1Comme le rappelait l’introduction du numéro spécial des Mélanges 32 consacré à l’accompagnement « Les actions de recherche menées par les chercheurs du CRAPEL depuis [1970] ont permis, entre autres, l’émergence en France des concepts d’autonomie, d’autonomisation, ou encore d’auto-direction dans le domaine de la didactique des langues. » (Chateau & Macaire, 2011 : 5)

2La notion d’autonomie, au centre de mes préoccupations actuelles, n’occupait qu’une place discrète dans mes premiers écrits de chercheure (Chateau, 2003). Elle a graduellement pris une place croissante dans les recherches-actions mises en place pour répondre aux besoins des populations qui m’étaient confiées dans le cadre de ma fonction d’enseignante (Chateau, 2008).

3Le concept d’‘autonomisation’, corollaire de la notion d’autonomie a pris un rôle de plus en plus important dans plusieurs des recherches que j’ai menées au cours des dix dernières années. L’autonomisation des apprenants en langues, définie par Holec comme le fait de leur « faire acquérir la capacité de réaliser les diverses opérations constitutives d’un acte d’apprentissage » (1979 : 51) ou comme le développement de la capacité d’apprendre à apprendre (Holec, 1990), ou encore comme un processus (Little, 2003, Portine, 1998), est étroitement liée à d’autres notions telles que l’accompagnement. Une recherche menée autour des carnets de bord qui favorisent chez les apprenants « une réflexion métacognitive pour leur permettre de progresser vers l’autonomisation » (Chateau & Zumbihl, 2010) a en effet confirmé que, comme Little le soulignait en 2003, le rôle de l’enseignant est de créer un environnement dans lequel les étudiants prennent en charge leur apprentissage. Même si « les causes des transformations sont diverses et que le processus d’autonomisation n’est pas toujours prévisible, […] la variété des tâches et des outils inclus dans un dispositif est autant de chances de favoriser le processus d’autonomisation chez les apprenants » (Candas & Chateau, 2014). La création de EDOlang, dans le cadre de l’UFR Lansad et de l’axe ‘Autonomie et apprentissage auto dirigé’ de l’équipe CRAPEL, a été l’occasion de matérialiser un tel dispositif et d’institutionnaliser l’enseignement autonomisant (Chateau, Bailly et Ciekanski, 2015).

4EDOlang propose en effet aux apprenants Lansad de toute l’université de Lorraine de les aider « à développer leur capacité à trouver des matériaux, ressources et opportunités (« affordances », au sens défini par Grassin ou Van Lier) qui répondent à leurs besoins, développant ainsi leur autonomisation » (Bailly et al., 2018). La plateforme est « un des piliers d’un environnement global qui comprend également les différents CRL de l’université, l’objectif étant de faciliter l’autonomisation des apprentissages de langues. » (Chateau et al., 2017). Cet environnement, utilisé par 9767 utilisateurs en 2019-2020 n’est néanmoins pas complet à notre sens, dans la mesure où il manque pour le moment des « outils d’auto-évaluation spécifiques, élément essentiel de l’autonomisation selon tous les experts de ce type d’apprentissage » (Chateau & Bailly, 2021). Quand il le sera, il « pourrait permettre de mener des recherches longitudinales à grande échelle sur des populations d’étudiants, notamment de Licence, quant au développement des compétences d’apprentissage de langues des étudiants et à leur autonomisation. » (Chateau & Bailly, 2021), ce que tous les membres de de l’axe ‘Autonomie et apprentissage auto dirigé’ de l’équipe CRAPEL espèrent ardemment.