Les seules indications dont on a longtemps disposé sur la rédaction des Pensées philosophiques provenaient des Mémoires d’Angélique Diderot (née sept ans après leur parution, rappe-lons-le). L’ouvrage aurait été fourni au libraire pour procurer à Mme Depuisieux, la maîtresse de Diderot, cinquante louis que celle-ci lui réclamait, Angélique ajoutant que son père « fit ce petit ouvrage dans l’intervalle du vendredi saint au jour de Pâques » (DPV, I, 20). On en déduisait assez logiquement que les Pensées philosophiques avaient pu être écrites entre le 8 et le 10 avril 1746, peu avant leur impression (qu’on datait quelquefois du mois de juin).
Cette légende familiale avait cependant pris du plomb dans l’aile depuis la publication de la correspondance de Mme de Grafigny, où la parution du livre est évoquée dès le 11 mars 1746, la romancière ayant pu ensuite le tenir en main dès le 29 (voir annexe A). Exeunt donc les Pâques 1746…
La connaissance du manuscrit de Yale met à mal, quant à elle...



