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Les enclos curvilinéaires protohistoriques de Hénouville (Seine-Maritime)

Une étude morphologique, spatiale et chronologique
The protohistoric curvilinear enclosures of Henouville (Seine-Maritime). A morphological, spatial and chronological study
Jimmy Ménager et Geoffrey Leblé

Résumés

En 2017, à Hénouville, sur la rive droite d’un méandre de la Seine, sur un plateau dominant la vallée à l’ouest de Rouen, une opération d’archéologie préventive a permis d’identifier quatre enclos curvilinéaires implantés dans un substrat lœssique. Fouillés exhaustivement et complétés par une analyse de décarbonatation, leur étude a permis d’esquisser une restitution architecturale, d’envisager leur datation probable autour de la fin du Néolithique et du Bronze ancien (milieu du IVe millénaire – premier tiers du IIe millénaire av. J.-C.) et de proposer une mise en contexte de ces monuments ainsi que des pistes de réflexion sur l’interprétation de ces vestiges.

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Texte intégral

1. Introduction

  • 1 Archéologue médiéviste, en 2017 chez Archeodunum (Agence de Sainte-Luce-sur-Loire).
  • 2 Corps de ferme à bâtiments dispersés entouré de talus plantés, spécifique au Pays de Caux.

1La réalisation d’un diagnostic archéologique (Riche, 2017), préalable à l’aménagement d’un lotissement le long de la route de Saint-Martin sur la commune de Hénouville en Seine-Maritime, a conduit le service régional de l’archéologie de Normandie à prescrire une fouille dans le but de caractériser et de dater les nombreux vestiges mis au jour (fig. 1). Alors que l’objectif principal de cette fouille, dirigée par Fabien Briand1, était d’étudier une partie d’un clos-masure2 suggéré par le diagnostic, le décapage exhaustif de l’emprise prescrite (fig. 2) a démontré un potentiel archéologique plus marqué pour les vestiges protohistoriques avec la découverte de quatre enclos curvilinéaires (fig. 3 ; Briand 2020).

Figure 1 : Localisation de l’opération archéologique « Route de Saint-Martin » à Hénouville, Seine-Maritime.
Figure 1: Location of the excavation at “Route de Saint-Martin”, Hénouville, Seine-Maritime.

Figure 1 : Localisation de l’opération archéologique « Route de Saint-Martin » à Hénouville, Seine-Maritime. Figure 1: Location of the excavation at “Route de Saint-Martin”, Hénouville, Seine-Maritime.

Source : fond de carte 2gis Map, éch. 1/150000.

Figure 2 : Vue de drone depuis l’ouest de l’emprise décapée. Les quatre enclos, alors sondés manuellement, sont bien visibles.
Figure 2: View by drone from the west showing the four ditch monuments with their excavation trenches.

Figure 2 : Vue de drone depuis l’ouest de l’emprise décapée. Les quatre enclos, alors sondés manuellement, sont bien visibles. Figure 2: View by drone from the west showing the four ditch monuments with their excavation trenches.

Crédit : S. Hauville.

Figure 3 : Plan phasé de l’opération.
Figure 3: Site plan by phase.

Figure 3 : Plan phasé de l’opération. Figure 3: Site plan by phase.

La localisation du mobilier (céramique et silex), daté des périodes néolithique et protohistorique issu du diagnostic, est aussi pointée sur ce plan.
Neolithic and Metal Ages find spots (pottery and flint) from the evaluaton are also marked.

Briand, 2020.

2. Contexte géographique et géomorphologique du site3

  • 3 Par Geoffrey Leblé.

2L’emprise du site de Hénouville « Route de Saint-Martin » est implantée sur la zone de plateau au sud-est du village juste en périphérie du bourg. Le site se trouve à une altitude moyenne de 130 m NGF, et domine ainsi la Seine, dont la vallée commence à environ 800 m au sud-ouest.

3La carte géologique indique la présence de limons de plateaux, une couche de lœss déposée lors du dernier maximum glaciaire pouvant atteindre par endroits une épaisseur de plusieurs mètres (Sangnier, 1968 ; fig. 4). Les logs réalisés ont permis de reconnaître le limon éolien sur une épaisseur importante. Les structures archéologiques apparaissent sous la terre végétale et les niveaux de colluvions dans une argile limoneuse brun-rouge compacte et homogène, de structure polyédrique peu marquée, d’une épaisseur de 50 cm. En dessous de cette couche, un limon jaune homogène meuble très peu calcaire et contenant de nombreux litages horizontaux est repéré sur une épaisseur d’1,20 m. Cette formation recouvre une précédente, assemblage de deux horizons, dont le niveau inférieur, épais d’au moins 20 cm, est limono-argileux gris-jaune, compact, avec une oxydation et des fentes de gel bien marquées. Ce petit niveau de sol périglaciaire est assimilable à un fragipan et il permet de reconnaître une pause dans la sédimentation lœssique. On peut supposer que ces épisodes ont eu lieu pendant le dernier Pléniglaciaire weichsélien. L’assemblage et l’ordre d’apparition des horizons forment un ensemble cohérent, puisque les caractéristiques observées laissent peu de doute quant à la présence sur le site d’un luvisol holocène développé sur une formation superficielle éolienne périglaciaire. Ce type de sol est bien représenté sur les formations superficielles éoliennes de la moitié septentrionale de la France (Wuscher et al., 2012). Il se forme dès l’Atlantique sur les vastes couvertures lœssiques de plateaux : le lessivage des argiles vers la partie inférieure du profil fait apparaître au cours de plusieurs millénaires un horizon enrichi en argile. C’est sur cet horizon que s’ouvrent donc les structures archéologiques.

Figure 4 : Environnement géologique du site.
Figure 4: Geology.

Figure 4 : Environnement géologique du site. Figure 4: Geology.

Source : BRGM, éch. 1/50000.

3. Environnement archéologique du site

4La carte archéologique nationale recense 25 sites ou indices de sites sur le territoire de la commune de Hénouville, datés du Paléolithique à l’Époque moderne. En se concentrant sur les occupations préhistoriques et protohistoriques 13 occurrences sont à dénombrer (fig. 5).

Figure 5 : Environnement archéologique du site, indices préhistoriques et protohistoriques.
Figure 5: Archaeological context, Prehistory and Iron Age.

Figure 5 : Environnement archéologique du site, indices préhistoriques et protohistoriques. Figure 5: Archaeological context, Prehistory and Iron Age.

Source : fond de carte géoportail.fr ; données Patriarche.

5Quatre sites, localisés en vallée de la Seine, ont livré des indices du Paléolithique, aux lieux-dits de « La Cabotterie », du « Bellay II/Ferme du Bellay », de la « Fontaine » et de la « Forêt de Roumare ».

6Des vestiges attribués au Mésolithique ont été recensés en association avec l’un des sites paléolithiques au lieu-dit « La Fontaine ».

7Les indices néolithiques sont surtout concentrés sur la partie orientale du territoire communal et se caractérisent essentiellement par des ensembles de mobilier lithique aux lieux-dits du « Bois de Melmont », du « Château du Perrey », de la « Maison Forestière », de la « Ferme du Hamel », de « Le Parquet II/Le Parquet », de « Bellay II/Ferme du Bellay » et liés aux dragages de la Seine. Enfin, au lieu-dit « Le Bellay », des vestiges d’un habitat néolithique ont été identifiés (Watté et Bouffigny, 1994).

8L’âge du Fer est illustré par un éperon barré surplombant la vallée de la Seine au lieu-dit de la « Forêt de Roumare » et baptisé le « Camp de César ».

4. Les enclos curvilinéaires de Hénouville

9Le site protohistorique de la « Route de Saint-Martin » s’articule essentiellement autour de quatre enclos curvilinéaires qui retiennent immédiatement l’attention (fig. 3). La fouille de ces aménagements a été adaptée aux enjeux inhérents à ce type de vestiges fossoyés, à savoir appréhender finement leur morphologie et rechercher du mobilier datant et éclairant sur leur fonction. Ainsi, la méthodologie pour une fouille exhaustive a consisté d’abord en la réalisation de sondages manuels réguliers d’1 m de large, espacés de 2 m, puis de transects au droit des enclos pour conclure par une fouille mécanique fine (fig. 6).

Figure 6 : Implantation des sondages manuels et mécaniques relatifs aux enclos curvilinéaires.
Figure 6: Manual and mechanical trenches in the ditches.

Figure 6 : Implantation des sondages manuels et mécaniques relatifs aux enclos curvilinéaires. Figure 6: Manual and mechanical trenches in the ditches.

Briand, 2020.

10Le présent article présente les résultats de cette fouille augmentés de la remise en contexte de ces monuments et d’un rappel sur les pistes de réflexion orientant l’interprétation de ce type de vestiges.

La morphologie des enclos

Tableau I : Caractéristiques morphologiques des quatre enclos curvilinéaires de la « Route de Saint-Martin » à Hénouville.
Table I: Morphology of the four ditch enclosures at “Route de Saint-Martin”, Hénouville.

Enclos 1 2 3 4
Plan Circulaire Arc curviligne Arcs curvilinéaires réguliers et opposés Arc curviligne
Interruption(s) 1 1 2 1
Dimensions externes (m) 12 (diamètre) 8 (observé) x 7 16,2 (diamètre) 10 × 9
Surface interne (m²) 86 30 209 57
Prof. moy. (m) 0,23 0,36 0,24 0,49
Larg. moy. (m) 0,57 0,95 0,81 0,84
Altitudes inférieures (m NGF) entre 129,84 et 130,26 entre 129,58 et 129,90 entre 129,58 et 130,36 entre 129,58 et 129,87

11Ces quatre enclos fossoyés sont de forme curvilinéaire et à fossé interrompu. L’enclos 2 mesure 8 m de diamètre tandis que l’enclos 3, le plus imposant, double cette valeur. Le gabarit moyen des fossés est de 0,8 m de large pour 0,3 m de profondeur. Les altitudes inférieures du creusement des enclos 2, 3 et 4 s’avèrent relativement proches. Leur profil est majoritairement en cuvette avec quelques sections en V pour les enclos 1 et 3 (fig. 7). Il est plus franchement en V pour les enclos 2 et 4.

Figure 7 : Relevés en coupes des sondages réalisés dans les enclos 3 et 1.
Figure 7: Sections of the trenches in enclos 3 and 1.

Figure 7 : Relevés en coupes des sondages réalisés dans les enclos 3 et 1. Figure 7: Sections of the trenches in enclos 3 and 1.

Briand, 2020.

  • 4 Le tronçon occidental de l’enclos 2, totalement oblitéré par l’implantation d’une large fosse daté (...)
  • 5 Faute de relation stratigraphique directe, l’interprétation d’un enclos en arcs curvilinéaires opp (...)

12Ces monuments sont connus dans l’ensemble de l’Europe, et notamment en Grande-Bretagne (Grinsell, 1974 ; Caswell, 2018) et dans la moitié nord de la France (Le Maire, 2014 ; Toron, 2006 ; Leman Delerive, 2000 ; Marcigny et al., 2017 ; Adroit et Peake, 2021). À l’échelle de l’Europe nord occidentale, cette forme curvilinéaire est très commune. De la Picardie aux Flandres belges pour l’âge du Bronze ancien et moyen, l’architecture de ces ouvrages comprend à 90 % des enclos constitués d’un fossé périphérique (Toron, 2006). Dans la plaine de Caen (Calvados) pour la Protohistoire, cette forme d’enclos représente 80 % du corpus (composé de 119 structures), le reste correspondant à des enclos quadrangulaires (Vandergucht, 2017). Cette dernière donnée est issue d’un essai de classification typochronologique des enclos funéraires de l’âge du Bronze ancien à la fin de La Tène réalisé pour la plaine de Caen par Mathieu Vandergucht. Ce travail constitue à ce jour la synthèse la plus intéressante pour comparer les enclos de Hénouville. En effet, cet essai de typochronologie couvre l’aire chrono-culturelle et géographique la plus proche du site, puisqu’il n’existe pas encore de synthèse sur ce sujet pour la Haute-Normandie : le nombre de découvertes étant pour l’instant plus restreint que pour la Basse-Normandie (Marcigny et al., 2010 ; Marcigny et al., 2017). M. Vandergucht y montre ainsi que le plan curvilinéaire est nuancé par une variabilité de formes. Le fossé peut ainsi être continu ou interrompu, à tendance circulaire ou ovalaire, à petite interruption, en arc curviligne simple ou en arcs opposés… Sur le site de Hénouville, tous les enclos sont à fossé interrompu et à titre de comparaison cette catégorie représente 35 % du corpus de la plaine de Caen (Vandergucht, 2017). Au regard de ce corpus d’enclos à fossé interrompu, l’auteur ne s’autorise par ailleurs aucune généralité sur ces « ouvertures » tant elles présentent des disparités de taille (0,6 à 4 m) et d’orientation (ibid.). Les interruptions des enclos de Hénouville témoignent de cette variabilité : de la petite ouverture de 1 à 2,2 m pour les enclos circulaires 1 et 3, aux larges interruptions de plus de 5 m des enclos 24 et 4. Leurs orientations sont également diverses : vers le sud pour l’enclos 1, sur un axe est-ouest pour le no 3, les enclos 2 et 4 s’ouvrent sur l’enclos central, leurs interruptions étant alors diamétralement opposées. D’après la typologie de M. Vandergucht s’appuyant à la fois sur la forme des enclos et sur leur interruption, les monuments de Hénouville se répartissent au sein de trois sous-catégories. L’enclos isolé à l’ouest est circulaire à une interruption, l’enclos central est en arcs curvilinéaires réguliers et opposés5, tandis que les deux derniers implantés au nord et au sud intègrent la sous-catégorie de l’arc curviligne ou dit en « fer à cheval » dans d’autres régions (Bretagne, Le Maire, 2014). Cette variété d’architectures sur un même site n’est pas inédite. On peut sur ce point évoquer le site de la fin du Bronze ancien au début du Bronze moyen de « La Potinière » à Nonancourt où sept aménagements ont été fouillés (Kliesch, 2012). La diversité architecturale des monuments y est évidente : enclos subcirculaire continu, ovoïde à interruption et sans interruption, en arc curvilinéaire irrégulier, avec couronne de poteaux (fig. 14).

13Les dimensions de ces quatre enclos (tabl. I) ne détonent pas par rapport aux corpus de la moitié nord de la France. Sur le territoire de la Manche-Mer du Nord, les diamètres sont compris entre 4 et 25 m avec une majeure partie comprise entre 5 et 10 m et une proportion très légèrement inférieure entre 10 et 15 m. Une forte représentativité des cercles de 20 à 25 m est à noter sur ce territoire, ce qui diffère des corpus des régions limitrophes (De Reu et al., 2012). En comparaison, les diamètres des enclos bretons fouillés sont compris entre moins de 5 m et 25 m avec une plus forte représentativité pour ceux entre 5 et 10 m (près de 50 %), mais également 29 % ont un diamètre compris entre 10 et 15 m (Le Maire, 2014). Dans le nord de la France, le diamètre moyen est en majorité situé entre 8 et 26 m (Toron, 2006). Pour les Pays de la Loire, les diamètres des enclos à arc curviligne ou en « fer à cheval » sont marqués par des dimensions s’échelonnant de 5 à 18 m, avec une nette majorité dans l’intervalle compris entre 6 et 10 m (Le Maire, 2015). À Hénouville, le gabarit moyen des fossés est de 0,8 m de large pour 0,3 m de profondeur. Les synthèses récentes semblent mettre en évidence pour les enclos circulaires de l’âge du Fer une corrélation entre le diamètre et la largeur du fossé : l’augmentation de l’un accroissant l’autre (Jahier et al., 2016). Dans le cas de Hénouville, cela ne se vérifie pas : le fossé le moins large (0,57 m) est celui de l’enclos 1 de 12 m de diamètre tandis que les fossés les plus larges (0,8 m à 0,9 m) appartiennent aux enclos de plus petit diamètre.

14Les caractères morphologiques présentés ci-dessus sont issus des observations menées sur les creusements de ces enclos fossoyés (formes en plan, profils et gabarits des fossés). L’architecture de ces monuments se résume-t-elle cependant à la simple réalisation de ces fossés curvilinéaires ? Ces fossés ont-ils d’ailleurs fonctionné comme des structures ouvertes ? Pour tenter de répondre à ces questions, le recours aux observations sédimentaires s’avère essentiel.

Essai de restitution architecturale pour ces monuments curvilinéaires6

  • 6 Avec la participation de Geoffrey Leblé.

15Avant tout, il convient d’exposer les limites des observations sédimentaires menées à Hénouville. Elles se sont en effet avérées assez délicates en raison de la faible profondeur conservée des fossés dont la lisibilité a, de surcroît, été altérée par le lessivage des sédiments et par de nombreuses bioturbations. Malgré cela, plusieurs éléments peuvent être avancés pour envisager l’architecture de ces monuments circulaires.

16Le fonctionnement ouvert des fossés est attesté à Hénouville par l’analyse de la stratigraphie de leur remplissage (ici enclos nos 3 et 1, fig. 7). Ainsi, l’observation de couches à composante hydromorphe sur le fond du creusement au niveau de certains sondages révèle la présence d’eau remobilisant les sédiments consécutivement au creusement du fossé. Quelques litages hydromorphes sont également observés dans certaines coupes et témoignent véritablement d’un remplissage lent ponctué d’épisodes pluvieux. L’absence de trous d’ancrage de poteau impactant le substrat et d’une certaine verticalité dans la dynamique de comblement infirment par ailleurs l’hypothèse de fossés palissadés. Ces observations rejoignent celles du corpus de la plaine de Caen, où 97 % des enclos, circulaires et quadrangulaires pour l’ensemble de la Protohistoire, ont également fonctionné comme des structures ouvertes (Vandergucht, 2017). Des enclos palissadés existent, mais ils semblent rester anecdotiques sur cette région. Le fonctionnement ouvert du fossé d’enclos est d’ailleurs le cas le plus répandu dans la moitié septentrionale de la France (pour le Nord de la France : Toron, 2006 ; pour la Bretagne : Le Maire, 2014 ; pour les Pays de la Loire : Le Maire, 2015).

17Le creusement des fossés génère des déblais qui ont pu permettre de constituer des levées de terre sous forme de talus ou de tertre central participant à la monumentalité de l’édifice. L’observation directe d’une possible élévation s’avère trop souvent impossible compte tenu de l’érosion naturelle qui a favorisé l’étalement de ces sédiments et les labours récents qui ont contribué à horizontaliser les reliefs anciens. La fréquence régulière d’implantation des sondages manuels permet l’observation de nombreuses coupes sans biais de localisation. Le décryptage de la dynamique de comblement des fossés par la mise en évidence de fréquentes couches latéralisées caractéristiques du dépôt de matériaux sus-jacents permet d’envisager la présence de levées de terre aux abords des structures fossoyées. Pour les enclos de Hénouville, à l’exception de rares observations ponctuelles sur le monument 2, où certaines couches présentent un pendage en épousant les parois de part et d’autre du fossé, et sur l’enclos 1, où se distinguent des effondrements incertains compte tenu de la mauvaise lisibilité, ces couches latéralisées caractéristiques ne sont pas observées. Les quatre enclos curvilinéaires s’avèrent-ils dénués de toute levée de terre avec pour seul marqueur visuel le fossé que nous retrouvons aujourd’hui ?

18Le contexte sédimentaire d’implantation de ces enclos composé d’un substrat de lœss a encouragé l’essai d’une analyse particulière, à titre expérimental, pour explorer davantage cette question. Cette analyse a consisté à relever, à l’aide d’une tranchée transversale au niveau de chaque enclos (transect, fig. 6), les variations altimétriques du front de décarbonatation entre l’horizon illuvial et le substrat lœssique sous-jacent. Elle est basée sur la faculté de mise en solution, puis de migration, des carbonates dans les sols limoneux. Ce processus pédogénétique repousse naturellement le front de décarbonatation toujours plus en sous-sol, en épousant les variations de la surface (Van Vliet-Lanoë et al., 1992). Cette méthode permettrait donc, en théorie, d’aider à l’identification des aménagements (talus, tertre, fosse…) associés à ces enclos circulaires, si le relief a subsisté suffisamment longtemps pour impacter cette limite de décarbonatation du substrat (Leroy-Langelin et al., 2011 : fig. 8 ; Blondeau et al., 2015, p. 67). Il est à noter par ailleurs qu’elle est pleinement fonctionnelle dans des lœss très carbonatés. À Hénouville, les limons se sont avérés lessivés et presque entièrement décarbonatés, ce qui a particulièrement nuit à l’observation de cette limite. De surcroît, en raison de la densité des vestiges, le signal a été largement brouillé par la présence de structures intrusives postérieures et de la densité des vestiges. Ainsi, seulement deux enclos ont livré des indices probants (fig. 9). Concernant l’enclos 2, il existe un léger rehaussement du front à l’extérieur de la branche orientale du fossé circulaire, ce qui pourrait suggérer la présence d’un talus externe dans cette zone. Cette observation donne du crédit à l’observation ponctuelle d’une couche latéralisée (voir paragraphe précédent). Sur l’enclos 3, un rehaussement du front s’observe de manière tout à fait ponctuelle au centre de l’enclos, sur une longueur d’environ 1 m, de même qu’aux abords du fossé circulaire, côté interne. La difficulté d’observation de la limite de décarbonation et l’absence de transects complémentaires invitent à la prudence quant à l’existence de ces talus. Par ailleurs, ces limites n’autorisent pas de proposition complète sur leur morphologie (talus continu ou ponctuel). De surcroît, l’absence d’indice pour les enclos 1 et 4 ne permet pas d’affirmer avec certitude une architecture dépourvue d’élévation.

Figure 8 : Le principe de la décarbonatation.
Figure 8: The principals of carbonate dissolution.

Figure 8 : Le principe de la décarbonatation. Figure 8: The principals of carbonate dissolution.

Extrait de Leroy-Langelin et al., 2011.

Figure 9 : Relevés en coupe dans les transects des quatre enclos curvilinéaires de la limite de décarbonatation observée et hypothèses de restitution du relief passé.
Figure 9: Sections of the ditches of the four enclosures, the carbonate dissolution observed and hypotheses as to the original relief.

Figure 9 : Relevés en coupe dans les transects des quatre enclos curvilinéaires de la limite de décarbonatation observée et hypothèses de restitution du relief passé. Figure 9: Sections of the ditches of the four enclosures, the carbonate dissolution observed and hypotheses as to the original relief.

Briand, 2020.

19Toute précaution gardée, ces observations sédimentaires autorisent néanmoins à envisager une variabilité de propositions architecturales pour ces monuments : enclos fossoyé sans talus ni tertre (enclos 1 et 4), seulement avec un talus externe (2) et talus interne avec une modeste élévation centrale (3). Cela fait écho à la variété des architectures des enclos circulaires avec tertre et talus mise en évidence notamment sur les sites anglais mieux conservés (fig. 10). À ce titre, la proposition de restitution du monument 3 de Hénouville se rapproche du type disc barrow, mais sans creusement central identifié (Howarth, 2009) ou des formes 5-6 de la typologie de Grinsell (1974). À titre d’exemple régional, on peut citer l’enclos circulaire de 19 m de diamètre de Saint-Martin-de-Fontenay (Calvados) pour lequel l’auteur propose, d’après les observations micromorphologiques, une restitution architecturale avec un talus périphérique et un tertre central (Germain-Vallée, 2007).

Figure 10 : a. Typologie des enclos circulaires au et autour du Wessex pour les débuts de l’âge du Bronze (Grinsell, 1974) ; b. Principales formes d’élévation des enclos circulaires dans la vallée de Wylye (Angleterre) d’après P. Ashbee (Howarth, 2009).
Figure 10: a. Typology of Wessex ditches dating to the beginning of the Bronze Age (Grinsell, 1974); b. Main elevations of tumuli in the Wylye Valley (Great Britain) after P. Ashbee (Howarth, 2009).

Figure 10 : a. Typologie des enclos circulaires au et autour du Wessex pour les débuts de l’âge du Bronze (Grinsell, 1974) ; b. Principales formes d’élévation des enclos circulaires dans la vallée de Wylye (Angleterre) d’après P. Ashbee (Howarth, 2009). Figure 10: a. Typology of Wessex ditches dating to the beginning of the Bronze Age (Grinsell, 1974); b. Main elevations of tumuli in the Wylye Valley (Great Britain) after P. Ashbee (Howarth, 2009).

Une datation au Bronze ancien ?

20Le mobilier recueilli dans les fossés des enclos, très réduit quantitativement, se limite à quelques pièces lithiques qui appartiennent à une large période comprise entre le Néolithique moyen et l’âge du Bronze ancien (fig. 11). Les sites avec ce type d’enclos de l’âge du Bronze ancien et moyen sont souvent mal documentés dans la région Haute-Normandie. En effet, il est fréquent que ces gisements ne livrent que très peu de mobilier. Paradoxalement, l’absence d’indice de datation chronologique ou un déficit de poterie permettent souvent d’envisager ces sites comme appartenant à cette période (Kliesch, 2012). À Hénouville, seule la présence d’une armature perçante à pédoncule et ailerons permet de resserrer l’attribution chronologique de l’enclos 4 entre la fin du Néolithique et le début de l’âge du Bronze (fig. 11).

Figure 11 : Pièces principales du mobilier lithique des enclos de Hénouville.
Figure 11: Main lithic pieces from Hénouville.

Figure 11 : Pièces principales du mobilier lithique des enclos de Hénouville. Figure 11: Main lithic pieces from Hénouville.

1 : grattoir ; 2 : armature perçante ; 3 : denticulé ; 4 : racloir.
1: grattoir ; 2 : arrow head ; 3 : denticule ; 4 : racloir.

DAO : A. Blanchard.

  • 7 Les formes en arc curviligne (enclos 2 et 4) comme à arcs curvilignes irréguliers opposés (enclos  (...)

21Ce déficit quantitatif et a fortiori qualitatif de mobilier a conduit à la réalisation de plusieurs datations par le radiocarbone sur des charbons de bois présents dans les comblements des fossés (fig. 12 et tabl. II). Il convient de rappeler le degré de fiabilité parfois faible des datations isotopiques sur charbons issus des comblements, ceux-ci pouvant être résiduels et ne pas être en lien avec l’activité génératrice du fossé (comblement post-abandon, intrusif…). Les seules datations absolues qui semblent tout à fait fiables pour dater ce contexte proviennent d’ossements d’inhumations ou de crémations puisqu’elles renseignent alors un acte précis dans la fonction et la durée. Un prélèvement de l’enclos 1 cible la fin du Néolithique et le tout début de l’âge du Bronze ancien. Trois prélèvements effectués dans les enclos 3 et 4 orientent vers l’âge du Bronze ancien. Ces quatre résultats permettent de préciser l’étude du mobilier lithique en encourageant une datation du comblement de ces enclos 1, 3 et 4 au cours du Bronze ancien. Cela permet d’envisager une relative contemporanéité, tout du moins dans le comblement de ces aménagements avec une possible antériorité de l’enclos 1. Ces datations s’avèrent par ailleurs plutôt en accord avec les données actuelles suggérant une apparition des monuments funéraires à fossé curvilinéaire en Normandie au cours de l’âge du Bronze ancien (Marcigny et al., 2010, p. 121 ; Vandergucht, 2017, p. 1327). Les enclos de Hénouville apparaissent alors relativement précoces. En comparaison régionale, on peut citer dans le Calvados, les enclos de Bernières-sur-Mer, datés du Bronze ancien (Marcigny et al., 2003). Dans la région, le phénomène de l’enclos curvilinéaire perdure tout au long de l’âge du Bronze. En Seine-Maritime, les nécropoles de Saint-Vigor-d’Ymonville datent du Bronze moyen (Marcigny, 2002). Dans l’Eure, les enclos de Nonancourt semblent s’étendre du Bronze ancien au Bronze moyen (Kliesch, 2012). Les enclos circulaires d’Aubevoye appartiennent au Bronze moyen-final (Guillier, 2011). Le Bronze final est représenté entre autres par les sites d’Acquigny (Kliesch, 2011), de Ferrières-Haut-Clocher (Berranger, 2013) et de Malleville-sur-le-Bec (Mare, 2010). En portant notre regard sur les territoires extrarégionaux de la Bretagne et des Pays de la Loire, ce même constat d’une émergence du phénomène des enclos circulaires au début du Bronze ancien est à noter (Le Maire, 2014 et 2015).

Figure 12 : Localisation des prélèvements (charbons et graine) datés par analyse du radiocarbone 14C.
Figure 12: Location of the samples (charcoal and seeds) dated by radiocarbon analyses.

Figure 12 : Localisation des prélèvements (charbons et graine) datés par analyse du radiocarbone 14C. Figure 12: Location of the samples (charcoal and seeds) dated by radiocarbon analyses.

DAO : J. Ménager.

Tableau II : Tableau récapitulatif des datations par le radiocarbone réalisées sur les vestiges protohistoriques du site « Route de Saint-Martin » à Hénouville par Poznan Radiocarbon Laboratory et leurs représentations graphiques après calibration.
Table II: Radiocarbon dates from Hénouville measured by Poznan Radiocarbon Laboratory and their graphic representations after calibration.

Tableau II : Tableau récapitulatif des datations par le radiocarbone réalisées sur les vestiges protohistoriques du site « Route de Saint-Martin » à Hénouville par Poznan Radiocarbon Laboratory et leurs représentations graphiques après calibration. Table II: Radiocarbon dates from Hénouville measured by Poznan Radiocarbon Laboratory and their graphic representations after calibration.

Briand, 2020 ; Oxcal.

  • 8 La fouille manuelle réalisée au niveau de cette intersection décrit une postériorité du fossé sur (...)
  • 9 L’analyse carpologique a répertorié des céréales dont de l’orge vêtue, une noisette et une graine (...)

22Cependant, trois autres prélèvements, deux réalisés dans l’enclos 1 et un dans le no 4, reculent de manière importante les attributions chronologiques précédentes. En effet, les analyses par le radiocarbone effectuées sur ces prélèvements renvoient au Néolithique moyen et final. Ces résultats apparaissent alors discordants par rapport aux synthèses actuelles sur ce phénomène. Un horizon renvoyant à une large phase Néolithique/Protohistoire avait été perçu dès le diagnostic par la découverte de quelques pièces de silex (éclat, denticulé, percuteur, grattoir…) et de rares fragments de céramique sans dégraissant et à pâte grossière dans les enclos 1 et 3 sondés, mais surtout de manière plus diffuse dans les autres tranchées (Riche, 2017 ; fig. 3). La fouille du site de la « Route de Saint-Martin » a par ailleurs permis de proposer une datation autour du Néolithique moyen pour deux autres structures (Briand, 2020). Un silo localisé au nord de l’emprise a été daté au début du Néolithique moyen I par une analyse par le radiocarbone effectuée sur une graine carbonisée provenant de la couche la plus ancienne de la structure (fig. 12 et tabl. II). Un fossé identifié sur une trentaine de mètres et connecté à l’enclos 18 est proposé au Néolithique moyen essentiellement sur la base d’une analyse 14C réalisée sur un charbon issu de son comblement (fig. 12 et tabl. II). L’implantation de l’enclos 1, comme lové contre ce fossé, peut d’ailleurs paraître étonnante en considérant un hiatus de plus d’un millénaire entre les deux aménagements. De surcroît, il faut rappeler la découverte de vestiges d’un habitat daté du Néolithique final à l’est de l’opération, au lieu-dit « Le Bellay » (3. et fig. 5). Ces éléments attestent donc bel et bien d’une occupation de ce secteur dès le Néolithique moyen. À ce titre, il est envisageable que ces trois charbons renvoyant au Néolithique puissent ne pas être contemporains du comblement des monuments circulaires. Leur caractère intrusif dans les niveaux de remplissage des fossés est une hypothèse. Par exemple, une activité agricole en périphérie de l’habitat, dans une zone où se trouve justement un silo de stockage9, a pu générer des charbons par la mise en culture des terres sur brûlis. Ces écofacts inscrits dans un paléosol percé plus tard par le creusement des enclos, comme par celui du fossé « connecté » au monument 1, ont ainsi pu se retrouver dans leurs comblements. Cette explication a le mérite de ne pas écarter les résultats discordants de l’analyse tout en permettant de conserver une émergence durant l’âge du Bronze ancien des enclos de Hénouville. Néanmoins, exclure totalement une hypothétique datation de ces enclos au cours du Néolithique s’avère peut-être un peu trop catégorique et prématuré. En effet, les synthèses actuelles se basent évidemment sur les enclos fouillés et la progression dans ce domaine est encore considérable. Le nombre d’enclos fouillés reste minoritaire rapporté aux repérages effectués par prospection aérienne notamment. À titre d’exemple, pour le territoire de l’ex-Basse-Normandie en 2009, 55 sites funéraires avaient été fouillés contre 252 repérés en prospection aérienne (Marcigny et al., 2010). Le constat est équivalent pour la Bretagne avec seulement 40 enclos fouillés alors que la prospection en a révélé six fois plus (Le Maire, 2014). Par ailleurs, le recours fréquent aux analyses par le radiocarbone, dont les limites ont été évoquées au début de cette partie, ne trompe pas : malgré la fouille, l’indigence du mobilier dans les fossés des enclos sur de nombreux sites ne facilite pas leur attribution chrono-culturelle. Cela invite à questionner encore régulièrement l’émergence de ce phénomène des enclos circulaires comme ses évolutions typochronologiques.

L’organisation spatiale de ces enclos fossoyés

23Le comblement des fossés des enclos semble plutôt avoir eu lieu au cours du Bronze ancien avec peut-être une légère antériorité de l’enclos 1. Ce postulat amène à considérer la distribution spatiale de ces monuments.

24Ces quatre enclos sont regroupés dans un espace de 1 500 m², le monument 1 étant distant de moins de 14 m des trois autres (fig. 3). Cet écart relatif pourrait être en lien avec le léger hiatus évoqué ci-dessus. De surcroît, la possible imbrication de l’enclos 1 avec le fossé se développant vers le nord-ouest détone de l’organisation spatiale des trois autres monuments. L’enclos 3 y occupe la place centrale, les deux autres se répartissant de part et d’autre selon un axe nord-sud. Aucun de ces aménagements ne se recoupe malgré une promiscuité flagrante entre les enclos 2, 3 et 4 : les écarts observés sont compris entre 0,27 m et 1,3 m. Cela encourage à considérer leur contemporanéité. Par ailleurs, ces faibles écarts n’autorisent pas l’existence d’une véritable levée de terre à l’extérieur de l’enclos 3, ce qui est cohérent avec la proposition d’un talus interne pour ce monument (fig. 9). L’implantation de ces trois enclos (nos 2, 3 et 4) apparaît intriquée et réfléchie, d’une part, par cette promiscuité évidente et d’autre part par la similitude des altitudes inférieures de leur creusement (tabl. I). La distribution de ces trois enclos selon un même axe nord-sud constitue également un élément seyant à leur implantation homogène. Cette répartition, en l’absence de contrainte topographique, pourrait éventuellement être liée à un axe de circulation aujourd’hui disparu permettant de se déplacer vers et autour des monuments. En considérant une telle circulation et en supposant un fonctionnement synchrone de ces trois enclos, il est intéressant de constater que les interruptions de l’enclos 3 autorisent l’accès à son espace interne contrairement à celles des enclos 2 et 4 s’ouvrant sur le fossé du monument 3. D’après cette organisation spatiale et la morphologie propre de chaque enclos, il est tentant, à ce stade, d’avancer que l’implantation du no 3 a pu conditionner celle des deux autres. Bien que sortants de l’aire géographique et chrono-culturelle de ceux de Hénouville, plusieurs sites ont livré une organisation spatiale analogue de leurs enclos. On peut citer notamment le site du « Champ des Rochers » à Soyaux (Charente), au pied du plateau du Recoux occupé du Néolithique moyen à l’âge du Fer, où 22 enclos circulaires ou curvilinéaires ont été mis au jour (Kerouanton, 2012 et 2020 ; fig. 13). L’enclos E16, vraisemblablement implanté dans le courant du ixe s. av. J.-C., est le plus ancien. L’enclos E1 est légèrement postérieur, implanté au cours du viiie s. Ce dernier est circulaire à fossé continu et trois monuments en arc curviligne rayonnent autour de ce monument. Parmi les enclos du groupe au nord de ce site, dont l’utilisation est avérée au moins jusqu’au vie s. av. J.-C., l’organisation spatiale du monument E3 flanqué de deux enclos de plus petit diamètre (E12 et E43) rappelle également celle de Hénouville. Ce type de regroupement a également été identifié sur des sites du vie au ive s. av. J.-C. dans les Pays de la Loire et le Poitou-Charentes (Jahier et al., 2016).

Figure 13 : Plan du site du « Champ des Rochers » à Soyaux en Charente.
Figure 13: Site plan of “Champ des Rochers” at Soyaux in Charente.

Figure 13 : Plan du site du « Champ des Rochers » à Soyaux en Charente. Figure 13: Site plan of “Champ des Rochers” at Soyaux in Charente.

Kerouanton, 2012.

  • 10 Entre 1 et 2 m.

25Un large fossé10 repéré au sud de l’emprise et amorçant un arc-de-cercle, mais largement oblitéré par l’installation de structures postérieures, est également proposé à la Protohistoire étendue par la découverte de deux tessons de céramique. Ce fossé pourrait hypothétiquement correspondre à un cinquième enclos qui respecterait alors la distribution nord-sud des enclos 2, 3 et 4. Cependant, trop peu d’éléments permettent d’étayer cette hypothèse.

26Les regroupements des enclos circulaires sont régulièrement constatés. À l’échelle régionale et en se concentrant seulement sur l’âge du Bronze, quelques sites méritent d’être mentionnés. La nécropole de Saint-Vigor-d’Ymonville (Seine-Maritime) où au moins quatre enclos circulaires ont été mis au jour (Marcigny, 2002). Le site « Le Grand Parc » à Bernières-sur-Mer (Calvados), seulement exploré de façon lacunaire par diagnostic, a révélé deux enclos curvilinéaires et un enclos circulaire distant cependant de 300 m (fig. 14 ; Marcigny et al., 2003). Le département de l’Eure n’est pas en reste avec les cinq enclos circulaires du « Chemin Vert » à Aubevoye (Guillier, 2011), le site de « La Potinière » à Nonancourt regroupant pas moins de 16 aménagements (fig. 14 ; Kliesch, 2012), le site du « Gériot » à La Ferrières-Haut-Clocher et ses huit enclos circulaires (Berranger, 2013) ou encore la nécropole de Malleville-sur-le-Bec avec cinq enclos circulaires (Mare, 2010). Toujours dans l’Eure, le site « Les Diguets » à Acquigny avec ses six enclos ou arcs curvilinéaires est également à mentionner (fig. 14 ; Kliesch, 2011). Ce dernier site est particulièrement intéressant, notamment au regard de son organisation spatiale. Les conclusions de l’auteur suggèrent une répartition des enclos principalement selon un axe nord-nord-ouest/sud-sud-est. Cette analyse autorise même une proposition de restitution d’îlots par regroupement de sépultures intégrant dans certains les enclos. De multiples axes de circulation sont proposés au sein de cette nécropole. Le regroupement des monuments n’est en rien une caractéristique régionale et a été identifié régulièrement sur la moitié septentrionale de la France. Pour exemple, en Bretagne et dans les Pays de la Loire, pour la Protohistoire, un site sur trois a ainsi livré plus d’un enclos (Le Maire, 2015).

Figure 14 : Quatre sites à enclos circulaires normands : les monuments curvilinéaires de Hénouville et trois nécropoles datées du Bronze ancien au Bronze final.
Figure 14: Four sites with ditched monuments in Normandy: Hénouville and three sites dating from the EBA to the LBA.

Figure 14 : Quatre sites à enclos circulaires normands : les monuments curvilinéaires de Hénouville et trois nécropoles datées du Bronze ancien au Bronze final. Figure 14: Four sites with ditched monuments in Normandy: Hénouville and three sites dating from the EBA to the LBA.

DAO : J. Ménager.

27Cette réflexion engagée sur l’organisation spatiale de ces enclos curvilinéaires groupés amène inévitablement à s’interroger sur la destination de ces monuments.

Quelle(s) fonction(s) pour ces monuments ?

28Évacuons en premier lieu la fonction domestique de ces aménagements fossoyés. Des plans de bâtiments circulaires sont pourtant avérés au Néolithique et l’âge du Bronze. Pour le Néolithique, citons par exemple le bâtiment du site « Le Mont » à Goulet dans l’Orne daté du Chasséen ancien (milieu du Ve millénaire av. J.-C.). Constitué de tranchées de fondation et de trous de poteau, il forme un plan circulaire d’environ 18 m de diamètre et est pourvu d’un mur de refend interne délimitant deux espaces inégaux (Billard et al., 2014). Sa fouille fine a permis de mettre en évidence, par l’observation de couches charbonneuses, l’existence d’une cloison de bois porteuse installée dans les tranchées de fondation. Des bâtiments circulaires du même type, datés du Néolithique moyen I et II, ont également été identifiés à Auneau (Eure-et-Loir) sur le site « Le Parc du Château » et à Orval (Cher) sur le site des « Arondes » (Verjux et al., 1998). Deux bâtiments des Mureaux (Yvelines) datés du Néolithique moyen II entrent également dans cette catégorie (Collet, 2019). Les diamètres de tous ces bâtiments circulaires sont compris entre 7 m et 18 m. Ces bâtiments présentent une ouverture matérialisée par l’interruption des tranchées de fondation et un mur de refend discriminant l’espace interne. La fouille de ces tranchées a permis, là encore, de démontrer, sur au moins une partie de leurs tracés, l’existence de poteaux en bois, brûlés en place. Dans les îles Britanniques, des maisons circulaires sur tranchées de fondation sont avérées dès la transition Néolithique/âge du Bronze (Dechezleprêtre et al., 1997 ; Godard, 2013). En France, si le plan quadrangulaire domine pour cette même période, sur la frange atlantique, une forme architecturale circulaire se distingue dès l’âge du Bronze. Dans la plupart des cas, ces bâtiments sont sur poteaux plantés, mais des exemples sur tranchée de fondation sont connus. On peut citer quelques sites normands : celui de Cahagnes dans le Calvados avec une vingtaine de bâtiments de 7 à 8 m de diamètre (Jahier, 1996), ceux de Malleville-sur-le-Bec et de Poses dans l’Eure (Mare, 2010 ; Dechezleprêtre et al., 1997), le site d’Urville-Nacqueville dans la Manche (Lefort, 2010). L’hypothèse d’une fonction domestique n’est cependant pas retenue pour les aménagements circulaires de Hénouville et ce pour plusieurs raisons. En premier lieu, il faut noter l’absence d’un module porteur sur poteaux dans l’espace interne ou d’un mur de refend pour soutenir la couverture. L’analyse sédimentaire des fossés n’a pas non plus révélé d’empreintes de poteau comme cela a été le cas pour les bâtiments des sites mentionnés ci-dessus. L’indigence du mobilier dans les fossés, mais également dans les structures périphériques et a fortiori d’un mobilier domestique n’oriente définitivement pas vers une fonction d’habitat.

29La vocation funéraire reste la plus couramment admise pour ces enclos fossoyés curvilinéaires protohistoriques même en l’absence de sépultures clairement associées. Pour ceux de Hénouville, aucun élément mobilier (dépôt d’urnes funéraires ou rejets d’esquilles osseuses dans les fossés…) ou immobilier (sépulture centrale…) ne permet d’ailleurs d’appuyer une telle fonction. Néanmoins, c’est fréquemment l’analogie avec des sites à enclos circulaires associés à des pratiques funéraires (inhumation et/ou crémation) qui invite à étendre cette vocation. En exemple, citons le site de Bernières-sur-Mer attestant de la pratique de l’inhumation en lien avec de tels enclos (Marcigny et al., 2003 ; fig. 14). En ce qui concerne la crémation, mentionnons les deux urnes cinéraires découvertes dans l’aire centrale de l’enclos circulaire de Saint-Martin-de-Fontenay dans le Calvados (Germain-Vallée, 2007). Les six enclos d’Acquigny dans l’Eure ont tous livré au moins une sépulture à crémation secondaire en fosse et semblent, nous l’avons vu, insérés dans un maillage d’îlots funéraires (fig. 14 ; Kliesch, 2011). Le site de Nonancourt dans l’Eure a également livré des esquilles osseuses brûlées dans la fosse sépulcrale installée au sein d’un des enclos circulaires (fig. 14, Kliesch, 2012). Ce défaut d’indice justifiant d’une pratique funéraire à Hénouville, comme sur de nombreux sites, pourrait éventuellement être expliqué par des phénomènes taphonomiques en lien notamment avec l’architecture en élévation disparue des monuments (4.2). La sépulture placée par exemple dans le tertre central, sans impacter le substrat, l’aurait ainsi accompagnée dans sa désintégration.

30L’existence de nécropoles du Néolithique et de l’âge du Bronze dépourvues d’enclos monumental et les nombreux aménagements circulaires dénués de sépultures pourraient également suggérer que les cercles fossoyés recouvrent d’autres fonctions que le funéraire. Une fonction cultuelle est ainsi régulièrement envisagée. Elle est cependant difficile à déceler à cause de problèmes de conservation et de son imbrication forte avec la pratique funéraire : une fonction cultuelle originelle engendrant l’installation d’une sépulture, un culte autour de la sépulture d’un ancêtre ou même sans tombe (cénotaphe), une fonction funéraire seulement supposée en raison de la disparition de la sépulture ou encore une fonction cultuelle intrinsèque… La variabilité des pratiques cultuelles brouille également les interprétations. Certaines ont pu ne laisser que très peu ou pas d’indices. Par exemple, le défunt a pu seulement être symbolisé par une faible fraction d’esquilles osseuses rejetées dans le fossé ou sur le tertre, le rapprochant ainsi du lieu sacré représenté par l’enclos, alors que sa tombe propre pouvait se trouver ailleurs.

31En admettant une vocation funéraire et/ou cultuelle pour ces monuments, leur regroupement en « nécropole » témoigne d’un espace dédié par la communauté édificatrice à cette pratique (concentration des monuments et peu voire pas d’indices d’activités annexes contemporaines…). L’organisation de ce petit groupe d’enclos en « nécropole » peut-elle d’ailleurs permettre d’envisager la localisation de cette communauté de l’âge du Bronze ancien ? Sur ce point, les analyses régionales permises par la multiplication des fouilles préventives extensives (Saint-Vigor-d’Ymonville, Malleville-sur-le-Bec, presqu’île de La Hague…) et par le chantier programmé de l’île Tatihou (Manche) commencent à autoriser la réalisation de modèles d’implantation de ces nécropoles (Marcigny, 2012). C. Marcigny définit à ce titre trois rangs en fonction de la proximité avec l’habitat, du nombre de monuments et de la durée d’utilisation : 150 m (rang 1), 450 m (rang 2) et au-delà pour le troisième rang. Le premier rang est ainsi caractérisé par un plus faible nombre de monuments possiblement destinés à une petite fraction de la population et une courte durée d’utilisation. Cette situation pourrait refléter le statut des défunts, d’éventuels fondateurs. Il pourrait se déduire une fonction de recueillement et de mémoire, mais aussi une signature « lignagère » (ibid.). Même si l’extrapolation de la taille de cette « nécropole » de Hénouville est limitée par la faible emprise de la fouille et du diagnostic, tout comme la localisation inconnue de l’habitat contemporain, avec au moins quatre enclos, elle pourrait hypothétiquement intégrer ce premier rang. Ce phénomène de concentration d’enclos semble par ailleurs témoigner d’une relative perduration de l’espace funéraire et/ou cultuel. L’enclos pourrait aussi être envisagé comme un symbole de continuité utilisé pour s’insérer dans l’histoire d’un terroir. Symbole permettant d’inscrire et de légitimer une communauté comme une succession logique par rapport aux générations précédentes (Bourgeois, 2013). Leur localisation géographique et topographique constitue également un point essentiel en lien avec la définition d’un territoire comme marqueur ostentatoire et mémoriel. Dans la région, c’est le schéma d’implantation en fond de vallée et en confluence qui est fréquemment attesté : vallées de l’Eure, de l’Iton, de l’Avre et de la Haute-Seine avec les nécropoles de Barbuise-Courtavant, Villeneuve la Guyard et les espaces funéraires autour de Marolles-sur-Seine à l’interfluve Seine-Yonne (Kliesch, 2011 ; Adroit et Peake, 2021 ; Peake et Mordant, 2018). La perception du territoire est cependant encore très limitée et la localisation des enclos de Hénouville en position haute, à moins d’un kilomètre du haut de pente de la vallée de la Seine, modère ces données. À titre de comparaison, il est à noter que la situation sur des points hauts semble en revanche privilégiée en Bretagne (Le Maire, 2014).

5. Conclusion

32L’opération préventive menée en 2017 « Route de Saint-Martin » a permis l’exploration de quatre enclos curvilinéaires. Cette découverte alimente les données sur ce type d’aménagements encore relativement peu documenté au nord de la Seine. Ce site enrichit le corpus des sites à enclos curvilinéaires groupés à l’interprétation délicate et proposée par défaut à vocation funéraire en l’absence d’indices matériels probants. La fouille de ces enclos à Hénouville soulève également la question de l’ancrage chronologique de ces monuments. La datation par le radiocarbone de certains charbons issus du comblement des fossés les ferait ainsi remonter jusqu’au Néolithique moyen alors que, jusqu’à présent, les exemples régionaux et extrarégionaux ne semblent pas témoigner d’une émergence avant le Bronze ancien. Si un bruit de fond d’une occupation au Néolithique pourrait permettre d’expliquer ces résultats discordants, et ainsi retenir préférablement une datation au Bronze ancien, cette question reste essentielle. Enfin, cette fouille, grâce à son contexte lœssique, a été l’occasion d’envisager une tentative de restitution de l’élévation de ces monuments. Si cette analyse, délicate ici, ne permet pas d’affirmer avec certitude l’existence et la disposition des levées de terre (talus, tertre), elle constitue une approche supplémentaire et complémentaire dans la compréhension de ces édifices qui gagnerait à être multipliée en contexte géologique approprié (lœss).

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Notes

1 Archéologue médiéviste, en 2017 chez Archeodunum (Agence de Sainte-Luce-sur-Loire).

2 Corps de ferme à bâtiments dispersés entouré de talus plantés, spécifique au Pays de Caux.

3 Par Geoffrey Leblé.

4 Le tronçon occidental de l’enclos 2, totalement oblitéré par l’implantation d’une large fosse datée du second Moyen Âge ou de la Période Moderne, est ainsi seulement supposé se refermer vers l’enclos 3 à l’instar du tronçon oriental.

5 Faute de relation stratigraphique directe, l’interprétation d’un enclos en arcs curvilinéaires opposés reste hypothétique et non démontrée. M. Vandergucht propose toutefois de considérer les enclos en arcs curvilinéaires opposés que l’on peut qualifier de « réguliers » comme des enclos à tendance circulaire possédant deux interruptions opposées. Les fossés seraient donc creusés simultanément. Ce postulat est aussi retenu pour l’enclos no 3 de Hénouville.

6 Avec la participation de Geoffrey Leblé.

7 Les formes en arc curviligne (enclos 2 et 4) comme à arcs curvilignes irréguliers opposés (enclos 3) y sont représentées dès l’âge du Bronze ancien (2300 à 1600 av. J.-C.). Le type de l’enclos 1, soit circulaire à petite ouverture, n’est en revanche mentionné dans cet essai qu’à partir de l’âge du Bronze moyen.

8 La fouille manuelle réalisée au niveau de cette intersection décrit une postériorité du fossé sur l’enclos 1. Cependant, les fossés sont peu profonds à ce niveau et le contraste entre leurs comblements est particulièrement faible (composition proche, sédiments lessivés), ce qui encourage à la prudence d’où l’utilisation du terme « connecté ».

9 L’analyse carpologique a répertorié des céréales dont de l’orge vêtue, une noisette et une graine se rapprochant de l’espèce du lin cultivé, plante aux graines oléagineuses et aux fibres textiles (Briand, 2020, p. 129).

10 Entre 1 et 2 m.

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Table des illustrations

Titre Figure 1 : Localisation de l’opération archéologique « Route de Saint-Martin » à Hénouville, Seine-Maritime. Figure 1: Location of the excavation at “Route de Saint-Martin”, Hénouville, Seine-Maritime.
Crédits Source : fond de carte 2gis Map, éch. 1/150000.
URL http://journals.openedition.org/rao/docannexe/image/9424/img-1.png
Fichier image/png, 2,4M
Titre Figure 2 : Vue de drone depuis l’ouest de l’emprise décapée. Les quatre enclos, alors sondés manuellement, sont bien visibles. Figure 2: View by drone from the west showing the four ditch monuments with their excavation trenches.
Crédits Crédit : S. Hauville.
URL http://journals.openedition.org/rao/docannexe/image/9424/img-2.png
Fichier image/png, 3,6M
Titre Figure 3 : Plan phasé de l’opération. Figure 3: Site plan by phase.
Légende La localisation du mobilier (céramique et silex), daté des périodes néolithique et protohistorique issu du diagnostic, est aussi pointée sur ce plan. Neolithic and Metal Ages find spots (pottery and flint) from the evaluaton are also marked.
Crédits Briand, 2020.
URL http://journals.openedition.org/rao/docannexe/image/9424/img-3.png
Fichier image/png, 624k
Titre Figure 4 : Environnement géologique du site. Figure 4: Geology.
Crédits Source : BRGM, éch. 1/50000.
URL http://journals.openedition.org/rao/docannexe/image/9424/img-4.png
Fichier image/png, 3,8M
Titre Figure 5 : Environnement archéologique du site, indices préhistoriques et protohistoriques. Figure 5: Archaeological context, Prehistory and Iron Age.
Crédits Source : fond de carte géoportail.fr ; données Patriarche.
URL http://journals.openedition.org/rao/docannexe/image/9424/img-5.png
Fichier image/png, 2,9M
Titre Figure 6 : Implantation des sondages manuels et mécaniques relatifs aux enclos curvilinéaires. Figure 6: Manual and mechanical trenches in the ditches.
Crédits Briand, 2020.
URL http://journals.openedition.org/rao/docannexe/image/9424/img-6.png
Fichier image/png, 174k
Titre Figure 7 : Relevés en coupes des sondages réalisés dans les enclos 3 et 1. Figure 7: Sections of the trenches in enclos 3 and 1.
Crédits Briand, 2020.
URL http://journals.openedition.org/rao/docannexe/image/9424/img-7.png
Fichier image/png, 632k
Titre Figure 8 : Le principe de la décarbonatation. Figure 8: The principals of carbonate dissolution.
Crédits Extrait de Leroy-Langelin et al., 2011.
URL http://journals.openedition.org/rao/docannexe/image/9424/img-8.png
Fichier image/png, 180k
Titre Figure 9 : Relevés en coupe dans les transects des quatre enclos curvilinéaires de la limite de décarbonatation observée et hypothèses de restitution du relief passé. Figure 9: Sections of the ditches of the four enclosures, the carbonate dissolution observed and hypotheses as to the original relief.
Crédits Briand, 2020.
URL http://journals.openedition.org/rao/docannexe/image/9424/img-9.png
Fichier image/png, 256k
Titre Figure 10 : a. Typologie des enclos circulaires au et autour du Wessex pour les débuts de l’âge du Bronze (Grinsell, 1974) ; b. Principales formes d’élévation des enclos circulaires dans la vallée de Wylye (Angleterre) d’après P. Ashbee (Howarth, 2009). Figure 10: a. Typology of Wessex ditches dating to the beginning of the Bronze Age (Grinsell, 1974); b. Main elevations of tumuli in the Wylye Valley (Great Britain) after P. Ashbee (Howarth, 2009).
URL http://journals.openedition.org/rao/docannexe/image/9424/img-10.png
Fichier image/png, 696k
Titre Figure 11 : Pièces principales du mobilier lithique des enclos de Hénouville. Figure 11: Main lithic pieces from Hénouville.
Légende 1 : grattoir ; 2 : armature perçante ; 3 : denticulé ; 4 : racloir. 1: grattoir ; 2 : arrow head ; 3 : denticule ; 4 : racloir.
Crédits DAO : A. Blanchard.
URL http://journals.openedition.org/rao/docannexe/image/9424/img-11.png
Fichier image/png, 1,1M
Titre Figure 12 : Localisation des prélèvements (charbons et graine) datés par analyse du radiocarbone 14C. Figure 12: Location of the samples (charcoal and seeds) dated by radiocarbon analyses.
Crédits DAO : J. Ménager.
URL http://journals.openedition.org/rao/docannexe/image/9424/img-12.png
Fichier image/png, 341k
Titre Tableau II : Tableau récapitulatif des datations par le radiocarbone réalisées sur les vestiges protohistoriques du site « Route de Saint-Martin » à Hénouville par Poznan Radiocarbon Laboratory et leurs représentations graphiques après calibration. Table II: Radiocarbon dates from Hénouville measured by Poznan Radiocarbon Laboratory and their graphic representations after calibration.
Crédits Briand, 2020 ; Oxcal.
URL http://journals.openedition.org/rao/docannexe/image/9424/img-13.png
Fichier image/png, 577k
Titre Figure 13 : Plan du site du « Champ des Rochers » à Soyaux en Charente. Figure 13: Site plan of “Champ des Rochers” at Soyaux in Charente.
Crédits Kerouanton, 2012.
URL http://journals.openedition.org/rao/docannexe/image/9424/img-14.png
Fichier image/png, 124k
Titre Figure 14 : Quatre sites à enclos circulaires normands : les monuments curvilinéaires de Hénouville et trois nécropoles datées du Bronze ancien au Bronze final. Figure 14: Four sites with ditched monuments in Normandy: Hénouville and three sites dating from the EBA to the LBA.
Crédits DAO : J. Ménager.
URL http://journals.openedition.org/rao/docannexe/image/9424/img-15.png
Fichier image/png, 483k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Jimmy Ménager et Geoffrey Leblé, « Les enclos curvilinéaires protohistoriques de Hénouville (Seine-Maritime) »Revue archéologique de l'Ouest [En ligne], 39 | 2023, mis en ligne le 18 janvier 2024, consulté le 26 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/rao/9424 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rao.9424

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Auteurs

Jimmy Ménager

Archéologue protohistorien, Archeodunum (Agence de Sainte-Luce-sur-Loire)

Geoffrey Leblé

Géoarchéologue, Archeodunum (Agence de Sainte-Luce-sur-Loire)

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

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