1Cet ouvrage collectif a un titre intrigant : pourquoi « initiation » est-il au pluriel et pourquoi poser des questions, alors qu’on ouvre un manuel pour trouver des réponses ? Pour le coordinateur, Hervé Marchal, il n’y a pas de coupure nette et définitive entre les initiés à la sociologie et ceux qui l’ignorent, même s’ils font de la sociologie sans le savoir. Les sociétés changent et les individus vieillissent ; l’initiation à la sociologie n’est pas une étape mais un processus tout au long de la vie, pour les sociologues professionnels comme pour les « amateurs ».

2La sociologie apporte rarement des réponses définitives et son rôle est plus modeste : elle apporte des éclairages et des éléments de réponse ; mais il est essentiel de poser les bonnes questions. Pour progresser, il faut à la fois bien connaître les travaux des prédécesseurs et oser s’aventurer hors des sentiers battus, en pratiquant la méthode des essais et des erreurs. La sociologie explore alors des territoires inconnus.

3Dans l’introduction – « Un manuel territorialisé, historicisé et socialisé » ‒ Hervé Marchal montre que le développement de la sociologie est indissociable de celui d’une société encastrée dans l’espace et dans le temps. J’illustre son propos avec un exemple d’actualité aujourd’hui, mais qui ne l’était pas quand l’ouvrage était en cours de rédaction : la transition climatique. C’est une question majeure pour l’avenir de l’humanité, les décideurs sont prêts à financer des recherches en sociologie et en sciences sociales et des chercheurs sont prêts à prendre le risque de répondre à ce nouveau défi. Les conditions sont ainsi réunies pour l’émergence d’une nouvelle branche que l’on appellera peut-être « sociologie du climat ».

4Ce manuel comprend 23 entrées, autonomes et complémentaires à la fois ; des liens permettent de passer de l’une à l’autre pour un éclairage complémentaire. Une première partie, sans titre, comprend 16 entrées qui abordent des questions variées comme les différentes formes de famille, l’identité individuelle et collective, la mobilité inter- et intra-générationnelle, les professions, le genre, la démographie, etc. La seconde partie est intitulée : « Petit vade mecum théorique de l’apprenti sociologue ». Elle inclut sept entrées qui traitent de l’individualisme méthodologique, du marxisme, de la sociologie pragmatique, etc.

5Curieusement, alors que les entrées de la 1^re partie ont une dizaine de pages chacune, celles de la seconde partie ont quatre à cinq pages seulement. J’ai eu peur d’un effet de mode, dans le sillage de « ma thèse en 180 secondes » ! Mais c’est très réussi et toutes les contributions répondent à la question posée en mettant en valeur l’essentiel de façon brève et limpide. C’est bien ce que l’on attend d’un manuel.

6Le collectif d’auteurs rassemble des enseignantes et enseignants du Département de Sociologie et Démographie du site de Dijon de l’Université de Bourgogne Franche-Comté. J’imagine que cette œuvre commune aura des retombées très positives sur la cohérence de l’enseignement de la sociologie à Dijon, non pas en termes d’uniformisation mais, en reprenant l’expression du sociologue allemand Hartmut Rosa, de « mise en résonance » des divergences.