• 1 N. A. Krivošeina, Четыре трети нашей жизни, Paris, YMCA Press, 1984 ; A. A Ugrimov, Из Москвы в М (...)

2Le lendemain, le nouveau gouvernement rompt un précaire équilibre entre amitié avec l’URSS et alignement atlantiste en expulsant des citoyens soviétiques. Cette décision était connue jusqu’ici par la presse russe émigrée et les mémoires des intéressés, pour qui elle fut lourde de conséquences1.

• 2 Archives nationales [AN] : Affaires militaires (Rapatriement et missions de recherche à l’étrange (...)
• 3 Bureau central de renseignement et d’action, créé par De Gaulle en juillet 1940.

3Les historiens qui ont traité le sujet l’ont en général abordé sous l’angle de l’exil russe, de l’asile et des déplacements des populations à la sortie des deux conflits mondiaux. Mais les archives françaises ont beaucoup à dire et leurs ressources n’ont quasiment pas été exploitées jusqu’ici. Pourtant elles permettent d’éclairer précisément les faits et les motivations des autorités, par exemple dans la très controversée fermeture du camp soviétique de Beauregard qui précède les expulsions. Devant l’ampleur de la documentation, nous avons provisoirement écarté les archives du Quai d’Orsay qui reflètent l’aspect diplomatique de la question. Nous nous sommes concentrés sur la logique policière : que veulent faire exactement les services de sécurité français et qui ont-ils choisi de frapper ? Nous avons donc dépouillé les archives des ministères de l’Intérieur et des Anciens combattants, de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA), et tenté de les recouper avec des dossiers de préfecture des Archives départementales (AD) de l’Ariège, de la Gironde et du Rhône2. L’affaire s’inscrit dans le contexte politique de la naissance de la IV^e République, mais la toile d’araignée policière nous ramène sous l’occupation, voire parfois jusqu’aux années trente. En effet, si les chefs du contre-espionnage, comme Roger Wybot, sont issus de la France Libre, plus précisément du BCRA3, les exécutants étaient déjà en poste avant la guerre et ont la mémoire longue. Même privés d’une partie de leurs archives (emportées par les Allemands, puis saisies par les Soviétiques), ils savent reconstituer le parcours de leurs « clients ».

• 4 D. Kevonian, « Diplomates et juristes face à la question des réfugiés en France (1942-1955) », R (...)
• 5 L’orthographe de l’administration française est indispensable pour retrouver les dossiers dans les (...)
• 6 G. Coudry, les Camps soviétiques en France. Les « Russes » livrés à Staline en 1945, Paris, Albi (...)
• 7 Шибaнoв Георгий Владимирович (1900-1970). A. Ju. Vovk, « Просоветские организации первой волны », (...)
• 8 Rédacteur en chef : D. Odinetz (voir infra) ; secrétaire de rédaction : A. Roumanoff (1878-1960) (...)
• 9 Les associations dont les membres ne sont pas citoyens français sont régies par le décret-loi du (...)
• 10 Créé en 1944, il regroupe Comités de libération italien, polonais et tchèque, Unité nationale (...)

4À la libération de Paris, au 4rue Galliera (XVI^e), qui abritait le Comité d’entraide aux émigrés russes, puis la Direction des affaires de l’émigration russe, mis en place par les Allemands4 et dirigés par G. Jerebkov5, s’installe un groupe de résistants russes affilié aux FFI6. Fondé le 3 octobre 1943 à Paris, au domicile de G. Chibanoff (agent soviétique), il s’intitule Union des patriotes russes (UPR) et édite, depuis l’automne 1943, en russe, Russkij patriot7. Dès décembre 1944, le journal de 4 pages paraît légalement8 : déclaré au Petit Parquet de la Seine le 20 mars 1945, autorisé par le ministère de l’Information, il tire à 10000 exemplaires. L’association, constituée le 9 mars 1945, et affiliée au Centre d’action et de défense des immigrés9, qui rassemble des unions de résistants pro-communistes, est autorisée à fonctionner10 « par répercussion ».

• 11 AN 19860581/7.
• 12 AN 19800042/35 dossier 840.

5Le 10 octobre 1945, l’UPR a des représentations en province11 : Orléans, Chalette-sur-Loing, Montluçon, Nice, Marseille, Aix-en-Provence, Caen, Bordeaux, Pont-à-Mousson, Tourcoing, Lyon, Gueugnon, Annecy12. Parmi leurs dirigeants, Nicolas Katchva (président), Alexandre Pokotiloff, Constantin Mantouchoff, Serge Sirine, Wladimir Postowsky, Alexandre Guenik, Paul Smirnoff, Wladimir Plikhta, Jean Tsérébège, Alexis Martchenko seront expulsés le 25 novembre 1947, de même qu’Igor Krivocheine, qui n’exerce aucune fonction dans l’UPR.

• 13 Дмитрий Миxaйлoвич Oдинeц (Pétersbourg 26 décembre 1882 = 6 janvier 1883 – Kazan 10 mai 1950), (...)
• 14 Aлeкcaндр И. Нeкурящиx (né à Ekaterinbourg le 21 janvier 1898). Études de droit (Varsovie), en F (...)
• 15 AN 19960325/4 dossier n^o 11.

6Le 10 mars 1946, l’UPR fusionne avec d’autres associations pro-soviétiques pour constituer l’Union des patriotes soviétiques, dont le bureau reflète ces différentes sensibilités : Serge Sirine (président), Basile Kovaleff et Dimitry Odinetz13 (vice-présidents), Alexandre Paléologue (secrétaire général), Alexandre Nekouriachtchikh14 (trésorier), Nicolas Katchva (liaison avec les sections de province)15.

• 16 AN F/7/14751 et 19940457/222. A. Ju.Vovk, « “Союз друзей советской Родины” Париж, улица де Бюси, (...)
• 17 DGEF DA 1699210.
• 18 JO du 27/09/1939, p. 11770. Vovk, 2014, p. 288.

7Avant-guerre, B. Kovaleff était « permanent » de l’Union des amis de la patrie soviétique (UAPS), située au 12 rue de Buci (VI^e) et bien connue du 2^e bureau : d’abord Union des citoyens soviétiques en France et des sympathisants (1924), puis Union pour le rapatriement en Russie soviétique (à partir du 16 avril 1937), l’UAPS enrôlait des agents pour espionner les Russes blancs de la capitale, des personnalités françaises ou étrangères mais aussi, en 1936-1937, des volontaires pour les Brigades Internationales ; le siège de l’association a été perquisitionné le 22 octobre 1937 dans les enquêtes sur l’assassinat d’Ignace Reiss et l’enlèvement du général Miller16. A. Paléologue présidait l’Association des émigrés russes pour la défense de la paix et la sécurité de la Russie, déclarée le 10 juin 1937, située 10 rue Humblot (XV^e), qui luttait contre l’engagement des émigrés dans les formations militaires pouvant porter préjudice à l’URSS, dont l’armée française à partir de septembre 1939. Comme l’UAPS, elle recrutait pour les milices républicaines espagnoles17. Toutes deux ont été dissoutes par le décret-loi du 26 septembre 1939 relatif aux organisations fonctionnant sous le contrôle de la III^e Internationale18. Katchva, lui, est communiste. Kovaleff, Paléologue et Katchva sont internés en 1940 au camp du Vernet d’Ariège où « Défensistes » et « Amis de la Patrie soviétique » s’unissent pour résister à l’occupant. Tous les membres du nouveau bureau de l’UPS seront expulsés en 1947-1948, sauf le trésorier.

• 19 AN 19800042/35 dossier 840.
• 20 A. E. Bogomolov (1900-1969), conseiller puis ambassadeur d’URSS à Paris puis à Vichy de 1940 à 1 (...)
• 21 Discours du 19 juin 1946 reproduit le 5 juillet dans le Patriote soviétique.
• 22 A. Pierre donne dans le Monde le chiffre (invérifiable) de 11 000 passeports soviétiques délivre (...)

8L’UPS est activement surveillée par la Direction de la surveillance du territoire (DST) qui la soupçonne d’être financée par l’ambassade soviétique. Les dossiers de la Sûreté ou de la DST la concernant sont classés dans des cartons intitulés « Guepéou » ou « Surveillance du Parti communiste ». La préfecture de police fait traîner l’examen du dossier d’autorisation administrative : le 3 mai 1946, l’UPS n’en a toujours pas19. Les rapports se multiplient après la publication du décret du Soviet suprême de l’URSS du 14 juin 1946 « réintégrant dans la nationalité soviétique les sujets de l’ancien Empire russe » (au 7 novembre 1917) « et les personnes ayant perdu la citoyenneté soviétique résidant en France ». La décision, interprétée comme une amnistie politique (l’ambassadeur d’URSS20 préfère la présenter comme une récompense du bon choix de la Russie combattante en exil pendant la guerre21), relance en effet le mouvement des Vozvraščency22.

• 23 AN 19960325/4 dossier 11.
• 24 Gousseff, op. cit., p. 197 ; Vernant, op . cit ., p. 296.

10Les récalcitrants sont des « fascistes » et des « traîtres à la patrie »23. Les naturalisations, que le gouvernement français facilite pour juguler cette vague de retours (7 500 entre 1946 et 1951), sont présentées comme inaccessibles24 :

• 26 Exclue des accords de Yalta sur le rapatriement, la France signe un accord avec l’URSS le 29 juin 1 (...)
• 27 Note d’information du 9 août. AN 19960325/4 dossier 11.

11L’UPS aide aussi la Mission militaire soviétique26 à « récupérer de force » les Soviétiques prisonniers de guerre ou personnes déplacées qui ne veulent pas rentrer et surveille les émigrés peu enthousiastes à l’égard de l’URSS27.

• 28 Note du 2 juillet 1946. Ibid.
• 29 A. A. Guzovskij (1904-1986) entre à l’OGPU en 1928. En 1943, premier secrétaire de la représenta (...)
• 30 Analyse classée « confidentiel » du 30 septembre et note du 5 octobre 1946. Ibid.

12Il se dit que le 1^er novembre l’UPS sera remplacée par une association, qui, sous le patronage de l’ambassade, regroupera les Russes de France pour les inciter à retourner en URSS28. En attendant, elle est « purgée » de tous les éléments suspects. Le commanditaire de l’opération est Alexandre Gouzovski29, premier secrétaire de l’ambassade (et officier de renseignement), et l’exécutant Basile Kovaleff, dont l’administration n’a pas oublié les activités de recruteur pour l’Espagne avant-guerre. Il a aussi mis sur pied le service d’espionnage chargé de surveiller les adversaires du retour30.

• 31 AN 19800042/35 dossier 840.

13La transformation annoncée ne se produit que le 8 août 1947 : l’assemblée générale des UPS, à Paris, vote à l’unanimité de se constituer en Union des Citoyens Soviétiques et élabore un nouveau statut. La demande d’autorisation est déposée à la Préfecture le 23 octobre 194731.

• 32 Coudry, op . cit ., 12-26; Polian, op. cit., p. 174-176; AN F/9/3834-F/9/3836.
• 33 Note du 15 novembre 1947 de la Direction des étrangers pour Jules Moch : DGEF DA 596954.
• 34 F/9/3836

14Le 14 novembre, a lieu l’intervention de la police et de l’armée française au camp de rapatriement de Beauregard32, présentée parfois comme le premier pas de la France dans la Guerre froide. Situé sur la commune de la Celle-Saint-Cloud, c’est le plus grand camp dont disposent les Soviétiques en France. Administré par eux, malgré la présence d’officiers de liaison français, il est dirigé par un officier du NKVD. L’objectif du raid est de restituer à Dimitri Spetchinski, réfugié russe très hostile à l’Union soviétique, ses trois enfants (nés à Nice en 1937, 1939 et 1940) que leur mère, née Sophie Soubbotine, veut emmener avec elle en URSS. Le vendredi 10 octobre 1947, M. Spetchinski apprend que son épouse a quitté Nice avec leur fils et leurs filles, dont la justice lui a confié la garde en attendant le prononcé du divorce, dans un convoi de rapatriement collectif. Il les suit jusqu’à Strasbourg où il doit renoncer à récupérer les enfants, sa femme ayant une ordonnance de tribunal. Constatant qu’elle est dirigée vers le camp de Sarrebourg, il se rend à Paris et alerte la Direction des Étrangers dès le lundi 13 au matin. Une enquête montre que la préfecture de la Moselle a apposé un visa de sortie pour l’URSS sur le passeport soviétique de Mme Spetchinski dans lequel sont inscrits les enfants, pourtant citoyens français. Le préfet reçoit l’ordre de les retirer à Mme Spetchinski. Alertée, celle-ci quitte Sarrebourg avec eux. M. Spetchinski demande une recherche dans l’intérêt des familles qui permet de les repérer à Beauregard, ce que confirme une interview de leur mère par un journal russe. Le 14 octobre, M. Spetchinski demande par écrit la restitution des enfants. Sa lettre est transmise à Roger Wybot, directeur de la DST, qui met au point l’intervention33, décidée au dernier conseil des ministres du gouvernement Ramadier. La DST agit avec les pleins pouvoirs, y compris d’ouvrir le feu, sur ordre écrit du ministre des Forces armées, Pierre-Henri Teitgen, qui garde cette fonction dans le gouvernement Schuman. L’opération mobilise 2000 policiers, 150 gendarmes mobiles, 4 blindés légers ; elle découvre aussi des armes. Le 17 novembre, l’URSS proteste énergiquement, mais le nouveau ministre des Affaires étrangères, Georges Bidault, beaucoup plus atlantiste que son prédécesseur, tient bon. Le PCF interpelle vertement son collègue de l’Intérieur, Jules Moch, à la Chambre. Dès le 1^er décembre, le camp passe sous administration française34.

• 35 Le Monde, 16-17, 18-19 novembre et 3 décembre 1947, Le Figaro, 6 novembre 1947, Der Spiegel, 20 fe (...)
• 36 Par exemple, V. A. Kostickij, Мое утраченное счастье…, V. L. Genis (ed.), t. 1, Moskva, Novoe liter (...)
• 37 Pour les RG de Nice (1948), il a été arrêté en vertu d’une mesure générale contre les dirigea (...)
• 38 Par exemple, le rapport classé « très secret » du poste frontière de Lauterbourg à la DST du 28 (...)

15L’affaire fait grand bruit dans la presse35 et frappe les esprits dans l’émigration russe36. Pour l’UCS, elle a une résonance particulière : c’est W. Postowsky qui accompagne le groupe de candidats au retour. Toutefois, ce fait ne lui sera jamais reproché37. C’est a posteriori qu’on rapprochera les expulsions du 25 novembre de Beauregard, même chez les policiers38.

• 39 AN 19900353/20. Le 28 janvier 1948, l’URSS réclame encore les 2 expulsés manquants. DGEF DA 74207 (...)

16La France ne publie ni les noms, ni le nombre de ceux qu’elle expulse ce jour-là : dans une note classée « très secret » du 2 décembre 1947, R. Wybot recommande encore la plus grande discrétion ; l’ambassade d’URSS ne recevra d’ailleurs la liste que le 4 décembre39. Aussi parle-t-on d’abord de 19 puis de 24 Soviétiques, tous membres des instances dirigeantes de l’UCS. Le Monde ou le New York Times du 27 novembre citent des personnalités parisiennes (Katchva, Paléologue, Kovaleff, Krivocheine), font le lien avec Beauregard mais aussi les grèves qui paralysent le pays. Faute d’en savoir davantage sur les moyens législatifs utilisés, on imagine que la mesure a été prise en vertu d’une loi de 1849 (le Monde). Il s’agit en fait d’une procédure d’urgence fondée sur l’art. 23 de l’ordonnance du 2 novembre 1945 relative à l’entrée et au séjour des étrangers en France et le décret du 18 mars 1946. L’Humanité, informée par les sections du PCF, nomme aussi, le 28 novembre, A. A. Ougrimoff, arrêté à Annecy. Les noms des 24 seront révélés par leur lettre à Molotov, publiée par les Izvestija le 18 décembre, qui qualifie les faits de « nouvelle provocation après ce qui s’est passé à Beauregard ».

• 40 E47/2023 à 2051-2052. AN 20100107/23. Une grande partie sera abrogée par arrêtés collectifs ent (...)
• 41 Organisation internationale pour les réfugiés, agence de l’ONU (1946-1952), ancêtre du HCR.

17En réalité, ce sont 26 arrêtés d’expulsion que signe le 24 novembre le Directeur de la Sûreté, Pierre Boursicot, pour le ministre de l’Intérieur, sur proposition de la DST40 : Percy Balbariskis, Nicolas Beliaeff, Dimitri Beloousoff, Alexandre Goustchine, Alexandre Guenik, Nicolas Katchva, Basile Kovaleff, Igor Krivochéine, Léon Lubimoff, Constantin Mantouchoff, Alexis Martchenko, Alexandre Ougrimoff (père), Alexandre Ougrimoff (fils), Alexandre Paléologue, Wladimir Plikhta, Alexandre Pokotiloff, Wladimir Postowsky, Dimitri Rosenbach, Tatiana Rosenkopf, Michel Rygaloff, Constantin Sabsaï, Serge Sirine, Paul Smirnoff, Agabeg Tashdjian, Wladimir Tolly, Jean Tzérébège. Seuls 23 hommes et une femme seront remis aux autorités d’occupation soviétiques en Allemagne : P. Balbariskis et A.Tashdjian, ni russes, ni titulaires d’un passeport soviétique, refusent, une fois dans la zone américaine, d’entrer en zone soviétique et se placent sous la protection de l’OIR41. Envoyés dans des camps de personnes déplacées américains puis français, ils font recours sur recours et passent de longues années à Tübingen.

• 42 Direction générale de la Sûreté (14 avril 1948) et Jules Moch (13 novembre 1948). DGEF DA 74207 (...)
• 43 AN 19800042/35 dossier 840.

18Leur présence sur la liste montre que la mesure ne vise pas l’UCS, mais des « agents au service de l’URSS […] convaincus d’activités subversives » ou encore d’« activité anti-nationale »42. Par ailleurs, les expulsés ne sont pas tous des dirigeants, même locaux, de l’UCS, et des responsables du bureau national n’ont pas été inquiétés. Il ne s’agit pas de « décapiter » le groupement, mais sans doute plutôt de se débarrasser d’agents ou de fauteurs de trouble, notoires, comme Katchva ou Kovaleff, ou signalés comme tels par les RG, à raison ou à tort. Ainsi, A. A. Ougrimoff n’arrive à Annecy qu’en 1946, mais depuis lors, la section, qui n’avait que quelques adhérents âgés et peu instruits, a beaucoup grossi et déploie une activité sans précédent43.

• 44 FCPJ 2022/3 MI 1 DC 1102172.
• 45 La procédure et les rapports sur les étapes du transport se trouvent dans les dossiers individuel (...)
• 46 AN 19900353/20. A. A. Ugrimov, op. cit., p. 54.
• 47 JO. Débats parlementaires, jeudi 4 décembre 1947, p. 5256-5258.

19W. Plichta et J. Tzérébège sont appréhendés le 24 novembre44, les autres le 25 par des officiers de police judiciaire ou de la DST : notification de l’arrêté, procès-verbal, photographies d’identité judiciaire et confiscation de la carte d’identité d’étranger45. L. Lubimoff et A. Paléologue refusent de signer le PV. Puis, les chemins de fer étant en grève, ils sont conduits à Strasbourg en autobus ou automobile par la DST : la plupart y parvient dès le 25 au soir. P. Balbariskis, N. Beliaeff, A. A. Ougrimoff, D. Rosenbach, T. Rosenkopf, P. Smirnoff, A. Taschdjian n’y seront que le 26. Puis, dans la nuit du 25 au 26, ou dans la matinée du 26, ils franchissent le Rhin en direction du centre de rapatriement de Kehl, qu’ils quittent le 27 par le train, escortés par 4 inspecteurs de la DST de Baden-Baden. La lettre à Molotov, rédigée au camp no 222 dans le Brandebourg par S. Sirine et A. Paléologue, relate le périple des « Parisiens » et est, dans l’ensemble, exacte. Toutefois, l’audition n’a pas eu lieu dans une « planque » (konspirativnaja kvartira) mais au bureau de la 1re brigade spéciale de la Sûreté, 4 square Charles Dickens (XVI^e). Le 29, les 24 anciens réfugiés russes sont entrés en zone d’occupation soviétique à Helmstadt46, quand un débat houleux à l’Assemblée nationale évoque les expulsions ; Jules Moch est conspué par les communistes, mais obtient des applaudissements à gauche, au centre et à droite47.

• 48 AN 198000042/35.
• 49 Arrêté du ministre de l’Intérieur en vertu de l’art. 14 de la loi du 29 juillet 1881 sur la libe (...)

20L’UCS est interdite le 27 novembre. Le 16 décembre 1947, elle reçoit un arrêté ministériel de refus d’autorisation de fonctionner48. L’arrêté d’interdiction de circulation, de diffusion et de mise en vente du Patriote soviétique est pris le 20 janvier 194849. Le lendemain, il est transmis par télégramme à toutes les préfectures.

• 50 L. D. Lubimov, На чужбине, Moskva, Sovetskij pisatel′, 1963, p. 46. L’expression, « Gardes blancs e (...)

22Pour qualifier le groupe des 24 anciens réfugiés russes remis aux militaires soviétiques, on est d’abord tenté de parodier la formule (fort tendancieuse) de l’un d’eux, L. Lubimoff50 : nous avons affaire à une curieuse alliance de Gardes blancs et de communistes. On voit en effet se mêler des communistes convaincus, certains étant même de véritables agents soviétiques, des patriotes russes gagnés à la cause soviétique par la victoire remportée sur le nazisme, par les promesses d’un retour dans une patrie qu’ils s’étaient préparés à gouverner en adhérant à l’Union des jeunes russes (Sojuz Mladorossov), dont le mot d’ordre était « Le tsar et les soviets ». Toutefois, les renseignements amassés sur eux par l’administration française montrent des origines et des parcours plus variés. Il n’est pas anodin, en effet, de relever que quatre des expulsés avaient épousé une Française et que plusieurs s’étaient assez bien intégrés dans la société française.

• 51 Ugrimov, op. cit, p. 37-41, 73; AN 19900353/20.

28Beliaeff Nicolas (Беляев Никoлaй Влaдимирoвич, né à Toulchin, 14 novembre 1907), ingénieur, en 1947 travaille à l’usine de l’Aluminium français à Chambéry, membre du PCF, marié le 29 février 1944 à Odette Bœuf (Villosanges 1908 – Montigny-les-Cormeilles 2004). En 1947, préside la section UCS de Chambéry. En URSS, Kemerovo51.

• 52 Vozroždenie, 12 avril 1926; OFPRA BA003; DGEF DA 509813.

29Beloousoff Dimitri (Белоусов Дмитрий Aлeкcaндрoвич, né à Kharkov, 6 septembre 1888), arrive en France dans un groupe de travailleurs étrangers. En 1926, délégué de la France au Congrès monarchiste. En 1947, dessinateur chez Schneider ; préside la section UPS du Creusot. Le seul à être fouillé à corps lors de son arrestation52.

• 53 OFPRA BA004 ; AN 19800051/185.

30Goustchine Alexandre (Гущин Aлeкcaнр Kacьянoвич, né à Odessa, 5 juin 1887), marié, une fille, arrive en France dans un groupe de travailleurs étrangers en 192453.

• 54 AN 19800042/35 dossier 840.

31Guenik Alexandre (Гeник Aлeкcaндр A., né à Tiflis, 23 mai 1905). En 1947, ingénieur aux établissements Caliqua à Marseille ; préside la section UPS des Bouches-du-Rhône54.

• 55 Souvenirs inédits : Архив ДРЗ. Ф. 25. Оп. 1. Д. 21. A. Ju. Vovk, « Русский эмигрант во французско (...)

32Katchva Nicolas (Kачва Никoлaй Ceргeeвич, Tiflis, 30 septembre 1900 – Ul′janovsk 7 janvier 1982), marié, sans enfant. En France, à Lyon, depuis 1923, ouvrier du textile puis chauffeur de taxi (1925 à 1940), membre du PCF (1935), secrétaire pour Lyon de l’UAPS. Arrêté pour propagande communiste le 18 mars 1940, condamné à un an de prison, interné au Vernet (décembre-juin 1941), envoyé en Allemagne, revient en France (fin 1941). En 1947, préside l’UCS ; passeport soviétique n^o 04772/PFR 04781 délivré le 25 juin 194655.

• 56 S. Ryčenkov, 259 дней Лемносского сидения, Pariž, 1933, liste annexe n^o 412 ; G. Laroche, op. ci (...)

33Kovaleff Basile, Kovaloff ou Kowaleff Basil (Ковалев Вacилий Ефимoвич, né à Mitiaguinskaïa stanitsa, 8 avril 1907), École militaire cosaque du Don, Égypte, Buyuk-Dere (Constantinople), Lemnos, Varna. Entre en France avec un groupe de cadets : Charente (1922-1925), Paris (1925-1930), Le Havre (1930-1932), Paris. Certificat de réfugié (28 octobre 1933). Laveur de voitures, plongeur de restaurant, ouvrier d’imprimerie, gardien de nuit, sans emploi à partir de 1935. En concubinage avec Yvonne David (Le Havre 1911 – Neuilly-sur-Seine 1951) jusqu’en 1944. « Permanent » de l’UAPS chargé des volontaires pour l’Espagne (1937). Dossier au Fichier central ouvert le 17 août 1937. « Agent de l’Ambassade soviétique » (plusieurs rapports 1937-1939). Arrêté d’expulsion du 16 juin 1939, contesté et non exécuté. Interné au Vernet (25 janvier 1940-27 mai 1944), envoyé en Allemagne : s’il a été résistant, son engagement n’a pas été de longue durée. En 1947, au comité directeur de l’UCS56.

• 57 I. A. Krivošein, « Отчет о резистанской работе И. А. Кривошеина », « Вестник » участников Сопроти (...)

34Krivocheine Igor (Кривoшeин Игoрь Aлeкcaндрoвич, Pétersbourg 22 février 1899-Paris 8 août 1987), marié, un fils né à Paris en 1934. Fils d’A. V. Krivošein (1857-1921), ministre de l’Agriculture du gouvernement Stolypin (1908-1915), Corps des Pages, Première Guerre mondiale (1917), Armée des Volontaires (1919), capitaine de la Garde, à Paris le 1^er décembre 1920. Licence de sciences de l’Université de Paris (1922), diplôme d’ingénieur de l’École supérieure d’électricité (1924). Expulsé (12 janvier 1924) dans une affaire de spéculation contre le franc : mesure rapportée le 18 septembre 1924. Ingénieur électricien chez Lemercier frères (1928-1947). Arrêté le 21 juin 1941 et détenu 6 semaines à Compiègne. Résistant, arrêté par la Gestapo (juin 1944), torturé et déporté à Buchenwald, puis Dachau, libéré en 1945. Médaille de la Résistance (11 mars 1947). En 1947, préside l’Amicale des Résistants russes. En URSS, arrêté le 20 septembre 1949, condamné par une commission spéciale du MGB à 10 ans de camp de travail, libéré et réhabilité le 30 juin 1954. Rentre en France le 6 mars 1974 et obtient l’asile politique le 2 décembre 197457.

• 58 Lubimov, op . cit .; OFPRA OR003 et 018; AN 20150439/4.

35Lubimoff Léon (Любимoв Лeв Дмитриeвич, Toula 18/31 juillet 1902-Moscou 1976), neveu de M. I. Tugan-Baranovskij (1865-1919), historien et sociologue, tenant du « marxisme légal », Lycée Alexandre, études de philosophie à Berlin, en France en 1919, éditorialiste politique de Vozroždenie, écrivain, adopte vers 1937 les idées du PPF, recruté à l’Œuvre en 1940, collabore à Je suis partout, se rallie à l’URSS à la Libération. En 1947, rédacteur du Patriote soviétique et président de la section UCS de Levallois. En URSS, vit à Moscou dès 1948, publie dès 1951, petits rôles au cinéma. En 1957, publie dans Novyj mir des mémoires conformes aux attentes soviétiques. Revient brièvement en France au chevet de sa mère mourante en 196058.

• 59 Ryčenkov, op. cit., p. 152 ; AN 19800042/35 dossier 840 ; FCPJ 2022/3 MI 1 DC 1 037 8502022 ; DGEF (...)

36Mantouchoff Constantin (Мантухов Кoнcтaнтин Вacильeвич, né à Semibalok, 21 mai 1899), École militaire cosaque du Don, Lemnos, en France en 1922. Marié le 18 juillet 1925 à Decazeville à Héloïse Roumiguière (Viviez 1902 – Néris-les-Bains 1979). Un fils né le 29 août 1926. Employé de bureau puis aide-comptable dans des sociétés de charbonnages et de sidérurgie. À Montluçon depuis décembre 1926, y préside la section UCS (1947). En URSS, envoyé à Rostov-sur-le-Don59.

• 60 Vovk, « Движение сопротивления во французской провинции », Ежегодник ДРЗ, 2020, p. 114 ; AN 199404 (...)

37Martchenko Alexis (Мaрчeнко Aлeкceй Н., né à Sasnitza ou Sozintza le 3 ou 8 mars 1898), en France en 1926. Knutange (usine métallurgique) puis Lyon (octobre 1927) : monteur de caisses à la Compagnie Électro-mécanique (1929), mécanicien à Villeurbanne (1945). Membre du PCF (1930) et de l’Union des citoyens ukrainiens, qui milite pour une Ukraine soviétique. Surveillé dès mai 1930, menacé d’expulsion s’il ne cesse pas ses activités politiques. Résistant (groupe communiste du Rhône 1941), s’occupe de prisonniers de guerre soviétiques60.

• 61 Ugrimov, op. cit. ; G. Laroche, op. cit., p. 244 ; OFPRA OR120 et 072 ; AN 19800042/35 dossier 840  (...)

38Ougrimoff Alexandre fils (Угримов Алeкcaндр Aлeкcaндрович, Les Avants (Suisse) 29 janvier = 11 février 1906 – Moscou 23 juin 1981), marié, une fille née à Paris en 1934, études d’agronomie (Berlin 1925-1929), en France en 1929, enseigne à l’École française de la Meunerie (1929-1940), ingénieur aux Moulins de Dourdan (1940-1946), directeur technique à la Minoterie Cléchet à Annecy. Mladoross jusqu’en 1937. Résistant en 1941, fondateur du groupe de Dourdan, Croix de Guerre (13 février 1946). Passeport soviétique n^o 04897/ PFR/4906 délivré le 27 juin 1946. En 1947, préside la section UCS d’Annecy. En URSS, Saratov puis Ul′janovsk, arrêté le 15/06/ 1948, condamné par une commission spéciale du MGB à 10 ans de camp de travail, libéré le 27 juin 1954 et réhabilité le 4 octobre 195761.

• 62 Id., op . cit ., p. 713. AN 19800271/223; FCPJ DC 173808.

39Ougrimoff Alexandre père (Угримов Aлeкcaндр Ивaнoвич, Moscou 23 décembre 1874-Moscou 5 novembre 1974), marié, 2 enfants, études de philosophie (Université de Moscou) et d’agronomie (Leipzig), agronome et enseignant, Première Guerre mondiale, travaille au ministère de l’Agriculture du gouvernement provisoire, puis au Narkomzem et au GOELRO, expulsé d’URSS (1922) sur le « bâteau des philosophes », enseigne à l’Université Humbolt à Berlin. En France le 23 avril 1938, passe la guerre en zone libre à Chabris (Indre). En 1947, préside l’Union des Ingénieurs russes. En URSS, Ul′janovsk puis Kaluga. L’expulsion de 1922 est abrogée en 195762.

• 63 Vovk, « Дважды эмигрант Александр Палеолог », Pravo na imja. Biografika 20 veka, Sankt-Peterburg, N (...)

40Paléologue Alexandre (Пaлeoлoг Aлeкcaндр Koнcтaнтинович, Ekaterinoslav 26 juin 1888 – Paris 4 avril 1984), marié, 3 enfants dont un fils né à Paris en 1922, juriste (Université de Pétersbourg), sujet russe à titre personnel (1915), Première Guerre mondiale (flotte de la mer Noire commandée par son oncle, l’amiral Eberhardt), en France en 1921. Sans emploi (1934), vit des aides de son beau-père, V. Archaouloff, dont les brevets sont exploités par la Société générale de constructions mécaniques. Membre de l’Union républicaine russe [RDO, parti de P. N. Milioukov], collabore à Poslednie novosti, se rallie à l’URSS (février 1936) : sous le prénom de Constantin, préside l’Association pour la défense de la paix et la sécurité de la Russie. Interné au Vernet (10 février 1940-14 janvier 1941), envoyé en Allemagne. En 1947, membre du comité directeur de l’UCS. Sa famille ne le suit pas en URSS. Travaille à l’Intourist, à Yalta. Revient à Paris en juin 196763.

• 64 A.V. Efimov, Общество Галлиполийцев : именной список, Moskva, Institut Nasledija, 2021 ; AN 19800 (...)

41Plikhta Wladimir (Плихта Влaдимир И., né à Pskov, 23 juin 1891), École militaire cosaque du Kouban, Gallipoli, capitaine (1920), en France en 1925. En 1947, travaille aux établissements textiles A. Prouvost à Roubaix ; préside la section UCS de Tourcoing64.

• 65 OFPRA OR001; AN 19800342/89; G. Laroche, op. cit., p. 243.

42Pokotiloff Alexandre (Покотилов Aлeкcaндр Пaвлович, né à Pétersbourg, 19 décembre 1901), École navale de Petrograd, termine ses études à Bizerte (1922), en France en 1923. Résistant. En 1947, représentant de commerce à Paris, préside la IVe section de Paris de l’UCS65.

• 66 OFPRA OR022 et 026 ; AN 19800042/35 dossier 840 ; AN 19800342/121 ; 19800342/122 ; base.memo.ru (co (...)

43Postowsky Wladimir (Постовский Влaдимир Ивaнoвич, Odessa, 18 février ou 18 décembre 1886-v. 1957 en URSS), marié, une fille, général dans l’armée du Don (Première Guerre mondiale et Guerre civile), en France (Nice) en 1920. Chauffeur automobile puis gardien de villa (août 1945). En 1947, préside la section UCS de Nice ; passeport soviétique n^o 0490/PFR04999 délivré le 29 juin 1946. Arrêté dans l’Oblast d’Ul′janovsk en 1951, condamné en vertu de l’art. 58.5 du code pénal66.

• 67 E. Jaffrennou, B. Giraudy, les Russes d’Ugine et l’église orthodoxe Saint-Nicolas, Lyon, Beau fixe (...)

44Rosenbach Dimitri (Рoзeнбax Дмитрий Ceргeeвич, Novozibkoff, province de Tchernigov 13 mars 1892-mort en détention en URSS après 1951). Manœuvre à Ugine Aciers (1924-1931) puis sans profession, enseigne bénévolement à l’école St-Nicolas. Mladoross. En 1947, préside la section UCS d’Ugine. En URSS, Ul′janovsk, arrêté en 1949, condamné le 24 novembre 1951 à 10 ans de camp de travail, réhabilité en 198867.

• 68 AD du Territoire de Belfort (Recensement de population).

45Rosenkopf Tatiana (Рoзeнкoпф Taтьянa Ивaнoвнa, née à Pétrograd, 30 novembre 1918), fille d’un capitaine de l’armée de Wrangel décédé à Théodosie en décembre 1918. En 1947, sans profession68.

• 69 Ugrimov, op. cit., p. 712 ; OFPRA OR 107, 116 et 127.

46Rygaloff Michel (Рыгалов Mиxaил Никoлaeвич, Colombo (Ceylan) 10 novembre 1920-Moscou 1989), école d’arts appliqués à Paris. En 1947, dirige la section de jeunesse de l’UCS. En URSS, Syzran′, Saratov puis Moscou. Épouse en 1962 T. Tolly (1927-2018), fille de W. Tolly69.

• 70 AN 19800384/83.

47Sabsaï Constantin (Сабсай Кoнcтaнтин Влaдимирович, né à Odessa, 5 ou 15 septembre 1894), veuf, un fils né à Marseille en 1925, instituteur. En 1947, comptable dans un restaurant russe de Marseille70.

• 71 OFPRA OR039, 001, 093 et 060 ; AN 19800042/35 dossier 840 ; 19960325/4 dossier 11 ; DGEF DA 440083.

48Sirine Serge (Cирин Ceргeй Никoлaeвич, né à Tiflis, 14 juillet 1892), marié, sans enfants, juriste, membre de l’OSVAG (Kiev) puis de la commission économique de la Renaissance du Sud-Est. Constantinople, Berlin, en France en novembre 1923 (Nice puis région parisienne). Collabore à Poslednie novosti. Carte de commerçant (décorateur sur tissus) à Montluçon (1941). En 1947, au comité directeur de l’UCS71.

• 72 AN 19940474/322 dossier n^o 30584 ; 19900353/20 ; DGEF DA 1598583 ; AD de la Gironde dossier 126994 (...)

49Smirnoff Paul (Cмирнoв Пaвeл Дмитриeвич, né à Stavropol ou Stanopol, 2 ou 8 août 1901), marié, en France en 1929 à Marie Denise Joséphine Georgette Pauly (née le 16 mars 1904 à Sainte-Bazeille (Lot), décédée le 8 avril 1978 à Bordeaux), sans enfant : Basses-Alpes jusqu’en 1935, Paris (chef-monteur au cirque Pourtier), et Bordeaux en 1942 (chauffeur de poids-lourds). En 1947, préside la section UCS de Bordeaux. « Agent consulaire soviétique » (préfecture de la Gironde)72.

• 73 Ugrimov, op. cit., p. 714; OFPRA OR 107; AN 19800448/201.

50Tolly Wladimir (Тoлли Влaдимир Влaдимирoвич, Kiev 19 février 1889-Moscou 1^er juillet 1980), marié, 2 enfants dont une fille née en 1927 à Paris, études de droit (Université de Pétersbourg), Première Guerre mondiale, officier du génie dans les Armées blanches, Bulgarie, en France le 1er décembre 1923. En 1947, agent de planning chez Citroën, préside la section UCS de Meudon. En URSS, Samara puis Moscou73.

• 74 FCPJ 2022/3 MI 1 DC 1102172 ; AN 19800042/35 dossier 840.

51Tzérébège Jean, Tzerebetche (Церебеж Ивaн Юрьeвич ou Гeoргиeвич, né à Amour-Nijne-Dnepropetrovsk, 24 mai 1900), Corps des Cadets de la Marine, termine ses études à Bizerte (3e promotion), en France (Tourcoing), en 1923, ingénieur électricien. Marié le 10 mai 1929 à Mireille Vienne (Mouvaux 1906-Beaupréau-en-Mauges 1994), un enfant né à Tourcoing. En 1947, bras droit de W. Plikhta74.

• 75 DGEF DA 742077.

53Balbariskis Percy (né à Liepaga (Lettonie), 19 février 1908) arrive à Paris en 1930, travaille pour une agence publicitaire américaine, s’engage dans la Légion étrangère en 1939. Démobilisé en 1940, travaille en Loire Inférieure puis, en 1944, à Cherbourg, dans le bar d’Odette Lenormand qu’il épouse le 26 août 1944. Un fils, né en 1945. En 1947, en instance de naturalisation. Soupçonné d’être un agent soviétique (et américain) : son bar est le quartier général de la mission de rapatriement, mais la DST ne peut rien prouver. Rentre en France en 195775.

• 76 DGEF DA 998634.

54Taschdjian Agabeg (né à Kharpout (Asie Mineure), 17 mai 1909), élevé à Corfou par des missionnaires américains après le massacre de sa famille, arrive en France en 1928 dans un groupe de travailleurs étrangers, à Paris, puis à Bordeaux (1932), où naît en 1939 son fils, dont la mère, Française, meurt en couches. En 1947, représentant de commerce. Communiste, partisan de l’Arménie soviétique, titulaire d’un certificat des FTP, deux condamnations mineures (1942 et 1943) ; serait victime d’une dénonciation. Rentre en France en 1965 ; naturalisé le 17 novembre 197576.