Résumés
Cet article propose une relecture des origines d’un des épisodes fondateurs de la Troisième République, la crise du 16 mai 1877. L’élément déclencheur de celle-ci est bien connu – la dénonciation par Gambetta des « menées ultramontaines » auxquelles le gouvernement de l’Ordre moral aurait laissé libre cours –, mais peu de chercheurs se sont interrogés jusqu’à présent sur ce que ces « menées » représentaient vraiment. En s’appuyant sur les fonds des Archives vaticanes, l’article reconsidère cet épisode selon une perspective d’histoire transnationale, en le réinsérant dans le contexte plus large, d’échelle européenne voire transatlantique, des mobilisations catholiques en faveur de la papauté sous le pontificat de Pie IX.
This article examines the origins of one of the founding episodes of the Third Republic, the crisis of May 16, 1877. The trigger for the crisis is well known – Gambetta’s denunciation of the ‘ultramontane intrigues’ to which the government of the Moral Order had given free rein – but until now, few historians had examined what these ‘intrigues’ really meant. Based on the Vatican Archives, this article reconsiders this episode from a transnational perspective, viewing it in a wider context, thus examining Catholic mobilisations in support of the papacy under the pontificate of Pius IX on a European or even transatlantic scale.
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Plan
Le renouveau de la mobilisation autour de la question romaine au printemps 1877
L’allocution consistoriale Luctuosis exagitati
Une mobilisation suscitée par le Saint-Siège
Une mobilisation transnationale aux résultats limités
L’échec de la mobilisation en France
L’action du nonce Meglia
Un épiscopat divisé, mais dans l’ensemble prudent
La mobilisation du laïcat
Lectures de la mobilisation catholique
L’interprétation républicaine : les « menées ultramontaines »
Un mouvement catholique français conscient de ses faiblesses
Les limites de l’internationalisme catholique
Aperçu du texte
Le 4 mai 1877, les députés discutent d’une interpellation lancée par les trois groupes de la gauche républicaine au président du Conseil Jules Simon à propos des « mesures qu’il a prises et se propose de prendre pour réprimer les menées ultramontaines dont la recrudescence inquiète le pays ». À cette occasion, Léon Gambetta prend la parole et prononce l’un de ses discours les plus célèbres, conclu par la fameuse pique « le cléricalisme ? Voilà l’ennemi ! ».
Depuis longtemps, l’importance du discours sur « les menées ultramontaines » a été soulignée : il débouche sur le vote d’un ordre du jour anticlérical dont l’acceptation par Jules Simon est à l’origine de la crise du 16 mai 1877, l’un des événements fondateurs de la Troisième République, qui conduit à l’installation durable des républicains au pouvoir. Les historiens ont par ailleurs signalé que l’agitation catholique alors dénoncée par les républicains, se produit en réponse à une allocution prononcée par le pape Pie IX le 12 mar...
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Pour citer cet article
Référence papier
Arthur Hérisson, « Aux origines romaines de la crise du 16 mai 1877 : les « menées ultramontaines » en Europe et en France », Revue d'histoire du XIXe siècle, 69 | 2024, 53-68.
Référence électronique
Arthur Hérisson, « Aux origines romaines de la crise du 16 mai 1877 : les « menées ultramontaines » en Europe et en France », Revue d'histoire du XIXe siècle [En ligne], 69 | 2024, mis en ligne le 01 février 2025, consulté le 13 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/rh19/9828 ; DOI : https://doi.org/10.4000/134jf
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