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Vie des labos

Transformer la vie des laboratoires. Le cas de DeVisu

Sylvie Leleu-Merviel

Full text

Genèse

1L’équipe d’accueil EA no 2445, LSC laboratoire des Sciences de la Communication, est créée à l’Université de Valenciennes en 1985 par Michel Martinache, Professeur en psychologie de l’image (16e section du CNU). Il y est rejoint par Jean-Baptiste Carpentier, Professeur en Sciences de l’Information et de la Communication. Les deux enseignent dans le département audiovisuel rattaché à l’institut des sciences de l’établissement : l’ancrage sur une formation de type ingénieur est d’emblée atypique pour un laboratoire de sciences humaines. À cette époque antédiluvienne, de grands effectifs n’étaient pas nécessaires pour faire laboratoire : un maître de conférences et quelques doctorants en plus, et le tour est joué. Jean-Baptiste Carpentier mute au CELSA en 1988, son poste est laissé vacant et Michel Martinache reste seul à la barre. Voilà donc un laboratoire qui survit pratiquement dix ans (jusqu’en 1997) avec comme seuls permanents un professeur et un maître de conférences. Ce n’était pas si rare. En ces temps reculés, presque chaque professeur avait « son équipe », surtout en sciences humaines et sociales. Les grands travaux de restructuration ne touchaient alors que les sciences dures.

2J’avais pris la direction du département audiovisuel dès 1988. Pour faire suite à ma thèse de doctorat en automatique, j’opère un changement disciplinaire vers les Sciences de l’Information et de la Communication et je soutiens mon HDR à Paris 8 en 1996 sous la direction de Jean-Pierre Balpe. Je suis nommée sur le poste de professeur de Jean-Baptiste Carpentier en 1997, événement qui suit de près le départ en retraite de Michel Martinache. Et me voilà à mon tour seule à la barre.

Un peu d’histoire

3Je découvre dans les décombres laissés par ceux qui ont quitté le navire cinq doctorants rescapés dont j’ignorais parfaitement l’existence. Nul ne savait que le maître de conférences (non habilité) avait inscrit des chercheurs sous sa direction – ce qui était parfaitement illégal, bien entendu. J’ignorais également tout de leurs sujets de recherche. Transactions intenses, douloureuses pour certain(e)s, ils s’en souviennent. Sur les cinq, deux ne continueront pas. Les trois autres sont aujourd’hui Professeurs des Universités en SIC : à ce jour, Laurent Morillon est DRARI en Martinique, Patrizia Laudati est déléguée HCERES pour les sciences de l’information et de la communication, Hafida Boulekbache pilote la liste Action-Interaction au CNU (par ordre chronologique de leurs dates de soutenance de thèse respectives). Ces prémisses sont fondatrices, car Patrizia et Hafida étaient toutes deux architectes. De mon côté, je terminais l’accompagnement d’un doctorant en fin de thèse qui travaillait sur la scénarisation multimédia – il est aujourd’hui Professeur des Universités en SIC lui aussi : il s’agit d’Alain Lamboux-Durand, recruté à Montbéliard. Comment faire équipe avec des architectes, des ingénieurs, et des communicants, comment esquisser une cohérence à partir d’une telle disparité ? La gageure semblait insurmontable.

4La réflexion scientifique soutenue qui s’est engagée à ce moment-là trace le sillon de tout ce qui a été creusé et approfondi par la suite. À force de discussions, nous nous sommes aperçus que les processus de conception/création/réalisation étaient voisins dans les industries de programmes (cinéma et audiovisuel) et dans le BTP et la construction. Nous avons alors commencé à analyser finement ces processus, à nous pencher sur les modèles de représentation du projet à naître, à étudier la circulation de l’information au sein des équipes, composites des deux côtés, à désosser les outils numériques émaillant ces processus, à circonscrire les écosystèmes et l’ensemble de leurs parties-prenantes… Une épistémologie systémique, une approche qualité des processus, une problématique d’ingénierie du document (en considérant l’urbain comme un livre de pierres) posent les premiers fondements d’une culture commune. Cette convergence s’est avérée possible car nos architectes relevaient également d’un département de l’institut des sciences, dont elles ont d’ailleurs rapidement pris le pilotage. Ce fut du reste l’une des forces premières de ce laboratoire balbutiant : assurer la direction de deux filières scientifiques qui se distinguaient par leurs effectifs nourris (à base de recrutement national sélectif) et leur insertion professionnelle remarquable.

Croissance et structuration

  • 1 Autorité administrative indépendante créée le 3 novembre 2006 par la loi de programme pour la reche (...)

5La vie d’un laboratoire est notablement rythmée par les bilans réguliers, quadriennaux puis quinquennaux, restitués d’abord à la mission scientifique, technique et pédagogique (MSTP) du Ministère des Enseignements Supérieurs et de la Recherche – en 2001 et en 2004 –, puis à l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES1) – en 2008 et 2013 – enfin à l’HCERES, Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur en 2018.

6En retraçant l’historique des effectifs du laboratoire, on constate qu’après une première période (1997-2000) de forte croissance (de 4 à 17 membres permanents et associés), la période suivante (2001-2004) correspond à une stabilisation à 16/17 membres, qui se sont attachés à conforter les orientations scientifiques impulsées en 1997. (2004-2008) a vu un redémarrage de l’attractivité de l’entité qui est passée de 11 à 16 EC permanents. Le laboratoire a ensuite continué à grandir (de 16 EC permanents en 2008 à 21 en 2013, puis 25 à partir de 2018).

Tableau 1. Évolution et répartition des effectifs du laboratoire.

1997

2001

2004

2008

2013

2018

2021

PR et assimilés

1

1

1

2

3

5

9

MCF

1

6

10

14

18

20

16

EC permanents

2

7

11

16

21

25

25

Disciplines

71 (2)

71 (4)

16 (1)

61 (1)

70 (1)

71 (7)

16 (1)

60 (1)

61 (1)

70 (1)

71 (11)

61 (2)

16 (1)

60 (1)

70 (1)

71 (12)

60 (3)

61 (2)

16 (2)

9 (1)

70 (1)

71 (15)

60 (3)

61 (3)

16 (2)

18 (2)

71 (15)

60 (3)

61 (3)

16 (2)

18 (2)

Autres (PAST, ATER, associés…)

2

10

5

5

5

12

13

Effectif global

4

17

16

21

26

37

38

Doctorants

5

7

14

9

11

19

28

Total chercheurs

9

24

30

30

37

56

66

BIATSS

0, 50

0,75

1

1

2

4

3

Personnels de l’unité

9,50

24,75

31

31

39

60

69

7Comment une telle croissance est-elle possible dans un si petit établissement ? Bien sûr, il ne s’agit pas de créations de postes : ce serait formidable, mais ce n’est pas le cas. Quatre facteurs de développement menés en complémentarité expliquent cette augmentation sensible des effectifs.

Axe 1. L’instauration d’une dynamique en SIC

8Les membres de la 71e section, en poste à l’Université de Valenciennes, avaient été recrutés sur des compétences et des emplois très différents (ingénierie du document audiovisuel, génie architectural ou techniques d’expression). Ils étaient donc jusque-là très dispersés. Une impulsion renouvelée par une réorientation vers de nouvelles thématiques communes de recherche a permis de redynamiser le collectif. Des démarches de rapprochement ont abouti à une intégration complète des enseignants-chercheurs isolés au LSC.

Axe 2. La mise en œuvre de la transdisciplinarité

9Les thèmes de recherche développés par le LSC, portant dans une large mesure sur l’ingénierie du document et les NTIC, sont transdisciplinaires par essence. La mise en œuvre d’une véritable transdisciplinarité dans le travail scientifique quotidien a conduit au transfert vers le LSC de chercheurs ne relevant pas de la 71e Section, comme le montre le tableau 1. Ce sont dans ce cas de mêmes objets (tels que les médias interactifs ou le bâtiment communicant) qui sont observés sous des points de vue et avec des méthodes complémentaires liées à des disciplines diverses.

Axe 3. La gestion raisonnée des évolutions de situation

10L’aboutissement de thèses de doctorat, et la concrétisation du désir des chercheurs de rester dans le laboratoire, ont également conduit à des stabilisations de situation. Emploi de Professeur Agrégé resté vacant, ATER, chercheur post-doctoral, PAST, enseignant contractuel, ingénieur d’études, personnel d’appui à la recherche sur contrats, toutes les transitions de statut possibles ont été mobilisées pour accompagner la pérennisation de forces vives.

Axe 4. Les recrutements sur creation d’emplois

11Enfin, la création et/ou le pilotage de filières porteuses, reconnues et en développement continu, conduit de temps à autre à quelques créations d’emplois pour subvenir aux besoins des équipes pédagogiques.

Une identité forte fondée sur un ADN spécifique

12Si les éléments quantifiés reportés dans le tableau 1 montrent bien une croissance continue, ils ne rendent pas justice à la construction scientifique effectuée. En effet, les premières prémisses n’ont jamais cessé d’être approfondies et renforcées. Au fil du temps, elles ont ainsi bâti une identité originale, forte de critères assez peu courants, dont les traits marquants sont les suivants.

  1. En termes de discipline, le laboratoire est centré sur les Sciences de l’Information et de la Communication, qui ont toujours été majoritaires. L’équipe de gouvernance est en outre composée de chercheurs de SIC.

  2. Mais l’unité est pleinement pluridisciplinaire, puisque 5 autres disciplines sont représentées, dont 3 de STS : en 2021, 3 membres de la 60e section (génie mécanique auquel appartient le génie civil), 3 membres de la 61e section (génie informatique, automatique et traitement du signal), 2 membres de la 18e section (esthétique sciences de l’art), 2 membres de la 16e section (psychologie) dont un bi-qualifié en STAPS. Il est extrêmement rare qu’une unité articule harmonieusement les sciences humaines et sociales et les sciences de l’ingénieur, et parvienne à les faire collaborer. Ce défi a été relevé haut la main par le laboratoire, et sur la durée.

  3. L’ancrage d’origine sur des filières appartenant à l’institut des sciences ne s’est jamais démenti. De plus, les projets menés en partenariat l’ont toujours été avec les deux unités CNRS de sciences dures de l’établissement : le LAMIH (Laboratoire d’Automatique, de Mécanique et d’Informatique Industrielles et Humaines) et l’IEMN (Institut d’Electronique, de Microélectronique et de Nanotechnologie). Sur toutes ces années, un seul projet a été mené en 2019/2020 avec les économistes.

  4. Ce qui peut apparaître comme une dispersion s’explique par le paradigme qui a émergé et innervé toute l’activité du laboratoire : le design, au sens de processus de conception d’artefacts, représentation du projet et modalités d’information-communication alimentant le process. La grande majorité des chercheurs du laboratoire, y compris ceux de SIC, possèdent ainsi au préalable la connaissance technique et la compétence en ingénierie qu’ils apportent en fondements aux travaux menés.

  5. Cette complémentarité disciplinaire et la menée de travaux collectifs permet à DeVisu d’innover en termes méthodologiques. Sa démarche consiste à ne poser aucune exclusive méthodologique, et à croiser les protocoles et les outils des diverses disciplines présentes au laboratoire. Ce principe élargit considérablement les méthodes de recueil de données et enrichit les modes de production de connaissances nouvelles.

  6. En outre, les contrats de recherche, les partenariats industriels, la valorisation, l’innovation, les activités de transfert ont toujours été au-dessus de la moyenne pour un laboratoire de SHS, précisément en raison de sa fraternité avec les sciences dures.

13Le désir de traduire cette identité assumée dans l’intitulé du laboratoire s’est logiquement manifesté. « Laboratoire des Sciences de la Communication » était le libellé hérité de l’ère précédente. Il n’a pas été immédiatement remis en cause par souci de continuité et de lisibilité scientifique des travaux de l’EA. Néanmoins, il représentait assez mal le champ de recherche tel que réorienté à partir de 1997. Dès le milieu des années 2000, le laboratoire a été conscient de la nécessité de changer d’intitulé. Un nouveau libellé respectant le même acronyme avait été proposé au comité de visite lors de l’évaluation AERES de 2008 : LSC, Laboratoire de Sémiotique Cognitive. Cette appellation s’est trouvée fortement contestée par le comité d’experts, qui avait recommandé plutôt un intitulé du type « ingénierie du design informationnel », rendant mieux compte d’un « savoir penser et fabriquer bien spécifique » (page 5 du rapport AERES). Validant pleinement cette idée, le laboratoire s’est conformé à cette recommandation tout en la repensant pour faire apparaître l’originalité de ses objets et de ses approches. Son nouvel identifiant a ainsi été adopté début 2010 : il est devenu le laboratoire DeVisu, Design Visuel et Urbain, dont l’acronyme traduit ce tressage des deux brins de l’ADN du laboratoire « Images et sons » d’une part et « Villes et habitat » d’autre part. S’y est ajouté ensuite le troisième brin, « Organisations et sociétés » dont relèvent notamment l’information décisionnelle et le data journalisme, pour conforter une identité très lisible et bien structurée que représente bien le flyer ci-dessous.

Figure 1. Flyer du laboratoire, 2018.

Figure 1. Flyer du laboratoire, 2018.

Envol et apogée avant liquidation

14Ce désir d’identité forte s’est aussi projeté assez tôt dans le désir d’un lieu, là encore à l’instar des collègues de sciences dures qui ne peuvent imaginer une recherche digne de ce nom sans un laboratoire incarné dans la pierre et le verre, et surtout les outils de la recherche. Le rapport HCERES de 2008 mentionnait déjà :

Un travail important a été mené depuis janvier 2008 pour faire émerger un pôle d’excellence Image en Nord-Pas-de-Calais, qui préfigure un pôle de compétitivité axé sur les industries de programme et la convergence dans les contenus. Le LSC y tient le rôle de pilote pour les aspects recherche fondamentale et appliquée et pour le transfert et la valorisation. Le Pôle Image Régional structure l’offre régionale autour de 4 lieux : Wallers-Arenberg, Rives de l’Escaut à Valenciennes, Site Vanoutryve à Roubaix/Tourcoing, Studios de l’Union à Wattrelos. L’UVHC, et plus particulièrement le LSC, sont partenaires de la Communauté d’Agglomérations Portes du Hainaut pour le projet PEPITE sur l’ex site minier de Wallers-Arenberg. Ce projet, correspondant au site de Wallers-Arenberg du projet de Pôle Image Régional, a pour objectif de :

  • attirer dans la région des scientifiques de haut niveau et favoriser l’accueil de jeunes chercheurs ;

  • favoriser l’implantation d’entreprises à fort contenu technologique en proposant des services et des locaux à même d’accueillir les porteurs de projet de recherche ou de transfert, type incubateur, pépinière d’entreprises ou centres de R&D ;

  • développer les capacités d’innovation et de Recherche et Développement en accompagnant les projets innovants ;

  • favoriser la rencontre et les échanges entre les industriels pour développer les synergies ;

  • rentabiliser les équipements lourds en temps partagé entre la production industrielle, la recherche et le perfectionnement professionnel ;

  • fédérer la recherche, l’innovation, les transferts et activités économiques ;

  • faire d’Arenberg LE centre de formation professionnelle et de perfectionnement professionnel des industries de programmes (télévisions et nouvelles économies du numérique) ;

  • maintenir dans la région des professionnels compétents ;

  • conforter le site d’Arenberg comme lieu de tournages à valeur ajoutée en région.

Le LSC est le pilote scientifique de ce projet, qui a pour ambition de se bâtir pendant le contrat 2010-2013, et entrer en phase opératoire à partir du contrat suivant.

15Ce fut un long combat politique. Le classement du site au patrimoine mondial de l’Unesco en 2012 n’a pas facilité les travaux de rénovation. Mais le projet a vu le jour : Arenberg Creative Mine a été inauguré le 25 septembre 2015. À Arenberg, DeVisu dispose de 1 111 m2 de bureaux et salles qui lui sont spécifiquement dédiés (ressource DESK), auxquels s’ajoutent les 1 624 m2 de la plateforme technologique ANNAUD (Appareillages Numériques Novateurs pour les Audiences et les Usages de demain) en gestion propre UPHF. Le tout représente une surface totale de 2 735 m2. Dans la plateforme LEAUD (Laboratoire Expérimental pour les audiences et les Usages de Demain), d’une surface de 1 612 m2, la « salle d’expérimentation » de 61 m2 est également dédiée à la recherche. DeVisu gère donc une surface d’environ 2 796 m2. Les coûts d’exploitation sont répartis comme suit : ¾ plateformes, ¼ locaux chercheurs.

16La plus-value pour le laboratoire est déjà considérable au simple plan logistique. En effet, comme beaucoup de laboratoires de SHS, DeVisu ne disposait pas auparavant de locaux propres et/ou dédiés. Les évaluations successives avaient mis en évidence les difficultés que cela entraînait pour la vie du laboratoire, dont les membres relèvent de diverses composantes géographiquement éloignées (lieux répartis sur le site du Mont Houy, site des Tertiales ou de Ronzier en centre-ville…), certains étant même en poste dans d’autres établissements. Désormais, Arenberg est le lieu dédié à la recherche. Outre qu’il est très bien équipé, attractif, et qu’il offre des possibilités immenses, il protège aussi les EC des assauts des étudiants et leur facilite la sanctuarisation de plages spécifiquement recherche dans leur agenda – indispensables par exemple pour justifier les time-sheets des projets européens. En outre, le lieu est beau et inspirant, riche d’une histoire minière dont les chercheurs se sentent héritiers et dépositaires.

Figure 2. Vue extérieure des bâtiments du laboratoire DeVisu.

Figure 2. Vue extérieure des bâtiments du laboratoire DeVisu.

17Les équipements mis à la disposition des chercheurs sont exceptionnels. L’investissement représente 36 millions d’euros en deux tranches, décrochées sur des fonds territoriaux, régionaux et européens.

Figure 3. Vue intérieure de la régie TV et de l’un des plateaux (vue partielle du tournage d’un épisode des Petits meurtres d’Agatha Christie en 2016)

Figure 3. Vue intérieure de la régie TV et de l’un des plateaux (vue partielle du tournage d’un épisode des Petits meurtres d’Agatha Christie en 2016)

18La mutualisation des équipements entre la recherche, la production professionnelle et désormais la pédagogie s’est mise en place et fonctionne, dans l’esprit d’un partenariat public-privé voulu dès les origines du projet.

Figure 4. Liste des tournages récents (fictions unitaires, séries, pubs, clips), image de fond : tournage à Arenberg de Germinal la série produit par Banijay et diffusé sur France 2 à partir d’octobre 2021.

Figure 4. Liste des tournages récents (fictions unitaires, séries, pubs, clips), image de fond : tournage à Arenberg de Germinal la série produit par Banijay et diffusé sur France 2 à partir d’octobre 2021.

19En termes plus strictement scientifiques d’activité de recherche et de production, il y a clairement un avant et un après Arenberg. S’il était besoin de montrer qu’un lieu dédié fédère les chercheurs et décuple leur activité, le tableau ci-dessous en fournit une preuve incontestable. En effet, 2013 – où les travaux étaient en cours, donc le projet irréversible et la livraison proche – signe le début du décollage, confirmé en 2018 après déménagement et installation dans les locaux. Bien entendu, le nombre absolu de productions ne signifie pas grand-chose, il faut le rapporter au nombre de chercheurs. Sur le tableau 2 figure ainsi le ratio rapporté à l’effectif de chercheurs confirmés (EC permanents + chercheurs associés, hors doctorants).

Tableau 2. Évolution de la production scientifique du laboratoire.

Année

1997

2001

2004

2008

2013

2018

Nombre de chercheurs

4

17

16

21

26

37

ACL

8

16

10

13

27

69

ACT

3

21

20

46

50

71

Sous-total

11

37

30

59

77

140

Ratio/chercheurs hors doctorants

2,75

2,18

1,87

2,81

2,96

3,78

OS

1

1

-

2

13

9

OSC

4

7

19

25

56

66

DO

1

-

3

3

13

19

Total

17

45

52

89

159

233

Ratio/chercheurs hors doctorants

4,25

2,65

3,25

4,24

6,12

6,30

20En termes de projets financés, le nombre de projets remportés et menés a considérablement augmenté : 28 sur la période 2013-2018 (contre 10 sur le contrat précédent, taux de croissance 2,8). Mais c’est surtout le portage de projets importants (1 ANR, 2 Interreg, 2 FEDER, 1 projet européen H2020-Swafs) et la diversité des projets et des partenaires qu’il convient de noter. L’ensemble représente un total de 8 104 020 € tous partenaires confondus pour un montant de ressources propres DeVisu d’environ 1 200 000 € sur ce dernier quinquennal. Le plus important étant de fait, non pas les sommes acquises, mais l’instauration d’une véritable culture collective de projets, transversale et partagée, à laquelle tous les chercheurs sont formés et ce, dès leur arrivée. Remporter des projets d’envergure crée une dynamique inouïe et permet une bien plus grande autonomie financière, bénéfique à l’indépendance de la recherche.

21L’envergure internationale a également pris un essor inédit. 6 thèses en co-tutelle avec l’U-Mons, une avec la faculté de design de l’université de Laval au Québec et plusieurs avec la University of Balamand au Liban. 13 des 19 doctorants de 2018 sont étrangers, en provenance de 8 pays différents (Belgique, Italie, Liban, Côte d’Ivoire, Palestine, Algérie, Maroc, Tunisie), Le passage de 19 doctorants à 28 entre 2018 et 2021 est à mettre en relation avec le passage de 5 HDR à 9 sur la même période (pour un effectif global stable de 25), dans un travail continu de suivi et d’accompagnement non seulement des doctorants, mais aussi des carrières des collègues et de leur progression. Les séminaires, les heures de discussions collectives en présentiel, la co-écriture d’articles, l’apport ponctuel de forces vives sur des moments forts de gros projets porteurs, tout cela participe d’une dynamique qui ne laisse personne sur le bas-côté, Conformément au projet initial, Arenberg Creative Mine devient progressivement un carrefour international, pour l’accueil de doctorants, de chercheurs invités, d’artistes en résidence, ou de manifestations internationales d’envergure. La dimension valorisation, partenariats économiques, interactions avec l’environnement culturel, accompagnement social et lien avec le territoire ont également pris une tout autre dimension depuis fin 2015. L’instauration de partenariats avec le monde économique et associatif se déploie sur la durée, dans une confiance réciproque qui permet d’augmenter progressivement le passage à l’échelle des projets soumis (et remportés).

22L’attractivité internationale est attestée par exemple par le projet européen ViMEC (Vidéo Mapping European Center), co-porté avec Rencontres Audiovisuelles. Dès son démarrage en août 2017, il a accueilli des artistes allemands et français (Einar Fehrholz, Simon Mellnich, Susie-Lou Chetcuti) pour une résidence de deux semaines ; leurs œuvres ont été exposées dans le cadre des journées du Patrimoine 2017. ViMEC a également accueilli pendant 10 semaines, de janvier à mars 2018, 13 artistes mappeurs en résidence en provenance de 8 pays, sélectionnés à partir d’un appel auquel ont répondu des artistes de plus de 30 pays (accueillis en résidences : Valeria Amoretti et Donato Maniello, Italie ; Dimitry Bulnygin, Russie ; Olivier Cavalié, France ; Gervaise Duchaussoy, France ; Maeva Jacques et Claudia Cortes Espejo, Belgique ; Joan Nieto et Javier Canal, Espagne ; Robert Seidel, Allemagne ; Thomas Voillaume, France ; Paulina Zybinska, Pologne et Jelle Van Meerendonk, Pays-Bas). Mais l’originalité du projet tient à ce qu’un travail de recherche est mené en parallèle concernant les écritures du mapping et l’étude des processus créatifs mobilisés (il a conduit à la parution de l’ouvrage L’image au-delà de l’écran, le vidéomapping chez ITE Editions en 2019, Image Beyond the Screen, Projection Mapping chez Wiley en 2020). La résidence s’achève toujours en apothéose par un festival. En 2018, 16 spots de vidéomapping ont été disséminés toute la soirée et une partie de la nuit du 23 mars dans la ville de Lille – la manifestation a accueilli 80 000 visiteurs et une expérimentation scientifique a été menée dans ce cadre. Ce furent 130 000 visiteurs en mars 2019. L’édition la plus récente date du 7 au 8 avril 2023, la fréquentation est estimée à 170 000 spectateurs pour cette reprise d’un spectacle de rue post-covid.

23Chaque indice témoigne d’un laboratoire qui va bien, et même très bien. Et pourtant, si tous les chiffres s’arrêtent à 2018, c’est que cette date marque le début de la fin.

Les moyens justifient la fin

24En effet, le nouveau Président élu en 2016 dissout toute l’organisation universitaire antérieure. L’université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis disparaît et laisse la place à l’université polytechnique Hauts-de-France. Les auspices étaient favorables puisque nous pensions que notre laboratoire était précurseur, en quelque sorte un modèle en termes d’approche polytechnique, de par sa transdisciplinarité fondatrice.

25Les composantes pédagogiques sont ramenées de huit à trois. Toutes les formations de sciences (un institut des sciences, une UFR de STAPS et une ENSI, école d’ingénieurs) sont regroupées dans un nouvel établissement, l’INSA Hauts-de-France, qui voit le jour en 2020. Toutes les formations de SHS (arts, lettres, langues, histoire, géographie, droit, économie, gestion, un IAE, un IPAG…) fusionnent dans un Institut des Sciences Humaines. Seul l’IUT est épargné (jusqu’à la réforme du BUT qui le bouleverse à son tour).

26À l’arrivée de cette équipe de gouvernance, il y avait 8 laboratoires. Un même mode de raisonnement se met en place pour la recherche. Dès 2016, on nous impose une perspective de fusion avec CALHISTE, laboratoire Cultures, Arts, Littératures, Histoire, Imaginaires, Sociétés, Territoires et Environnement. Nous avons durement travaillé pendant 2 ans à tenter un rapprochement et une mise en cohérence telle que nous l’avions réussie à DeVisu. Le seul résultat marquant est que CALHISTE a changé de nom et s’est mué en DeScripto. On nous a imposé de produire un projet fusionné DeVisu-DeScripto pour l’évaluation HCERES 2018. Le rapport des experts indique explicitement « Dans le cadre du rapprochement contraint des deux équipes DeVisu et DeScripto, la difficulté majeure réside dans les cultures scientifiques différentes qui président à leur production respective : schématiquement, pour la première équipe, elle est sur projet, collective et collaborative ; la seconde, quant à elle, est rarement finalisée et plutôt auctoriale et individuelle » (page 16). On ne peut pas être plus clair. Nous obtenons in extremis de surseoir à la mise en application. Survient le COVID et les confinements, éloignements et isolements qui s’en sont suivis.

27Bien sûr, je savais qu’à l’heure des grandes manœuvres structurelles, nous étions trop petits et qu’il fallait se tourner vers un modèle élargi. C’est arrivé à beaucoup d’autres laboratoires de SIC en France. Tous les autres ont légitimement eu la possibilité de prendre en main leur destin. C’est ainsi que les équipes éparpillées de Lyon ont fondé ELICO. Ceux qui n’avaient pas la masse critique interne ont fait des rapprochements thématiques régionaux. Le CERIC de Montpellier a rejoint le LERASS de Toulouse. Toulon et Marseille ont fondé ensemble l’IMSIC. Et un travail exemplaire a été réalisé en Île-de-France avec DICEN-IDF rassemblant le CNAM, Paris-Nanterre et l’Université Gustave Eiffel.

28DeVisu avait également opté pour cette solution. Dès 2016, le conseil du laboratoire DeVisu a préparé son avenir et a voté massivement pour conserver son ADN et fusionner avec un laboratoire proche, sur le modèle des exemples cités auparavant. Vote renouvelé sans cesse pendant trois ans et confirmé par les assemblées générales annuelles. Deux laboratoires nous semblaient des partenaires désirables. COSTECH de Compiègne qui est dans la même région et connaît le même contexte de laboratoire SHS dans un environnement de formations d’ingénieurs. COSTECH a malheureusement décliné. Mais les votes répétés penchaient de toute façon vers Paragraphe à Paris 8, le laboratoire-source qui m’a formé aux SIC, avec lequel nous n’avons jamais cessé de coopérer, une UR qui est un modèle en termes d’humanités numériques, un frère intellectuel de longue date. Nous avons rédigé un projet, la future unité devait s’appeler Human Tech. Nous n’avons pas pu nous rencontrer pendant 18 mois car Paris 8 a été quasiment fermé pendant toute la durée du COVID. La rencontre entre tous les membres des deux équipes pour nous « fiancer », initialement prévue à l’automne 2020, puis le 18 mars 2021, a été reportée, toujours pour des raisons sanitaires, aux 10 et 11 juin 2021 à Arenberg. Elle s’est déroulée au mieux sur tous les plans, scientifiquement et humainement.

  • 2 Des départs depuis font changer les chiffres sans cesse.

29Et le couperet est tombé la semaine suivante : injonction à fusionner immédiatement en interne, non seulement DeVisu avec DeScripto mais aussi avec le CRISS Centre de Recherches Interdisciplinaires en Sciences de la Société. Le projet de DeVisu s’est fracassé sur le mur d’une décision prise sans aucune consultation préalable, et en lui confisquant le droit à la parole. Lorsque j’ai demandé, en dernier ressort et pour mieux respecter notre identité scientifique, que DeVisu rejoigne l’un des deux laboratoires de sciences dures avec lesquels nous avions effectivement des projets communs, la proposition a été instantanément balayée sans être écoutée. On m’a fait valoir que de toute manière, la plupart des membres de DeVisu étaient à l’Institut des Sciences Humaines, ce qui est factuellement faux : ce jour-là2, 16 EC permanents faisaient la totalité de leur service à l’INSA, 5 à l’ISH et 3 à l’IUT. Malgré l’excellence de nos indicateurs, en dépit de nos votes successifs, avec un total mépris pour notre ADN si longuement et patiemment cultivé, malgré les alternatives proposées, la mise en œuvre de la décision arrêtée fut confiée à un professeur de sciences de gestion. Le jour de notre dissolution, en juillet 2021, DeVisu comportait 69 membres, ce qui n’est pas un petit laboratoire – comme le montre le tableau 1.

30Résultat de l’opération, le LARSH est un conglomérat de 186 chercheurs hors doctorants, répartis sur 24 disciplines différentes conformément au tableau ci-dessous. On y voit encore nos 6 chercheurs de sciences dures, les trois 61es et les trois 60es, perdus face aux 180 autres. Bien qu’encore majoritaires, les SIC n’ont pas le leading.

Tableau 3. Répartition disciplinaire au LARSH au 30 mars 2023.

No CNU

Nombre de membres

Discipline

71

26

Sciences de l’information et de la communication

06

24

Sciences de gestion

01

19

Droit privé et sciences criminelles

02

13

Droit public

18

11

Architecture (ses théories et ses pratiques), arts appliqués, arts plastiques, arts du spectacle, épistémologie des enseignements artistiques, esthétique, musicologie, musique, sciences de l’art

21

11

Histoire, civilisations, archéologie et art des mondes anciens et médiévaux

22

10

Histoire et civilisations : histoire des mondes modernes, histoire du monde contemporain ; de l’art ; de la musique

11

10

Langues et littératures anglaises et anglo-saxonnes

23

9

Géographie physique, humaine, économique et régionale

09

8

Langue et littérature française

05

8

Sciences économiques

14

4

Langues et littératures romanes : espagnol, italien, portugais, autres langues romanes

10

4

Littératures comparées

19

4

Sociologie, démographie

74

4

Sciences et technologies des activités physiques et sportives

08

3

Langues et littératures anciennes

07

3

Sciences du langage : linguistique et phonétique générales

61

3

Génie informatique, automatique et traitement du signal

60

3

Mécanique, génie mécanique, génie civil

04

2

Science politique

12

2

Langues et littératures germaniques et scandinaves

24

2

Aménagement de l’espace, urbanisme

16

2

Psychologie, psychologie clinique, psychologie sociale

03

1

Histoire du droit et des institutions

Total

186

31Il est probable qu’une telle configuration soit scientifiquement ingérable et concrètement ingouvernable. Ce n’est pas tant le nombre de chercheurs que la disparité des disciplines qui fait de ces ensembles des monstres. Je crains que celui qui portera le prochain projet devant l’HCERES ne se trouve dans l’embarras. D’autant que pour le moment, les trois laboratoires d’origine ont été maintenus en tant que départements encore séparés, mais les chercheurs ont bien été informés que c’était temporaire et transitoire, et qu’il faudrait partir à l’HCERES avec une recomposition totale. Bon courage !

Epilogue

32C’est parce que ce qui est arrivé à DeVisu peut se produire pour n’importe lequel des laboratoires affiliés à la CP-DirSIC que cette histoire mérite d’être racontée. Les directeurs en activité doivent savoir que désormais, tout est possible, même et surtout l’impensable. C’est peu de dire que les textes successifs sur « l’autonomie des établissements » en ont éradiqué toute forme de démocratie. Un salutaire retour historique sur les universités des origines nous apprend que les recteurs y étaient « primus inter pares », le premier parmi ses pairs, soit « une personne qui préside une assemblée sans avoir de pouvoirs propres… expression employée pour souligner l’égalité formelle entre les membres ou le fait que les décisions sont prises par consensus, notamment au sein d’un gouvernement ». Les lois successives régissant les universités depuis la loi LRU-RCE ne se sont pas contentées de détruire cette culture académique, elles ont projeté les établissements dans l’exact inverse. Il n’y a plus de collègues qui sont des pairs, mais seulement des inféodés. Rien ne peut plus arrêter les fantasmes organisationnels de gouvernances qui ne sont pas formées à cela, il n’y a plus aucune forme de régulation ni de contrepouvoir, ce qui est une folie institutionnelle.

33Soyons clairs : j’ai adoré ce que j’ai fait toutes ces années ; je m’y suis consacrée tout entière avec bonheur ; mes échanges continuels avec les chercheurs, jeunes et chevronnés, sont la meilleure partie de ma vie professionnelle ; ce fut une aventure fantastique. Hélas, je crois que tout cela appartient à un monde révolu. La norme dominante est désormais la maltraitance administrative. L’idée-même d’une possibilité de politique scientifique a disparu du langage. Aujourd’hui, on remonte des chiffres dans des tableaux de bord d’indicateurs, à partir desquels on gère. Mais une recherche fructueuse peut-elle éclore de cette manière ? La recherche universitaire est une activité publique, qui se déploie sur le long terme, et qui n’a rien d’économique. Rappelons que son objet est de produire de la connaissance nouvelle. Son organisation ne peut pas se penser comme celle des paquets de lessive dans les supermarchés. De plus, ce qui fait la valeur d’un bien matériel est sa rareté. Plus c’est rare, plus c’est cher. C’est le contraire pour la création, la culture et la science. Plus elles sont partagées et diffusées, plus elles acquièrent de la valeur. On se méprend en leur transposant les lois du marché. Qu’en résultera-t-il ? Je ne voudrais pas paraître pessimiste en pronostiquant la mort annoncée de la science en France. Mais en l’état, sans perspective de changement profond, il m’est bien difficile de rester positive.

34Terminons malgré tout sur une note optimiste. D’autres modèles existent déjà. Lors d’une présentation publique au CESER des Hauts-de-France le 6 avril 2023, VIERNULVIER, structure culturelle de Bruges, a exposé son « changement de paradigme » concerté et revendiqué. Ses 77 équivalents temps pleins et ses 95 bénévoles volontaires ont mis en œuvre la « redistribution du pouvoir » sur 4 plans : dans la programmation artistique, dans l’équipe, autour de l’infrastructure, et au conseil d’administration. Dans la programmation, VIERNULVIER se déclare « une plateforme centrale au sein d’un riche réseau d’artistes et d’organisations issues de nombreux secteurs. Inspiré par un monde turbulent et un secteur artistique en mutation, avec une vision contemporaine de l’avenir. VIERNULVIER renforce la pollinisation croisée entre les arts et la communauté locale et mondiale. Il agit en tant que lieu de rencontre accueillant et laboratoire de développement, de production, de présentation, de participation et de réflexion. Pour ce faire, il s’appuie sur un passé d’innovation et d’engagement social ». Remplaçons « artistes/arts/artistique » par « chercheurs/science/scientifique » et on obtient un programme enthousiasmant. 7 actions régissent la redistribution du pouvoir dans l’équipe :

  • une communication ouverte est le moteur de la coopération

  • chacun n’a qu’un(e) superviseur(euse) direct(e)

  • l’organisation est gérée par une équipe de coordination

  • l’ordre du jour de l’équipe de coordination est établi par l’ensemble des employés

  • pas de directeurs ou directrices, mais des coordinateurs ou coordinatrices

  • celui ou celle qui exécute une tâche décide

  • ils s’appuient sur leurs propres initiatives.

35Une même démarche régit l’infrastructure, pour laquelle toutes les décisions sont collégiales et proposées par les acteurs de terrain et/ou exécutants. Quant à la composition du CA, elle limite les mandats à 4 ans (non renouvelables), réduit la représentation des politiques, comporte des représentants des personnels qui disposent d’un pouvoir de décision réel, privilégie la présence de « jeunes » administrateurs, fait participer les citoyens, les fournisseurs, le grand public…

36Si les artistes sont capables d’une telle révolution organisationnelle, les scientifiques le sont aussi, cela ne fait aucun doute : il suffit de transposer le modèle. Jeunes collègues qui êtes les pilotes d’aujourd’hui et surtout de demain, à votre tour de prendre la barre et de transformer la vie de nos laboratoires.

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Notes

1 Autorité administrative indépendante créée le 3 novembre 2006 par la loi de programme pour la recherche de 2006 et supprimée le 14 novembre 2014 par la loi relative à l'enseignement supérieur et à la recherche de 2013. Le Haut Conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (Hcéres) lui succède en 2014.

2 Des départs depuis font changer les chiffres sans cesse.

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List of illustrations

Title Figure 1. Flyer du laboratoire, 2018.
URL http://journals.openedition.org/rfsic/docannexe/image/14350/img-1.jpg
File image/jpeg, 538k
Title Figure 2. Vue extérieure des bâtiments du laboratoire DeVisu.
URL http://journals.openedition.org/rfsic/docannexe/image/14350/img-2.jpg
File image/jpeg, 472k
Title Figure 3. Vue intérieure de la régie TV et de l’un des plateaux (vue partielle du tournage d’un épisode des Petits meurtres d’Agatha Christie en 2016)
URL http://journals.openedition.org/rfsic/docannexe/image/14350/img-3.jpg
File image/jpeg, 330k
Title Figure 4. Liste des tournages récents (fictions unitaires, séries, pubs, clips), image de fond : tournage à Arenberg de Germinal la série produit par Banijay et diffusé sur France 2 à partir d’octobre 2021.
URL http://journals.openedition.org/rfsic/docannexe/image/14350/img-4.jpg
File image/jpeg, 569k
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References

Electronic reference

Sylvie Leleu-Merviel, “Transformer la vie des laboratoires. Le cas de DeVisu”Revue française des sciences de l’information et de la communication [Online], 26 | 2023, Online since 01 May 2023, connection on 28 March 2024. URL: http://journals.openedition.org/rfsic/14350; DOI: https://doi.org/10.4000/rfsic.14350

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