Domidimo, Attribution-Swisstopo, via Wikimedia Commons
- 1 De tels événements dus à l’augmentation des températures en haute altitude ou à l’intensification d (...)
1Le 28 mai 2025, un immense écroulement a enseveli Blatten, le plus haut village du Lötschental, une vallée située dans le canton suisse du Valais. Depuis des semaines déjà, des pans entiers du Kleines Nesthorn (3341 mètres) étaient tombés sur le Glacier du Birch, accélérant le glissement de celui-ci, avant que glaces et rochers soient précipités ensemble dans la vallée. La menace avait été identifiée par plusieurs recherches scientifiques et attribuée par elles au réchauffement climatique : ici comme ailleurs, le permafrost fond et désolidarise les matériaux rocheux de haute montagne qu’il maintenait ensemble. Or, dans les jours qui ont suivi, deux controverses ont surgi ; l’une est née de la contestation du rôle du changement climatique dans l’événement ; l’autre a fait suite à la proposition consistant à renoncer à l’occupation humaine des hautes vallées les plus menacées par les écroulements et les laves torrentielles qui se sont récemment multipliées dans les Alpes suisses1. Ces deux controverses pointent un enjeu commun : les catastrophes dues au changement climatique appellent des mesures visant à les atténuer dans une perspective de transition socio-environnementale ; mais la négation de leurs causes et certaines propositions formulées pour y faire face à l’avenir attestent de la vigueur des résistances à emprunter cette voie.
2La catastrophe avait donc été anticipée. Une publication scientifique récente, issue de travaux de l’École polytechnique de Zurich (Kenner et al. 2022), avait même placé Blatten sur la carte des sites les plus menacés de Suisse par la fonte du permafrost. Les dispositifs de surveillance installés sur place avaient permis un suivi précis de l’évolution des masses rocheuses. Pour leur part, les services de la protection civile, informés des risques identifiés, avaient évacué la zone. Seul un habitant d’un hameau voisin a été tué le 28 mai.
3Toutefois, comme souvent en pareil cas, ces alertes des scientifiques et de la protection civile n’ont pas suffi à préparer les esprits. Bien qu’envisagé, l’écroulement, par son ampleur considérable, a pris tout le monde par surprise. L’instant de sidération passé, une puissante vague d’émotion et de générosité collective a emporté la population suisse tout entière. Des dizaines de millions de francs ont été collectés pour venir en aide aux personnes sinistrées ; quant aux autorités cantonales et fédérales, elles ont très vite décidé de dégager des fonds qui permettent d’envisager la reconstruction du village de Blatten, ardemment souhaitée par beaucoup comme réponse au traumatisme causé par sa destruction. À vrai dire, cette vague d’émotion et de solidarité a moins surpris que la catastrophe elle-même. En effet, de précédentes catastrophes avaient déjà donné lieu à des mobilisations comparables. Plus généralement, beaucoup de spécialistes d’histoire suisse et d’anthropologues ont souligné l’attachement de la population helvétique à ses Alpes, en particulier depuis la seconde moitié du xixe siècle ; on y a même vu un pilier de l’identité nationale qui, avec l’attachement à la démocratie semi-directe, serait en mesure de rassembler des populations pratiquant des langues et des religions différentes (Walter 2016 ; Rudaz et Debarbieux, 2013).
- 2 Car il faut bien admettre que, si l’on devait persister à utiliser ce distinguo, l’écroulement de B (...)
4Au premier coup d’œil, ces deux observations liminaires ne semblent pas avoir grand rapport, si ce n’est l’événement lui-même. Chacune des analyses mobilise un corps de connaissances spécifiques : la première se rapporte aux causes naturelles et anthropiques2 de la catastrophe ; la seconde à ses suites immédiates dans le domaine des émotions collectives et de l’action publique. Mais elles s’appuient toutes les deux sur une expertise scientifique dont la qualité est reconnue. Or, les deux controverses qui ont émergé dans les jours qui ont suivi la catastrophe en ont fait peu de cas. Pour s’en rendre compte, il convient d’en détailler les termes et les raisons.
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5Une première batterie de commentaires polémiques a affiché un scepticisme sur le rôle qu’avait pu jouer le réchauffement climatique dans le déclenchement de la catastrophe. Plusieurs responsables locaux, cantonaux et fédéraux ont tenu des propos visant à distiller le doute à ce sujet. Le point commun de leurs déclarations à la presse consistait moins à contester de façon frontale l’existence d’un réchauffement climatique — ce que ces déclarations se gardaient de faire en majorité — qu’à banaliser l’événement lui-même et à contester mezzo voce son origine anthropique.
6Karin Keller-Sutter, la présidente de la Confédération, membre du principal parti de la droite libérale, le Parti libéral radical, dépêchée sur place le 30 mai et interrogée par la presse à ce sujet, répondait :
Je ne veux pas spéculer maintenant sur les causes de cet événement. Depuis que notre pays existe, la population est consciente des risques qu’on encourt lorsqu’on vit dans des régions de montagne… ce n’est pas la première fois que nous connaissons une catastrophe à cause de l’eau ou de la montagne (Jotterand, 31/05/2025).
7Marcel Dettling, le président de l’Union démocratique du centre (UDC), principal parti politique de Suisse, conservateur et populiste, disait le lendemain : « Face à des catastrophes naturelles de cette ampleur, l’être humain est impuissant » ; avant d’invoquer des événements qu’il jugeait comparables :
Lors des éboulements de Goldau (Schwytz) en 1806 et d’Elm (Glaris) en 1881, personne ne parlait du changement climatique d’origine humaine. De tels événements ne peuvent pas être évités dans nos montagnes (cité par Schmid, 01/06/2025).
8Enfin, les propos de Beat Rieder ont été suivis de près. Celui-ci, ancien président de la commune voisine de Blatten, est un élu d’un parti de centre droit et une des figures du Conseil des États, la chambre haute de la Confédération. Quelques jours avant la catastrophe, cette dernière venait, à son initiative, de contester un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) concluant que la Suisse n’en faisait pas assez pour lutter contre le réchauffement climatique. Très sollicité par les médias au lendemain du 28 mai, il fait preuve alors, lui aussi, d’un même fatalisme naturaliste :
Tous les êtres humains sont impuissants contre ces forces naturelles… Un tel événement arrive tous les 1000 ans (cité dans Arcinfo, 29/05/2025).
- 3 Par exemple, des initiatives visant à préserver la richesse de la biodiversité (septembre 2024) et (...)
9Ajoutons à ce stade que les partis politiques auxquels appartiennent ces responsables politiques ont l’habitude de résister aux propositions visant à atténuer l’impact des activités humaines sur l’environnement, voire de les contester frontalement comme c’est le cas de l’UDC. Ajoutons aussi que, si on n’a pas de traces sur d’éventuels commentaires de la population de Blatten sur le sujet, les résultats des votations de ces dernières années montrent qu’une large majorité a systématiquement rejeté, avec des majorités très claires, l’adoption de mesures dans ce domaine3.
- 4 En effet, il est bien connu qu’un alea est rarement explicable par une cause unique, mais leur mult (...)
10Plusieurs scientifiques se sont émus de l’expression publique de ce scepticisme climatique par des figures politiques de premier plan. Ils l’ont fait savoir en adoptant parfois un vocabulaire qui tranchait avec la prudence qui est de mise dans les publications scientifiques. Un célèbre glaciologue zurichois, interrogé quatre jours après l’événement par un journaliste sur les causes de la catastrophe, forçait le trait en l’imputant à une cause unique, alors qu’elle est multifactorielle4 :
La seule explication possible est le rôle de la glace des sols et des glaciers qui réagit rapidement aux conditions de température (cité par Delbecq, 31/05/2025).
11Plus mesuré, un spécialiste de la modélisation du changement climatique concluait dans un blog scientifique, dix jours après la catastrophe :
Considérant tous ces processus, il serait absurde, ignorant ou malhonnête de déclarer que le réchauffement d’origine humaine n’a pas joué un rôle dans l’avalanche désastreuse de glace et de roche qui s’est abattue sur Blatten (Huggel, 06/06/2025).
- 5 Bien que très représentatifs de la critique de la politique de soutien des régions alpines, fréquen (...)
12Un second type de commentaires, ouvrant la voie à une controverse simultanée, est venu des milieux libéraux, économiques et politiques, particulièrement présents et influents sur les places genevoise et zurichoise. Ceux-là sont généralement moins hostiles que les précédents à l’invocation des effets du changement climatique dans les événements intervenus ces dernières années ; mais ils en tirent des enseignements opposés. Le principal quotidien helvétique porteur de ce discours libéral — la Neue Zürcher Zeitung (NZZ) — l’a mis en avant de façon frappante à deux reprises dans les jours ayant suivi la catastrophe5.
13Dans son édition du 31 mai 2025, le quotidien a publié un éditorial de son rédacteur en chef, Beat Balzli, dans lequel celui-ci parle du « refoulement », au sens psychanalytique du terme, dont certains protagonistes auraient fait preuve au lendemain de la catastrophe pour éviter de voir la réalité en face. Reconnaissant que « de tels incidents se multiplient en raison du climat », en particulier dans les Alpes, il propose qu’on en tire les conséquences financières, quitte à remettre en cause la sorte de pacte qui lie le peuple suisse à ses montagnes : ces « incidents […] ébranlent la volonté de payer pour le mythe des Alpes. […] Aujourd’hui, beaucoup d’argent est versé aux cantons de montagne via la péréquation financière et la compensation des charges. Les ouvrages de protection coûtent très cher à la collectivité ». Feignant de poser une question à ce propos — « le critère de proportionnalité [entre coûts et bénéfices] doit-il être réintroduit dans le calcul ? » — l’éditorial contient la réponse : en raison des coûts qu’elle induit en matière de desserte et de protection des habitations, il faut envisager de renoncer à une présence humaine dans les hautes vallées alpines les plus menacées. Ce raisonnement comptable vaut condamnation de principe de soutien financier à certaines infrastructures, activités et collectivités alpines en dépit de la longue tradition dans laquelle il s’inscrit en Suisse.
- 6 À titre d’illustration, on peut se reporter à la Banque de données suisse sur les dommages dus aux (...)
14Toutefois, quitte à emprunter la voie du raisonnement comptable, on doit rappeler que les estimations — actuellement très grossières — des coûts des investissements nécessaires à la protection des infrastructures et des populations ne mettent jamais en vis-à-vis les situations des vallées alpines avec celles du reste du pays. Or, les études conduites par l’Office fédéral de l’environnement, des instituts de recherche et les compagnies d’assurance montrent que les coûts pour celui-ci liés aux inondations, à la grêle et aux tempêtes sont considérables6. Par ailleurs, comme souvent, les estimations ne prennent pas en compte les coûts et les bénéfices environnementaux eux-mêmes dans ces différents contextes, ce qui pénalise fortement les régions alpines dont la contribution aux bénéfices est importante. Autrement dit, un raisonnement comptable ne devrait pouvoir être invoqué que s’il s’appuyait sur une expertise sérieuse et exhaustive qui fait défaut à ce jour.
15La veille de la publication de cette tribune, la NZZ avait publié un long entretien avec Beat Rieder (30/05/2025). L’objectif ne visait pas à confronter deux visions du rôle du changement climatique dans la catastrophe de Blatten, mais à donner l’occasion à cet élu valaisan d’énoncer ses propositions pour le futur de sa vallée et des hautes vallées alpines en général, tout en lui apportant la contradiction.
- 7 Après avoir contribué à nourrir ce type de propositions sur l’avenir des hautes vallées de montagne (...)
- 8 Au début des années 2000, cet ouvrage dirigé par des architectes bâlois et des chercheurs de l’EPFZ (...)
16Sachant que Beat Rieder est favorable à la reconstruction du village, le journaliste qui l’interroge suggère à plusieurs reprises que « l’opinion publique suisse » pourrait ne pas juger pertinent « de construire de nouvelles habitations dans une haute vallée […] l’abandon de villages et de vallées fai[san]t régulièrement l’objet de réflexions ». Au demeurant, si de telles réflexions ont bien cours en Suisse depuis la fin du xxe siècle, elles sont moins le fait de la population — qui majoritairement cultive ce que le rédacteur en chef du quotidien appellera le lendemain le « mythe des Alpes » — que de médias comme la NZZ, de think tanks comme Avenir suisse7 et de quelques spécialistes d’économie (voir Markus Schneider 2004, et René L. Frey 2010) et d’aménagement du territoire (voir Diener et al. 20108).
17Il est intéressant de constater que, lors de cet échange, Beat Rieder invoque deux principes différents : le premier emprunte lui aussi à la rhétorique comptable, mais avec d’autres arguments ; le maintien des populations dans les hautes vallées alpines ressortirait de l’intérêt public dans la mesure où ces populations contribuent à la qualité des paysages et donc à l’attractivité touristique des Alpes, et à l’entretien des milieux susceptible de réguler les débits des rivières traversant en aval les principales villes de Suisse. Le second mobilise des arguments de justice sociale :
La Suisse est composée de villes et de villages, de régions linguistiques, de cantons et de modes de vie différents. La solidarité et l’équilibre sont les fondements de notre État. Ils assurent la cohésion du pays. Si nous abandonnons ces principes, notre État s’effondrera peu à peu… Si certaines personnes envisageaient d’abandonner les hautes vallées pour des raisons financières, cela marquerait le début d’un processus de déclin.
- 9 Voir par exemple l’interview donnée par Thomas Egger, président du Groupement suisse pour les régio (...)
18Ce faisant, il est proche des positions exprimées par un lobby influent dans les politiques de la montagne en Suisse, le Groupement suisse pour les régions de montagne (SAB)9, et de celles d’un groupe parlementaire baptisé « Population de montagne ». Le président de ce groupe et élu du canton d’Uri, Simon Stadler, a déclaré dans une interview sur la télévision publique germanophone :
Nous, les montagnards, voulons vivre ici et nous devons tout faire pour qu’un retour soit possible pour les gens de Blatten. Et aussi pour que les habitants d’autres vallées en Suisse puissent continuer à y vivre (Ackerman, 01/06/2025)
19La juxtaposition des deux types de réactions qui viennent d’être examinées permet de voir clairement ce qui les distingue, voire les oppose. Elles se distinguent par le diagnostic initial : banalisation de la catastrophe d’un côté, nécessité d’une réaction radicale de l’autre. Elles se distinguent aussi par leur façon de penser les temporalités : quand les libéraux proposent de rompre avec la tradition séculaire de soutien de principe aux régions de montagne, les autres appellent à sa pérennisation, y compris sous la forme d’intervention d’urgence en cas de catastrophe. On comprend bien qu’on a affaire ici à un conflit entre deux imaginaires politiques, un conflit qui a toutes les chances de prendre de l’ampleur dans les années qui viennent.
20Toutefois, les diagnostics qui fondent ces deux prises de position ont aussi des traits qui les rapprochent. Le principal réside dans une commune défiance à l’égard de l’expertise scientifique. Les tenants d’une forme de climatoscepticisme font peu de cas des recherches sur les changements environnementaux. De leur côté, les adeptes du libéralisme comptable font peu de cas des recherches en sciences sociales qui rappellent que l’attachement aux montagnes et à leurs populations continue de faire partie du socle de l’imaginaire national. Par ailleurs, si, comme le climat, les imaginaires nationaux peuvent changer avec le temps, il est frappant de constater que ces libéraux n’énoncent pas d’alternative à cette composante majeure de l’identité helvétique. En dépit de ce qui les distingue, scepticisme climatique et libéralisme comptable partagent donc une caractéristique de fond : une prise de distance vis-à-vis de l’expertise scientifique, comme si cette dernière devait être rognée par les deux bouts.
21Cet épisode nous conduit à deux conclusions.
- 10 Le financement de la recherche scientifique par la Confédération repose sur trois instruments princ (...)
- 11 Les politiques publiques conduites dans ce contexte ont porté sur la protection de l’environnement, (...)
- 12 Sur son site Internet personnel, Jasanoff les définit ainsi : « Les épistémologies civiques sont le (...)
22La première a trait au rôle de l’expertise scientifique dans les politiques publiques et le débat démocratique en Suisse et aux menaces qui planent sur elle. Depuis plus d’un siècle, les nombreuses recherches conduites en Suisse sur les environnements, les populations et les économies de montagne ont permis aux institutions correspondantes d’acquérir une expertise reconnue dans le monde entier (pour une synthèse, voir Debarbieux et Rudaz, 2010, ch. 8). Les observations faites au début de ce texte — anticipation de la catastrophe de Blatten par les spécialistes des sciences de la Terre, et forte réactivité de la population suisse en phase avec les conclusions des travaux en sciences sociales — attestent de la pertinence et de l’actualité de ces contributions. Celles-ci ont été rendues possibles par une attention particulière des organisations finançant la recherche publique10, en vertu notamment de leur utilité pour l’élaboration des politiques publiques11. De ce point de vue, la situation helvétique illustre particulièrement bien une thèse de la sociologue des sciences Sheila Jasanoff ; celle-ci a proposé le concept d’« épistémologie civique12 » pour rendre compte du fait que, contrairement à ce qu’avance la vulgate dominante, les pratiques scientifiques, notamment celles qui portent sur des enjeux environnementaux, ne sont pas indépendantes des imaginaires politiques qui prévalent dans le contexte de leur conduite. Jasanoff montre en effet que l’expertise scientifique en général, et celle relative aux questions environnementales en particulier, s’est construite « dans le creuset des communautés nationales imaginées, conformément à des engagements antérieurs en faveur de la raison, de la légalité et de la justice sociale » (Jasanoff, 2010, p. 240). Appliqué à la Suisse, ce concept d’épistémologie civique permet de rendre compte du commun souci de scientifiques et de responsables politiques de concevoir une connaissance fine des réalités montagnardes à partir desquelles des politiques publiques pourraient être conduites, notamment pour faire face aux conséquences du changement environnemental et pour concevoir des politiques de transition adaptées.
23Or, notre analyse nous amène à une seconde conclusion : elle indique qu’autant le scepticisme climatique que le libéralisme décomplexé font peser une menace sur ce capital politique et scientifique, et en aval sur les perspectives de mise en œuvre de politiques de transition dans le contexte de changement environnemental global. Si par son caractère soudain et spectaculaire, la catastrophe de Blatten est en mesure de contribuer à une prise de conscience collective des effets du changement climatique, le discours climatosceptique joue en sens contraire. En touchant une vallée emblématique de la Suisse alpine, elle est aussi en mesure d’ouvrir la voie à l’adoption de politiques de transition assurant la pérennisation du « mythe alpin » tout en l’adaptant aux enjeux contemporains ; le discours libéral décomplexé promeut un tout autre scénario.
24On peut pourtant travailler à déjouer ces menaces de plusieurs façons. Tout d’abord, il conviendrait de cultiver cette épistémologie civique helvétique qui a forgé une expertise majeure sur les environnements et les populations des régions de montagne, ceci en tenant compte des changements observés. Il conviendrait aussi d’accompagner les populations les plus exposées dans la compréhension de ces changements dont elles sont à la fois les autrices et les victimes, la violence de ce type de catastrophe pouvant contribuer à une prise de conscience salutaire. Il conviendrait enfin de résister, par la démonstration, aux discours qui détournent l’attention et coupent l’herbe sous le pied de toute réflexion sur les nécessaires transitions dans lesquelles doivent s’engager le peuple suisse et les responsables politiques afin de composer avec ces changements, tout en sauvegardant leur attachement au territoire et leurs sentiments d’appartenance.