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Atelier de la recherche

Composer avec les filles : la mixité à l’École des beaux-arts de Nancy (1888-1910)

Deal with girls: coeducation at the Nancy School of Fine art (1888-1910)
Lylian Étienne

Résumés

En 1888, l’admission des jeunes filles à l’École des beaux-arts de Nancy est motivée par la formation des futures professeures de dessin du département. Du fait de contraintes d’espaces, les cours à l’École sont mixtes. Les jeunes filles sont alors directement intégrées aux groupes des garçons. La co-instruction est cependant partielle, car les cours que suivent les filles sont limités à ceux qui sont nécessaires à l’obtention du certificat d’enseignement du dessin. Dès l’origine, il n’est pas prévu qu’elles rejoignent d’autres sections d’arts appliqués. Ainsi, lorsque les industriels nancéiens réclament davantage d’ouvriers d’arts, les filles sont considérées comme des élèves surnuméraires. Leur statut est fragilisé par des conjonctures interdépendantes, car en étant acceptées sans être totalement intégrées, les jeunes filles de l’École sont davantage soumises aux évolutions du système local d’enseignement.

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Texte intégral

  • 1 L’étude la plus complète à ce jour reste celle de Marina Sauer, L’Entrée des femmes à l’École des B (...)
  • 2 Stéphane Laurent, Les Arts appliqués en France : genèse d’un enseignement, Paris, Éditions du C.T.H (...)
  • 3 Philippe Savoie, « Offre locale et engagement de l’État. Les enseignements technique et primaire su (...)

1En 1881, lorsque la municipalité de Nancy choisit de réorganiser son École des beaux-arts, rien n’est envisagé pour y intégrer les jeunes filles. Avec la loi Camille Sée, la période est propice au développement de l’enseignement secondaire féminin, mais les réticences à intégrer les femmes dans les parcours d’enseignement, en particulier artistiques, sont encore tenaces1. La réorganisation de l’école est menée par Théodore Devilly (1818-1886), ancien directeur de l’École de dessin de Metz et réfugié à Nancy après la guerre de 1871. Lors de cette réorganisation, l’École est dotée d’une section d’architecture et d’enseignement du dessin pour le concours normal, ainsi que de cours spéciaux de serrurerie, de coupe des pierres et que de composition décorative. Cette orientation vers les arts appliqués se déroule dans le cadre de la réforme des établissements des beaux-arts instaurée pour former les ouvriers aux arts industriels2. La réorganisation permet ainsi à l’École des beaux-arts de s’intégrer dans le réseau des écoles professionnelles nancéiennes3. L’ouverture de l’établissement aux filles en décembre 1887 intervient, quant à elle, dans un contexte de réforme de l’enseignement du dessin et de professionnalisation des enseignants. C’est alors la formation d’institutrices de dessin qui motive la direction de l’École à procéder à l’ouverture de l’établissement aux femmes. Les modalités sont particulières, car les filles sont incorporées au côté des garçons au sein de cours mixtes. Le déménagement de l’École en 1910 marque la fin de cette étude, car il occasionne la modification des modalités d’admission qui étaient restées inchangées jusque-là.

  • 4 Renaud D’Enfert et Virginie Fonteneau (dir.), L’Offre locale d’enseignement scientifique et techniq (...)
  • 5 Voir par exemple le chapitre d’Hervé Doucet, « L’École de Nancy et la formation des ouvriers d’art  (...)
  • 6 Gilles Marseille, « Des modèles pédagogiques devenus patrimoine artistique : Passé et présent des c (...)

2Bien que faisant partie d’un système local défini par interdépendances avec les autres établissements de Nancy4, l’École des beaux-arts est le plus souvent abordée de manière isolée pour ses interactions avec l’École de Nancy et la formation de ses ouvriers d’art5. La recherche s’est également orientée vers l’étude des cours d’architecture ainsi que la collection de travaux d’élèves, conservés sur le campus ARTEM à Nancy6. Les cours dédiés à la formation des professeurs de dessin restent en revanche peu traités et a fortiori l’admission des filles aux cours de l’École. Le principal obstacle demeure le silence des sources en dehors de l’administration scolaire, car aucun témoignage de jeunes filles sur l’École n’existe, à notre connaissance, pour cette période. Les garçons ne font également pas mention de leurs camarades. Enfin, la presse locale ne s’intéresse pas à l’enseignement féminin à l’École. Il faut ainsi s’appuyer sur le fonds de l’institution déposé aux Archives Municipales de Nancy (AMN) ainsi qu’aux Archives Départementales de Meurthe-et-Moselle (AD54).

  • 7 Renaud D’Enfert, « Une institution “éminemment utile et moralisatrice” : les écoles de dessin pour (...)
  • 8 Ibid. ; id., « Former des artistes ou des “ouvrières habiles” ? », Faire œuvre. La formation et la (...)

3La construction du genre dans l’éducation est bien connue grâce aux travaux de Françoise Thébaud, Rebecca Rogers et Marianne Thivend, mais elle reste insuffisamment étudiée dans le domaine du dessin7. Les différentes structures d’enseignement du dessin ouvertes aux femmes ont été relevées par Renaud D’Enfert lors d’une communication au colloque Faire Œuvre en 20198. Renaud D’Enfert y encourageait à décentrer le regard et insistait sur l’importance des initiatives provinciales, notamment municipales, dans les enseignements féminins.

4L’établissement étudié apparaît comme un lieu privilégié pour observer les effets de la mixité. Il est en effet possible de questionner les modalités d’ouverture qui impliquent la mixité dès décembre 1887, tout en interrogeant la manière dont la question du genre persiste après l’intégration des filles au sein de l’École.

5Les modalités de l’ouverture sont l’objet du premier développement de cet article, car le manque d’espace auquel la direction de l’École est confrontée en 1887 l’incite à établir des cours mixtes. Dans un second temps, il s’agira d’analyser comment, malgré cette mixité, des cloisonnements de disciplines sont établis pour maintenir une distinction entre les sexes. Enfin, on abordera comment la co-instruction partielle, et par extension, l’admission des filles à l’École, reste sans cesse soumise à des enjeux conjoncturels en lien avec la formation des ouvriers d’art de l’École de Nancy et les évolutions du système local d’enseignement féminin.

Une mixité « faute de mieux »

  • 9 AMN, 1 R 297 — Jules Larcher, « Admission des Jeunes filles », 17 décembre 1887. La mairie traite l (...)
  • 10 Ibid.
  • 11 Ibid.

6Le 17 décembre 1887, le directeur de l’École des beaux-arts, Jules Larcher, alors en poste depuis moins d’un an, expose son rapport au maire de Nancy à la suite de la réception d’une pétition9. Le document n’a pas été conservé par l’administration, mais Larcher rapporte son entretien avec l’auteur du texte. Celui-ci agit à la demande de ses deux filles qui, « ayant déjà cultivé le dessin pendant plusieurs années, désiraient être mises à même d’obtenir leur diplôme de professeur et qu’il ne voyait pas que les filles fussent indignées d’un enseignement comme le nôtre dont les garçons profitaient seuls10 ». Après cet entretien, Larcher rapporte qu’il ne voit « aucun inconvénient grave à admettre les jeunes filles [aux] cours11 » afin qu’elles y préparent les concours de l’enseignement.

  • 12 Celle de Limoges fait preuve d’une avance dans ce domaine, car les femmes se forment aux arts décor (...)
  • 13 Voir le chapitre correspondant dans Stéphane Laurent, Les Arts appliqués en France, op. cit., p. 24 (...)
  • 14 Poinsignon (dir.), École normale d’institutrices de Meurthe-et-Moselle, Essey-lès-Nancy, imprimerie (...)
  • 15 AD 54, 1 T 1275 — « École normale d’institutrices : création et organisation. Élèves, enseignement, (...)
  • 16 Théorisée par Eugène Guillaume, alors inspecteur général de l’enseignement du dessin, la méthode gé (...)
  • 17 Marie-Claude Genet-Delacroix et Claude Troger, Du dessin aux arts plastiques : histoire d’un enseig (...)
  • 18 La collection de plâtres utilisés comme modèles pédagogique a été constituée sur un temps très long (...)
  • 19 Roger Marx et Alexandre Hepp, L’Art à Nancy en 1882, avec une lettre d’Alexandre Hepp., Nancy, R. W (...)
  • 20 Sur les réflexions relatives à la moralité, voir Rebecca Rogers, « Le professeur a-t-il un sexe ? : (...)
  • 21 AD 54, 14 ETP 1 — Jules Larcher, « Propositions relatives au remaniement des règlements organique e (...)

7En 1887, peu d’écoles de ce type ouvrent leurs portes aux femmes12. Les décisions sont prises par des municipalités confrontées à des enjeux locaux différents. À Nancy, le choix de la mairie d’accéder à la requête tient de l’arrêté du 2 juillet 1878 et est renforcé par le processus de réforme du début de la décennie 1880 qui impose l’enseignement du dessin dans les écoles primaires13. En outre, l’enseignement destiné aux jeunes filles est en plein essor depuis les lois Jules Ferry, et la demande en institutrices se fait ressentir. L’École normale d’institutrices, fondée à Maxéville en 1879, parvient à combler les besoins du département14. Si le dessin y est bien au programme, les cours ne sont pas assez élaborés pour former des professionnelles spécialisées dans ce domaine15. Cette situation n’est pas spécifique à Nancy. Lors de la mise en place de la réforme du dessin par Eugène Guillaume au début des années 1880, un état des lieux national est réalisé sur les écoles normales primaires de garçons16. Très peu sont en mesure d’assurer des cours de dessin convenables après 1880, et la situation est pire pour les filles17. Ainsi, les écoles d’art en province demeurent les seules structures disposant de moyens matériels et humains pour former les enseignants spécialisés. L’obtention des certificats d’aptitude nécessite la pratique du dessin d’après des plâtres, que les écoles d’art sont les seules à posséder en nombre suffisant18. En Meurthe-et-Moselle, ce sont donc des hommes, généralement des artistes formés à Nancy à l’École, qui interviennent en tant que professeurs de dessin dans les écoles primaires de filles19. Cependant, le XIXe siècle est marqué par des réflexions relatives à la moralité des filles, la loi Goblet de 1886 sur l’organisation de l’enseignement primaire imposant par exemple davantage de séparation entre professeurs et élèves de sexes opposés20. Afin de pourvoir le département en institutrices spécialisées et se conformer à la loi Goblet, la Mairie accepte la demande du pétitionnaire sans débat et charge Larcher d’établir les besoins pédagogiques : « pour former des professeurs de dessin, il faut un enseignement normal qui exige quatre cours différents : 1° Dessin d’après l’antique et d’après nature. 2° Dessin graphique, perspective et tracé des ombres. 3° Anatomie. 4° Histoire de l’art21. »

  • 22 Voir notamment Marina Sauer, L’Entrée des femmes à l’École des Beaux-Arts : 1880- 1923, op. cit.

8Larcher doit également déterminer les conditions d’accès des nouvelles élèves aux cours. Le fait est que l’École manque cruellement de place si bien que les conditions matérielles occultent toutes les autres. La question du dessin d’après le nu n’est ainsi jamais évoquée alors que c’est le motif invoqué par l’administration de l’École des Beaux-Arts de Paris pour en refuser l’accès aux femmes22. En tout état de cause, de l’avis de Larcher, créer un enseignement séparé nécessite l’attribution d’une salle et implique des contraintes d’horaires, ainsi que la réalisation d’heures supplémentaires de la part des enseignants :

  • 23 AMN, 1 R 297 — Jules Larcher, « Admission des Jeunes filles », op. cit.

Il s’agissait de savoir si cet enseignement exigerait des cours séparés ou si ces cours pourraient être mixtes et dans le premier cas si les locaux de notre École seraient utilisables. Quant à ce dernier point, disons tout de suite que si l’on ne jugeait pas à propos de s’adresser pour l’enseignement des filles à une autre personne que celui [sic] de l’École des beaux-arts, les cours nouveaux devraient avoir lieu à des heures distinctes des [des garçons] et [leurs] salles pourraient leur servir23.

  • 24 AMN, 1 R 293 — Jules Larcher, « Courrier aux patrons des apprentis concernant les modifications d’h (...)

9Pour ne pas accroître des dépenses déjà limitées, la solution avancée réside dans la mixité aux horaires les moins suivis. C’est ainsi l’heure de midi qui est retenue, car les élèves apprentis la jugent peu pratique. En effet, les apprentis suivent les cours en dehors de leurs heures salariées et privilégient donc les cours du soir. Les cours de midi jusqu’à deux heures sont plébiscités par les plus jeunes, âgés de moins de 14 ans, qui ne peuvent rester à l’École en soirée24. Dans la mesure où la dizaine de jeunes filles est considérée comme constituant un effectif surnuméraire, la décision de Larcher a pour objectif de ne pas bousculer l’organisation interne de l’école.

  • 25 François Roth, « La bourgeoisie nancéienne autour de 1900 : ses différentes strates, ses activités, (...)
  • 26 AD 54, 14 ETP 58 — « Garçons : n°1 (17 avril 1882) à n°1880 (3 novembre 1899) ; filles : n°1 (3 fév (...)
  • 27 Rebecca Rogers (dir.), La Mixité dans l’éducation. Enjeux passés et présents, Lyon, ENS Éditions, 2 (...)

10Ce groupe de nouvelles arrivantes est homogène. Elles sont issues de familles de petits industriels, représentants de commerce et employés de l’État qui bénéficient du développement de la ville depuis 187125. La majorité des 430 inscrites entre 1888 et 1914 correspond à ces catégories sociales. Si leur arrivée dans l’école n’est pas saluée par la presse locale, elle ne soulève pour autant aucune protestation. En effet, les jeunes filles sont en général âgées de 15 à 22 ans à leur inscription. Elles sont donc plus âgées que les garçons qui assistent aux cours du midi. La bienséance est ainsi préservée par l’écart d’âge entre filles et garçons26. Par ailleurs, comme le relève Rebecca Rogers, les co-instructions issues de contraintes matérielles sont dénuées de « pédagogie régénératrice », car il ne s’agit en aucun cas de modifier les rapports sociaux entre les sexes ni d’ouvrir de nouvelles opportunités professionnelles aux filles27.

Une co-instruction partielle

  • 28 AD 54, 14 ETP 50 — « École municipale et régionale des beaux-arts de Nancy - Règlement Organique », (...)
  • 29 Gilles Marseille, « Des modèles pédagogiques devenus patrimoine artistique », art. cité.
  • 30 AD 54, 14 ETP 1 — Jules Larcher, « Remaniement des règlements de l’École », op. cit.

11Les jeunes filles intègrent la section normale établie par le Règlement organique rédigé par l’ancien directeur, Théodore Devilly. Édité en 1881, ce document apporte des explications relatives à l’organisation des cours, des conditions d’admission et l’organisation interne de l’École28. Ce Règlement reste en vigueur durant toute la période. Les cours ne sont totalement réorganisés qu’en 1919, par Victor Prouvé, lorsque l’École devient une école d’art appliqué29. En effet, sous la direction de Larcher, l’exiguïté des locaux du palais ducal ne permet pas de refondre l’organisation des quatre sections30.

  • 31 AD 54, 14 ETP 50 — « École municipale et régionale des beaux-arts de Nancy - Règlement Organique », (...)
  • 32 Les cours d’histoire de l’art sont assurés par Émile Krantz, professeur de littérature française et (...)

12La section dessin est répartie en deux niveaux. La « Division élémentaire » est destinée au dessin géométrique, linéaire et géométral d’après nature pour les élèves débutants. Si l’élève est invité à copier l’antique, ces cours se limitent dans un premier temps aux bustes et à la tête. La « Division supérieure », ouverte aux élèves confirmés, s’appuie sur les plâtres antiques de grandes tailles, l’anatomie, le dessin appliqué aux industries d’art, ainsi qu’une initiation aux ordres architecturaux. Les spécialités d’inscription rassemblent les cours spéciaux, qui correspondent au modelage, à l’architecture, ainsi que les disciplines nécessaires à l’édification (menuiserie, charpente, métré, ferronnerie). Enfin, la section normale rassemble les cours « en vue des examens institués par l’État, pour l’obtention des diplômes du premier et du second degrés, exigés des professeurs de dessin dans les lycées, collèges et écoles normales31. » À cela s’ajoutent des cours d’histoire de l’art et d’anatomie assurés par des chargés de cours pour la section normale32.

  • 33 AD 54, 14 ETP 1 — Jules Larcher, « Remaniement des règlements de l’École », op. cit.
  • 34 Ibid.

13Dans l’idée de permettre aux élèves de diversifier leurs compétences, les cours des différentes sections ne sont pas organisés de manière distincte. Après le déménagement de l’École en 1910, Larcher revient sur ces cours : « En créant ces catégories, on a voulu jeter les bases d’un système d’obligations ayant pour but de contraindre les élèves ou, tout au moins, une partie d’entre eux, à porter leurs regards au-delà de leurs spécialités33. » Ce système permet de faire un compromis entre les espaces disponibles et les besoins pédagogiques des différentes sections34. Cela se traduit par un regroupement des élèves des différentes spécialités au sein des certains cours de la section de dessin, et en particulier ceux de composition décorative d’après les plantes. Déjà existants avant 1893, ces cours de composition sont renforcés à cette date avec la nomination du verrier Jacques Gruber comme professeur.

  • 35 Gilles Marseille, « Des modèles pédagogiques devenus patrimoine artistique », art. cité.
  • 36 Une dizaine de jeunes filles suivent les cours de la section de modelage après avoir suivi pendant (...)

14En apparence, les matières décrites dans le règlement organique permettent aux jeunes filles d’avoir une formation complète en ayant l’occasion d’accéder à des rudiments de disciplines inaccessibles dans les autres écoles nancéiennes. Ainsi, elles suivent des rudiments de modelage, des cours de dessin d’après l’antique, de composition, et bénéficient d’un accès illimité au musée de la ville35. Cependant, ces cours demeurent au stade de l’initiation et aucune autre opportunité de spécialisation ne leur est offerte. Les inscrites en modelage sont rares36, et la section d’architecture ne les concerne pas, pas plus que les filières spéciales.

  • 37 AD 54, 14 ETP 1 — Jules Larcher, « Remaniement des règlements de l’École », op. cit.
  • 38 AMN, 1 R 297 — Jules Larcher, « Admission des Jeunes filles », op. cit.

15Si les registres d’inscription de l’École mentionnent les sections auxquelles les élèves sont inscrits, la section normale n’y apparait jamais. Au lieu de celle-ci, il est fait mention des « Divisions élémentaires et supérieures ». En réalité, la section normale décrite par le règlement de 1882 « est purement nominale et n’a pas de cours qui lui soit propre […]37 ». C’est en fait ce qu’expliquait déjà Larcher dans son courrier en décembre 188738. Ainsi, la section normale à laquelle les filles sont cantonnées ne concerne que les cours d’un tronc commun.

  • 39 D’après les registres d’inscription de l’École : AD 54, 14 ETP 58 — « Garçons : n°1 (17 avril 1882) (...)

16En définitive, bien qu’incluses au sein de l’École, les filles sont de facto rejetées des disciplines spécialisées. Leur formation se limite à la préparation des concours alors même qu’elles fréquentent les élèves des autres sections lors des cours de dessin du tronc commun39.

Une insertion professionnelle limitée en dehors de l’enseignement

  • 40 Rebecca Rogers, « L’impensable mixité de l’enseignement secondaire féminin en France au XIXe siècle (...)
  • 41 Les mêmes distinctions genrées sont observables à l’École nationale des arts décoratifs de Limoges  (...)
  • 42 AD 54, 14 ETP 60 — « Garçon : n°3871 (17 novembre 1913) à n°4164 (30 juin 1919) ; filles : n°421 (2 (...)
  • 43 Les filles et les garçons font l’objet d’une numérotation distincte dans les registres d’inscriptio (...)
  • 44 La durée d’étude des élèves qui se destinent au professorat de dessin varie selon le concours visé. (...)
  • 45 Manuela Martini et Pierre Vernus, « Tisseurs et tisseuses en soie au travail dans les ateliers de l (...)
  • 46 Sylvie Schweitzer, « La non mixité des formations ou la triple cécité », dans Marianne Thivend (dir (...)
  • 47 La Presse locale, principalement L’Est Républicain et La Lorraine Artiste, rapporte chaque année le (...)
  • 48 AMN, 1 R 297 — Jules Larcher, « Admission des Jeunes filles », op. cit.

17La co-instruction ne garantit pas l’égalité40, car l’enseignement donné aux femmes les exclut des filières les plus professionnalisantes41. Contrairement aux garçons, les filles sont rarement envoyées par un patron. Si l’on compte des jeunes filles se destinant à un travail en manufacture, leurs emplois ciblent essentiellement des entreprises familiales dans les domaines de l’artisanat d’art et du négoce en tissus et broderies42. Ces jeunes filles, dont les objectifs de carrière diffèrent des modalités de l’ouverture établies en 1887, rejoignent les effectifs de l’École dans le courant de la décennie 189043. La durée de leur inscription est plus courte que celle de leurs camarades de la section normale, car elles suivent les cours de la division élémentaire sans poursuivre en supérieure. Ainsi, leurs études ne durent pas plus de deux ans, tandis que celles des futures professeures peuvent s’étaler sur quatre ou cinq ans44. Ces élèves sont issues de milieux sociaux moins élevés que les jeunes filles inscrites avant 1893. Leurs parcours sont aussi plus difficiles à reconstituer une fois qu’elles sortent de l’École, car leurs activités invisibilisées dans les sources. À l’instar des futures institutrices, elles sont notées comme sans profession dans les registres de l’École, quand bien même elles travaillent dans un cadre familial45. Leurs travaux sont éclipsés au profit de ceux des chefs de ménage46. L’effacement des carrières féminines des documents administratifs provoque un biais de perception sur leur employabilité dans les ateliers d’arts décoratifs47. Ainsi, selon Larcher, dès l’ouverture de l’École aux femmes, les éventualités de carrières dans ce domaine apparaissent comme peu probables : « Quant aux personnes qui veulent faire, en amateur ou autrement, soit de l’art proprement dit soit de l’art décoratif, si les quatre cours normaux leur sont utiles on peut dire que le premier de ces cours [dessin d’après l’antique et nature] pourrait leur suffire […]48. » Malgré l’évolution des objectifs de carrières qui est perceptible durant la décennie 1890, ce biais n’est pas remis en question.

  • 49 Charlotte Foucher-Zarmanian, Créatrices en 1900. Femmes artistes en France dans les milieux symboli (...)
  • 50 Claire Le Thomas, « Travaux manuels domestiques et pratiques ordinaires de création : dépasser les (...)
  • 51 Nathanaelle Tressol, « Formation artistique des femmes à l’Union Centrale des Arts Décoratifs : les (...)
  • 52 AMN, 1 R 297 — Jules Larcher, « Réponse à l’adjoint au maire quant à la participation des jeunes fi (...)
  • 53 Les collaborateurs des industriels d'art et les ouvriers sont très bien connus. Ces études, notamme (...)
  • 54 Audrey Millet, « Les genres de l’ornement à la manufacture de Sèvres au XIXe siècle », dans Fabien (...)
  • 55 Stéphane Laurent, Les Arts appliqués en France, op. cit., p. 377‑378.

18L’image de la dilettante confinée aux arts décoratifs à domicile en conformité avec la nature féminine est bien enracinée49. Les « ouvrages pour dames50 » nécessitent des formations moins poussées, car ces travaux sont orientés sur la dextérité et l’exécution d’après modèles au détriment de la création. En raison de la mixité aux cours de composition décorative, la formation de l’École ne correspond pas tout à fait aux normes genrées de séparation des activités de création et d’exécution. Ainsi en 1892, les Dames de l’Union Centrale des Arts Décoratifs préparent une exposition des « arts de la femme », et invitent les élèves de Larcher à y participer. L’exposition a pour objectif de promouvoir les travaux manuels féminins réalisés à domicile comme moyens convenables de subsistance et comme alternative à la vie jugée immorale des ouvrières51. Larcher décline l’invitation en expliquant « [qu’]il n’existe pas à l’École de cours indépendant ou spécial pour les jeunes filles […] un seul exercice rentrant dans les catégories indiquées par le règlement de l’Exposition a été donné. Encore a-t-il été insuffisamment traité52. » Du fait d’une formation trop générale pour pouvoir prétendre à une carrière en atelier, tout en bénéficiant d’une formation peu adaptée au travail domestique, les jeunes filles formées à l’École peinent à trouver leur place sur le marché du travail. Ainsi, en dehors de Rose Wild, aucune élève issue de l’École n’a été répertoriée parmi les employés des manufactures d'arts décoratifs53. Comme le démontre Audrey Millet à propos de la manufacture de Sèvres, les entreprises d’arts décoratifs mettent en place une répartition sexuée des tâches au XIXe siècle54. L’absence de femmes formées à l’École au sein des principales entreprises d’art décoratif nancéiennes témoigne de cette répartition, car les formations suivies par les filles se limitent à dessiner et imaginer des modèles, tandis que les industriels d’art lorrains réclament des ouvriers-artisans capables de concevoir une pièce de sa conception à sa réalisation55.

Limiter le nombre de jeunes filles

  • 56 AMN, 1 R 297 — Jules Larcher, « Rapport concernant la fréquentation de l’École municipale et région (...)
  • 57 Ibid.
  • 58 AD 54, 14 ETP 58 à 60.
  • 59 Les élèves qui quittent l’établissement pour l’été sont tenus de se désinscrire, mais sont réintégr (...)

19Les dix « éléments féminins56 » attendus lors de l’ouverture sont enregistrés en mai 1888, rejoints par six autres dès novembre57. D’après les registres d’inscription58, les effectifs montent très rapidement à 63 inscrites en janvier 1893. À cette date, elles représentent environ un tiers des élèves en cours de dessin élémentaire et supérieur. De même, en période estivale, leur nombre reste conséquent avec une trentaine d’élèves présentes dans l’établissement entre juillet et octobre59.

Graphique 1 : nombre de jeunes filles inscrites à l'École des beaux-arts de Nancy de janvier 1888 à juillet 1914

  • 60 AMN, 1 R 297 — Victor Prouvé, « Restriction des admissions des jeunes filles à l’École des beaux-ar (...)
  • 61 La formation des ouvriers d’art décoratif est une préoccupation commune à tous les industriels en F (...)
  • 62 Voir notamment les vifs échanges publiés entre Émile Nicolas, Victor Prouvé et le Commandant Lalanc (...)

20Le 2 juillet 1893, une lettre signée du président de l’Association des Artistes Lorrains, Victor Prouvé, s’attaque à l’admission des filles. De son avis, l’importance du contingent féminin rend impossible tout travail sérieux et pénalise la formation des futurs ouvriers d’art dont les industries ont besoin60. Leur formation est un sujet sensible à Nancy durant toute la période 1890-191061. Les industries d’art peinent à se développer faute de main-d’œuvre et comptent sur l’École pour former celle-ci62. Malgré cela, la presse locale ne semble pas informée de l’affaire qui est traitée en interne. Si Prouvé admet que certaines élèves préparent un projet professionnel, il n’envisage pas l’éventualité que celui-ci se déroule en dehors de la section normale :

  • 63 AMN, 1 R 297 — Victor Prouvé, « Restriction des admissions des jeunes filles à l’École des beaux-ar (...)

Or, comme on ne peut songer à rendre plus difficile aux jeunes gens des différentes professions la fréquentation des cours qui feront d’eux des ouvriers d’art très utiles à la cité, il faut donc faire porter sur les jeunes filles qui ne viennent chercher à l’École qu’un talent d’agrément, cette restriction que nous jugeons indispensable63.

21Ainsi de l’avis de Prouvé, les filles prennent des places qui devraient revenir aux ouvriers d’arts. Ces élèves sont perçues comme d’autant plus gênantes que les cours de composition décorative auxquels elles assistent se déroulent en commun avec les élèves des sections spéciales qui forment les ouvriers d’art.

  • 64 AD 54, 14 ETP 97 et 14 ETP 98 — « Vie Scolaire, Contrôle de l’assiduité et discipline, État de prés (...)
  • 65 Lylian Etienne, « Les Lorraines et leurs professeurs de peinture. Une application de la théorie des (...)
  • 66 Hélène Sicard-Lenattier, La Société Lorraine des Amis des Arts et des Musées : 175 ans au service d (...)

22Cependant, les registres de présences et de disciplines conservés aux archives départementales indiquent une hausse de l’absentéisme de la part de certaines élèves64. Si les premières admises poursuivaient bien des études dans l’objectif de faire carrière dans l’enseignement, nombreuses sont celles à les avoir rejointes qui n’assistent aux cours qu’une à deux fois par semaine. De statut social plus élevé, ces jeunes filles se tournent vers l’École à cause d’une offre locale privée encore très limitée avant 189365. La pratique artistique féminine d’agrément était alors en pleine expansion du fait du succès du salon de la Société Lorraine des Amis des Arts66. Pourtant, la présence féminine, même avec une assiduité modérée, ne saurait être la seule raison de la surcharge de certains cours à l’École. En effet, une modification des horaires des cours du midi, en 1892, bouleverse l’équilibre de gestion des effectifs. Larcher, soucieux de restreindre le temps d’absence des apprentis auprès de leurs employeurs les matins, décale ces cours pour les faire commencer à treize heures. L’ajustement des horaires provoque une hausse de la fréquentation des garçons à ce créneau. Pour Victor Prouvé, alors président de l’Association des Artistes Lorrains, désigner les filles comme responsables de l’engorgement de l’École permet de remplir un double objectif : Prouvé se fait le porte-voix des industriels d’art nancéiens dont il est très proche ; il défend les intérêts des adhérents de l’Association. Par sa gratuité, l’École, apparait comme une concurrente déloyale pour les artistes cherchant à vendre leurs services auprès des particuliers. Prouvé offre ainsi l’occasion aux artistes lorrains de développer leurs offres de cours destinés aux jeunes filles.

23À la suite de ce courrier, Larcher avance un « encombrement » de l’École et propose de durcir le règlement relatif aux absences en cours :

  • 67 AMN, 1 R 297 — Jules Larcher, « Proposition de réduction des admissions de jeunes filles à l’École (...)

[…] j’ai pensé qu’il convenait de supprimer une tolérance qui a été pratiquée de tout temps, notamment avec les élèves fréquentant d’autres écoles, le lycée par exemple, et qui consistait à leur permettre de n’assister qu’à deux ou trois cours, au lieu de cinq par semaine : j’ai donc l’intention de supprimer cette tolérance dès la rentrée prochaine aux élèves nouvelles […]67.

  • 68 AMN, 1 R 297 — Adjoint délégué Le Monnier, « Réponse à M. Zugmayer », 28 novembre 1893.

24Ainsi seules les filles sont concernées68. Leur nombre chute dès la rentrée suivante pour se stabiliser à une trentaine en 1896 [graphique 1]. Dès lors, elles représentent une part variant entre 15 et 20 % des élèves assistant aux cours de dessin. L’exclusion des dilettantes fortunées de l’École provoque un changement du statut social moyen des élèves. Si les filles autour de 1893 sont majoritairement de la moyenne et de la haute bourgeoisie, peu à peu, les statuts sociaux relèvent de la moyenne et petite bourgeoisie locale, voire des classes populaires après 1900.

Émergence d’un système local d’enseignement

  • 69 Lylian Etienne, Les Femmes artistes à Nancy : 1888 - 1914, mémoire de master, sous la direction de (...)
  • 70 On mentionnera par exemple les cours donnés par les Sœurs Pariset (L’Est Républicain, 06/10/1902 p. (...)
  • 71 Philippe Savoie, « Offre locale et engagement de l’État. Les enseignements technique et primaire su (...)
  • 72 Paradoxalement, si la construction du lycée de filles réduit les effectifs féminins à l’École des b (...)

25Autour de 1900 et jusqu’en 1905, une nouvelle baisse progressive des effectifs de l’École est observable du fait du développement de l’enseignement public ainsi que des cours particuliers. Le système local d’enseignement tend à trouver un équilibre, car l’École a désormais formé suffisamment de professeures pour que celles-ci prennent le relais69. De plus, ces institutrices des écoles de filles donnent des cours à domicile70. L’École des beaux-arts tend alors à n’être fréquentée que par des élèves dont les parents disposent de moins de ressources, et qui se vouent à l’enseignement ou à la broderie. Désormais, les filles aisées privilégient les cours particuliers non mixtes à domicile ou en atelier, davantage en adéquation avec les valeurs bourgeoises. De plus, l’ouverture du premier lycée pour filles à Nancy en 1901 complète l’offre municipale d’instruction féminine proposée par l’École Drouot, l’École normale et celle des beaux-arts71. L’École des beaux-arts était jusque-là l’un des seuls établissements en dehors des écoles privées confessionnelles à proposer une formation secondaire appropriée aux filles de la moyenne bourgeoisie. Elle devient un établissement parmi d’autres au sein d’un système local d’enseignement en expansion72.

  • 73 Jean Montacié et François Moulin, Nos écoles de Nancy : une histoire de l’éducation en Loraine du M (...)
  • 74 Renaud D’Enfert et Virginie Fonteneau (dir.), L’Offre locale d’enseignement scientifique et techniq (...)

26À la suite de la loi du 6 décembre 1905 concernant la séparation de l’Église et de l’État, le nombre de filles croît à nouveau dans le courant de l’année 1906, pour se stabiliser entre 30 et 25 élèves. Le faible équilibre du système éducatif féminin est mis à mal par la loi du 7 juillet 1904 ordonnant la fermeture des écoles congréganistes. Si quelques écoles survivent73, la fermeture d’établissements et la liquidation de leurs biens conduisent leurs anciennes élèves à se reporter sur d’autres institutions. Comme l’expliquent Renaut D’Enfert et Virginie Fontenau, les établissements d’un même système sont interdépendants, car « ceux-ci recrutent leurs élèves ou étudiants dans un “vivier commun”74. » Ces évolutions marquent l’insertion de l’École des beaux-arts dans un réseau d’écoles professionnelles complémentaires dont les effectifs sont régis par une logique de vases communicants.

  • 75 AMN, 1 R 294 — « Avis sur le report de la rentrée de 1910 », 12 novembre 1910.

27Néanmoins, les capacités d’accueil de l’École restent encore limitées tant qu’elle demeure dans le palais ducal. Cette situation change en 1910 quand, après de longues années d’attente, le nouveau bâtiment situé rue Boffrand est opérationnel75. Bien plus spacieux et adapté à l’enseignement des arts appliqués, il peut accueillir plus d’élèves. Le nombre d’étudiantes varie dès lors entre 40 et 50. L’amélioration est principalement matérielle, car l’orientation pédagogique de la nouvelle école reste en cours d’élaboration et le déclenchement de la guerre éteint tout projet de réforme jusqu’à l’armistice.

Conclusion

28Reçues, mais jamais totalement intégrées, les jeunes filles voient entre 1888 et 1910 leur accès à l’École des beaux-arts soumis aux réclamations des industriels et aux aléas du système local d’enseignement. La hausse des effectifs durant les premières années est symptomatique de la demande croissante pour l’instruction féminine. Le cadre de leur intégration n’évolue que très peu durant vingt-cinq ans. En étant mêlées à leurs camarades masculins au sein des mêmes cours, elles sont stigmatisées par les industriels comme des élèves occupant des places devant revenir aux futurs ouvriers d’art. Les premières réclamations des industriels interviennent lorsque le nombre d’inscrites est au plus haut. La co-instruction, établie en 1888 faute d’espace, a pour effet d’accroître les tensions. Pour les industriels, la hausse du nombre de filles ne peut se faire qu’au détriment des conditions d’apprentissage des garçons.

  • 76 AMN, 1 R 296 — Jules Larcher, « Programme et horaire proposés pour le fonctionnement dans les nouve (...)
  • 77 AD 54, 14 ETP 1 — Jules Larcher, « Remaniement des règlements de l’École », op. cit.
  • 78 AMN, 1 R 300 — Victor Prouvé, « Traitement du personnel », v 1919.
  • 79 Stéphane Laurent, Les Arts appliqués en France, op. cit., p. 524‑525.
  • 80 AMN, 1 R 296 — Victor Prouvé, « Organisation de l’enseignement des arts appliqués à l’École des bea (...)
  • 81 C’est ce que laissent entendre les cahiers de présence des élèves. AD 54, 14 ETP 88 — « Vie Scolair (...)

29Par ailleurs, cette co-instruction est menacée dès que les contraintes d’espaces disparaissent. Le déménagement des locaux en 1910 s’accompagne de la tentation de séparer les effectifs féminins et masculins par la création de cours de broderie et de dessin élémentaire réservés aux filles76. Dans son projet, Larcher lie les deux enseignements afin que le dessin soit directement utile aux activités pratiques. Il semble que ces cours n’aient pas vu le jour alors, puisque Larcher n’en fait pas mention dans sa proposition de refonte des cours en 191177. Néanmoins, l’idée est conservée, car la section spéciale relative à la broderie figure bien dans le programme établi en 1919 par Victor Prouvé78. La transformation voulue par Prouvé intervient dans le contexte favorable d’un engagement de l’État dans le domaine des arts décoratifs. Un comité est fondé afin de pallier les lacunes de l’enseignement artistique79. Par ses implications dans ce comité, Victor Prouvé a élaboré la réforme de l’École en adéquation avec les discussions qui avaient alors cours. Le dessin décoratif est ainsi intégré comme une section à part entière dans le programme de réforme pour « l’École municipale et régionale des beaux-arts et des arts appliqués80 ». La broderie y est rattachée comme spécialisation féminine selon le projet imaginé par Jules Larcher en 191181. Ces cours n’ont reçu un succès que très relatif, car le gros des effectifs féminins continue de suivre les cours de composition. La mise en place de cours pratiques de broderie apparait comme désuète du fait de l’évolution l’employabilité des femmes au sein des manufactures durant la guerre.

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Bibliographie

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Notes

1 L’étude la plus complète à ce jour reste celle de Marina Sauer, L’Entrée des femmes à l’École des Beaux-Arts : 1880- 1923, Paris, École Nationale des Beaux-arts, 1991, 89 p.

2 Stéphane Laurent, Les Arts appliqués en France : genèse d’un enseignement, Paris, Éditions du C.T.H.S, 1999, p. 266.

3 Philippe Savoie, « Offre locale et engagement de l’État. Les enseignements technique et primaire supérieur à Nancy et les conditions de leur évolution sous la Troisième République », Histoire de l’éducation, 1995, vol. 66, no 1, p. 51.

4 Renaud D’Enfert et Virginie Fonteneau (dir.), L’Offre locale d’enseignement scientifique et technique : approches disciplinaires (XVIIIe-XXe siècle), Nancy, Éditions universitaires de Lorraine, 2020, p. 9.

5 Voir par exemple le chapitre d’Hervé Doucet, « L’École de Nancy et la formation des ouvriers d’art », dans Pierre Lamard et Nicolas Stoskopf (dir.), Art & industrie, XVIIIe-XXIe siècle, Paris, Picard, 2013, p. 85‑92.

6 Gilles Marseille, « Des modèles pédagogiques devenus patrimoine artistique : Passé et présent des collections de l’École des Beaux-Arts de Nancy », In Situ, 12 janvier 2021, no 43 ; « Capitale capitale, ou comment Nancy s’en remit à Paris pour former l’élite architecturale de Lorraine (1881-1946) », Histoire de l’enseignement de l’Architecture au 20e siècle, janvier 2021, no 10, p. 20‑29 ; Pierre Maurer, « Nancy, l’école qui n’existait pas. École régionale d’architecture de Nancy (1946-1968) », EnsArchi, consulté le 20 mars 2023. https://ensarchi.hypotheses.org/2185

7 Renaud D’Enfert, « Une institution “éminemment utile et moralisatrice” : les écoles de dessin pour femmes et jeunes filles (Paris, 1800-années 1860) », dans Carole Christen et Laurent Besse (dir.), Histoire de l’éducation populaire, 1815-1945, Presses universitaires du Septentrion, 2017, p. 171.

8 Ibid. ; id., « Former des artistes ou des “ouvrières habiles” ? », Faire œuvre. La formation et la professionnalisation des artistes femmes aux XIXe et XXe siècles, 20 septembre 2019 [acte du colloque] youtube.com/watch?v=6Fc9R9sx9no

9 AMN, 1 R 297 — Jules Larcher, « Admission des Jeunes filles », 17 décembre 1887. La mairie traite la demande comme une pétition. De plus, elle est explicitement désignée comme telle par Larcher. Celui-ci rapporte que plusieurs signatures ont été réunies pour appuyer la demande et en rencontre les auteurs.

10 Ibid.

11 Ibid.

12 Celle de Limoges fait preuve d’une avance dans ce domaine, car les femmes se forment aux arts décoratifs tout au long du XIXe siècle, mais d’autres villes tardent à leur ouvrir leurs portes comme Bordeaux qui ne le fait qu’en 1896. Voir Renaud D’Enfert, « Des écoles de dessin pour les jeunes filles. L'exemple de Limoges, années 1850-1880 », Cahiers de RECITS, n° 11, 2019, p. 89-106. Voir aussi Grégory Reimond, « L’école municipale des beaux-arts et des arts décoratifs de Bordeaux et la référence antique : de l’art pour l’art à l’art social (1878-1906) », Veleia, 2019, no 36, p. 48.

13 Voir le chapitre correspondant dans Stéphane Laurent, Les Arts appliqués en France, op. cit., p. 243‑274.

14 Poinsignon (dir.), École normale d’institutrices de Meurthe-et-Moselle, Essey-lès-Nancy, imprimerie Christmann, 1979, p. 11.

15 AD 54, 1 T 1275 — « École normale d’institutrices : création et organisation. Élèves, enseignement, examens, programmes, bulletins scolaires. Bourses et engagements décennaux, subventions. 1880 à 1839 ».

16 Théorisée par Eugène Guillaume, alors inspecteur général de l’enseignement du dessin, la méthode géométrique se fonde sur la copie des modèles géométriques en deux puis trois dimensions. La méthode « Guillaume » modifie également les rapports élèves-professeurs en orientant la pédagogie dans une dimension plus collective. Cette méthode reste en vigueur jusqu’en 1909 où elle est remplacée par la méthode « intuitive » de Gaston Quénioux. Voir Renaud D’Enfert, « Gaston Quénioux et la réforme de l’enseignement du dessin au début du XXe siècle en France », Educació i Història: Revista d’Història de l’Educació, 2021, no 37, p. 57.

17 Marie-Claude Genet-Delacroix et Claude Troger, Du dessin aux arts plastiques : histoire d’un enseignement, Orléans, France, Centre régional de documentation pédagogique de la région Centre, 1994, p. 41.

18 La collection de plâtres utilisés comme modèles pédagogique a été constituée sur un temps très long, car la fondation de l’École date de 1793. Elle est encore enrichie en 1881 lorsque l’École absorbe celle de modelage de Charles Pêtre. Voir Gilles Marseille, « Des modèles pédagogiques devenus patrimoine artistique », art. cité.

19 Roger Marx et Alexandre Hepp, L’Art à Nancy en 1882, avec une lettre d’Alexandre Hepp., Nancy, R. Wiener, 1883, p. 4.

20 Sur les réflexions relatives à la moralité, voir Rebecca Rogers, « Le professeur a-t-il un sexe ? : les débats autour de la présence d’hommes dans l’enseignement secondaire féminin, 1840-1880 », Clio, 1996, no 4. Sur la loi Gobelet, voir l’article 6 : « Loi sur l’organisation de l’enseignement primaire du 30 octobre 1886 », Journal officiel de la République française. Lois et décrets, 31/10/1886 p. 1.

21 AD 54, 14 ETP 1 — Jules Larcher, « Propositions relatives au remaniement des règlements organique et intérieur de l’École des beaux-arts », 1er octobre 1911.

22 Voir notamment Marina Sauer, L’Entrée des femmes à l’École des Beaux-Arts : 1880- 1923, op. cit.

23 AMN, 1 R 297 — Jules Larcher, « Admission des Jeunes filles », op. cit.

24 AMN, 1 R 293 — Jules Larcher, « Courrier aux patrons des apprentis concernant les modifications d’horaires du cours du midi », janvier 1892.

25 François Roth, « La bourgeoisie nancéienne autour de 1900 : ses différentes strates, ses activités, ses modes de relation à la culture », Annales de L’Est, 2005, numéro spécial, p. 36‑37.

26 AD 54, 14 ETP 58 — « Garçons : n°1 (17 avril 1882) à n°1880 (3 novembre 1899) ; filles : n°1 (3 février 1888) à n°220 (3 novembre 1899) ».

27 Rebecca Rogers (dir.), La Mixité dans l’éducation. Enjeux passés et présents, Lyon, ENS Éditions, 2004, p. 17.

28 AD 54, 14 ETP 50 — « École municipale et régionale des beaux-arts de Nancy - Règlement Organique », 1882, p. 8.

29 Gilles Marseille, « Des modèles pédagogiques devenus patrimoine artistique », art. cité.

30 AD 54, 14 ETP 1 — Jules Larcher, « Remaniement des règlements de l’École », op. cit.

31 AD 54, 14 ETP 50 — « École municipale et régionale des beaux-arts de Nancy - Règlement Organique », op. cit., p. 8‑9.

32 Les cours d’histoire de l’art sont assurés par Émile Krantz, professeur de littérature française et doyen de la faculté de Nancy à partir de 1890. Voir Lucie Oswald, Le Fonds photographique de l’Institut d’Archéologie Classique de l’Université de Nancy : redécouverte d’un outil pédagogique et scientifique, mémoire de master 2 en histoire de l’art et archéologie, sous la direction de Samuel Provost, Université de Lorraine, Nancy, 2016, p. 16‑17, en particulier la note n° 19, p. 16.

33 AD 54, 14 ETP 1 — Jules Larcher, « Remaniement des règlements de l’École », op. cit.

34 Ibid.

35 Gilles Marseille, « Des modèles pédagogiques devenus patrimoine artistique », art. cité.

36 Une dizaine de jeunes filles suivent les cours de la section de modelage après avoir suivi pendant plusieurs années les cours de dessin. Parmi elles, une majorité d’élèves sont inscrites sur la période 1910-1914.

37 AD 54, 14 ETP 1 — Jules Larcher, « Remaniement des règlements de l’École », op. cit.

38 AMN, 1 R 297 — Jules Larcher, « Admission des Jeunes filles », op. cit.

39 D’après les registres d’inscription de l’École : AD 54, 14 ETP 58 — « Garçons : n°1 (17 avril 1882) à n°1880 (3 novembre 1899) ; filles : n°1 (3 février 1888) à n°220 (3 novembre 1899) », op. cit.

40 Rebecca Rogers, « L’impensable mixité de l’enseignement secondaire féminin en France au XIXe siècle », dans Rebecca Rogers (dir.), La Mixité dans l’éducation, op. cit., p. 103.

41 Les mêmes distinctions genrées sont observables à l’École nationale des arts décoratifs de Limoges : Adèle Lamade, Les Jeunes filles de l’École nationale des arts décoratifs de Limoges, 1881-1908 : formation et professionnalisation, mémoire de Master 2, sous la dir. de Julie Verlaine, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, Paris, 2021, p. 147‑151.

42 AD 54, 14 ETP 60 — « Garçon : n°3871 (17 novembre 1913) à n°4164 (30 juin 1919) ; filles : n°421 (27 novembre 1913) à n°504 (3 juin 1919) ».

43 Les filles et les garçons font l’objet d’une numérotation distincte dans les registres d’inscription, ce qui facilite aujourd’hui les décomptes. Ces registres indiquent des éléments d’état civil utiles pour une prosopographie. Outre les dates d’inscription et désinscription, on trouve les cours dans lesquels les élèves s’inscrivent. Les jeunes filles de classes sociales inférieures sont repérables dans les registres à travers les mentions des professions des parents. En croisant les informations de ces registres, il ressort que ces jeunes filles ne poursuivent pas en division supérieure.

44 La durée d’étude des élèves qui se destinent au professorat de dessin varie selon le concours visé. Le concours pour l’enseignement du dessin dans les lycées et les collèges est réputé difficile et nécessite plus de préparation. Dans ce cas, la durée d’inscription peut dépasser les quatre ans.

45 Manuela Martini et Pierre Vernus, « Tisseurs et tisseuses en soie au travail dans les ateliers de la Fabrique de Lyon au milieu du XIXe siècle », Le Mouvement Social, 2021, vol. 276, no 3, p. 71‑92.

46 Sylvie Schweitzer, « La non mixité des formations ou la triple cécité », dans Marianne Thivend (dir.), « Apprentissages et formations techniques et professionnelles de filles et de garçons, XIXe et XXe siècles », Cahiers Pierre Léon, 2005, no 6, p. 13.

47 La Presse locale, principalement L’Est Républicain et La Lorraine Artiste, rapporte chaque année les listes des diplômées aux concours de l’enseignement du dessin. Elles sont ainsi bien plus mises en avant que leurs camarades, ce qui accroit une perception faussée des carrières.

48 AMN, 1 R 297 — Jules Larcher, « Admission des Jeunes filles », op. cit.

49 Charlotte Foucher-Zarmanian, Créatrices en 1900. Femmes artistes en France dans les milieux symbolistes, Paris, Mare & Martin, 2015, p. 96. ; Claire Le Thomas, « Travaux manuels domestiques et pratiques ordinaires de création : dépasser les différences de genre par l’expression artistique ? », dans Fabien Knittel et Pascal Raggi (dir.), Genre et techniques, XIXe-XXIe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013, p. 241.

50 Claire Le Thomas, « Travaux manuels domestiques et pratiques ordinaires de création : dépasser les différences de genre par l’expression artistique ? », op. cit., p. 241.

51 Nathanaelle Tressol, « Formation artistique des femmes à l’Union Centrale des Arts Décoratifs : les débuts de l’École d’art (1897-1908) 1/3 », Du beau dans l’utile, consulté le 3 mars 2022 https://bibartsdecos.hypotheses.org/195.

52 AMN, 1 R 297 — Jules Larcher, « Réponse à l’adjoint au maire quant à la participation des jeunes filles à l’exposition des arts de la femme », 18 juin 1892.

53 Les collaborateurs des industriels d'art et les ouvriers sont très bien connus. Ces études, notamment celle menée par F. Le Tacon, ne partent pas des cohortes de l'École des beaux-arts mais bien des archives des industriels. Il n'y a pas de femmes au sein de l'École de Nancy. Voir Valérie Thomas, Jérôme Perrin, Hervé Doucet, Jean-Claude Bonnefont, et Roselyne Bouvier, L’École de Nancy : art nouveau et industrie d’art, Paris, Somogy éditions d’art, 2018, p. 77.

54 Audrey Millet, « Les genres de l’ornement à la manufacture de Sèvres au XIXe siècle », dans Fabien Knittel et Pascal Raggi (dir.), Genre et techniques XIXe-XXIe siècles, op. cit., p. 166.

55 Stéphane Laurent, Les Arts appliqués en France, op. cit., p. 377‑378.

56 AMN, 1 R 297 — Jules Larcher, « Rapport concernant la fréquentation de l’École municipale et régionale des beaux-arts des années 1886-1888 », 3 novembre 1888.

57 Ibid.

58 AD 54, 14 ETP 58 à 60.

59 Les élèves qui quittent l’établissement pour l’été sont tenus de se désinscrire, mais sont réintégrés à la rentrée. Il en résulte des registres dont les dates d’entrées et de sorties sont très hachées, rendant les décomptes manuels fastidieux. Le graphique obtenu est calculé à partir d’une compilation des intervalles d’inscriptions dans un diagramme de Gantt sous Excel. Celui-ci permet de calculer le nombre exact d’inscrites au mois près.

60 AMN, 1 R 297 — Victor Prouvé, « Restriction des admissions des jeunes filles à l’École des beaux-arts », 2 juillet 1893.

61 La formation des ouvriers d’art décoratif est une préoccupation commune à tous les industriels en France à cette période. Cependant, chaque foyer industriel fait l’objet de problématiques spécifiques selon ses besoins. Voir Stéphane Laurent, Les Arts appliqués en France, op. cit., p. 409, 414‑415. Pour le cas de Limoges, se reporter au mémoire d’Adèle Lamade, Les Jeunes filles de l’École nationale des arts décoratifs de Limoges, 1881-1908 : formation et professionnalisation, op. cit., p. 151‑154.

62 Voir notamment les vifs échanges publiés entre Émile Nicolas, Victor Prouvé et le Commandant Lalance dans le Bulletin des sociétés artistiques de l’Est, 1908, p. 42‑47, 56‑58, 58‑62.

63 AMN, 1 R 297 — Victor Prouvé, « Restriction des admissions des jeunes filles à l’École des beaux-arts », op. cit.

64 AD 54, 14 ETP 97 et 14 ETP 98 — « Vie Scolaire, Contrôle de l’assiduité et discipline, État de présence journalier toutes sections confondues 1883 (novembre) - 1898 (juin) ».

65 Lylian Etienne, « Les Lorraines et leurs professeurs de peinture. Une application de la théorie des réseaux en histoire de l’art », QuiDames peintresses, consulté le 23 juillet 2022 https://q2p.hypotheses.org/65.

66 Hélène Sicard-Lenattier, La Société Lorraine des Amis des Arts et des Musées : 175 ans au service de la création artistique à Nancy, Nancy, 2007, p. 29.

67 AMN, 1 R 297 — Jules Larcher, « Proposition de réduction des admissions de jeunes filles à l’École des beaux-arts », 5 juillet 1893.

68 AMN, 1 R 297 — Adjoint délégué Le Monnier, « Réponse à M. Zugmayer », 28 novembre 1893.

69 Lylian Etienne, Les Femmes artistes à Nancy : 1888 - 1914, mémoire de master, sous la direction de M. Samuel Provost, Université de Lorraine, Nancy, 2019, p. 118‑119.

70 On mentionnera par exemple les cours donnés par les Sœurs Pariset (L’Est Républicain, 06/10/1902 p. 3) et Louise Imbert (L’Est Républicain, 02/10/1902 p. 3).

71 Philippe Savoie, « Offre locale et engagement de l’État. Les enseignements technique et primaire supérieur à Nancy et les conditions de leur évolution sous la Troisième République », art. cité, p. 64‑65.

72 Paradoxalement, si la construction du lycée de filles réduit les effectifs féminins à l’École des beaux-arts, elle fait aussi durer la situation précaire des garçons, car la mairie ne dispose pas alors des fonds suffisants pour mener de front les constructions du lycée et de la nouvelle école (AMN, 1 R 298 — Jules Pillet, « Rapport de M. l’inspecteur sur l’École des beaux-arts », 30 avril 1898).

73 Jean Montacié et François Moulin, Nos écoles de Nancy : une histoire de l’éducation en Loraine du Moyen âge à nos jours, Nancy, Éd. Renaudot, 2011, p. 79‑82.

74 Renaud D’Enfert et Virginie Fonteneau (dir.), L’Offre locale d’enseignement scientifique et technique, op. cit., p. 9.

75 AMN, 1 R 294 — « Avis sur le report de la rentrée de 1910 », 12 novembre 1910.

76 AMN, 1 R 296 — Jules Larcher, « Programme et horaire proposés pour le fonctionnement dans les nouveaux locaux », mai 1910.

77 AD 54, 14 ETP 1 — Jules Larcher, « Remaniement des règlements de l’École », op. cit.

78 AMN, 1 R 300 — Victor Prouvé, « Traitement du personnel », v 1919.

79 Stéphane Laurent, Les Arts appliqués en France, op. cit., p. 524‑525.

80 AMN, 1 R 296 — Victor Prouvé, « Organisation de l’enseignement des arts appliqués à l’École des beaux-arts de Nancy », 7 mai 1919.

81 C’est ce que laissent entendre les cahiers de présence des élèves. AD 54, 14 ETP 88 — « Vie Scolaire, Contrôle de l’assiduité et discipline, État de présence journalier par section. Années scolaires 1921-1932, Section décoration et broderie ».

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Pour citer cet article

Référence électronique

Lylian Étienne, « Composer avec les filles : la mixité à l’École des beaux-arts de Nancy (1888-1910) »Revue d’histoire culturelle [En ligne], 6 | 2023, mis en ligne le 08 juillet 2023, consulté le 15 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/rhc/4979 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rhc.4979

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Auteur

Lylian Étienne

Lylian Étienne est doctorant contractuel en histoire contemporaine à l’Université de Lorraine au Centre Régional Universitaire d’Histoire (CRULH). Sa thèse, co-dirigée par Laurence Guignard et Guillaume Le Gall, porte sur les femmes artistes dans les expositions des beaux-arts en Lorraine entre 1860 et 1914 : modèles sociaux, stratégies et identités individuelles. Ses recherches mêlent histoire sociale et histoire de l’art par des approches quantitatives et connectées aux humanités numériques. Contact : lylian.etienne@gmail.com

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