« La vie des sources » de l’historien.n.e / Le devenir des sources de l’historien.n.e. Textes issus d’une table ronde animée par Agnès Magnien et François Robinet
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1Les deux textes présentés ci-dessous, proposés par Patrice Marcilloux et Valérie Tesnière, sont issus d’une table ronde tenue, dans le cadre du Congrès de l’Association pour le développement de l’histoire culturelle (ADHC), le samedi 22 septembre 2023. Animée par Agnès Magnien et François Robinet, cette table ronde s’organisait autour de trois grandes thématiques :
De votre point de vue professionnel – en l’occurrence ici, Patrice Marcilloux, enseignant-chercheur en archivistique, Valérie Tesnière, conservatrice –, quels enjeux soulève la question de la « vie des sources », de leur devenir ?
Que sont les archives de l’historien.n.e ? On évoque le devenir des « archives » ou des « sources » constitutifs d’une « mémoire » des historien.n.es ? De quoi parle-on exactement ? Peut-on dresser une typologie de ces archives ? Quel est, finalement, le statut de cette mémoire ainsi constituée ?
Quelles sont les conséquences sur le devenir des « sources de l’historien.n.e » des technologies numériques en termes de collecte, gestion, conservation, accès, publications etc. ? Quels sont les changements en termes d’usages, de statuts, d’accessibilité ?
Patrice Marcilloux - Un moment pour les archives des historiens ?
- 1 Nadège Vezinat, Sociologie des groupes professionnels, Paris, Armand Colin, 2016, 128 p. ; Didier D (...)
2La question de la relation des historiens au monde des archives et plus particulièrement celle de la préservation des archives des historiens sont régulièrement posées en termes de spécificité : le dialogue singulier des historiens avec leurs sources, leur statut d’usager régulier des services d’archives et de bons connaisseurs des fonds d’archives, leur long coudoiement des archivistes, souvent cordial ou familier, nimberaient du halo du paradoxe, voire expliqueraient, une supposée sous-collecte des archives des historiens par l’institution archivistique. Ainsi, les questionnements autour des archives produites par les historiens s’inséreraient logiquement et inévitablement dans la complexité globale des rapports entre les deux professions. De fait, il n’est guère niable que ces rapports revêtent souvent une dimension de choc de deux professionnalités, au sens sociologique du terme : concurrences de territoires d’exercice avec prétentions au monopole sur ces territoires, revendications croisées de missions (mandats) permettant de légitimer des positions et de construire des identités et des cultures professionnelles1. Mais cette approche n’a-t-elle pas tendance à enfermer le débat, à borner l’horizon de la réflexion et à minimiser les apports de réflexions plus générales qu’elles concernent les archives d’autres champs disciplinaires ou qu’elles résultent de l’élaboration théorique archivistique internationale ? Nous voudrions ici ouvrir un espace de discussion en relativisant cette approche d’une triple façon : en soulignant combien les historiens ont à propos des archives des perceptions et des modes d’agir communs à tous les chercheurs, en rappelant l’intérêt des contributions proprement archivistiques en la matière et en signalant quelques tendances actuelles et évolutions possibles.
Des archives de chercheurs comme les autres ?
- 2 Magalie Moysan, « Usages d’archives et pratiques d’archivage dans la recherche biomédicale de 1968 (...)
3L’idée selon laquelle les historiens disposeraient de connaissances précises sur les archives, supérieures en tout cas à celles d’autres professions scientifiques, doit en premier lieu être nuancée. Trois études menées à l’université d’Angers à des dates et des niveaux différents autorisent quelques conclusions. Conduites avec des dispositifs méthodologiques qui autorisent des comparaisons – questionnaires partiellement communs notamment –, elles partagent une même volonté de mettre au premier plan le producteur des archives, ses conceptions, ses représentations, ses pratiques aussi, ceci à travers l’analyse détaillée de trois groupes de scientifiques : des épidémiologistes et généticiens ; des chercheurs ressortissant des sciences du végétal ; des historiens2. On constate que les historiens ne maîtrisent pas mieux la définition légale des archives que leurs collègues des sciences expérimentales ou dure : les uns et les autres définissent majoritairement les archives par une rupture d’usages qui ne figure pas dans la définition française consignée au Code du patrimoine. Les uns et les autres communient dans des représentations qui ne sont pas fondamentalement divergentes. Loin des stéréotypes qu’on se plaît parfois à véhiculer et dont il faudrait d’ailleurs vérifier la prégnance en population générale, ils n’associent que peu le mot archives à des mots négativement connotés comme poussière ou cave ou opacité. Ils les associent en revanche majoritairement à des notions positives comme ressources, utilité et bien sûr patrimoine, sans qu’il soit possible d’objectiver des différences significatives entre les historiens et les scientifiques issus des sciences expérimentales ou formelles. Les uns comme les autres n’envisagent le transfert de leurs archives vers un service d’archives qu’avec prudence, n’en faisant qu’une possibilité parmi d’autres qui peuvent avoir leur préférence, qu’il s’agisse de la cession à un collègue ou au laboratoire ou de l’absence de décision. Ils revendiquent en revanche des pratiques de classement de leurs propres archives qui ne sont pas complètement a-professionnelles, qu’ils disent d’ailleurs avoir fait évoluer au cours du temps et de l’évolution de leurs méthodes de travail, mais là encore sans différence d’intensité significativement repérable entre les trois groupes professionnels enquêtés.
- 3 Brigitte Mazon, « L'historien et ses archives », Matériaux pour l'histoire de notre temps, 2003, n° (...)
- 4 Marie-Françoise Limon-Bonnet, Fabien Oppermann, « Collecter et mettre à disposition les archives de (...)
- 5 Portail archives numériques et données de la recherche, [en ligne], disponible sur https://pandor.u (...)
4S’il l’on souhaite absolument mettre en avant une spécificité des historiens, c’est plutôt du côté des versements effectivement constatés qu’il faut chercher. Nombreux sont les retours d’expériences d’archivistes en poste dans des institutions universitaires et de recherche qui relatent leurs difficultés à convaincre les historiens de considérer leurs archives comme des ensembles dignes d’être versés ou déposés dans des services d’archives. En 2002 par exemple, Brigitte Mazon, responsable des archives de l’EHESS, insiste à propos de de la difficile collecte de quatre fonds d’historiens, Lucien Febvre, Robert Mandrou, Pierre Francastel, Philippe Ariès, sur le « rapport paradoxal qu’entretiennent ces historiens avec leurs archives ». Elle s’étonne longuement du fait « qu’ils ne manifestent aucune conscience du fait que les papiers qu’ils ont accumulés au cours de leur vie puissent un jour constituer un fonds d’archives ». Et d’ajouter que « pour chacun d’entre eux, ne semblent être des archives que ces sources historiques qu’ils ont consultées dans les dépôts d’archives au profit de leurs recherches »3. Elle insiste d’ailleurs sur le rôle des épouses dans la gestion des archives de ces quatre grands historiens et dans des démarches de donation, toutes posthumes. Sans remettre en cause ces ressentis professionnels, il faut rappeler que les différentes entreprises de recensement des fonds conservés dans les services publics d’archives dans le domaine des sciences humaines et sociales concluent à une nette surreprésentation des archives d’historiens par rapport à d’autres disciplines. Lancée en 2004 par le ministère de l’Éducation nationale, la direction des Archives de France et le réseau des Maisons des sciences de l’homme, une première enquête fait état en 2008 de 254 fonds repérés dont 154 dans le domaine de l’histoire, loin devant l’archéologie (32 fonds) et les lettres (24 fonds) qui viennent ensuite4. Le portail PANDOR de la MSH de Dijon qui donne accès à la version actualisée de cette enquête fait connaître 162 fonds d’historiens sur un total resté identique5. Il est vrai que de multiples facteurs peuvent expliquer cet état de fait à commencer par une affirmation disciplinaire plus ancienne pour l’histoire que pour d’autres sciences sociales, sociologie par exemple.
- 6 Patrice Marcilloux, « Des archives d’entreprises aux archives du monde du travail. Quelques remarqu (...)
5Cette approche quantitative soulève une autre question qui touche à la manière dont on catégorise les archives de sciences humaines et sociales : qu’appelle-t-on fonds d’historiens ? Que fait-on des historiens amateurs ? Les archives des historiens de l’art soulèvent-elles des problèmes particuliers ? Il y a là un problème de découpage disciplinaire et de frontières entre disciplines, mouvantes historiquement et âprement défendues sociologiquement. Il s’agit aussi d’un intéressant sujet de réflexion archivistique. Nous avons tenté de démontrer à propos des archives d’entreprises peu à peu transformées en archives du monde du travail dans les années 1980 combien les processus de catégorisation archivistique ne sont pas seulement des désignations thématiques mais constituent aussi un mécanisme typique de l’archivistique sociale au sens où ils résultent d’une interlocution entre producteurs, administration des archives et logiques d’usages. Essentiellement adaptatif, le processus de catégorisation archivistique permet aux systèmes archivistiques de faire face à des besoins nouveaux et des demandes sociales tout en les assimilant progressivement6. Or, les archives d’historiens partagent avec les archives scientifiques en général une catégorisation inaboutie et encore tâtonnante. Les rubriques servant à décrire dans le rapport annuel d’activité des Archives de France la collecte et les enrichissements de l’année, inévitablement prescriptives, marquent une hésitation dans l’éventuelle traduction d’une possible spécificité des archives des historiens. Dans les années 1980, il existe, aux côtés des « fonds familiaux », « archives d’associations » ou « papiers d’architectes », une catégorie « papiers de savants, d’érudits, d’hommes de lettres ou d’artistes ». Cette catégorie disparaît, sans être remplacée, en 1985. Il faut attendre 1995 pour voir apparaître une catégorie « archives scientifiques ».
Archivistes et historiens : le point de vue de la théorie archivistique
- 7 Cité par Odile Krakovitch, « La découverte des sources révolutionnaires, il y a cent ans. Les inven (...)
- 8 Hilary Jenkinson, A Manual of Archive administration including the problems of War Archives and Arc (...)
6La proximité culturelle, intellectuelle des archivistes et des historiens, ce qui n’exclut pas les enjeux de pouvoir et les compétitions de légitimité, est souvent mise en avant comme facteur explicatif qui brouillerait les rôles et obscurcirait les responsabilités. On connaît les mots d’Alphonse Aulard formulés en 1887, alors qu’il entamait sa monumentale édition des Actes du Comité de Salut public : « Les chartistes rient beaucoup, et avec raison, des erreurs de détail des historiens. Les historiens blâment, et ils n'ont pas tort, l'impuissance où sont quelques chartistes de faire un livre. Le remède n'est-il pas que tous les historiens soient des chartistes et que tous les chartistes soient des historiens7 ? ». Chartistes et archivistes étaient alors pour ainsi dire synonymes. Si le modèle de l’archiviste historien a incontestablement été dominant, en Europe du moins, pendant tout le XIXe siècle et une bonne partie du XXe siècle, il n’est pas inutile d’insister, pour comprendre plus profondément les phénomènes, sur le fait que la théorie archivistique internationale n’a jamais prôné cette alliance de l’historien et de l’archiviste, en soulignant tantôt les dangers, tantôt les limites. Hilary Jenkinson, méconnu en France mais auteur d’un très fameux manuel d’archivistique, publié pour la première fois en 1922 et réédité en 1937 et encore en 1965, plaide même pour une sorte de distance déontologique entre archivistes et historiens : « the Archivist is not and ought not to be an Historian. He will need of course, some knowledge of History and may be interested in it personally, just as he may be interested in Metallurgy or any other science : but his duty is to his Archives, independently of any of the Research subjects (of which at present History is the most prominent) which make use of Archives for their own ends ; and therefore an interest in any of these subjects, since it might give him a prepossession in favour not only of a subject but also perhaps of a school of opinion within that subject, might be more than inconvenient or inappropriate, it might be positively dangerous8.»
- 9 Typique de ce genre de production : John Ridener, From Polders to Postmodernism. A Concise History (...)
- 10 Terry Cook, « The Archive(s) Is a Foreign Country: Historians, Archivists, and the Changing Archiva (...)
- 11 Terry Cook, Landscapes of the Past : Archivists, Historians and the Fight for Memory, Madrid, confé (...)
7Cette archivistique, souvent qualifiée de classique par les manuels d’histoire des théories archivistiques qui servent de base à l’enseignement de l’archivistique dans la sphère anglophone9, laisse la place dans les années 1990 au courant de l’archivistique dite postmoderne, notamment portée par l’archiviste canadien Terry Cook. Issue de la réception nord-américaine de philosophes français réunis sous l’appellation globale de French Theory, ce courant de pensée archivistique, très riche et fécond, repose sur la réfutation radicale de l’idée même d’archives réceptacles objectifs enfermant de manière neutre une information sur le passé passivement conservée par l’archiviste pour autoriser le travail de l’historien. L’archiviste, sur le pouvoir duquel on insiste désormais fortement, se trouve dès lors repositionné par rapport à l’historien. Il cesse d’être un gardien passif de documents pour devenir le cocréateur des archives et un producteur d’histoire ou de mémoire de plein exercice : « from passive keeper guarding the past to active mediator self-consciously shaping society’s collective memory10 », les archivistes « shape society’s texts, and are part of its story, not just its footnotes11 ».
- 12 Anne Klein, Archive(s), mémoire, art. Éléments pour une archivistique critique, Québec, Presses de (...)
8Plus récemment, Anne Klein, professeure d’archivistique à l’université Laval, lectrice attentive de Walter Benjamin à laquelle elle a consacré sa thèse de doctorat, envisage les conditions d’un transfert de sa pensée en archivistique. Proposant de mettre au cœur de l’archivistique le moment qu’elle nomme « l’exploitation », elle estime que c’est par une mise en récit que les archives autorisent une forme de transmission du passé12. La figure du conteur benjaminien (der Erzähler) se retrouve potentiellement dans tout utilisateur des archives, historien ou non. On ne sera donc pas surpris de voir Anne Klein s’intéresser particulièrement à une catégorie de « conteurs » qui proposent une exploitation des archives assez éloignée de celle des historiens : les artistes contemporains représentatifs de ce qu’on a pu appeler « l’art de l’archive ».
Autour des données : des nouveaux possibles ?
- 13 Agence nationale de la recherche, « Modèle de plan de gestion des données (PGD) », Paris, ANR, 2019 (...)
- 14 Marie Cornu, Vincent Négri, Code du patrimoine, commenté et annoté, Paris, Dalloz, 2017, p. 67.
- 15 « Do documento aos dados, alguns comentários sobre a história da definição legal dos arquivos na Fr (...)
- 16 Roger T. Pedauque, Le Document à la lumière du numérique : forme, texte, médium : comprendre le rôl (...)
- 17 Gérald Kembellec, Olivier Le Deuff (dir.), « Data paper : émergence d’une nouvelle donne scientifiq (...)
9Les données sont à la mode. Les historiens, comme d’autres chercheurs, en font désormais la rencontre régulière et obligatoire à travers les plans de gestion de données exigés par exemple par l’Agence nationale de la recherche pour tous les programmes qu’elle finance13. Du côté des archives, on sait que c’est en 2016 que la notion de données a été ajoutée, non sans débats, à la définition légale des archives donnée par le Code du patrimoine : « Les archives sont l’ensemble des documents, y compris les données etc. » Plusieurs analystes ont émis quelques doutes sur la pertinence de cet emprunt au vocabulaire de l’open data : « la donnée non qualifiée ne constituait pas jusqu’alors une catégorie pertinente14. » Nous avons-nous-mêmes souligné le caractère hâtif de cette évolution définitionnelle, très largement commandée par un désir d’efficacité professionnelle consistant à faciliter la présence des archivistes dans le champ du numérique15. Et pourtant, cet alignement terminologique pourrait offrir de nouvelles possibilités de reconfiguration de la relation des historiens à leurs archives et des archivistes aux archives des historiens. Les théories classiques du document insistent sur sa tridimensionnalité (forme, contenu, fonction transactionnelle) et le font principalement reposer sur un contrat de lecture, en faisant une « relation sociale instituée », ce que ne sont pas les données isolément considérées16. Les historiens commencent à s’engager fermement dans la production et la diffusion de données, les nouvelles formes d’écriture scientifique et la production de data papers17. Cette relative autonomisation des données de la recherche, y compris en histoire, désormais susceptibles de se finaliser en divers documents au fur et à mesure de leur utilisation par divers historiens ou collectifs d’historiens, en même temps que leur entrée de plain-pied dans le territoire des archivistes, invitent à un remodelage des pratiques et des responsabilités des uns et des autres.
10Effacement de certaines représentations croisées, redéfinition des territoires professionnels, renouvellements des pratiques comme des théories archivistiques, acculturation de la notion et de l’usage des données par les historiens, beaucoup d’éléments de ce que l’on pourrait appeler le système archivistique historien sont en cours d’évolution voire de mutation. Ce mouvement autorise en même temps qu’il invite à penser un moment nouveau pour les archives d’historiens riche de dépassements et d’enrichissements mutuels.
Valérie Tesnière - Quelles sources pour quelles pratiques de l’histoire ? Bibliothèques et archives, à La contemporaine et ailleurs
- 18 Vincent Duclert, « La séparation des bibliothèques et des archives, une spécificité française », da (...)
11Quelques remarques préalables sur la notion très polysémique de « sources » s’imposent : quels « documents » sont utilisés dans une recherche historique et où/ comment sont-ils mis à disposition et/ou conservés ? Les historiens fréquentent assidûment les dépôts d’archives publiques, mais aussi les bibliothèques, parfois même les musées. Le pouvoir politique, depuis la Révolution en passant par l’Empire puis la République, a contribué « à donner aux archives de la nation … une profonde originalité politique et juridique et à les distinguer toujours plus fortement des bibliothèques et de musées. Les professions respectives, les lieux et les pratiques accrurent cette séparation qui se vérifia jusque dans le vocabulaire et la terminologie. Les archivistes insistaient sur la notion de fonds, soit un ensemble de documents rapportés à l’activité d’une personne physique ou morale tandis que les bibliothèques travaillaient selon la notion de « collection18 », c’est-à-dire de documents choisis et mis à disposition selon un plan préétabli. Cette spécificité française, relativement récente, compartimente les institutions archives et bibliothèques dans les représentations qu’on peut en avoir. Dans l’affirmation des identités professionnelles, s’est développée de surcroît dans les bibliothèques une sorte de religion du « texte » contenu dans une forme non moins symbolique, celle du « livre », objet d’une sacralisation empreinte d’autant plus de nostalgie que la « dématérialisation » du support se réalisait avec les mutations du numérique. Les notions d’archives, de collections, de textes se superposent ainsi, sans qu’il soit clairement fait référence à la nature des supports.
12Il faut rappeler que les ensembles de sources que les historiens utilisent dans ces lieux sont de fait de nature composite. Si les bibliothèques sont des temples du livre – la BnF au premier chef –, ce sont également des réservoirs de manuscrits, de recueils constitués de pièces diverses, souvent éphémères, rassemblées au gré des circonstances par des collectionneurs privés ou des bibliothécaires, et matériaux historiques de premier ordre, sans même parler des journaux et des collections iconographiques et audiovisuelles. Les centres d’archives, de leur côté, regorgent non seulement de fonds d’archives proprement dits mais aussi de collections de manuscrits ou de livres (créées en appui pour l’étude ou bien héritées avec des fonds d’archives privées), de collections de journaux arrivées par le dépôt légal, de fonds audiovisuels, etc.
- 19 Valérie Tesnière, « Un laboratoire pour l’histoire contemporaine : Camille Bloch et Pierre Renouvin (...)
- 20 Pierre Renouvin, Les Origines immédiates de la guerre : 28 juin-4 août 1914. Publications de la Soc (...)
13L’histoire de la Bibliothèque et Musée de la Guerre, devenue BDIC (Bibliothèque de documentation internationale contemporaine), aujourd’hui La contemporaine, montre que l’historien a recours à une multiplicité de documents pour construire son objet de recherche et développer ses analyses. La grande leçon des fondateurs de La contemporaine, Camille Bloch et Pierre Renouvin, parfois oubliée, est de l’avoir compris et de l’avoir mis en application dans une institution spécialisée dès le début du XXe siècle19. Leur réflexion était mue par des motifs d’ordre matériel autant que scientifique. L’histoire contemporaine pose en effet crûment le problème de l’accessibilité des sources. À partir de quoi écrire l’histoire du temps présent, quand les archives publiques sont peu accessibles pour des raisons politiques (sujets d’ordre militaire) et techniques (quantité croissante d’archives à trier et inventorier) ? C’est tout le dilemme de Renouvin, chargé d’une étude sur les causes de la guerre après 191820. De la contrainte naît un renouvellement complet de la manière d’appréhender les sources de l’histoire. Les deux historiens font feu de tout bois, c’est-à-dire de tous les « matériaux documentaires » utiles et disponibles, qui peuvent avoir un statut de « source » primaire. Pour lui, comme pour Camille Bloch, tous deux historiens attentifs de la presse, tout document publié fait foi en ce sens qu’il engage publiquement la responsabilité de son auteur. Articles, proclamations, tracts : tout document accessible, quelle qu’en soit la nature, peut potentiellement être une source, une fois passé au crible de la critique historienne.
- 21 Lucien Febvre, « Avant-propos », La Civilisation écrite, Encyclopédie française, tome 18, 18.02-1-1 (...)
- 22 Serge Daney, Ignacio Ramonet, « Entretien avec Marc Ferro », Cahiers du cinéma, n° 257, mai-juin 19 (...)
- 23 Dzovinar Kevonian et Valérie Tesnière (dir.), « Dynamiques de la recherche et sources orales », Mat (...)
14L’éventail des sources à mobiliser s’élargit considérablement au XXe siècle, comme les champs de l’histoire elle-même. C’est le moment où deux autres historiens, Lucien Febvre et Marc Bloch, lancent les Annales (1929). Febvre tout particulièrement bouscule la hiérarchie des sources dans l’Encyclopédie française, dont il est le directeur scientifique. Le son, l’image sont pour lui aussi importants que l’écrit21. Depuis ces années fondatrices, les sources et les objets de l’histoire n’ont cessé de se diversifier. Il faut rappeler le rôle de Marc Ferro pour promouvoir le film comme matériau à part entière : « Interroger la société, se mettre à son écoute, tel est, à mon avis, le premier devoir de l'historien. Au lieu de se contenter d’utiliser les archives, il devrait tout autant les créer, contribuer à leur constitution : filmer, interroger ceux qui n’ont jamais droit à la parole, qui ne peuvent pas témoigner22. » Proche de La contemporaine, il l’encouragea à créer ses propres archives audiovisuelles dans cette voie. L’institution s’est efforcée de faire prospérer cet héritage : une part essentielle de ses collections audiovisuelles, les « archives orales » relèvent de cette démarche de création23.
15Le parcours muséographique permanent de La contemporaine dans le nouveau bâtiment conçu par l’architecte Bruno Gaudin sur le campus de l’université de Paris Nanterre, l’Atelier de l’histoire », est ainsi une réflexion sur le sujet des sources, sur les processus de leur constitution et de leur mise à disposition, au fond sur cette dialectique entre différents acteurs, témoins, conservateurs et historiens, dont les pratiques ne cessent de s’entrecroiser pour mieux se féconder. Mon expérience à la tête de cette institution et ma pratique d’historienne me conduisent ainsi à défendre une notion ouverte des « sources », celle de « matériaux documentaires » de la recherche, à croiser dans toute leur diversité. « Matériaux » au sens de sources primaires, « documentaires » au sens de sources d’information.
- 24 Voir les sites professionnels de l’Association des archivistes français (AAF, https://www.archivist (...)
16Les contraintes matérielles d’accès aux documents n’appartiennent cependant pas à un passé révolu. Les délais juridiques de communication des archives publiques ont fluctué, tendant à se raccourcir pour le plus grand bénéfice de la recherche, mais il a pu être constaté il y a peu de temps encore que rien n’est jamais acquis. Paradoxalement, alors que l’histoire, contemporaine tout particulièrement, n’a cessé sur un plan épistémologique de se nourrir des apports d’autres disciplines et d’élargir ses objets, elle doit continuer à intégrer des contraintes politiques qui mettent des bornes à la recherche dans certains fonds récents d’archives publiques, comme l’ont montré en 2020-2021 les débats sur l’accès aux archives suite à la révision de l’instruction générale interministérielle (IGI) n° 1300 sur la protection du secret de la défense nationale24.
- 25 Né en 1934, agrégé d’histoire, auteur d’une thèse sur la question nationale et coloniale en 1960, s (...)
- 26 Écrivain, historien, militant politique marxiste-libertaire, défenseur de la cause homosexuelle.
- 27 Auteur de nombreux ouvrages, consacrés notamment à la France des années 1939-1945, à la persécution (...)
- 28 Cyril Burté et d’Audrey Leblanc (dir.), Elie Kagan photographe indépendant 1960-1990, Paris, La con (...)
17L’histoire contemporaine soulève également de manière aigüe la question de la relation au témoin et celle du statut des sources que certains d’entre eux ont pu constituer au fil des événements ou a posteriori. Elle se pose dans la pratique quotidienne à La contemporaine. De Jacques Delarue (1919-2014) à René Gallissot, la liste des fonds d’archives privées rassemblés par l’institution ne cesse de s’accroître. Résistant, policier, aujourd’hui reconnu en tant qu’historien, Delarue a un parcours singulier, à la marge du monde académique. Gallissot est davantage représentatif des parcours de chercheurs issus du monde académique, également militants politiques25. Leurs archives sont constituées des livres et articles qu’ils ont produits, de leur documentation personnelle imprimée ou audiovisuelle (bulletins, tracts, affiches ; entretiens réalisés avec des témoins divers audio ou filmés ou avec eux-mêmes ; photographies ; productions de thésards et de collègues ; parfois même, photocopies d’archives d’autres provenances). D’autres fonds protéiformes comme ceux de Daniel Guérin (1904-1988)26 ou de Maurice Rajfus (1928-2020)27 pourraient être cités dans le même registre, tout autant que celui d’Elie Kagan (1928-1999) qui se vivait comme « photographe d’archive et d’histoire28 ». Mais ceux de Delarue et de Gallissot sont plus pertinents pour comprendre la dialectique entre archives et documentation, autant dire la vie des sources de l’historien, saisie dans la temporalité de leur constitution, quand le producteur, lui-même historien, juge et décide que les documents rassemblés ou produits peuvent être utiles à la recherche historique.
18Gallissot est un bel exemple de réflexivité sur ce sujet. Pour mémoire, ses centres de recherches couvrent l’histoire politique, économique et sociale du Maghreb et de ses différents pays (Algérie, Maroc, Tunisie), l’histoire coloniale, l’histoire des migrations et des immigrations (en France), les questions de nations et de nationalismes, l’histoire des mouvements ouvriers, du socialisme, du marxisme et du communisme. Dans le détail, le fonds est composé de littérature grise et de travaux universitaires (thèses, mémoires de maîtrise et de DEA) soutenus en France et au Maghreb ; de travaux de recherches propres conservés sous divers états (notes de travail, documents préparatoires, thèses, articles dactylographiés et versions publiées, contenus des cours et séminaires, projets éditoriaux...) ; de dossiers documentant ses activités et responsabilités scientifiques dans le cadre de centres de recherche universitaires (Paris 8, Institut Maghreb-Europe, etc.) ; enfin, une partie « Activités militantes » regroupant des archives liées à ses engagements militants au sein d’associations et collectifs engagés dans le domaine de l’histoire coloniale et/ou pour la vérité sur des assassinats politiques (ASICRA, Mémoire Vérité Justice, Comité Ali Mécili, Mehdi Ben Barka, etc.). Le classement d’origine, effectué par René Gallissot, a été conservé. De nombreux cartons d'ouvrages et de périodiques (ouvrages d’histoire, publications militantes, collections de revues militantes et/ou académiques, etc.) accompagnaient les archives. Un inventaire complet de cette bibliothèque initiale en a été effectué (disponible à La contemporaine) puis un tri opéré (les ouvrages et/ou revues non présents dans l’institution ont été conservés et ont été intégrés dans les collections : les brochures, ouvrages ou périodiques originellement conservés dans les archives ont, en revanche, été conservés dans le fonds d’archives). S’y ajoutent une série d’entretiens audiovisuels, dont cinq menés par Didier Le Saout et Tramor Quemeneur à l'occasion du dépôt de ses archives. Voilà concrètement ce que contiennent des archives d’historiens. Le parcours de Galissot porte la marque d’une époque où activités académiques et politiques n’étaient pas séparées. Il est néanmoins heureux qu’il puisse exister des lieux mettant à disposition des archives de ce type, La contemporaine n’en ayant pas l’apanage même si elle constitue une référence en la matière.
19La « révolution numérique » remet-elle en cause ce mode de constitution des sources et leur mise à disposition ? Qu’en est-il des sources utiles à l’historien avec les technologies numériques ? La « dématérialisation » et la dissémination sur la Toile bousculent la hiérarchie documentaire, mais cela ne change pas la nature de la problématique quant à la constitution des sources. En revanche, surgissent de nouvelles contraintes matérielles relatives à leur appropriation par la recherche.
20La numérisation massive de contenus de collections de bibliothèques mais aussi de fonds d’archives des dernières décennies a en effet accentué le brouillage aux yeux du public, particulièrement des générations plus jeunes d’étudiants : quel est le statut de ces textes et ces archives qui foisonnent sur la Toile et comment les utiliser ? Sont-ce des sources ou pas ? L’enjeu est le même qu’au début du XXe siècle. Mais la question est-elle si importante à partir du moment où les chercheurs savent à quoi s’en tenir sur l’origine des documents ? La diversification des sources mobilisées ne date pas d’hier. La mise à disposition très large en ligne est au contraire une formidable opportunité pour la recherche.
21Cela étant, les contraintes juridiques n’ont pas disparu. D’autres se sont juxtaposées. On n’entrera pas dans le détail de ces enjeux qui compliquent l’accès aux fonds patrimoniaux récents, pas seulement pour les contemporanéistes mais pour l’ensemble des chercheurs amenés à les solliciter. Rappelons que le respect du droit d’auteur, dans la législation européenne, est une contrainte pour la disponibilité en ligne des publications de moins de 70 ans et numérisées ensuite ou pour le dépôt légal du Web (BnF et INA). La consultation se fait sur place. Quant aux archives utilisées ou produites par les historiens qui sont aujourd’hui de nature numérique, il s’agit pour les archivistes de récupérer les données chez les producteurs et de les mettre à la disposition d’autres chercheurs. Sur le plan juridique, en théorie, il n’y a guère de différence avec le papier : en simplifiant, pour les archives privées, il convient de se munir des autorisations des ayants droit, qu’il s’agisse des producteurs ou, dans le cas d’entretiens, des témoins. Bien entendu, ces archives numériques récentes ne peuvent pas être consultées en dehors des emprises des établissements. Mais aussi bien la BnF avec le dépôt légal du web que les AN font le même constat : la consultation en demeure techniquement peu aisée pour le moment. Les modalités même de lecture bousculent les habitudes : les difficultés pour le public portent beaucoup sur l’ergonomie de consultation. Même bien inventoriés, ces fonds restent encore sous-exploités. Pour le moment, ce sont des consultations surtout « à la carte ». Il faut espérer qu’il s’agisse d’une situation transitoire.
- 29 Réseau national de coopération de l’Enseignement supérieur et de la recherche créé en 2017 entre bi (...)
22Depuis quelques années, les bibliothécaires et les archivistes se sont d’ailleurs rapprochés face à ces enjeux nouveaux, notamment au sein du réseau CollEx-Persée29, qui les réunit sur les problématiques de collecte, de signalement et de conservation à long terme des documents numérisés ou numériquement natifs. Le dialogue et les échanges de bonnes pratiques se sont renforcés. Cette convergence des réflexions souligne un consensus professionnel sur la mise à disposition et la communication des archives numériques natives, pas seulement sur leurs modalités de collecte et de conservation. Le contexte change et pousse à des solutions pragmatiques, avec un objectif constant et réaffirmé, le service de la recherche.
Notes
1 Nadège Vezinat, Sociologie des groupes professionnels, Paris, Armand Colin, 2016, 128 p. ; Didier Demazière, Charles Gadéa, Sociologie des groupes professionnels. Acquis récents et nouveaux défis, Paris, La Découverte, 2009, 466 p.
2 Magalie Moysan, « Usages d’archives et pratiques d’archivage dans la recherche biomédicale de 1968 à 2006. L’exemple de l’épidémiologie et de la génétique », Université d’Angers, thèse de doctorat en archivistique, 2019, 774 p. ; Margot Georges, « Les chercheur·se·s en laboratoire et leurs archives. Représentations et pratiques dans les sciences du végétal », Université d’Angers, thèse de doctorat en archivistique, 2022, 644 p. ; Léa Kruczynski-Lalain, « Les historiens et leurs archives. Relations, représentations et usages », Université d’Angers, mémoire de master en archivistique, 2023, 146 p.
3 Brigitte Mazon, « L'historien et ses archives », Matériaux pour l'histoire de notre temps, 2003, n°69, 2003, p. 66-72, p. 66.
4 Marie-Françoise Limon-Bonnet, Fabien Oppermann, « Collecter et mettre à disposition les archives des sciences humaines et sociales : la construction d’un réseau coopératif entre services producteurs et services publics d’archives », La Gazette des archives, 2008, n° 212, p. 25-32 ; Guillaume Delaunay, « Les archives scientifiques en sciences humaines et sociales : état de l'art », Villeurbanne, ENSSIB, mémoire pour le diplôme de conservateur des bibliothèques, 2012, 74 p., p. 39.
5 Portail archives numériques et données de la recherche, [en ligne], disponible sur https://pandor.u-bourgogne.fr/ (consulté le 30 juin 2023).
6 Patrice Marcilloux, « Des archives d’entreprises aux archives du monde du travail. Quelques remarques sur la catégorisation des archives », dans Hubert Bonin, Laure Quennouëlle-Corre (dir.), Explorer les archives et écrire l’histoire. Autour de Roger Nougaret, Genève, Droz, 2022, p. 131-141.
7 Cité par Odile Krakovitch, « La découverte des sources révolutionnaires, il y a cent ans. Les inventaires et collections de documents sur la Révolution publiés à l'occasion du Centenaire », La Gazette des archives, 1990, nos 150-151, p. 157-179.
8 Hilary Jenkinson, A Manual of Archive administration including the problems of War Archives and Archive making, Oxford, Clarendon Press, 1922, XVIII-243-7 p. (page 123 de l’édition de 1937).
9 Typique de ce genre de production : John Ridener, From Polders to Postmodernism. A Concise History of Archival Theory, Duluth, Litwin Books, 2009, XIX-184 p.
10 Terry Cook, « The Archive(s) Is a Foreign Country: Historians, Archivists, and the Changing Archival Landscape », The American Archivist, 2011, vol. 74, n° 2, p. 600-632, p. 631.
11 Terry Cook, Landscapes of the Past : Archivists, Historians and the Fight for Memory, Madrid, conférence publique, 23 juin 2010, [en ligne], disponible sur https://www.culturaydeporte.gob.es/dam/jcr:c15b65cd-851c-4a81-9528-6ef87984e417/conferencia-terry-cook.pdf (consulté le 4 juillet 2023).
12 Anne Klein, Archive(s), mémoire, art. Éléments pour une archivistique critique, Québec, Presses de l’université Laval, 2019, 264 p.
13 Agence nationale de la recherche, « Modèle de plan de gestion des données (PGD) », Paris, ANR, 2019, [en ligne], disponible sur https://anr.fr/fileadmin/documents/2019/ANR-modele-PGD.pdf (consulté le 4 juillet 2023).
14 Marie Cornu, Vincent Négri, Code du patrimoine, commenté et annoté, Paris, Dalloz, 2017, p. 67.
15 « Do documento aos dados, alguns comentários sobre a história da definição legal dos arquivos na França ; Du document aux données, quelques remarques à propos de l’histoire de la définition légale des archives en France », Arquivo, documento e informação em cenários híbridos, Anais do Simpósio Internacional de Arquivos, Brésil, Sao Paulo, Associação de Arquivistas de São Paulo, 2021, 19 p., [en ligne], disponible sur https://www.even3.com.br/anais/simposiointernacionaldearquivos/342973-du-document-aux-donnees-quelques-remarques-a-propos-de-lhistoire-de-la-definition-legale-des-archives-en-france/
16 Roger T. Pedauque, Le Document à la lumière du numérique : forme, texte, médium : comprendre le rôle du document numérique dans l'émergence d'une nouvelle modernité, Caen, C & F Éditions, 2006, 235 p.
17 Gérald Kembellec, Olivier Le Deuff (dir.), « Data paper : émergence d’une nouvelle donne scientifique », Revue française des sciences de l’information et de la communication, 2022, n° 24, numéro spécial.
18 Vincent Duclert, « La séparation des bibliothèques et des archives, une spécificité française », dans Valérie Tesnière (dir.), Histoire en bibliothèque, Paris, Cercle de la librairie, 2009, p. 118-119. Sur l’histoire de la notion de fonds, Michel Duchein, Études d’archivistique 1957-1992, « Le respect des fonds en archivistique », Paris, Association des archivistes français, p. 9-34.
19 Valérie Tesnière, « Un laboratoire pour l’histoire contemporaine : Camille Bloch et Pierre Renouvin à la Bibliothèque et Musée de la Guerre », dans Laurence Badel (dir.), Histoire et relations internationales, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2020, p. 50-65.
20 Pierre Renouvin, Les Origines immédiates de la guerre : 28 juin-4 août 1914. Publications de la Société de l'histoire de la guerre 3ème série, Paris, A. Costes, 1925 ; Pierre Renouvin et Camille Bloch, L'Article 231 du traité de Versailles. Sa genèse et sa signification, Paris, Alfred Costes, 1932.
21 Lucien Febvre, « Avant-propos », La Civilisation écrite, Encyclopédie française, tome 18, 18.02-1-18.02-7.
22 Serge Daney, Ignacio Ramonet, « Entretien avec Marc Ferro », Cahiers du cinéma, n° 257, mai-juin 1975, p.22-26.
23 Dzovinar Kevonian et Valérie Tesnière (dir.), « Dynamiques de la recherche et sources orales », Matériaux pour l’histoire de notre temps, n° 131-132, 2019.
24 Voir les sites professionnels de l’Association des archivistes français (AAF, https://www.archivistes.org/) et de l’association Historiens et historiennes du contemporain (H2C, https://www.asso-h2c.fr/).
25 Né en 1934, agrégé d’histoire, auteur d’une thèse sur la question nationale et coloniale en 1960, spécialiste de l’aire culturelle Europe-Maghreb-Méditerranée, et en particulier du Maghreb colonial, René Gallissot enseigne au Maroc et en Algérie entre 1957 et 1967. L’essentiel de sa carrière académique se déroule à l’université de Vincennes-Saint-Denis. Il collabore, entre autres, au Centre d’histoire du syndicalisme (CHS), au Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et à la revue Le Mouvement social.
26 Écrivain, historien, militant politique marxiste-libertaire, défenseur de la cause homosexuelle.
27 Auteur de nombreux ouvrages, consacrés notamment à la France des années 1939-1945, à la persécution des Juifs sous le régime Vichy, à la police et aux violences policières ainsi qu’aux diverses formes de répression.
28 Cyril Burté et d’Audrey Leblanc (dir.), Elie Kagan photographe indépendant 1960-1990, Paris, La contemporaine/Liénart éditions, 2022, p. 92.
29 Réseau national de coopération de l’Enseignement supérieur et de la recherche créé en 2017 entre bibliothèques dont l’objectif est de valoriser les documents utiles à la recherche scientifique et de favoriser leur accès à la communauté des chercheurs. Le réseau associe des partenaires comme les Archives de France ou la BNF.
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Référence électronique
Patrice Marcilloux, Valérie Tesnière et Agnès Magnien, « « La vie des sources » de l’historien.n.e / Le devenir des sources de l’historien.n.e. Textes issus d’une table ronde animée par Agnès Magnien et François Robinet », Revue d’histoire culturelle [En ligne], 9 | 2024, mis en ligne le 15 décembre 2024, consulté le 09 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/rhc/13179 ; DOI : https://doi.org/10.4000/13210
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