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Dossier

Introduction. Être en guerre (1870-1871) : les formes d’un réexamen

Mareike König et Odile Roynette
p. 75-89

Texte intégral

  • 1 Stéphane Audoin-Rouzeau, 1870. La France dans la guerre, Paris, Armand Colin, 1989, p. 7 ; François (...)
  • 2 Alain Corbin, « Prélude au Front populaire : étude de l’opinion publique dans le département de la (...)
  • 3 Michael Jeismann, La Patrie de l’ennemi. La notion d’ennemi national et la représentation de la nat (...)

1La guerre franco-allemande de 1870-1871 n’est plus une « guerre oubliée ». Ce constat, dressé au tournant des années 1990 dans deux des principaux ouvrages consacrés par des historiens français à ce conflit1, n’est en effet plus de mise. Certes, la présence de l’affrontement meurtrier de ce dernier tiers du xixe siècle dans les imaginaires collectifs français et allemands est désormais à l’état de traces, quasi englouties par les mémoires des deux guerres mondiales, qui l’ont en grande partie effacée. Une histoire de cette disparition serait d’ailleurs à écrire, plus lente, moins linéaire qu’on ne serait tenté de le croire a priori. Alain Corbin, par exemple, a mis en évidence dans sa thèse de 3cycle la rémanence de la guerre de 1870 dans la mémoire longue des paysans, des employés et des ouvriers de la Haute-Vienne qu’il avait interrogés en 19672, tout comme l’absence, dans leurs propos, du stigmate de « l’ennemi héréditaire3 » à l’endroit de l’Allemagne, contrastant avec une anglophobie toujours vivace.

  • 4 Dont l’un des premiers recensements fut établi par Barthélémy-Edmond Palat, Bibliographie générale (...)
  • 5 L’un des premiers à l’avoir souligné fut Claude Digeon, La Crise allemande de la pensée française, (...)
  • 6 Frank Becker, Bilder von Krieg und Nation. Die Einigungskriege in der bürgerlichen Öffentlichkeit D (...)
  • 7 Jakob Vogel, Nationen im Gleichschritt. Der Kult der « Nation in Waffen » in Deutschland und Frankr (...)

2Jusqu’à l’été 1914 de surcroît, la guerre de 1870-1871 a été l’événement structurant en fonction duquel les Français et les Allemands, ont pensé leur rapport à eux-mêmes et aux autres. La profusion des écrits publiés de part et d’autre du Rhin sur le conflit – mémoires, souvenirs, chroniques, essais, romans, nouvelles4 – témoigne de l’intensité du regard alors porté sur l’événement et elle souligne sa place dans la définition des identités collectives des deux nations. En France, le traumatisme de la défaite et de la guerre civile, tout comme la profondeur de l’humiliation nationale sont à l’origine d’un travail complexe de cicatrisation, dans le cadre républicain, qui s’effectue en regard de l’Allemagne, vue à la fois comme un modèle et comme un repoussoir5. Pour les Allemands, la fondation de l’Empire, au terme de la troisième des guerres qualifiées a posteriori d’unification, contribue à sacraliser la victoire de 1871 devenue un puissant opérateur de cohésion, malgré les oppositions exprimées pendant le conflit par les démocrates, les socialistes ou les catholiques dans les États du sud, réticents à l’endroit de l’hégémonie prussienne, mais aussi plus largement, dans d’autres parties de la Confédération de l’Allemagne du Nord6. Cette issue favorable attribue aussi à l’armée allemande victorieuse, au service militaire obligatoire qui avait alors montré son efficacité, et à tout qui ce qui touche à l’armée, un prestige important, voire une signification quasiment sacrale, ainsi qu’une place centrale dans la socialisation de la jeunesse7.

  • 8 Quatre des six articles de notre dossier ont fait l’objet d’une traduction en français, deux depuis (...)
  • 9 Sur ce point, voir les analyses développées par Mareike König in Mareike König, Élise Julien, Rival (...)
  • 10 C’est tout particulièrement le cas de l’histoire diplomatique du conflit : David Wetzel, A Duel of (...)
  • 11 Le numéro 62 (2021/2) de la Revue d’histoire du xixe siècle, sous la direction de Quentin Deluermoz (...)
  • 12 Comme en témoigne la journée parisienne insurrectionnelle du 31 octobre 1870, déclenchée après l’an (...)
  • 13 Jean Jaurès, Histoire socialiste, t. 11 : La Guerre franco-allemande (1870-1871), Paris, Flammarion (...)

3Les contributions réunies dans ce dossier, imaginé dans le contexte du cent-cinquantenaire du conflit, partent du constat de sa centralité pour les contemporains et entendent questionner ses formes, à partir d’une historiographie désormais internationale8, bien qu’insuffisamment comparée9, en privilégiant délibérément le champ des expériences de guerre, au détriment d’autres axes de recherche particulièrement fructueux10, mais qu’il eût été irréaliste de vouloir aborder ici. De même avons-nous fait le choix, dans l’espace limité de ce numéro, de ne pas traiter spécifiquement de la Commune11, émanation directe du patriotisme français blessé, réarmé dans l’espérance révolutionnaire12, comme Jean Jaurès l’avait déjà souligné en 1901, dans son volume de l’Histoire socialiste consacré à la guerre de 1870-1871. Il la voyait à la fois comme le produit de « la révolte du droit national meurtri » et comme l’« affirmation d’un idéal prolétarien13 ».

  • 14 Jean Norton Cru, Témoins. Essai d’analyse et de critique des souvenirs de combattants édités en fra (...)
  • 15 Il existe une abondante bibliographie sur ce point qu’il est impossible de citer ici exhaustivement (...)

4Privilégier les « expériences de guerre » nécessite a minima quelques clarifications sur ce que recouvre cette notion et sur ce qu’elle engage d’un point de vue épistémologique. Elle s’affirme d’abord dans le champ de l’historiographie de la Première Guerre mondiale, où, dès 1929, Jean Norton Cru lui conférait une valeur heuristique centrale en la considérant comme le critère déterminant de la vérité historique. La participation aux combats, la présence physique sur le front aux échelons secondaires de la hiérarchie – car pour lui, il n’était d’autre vérité que celle des « simples14 », vaste catégorie allant du soldat de deuxième classe à l’officier subalterne – étaient constitutives de l’expérience, définie ici de manière restrictive comme participation directe à l’action ou à l’événement, limité à sa dimension militaire. En découlait le recours aux témoignages, récits, souvenirs et carnets de combattants appréhendés comme des traces ou des reflets de l’expérience, opposés aux fictions discursives des écrivains et essayistes, reléguées dans l’espace des textes au statut documentaire douteux, voire dangereux15.

  • 16 Là encore, la Première Guerre mondiale occupe une place considérable dans ce tournant historiograph (...)
  • 17 John Keegan, Anatomie de la bataille. Azincourt 1415, Waterloo 1815, La Somme 1916, Paris, Robert L (...)
  • 18 Pour les témoignages en langue allemande se pose également la question de la complexité de l’écritu (...)
  • 19 Pour un bilan historiographique sur ce champ : Hervé Mazurel, « Un tournant historiographique : l’h (...)
  • 20 Sur cette opposition stérile : Dominique Kalifa, « L’histoire culturelle contre l’histoire sociale  (...)
  • 21 Roger Chartier, « Le monde comme représentation », Annales ESC, vol. 44, 1989/6, p. 1505-1520.

5Cette promotion de l’expérience comme cadre d’une intelligibilité renouvelée du phénomène guerrier a permis plusieurs évolutions historiographiques majeures. En premier lieu, elle a accompagné l’émergence, principalement à partir du Second conflit mondial, d’une histoire sociale de la guerre, conçue sur le rejet de « l’histoire-bataille » traditionnelle, et attentive aux acteurs, élargis aux civils et aux fronts intérieurs, aux sociétés belligérantes dans leur ensemble et à leurs capacités à répondre aux défis posés par le temps de guerre16. Elle a aussi formé un cadre d’analyse utile à l’approche renouvelée de l’expérience combattante à proprement parler, telle qu’elle fut proposée en 1976 par John Keegan17, cherchant là encore à dépasser le récit militaire traditionnel, pour interroger, à rebours d’une histoire héroïsante, les gestes, les techniques du combat et leurs conséquences sur les hommes. Cette histoire par le bas, cette histoire des corps et de la psyché, redonnait une visibilité aux invisibles des mondes militaires, ces soldats trop souvent absents des discours historiens, tout particulièrement pour les périodes antérieures au xxe siècle où ils ont laissé des traces écrites plus rares et plus difficilement déchiffrables, notamment en raison de niveaux d’instruction plus modestes18. Elle eut aussi pour effet, dans le sillage d’une histoire culturelle de la guerre dont elle constituait une des matrices19, de complexifier la notion même d’expérience, élargissant sa définition bien au-delà de sa dimension factuelle initiale. Le concept d’expérience, ou plutôt d’expériences, celles des combattants et des civils, celles des hommes et des femmes, celles des différents groupes sociaux affrontés à la guerre, mettait non seulement l’accent sur les pratiques, mais aussi sur la manière dont celles-ci étaient pleinement travaillées par des systèmes de représentations qui les modelaient en profondeur. Elle offrait, en somme, la possibilité d’entrer dans une histoire des sociétés en guerre qui permettait de dépasser l’opposition binaire entre histoire sociale et histoire culturelle20, et de mettre en pratique une histoire culturelle du social telle que l’avait appelé de ses vœux Roger Chartier dans un article programmatique désormais fameux21.

  • 22 Georg Schild, Anton Schildling (dir.), Kriegserfahrungen. Krieg und Gesellschaft in der Neuzeit: Ne (...)
  • 23 Alan Forrest, Karen Hagemann, Jane Rendall (eds.), Soldiers, Citizens and Civilians: Experiences an (...)

6Également employée dans l’historiographie allemande, la notion d’expériences de guerre (Kriegserfahrungen) renvoie à la perception et à l’interprétation des guerres et de la violence à partir des appartenances sociales et culturelles des individus, en particulier de la nation et de la religion22. L’intérêt se porte sur la perception collective des guerres, sur la manière dont elles sont légitimées ou délégitimées23.

  • 24 François Dubet, Sociologie de l’expérience, Paris, Le Seuil, coll. « La couleur des idées », 1994, (...)

7L’expérience de guerre est elle-même une forme d’expérience sociale, définie dans le champ de la sociologie comme l’ensemble « des conduites individuelles et collectives dominées par l’hétérogénéité de leurs principes constitutifs, et par l’activité des individus qui doivent construire le sens de leurs pratiques au sein même de cette hétérogénéité24 ». Pluriels, changeants – y compris au sein d’un individu amené, selon les circonstances, à modifier son attitude au cours d’une même journée –, les comportements des hommes en guerre sont le produit d’une alchimie complexe entre des systèmes de représentations qui leur préexistent – des modèles d’anticipation –, des réactions déterminées par des facteurs individuels et collectifs, et des mises en récit qui cherchent à établir une cohérence a posteriori, susceptible de donner un sens au passé. L’expérience de guerre, comme toute expérience sociale, n’est ainsi saisissable qu’au travers de narrations structurées par des pratiques, qu’elles soient textuelles ou graphiques, variables selon les contextes culturels et nationaux, mais aussi changeantes, en fonction d’une chronologie qui influence sa mise en récit et conditionne les intentions des acteurs qui la produisent.

8Les contributions réunies dans ce dossier s’emparent toutes, à divers titres, de cette complexité pour interroger le rapport des acteurs, des sociétés belligérantes et des États neutres, aux multiples situations engendrées par le conflit franco-allemand et aux manières dont les contemporains ont tenté d’en comprendre la signification, à l’échelle individuelle et collective.

Penser le conflit à partir de ses propres catégories

  • 25 Stéphane Audoin-Rouzeau, 1870. La France dans la guerre, op. cit., p. 320.
  • 26 Mareike König, Élise Julien, Rivalités et interdépendances, op. cit., p. 12-15, p. 325-330.

9Le premier enjeu qui parcourt les articles de ce dossier est de penser les évènements qui jalonnent cet affrontement franco-allemand de manière endogène, en cherchant à restituer aux acteurs leurs logiques propres, indépendamment des répercussions ultérieures du conflit sur l’histoire européenne, en s’efforçant, donc, de se maintenir à distance, sans pour autant les ignorer, des grands schémas interprétatifs appliqués à l’évolution de la guerre en Occident depuis l’époque moderne. En d’autres termes, il s’agit de sortir d’une vision téléologique réduisant parfois la guerre de 1870-1871 à une « répétition générale25 », conçue comme une préfiguration de la catastrophe de 1914-1918, qui a pu se développer dans un contexte polarisé, notamment du côté français, par une historiographie particulièrement prolixe à l’endroit du premier conflit mondial. Côté allemand, l’historiographie a pendant longtemps cherché les signes d’un Sonderweg allemand qui aurait amené le Kaiserreich – considéré comme économiquement fort, mais politiquement et socialement rétrograde – directement vers la Première puis la Seconde Guerre mondiale, en soulignant un déterminisme téléologique notamment concernant les relations entre la France et l’Allemagne26.

  • 27 Comme a pu le souligner Odile Roynette, « Pour une histoire culturelle de la guerre au xixe siècle  (...)
  • 28 Cette cécité n’est désormais plus de mise. Voir notamment les travaux de : Benjamin Brower, A Deser (...)
  • 29 Sur cette notion controversée : Jean-Yves Guiomar, L’Invention de la guerre totale, xviiie-xxe sièc (...)
  • 30 Pour une synthèse récente sur ces travaux : Mareike König, Élise Julien, Rivalités et interdépendan (...)
  • 31 Dieter Langewiesche, Nikolaus Buschmann, « “Dem Vertilgungskrieg Grenzen setzen” : Kriegstypen des (...)

10Le déficit qui a longtemps pesé sur la période 1815-1870, envisagée en Europe comme un intermède pacifique depuis l’effondrement de l’Empire français, a nourri la paresse à l’égard de ces décennies longtemps négligées, tant sur le théâtre européen27, que dans les espaces lointains, où les guerres coloniales et leurs violences n’attiraient que bien peu les regards historiens28. Il a conduit à considérer la guerre franco-allemande de 1870-1871 à l’aune de la suivante, en cherchant à y discerner des signes de la radicalisation de l’activité guerrière, tout comme des indices de sa limitation volontaire par des acteurs soumis à des logiques culturelles différentes de celles qui domineront les comportements au début du xxe siècle. Ce faisant, l’analyse des expériences de guerre de 1870-1871 a souvent été dépendante du grand débat historiographique sur la « guerre totale29 », qui continue d’orienter une partie des travaux sur ce conflit30, même si cette grille de lecture a eu d’indéniables effets de connaissance en concluant au caractère anachronique de cette interprétation pour la guerre franco-allemande31. Tous les articles de notre dossier engagent à différents titres le débat sur ces thèmes, mais ils s’efforcent d’extraire leurs analyses du carcan propre à la notion de « guerre totale », pour tenter de reconstituer les logiques inhérentes aux acteurs et leur évolution pendant le conflit.

Représentations en contexte

  • 32 Mark R. Stoneman, “The Bavarian Army and French Civilians in the War of 1870-1871. A Cultural Inter (...)
  • 33 Jacque Hantraye, Les Cosaques aux Champs-Élysées, Paris, Belin, 2005 ; Christine Haynes, Our Friend (...)

11Cette démarche, qu’on pourrait qualifier d’intrinsèque, implique une grande attention aux systèmes de représentations à partir desquels les contemporains ont perçu l’événement guerrier. Elle souligne le poids de la mémoire des guerres de la Révolution et de l’Empire, pourvoyeuses de stéréotypes puissants qui ont déterminé la perception de l’autre, elle-même changeante, selon un contexte spatial et temporel évolutif. Côté français, l’invasion des mois d’août et septembre 1870, caractérisée par une succession de combats sanglants et de représailles localisées sur les civils armés, comme dans le cas bien connu de Bazeilles32, a constitué un terreau particulièrement favorable à la réactivation de l’image des hordes sauvages, héritée du souvenir des invasions de 1814-181533, concentrée sur les figures du cosaque et du uhlan, et étendue désormais plus largement aux autres troupes. Inversement, les soldats allemands entrent sur le territoire français avec un répertoire de stéréotypes négatifs venus de l’occupation napoléonienne et des Befreiungskriege (guerres de libération), qui contribue probablement à accroître leur peur, dans un contexte de vulnérabilité maximale. Le passage de l’invasion à l’occupation, comme le montre Oliver Stein dans son article, est un moment propice à l’éventuelle remobilisation des stéréotypes dépréciatifs, comme celui du Français avare, ou inversement, celui de l’Allemand rapace. Mais, en fonction de la durée et de l’ampleur des réquisitions et du cantonnement, ces lieux communs sont, soit susceptibles de céder du terrain lorsque l’occupant exerce une pression raisonnable, inscrite dans une moyenne ou une longue durée propice à la recherche d’un équilibre respectif, soit, au contraire, exacerbent les antagonismes lorsque la pression sur les logeurs est à la fois intense et répétitive.

  • 34 Sophie Wahnich (dir.), Histoire d’un trésor perdu. La transmission de l’événement révolutionnaire, (...)
  • 35 Sudhir Hazareesingh, La Saint-Napoléon. Quand le 14 Juillet se fêtait le 15 Août, Paris, Tallandier (...)
  • 36 Rachel Chrastil, The Siege of Strasbourg, Cambridge (Mass.), Harvard University Press, 2014 ; Bertr (...)
  • 37 Sur les francs-tireurs : Armel Dirou, « Les francs-tireurs pendant la guerre de 1870-1871 », in Her (...)
  • 38 Wolgang Etschmann, « Guerillas und Franctireurs, 1866 und 1870 », in Erwin Schmidl (dir.), Freund o (...)
  • 39 Robert Tombs, The Paris Commune 1871, New York, London, Longman, 1999 ; Roger V. Gould, “Multiple N (...)

12Le répertoire lexical, lui-même étroitement connecté aux cultures politiques, trahit la force du passé révolutionnaire et impérial dans les systèmes de perception des contemporains34, particulièrement en France, où il a été entretenu par le second bonapartisme35. Il fait retour sous différentes formes, dans l’auto-mobilisation des civils face à l’invasion et l’organisation de la résistance aux sièges36 et, plus généralement, dans la mise en œuvre d’un arsenal rhétorique hérité de la Révolution, celui de la patrie en danger, de la levée en masse et de la guerre à outrance, utilisé par les Républicains après le 4 septembre 1870, et combattu par les autorités allemandes décidées à éradiquer toute forme de « guerre populaire », particulièrement celle menée par les francs-tireurs37, à laquelle les Prussiens avaient déjà été confrontés en 1866 en Bohême, en Moravie et en Haute-Silésie38. Rachel Chrastil tout comme Bertrand Taithe insistent à la fois sur l’inexpérience des civils français, lorsque la guerre les atteint, mais aussi sur les capacités d’organisation spontanée déployées à l’échelle locale pour faire face aux destructions matérielles, aux rationnements et à l’afflux des blessés et des malades. La garde nationale joue ici un rôle important, notamment dans le Paris assiégé où s’improvise une solidarité qui, au sein des conseils de famille créés en remplacement des services aux indigents, forme des microstructures, porteuses d’un projet politique et social mis en pratique par la Commune lors du second siège39.

  • 40 En particulier : Geoffrey Best, Humanity in Warfare : The Modern History of the International Law o (...)
  • 41 Dans les Articles additionnels à la Convention de Genève de 1864, qui furent signés en octobre 1868 (...)
  • 42 Gustave Moynier, Étude sur la Convention de Genève pour l’amélioration du sort des militaires bless (...)
  • 43 Klaus-Jürgen Bremm, 1866 : Bismarcks Krieg gegen die Habsburger, Darmstadt, Theiss, 2016 ; Dennis E (...)
  • 44 Mark Hewitson, The People’s Wars. Histories of Violence in the German Lands, 1820-1888, Oxford, Oxf (...)
  • 45 Ibid., p. 360.
  • 46 Jean Avenel, La Campagne du Mexique (1862-1867). La fin de l’hégémonie européenne en Amérique du No (...)
  • 47 Cf. la synthèse d’Odile Roynette, Bons pour le service. La caserne à la fin du xixe siècle, Paris, (...)

13Cette impréparation souligne, en creux, le choc reçu par des civils français pour qui, jusqu’en 1870, c’est davantage la paix que la guerre qui formait l’horizon d’attente commun. L’émergence d’un vaste mouvement humanitaire à l’échelle internationale40 avait contribué à consolider en Europe l’espoir d’une pacification et celui de la disparition de la guerre. La naissance à Genève en 1863 d’un Comité international de secours aux blessés en cas de guerre, puis la mise en place en 1864 d’un premier traité international obligeant les États signataires à observer des règles en cas de conflit terrestre, bientôt étendues au conflit maritime41, n’avait pas seulement pour objectif « d’humaniser » la guerre. Elle avait aussi pour fonction d’en dissuader le retour, comme le déclarait à la veille du conflit l’un des principaux promoteurs de la Convention de Genève, Gustave Moynier, cité par Daniel Marc Segesser, selon qui, « les guerres nationales deviennent de moins en moins probables42 ». Cet optimisme, à visée performative et à portée transnationale, était toutefois sérieusement contredit par la situation de l’Europe médiane depuis les années 1850, où la Prusse menait la guerre pour imposer sa suprématie en soutenant le soulèvement du Schleswig-Holstein en 1848-1851 contre le Danemark. Elle lutta en 1864 de nouveau contre le Danemark ensemble avec l’Autriche, puis contre l’Autriche et l’Italie en 186643. Mark Hewitson a bien montré comment le conflit militaire en Prusse devint alors acceptable, et même désirable par les civils, influencés par une vision idéalisée de la guerre et par l’institutionnalisation de la conscription44. La campagne victorieuse de 1866 dote en outre l’armée prussienne d’une expérience de la guerre à vaste échelle contre une coalition européenne organisée et entraînée – 355 000 soldats déployés par la Prusse contre 528 000 par l’Autriche et ses alliés45 – alors que, de l’autre côté du Rhin, l’armée française est certes considérée comme une armée expérimentée, mais qu’elle a surtout été engagée dans des conflits lointains et asymétriques, en Algérie ou au Mexique entre 1862 et 186746, et que le service militaire jouit d’un fort discrédit qui freine toute réforme de fond47.

Hétérogénéité et variabilité des expériences combattantes

  • 48 Pour les combattants, les données proviennent essentiellement des statistiques allemandes établies (...)
  • 49 Stéphane Audoin-Rouzeau, 1870. La France dans la guerre, op. cit., p. 315.
  • 50 Matthew Smallman-Raynor, Andrew D. Cliff, “The Geographical Transmission of Smallpox in the Franco- (...)
  • 51 Sur cette notion : David A. Bell, « Introduction » à la première partie « La guerre moderne », in B (...)
  • 52 Sur ces questions, voir la synthèse d’Hervé Mazurel, « Le corps à l’épreuve », in ibid., p. 409-422

14Les chiffres des pertes militaires enregistrées de part et d’autre – dont il importerait de faire l’histoire – sont estimés au lendemain du conflit à 172 617 combattants allemands (40 741 tués, 127 867 blessés et 4 000 disparus) contre 140 870 tués et au moins 143 000 blessés côté français48. Il importe de mentionner aussi la surmortalité civile et militaire consécutive au conflit, qui tient notamment compte du rôle des épidémies. Elle atteindrait le chiffre de 570 000 décès côté français49. Côté allemand, l’épidémie de variole propagée par les prisonniers de guerre, serait responsable de la mort de près de 177 000 civils allemands50. Ces évaluations rangent donc le conflit de 1870-1871 du côté de la « guerre moderne », en ce qu’elles trahissent les effets de la massification des effectifs militaires depuis la fin du xviiie siècle, conjugués à la puissance accrue des moyens de destruction et au développement de possibilités logistiques étendues51. De ce point de vue, la guerre franco-allemande se situe bien dans cette spirale ascendante, qui connaît une accélération en Occident au cours des années 1860 avec l’usage du train, du télégraphe, et l’emploi d’un armement modernisé – artillerie, mitrailleuses, fusils – dont la puissance vulnérante est décuplée52. Les médecins, civils et militaires, évoqués dans son article par Odile Roynette, sont des témoins privilégiés de ces mutations, objectivées dans des écrits qui éclairent non seulement la montée en puissance de la mortalité par le feu sur le champ de bataille, mais aussi ses effets différenciés sur des combattants qui, côté allemand, disposent d’un système sanitaire plus performant que celui qui, côté français, s’improvise en grande partie sous la pression des événements.

15Toutefois, la notion de guerre moderne implique une vision trop homogénéisante des expériences combattantes, qui rend difficilement compte de leur diversité et de leur variabilité dans l’espace et dans le temps. Le conflit est en effet constitué d’une juxtaposition de types de combat différents (guerre de siège et guerre de mouvement), qui éprouvent de manière différente les troupes engagées. Il implique des combattants exposés différemment au danger, selon une multiplicité de facteurs qui parfois se conjuguent ou parfois se neutralisent l’un l’autre. Le grade (les officiers sont proportionnellement plus touchés que les hommes de troupe), l’arme (l’infanterie et la cavalerie ont été particulièrement exposées au feu), la spécialité contribuent à l’émiettement des expériences, y compris au sein d’un même régiment. Même à l’intérieur d’une unité, dans l’infanterie de ligne française par exemple, il existe des compagnies « ordinaires » et des compagnies d’élite – les grenadiers et les voltigeurs – qui ne sont pas utilisées de la même manière dans le combat et qui réagissent au stress et à la menace de manière a priori bien différente. Le niveau d’instruction militaire est un facteur de différenciation essentiel, entre des troupes aguerries, plus nombreuses des deux côtés au début du conflit, et des recrues inexpérimentées et sous-équipées, en nombre particulièrement important côté français dès la mi-août. Il importe donc de développer encore les analyses, en élaborant une histoire fine des expériences combattantes qui permette de varier les échelles d’observation dans les deux camps (à l’intérieur d’une compagnie, d’un bataillon, d’un régiment, d’un corps d’armée) et de tenir compte des contextes spatiaux et temporels évolutifs.

  • 53 Frank Becker, « Fremde Soldaten in der Armee des Feindes. Deutsche Darstellungen der Französischen (...)

16Plusieurs articles de notre dossier soulignent la force de systèmes de représentations qui encadrent les comportements des combattants et des armées en présence, notamment une conception de l’honneur dont Jasper Heinzen montre l’influence au sein du corps des officiers français et allemands, modelés par une culture professionnelle qui les rapproche, beaucoup plus qu’elle ne les divise. Elle induit un partage du modèle chevaleresque et aristocratique au-delà des frontières entre États, qui a permis d’encadrer les comportements et de favoriser le respect, largement appliqué, des règles concernant le traitement humain des prisonniers et des blessés, objets de la sollicitude croisée des services sanitaires des deux camps. Il convient toutefois d’examiner les limites de cette régulation des comportements, notamment en fonction des appartenances sociales. Dans le contexte de l’occupation, elle caractériserait davantage, comme le suggère Oliver Stein, les rapports qui s’établissent entre élites françaises et allemandes partageant un code culturel commun et une même peur des francs-tireurs, que les relations entre militaires allemands et civils français des classes populaires, moins intéressés à la fabrication d’un consensus. La perspective transnationale souligne aussi le poids de l’hostilité au sein des sociétés des différents États allemands et parmi les troupes allemandes à l’encontre des soldats issus des contingents coloniaux présents dans l’armée française, notamment vis-à-vis des tirailleurs algériens ou « turcos ». La puissance des stéréotypes racistes qui les visaient a facilité une déshumanisation, propice au déploiement d’une violence non contenue dont il faudrait mieux évaluer l’ampleur53.

Visibilité et invisibilité des expériences de guerre

  • 54 Mark Hewitson, The People’s Wars. Histories of Violence, op. cit., p. 261.
  • 55 Entendue comme une série « de réflexes, de références, de motifs, qui finissent par construire un v (...)
  • 56 Ulrich Keller, The Ultimate Spectacle: A Visual History of the Crimean War, Amsterdam, Gordon and B (...)
  • 57 Matthias Miller, « Photographier la guerre en 1870-1871 », in Mathilde Benoistel, Sylvie Ray-Burimi (...)
  • 58 Ibid.

17Le conflit franco-allemand a fait l’objet d’une intense mobilisation des contemporains en vue de décrire, de montrer et de témoigner, qui s’inscrit dans un processus de publicisation croissante de la guerre depuis le début du xixsiècle. Mark Hewitson a souligné, à partir des États allemands, comment une représentation idéalisée de la guerre s’était diffusée au cœur des opinions publiques après 1815, creusant l’écart entre une réalité de plus en plus brutale et une vision déréalisée de celle-ci, déployée en particulier dans les journaux ou à l’occasion des commémorations des guerres de libération nationale, notamment lors de celle du cinquantenaire de la bataille de Leipzig54. En Europe, la presse écrite, dont le pouvoir s’affirme avec l’avènement d’une culture de masse et d’une culture de la presse55, s’empare du sujet guerrier à travers le reportage de guerre né pendant la guerre de Crimée56. Le traitement visuel de ce conflit, lui aussi profondément déréalisé comme en témoignent les photographies du Britannique Roger Fenton privilégiant des portraits collectifs de soldats en train de manger, de boire et de fumer57, a conforté un imaginaire rassurant, qui domine encore la traduction médiatique du conflit de 1864 entre la Prusse et le Danemark. Les années 1860 contribuent à brouiller ce conformisme, en introduisant davantage de réalisme visuel, comme le fit la presse américaine pendant la guerre de Sécession58, et en consacrant plus d’attention aux souffrances des combattants sur le champ de bataille.

  • 59 Howard G. Brown, Mass Violence and the Self: From the French Wars of Religion to the Paris Commune, (...)
  • 60 Frank Becker, Bilder von Krieg und Nation, op. cit., p. 499.

18En 1870-1871, deux facteurs se conjuguent pour conférer une visibilité accrue à certaines formes de l’affrontement et à certains de ses protagonistes. L’intense médiatisation des événements (combats, sièges, capitulations59) a pour effet, de part et d’autre, de montrer la guerre à ceux qui n’en ont pas l’expérience directe et de forger un consensus qui passe par la diabolisation de l’autre60. Une déshumanisation croissante de l’adversaire, mise en œuvre dans les représentations péjoratives qui se multiplient dans la caricature et la presse, s’observe alors des deux côtés du Rhin.

19La guerre franco-allemande fait aussi intervenir des individus – hommes et femmes – engagés dans l’action humanitaire à un degré jamais atteint jusque-là en Europe. Plusieurs articles de ce dossier mettent en relief le rôle des bénévoles dans l’organisation des secours sur les champs de bataille ou dans les villes assiégées. Ils soulignent aussi le rôle de ces nouveaux acteurs dans la construction d’un récit des souffrances engendrées par la guerre, qui deviennent un spectacle à part entière. Bertrand Taithe insiste tout particulièrement sur cette spectacularisation des corps atteints par les conséquences du conflit. Elle est particulièrement marquée lors des sorties tentées pour percer l’étau de l’encerclement allemand autour de Paris, et, plus encore, lors du retour dans la ville des ambulances chargées d’hommes mis hors de combat. Le corps blessé, comme le montre aussi Odile Roynette, est l’objet d’une attention privilégiée, car la blessure s’inscrit en conformité avec un imaginaire guerrier qui valorise les qualités viriles et accorde à la douleur une place de choix dans l’endurcissement combattant et dans la fabrique de l’héroïsme. La blessure, beaucoup plus que la maladie, est donnée en spectacle dans les récits des médecins qui mettent en scène leur savoir-faire et qui enregistrent aussi, lorsqu’ils sont civils, l’écart entre le monde sensible auquel ils appartiennent, devenu plus intolérant à la souffrance, et celui des militaires qui s’en accommodent plus volontiers. Les malades, de ce fait, sont relégués au second plan, non seulement dans les espaces de soin, mais aussi dans les narrations médicales qui participent de cet effacement.

  • 61 À ce propos : Sandra Chapelle, Odile Roynette, « Tuer le temps : le journal d’Auguste Castan pendan (...)
  • 62 Sylvie Le Ray-Burini, « “Comme un rêve de pierre”. Ruines et oubli de la guerre de 1870-1871 », in (...)
  • 63 Karine Varley, Under the Shadow of Defeat. The War of 1870-1871 in French Memory, New York, Palgrav (...)

20Les épreuves endurées par les civils, notamment celles consécutives aux bombardements et aux maladies dans les villes assiégées, restent de ce fait en retrait du grand récit collectif qui s’écrit pendant le conflit. Elles sont beaucoup plus présentes dans les écrits intimes qui portent la trace, comme le souligne Rachel Chrastil, du traumatisme de l’exposition au danger et du sentiment de transgression alors ressenti, qui concerne également les atteintes au patrimoine culturel menacé de destruction61. Ces jours difficiles se retrouvent alors archivés dans les photographies de ruines, principalement urbaines, qui se multiplient. Elles sont non seulement des « signes indiciels – du désastre pour les Français, de la victoire pour les Allemands62 », mais aussi une manière détournée de transcrire une réalité douloureuse, celle du poids de la guerre sur les civils, largement occultée a posteriori dans les différentes formes de la commémoration, accaparées, de part et d’autre, par l’hommage aux combattants et à leurs sacrifices sur l’autel de la patrie63. Après-guerre, le souci de mieux protéger les civils fait retour chez les juristes internationaux, soucieux d’améliorer les dispositions de la première Convention de Genève et nourrit le projet, comme le souligne Daniel Marc Segesser, d’un tribunal international de juges neutres chargé de poursuivre les violations du droit de la guerre.

  • 64 Frank Becker, Bilder von Krieg und Nation, op. cit., p. 182-185, p. 237.
  • 65 Comme dans le cas des représailles contre les civils de Bazeilles : Odile Roynette, « Le village de (...)
  • 66 Léon Le Fort, La Chirurgie militaire et les sociétés de secours de France et à l’étranger, Paris, L (...)
  • 67 Jasper Heinzen, Making Prussians, Raising Germans: A Cultural History of Prussian State-Building af (...)
  • 68 Mareike König, « Quelles perspectives pour l’histoire de la guerre 1870-1871 à l’ère du numérique ? (...)

21Parmi les civils directement impliqués dans le conflit, les femmes sont encore moins visibles que les hommes. On retrouve ici la grille du genre qui éclaire le procès en délégitimation dont elles sont l’objet, notamment lorsqu’elles en viennent à prêter main-forte aux hommes dans la défense de leur village et de leur quartier ou lors de la Commune64. Ces critiques rencontrent par ailleurs le silence des victimes, notamment dans le cas des violences sexuelles, dont la réalité est parfois suggérée, sans jamais être explicitement exprimée65. Conforme à la répartition sexuée des rôles en temps de guerre, l’intervention des femmes dans la chaîne des soins et de l’assistance aux victimes est, à l’inverse, valorisée, à condition qu’elle ne donne pas lieu à un contact jugé trop étroit avec le corps des hommes blessés ou malades. Le travail des infirmières volontaires en particulier est mis en exergue, mais à condition qu’il s’effectue dans des hôpitaux éloignés du théâtre de la guerre où, comme le recommandait le chirurgien français Léon Le Fort, à la tête d’une ambulance volontaire pendant le conflit, elles pourront prodiguer « ce que la femme seule peut et sait faire […] et donner : des exhortations, des encouragements, l’espoir du mieux » et assurer les « soins matériels auxquels la femme est bien plus apte que l’homme66 ». L’engagement des femmes pendant la guerre de 1870-1871 reste ainsi largement ignoré de la recherche, hormis quelques travaux sur les associations patriotiques de femmes en Allemagne67. Contrairement aux hommes, qui ont pu publiquement souligner et mettre en œuvre leur patriotisme dans le cadre du service militaire, les femmes ont été forcées d’exprimer leurs opinions sur la guerre et l’ennemi de manière informelle. La numérisation massive des sources autobiographiques pourrait apporter de nouveaux éclairages dans ce domaine et contribuer à un renouvellement de la recherche sur la guerre de 1870-187168, à laquelle, plus largement, ce dossier s’est efforcé de participer.

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Notes

1 Stéphane Audoin-Rouzeau, 1870. La France dans la guerre, Paris, Armand Colin, 1989, p. 7 ; François Roth, La Guerre de 1870, Paris, Fayard, 1990, p. 7 ; Karine Varley, “Memories Not Yet Formed: Commemorating the Franco-Prussian War and the Paris Commune”, Journal of War & Culture Studies, 2020, p. 1-20.

2 Alain Corbin, « Prélude au Front populaire : étude de l’opinion publique dans le département de la Haute-Vienne : février 1934-mai 1936 », thèse de 3e cycle, Université de Poitiers, sous la direction de Georges Castellan, 1968, reprise dans Paroles de Français anonymes. Au cœur des années trente, Paris, Albin Michel, 2019, p. 116-121.

3 Michael Jeismann, La Patrie de l’ennemi. La notion d’ennemi national et la représentation de la nation en France et en Allemagne de 1792 à 1918, Paris, CNRS Éditions, 1997 [1992 en allemand].

4 Dont l’un des premiers recensements fut établi par Barthélémy-Edmond Palat, Bibliographie générale de la guerre de 1870-1871. Répertoire alphabétique et raisonné des publications de toute nature concernant la guerre franco-allemande parues en France et à l’étranger, Paris, Berger-Levrault et Cie éditeurs, 1896. Il a comptabilisé quelque 1 000 titres dans les deux pays pour les catégories « Romans et nouvelles », « histoire anecdotique », et « histoire générale », 410 en France et 595 en Allemagne.

5 L’un des premiers à l’avoir souligné fut Claude Digeon, La Crise allemande de la pensée française, Paris, PUF, 1959.

6 Frank Becker, Bilder von Krieg und Nation. Die Einigungskriege in der bürgerlichen Öffentlichkeit Deutschlands, 1864-1913, Munich, Oldenburg, 2001 ; id., « La guerre et l’armée : des espaces de négociation pour l’ordre politique national », Revue d’histoire du xixe siècle, no 46, 2016/1, p. 33-50 ; Alexander Seyferth, Die Heimatfront 1870/71. Wirtschaft und Gesellschaft im deutsch-französischen Krieg, Paderborn, F. Schöningh, 2007.

7 Jakob Vogel, Nationen im Gleichschritt. Der Kult der « Nation in Waffen » in Deutschland und Frankreich, 1871-1914, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1997 ; Ute Frevert, A Nation in Barracks. Modern Germany, Military Conscription and Civil Society, Oxford-New-York, Berg, 2004 [2001 en allemand].

8 Quatre des six articles de notre dossier ont fait l’objet d’une traduction en français, deux depuis l’anglais et deux depuis l’allemand. Nous remercions chaleureusement, outre la Revue du xixe siècle, les institutions et les laboratoires de recherche qui ont accepté de financer ces traductions : le Centre d’études sociologiques et politiques Raymond Aron (CESPRA) à l’EHESS, le laboratoire Edition, Littératures, Langages, Informatique, Arts, Didactique, Discours (ELLIADD, Université Franche-Comté) et l’Institut historique allemand (IHA).

9 Sur ce point, voir les analyses développées par Mareike König in Mareike König, Élise Julien, Rivalités et interdépendances 1870-1918, vol. 7, Lille, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Histoire franco-allemande », 2018, p. 19-29, p. 285-305.

10 C’est tout particulièrement le cas de l’histoire diplomatique du conflit : David Wetzel, A Duel of Giants. Bismarck, Napoleon III and the Origins of the Franco-Prussian War, Madison, University of Wisconsin Press, 2001 ; id., A Duel of Nations. Germany, France and the Diplomacy of the War of 1870-1871, Madison, University of Wisconsin Press, 2012 ; de ses conséquences économiques : notamment Béatrice Dedinger, “The Franco-German Trade Puzzle: An Analysis of the Economic Consequences of the Franco-Prussian War”, Economic History Review, vol. 65, 2012/3, p. 1029‑1054 ; et de ses implications religieuses sur lesquelles l’historiographie allemande est riche, notamment : Christian Rak, Krieg, Nation und Konfession : die Erfahrung des deutsch-französischen Krieges von 1870/71, Padenborn, F. Schöningh, 2004 ; Christine Krüger, « Les juifs français et allemands durant les conflits de 1870 et de 1914-1918 : espoirs et déceptions », in Jean-François Chanet, Olivier Dard, Jean-François Chanet, Eric Necker, Jakob Vogel (dir.), D’une guerre à l’autre : que reste-t-il de 1870-1871 en 1914 ?, Paris, Centre d’Histoire de Sciences Po, 2016, p. 277-295.

11 Le numéro 62 (2021/2) de la Revue d’histoire du xixe siècle, sous la direction de Quentin Deluermoz et Éric Fournier, lui sera entièrement consacré.

12 Comme en témoigne la journée parisienne insurrectionnelle du 31 octobre 1870, déclenchée après l’annonce de la capitulation de l’armée de Metz, le 28 octobre et celle des préliminaires de paix par Thiers.

13 Jean Jaurès, Histoire socialiste, t. 11 : La Guerre franco-allemande (1870-1871), Paris, Flammarion, 1971 [Paris, Jules Rouff et Cie, 1908], p. 292.

14 Jean Norton Cru, Témoins. Essai d’analyse et de critique des souvenirs de combattants édités en français de 1915 à 1928, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 2006 [1re éd., Paris, Les Étincelles, 1929], p. 333. Il emprunte l’expression à l’auteur d’un récit, Georges Kimpfin, Le Premier souffle, Paris, Perrin, 1920, p. 12.

15 Il existe une abondante bibliographie sur ce point qu’il est impossible de citer ici exhaustivement, notamment : Christophe Prochasson, « Les mots pour le dire : Jean-Norton Cru, du témoignage à l’histoire », Revue d’histoire moderne et contemporaine, n° 48, 2001/4, p. 161-189 ; Frédéric Rousseau, Le Procès des témoins de la Grande Guerre : l’affaire Norton Cru, Paris, Le Seuil, 2003 ; Leonard V. Smith, « Jean Norton Cru et la subjectivité de l’objectivité », in Jean-Jacques Becker (dir.), Histoire culturelle de la Grande Guerre. Paris, Armand Colin, p. 89-100 ; id., The Embattled Self. French Soldiers’ Testimony of the Great War, Ithaca and London, Cornell University Press, 2007.

16 Là encore, la Première Guerre mondiale occupe une place considérable dans ce tournant historiographique : Antoine Prost, Jay Winter, Penser la Grande Guerre. Un essai d’historiographie, Paris, Le Seuil, coll. « Points », 2004, p. 30-42, p. 109-213.

17 John Keegan, Anatomie de la bataille. Azincourt 1415, Waterloo 1815, La Somme 1916, Paris, Robert Laffont 1993 [1976 en anglais].

18 Pour les témoignages en langue allemande se pose également la question de la complexité de l’écriture gothique généralement utilisée par les scripteurs.

19 Pour un bilan historiographique sur ce champ : Hervé Mazurel, « Un tournant historiographique : l’histoire culturelle de la guerre en France », Philippe Poirrier (dir.), La Grande Guerre. Une histoire culturelle, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 2015, p. 19-40.

20 Sur cette opposition stérile : Dominique Kalifa, « L’histoire culturelle contre l’histoire sociale ? », in Laurent Martin, Sylvain Venayre (dir.), L’Histoire culturelle du contemporain, Actes du colloque de Cerisy, Paris, Nouveau Monde éditions, 2005, p. 75-84.

21 Roger Chartier, « Le monde comme représentation », Annales ESC, vol. 44, 1989/6, p. 1505-1520.

22 Georg Schild, Anton Schildling (dir.), Kriegserfahrungen. Krieg und Gesellschaft in der Neuzeit: Neue Horizonte der Forschung, Paderborn, F. Schöningh 2009.

23 Alan Forrest, Karen Hagemann, Jane Rendall (eds.), Soldiers, Citizens and Civilians: Experiences and Perceptions of the Revolutionary and Napoleonic Wars, 1790-1820, Basingstoke, Palgrave McMillan 2009 ; Karen Hagemann, Umkämpftes Gedächtnis : die Antinapoleonischen Kriege in der deutschen Erinnerung, Paderborn, Schöningh, 2019 ; Julia Murken, Bayerische Soldaten im Russlandfeldzug 1812 : ihre Kriegserfahrungen und deren Umdeutungen im 19. und 20. Jahrhundert, Munich, C.H. Beck, 2006 ; Ute Planert, Der Mythos vom Befreiungskrieg. Frankreichs Kriege und der deutsche Süden. Alltag, Wahrnehmung, Deutung, 1792-1841, Paderborn, F. Schöningh, 2007.

24 François Dubet, Sociologie de l’expérience, Paris, Le Seuil, coll. « La couleur des idées », 1994, p. 15.

25 Stéphane Audoin-Rouzeau, 1870. La France dans la guerre, op. cit., p. 320.

26 Mareike König, Élise Julien, Rivalités et interdépendances, op. cit., p. 12-15, p. 325-330.

27 Comme a pu le souligner Odile Roynette, « Pour une histoire culturelle de la guerre au xixe siècle », Revue d’histoire du xixe siècle, n° 30, 2005, p. 11-12.

28 Cette cécité n’est désormais plus de mise. Voir notamment les travaux de : Benjamin Brower, A Desert Named Peace : The Violence of France’s Empire in the Algerian Sahara, 1844-1902, New York, Columbia University Press, 2009 ; Jacques Frémeaux, De quoi fut fait l’Empire. Les guerres coloniales au xixe siècle, Paris, CNRS éditions, 2010 ; William Gallois, A History of Violence in the Early Algerian Colony, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2013. Concernant les pratiques de conquête dans le cadre de la construction de l’Empire allemand après 1871 : Isabel V. Hull, Absolute Destruction. Military Culture and the Pratices of War in Imperial Germany, Ithaca, Cornell University Press, 2005 ; Susanne Kuss, German Colonial Wars and the Context of Military Violence, Cambridge, Harvard University Press, 2017 [2011 en allemand].

29 Sur cette notion controversée : Jean-Yves Guiomar, L’Invention de la guerre totale, xviiie-xxe siècle, Paris, Éditions du Félin, 2004 ; David Bell, La Première guerre totale. L’Europe de Napoléon et la naissance de la guerre moderne, Seyssel, Champ Vallon, 2010 [2007 en anglais] ; Stig Förster, Jörg Nagler (eds.), On the Road to Total War. The American Civil War and the German Wars of Unification, 1861-1871, Cambridge, Cambridge University Press, 1997. Pour une discussion sur la pertinence de la notion dans le contexte des guerres de la période 1750-1850 : Bernard Gainot, « Les affrontements militaires sous la Révolution et l’Empire : une « guerre totale » ? », Revue d’histoire moderne et contemporaine, n° 59, 2012/2, p. 178-186.

30 Pour une synthèse récente sur ces travaux : Mareike König, Élise Julien, Rivalités et interdépendances, op. cit., p. 285-295.

31 Dieter Langewiesche, Nikolaus Buschmann, « “Dem Vertilgungskrieg Grenzen setzen” : Kriegstypen des 19. Jahrhunderts und der deutsch-französische Krieg. Gehegter Krieg – Volks- und Nationalkrieg – Revolutionskrieg – Dschihad », in Dietrich Beyrau, Michael Hochgeschwender, Dieter Langewiesche (dir.), Formen des Krieges: Von der Antike bis zur Gegenwart, Paderborn, F. Schöningh, 2007, p. 163-196.

32 Mark R. Stoneman, “The Bavarian Army and French Civilians in the War of 1870-1871. A Cultural Interpretation”, War in History, vol. 8, 2001/3, p. 271-293 ; Odile Roynette, « Le village de la mort. Les “atrocités allemandes” en 1870 », in Anne-Emmanuelle Demartini, Dominique Kalifa (dir.), Imaginaires et sensibilités au xixe siècle. Études pour Alain Corbin, Paris, 2005, p. 257-269 ; Bastian Matteo Scianna, “A Predisposition to Brutality ? German Practices Against Civilians and francs-tireurs during the Franco-Prussian War 1870-1871 and their Relevance for the German ‘Military Sonderweg’ Debate”, Small Wars & Insurgencies, vol. 30, 2019/4-5, p. 968-993.

33 Jacque Hantraye, Les Cosaques aux Champs-Élysées, Paris, Belin, 2005 ; Christine Haynes, Our Friends the Enemies. The Occupation of France after Napoleon, Harvard, Harvard University Press, 2018.

34 Sophie Wahnich (dir.), Histoire d’un trésor perdu. La transmission de l’événement révolutionnaire, 1789-2012, Paris, Les Prairies ordinaires, 2013.

35 Sudhir Hazareesingh, La Saint-Napoléon. Quand le 14 Juillet se fêtait le 15 Août, Paris, Tallandier, 2007 [2004 en anglais].

36 Rachel Chrastil, The Siege of Strasbourg, Cambridge (Mass.), Harvard University Press, 2014 ; Bertrand Taithe, Defeated Flesh. Medecine, Welfare, and Warfare in the Making of Modern France, Manchester, Manchester University Press, 1999, p. 46-130.

37 Sur les francs-tireurs : Armel Dirou, « Les francs-tireurs pendant la guerre de 1870-1871 », in Hervé Coutau-Bégarie (dir.), Stratégies irrégulières, Paris, Economica, 2010, p. 406-438 ; Katja Mitze, « “Seit der babylonischen Gefangenschaft hat die Welt nichts derart erlebt”. Französische Kriegsgefangene und Franctireurs im Deutsch-Französischen Krieg 1870/1871 », in Rüdiger Overmans (dir.), In der Hand des Feindes. Kriegsgefangenschaft von der Antike bis zum Zweiten Weltkrieg, Cologne, Böhlau, 1999, p. 235-254.

38 Wolgang Etschmann, « Guerillas und Franctireurs, 1866 und 1870 », in Erwin Schmidl (dir.), Freund oder Feind ? Kombattanten, Nichtkombattanten und Zivilisten in Krieg und Bürgerkrieg seit dem 18. Jahrhundert, Francfort-sur-le-Main, Peter Lang, 1995, p. 31-44.

39 Robert Tombs, The Paris Commune 1871, New York, London, Longman, 1999 ; Roger V. Gould, “Multiple Networks and Mobilization in the Paris Commune”, American Sociological Review, vol. 56, 1991/6, p. 716-729.

40 En particulier : Geoffrey Best, Humanity in Warfare : The Modern History of the International Law of Armed Conflicts, London, Weidenfeld and Nicolson, 1980 ; Véronique Harouel, Histoire de la Croix-Rouge, Paris, PUF, 1999 ; John F. Hutchinson, Champions of Charity. War and the Rise of the Red Cross, Colorado and Oxford, Wetsview Press, 1996.

41 Dans les Articles additionnels à la Convention de Genève de 1864, qui furent signés en octobre 1868 à Genève, mais qui ne furent pas ratifiés.

42 Gustave Moynier, Étude sur la Convention de Genève pour l’amélioration du sort des militaires blessés dans les armées en campagne (1864 et 1868), Paris, Librairie de Joël Cherbuliez, 1870, p. 303-304.

43 Klaus-Jürgen Bremm, 1866 : Bismarcks Krieg gegen die Habsburger, Darmstadt, Theiss, 2016 ; Dennis E. Showalter, The Wars of German Unification, London, Arnold, 2004 ; Geoffrey Wawro, The Austro-Prussian War: Austria’s War with Prussia and Italy in 1866, Cambridge, Cambridge University Press, 1996.

44 Mark Hewitson, The People’s Wars. Histories of Violence in the German Lands, 1820-1888, Oxford, Oxford University Press, 2017, p. 251-282.

45 Ibid., p. 360.

46 Jean Avenel, La Campagne du Mexique (1862-1867). La fin de l’hégémonie européenne en Amérique du Nord, Paris, Economica, 1996 ; Manuel Charpy, Claire Fredj, Lettres du Mexique. Itinéraires du zouave Augustin-Louis Frélaut 1862-1867, Paris, Éditions Nicolas Philippe, 2003.

47 Cf. la synthèse d’Odile Roynette, Bons pour le service. La caserne à la fin du xixe siècle, Paris, Belin, 2017 [2e éd. 2000], p. 69-89.

48 Pour les combattants, les données proviennent essentiellement des statistiques allemandes établies après-guerre par le docteur Engel, directeur du Bureau central de la statistique de Berlin. Voir sur ce point le bilan avancé par le médecin français : Jean-Charles Chenu, Rapport au conseil de la Société française de secours aux blessés des armées de terre et de mer, sur le service médico-chirurgical des ambulances et des hôpitaux pendant la guerre de 1870-1871, t. 1, Paris, Imprimerie J. Dumaine, 1874, p. LXXIV-LXXV.

49 Stéphane Audoin-Rouzeau, 1870. La France dans la guerre, op. cit., p. 315.

50 Matthew Smallman-Raynor, Andrew D. Cliff, “The Geographical Transmission of Smallpox in the Franco-Prussian War : Prisonner of War Camps and ther Impact upon Epidemic Diffusion Processes in the Civil Settlement System of Prussia 1870-1871”, Medical History, vol. 46, 2002/2, p. 247 p. 241-263

51 Sur cette notion : David A. Bell, « Introduction » à la première partie « La guerre moderne », in Bruno Cabanes, Hervé Mazurel, Thomas Dodman, Gene Tempest (dir.), Une histoire de la guerre du xixe siècle à nos jours, Paris, Le Seuil, 2018, p. 29-36.

52 Sur ces questions, voir la synthèse d’Hervé Mazurel, « Le corps à l’épreuve », in ibid., p. 409-422.

53 Frank Becker, « Fremde Soldaten in der Armee des Feindes. Deutsche Darstellungen der Französischen “Turko”-Truppen im Krieg 1870/1871 », in Christian Geulen, Anne von der Heiden, Burkhard Liebsch (dir.), Vom Sinn der Feindschaft, Berlin, Akademie Verlag, 2002, p. 167-181 ; Thomas Rohkrämer, “Daily Life at the Front”, in Stig Förster, Jörg Nagler (eds.), On the Road to Total War, op. cit., p. 511-515.

54 Mark Hewitson, The People’s Wars. Histories of Violence, op. cit., p. 261.

55 Entendue comme une série « de réflexes, de références, de motifs, qui finissent par construire un véritable imaginaire de papier, de plus en plus massif et de plus en plus partagé, qui triomphe à la veille de 1914 » : Dominique Kalifa, Philippe Régnier, Marie-Ève Thérenty, Alain Vaillant, La Civilisation du journal. Histoire culturelle et littéraire de la presse française au xixe siècle, Paris, Nouveau Monde éditions, 2011, p. 13.

56 Ulrich Keller, The Ultimate Spectacle: A Visual History of the Crimean War, Amsterdam, Gordon and Breach, 2001.

57 Matthias Miller, « Photographier la guerre en 1870-1871 », in Mathilde Benoistel, Sylvie Ray-Burimi, Christophe Pommier (dir.), France Allemagne(s) 1870-1871. La guerre, la Commune, les mémoires, Paris, Gallimard, 2017, p. 97-98.

58 Ibid.

59 Howard G. Brown, Mass Violence and the Self: From the French Wars of Religion to the Paris Commune, Ithaca (N.Y.), Cornell University Press, 2018, p. 176-177, p. 187.

60 Frank Becker, Bilder von Krieg und Nation, op. cit., p. 499.

61 À ce propos : Sandra Chapelle, Odile Roynette, « Tuer le temps : le journal d’Auguste Castan pendant la guerre de 1870-1871 », Revue d’histoire du xixe siècle, n° 51, 2015/2, p. 167.

62 Sylvie Le Ray-Burini, « “Comme un rêve de pierre”. Ruines et oubli de la guerre de 1870-1871 », in Mathilde Benoistel, Sylvie Ray-Burimi, Christophe Pommier (dir.), France Allemagne(s) 1870-1871, op. cit., p. 92.

63 Karine Varley, Under the Shadow of Defeat. The War of 1870-1871 in French Memory, New York, Palgrave Macmillan, 2008 ; Stéphane Tison, Comment sortir de la guerre ? Deuil, mémoire et traumatisme (1870-1940), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011, p. 135-155, p. 241-258 ; Christine G. Krüger, “German Suffering in the Franco-German War”, German History, vol. 29, 2011/3, p. 404-422 ; June Hargrove, Neil McWilliam, Nationalism and French Visual Culture, 1870-1914, New-Haven/London, Yale University Press, 2005 ; Bertrand Tillier, « Spectaculariser l’Année terrible », in Mathilde Benoistel, Sylvie Ray-Burimi, Christophe Pommier (dir.), France Allemagne(s) 1870-1871, op. cit., p. 114-120.

64 Frank Becker, Bilder von Krieg und Nation, op. cit., p. 182-185, p. 237.

65 Comme dans le cas des représailles contre les civils de Bazeilles : Odile Roynette, « Le village de la mort », art. cit. p. 265-266.

66 Léon Le Fort, La Chirurgie militaire et les sociétés de secours de France et à l’étranger, Paris, Librairie Germer Baillière, 1872, p. 231.

67 Jasper Heinzen, Making Prussians, Raising Germans: A Cultural History of Prussian State-Building after Civil War, 1866-1935, Cambridge, Cambridge University Press, 2017, p. 216-254 ; Jean H. Quataert, Staging Philanthropy: Patriotic Women and the National Imagination in Dynastic Germany, 1813-1916, Ann Arbor, University of Michigan Press, 2001, p. 79-89.

68 Mareike König, « Quelles perspectives pour l’histoire de la guerre 1870-1871 à l’ère du numérique ? », Guerre franco-allemande, 24 mai 2020, en ligne [https://guerre1870.hypotheses.org/1924] (consulté en mai 2020).

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Pour citer cet article

Référence papier

Mareike König et Odile Roynette, « Introduction. Être en guerre (1870-1871) : les formes d’un réexamen »Revue d'histoire du XIXe siècle, 60 | 2020, 75-89.

Référence électronique

Mareike König et Odile Roynette, « Introduction. Être en guerre (1870-1871) : les formes d’un réexamen »Revue d'histoire du XIXe siècle [En ligne], 60 | 2020, mis en ligne le 02 janvier 2023, consulté le 28 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/rh19/6856 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rh19.6856

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Auteurs

Mareike König

Mareike König est historienne et directrice du département Humanités numériques, à l’Institut historique allemand à Paris

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Odile Roynette

Odile Roynette est maîtresse de conférences habilitée en histoire contemporaine, à l’Université Bourgogne-Franche-Comté et chercheuse associée au CESPRA (EHESS)

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