morey Le Camp romain ; hypothèse qu’il faudrait vérifier en complétant notre corpus céramique par de futures interventions.

55La barrette horizontale sous un bord rappelle quant à elle des contacts avec les cultures voisines du Cortaillod et du MZ. Sans pouvoir trancher entre ces deux cultures, nous pouvons toutefois signaler que les mentions d’échanges entre le NMB et celles-ci ne sont pas nouvelles. Les contacts avec le MZ ont pu être vérifiés à diverses reprises avec des vases NMB en contexte MZ (le cas du pot à épaulement à pâte carbonatée à Illfurth Naegelberg ; JAMMET-REYNAL et alii, 2015) ou d’intrusions MZ en contexte NMB (PÉTREQUIN et alii, 2015a, p. 574-575). Pour le Cortaillod, des échanges sont suggérés par la présence des gobelets en bois de cerf en contexte NMB, mais l’exemple le plus frappant reste la cohabitation entre les deux cultures à Concise Sous-Colachoz (BURRI-WYSER, 2007 ; JAMMET-REYNAL et alii, 2015).

VI. Conclusion

56Aux abords d’un territoire encore trop peu documenté pour le Néolithique, le site de La Vergentière se place comme un sujet de recherche d’intérêt majeur. Depuis sa première étude publiée en 1992 par L. Lepage, le site, rattaché au NMB, a été quelque peu négligé malgré les récentes révisions de cette culture. Dorénavant mieux définies, les aires d’extension des deux faciès contemporains composant le NMB restent toutefois à préciser pour leurs limites septentrionales. L’état actuel de la recherche positionne donc Cohons La Vergentière au point le plus au nord de l’aire connue du NMB. Reprendre ce site se montre ainsi nécessaire pour envisager une nouvelle approche sur ce territoire méconnu.

57Nous avons pu le voir, la reprise des céramiques issues des fouilles de L. Lepage pose finalement plus de questions qu’elle n’en résout. Une première présence dans la seconde moitié du Ve millénaire peut être suggérée avec le faciès du Bischheim occidental, mais reste à confirmer. L’occupation NMB est à présent mieux délimitée au sein du corpus céramique. Celui-ci reste néanmoins à compléter pour essayer de lui attribuer un ou des faciès plus spécifiques. Les contacts avec le MZ et/ou le Cortaillod doivent aussi être pistés, car se jouent peut-être avec eux les clés de compréhension de ce secteur géographique encore mal compris au nord de Cohons durant le NM II.

Haut de page

Bibliographie

ARNOLD D. E., 2005, « Linking society with the compositional analyses of pottery : a model from comparative ethnography », in : LIVINGSTONE-SMITH A., BOSQUET D., MARTINEAU R. éd., Pottery manufacturing processes : reconstitution and interpretation, Actes du XIVe Congrès UISPP, Liège, 2-8 sept. 2001, Oxford, Archaeopress, p. 15-21 (B.A.R. intern. series, 1349).

BALLET P., 1971, La Haute-Marne antique : époques préhistorique, celtique, gallo-romain et mérovingienne : répertoire bibliographique et essai d’inventaire, Chaumont, Imp. Chronique de Fougères, 386 p.

BASSET G., VANMOERKERKE J. éd., 2006, Images de l’archéologie rurale en Champagne-Ardenne, Reims, SAC, 106 p. (Bull. de la Soc. archéologique champenoise, 99-2).

BONNABEL L., BASSET G., DESBROSSE-DEGOBERTIÈRE S., LAURELUT C., NASRI R., PARESYS C., THIOL S., VAUQUELIN B., 2014, « Archéologie préventive et sépultures collectives : le renouvellement des données champenoises », in : LAURELUT C., VANMOERKERKE J. dir., Occupations et exploitations néolithiques, Actes du colloque Internéo de Châlons-en-Champagne, oct. 2013, p. 407-421 (Bull. de la Soc. archéologique champenoise, 107-4).

BURRI-WYSER E., 2007, La céramique du néolithique moyen : analyse spatiale et histoire des peuplements : la station lacustre de Concise, Lausanne, Cahiers d’Archéologie romande, 312 p. (Cahiers d’Archéologie romande, 109 - Concise, 2).

CAULIEZ J., MANEN C., ARD V., CARO J., AMARA A. B., BOCQUET-LIÉNARD A., BRUXELLES L., CANTIN N., SAVARY X., CONVERTINI F., BORGEN V., 2017, « Technical traditions and pottery craftsmanship among the Woloyta and Oromo groups in Ethiopia : actualist references for refering prehistoric ceramic analytical protocols », in : BURNEZ-LANOTTE L. éd., Matières à penser : sélection et traitement des matières premières dans les productions potières du Néolithique ancien, Actes de la table ronde de Namur (Belgique), 29-30 mai 2015, Paris, SPF, p. 29-58 (Séances de la Soc. préhistorique française, 11).

DECRON B., 1994, « Préhistoire et protohistoire dans les musées de Langres : donateur et collectionneurs », in : DECRON B., LEPAGE L., VIARD G. dir., Préhistoire et Protohistoire en Haute-Marne et contrées limitrophes, Actes du colloque interrégional, Langres, 5 sept. 1992, Langres, Musées de Langres, Soc. historique et archéologique de Langres, Centre d’étude et de recherches de Préhistoire haut-marnais, p. 193-199.

DEFAY H., 1863, Étude sur la bataille qui a précédé le blocus d’Alise, Saint-Cloud, Impr. Belin, 64 p.

DENAIRE A., 2009, Le Néolithique moyen du sud de la plaine du Rhin supérieur et du nord de la Franche-Comté : les cultures de Hinkelstein, de Grossgartach et de Roessen au travers de leur production céramique, Strasbourg, Univ. de Strasbourg, 655 p. (Rhin-Meuse-Moselle. Monographies du Grand-Est, 3).

DENAIRE A., LEFRANC P., 2020, « Le Munzingen : sur la genèse et le développement d’une culture archéologique du sud de la plaine du Rhin au 4e millénaire av. J.-C. », R.A.E., t. 69, p. 51-82.

DENAIRE A., DOPPLER T., NICOD P.-Y., VAN WILLIGEN S., 2011, « Espaces culturels, frontières et interactions au 5e millénaire entre la Plaine du Rhin Supérieur et les rivages de la Méditerranée », Annuaire d’Archéologie suisse, 94, p. 21-59.

DRIOUX G., 1931, « La Haute-Marne préhistorique : répertoire bibliographique », Bull. de la Soc. d’Étude des Sciences naturelles de la Haute-Marne, 13, p. 609-623.

ÉTIENNE J.-C., LEPAGE L., 1976, Le Fort Bévaux, nécropole mégalithique à Andelot (Haute-Marne), Langres, SAC, 87 p. (Bull. de la Soc. archéologique champenoise, 87-2).

GAILDRAUD C., 1937, « Un camp néolithique avec sépultures à sept kilomètres de Langres », Le petit Champenois, p. 1.

GERNIGON K., 2014, « Le Chasséen entre temps et espace : 20 ans de périodisations des assemblages céramiques et le retour de l’identité chasséenne », in : SÉNÉPART I., LEANDRI F., CAULIEZ J., PERRIN T., THIRAULT É. éd., Chronologie de la Préhistoire récente dans le Sud de la France : actualité de la recherche, Actes des 10e rencontres méridionales de Préhistoire récente, Porticcio, 18-20 oct. 2012, Toulouse, Archives d’Écologie préhistorique, p. 37-61.

JAMMET-REYNAL L., 2012, Le Néolithique Moyen Bourguignon dans l’arc jurassien (4400-3600 av. J.-C.) : définition d’un groupe céramique, Thèse de doctorat, Univ. de Genève/Univ. de Franche-Comté, 277 p.

JAMMET-REYNAL L., CHENAL F., PÉLISSIER A., LANDOLT M., 2015, « Occupation et inhumations du Néolithique récent à Illfurth ‘Naegelberg’ (Haut-Rhin) », R.A.E., t. 64, p. 49-67.

JEUNESSE C., 1998, « Pour une origine occidentale du Michelsberg ? », in : BIEL J., SCHLICHTHERLE H., STROBEL M., ZEEB A. éd., Die Michelsberger Kultur und ihre Randgebiete : Probleme der Entstehung, Chronologie und des Siedlungswesens, Actes du colloque de Hemmenhofen, 21-23 fev. 1997, Stuttgart, K. Theiss, p. 29-45. (Materialhefte zur Archäologie in Baden-Württemberg, 43).

JEUNESSE C., LEFRANC P., DENAIRE A., 2003, Groupe de Bischheim, origine du Michelsberg, genèse du groupe d’Entzheim : la transition entre le Néolithique moyen et le Néolithique récent dans les régions rhénanes, Zimmersheim, Ass. pour la Promotion de la Recherche archéologique en Alsace, 280 p. (Cahiers de l’A.P.R.A.A, 18-19).

LAURELUT C., GAUTIER B., BRUN O., BÜNDGEN S., GARÉNAUX V., GARMOND N., RIQUIER V., SANSON L., VANMOERKERKE J., VAUQUELIN E., 2014, « Occupation néolithique des plateaux en Champagne-Ardenne : premier regard sur 20 ans d’archéologie préventive », in : LAURELUT C., VANMOERKERKE J. dir., p. 423-440 (Bull. de la Soc. archéologique champenoise, 107-4).

LEPAGE L., 1985, « Le dolmen de la Pierre Tournante à Nogent-en-Bassigny », in : Préhistoire et Protohistoire en Champagne-Ardenne, vol. 9, Châlons-sur-Marne, Ass. d’études préhistoriques et protohistoriques de Champagne-Ardenne, p. 23-28.

LEPAGE L., 1986a, « Les mégalithes du Bois de Lardigny à Vitry-lès-Nogent », in : Préhistoire et Protohistoire en Champagne-Ardenne, vol. 10, Châlons-sur-Marne, Ass. d’études préhistoriques et protohistoriques de Champagne-Ardenne, p. 45-55.

LEPAGE L., 1986b, « Le camp de La Vergentière à Cohons et le sud haut-marnais », in : PÉTREQUIN P., GALLAY A. éd., Le Néolithique Moyen Bourguignon, Actes du colloque de Beffia (Jura), 4-5 juin 1983, Genève, Archives suisses d’Anthropologie générale, p. 65-72 (Archives suisses d’Anthropologie générale, 48, 2).

LEPAGE L., 1992, La Vergentière à Cohons : du Néolithique moyen au Bronze final, Langres, Musée de Langres, 353 p. (Mémoires de la Soc. archéologique champenoise, 6).

LEPAGE L., THOMAS L., 1994, « Le mégalithisme haut-marnais : état de la question en 1992 », in : DECRON B., LEPAGE L., VIARD G. dir., p. 79-100.

LEPÈRE C., 2009, Identités et transferts culturels dans le domaine circumalpin : l’exemple des productions céramiques du Chasséen provençal, Thèse de doctorat, Univ. Aix-Marseille-Univ. de Provence, 2 vol., 514 et 758 p.

MAHIEU É., 2006, Itinéraires mégalithique : la Haute-Marne : mise en valeur du dolmen de Rochefort-sur-la-Côte, Theix, Actilias Multimédia, 64 p.

MORDANT D., 1984, « Le Néolitique moyen II dans le secteur Seine-Yonne », in : PÉTREQUIN P., GALLAY A. dir., p. 65-72 (Archives suisses d’Anthropologie générale, 48-2).

MOREAU C., 2010, La céramique du Néolithique moyen II de l’Yonne à la Saône, entre 4300 et 3400 avant notre ère, Thèse de doctorat, Univ. de Bourgogne, 2 vol., 543 et 287 p.

MOREAU C., 2014, « Aspects de l’évolution de la céramique entre 4300 et 3400 avant notre ère, en Bourgogne et dans les régions limitrophes », in : LOUBOUTIN C., VERJUX Ch. dir., Zones de production et organisation des territoires au Néolithiqu: espaces exploités, occupés, parcourus, Actes du 30ème colloque interrégional sur le Néolithique, Tours, 7-9 oct. 2011, Tours, FERACF, p. 280-291 (51ème suppl. à la R.A.C.F.).

NICOLARDOT J.-P., 2003, L’habitat fortifié pré- et protohistorique en Côte-d’Or : les camps de Myard à Vitteaux et du Châtelet d’Étaules dans le contexte archéologique régional (du Ve millénaire au IVe siècle avant J.-C.), Dijon, S.A.E., 374 p. (19e suppl. à la R.A.E.).

ORTON T., TYERS P., VINCE A., 1993, Pottery in archaeology, Cambridge, Cambridge Univ. Press, 269 p.

PÉTREQUIN P., GALLAY A. éd., 1986, Le Néolithique moyen Bourguignon, Actes du colloque de Beffia (Jura), 4-5 juin 1983, Genève, Archives suisses d’Anthropologie générale, 210 p. (Archives suisses d’Anthropologie générale, 48, 2).

PÉTREQUIN P., PÉTREQUIN A.-M., 2015a, « ‘Le Néolithique Moyen Bourguignon’ (N.M.B.) et la problématique de recherche », in : PÉTREQUIN P., PÉTREQUIN A.-M. dir., Clairvaux et le ‘Néolithique Moyen Bourguignon’, Besançon, Gray, Presses univ. de Franche-Comté, Centre de Recherche archéologique de la Vallée de l’Ain, p. 11-19 (Les Cahiers de la MSH Ledoux, Série Dynamiques territoriales, 7).

PÉTREQUIN P., PÉTREQUIN A.-M., 2015b, « Techniques céramiques : dégraissants, outillage, montage, cuisson et styles », in : PÉTREQUIN P., PÉTREQUIN A.-M. dir., p. 333-457 (Les Cahiers de la MSH Ledoux, Série Dynamiques territoriales, 7).

PÉTREQUIN P., PÉTREQUIN A.-M., FLOUEST A., GANARD V., JACCOTTEY L., JAMMET-REYNAL L., PININGRE J.-F., PRODEO F., SÉARA F., 2015a, « La céramique N.M.B., substrats, styles et techniques : trajectoires historiques des groupes de la Motte-aux-Magnins et de la Molle-Pierre », in : PÉTREQUIN P., PÉTREQUIN A.-M. dir., p. 517-737 (Les Cahiers de la MSH Ledoux, Série Dynamiques territoriales, 7).

PÉTREQUIN P., PÉTREQUIN A.-M., JAMMET-REYNAL L., TEMPLER M., 2015b, « La céramique N.M.B. de Clairvaux-les-Lacs : typologie et évolution chronologique », in : PÉTREQUIN P., PÉTREQUIN A.-M. dir., p. 113-303 (Les Cahiers de la MSH Ledoux, Série Dynamiques territoriales, 7).

PÉTREQUIN P., PÉTREQUIN A.-M. dir., 2015c, Clairvaux et le ‘Néolithique Moyen Bourguignon’, Besançon, Presses univ. de Franche-Comté, Centre de Recherche archéologique de la Vallée de l’Ain, 1430 p. (Les Cahiers de la MSH Ledoux, Série Dynamiques territoriales, 7).

PININGRE J.-F., RICHARD, 1999, « Premiers remparts entre Vosges et Jura : Bourguignon-lès-Morey et les sites fortifiés préhistoriques et celtiques », Itinéraires du patrimoine, 194, 24 p.

PININGRE J.-F., GANARD V., MOREAU C., 2004, Le site fortifié de Bourguignon-lès-Morey (Haute-Saône), Néolithique, âge du Bronze, 1er et 2ème âge du Fer, Rapport annuel, SRA de Franche-Comté.

REY P.-J., 2015, « Aperçu du Néolithique terrestre dans l’avant-pays savoyard et la cluse de Chambéry : Saint-Saturnin (Saint-Alban-Leysse), La Grande Gave (La Balme), Bellevue (Francin), La Grande Barme de Savigny (La Biolle), La Grotte à Mandrin (Vérel-de-Montbel), Les Sarradins (Traize) », in : REY P.-J., DUMONT A. dir., L’Homme et son environnement : des lacs des montagnes et des rivières : bulles d’archéologie offertes à André Marguet, Dijon, S.A.E., p. 303-382 (40e suppl. à la R.A.E.).

REY P.-J., 2016, « Éléments pour une approche de l’évolution des styles céramiques entre l’axe Saône-Rhône et les Alpes, de 4500 à 3400 avant notre ère », in : PERRIN T., CHAMBON P., GIBAJA J.-F., GOUDE G. dir., Le Chasséen, des Chasséens… : retour sur une culture nationale et ses parallèles, Sepulcres de fossa, Cortaillod, Lagozza, Actes du colloque international de Paris, 18-20 nov. 2014, Toulouse, Archives d’Écologie préhistoriques, p. 501-539.

RODOT M.-A., MARTINEAU R., 2007, « Les matériaux céramiques, du Néolithique moyen au Néolithique final, du lac de Constance (Suisse) à la vallée de la Saône (France) : marqueurs techno-culturels de l’évolution des sociétés », in : BESSE M. dir., Sociétés néolithiques : des faits archéologiques aux fonctionnements socio-économiques, Actes du 27ème colloque interrégional sur le Néolithique, Neuchâtel, 1er-2 oct. 2005, Lausanne, CAR, p. 227-248 (Cahiers d’Archéologie romande, 108).

SALMON, 1880, « Inventaire des monuments mégalithiques de France », Bull. et Mémoires de la Soc. d’Anthropologie de Paris, 3, p. 64-131.

SCHMITTER D., 2018, Camps et enceintes de Haute-Marne : essai d’inventaire des sites archéologiques fossiles en forêt du département de la Haute-Marne : du Néolithique aux fortifications du haut Moyen Âge, Andelot-Blancheville.

THEVENOT J.-P., 2005, Le camp de Chassey (Chassey-le-Camp, Saône-et-Loire) : les niveaux néolithiques du rempart de ‘La Redoute’, Dijon, S.A.E., 372 p. (22e suppl. à la R.A.E.).

VAN WILLIGEN S., D’ANNA A., RENAULT S., SARGIANO J.-P., 2011, « Le Sud-Est de la France entre 4400-3400 avant notre ère : sériation céramique et outillage lithique », Préhistoires méditerranéennes, 2, p. 123-175.

Haut de page

Table des illustrations

Titre Fig. 1. Situation géographique de Cohons La Vergentière (DAO : L. Redon. Fond de carte : NASA Shuttle Radar Topography Mission).
URL http://journals.openedition.org/rae/docannexe/image/18473/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 1,0M
Titre Fig. 2. Plan du site. Celui-ci a été géoréférencé en combinant les services de cartographie en lignes et le plan d’après L. Lepage (DAO : L. Redon d’après LEPAGE, 1992, plan hors-texte).
URL http://journals.openedition.org/rae/docannexe/image/18473/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 650k
Titre Fig. 3. A : Plan du sondage 1 et localisation des relevés de fouille. B : Coupe 1. C : Restitution des couches de la coupe 1 sur une photographie de fouille d’après Louis Lepage (DAO : L. Redon d’après relevés de terrain ; cliché : équipe de fouille, 1982).
URL http://journals.openedition.org/rae/docannexe/image/18473/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 740k
Titre Fig. 4. Cultures néolithiques du quart nord-est de la France au NM II, entre 4000 et 3600 av. n.è. (d’après JEUNESSE et alii, 2019, p. 70, fig. 6).
URL http://journals.openedition.org/rae/docannexe/image/18473/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 1008k
Titre Fig. 5. Propositions de subdivision du NMB par C. Moreau et P. Pétrequin et alii (DAO : L. Redon, d’après MOREAU, 2010, p. 477, fig. 244 et PÉTREQUIN et alii, 2015, p. 558, fig. 35 ; p. 559, fig. 36 ; p. 562, fig. 39).
URL http://journals.openedition.org/rae/docannexe/image/18473/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 816k
Titre Fig. 6. Répartition du mobilier au sein du sondage 1.
URL http://journals.openedition.org/rae/docannexe/image/18473/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 692k
Titre Fig. 7. Typologie de La Vergentière
URL http://journals.openedition.org/rae/docannexe/image/18473/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 242k
Titre Fig. 8. Répartition des vases par types. La distinction est faite entre les types documentés au cours de ce travail et les types tirés de la monographie de L. Lepage (1992).
URL http://journals.openedition.org/rae/docannexe/image/18473/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 259k
Titre Fig. 9. Mobilier céramique de Cohons La Vergentière (dessins et DAO : 1-6, 10-11 et 13 : L. Redon ; 7-9 et 12 : in : LEPAGE, 1992).
URL http://journals.openedition.org/rae/docannexe/image/18473/img-9.jpg
Fichier image/jpeg, 408k
Titre Fig. 10. Mobilier céramique de Cohons La Vergentière (dessins et DAO : 11 : L. Redon ; 1-10 : in : LEPAGE, 1992).
URL http://journals.openedition.org/rae/docannexe/image/18473/img-10.jpg
Fichier image/jpeg, 529k
Titre Fig. 11. Mobilier céramique de Cohons La Vergentière (dessins et DAO : in : LEPAGE, 1992).
URL http://journals.openedition.org/rae/docannexe/image/18473/img-11.jpg
Fichier image/jpeg, 546k
Titre Fig. 12. Mobilier céramique de Cohons La Vergentière (dessins et DAO : L. Redon).
URL http://journals.openedition.org/rae/docannexe/image/18473/img-12.jpg
Fichier image/jpeg, 375k
Crédits Fig. 13. Mobilier céramique de Cohons La Vergentière (dessins et DAO :1-10, 12-19 : L. Redon ; 11 : in : LEPAGE, 1992).
URL http://journals.openedition.org/rae/docannexe/image/18473/img-13.jpg
Fichier image/jpeg, 363k
Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Laura Redon, « Cohons La Vergentière (Haute-Marne) : révision du mobilier céramique néolithique »Revue archéologique de l’Est, Tome 73 | 2024, 75-92.

Référence électronique

Laura Redon, « Cohons La Vergentière (Haute-Marne) : révision du mobilier céramique néolithique »Revue archéologique de l’Est [En ligne], Tome 73 | 2024, mis en ligne le 31 janvier 2025, consulté le 11 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/rae/18473

Haut de page

Auteur

Laura Redon

Antea Archéologie, 5 rue de Zurich, 68440 Habsheim.

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search