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Dossier : Féministes en révolution

Mouvements féministes allemands et révolutions : des liaisons dangereuses

German Feminist Movements and Revolutions: Dangerous Liaisons
Anne-Laure Briatte
p. 71-87

Résumés

La présente contribution étudie les interactions entre les mouvements féministes bourgeois et ouvriers allemands de la seconde moitié du xixe siècle. Elle interroge les rapports des féministes allemandes avec la révolution, considérée comme origine du mouvement féministe ou comme moyen de transformer la société. Faites d’un mélange d’attirance et de rejet, les relations entre féministes allemandes et révolutions ou idéologies révolutionnaires lors du « long xixe siècle » étaient contraintes par des facteurs, politiques, stratégiques et idéologiques. Les Allemandes ayant participé aux révolutions 1848-1849 ont essuyé un sévère retour de bâton, avec l’adoption de lois qui visaient explicitement à tenir les femmes éloignées de la sphère publique. De plus, la loi d’exception contre la social-démocratie (1878) interdisait ce parti et ses idées. Face à ces contraintes politiques, la stratégie des féministes bourgeoises consistait à afficher le caractère prétendument inoffensif de leurs activités ; la plupart se tenaient également à l’écart des associations d’ouvrières, laissant un fossé se creuser entre les femmes de milieux différents. Les féministes « radicales », qui se situaient à mi-chemin entre le mouvement féministe bourgeois et l’aile féministe de la social-démocratie, ont cependant déployé une politique sociale et leurs leaders se sont sensiblement rapprochées du socialisme – sans toutefois s’encarter – lors de la révolution de 1918-1919.

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Cairn

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Plan

Expériences révolutionnaires et retours de bâton
La Révolution française, un contre-modèle dans les pays allemands
Répression antiféministe dans les États allemands après la révolution de 1848-1849
Poursuivre la lutte sous de nouvelles contraintes
Quand le fossé se creuse entre deux mouvements pourtant proches
Lois associatives et loi antisocialiste : une épée de Damoclès
Autres facteurs de désolidarisation entre féministes bourgeoises et travailleuses
La question sociale et le socialisme chez les féministes radicales
La politique sociale des féministes radicales et ses limites
Minna Cauer ou le dilemme politique
L’idée socialiste, le dernier espoir des leaders féministes « radicales » ?

Aperçu du texte

En octobre 1865, à la date anniversaire de la « bataille des Nations » de 1813, qui marqua un tournant historique dans les guerres antinapoléoniennes, l’Association générale des femmes allemandes [Allgemeiner Deutscher Frauenverein], présidée par l’écrivaine et féministe Louise Otto-Peters, déjà présidente de l’Association culturelle féminine de Leipzig [Leipziger Frauenbildungsverein], vit le jour dans le royaume de Saxe. Cet événement marque le début de la constitution d’un mouvement féministe dans ce qui allait devenir l’Empire allemand en 1871. Il ne fut pas un fait isolé, puisque de nombreuses autres associations féminines furent fondées dans les années 1860, profitant d’un vent libéral qui soufflait sur les gouvernements des États allemands. Le féminisme allemand n’en plonge pas moins ses racines dans la révolution de 1848, à laquelle avaient participé des femmes de lettres engagées telles que Louise Otto, Emma Herwegh, Louise Aston ou encore Mathilde Franziska Anneke. Depuis ...

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Pour citer cet article

Référence papier

Anne-Laure Briatte, « Mouvements féministes allemands et révolutions : des liaisons dangereuses »Revue d'histoire du XIXe siècle, 66 | 2023, 71-87.

Référence électronique

Anne-Laure Briatte, « Mouvements féministes allemands et révolutions : des liaisons dangereuses »Revue d'histoire du XIXe siècle [En ligne], 66 | 2023, mis en ligne le 02 janvier 2026, consulté le 30 novembre 2023. URL : http://journals.openedition.org/rh19/8934 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rh19.8934

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Auteur

Anne-Laure Briatte

Anne-Laure Briatte est maîtresse de conférences en histoire et civilisation allemandes, SIRICE – Sorbonne Université.

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Droits d’auteur

CC-BY-SA-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-SA 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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