Résumés
Cet article propose un panorama des connaissances sur les solidarités transnationales entre contre-révolutionnaires européens au xixe siècle. Généralement désignées sous le terme d’« internationale blanche », pour rappeler la couleur symbolique des mouvements légitimistes de l’époque, ces solidarités ont fait l’objet depuis une dizaine d’années d’un certain nombre d’études qui ont validé la légitimité d’un tel concept et l’existence d’une telle internationale. En s’appuyant principalement sur quatre thèses récentes centrées sur cet internationalisme, l’article se propose de faire un bilan d’étape des résultats déjà acquis et des perspectives ouvertes par ces recherches. Il revient d’abord sur la pertinence du concept d’internationale blanche et sur l’objet qu’il délimite. Ce sont ensuite les images et les discours qui structurent cet internationalisme qui sont au cœur de l’étude. La sociologie de l’internationale blanche est analysée à travers différents prismes. Enfin, l’article s’arrête sur quelques répertoires d’action mobilisés par les contre-révolutionnaires pour rendre tangible cet internationalisme. L’argumentation insiste particulièrement sur la modernité paradoxale de la contre-révolution européenne au xixe siècle, qui réussit à développer des instruments parfaitement adaptés à son temps pour faire triompher ses idées.
This article offers a panorama of knowledge on transnational solidarities between European counter-revolutionaries in the 19th century. Generally referred to as the “white international”, to recall the symbolic colour of the legitimist movements of the time, these solidarities have been the subject of numerous studies over the last ten years, which have validated the legitimacy of such a concept and the existence of this very international. Based mainly on four recent theses focusing on this internationalism, the article proposes to draw a provisory balance of the results already acquired and the perspectives opened up by this body of research. First, it points out the relevance of the “white international” concept and the object it delineates. Then, the images and discourses that structure this internationalism are situated at the heart of the study. The sociology of the white international is analysed through different prisms. Finally, the article focuses on some of the repertoires of action mobilised by counter-revolutionaries to make this internationalism tangible. The argumentation particularly insists on the paradoxical modernity of the European counter-revolution in the 19th century, which succeeded in developing instruments perfectly adapted to its time to make its ideas triumph.
Dieser Artikel bietet einen Wissensüberblick über transnationale Solidaritäten zwischen europäischen Gegenrevolutionären im 19. Jahrhundert. In Anknüpfung an die symbolische Farbe der legitimistischen Bewegungen jener Zeit allgemein als „weiße Internationale“ bezeichnet, waren diese Solidaritäten in den letzten rund zehn Jahren Gegenstand einer Reihe von Studien, die die Fruchtbarkeit des Konzepts und die Existenz einer solchen Internationale bestätigt haben. Der Artikel stützt sich hauptsächlich auf vier neuere Thesen dazu und zieht eine Zwischenbilanz der bereits erzielten Ergebnisse und der neueröffneten Forschungsperspektiven. Einleitend behandelt der Artikel die Relevanz des Konzepts der weißen Internationale und das damit beschriebene Objekt. Anschließend werden Bilder und Diskurse untersucht, die diesen Internationalismus strukturieren. Anhand verschiedener Prismen wird die Soziologie der weißen Internationale analysiert. Abschließend konzentriert sich der Artikel auf einige der Aktionsrepertoires, die von Konterrevolutionären mobilisiert wurden, um diesen Internationalismus greifbar zu machen. Die Argumentation beharrt insbesondere auf der paradoxen Modernität der europäischen Gegenrevolution im 19. Jahrhundert, der es gelang, ihren Ideen durch perfekt an ihre Zeit angepasste Instrumente zum Triumph zu verhelfen.
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Plan
L’internationale blanche : retour sur un concept
Du bon usage du terme « internationale »
Une ou des internationales blanche(s) ?
L’internationale au miroir de ses acteurs
Imaginaires et discours de l’internationalisme contre-révolutionnaire
Une internationale des idées
Une internationale religieuse ?
Dispositifs médiatiques et discours publics
Sociographie d’une politisation transnationale
Internationalisme et illégalité
La place centrale des exils
Visibles et invisibles dans l’internationale blanche
Les répertoires d’action de l’internationale blanche
Entre diplomatie officielle et diplomatie officieuse
Le volontariat militaire, un répertoire d’action de l’âge romantique
Financement et circulations matérielles au sein de l’internationale blanche
Aperçu du début du texte
Dans l’introduction qu’il proposait il y a vingt ans au volume d’actes La Contre-révolution en Europe, xviiie-xixe siècles, Jean-Clément Martin écrivait que « l’action de la Contre-Révolution [avait] ainsi contribué notablement à marquer le xixe siècle, autant au moins que les courants révolutionnaires ». Il faisait précéder ce constat d’une formule révélatrice : « sans vouloir cultiver le paradoxe », manière de concéder qu’il était provocateur de donner à la contre-révolution une importance équivalente à celle des mouvements révolutionnaires dans l’émergence de la modernité politique en Europe au xixe siècle. C’est dire le chemin parcouru en deux décennies, puisqu’il est aujourd’hui largement admis par les historiens que les mouvements contre-révolutionnaires, bien qu’ils aient échoué dans leurs projets, ont joué un rôle majeur dans les processus politiques qui marquent le continent européen, mais aussi l’espace américain, à cette époque. Les nombreux travaux parus depuis le début ...
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Pour citer cet article
Référence papier
Alexandre Dupont, « Contre-révolutionnaires de tous les pays… Bilan d’étape sur l’internationale blanche », Revue d'histoire du XIXe siècle, 61 | 2020, 195-212.
Référence électronique
Alexandre Dupont, « Contre-révolutionnaires de tous les pays… Bilan d’étape sur l’internationale blanche », Revue d'histoire du XIXe siècle [En ligne], 61 | 2020, mis en ligne le 01 janvier 2024, consulté le 03 mars 2021. URL : http://journals.openedition.org/rh19/7182 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rh19.7182
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