Résumés
Comment des élèves appréhendent-ils les situations dans lesquelles une autorité légitime (en l’occurrence une enseignante) leur demande d’agir contre un tiers ? Comment articulent-ils leur sentiment d’obligation à obéir à l’adulte avec leur souci, éventuel, de ne pas nuire à autrui ? L’étude a été menée auprès d’un échantillon d’élèves (5-6 ans et 9-10 ans) invités à réagir à un scénario mettant en scène deux situations d’« abus d’autorité ». Les résultats montrent que la propension à remettre en cause la parole de l’enseignante varie selon l’âge, le sexe et le niveau scolaire des élèves.
How do pupils perceive situations in which a legitimate authority (in this case a teacher) asks them to act against a third party? How do they combine their sense of obligation to obey the adult with their concern, if any, about harming others? The article is based on a study conducted with a sample of pupils (aged 5-6 and 9-10) who were asked to react to a scenario involving two “abuse of authority” situations. The results show that willingness to question the teacher's word varies with the pupils’ age, gender and educational level.
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Plan
Introduction
Développement moral et rapport à l’autorité
Perception de l’injustice et pouvoir d’action face à l’autorité
Légitimité des transgressions morales et désobéissance à l’autorité
Socialisation familiale, position scolaire et rapport à l’autorité
Présentation de l’étude
Méthodologie
Matériel et procédure
Codages et analyses des données
Résultats
Prédictions comportementales et jugements moraux
Justifications des prédictions comportementales et des jugements moraux
Raisonnements conditionnels
Obéir à la maîtresse : de l’inconditionnalité à la conditionnalité
Ne pas taper : de la conditionnalité vers l’inconditionnalité
Rendre les coups : de la prescription absolue au rejet du principe de réciprocité
Discussion générale
Aperçu du texte
Introduction
Les célèbres expériences conduites par Stanley Milgram (1963, 1974) sur la soumission à l’autorité visaient à comprendre comment se comporte un individu quand une autorité légitime lui demande d’agir contre un tiers. Elles ont montré que, sous prétexte d’une étude scientifique et parce que l’expérimentateur le leur demandait, la plupart des participants (62 %) « acceptaient » d’infliger à un autre sujet (en fait un complice de l’expérimentateur) des chocs électriques allant jusqu’à 450 volts. Pour Milgram, la clé du comportement des sujets obéissant à l’expérimentateur ne tient pas à l’existence de tendances agressives et de désirs humains pervers mais se trouve « dans la nature de leur relation à l’autorité » (1974, p. 208). Cette interprétation nous invite à nous interroger sur la manière dont cette relation se forge pendant l’enfance. Dans quelle mesure les enfants, en particulier les plus jeunes, sont-ils capables de percevoir qu’une injonction formulée par une autor...
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Pour citer cet article
Référence papier
Sophie Richardot et Marie-Françoise Vermunt, « Faut-il toujours obéir à la maîtresse ? Soumission à l’autorité et autonomie de jugement chez les élèves de maternelle et d’élémentaire », Revue française de pédagogie, 213 | 2021, 5-21.
Référence électronique
Sophie Richardot et Marie-Françoise Vermunt, « Faut-il toujours obéir à la maîtresse ? Soumission à l’autorité et autonomie de jugement chez les élèves de maternelle et d’élémentaire », Revue française de pédagogie [En ligne], 213 | 2021, mis en ligne le 01 janvier 2026, consulté le 04 novembre 2024. URL : http://journals.openedition.org/rfp/11034 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rfp.11034
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