De Villard de Honnecourt à Le Corbusier et alii : natures et usages du carnet d’artiste
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- 1 Le Corbusier, L’atelier de la recherche patiente, Paris, Éditions Vincent Fréal, 1960, cité par Ma (...)
Quand on voyage et qu’on est praticien des choses visuelles : architecture, peinture ou sculpture, on regarde avec ses yeux et on dessine afin de pousser à l’intérieur, dans sa propre histoire, les choses vues. Une fois les choses entrées par le travail du crayon, elles restent dedans pour la vie ; elles sont écrites, elles sont inscrites […] Dessiner soi-même, suivre des profils, occuper des surfaces, reconnaître des volumes, etc., c’est d’abord regarder, c’est être apte peut-être à observer, apte peut-être à découvrir... À ce moment-là, le phénomène inventif peut survenir.1
1Le Corbusier montre très bien ici le rôle clé tenu par le carnet dans l’activité artistique et l’importance accordée au regard que la main prolonge et fixe par le tracé. C’est ainsi que l’artiste comprend véritablement l’œuvre qui, d’abord, retient son attention et dont il souhaite ensuite conserver la trace. Celle-ci pourra, le cas échéant, ressurgir, consciemment ou non, via le dessin ou simplement son souvenir, lors de l’acte créateur. Ainsi le carnet s’avère un véritable outil, chaînon essentiel à tous les stades de l’activité de l’artiste.
Villard de Honnecourt et Édouard Roederer : deux époques, une pratique
- 2 Villard de Honnecourt, Album de dessins et croquis, Bnf, ms français 19093. La reliure est postéri (...)
- 3 Édouard Roederer, carnet, Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg, 101 Z 1231. Vo (...)
2La démarche décrite par Le Corbusier comme étant celle partagée par les acteurs de l’ensemble des arts visuels de son époque semble avoir eu cours de longue date – au moins depuis le Moyen-Âge –, même si elle est a fortiori plus difficile à documenter pour les périodes anciennes. La confrontation entre les feuillets de dessins de Villard de Honnecourt, du début du 13e siècle2, et le carnet de l’architecte strasbourgeois Édouard Roederer (1838-1899)3 est particulièrement éclairante à cet égard et a inspiré le thème du colloque international « Carnets de notes, carnets de références, musées de papier. Regards croisés sur la culture visuelle des artistes et le processus de création du Moyen-Âge à nos jours », qui s’est tenu à Strasbourg du 23 au 25 mars 2022 et dont est issue la série d’articles du présent volume. Chez Villard comme chez Roederer, nous retrouvons en effet un même éclectisme des sujets traités et une même façon de les agencer sur la page, juxtaposés, superposés ou disposés tête-bêche. Ainsi chez Villard de Honnecourt, on trouve par exemple le dessin d’un labyrinthe à côté de chats et d’insectes (f. 7 v°) ; deux lutteurs représentés dans la largeur du feuillet et deux plans de chœurs d’églises au contraire dessinés dans la hauteur (f. 14 v°) ; des dessins de charpentes côtoyant une lanterne monastique (f. 17 v°) ; ou encore une page totalement saturée de texte et de dessins afin d’économiser le précieux parchemin, montrant des joueurs de dés, un lapin et un sanglier, mais aussi le dessin en coupe d’une chaufferette pour évêque et d’un chantepleure dans un hanap (f. 9 r° ; voir ill. ci-dessous). Bien que la nature du support change (parchemin chez l’un, papier et calque chez l’autre) et que les procédés de reproduction diffèrent dans le carnet de Roederer, coexistent là aussi sur une même page des sujets variés : par exemple des vues de face, en plan et en coupe de l’entrée de la banque nationale à Anvers et du bâtiment de la douane de Tournai côtoient le plan du théâtre d’Épidaure et, collé horizontalement, un calque du poinçon de la flèche de l’hôtel de ville de Compiègne (p. 10). Mentionnons encore, sur une autre page, ces images montrant des scènes de genre, découpées d’après les légendes dans une revue anglaise, collées à côté d’un calque et de reproductions de céramiques sigillées, ainsi que d’un moulage d’une victime de Pompéi (p. 40).
Villard de Honnecourt, Album de dessins et croquis, f. 9 r°

Cliché et coll. Bibliothèque nationale de France, ms Français 19093
- 4 Emanuele Pellegrini, La memoria in tasca. Taccuini, immagini, parole, Rome, De Luca Editori d’Arte (...)
- 5 Ne pouvant citer ici les nombreuses références sur le sujet, nous nous permettons de ne renvoyer q (...)
- 6 Voir l’hypothèse d’Étienne Hamon selon laquelle le maître d’œuvre Jean Gaucel aurait pu consulter (...)
- 7 Dans l’article « Sculpture » de son Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XV (...)
- 8 L’Album de Villard de Honnecourt n’a été relié qu’a posteriori. Il s’agissait à l’origine d’une po (...)
3Dans son ouvrage très riche, Emanuele Pellegrini consacre à son tour un chapitre au carnet de Villard de Honnecourt4 déjà de multiples fois étudié5. Et nous arrivons aux mêmes conclusions sur le constat de pratiques constantes d’un siècle à l’autre : plus qu’un carnet de modèles, comme on a souvent tendance à le considérer et qu’il deviendra effectivement plus tard6, et même bien plus tard, au 19e siècle7, il s’agit certainement davantage d’un carnet de notes dessinées, prises par Villard notamment lors de ses nombreux déplacements afin de mémoriser ce qu’il voyait et découvrait en chemin8. Peut-être s’en servait-il ensuite pour nourrir ses propres réalisations, même si nous ne sommes en rien assurés de sa profession : était-il architecte, sculpteur, exerçait-il les deux activités à la fois ? Comme toutes les notes, ces notes dessinées sont synthétiques, partielles, sélectives, se focalisant sur un détail (une figure, une tête, une partie de plan, un détail architectural, etc.) susceptible d’être utile et réutilisé ultérieurement, sans même nécessairement coller exactement à la réalité, comme on l’a souvent souligné au sujet des dessins d’architecture par exemple. Outre ces aide-mémoire, l’Album de Villard de Honnecourt contient des dessins plus personnels d’entraînement de la main, certains établis à partir de constructions géométriques – peut-être des reprises de traités ( ?) –, et possiblement d’un petit mannequin de bois, à en juger par les cercles présents aux articulations, qui pourraient reproduire les rotules sphériques dudit mannequin, ainsi que par la forme très allongée et stylisée des pieds.
- 9 Pour un point utile sur la question des différentes mains à l’origine des écritures de l’Album de (...)
- 10 Sur ce carnet, voir dans ce volume la contribution de Marion Gartenmeister, p. 55.
- 11 Sur le sujet, voir dans ce volume l’article de Laurence Riviale et François Daumet, p. 47.
4Les dessins de Villard sont encore parfois associés à des sortes de légendes, voire à des modes d’emploi explicatifs afin de ne pas oublier. Peut-être s’agit-il de la transcription manuscrite d’indications, de conseils, voire de recettes recopiés d’ailleurs ou qui ont pu être fournis oralement à Villard, qui prit alors soin de les consigner (ou de les faire consigner9) par écrit pour s’en souvenir et les transmettre. Notons qu’une démarche similaire peut être observée dans le carnet du verrier et peintre sous verre Ulrich Daniel Metzger (1671-1738 ?) qui, à côté de ses dessins, a également inscrit un certain nombre de recettes recueillies lors de ses voyages et visites d’ateliers10. De la dynastie d’orfèvres auvergnats Nozerines (17e-18e siècles) nous sont également parvenus, sous forme cette fois de recueils spécifiques, des carnets de modèles gravés, de dessins et de recettes11.
Hans Hammer, Musterbuch, Cod. Guelf. 114.1 Extrav., f. 12 v°

Cliché et coll. Herzog-August-Bibliothek Wolfenbüttel
5La confrontation des carnets de Villard de Honnecourt et d’Édouard Roederer, et ce malgré le grand écart chronologique qui les sépare, révèle ainsi immédiatement, comme d’autres de ces objets brièvement présentés au fil de ce numéro, non seulement la permanence des pratiques sur le temps long, mais aussi la polyvalence du carnet, en dépit d’un usage souvent prédominant sur d’autres.
Le carnet de voyage
- 12 François-Joseph Fuchs, « Introduction au “Musterbuch” de Hans Hammer », in Bulletin de la cathédra (...)
- 13 Wolfenbüttel, Herzog-August-Bibliothek, Cod. Guelf. 114.1 Extrav.
- 14 F. 17 v°, inscription en haut à gauche : « Dis ist ein Sneck vnd stet zü bro in bemen vnd ist ein (...)
- 15 F. 19 r° : « Disser Sneck stet zü Mensse ».
- 16 F. 27 r° : « is stet zü Erfurt ».
- 17 Hans Baldung Grien, Das « Karlsruher Skizzenbuch », 1511-1545, Staatliche Kunsthalle Karlsruhe, Ku (...)
- 18 Holger Jacob-Friesen (dir.), Hans Baldung Grien, sacré/profane, catalogue de l’exposition, Berlin, (...)
- 19 Ibid., p. 282 et p. 278
6Depuis le Moyen-Âge au moins, les artistes voyagent pour se former et travailler. Hans Hammer, maître d’œuvre de son état, notamment de la cathédrale de Strasbourg dans les années 1470-1480, puis à nouveau à la fin de sa vie entre 1513 et 1519, date de sa mort, s’est rendu en Hongrie – comme Villard de Honnecourt – pour y effectuer une construction12. Son carnet, connu sous le nom de Musterbuch et peut-être incomplet lui aussi, comporte vingt-neuf feuillets reliés en cahier d’un format légèrement supérieur à celui de Villard (29 x 21 cm), mais tout aussi facilement transportable13. Outre divers renseignements sur son auteur, il comporte un glossaire dans lequel figure une centaine de couples de mots hongrois-allemands relatifs pour une bonne part d’entre eux à l’art de la construction de son époque. De même que les légendes des dessins de Villard nous apprennent qu’il est entre autres passé à Laon, Reims ou encore Lausanne, celles inscrites par Hammer localisent certains détails d’architecture qu’il a dessinés : un escalier en vis à Brno (République tchèque ; voir ill. ci-dessus14), un autre à Mayence15, ou encore le plan de voûtes de l’église Saint-Sévère et de la cathédrale d’Erfurt16. Un peu plus tard, le Livre d’esquisses (Karlsruher Skizzenbuch) d’Hans Baldung Grien17, qui comprend plus de cent dessins à la pointe d’argent sur des feuillets reliés sous une couverture en cuir fermée par un stylet typique des carnets de voyage, aborde une fois encore des thèmes d’une grande variété18. Des paysages attestent les voyages que le peintre, qui habitait alors Fribourg-en-Brisgau, entreprit notamment en Alsace. On reconnaît ainsi les châteaux d’Ortenberg et de Ramstein (1514), et une vue de Strasbourg réalisée vers 1520 depuis la plateforme de la cathédrale19.
- 20 Véronique Meyer et Marie-Luce Pujalte-Fraysse (dir.), Voyage d’artistes en Italie du Nord. XVIe-XI (...)
7Dès leur création au 17e siècle, les académies institutionnalisent le voyage déjà pratiqué dans les périodes plus anciennes, comme partie intégrante de la formation. Les jeunes artistes sont invités à voyager20 afin qu’ils se confrontent directement aux œuvres considérées comme des modèles et non plus seulement à leur copie, qu’elle soit gravée, moulée ou, plus tard, photographiée. Ces voyages sont le cadre privilégié de réalisation de carnets dans lesquels les artistes consignent par le dessin ou la prise de notes les choses marquantes vues et s’adonnent à la reproduction d’œuvres suivant une pratique à laquelle leurs études les avaient initiés. Parce qu’il est à la fois l’aboutissement et le couronnement de la formation académique, le séjour d’étude se généralise à la fin de l’époque moderne. Au 19e siècle, il est entrepris par un nombre de jeunes artistes en formation qui dépasse largement la poignée de ceux qui, grâce à la reconnaissance de leur talent, se voient offrir la prise en charge de leurs frais par les institutions officielles.
Karl Friedrich Schinkel, double page du Journal du voyage en France et en Angleterre

Détails de l’armature en fer de la charpente de la Bourse de Paris, 1826
Cliché et coll. Staatliche Museen zu Berlin-Kupferstichkabinett
- 21 Dans le cadre de sa thèse de doctorat, intitulée Quand Giuliano da Sangallo « misura a punto »: re (...)
- 22 Les carnets de Karl Haller von Hallerstein sont conservés à la Bibliothèque nationale et universit (...)
- 23 Les carnets de Le Corbusier sont conservés à la Fondation Le Corbusier.
8Longtemps, l’Italie a constitué la destination obligatoire pour tout artiste en devenir. L’Antiquité a toujours servi de source d’inspiration aux artistes – certaines pages du carnet de Villard de Honnecourt l’attestent. Les œuvres issues de cette période sont les modèles vers lesquels les artistes de la Renaissance se tournent systématiquement. En témoignent, parmi d’autres, les carnets de Giuliano da Sangallo21. La formation classique des artistes au sein des académies des beaux-arts ou même, plus tard, des écoles d’arts décoratifs les conduit à regarder les chefs-d’œuvre de l’Antiquité et de la Renaissance, ainsi que le révèlent, par exemple, les pages des carnets remplis par Karl Haller von Hallerstein22 lors de ses séjours romains entre 1808 et 1810, ou celles que Le Corbusier noircit pendant son voyage en Grèce en 191123.
- 24 Karl Friedrich Schinkel, Journal du voyage en France et en Angleterre, Staatliche Museen zu Berlin (...)
- 25 Les carnets de Schimpf sont conservés aux Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg (...)
- 26 Les carnets de Théo Berst sont conservés dans une collection particulière.
9Mais tout au long du 19e siècle, les destinations choisies par les artistes ne cessent de se diversifier en même temps que leur regard s’élargit pour se porter sur des œuvres négligées jusqu’alors, soit parce que trop récentes, soit parce que n’appartenant pas au corpus de l’art savant. Ainsi le carnet rempli par Karl Friedrich Schinkel en 1826, lors de son séjour à Paris, témoigne notamment de sa fascination pour la structure métallique de la bourse qu’Alexandre-Théodore Brongniart était en train d’élever dans la capitale française (voir ill. ci-dessus24). D’autres, sensibilisés à de nouveaux types de patrimoines, sont particulièrement attirés par l’architecture vernaculaire. Par exemple, dans les premières années du 20e siècle, les Alsaciens Édouard Schimpf25 et Théo Berst26 réalisent de nombreux relevés de constructions traditionnelles élevées dans la région du Rhin supérieur, à une époque où se développent l’intérêt pour le folklore et l’étude des cultures régionales.
Le carnet-musée
- 27 Krisztina Nagy, Les dessins architecturaux du manuscrit de Hans Hammer de la bibliothèque Herzog-A (...)
10L’autre grande catégorie de carnets correspond à ceux élaborés, pendant sa jeunesse ou tout au long de sa vie, par un artiste qui souhaite y rassembler un corpus de documents ayant retenu son attention. À l’intérieur de ces carnets de modèles, portfolios ou cahiers de références, sont dessinés ou collés des documents de natures variées (dessins, gravures, coupures issues de diverses publications, photographies…). Ici, à l’évidence, la démarche de l’artiste consiste à rassembler des images qui l’ont séduit et dont il souhaite conserver la trace à des fins documentaires. Si certaines parties du manuscrit d’Hans Hammer font penser à un traité technique, au travers de la trentaine de paragraphes théoriques sur la construction contemporaine – dont certains s’apparentent d’ailleurs aux « conseils » proférés par Villard –, il contient aussi de nombreux dessins de voûtes, d’escaliers (voir ill. plus haut), de pinacles et de fleurons, de balustrades et même de la moitié gauche d’un plan de chœur d’église qui a été identifié comme celui de la cathédrale d’Amiens27.
Hans Hammer, Musterbuch, Cod. Guelf. 114.1 Extrav., f. 4 r°

Cliché et coll. Herzog-August-Bibliothek Wolfenbüttel
- 28 André Malraux, Le Musée imaginaire, Genève, A. Skira, 1947
- 29 En septembre 2016, un colloque intitulé « Un portrait intérieur. Le Musée imaginaire des Impressio (...)
11Et puis, comme dans le carnet de Villard de Honnecourt encore, on trouve toutes sortes de dessins d’engins, notamment de levage (différents types de grues ; voir ill. ci-dessus), d’échelles de cordes d’assaut, mais aussi de cadrans solaires et même d’une broche à rôtir, ces derniers tout aussi surprenants, si ce n’est pour le mécanisme, que la recette de crème dépilatoire donnée par Villard ! Pour la période contemporaine, à la manière des tableaux accrochés aux murs d’un musée du 19e siècle, les différents éléments rassemblés sont collés souvent les uns contre les autres, parfois même dans des sens différents et sans ordre apparent, comme chez Roederer par exemple. Seule l’économie générale du papier disponible semble justifier une accumulation aussi dense. Il s’agit ici de véritables musées de papier ou musées imaginaires de l’artiste. Reprenant l’idée formulée par André Malraux28, qui voyait là la possibilité de réunir fictivement – via la reproduction photographique – des œuvres géographiquement dispersées afin de les confronter, le musée imaginaire des artistes peut être vu comme un vaste corpus souvent très éclectique au sein duquel ceux-ci viennent puiser leur inspiration29.
- 30 Ainsi que certains industriels à l’instar d’Antonin Daum à Nancy: voir Mireille Bouvet, « Le “musé (...)
12Quelle que soit la discipline dans laquelle ils exercent leurs talents30, nombreux sont les artistes à s’être adonnés à la constitution de ces véritables musées de papier idéaux. Très souvent, en outre, les documents qu’ils y rassemblent ne sont pas directement liés à leurs pratiques personnelles. En effet, à côté d’images reproduisant des œuvres faisant directement écho au champ disciplinaire dans lequel s’exprime l’artiste-auteur du carnet, il est très habituel qu’y soient également consignés – et ceci, insistons encore, sans aucune hiérarchie – des documents a priori éloignés de ses activités artistiques. Dans ces cas-là, le carnet apparaît comme la matérialisation de l’univers mental de son concepteur. Il s’agit alors d’une sorte de carnet-portrait qui renseigne moins sur l’œuvre conçue par l’artiste qu’il ne dévoile sa curiosité, ses centres d’intérêt, sa sensibilité… Il est une œuvre en soi, qui révèle de manière impressionniste la personnalité de son concepteur et en propose ainsi un autoportrait en creux.
Hans Baldung Grien, Das « Karlsruher Skizzenbuch », f. 6 r°

Cliché et coll. Staatliche Kunsthalle Karlsruhe, Kupferstichkabinett, inv. VIII 1062
Le carnet-outil
- 31 Holger Jacob-Friesen (dir.), op. cit., p. 288
13S’ils rassemblent des motifs – dessinés, décalqués, pris sur le vif ou découpés dans toutes sortes de supports publiés – dans des carnets qu’ils conservent soigneusement, c’est que les artistes entendent les utiliser en les consultant après leur constitution. Le carnet apparaît bien ainsi comme un outil que l’artiste se fabrique pour lui-même. Hans Baldung Grien, pour le citer encore, saisit sur le vif à des fins documentaires portraits, détails anatomiques, animaux et végétaux que l’on retrouve ensuite dans certains de ses tableaux, comme la tête de jeune fille (voir ill. ci-dessus), les rinceaux de vigne ou encore son perroquet dont il produit deux dessins distincts figurant parmi les plus anciennes représentations connues de l’oiseau (voir ill. ci-dessous)31.
14Les « carnets-musées » élaborés à la fin du 19e siècle actent l’introduction dans le corpus référentiel des architectes d’œuvres nouvellement réalisées ou de la pensée de confrères novateurs et médiatiques. Parmi d’autres, le carnet de l’architecte nancéien Émile André témoigne de la réception des idées de Viollet-le-Duc. Celui-ci, par le biais de ses écrits et de ses dessins, s’impose assez rapidement comme la source de modèles à suivre. Ici, qu’elles soient reproduites à main levée ou décalquées, les illustrations des ouvrages de Viollet-le-Duc sont reprises pour rejoindre le corpus mental de l’architecte. Le carnet de Roederer rend compte lui aussi de l’intérêt porté à l’œuvre du grand théoricien français. Y figurent également de nouvelles structures métalliques qui côtoient des plans d’églises médiévales ou des plus attendus – pour ne pas dire convenus – grands incunables de l’Antiquité auxquels, vraisemblablement, Roederer n’a pas été directement confronté.
Hans Baldung Grien, Das « Karlsruher Skizzenbuch », f. 24 r°

Cliché et coll. Staatliche Kunsthalle Karlsruhe, Kupferstichkabinett, inv. VIII 1062
- 32 Ainsi, il semble que Brunelleschi se soit rendu à Rome et ait étudié le Panthéon afin de trouver u (...)
15Tout comme le « carnet-musée », le carnet de voyage peut, de la même façon, être considéré comme le lieu de rassemblement de modèles utiles. C’est, en effet, parfois consciemment à la recherche de sources d’inspiration ou d’une solution concrète à un problème donné que l’artiste entreprend des voyages32. Grâce à la bourse qu’il obtient au salon de 1898, Émile André a pu parcourir l’Inde et l’île de Ceylan. Dans son carnet, il note à propos d’un temple situé non loin de Kandy :
- 33 Émile André, Carnet de voyage à Ceylan, en Inde et en Perse. Carnet manuscrit, 1898, collection pa (...)
Demain je vais y travailler et pourrai mieux dire, mieux voir ce qui est à la portée de mon œil d’Européen. Dans tout ce que je vois et dans ce que je verrai encore, je ne me laisse guider que par mon goût à moi. Car il m’est impossible de dégager le vrai sens de la production de ces âmes inconnues et je ne puis que voir en naïf, n’ayant pas l’érudition, et à quoi me servirait-elle, ce que je cherche c’est l’élément utile pour moi, c’est l’application possible de tel ou tel élément33.
- 34 Lettre de Le Corbusier à ses parents, datée du 14 septembre 1907, reproduite dans Jean Jenger, Le (...)
- 35 Tous les domaines artistiques (arts visuels, littérature, musique) sont touchés par ces polémiques (...)
- 36 Le dernier événement en date a eu lieu en Suisse où un groupe de musique reggae composé de musicie (...)
16D’autres fois, et sans que cela ne soit recherché a priori, l’objet découvert s’impose à l’artiste qui l’observe comme un modèle à suivre. Lors de ses pérégrinations en Italie sur les traces de John Ruskin, Le Corbusier visite la chartreuse d’Ema et écrit à ses parents en 1907 : « Je suis allé hier à la chartreuse […] j’y ai trouvé la solution de la maison ouvrière type. »34 C’est donc par la transposition, l’adaptation et l’appropriation d’un modèle que l’acte créateur semble possible. Refuser, condamner cette « appropriation », comme certains tentent actuellement de le faire sur le continent américain35 et, plus récemment, en Europe36, c’est méconnaître le processus créatif et, au bout du compte, porter un coup fatal à la création elle-même. Considérer l’importance des carnets dans la genèse des pratiques des artistes permet de mettre en évidence leur cheminement créatif : une fois « inscrit » dans l’imaginaire mental de l’artiste, le modèle initial que celui-ci s’est approprié demeure, s’estompe, voire disparaît totalement dans l’œuvre finalement produite.
Léonard de Vinci, Carnet illustré de dessins et de croquis, ca. 1487-1489, f. 3 r°
Cliché et coll. bibliothèque de l’Institut de France, ms 2173
- 37 Leonardo da Vinci, Libro di pittura, Biblioteca Apostolica Vaticana, Urb.lat.1270, § 179 : « Dello (...)
17L’approche « trans-période » de cet outil qu’est le carnet d’artiste révèle la continuité, depuis les époques anciennes, de pratiques consistant, au gré de ses déplacements, de ses rencontres et des renseignements glanés çà et là, à consigner par le biais de dessins souvent assortis de textes, sous forme de « légendes » et de commentaires, un choix large de sujets qui intéressent et peuvent servir. Léonard de Vinci conseillait d’ailleurs d’en avoir toujours un sur soi pour prendre des notes : « Aie soin d’avoir sur toi un petit carnet de papier […] et quand ton carnet sera rempli, mets-le de côté et sers-t’en pour tes projets, puis prends-en un autre et fais-en le même usage » (voir ill. ci-dessus)37 Consciente ou fortuite, l’utilité du carnet ne fait aucun doute. Il ne peut pas être uniquement le simple support à un entraînement de la main. Les modèles qui y sont rassemblés le sont pour nourrir l’imaginaire de celui qui les a consignés et lui servir, le cas échéant, de modèles pour son usage propre ou celui de ses éventuels collaborateurs.
18Le présent numéro de La Revue de la BNU, qui ne constitue pas les actes du colloque qui s’est tenu en 2022 à Strasbourg, rassemble des articles mettant en lumière un certain nombre d’exemples de carnets, pour la plupart inédits, d’architectes, peintres, sculpteurs, orfèvres ou encore maîtres-verriers, et leurs usages. En accordant une large place aux illustrations, par la reproduction de pages de ces carnets, ce numéro remet au premier plan cet objet particulier partagé par de nombreux artistes et qui, pourtant, a longtemps été négligé. « Le carnet comme document d’archives », « À la manière d’un carnet, le musée utile de l’artiste », « Le carnet, témoin de la circulation des artistes et des modèles », « Du recueil de formes au “laboratoire” de recherche : les divers usages du carnet » sont les titres des quatre parties qui structurent ce volume et permettent la (re)découverte d’exemples issus de différentes périodes de l’histoire.
Notes
1 Le Corbusier, L’atelier de la recherche patiente, Paris, Éditions Vincent Fréal, 1960, cité par Marc Bedarida dans l’introduction de l’ouvrage Voyage d’orient, 1910-1911
2 Villard de Honnecourt, Album de dessins et croquis, Bnf, ms français 19093. La reliure est postérieure à la réalisation des dessins.
3 Édouard Roederer, carnet, Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg, 101 Z 1231. Voir la présentation de ce carnet par Marianne Lepage dans ce numéro, p. 31.
4 Emanuele Pellegrini, La memoria in tasca. Taccuini, immagini, parole, Rome, De Luca Editori d’Arte, 2021, p. 37-46. Cet ouvrage, dont nous n’avions pas connaissance de la préparation, est paru quelques mois après la publication de l’appel à communication pour le colloque international « Carnets de notes, carnets de références, musées de papier. Regards croisés sur la culture visuelle des artistes et le processus de création du Moyen-Âge à nos jours », Strasbourg, 23-25 mars 2022.
5 Ne pouvant citer ici les nombreuses références sur le sujet, nous nous permettons de ne renvoyer qu’aux principales monographies: Hans R. Hahnloser, Villard de Honnecourt. Kritische Gesamtausgabe des Bauhüttenbuches Ms.Fr.19093 der Pariser Nationalbibliothek (1935), 2e éd., Graz, Akademische Druck- und Verlagsanstalt, 1972; Roland Bechmann, Villard de Honnecourt. La pensée technique au XIIIe siècle et sa communication, 2e éd., Paris, Picard, 1993; Carl F. Barnes, The Portfolio of Villard de Honnecourt (Paris, Bibliothèque nationale de France, MS fr. 19093). A New Critical Edition and Color Facsimile, Farnham, Ashgate, 2009; Jean Wirth, Villard de Honnecourt. Architecte du XIIIe siècle, Genève, Droz, 2017.
6 Voir l’hypothèse d’Étienne Hamon selon laquelle le maître d’œuvre Jean Gaucel aurait pu consulter le Carnet de Villard de Honnecourt au milieu du 15e siècle: « Une source insoupçonnée de l’architecture flamboyante parisienne: le carnet de Villard de Honnecourt », in Bulletin monumental, 2007, vol. 3, p. 281-288.
7 Dans l’article « Sculpture » de son Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc reproduit un dessin de Villard de Honnecourt (f. 18 r°) pour expliquer le dessin et la composition des figures d’après la géométrie; pour les mêmes raisons, il reprend à l’article « Peinture » le schéma de deux lutteurs donné par Villard au folio 19 r° dont il reconstitue à la suite le tracé. Le sculpteur et orfèvre Victor Geoffroy-Dechaume (1816-1892) a quant à lui procédé au décalque de la grande crucifixion du folio 8 r°, sans doute comme modèle potentiel à l’une de ses réalisations (croix ou croix-reliquaire). Enfin, nous avons récemment mené à bien un projet d’histoire de l’art expérimentale à partir d’un « modèle » livré par Villard de Honnecourt, son dessin d’une tête de saint Pierre (f. 18 r°). Voir Denise Borlée, « Du dessin à la ronde-bosse: la tête de saint Pierre de Villard de Honnecourt en 3 D. Essai d’histoire de l’art expérimentale », in Denise Borlée et Laurence Terrier Aliferis (éd.), Les modèles dans l’art du Moyen-Âge (XIIe-XVe siècles), Turnhout, Brepols, 2018, p. 151-163.
8 L’Album de Villard de Honnecourt n’a été relié qu’a posteriori. Il s’agissait à l’origine d’une pochette à rabat en cuir de format réduit (26,1 x 17,7 cm), donc aisément transportable, qui contenait des feuillets volants de parchemin dont certains ont disparu. Sur ce point, voir Wirth, op. cit., p. 13-16.
9 Pour un point utile sur la question des différentes mains à l’origine des écritures de l’Album de Villard, voir en dernier lieu Wirth, op. cit., p. 16-29.
10 Sur ce carnet, voir dans ce volume la contribution de Marion Gartenmeister, p. 55.
11 Sur le sujet, voir dans ce volume l’article de Laurence Riviale et François Daumet, p. 47.
12 François-Joseph Fuchs, « Introduction au “Musterbuch” de Hans Hammer », in Bulletin de la cathédrale de Strasbourg, XX, 1992, p. 11-70
13 Wolfenbüttel, Herzog-August-Bibliothek, Cod. Guelf. 114.1 Extrav.
14 F. 17 v°, inscription en haut à gauche : « Dis ist ein Sneck vnd stet zü bro in bemen vnd ist ein pfiller von einer kirchen »
15 F. 19 r° : « Disser Sneck stet zü Mensse ».
16 F. 27 r° : « is stet zü Erfurt ».
17 Hans Baldung Grien, Das « Karlsruher Skizzenbuch », 1511-1545, Staatliche Kunsthalle Karlsruhe, Kupferstichkabinett, inv. VIII 1062. https://www.kunsthalle-karlsruhe.de/kunstwerke/Hans-Baldung/Das-Karlsruher-Skizzenbuch/C846D6274EA5B030B109C09DA87D795D/#
18 Holger Jacob-Friesen (dir.), Hans Baldung Grien, sacré/profane, catalogue de l’exposition, Berlin, Deutscher Kunstverlag, 2020, p. 272-273.
19 Ibid., p. 282 et p. 278
20 Véronique Meyer et Marie-Luce Pujalte-Fraysse (dir.), Voyage d’artistes en Italie du Nord. XVIe-XIXe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011; Tiphaine Larroque, Claire Le Thomas et Michel Demange (dir.), Voyages d’artistes. Entre tradition & modernité, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2016. Voir également la récente exposition du Musée des beaux-arts de Dijon: Le Grand tour. Voyage(s) d’artistes en Orient (novembre 2019-mars 2020).
21 Dans le cadre de sa thèse de doctorat, intitulée Quand Giuliano da Sangallo « misura a punto »: relever et dessiner l’architecture à la Renaissance et soutenue en 2018 à l’EPHE et à l’Université La Sapienza, Chloé Demonet a travaillé sur les deux carnets conservés de Giuliano da Sangallo. Il s’agit du codex Barberini (Barb.Lat.4424, Rome, Bibliotheca Apostolica Vaticana) et du carnet de Sienne (S.IV.8, Sienne, Bibliothèque communale des Intronati).
22 Les carnets de Karl Haller von Hallerstein sont conservés à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg sous les cotes: MS.2.723,1-1; MS.2.723,1-2; MS.2.723,1-3.
23 Les carnets de Le Corbusier sont conservés à la Fondation Le Corbusier.
24 Karl Friedrich Schinkel, Journal du voyage en France et en Angleterre, Staatliche Museen zu Berlin-Kupferstichkabinett.
25 Les carnets de Schimpf sont conservés aux Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg (cote 231 Z 20).
26 Les carnets de Théo Berst sont conservés dans une collection particulière.
27 Krisztina Nagy, Les dessins architecturaux du manuscrit de Hans Hammer de la bibliothèque Herzog-August de Wolfenbüttel, mémoire de maîtrise, Université de Strasbourg, 1995
28 André Malraux, Le Musée imaginaire, Genève, A. Skira, 1947
29 En septembre 2016, un colloque intitulé « Un portrait intérieur. Le Musée imaginaire des Impressionnistes », organisé à Rouen, avait justement pour ambition d’ « envisager le musée imaginaire des impressionnistes [et donc de] questionner la pluralité de leurs sources d’inspiration, la construction de leur imaginaire et leurs voies d’accès à la culture des images ».
30 Ainsi que certains industriels à l’instar d’Antonin Daum à Nancy: voir Mireille Bouvet, « Le “musée imaginaire” d’Antonin Daum », in François Loyer (dir.), L’École de Nancy et les arts décoratifs en Europe, Metz, Éditions Serpenoise, 2000, p. 46-59.
31 Holger Jacob-Friesen (dir.), op. cit., p. 288
32 Ainsi, il semble que Brunelleschi se soit rendu à Rome et ait étudié le Panthéon afin de trouver une solution au problème que posait le couvrement de la croisée du transept de la cathédrale de Florence.
33 Émile André, Carnet de voyage à Ceylan, en Inde et en Perse. Carnet manuscrit, 1898, collection particulière, p. 8
34 Lettre de Le Corbusier à ses parents, datée du 14 septembre 1907, reproduite dans Jean Jenger, Le Corbusier, choix de lettres, Bâle, Birkhäuser Libri, 2005, p. 33
35 Tous les domaines artistiques (arts visuels, littérature, musique) sont touchés par ces polémiques relatives à ce qu’il est convenu de qualifier d’« appropriation culturelle ». Parmi les nombreux événements récents, peuvent être cités la polémique qui a suivi l’exposition de l’œuvre Open Casket de l’artiste Dana Schutz au Whitney Museum, et le scandale provoqué au Canada par la publication, en 2017, d’un éditorial de Hal Niedzviecki, rédacteur en chef de la revue littéraire Write, défendant la notion d’appropriation culturelle dans le domaine littéraire.
36 Le dernier événement en date a eu lieu en Suisse où un groupe de musique reggae composé de musiciens blancs a été obligé de renoncer à une série de concerts. Voir l’article de Fanny Noghero, « L’interruption d’un concert pour cause d’appropriation », in Le Temps, 31 juillet 2022, https://www.letemps.ch/societe/linterruption-dun-concert-cause-dappropriation-culturelle-secoue-suisse-alemanique
37 Leonardo da Vinci, Libro di pittura, Biblioteca Apostolica Vaticana, Urb.lat.1270, § 179 : « Dello imparare li movimenti de l’omo » : « […] sicché per questo sia vago di portar con teco un piccolo libretto di carte […]; e quando hai pieno il tuo libro, mettilo in parte, e serbalo alli tuoi propositi, e repigliane un altro, e fanne il simile […] ».
Haut de pageTable des illustrations
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Titre | Villard de Honnecourt, Album de dessins et croquis, f. 9 r° |
Crédits | Cliché et coll. Bibliothèque nationale de France, ms Français 19093 |
URL | http://journals.openedition.org/rbnu/docannexe/image/6081/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,7M |
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Titre | Hans Hammer, Musterbuch, Cod. Guelf. 114.1 Extrav., f. 12 v° |
Crédits | Cliché et coll. Herzog-August-Bibliothek Wolfenbüttel |
URL | http://journals.openedition.org/rbnu/docannexe/image/6081/img-2.png |
Fichier | image/png, 4,0M |
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Titre | Karl Friedrich Schinkel, double page du Journal du voyage en France et en Angleterre |
Légende | Détails de l’armature en fer de la charpente de la Bourse de Paris, 1826 |
Crédits | Cliché et coll. Staatliche Museen zu Berlin-Kupferstichkabinett |
URL | http://journals.openedition.org/rbnu/docannexe/image/6081/img-3.png |
Fichier | image/png, 5,4M |
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Titre | Hans Hammer, Musterbuch, Cod. Guelf. 114.1 Extrav., f. 4 r° |
Crédits | Cliché et coll. Herzog-August-Bibliothek Wolfenbüttel |
URL | http://journals.openedition.org/rbnu/docannexe/image/6081/img-4.png |
Fichier | image/png, 4,6M |
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Titre | Hans Baldung Grien, Das « Karlsruher Skizzenbuch », f. 6 r° |
Crédits | Cliché et coll. Staatliche Kunsthalle Karlsruhe, Kupferstichkabinett, inv. VIII 1062 |
URL | http://journals.openedition.org/rbnu/docannexe/image/6081/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 2,5M |
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Titre | Hans Baldung Grien, Das « Karlsruher Skizzenbuch », f. 24 r° |
Crédits | Cliché et coll. Staatliche Kunsthalle Karlsruhe, Kupferstichkabinett, inv. VIII 1062 |
URL | http://journals.openedition.org/rbnu/docannexe/image/6081/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 2,0M |
Pour citer cet article
Référence papier
Denise Borlée et Hervé Doucet, « De Villard de Honnecourt à Le Corbusier et alii : natures et usages du carnet d’artiste », La Revue de la BNU, 26 | 2022, 8-17.
Référence électronique
Denise Borlée et Hervé Doucet, « De Villard de Honnecourt à Le Corbusier et alii : natures et usages du carnet d’artiste », La Revue de la BNU [En ligne], 26 | 2022, mis en ligne le 10 janvier 2023, consulté le 21 mars 2023. URL : http://journals.openedition.org/rbnu/6081 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rbnu.6081
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