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Dossier: Nouvelles approches du catholicisme

La fin des vocations forcées ? Le consentement féminin à la vie religieuse (France et Espagne, XIXe siècle)

The End of Forced Vocations? Consent to Female Religious Life in Nineteenth-Century France and Spain
Inès Anrich
p. 17-35

Résumés

En France et en Espagne au XIXe siècle, les congrégations féminines connaissent un essor spectaculaire. Pourtant, dans l’imaginaire, les sœurs prennent le voile par suite de contraintes familiales ou de manipulations cléricales, en contradiction avec le volontariat massif qui caractérise l’entrée dans les ordres. En articulant des sources imprimées (romans, journaux, essais) et des archives qui documentent les sorties de l’état religieux, cet article propose de déconstruire de telles représentations pour étudier le consentement féminin à la vie religieuse à partir d’un angle détourné : les trajectoires, très minoritaires, de celles qui disent ne pas ou ne plus y consentir. Ainsi, au XIXe siècle, les vocations forcées sont si peu nombreuses qu’il est préférable de se défaire de cette catégorie pour envisager les trajectoires de sœur qui disent « manquer de vocation » ou dont l’entrée en religion s’assimile à une « vocation résignée », ce qui donne avoir toute la palette du consentement des femmes à la vie consacrée.

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Cairn

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Plan

L’imaginaire social et « l’impossible consentement » féminin
La vocation forcée comme matrice pour raconter l’entrée en religion des femmes
L’Espagne, terre de prédilection pour les vocations forcées
Michelet et le thème des vocations manipulées
Dire et penser le défaut de consentement à la vie religieuse
Du manque de vocation aux vocations résignées
Les pressions à la profession religieuse : des contraintes indicibles ?
Reste-t-il des vocations forcées au XIXe siècle ?

Aperçu du texte

En 1861, la veuve Bois écrit à la direction des Cultes du ministère de l’Intérieur pour demander le retour à ses côtés de sa fille, religieuse à la Visitation de Dijon :

La soussignée Marie Barbe Pellier, veuve de Félicien Bois […] a l’honneur de vous exposer très humblement […] qu’elle a eu de son mariage deux enfants, dont un garçon et une fille Clémence Bois, actuellement religieuse au Couvent de la Visitation à Dijon (Côte d’Or). […] Plusieurs demandes réitérées qu’elle a adressées à la Communauté pour que l’on voulu bien la lui renvoyer sont restées infructueuses, par le motif, que la dite Communauté ne l’a pas forcée à prononcer ses vœux […]. Mais comme [la soussignée] connaît bien le cœur de son enfant, elle croit être sûre qu’on l’a tellement persécutée pour qu’elle se fasse religieuse, on l’a tellement engagée de se consacrer à Dieu qu’elle se vue forcée de le faire. [sic]

Comme des dizaines de parents qui, au XIXe siècle, s’adressent au gouvernement français pour protester c...

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Pour citer cet article

Référence papier

Inès Anrich, « La fin des vocations forcées ? Le consentement féminin à la vie religieuse (France et Espagne, XIXe siècle) »Revue d'histoire du XIXe siècle, 69 | 2024, 17-35.

Référence électronique

Inès Anrich, « La fin des vocations forcées ? Le consentement féminin à la vie religieuse (France et Espagne, XIXe siècle) »Revue d'histoire du XIXe siècle [En ligne], 69 | 2024, mis en ligne le 01 février 2025, consulté le 13 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/rh19/9819 ; DOI : https://doi.org/10.4000/134jd

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Auteur

Inès Anrich

Inès Anrich est docteure en histoire, ATER à Sorbonne Université et membre du Centre d’histoire du XIXe siècle

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Droits d’auteur

CC-BY-SA-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-SA 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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