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Restaurer, conserver, préserver : incendie et restauration de la cathédrale de Chartres (1836-1840)

Une mémoire fragile et sélective
Restore, conserve, preserve: fire and restoration of Chartres Cathedral (1836-1840)
Claire Depambour

Résumés

La reconstruction de la cathédrale de Chartres, après le violent incendie qui détruisit sa toiture, sa charpente et ses cloches, dans la nuit du 4 au 5 juin 1836, permit de jeter les bases d’une politique nouvelle en matière de restauration des monuments historiques.
Que fallait-il restaurer ? Un lieu de culte ou un monument national ? Les hommes de la monarchie de Juillet optèrent pour la seconde solution, provoquant l’ire du clergé et des légitimistes.
La construction de l’Histoire et de la mémoire nationales, instrument de légitimation du pouvoir politique, chère à François Guizot, allait de pair avec une vaste entreprise de conservation du patrimoine dont l’Inspection des monuments historiques serait l’instrument idéal. On ne devait plus seulement restaurer la cathédrale de Chartres, mais assurer sa pérennité en la transformant, selon les mots du député maire Adelphe Chasles, en « un édifice totalement incombustible ».
La notion émergente de monument national s’enracinait dans les discours des révolutionnaires qui œuvrèrent pour sauver les monuments voués à la destruction sous la Terreur. Ces discours fondateurs qui dissociaient religion et esthétique contribuèrent à l’émergence d’une science archéologique laïque et à la reconnaissance de la valeur inestimable de l’art médiéval. La cathédrale de Chartres était désormais investie d’une identité multiple, à la fois historique, artistique et religieuse.

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Texte intégral

  • 1 Sayuri Kawase, Les charpentes métalliques des cathédrales au XIXe siècle (1836-1897) : à partir de (...)

1Les ouvrages consacrés à la restauration des monuments du Moyen-Âge font la part belle aux travaux de Viollet-Le-Duc et à l’apport incontestable de ses théories en la matière. La thèse de Sayuri Kawase sur les charpentes métalliques remit la cathédrale de Chartres au centre des débats1. Les querelles parfois mouvementées qui opposèrent les partisans des matériaux modernes aux partisans d’une restitution à l’identique ne doivent pas masquer les enjeux politiques et religieux qui eurent une influence incontestable sur les choix des architectes. A cet égard, la restauration de la cathédrale de Chartres intervint dans un moment clé de l’histoire des monuments historiques.

  • 2 Disgrâce au demeurant toute relative, comme le démontre Sayuri Kawase dans sa thèse. En effet, Viol (...)

2En 1836, François Debret travaillait encore à la restauration de la basilique de Saint-Denis et les charpentes métalliques n’étaient pas encore tombées en disgrâce2, en partie sous l’impulsion de Viollet-le-Duc et de ses disciples. La pensée de François Guizot prévalait sur le reste. En construisant une histoire nationale centrée sur le Moyen-Âge, les hommes de la monarchie de Juillet entendaient également assurer la pérennité des monuments les plus emblématiques de cette période. Aux dépens de l’Église privée de la propriété des cathédrales depuis le Concordat de 1801 et, de surcroît, mise à l’écart depuis la promulgation de la Charte de 1830. La solidité des matériaux choisis lors de leur restauration l’emportait sur leur authenticité. La cathédrale de Chartres, devenue monument historique et instrument de légitimation du pouvoir politique, devait être indestructible.

  • 3 Les documents conservés aux archives départementales d’Eure-et-Loir apportent également un éclairag (...)

3Sur ces sujets, les sources abondent3. La correspondance entre les autorités locales (préfets, maire, évêque) et le ministre de la Justice et des cultes, les rapports des architectes, les articles de la presse régionale et nationale permettent également de mesurer l’influence de l’opinion publique chartraine, peu sensible à ces débats esthétiques, parfois hostile à l’autorité épiscopale, mais soucieuse d’abord de retrouver une cathédrale, considérée peu à peu, non seulement comme un lieu de culte, mais d’abord comme une gloire locale. L’incendie et la restauration de la cathédrale de Chartres eurent aussi un retentissement sur le plan national. Les camps politiques en présence (républicain, catholique, légitimiste et orléaniste) ne furent pas en reste, chacun revendiquant la propriété de la cathédrale en essayant de donner au monument une identité propre (historique, artistique ou religieuse). Entre les légitimistes qui en appelèrent à l’union sacrée autour de l’autel, les orléanistes qui revendiquaient l’union de la Nation incarnée par le roi et les républicains prêts à célébrer la gloire des bâtisseurs de cathédrales, les tensions étaient vives et les points de vue irréconciliables. L’idée même de Nation était au centre des débats.

La construction de l’Histoire : la cathédrale de Chartres s’invite dans les débats

  • 4 Cité par l’abbé Bulteau, Monographie de la Cathédrale de Chartres, Chartres, Société archéologique (...)

4Prise dans la tourmente, la cathédrale de Chartres échappa aux assauts destructeurs des révolutionnaires. Le discours prononcé, le 24 décembre 1793, devant le conseil général de la Commune par le conventionnel Sergent-Marceau permit non seulement de sauver la cathédrale d’une probable destruction partielle, mais posa également les fondements d’une définition nouvelle du monument national. « Citoyens, proclama-t-il, la piété crédule de nos ancêtres nous a transmis un trésor précieux qui fera oublier leurs erreurs et tant de siècles d’ignorance... La cathédrale de Chartres offre des beautés qui ont sans cesse fixé l’attention de tous les voyageurs et attiré dans ce pays les amateurs de l’architecture gothique... Conservons donc avec soin ce monument. Que jamais la hache et le marteau ne l’entament »4.

  • 5 Ibid. « En 1771, le Chapitre fit badigeonner sa cathédrale par les Milanais Borani ; de sorte que, (...)
  • 6 Françoise Choay, L’Allégorie du Patrimoine, Paris, Seuil, 1992, p. 92. Voir en particulier « l’Inst (...)

5Ce discours qui dissociait religion et esthétique marquait une rupture. La cathédrale était progressivement investie d’une identité multiple, à la fois historique, artistique et religieuse. Une identité éclatée, à bien des égards, qui mettait à mal l’alliance du regnum et du sacerdotium, principe fondateur de l’art gothique. En vantant les beautés de l’art gothique devenues un enjeu esthétique et non plus religieux, Sergent-Marceau rompait également avec les entreprises de restauration hasardeuses menées au XVIIIe siècle. La cathédrale de Chartres, comme tant d’autres monuments, n’avait pas échappé à ce que l’abbé Bulteau qualifiera ultérieurement de « vandalisme restaurateur » : elle avait été maladroitement repeinte et son jubé avait été détruit en 17635. L’art gothique si méprisé connaissait un timide mais décisif retour en grâce. De surcroît, les opposants à la politique de vandalisme jetèrent les premières bases d’une législation future. Comme le souligne Françoise Choay, « en faisant des monuments historiques la propriété par héritage du peuple tout entier, les comités révolutionnaires les dotaient d’une valeur nationale dominante et leur attribuaient des destinations nouvelles, éducatives, scientifiques et pratiques »6.

  • 7 « Note sur la destruction des monuments en France », 1825, préface de Notre-Dame de Paris, édition (...)
  • 8 Victor Hugo, « Guerre aux démolisseurs », Revue des Deux Mondes, 1832.

6Il fallut attendre l’arrivée au pouvoir de Louis-Philippe et la nomination de François Guizot au ministère de l’Instruction publique en 1832 pour que la question fût remise à l’ordre du jour. Certes Victor Hugo, dans trois textes fondateurs7, avait déjà sonné l’alarme. Les monuments étaient le bien de la Nation, c’est-à-dire le bien de tous. Ils devaient être protégés, non pour leur valeur éducative comme au temps de la Révolution, mais pour des raisons esthétiques. « Il y a deux choses dans un édifice, écrivait-il, son usage et sa beauté. Son usage appartient au propriétaire, sa beauté à tout le monde, à vous, à moi, à nous tous »8.

  • 9 François Furet, La Révolution (1770-1880), de Turgot à Jules Ferry, Paris, Hachette, Histoire de Fr (...)

7Mais l’ambition de Guizot était autre. La Nation, selon les hommes de Juillet, s’incarnait dans son roi. Entre le poète, qui n’était pas encore converti aux idées républicaines, et le ministre emblématique de Louis-Philippe, la rupture était profonde. Comme le rappelle François Furet, « (Guizot) cherche un point d’arrêt, ou d’ancrage, dans l’idée de faire ‟représenter” la raison du corps social par le petit nombre des plus riches, qui sont aussi le plus ‟éclairés”. Mais ce faisant, il s’écarte de la tradition de 89, et d’ailleurs de la philosophie libérale en général »9.

  • 10 Laurent Theis, « Guizot et les institutions de mémoire » dans Pierre Nora (dir.) Les Lieux de Mémoi (...)

8Le parti libéral, soucieux d’assoir la légitimité du pouvoir en place, travaillait activement à la construction d’une histoire nationale. Le bras armé de cette entreprise serait la Société de l’Histoire de France créée en 1833 sous l’impulsion du nouveau ministre de l’Instruction publique. Elle se donnait pour mission de publier et de porter à la connaissance de tous les textes et documents anciens constitutifs de l’histoire nationale. « Le recours à l’histoire, l’enracinement de la mémoire nationale, écrit Laurent Theis, étaient d’autant plus nécessaires au régime de Juillet que celui-ci était pauvre de légitimité... Le principe de conservation, qui est au cœur même du système intellectuel et politique de Guizot, appelle la constitution rapide d’une tradition. Louis-Philippe, s’il ne procède d’aucun principe, incarne une réalité : la nation. Ce roi, national par excellence (…) symbolise l’alliance enfin nouée de la royauté et de la Révolution »10.

  • 11 Charles-Olivier Carbonell, « Guizot, homme d’État, et le mouvement historiographique français du XI (...)

9En créant la Société d’Histoire de France, le ministre entendait également rallier à la cause du régime une classe d’intellectuels, conçue comme une élite nouvelle, distincte de l’aristocratie déclinante et de la bourgeoisie dominante, capable à la fois de légitimer le pouvoir et d’étendre son influence en province. Comme le rappelle Charles-Olivier Carbonell, « l’œuvre à la fois historiographique et institutionnelle de Guizot est une oeuvre politique... L’organisation des études historiques telle qu’il l’a pensée et créée, correspond à l’image qu’il se faisait de la société française et à l’idée qu’il avait des intérêts de la France »11.

  • 12 Ludovic Vitet (1802-1873) : ce proche de Guizot fut l’un des fondateurs, en 1827, de la société « A (...)
  • 13 André Fermigier, « Mérimée et l’Inspection des Monuments Historiques » dans Pierre Nora (dir.) Les (...)

10Autre objet de cette histoire en construction : les monuments du passé, fragilisés par les ans et, pour certains, saccagés lors de la Révolution. La démarche de Guizot allait de pair avec une vaste entreprise de conservation du patrimoine dont l’Inspection des Monuments historiques serait l’instrument idéal. La nomination à sa tête de Ludovic Vitet12, ami et disciple de Guizot, et de Prosper Mérimée, athée notoire et revendiqué, contribua sans doute à l’émergence d’une science archéologique laïque. Comme le souligne André Fermigier, « la pieuse Restauration avait vu avec indifférence peu à peu disparaître les souvenirs de la France de Saint Louis. Ce qui en restait fut, en grande partie, sauvé par de parfaits mécréants »13. Les protestants seraient aussi de la partie (François Guizot, la famille Delessert). Les hommes de Juillet qui avaient si âprement combattu le régime de Charles X ne pouvaient s’allier à l’Église, fervent soutien du roi déchu, au moins dans sa composante la plus radicale.

  • 14 Un projet de restauration avait vu le jour en 1829. Mais la chute de Charles X, l’année suivante, a (...)
  • 15 Dominique Poulot, « L’archéologie de la civilisation », Colloque organisé par la fondation Guizot-V (...)

11La restauration de la cathédrale de Chartres, après l’incendie qui détruisit sa toiture, sa charpente et ses cloches dans la nuit du 4 au 5 juin 1836, serait leur affaire14. La conservation patrimoniale, selon Guizot, était assurément élitiste, centrée autour de l’idée fondatrice de civilisation. Comme le rappelle Dominique Poulot, pour Guizot, « le monument figure l’entre-deux privilégié du social et de l’individuel. Expression ‟extérieure”, il fournit l’intelligence du ‟dedans”. Sa valeur heuristique permet la découverte d’une civilisation, en procédant à rebours de sa conception et de son érection, de l’empreinte au moule »15. Cette glorification du monument, symbole d’une époque et des idées qui la traversent, allait durablement influencer les choix de conservation et de restauration.

La nuit du 4 au 5 juin 1836

12Les causes du sinistre furent immédiatement identifiées. Deux ouvriers, le compagnon Joseph Russily et le jeune apprenti Louis Magdonal, avaient été chargés de réparer la couverture de la cathédrale abîmée par un orage. Une pluie violente survint à trois heures de l’après-midi. Les deux ouvriers s’abritèrent à l’intérieur de la charpente en emportant avec eux leur cagnard allumé. Lorsque la pluie cessa, ils revinrent à l’extérieur et placèrent leur réchaud à proximité d’une pièce en bois :

  • 16 AD d’Eure-et-Loir, série 3U1/796, jugements correctionnels, tribunal de 1ère instance de Chartres, (...)

Il faisait un vent très violent... et le cagnard devait faire l’objet d’une surveillance continuelle... Russilly étant monté à la corde nouée et ayant besoin d’un bout de corde pour rallonger son cordeau a crié à Magdonal de lui en chercher un... Magdonal s’est rendu à un endroit de la cathédrale appelé l’ange gardien... un certain laps de temps s’est écoulé... en revenant Magdonal a aperçu une vive clarté à l’extérieur, en son absence le feu avait pris à la pièce de bois qui était près du cagnard, Magdonal a appelé son camarade, mais le feu avait déjà fait de tels progrès qu’ils n’ont pas pu l’éteindre16.

  • 17 Précis sur l’incendie de la cathédrale de Chartres, donné par M. Gabriel Delessert préfet du départ (...)
  • 18 Ibid.

13L’alerte fut donnée en fin d’après-midi, le tocsin sonna à six heures et quart. La population chartraine se rendit immédiatement au pied de la cathédrale. Le feu avait démarré « dans l’angle formé par le comble de la nef et celui de la branche de la croix (côté de l’Évêché) »17. Le préfet, Gabriel Delessert, accompagné de quelques hommes, dont l’ancien architecte de la ville, Damars, le plombier Favret et le sapeur-pompier Brazon, monta immédiatement sur la galerie haute, dans l’espoir d’arrêter la progression du feu. Les autres sapeurs-pompiers étaient déjà à pied d’œuvre : les pompes étaient installées et les premières chaînes s’organisaient autour de la cathédrale. L’architecte, le lieutenant Petey et le sapeur-pompier Brazon tentèrent de pénétrer à l’intérieur de la charpente. Dans le même temps, d’autres pompiers, équipés d’une pompe à incendie essayèrent d’opérer des coupures dans la toiture. En vain. Le feu avait gagné le pignon de la façade occidentale. « En trois quarts d’heure toute la charpente du comble de la nef, celle du choeur et des bras de la croix étaient embrasées et tombées avec fracas sur les voûtes »18.

  • 19 Ibid.

14La ville était désormais en danger : « une pluie de feu menaçait (les rues situées à proximité de la cathédrale) à chaque instant, poussée par un vent sud-ouest »19. Les hommes, présents sur la galerie haute, durent battre en retraite. Le clocher nord prit feu à sept heures trente.

  • 20 Ibid.

Cette prodigieuse Pyramide, rapporta Gabriel Delessert, semblait sortir d’un volcan. Tous ses ornements se dessinaient admirablement et à chaque instant des morceaux embrasés de la charpente de ce clocher étaient lancés au loin. Les trois cloches, rougies par le feu, tombèrent avec fracas... Le seul Beffroi de l’horloge placé au faite du clocher n’a point été atteint, l’action du feu n’arrivant pas à cette grande hauteur ; il continuait à sonner les heures avec une solennelle régularité, au milieu du rugissement de l’incendie. Les combles des voûtes offraient l’aspect d’une mer de feu d’où ruisselaient des cascades de plomb fondu20.

  • 21 Honoré-Félix-André Lejeune, Historique de la cathédrale de Chartres, premier appendice, comprenant (...)
  • 22 Archives municipales de Chartres, rapport du préfet Gabriel Delessert.

15Mais la cathédrale était aussi attaquée par l’intérieur. Des morceaux de la charpente calcinée et des morceaux de métal tombaient par les œillards à l’intérieur de la nef et du chœur. Les orgues étaient enveloppées de fumée21. Les pompiers de la commune de Saint Prest, conduits par leur maire, prirent position à l’intérieur de la cathédrale et reçurent l’ordre « d’inonder continuellement cette partie de l’église, les statues et les boiseries qui, déjà commençaient à prendre feu »22.

16À l’extérieur, la situation empirait, le feu se propageait sur les bas-côtés et attaquait la couverture en plomb. Les vitraux étaient menacés. Les habitants de la ville arrivèrent à la rescousse.

  • 23 Il s’agit de Jean-Baptiste Sellèque rédacteur en chef et propriétaire du journal républicain, le Gl (...)
  • 24 Honoré Lejeune, op. cit., p. 53.

Au même moment, écrivit Honoré Lejeune, une échelle est appuyée sur la muraille extérieure en face de la rue des changes. Les travailleurs ne reculent pas devant son manque de hauteur. Une seconde échelle est plantée simplement, et sans cordage, sur la tête de cette première qui devient son seul point d’appui. Puis, avec une hardiesse qui tient autant de l’irréflexion que de l’audace, mais qui prouve au plus haut degré le zèle vraiment aveugle qui dominait partout, on voit tout à coup cette route aérienne dont un léger mouvement pouvait rompre le frêle équilibre, parsemée spontanément d’hommes chargés de seaux et donnant le premier secours avec la sécurité la plus effrayante pour les spectateurs. M. Sellèque était du nombre de ces hardis travailleurs23. Heureusement de telles angoisses furent de courte durée24.

17Sur les ordres du préfet, André, le sonneur de la cathédrale, accompagné de quelques sapeurs-pompiers, grimpa sur le corridor pour éteindre, à l’aide de seaux d’eau, les premiers foyers d’incendie. Les pompiers de la commune de Saint Prest accoururent aussitôt pour leur prêter main forte. L’incendie des bas-côtés fut maîtrisé vers 23 heures.

  • 25 Rapport du préfet, Gabriel Delessert.
  • 26 Ibid.

18Tandis que l’incendie qui ravageait la charpente du clocher neuf baissait d’intensité, le clocher vieux s’embrasa à son tour. L’alerte fut donnée vers 22 heures à la vue de la fumée et des premières étincelles. La partie supérieure de la charpente brûlait déjà. Des hommes montèrent dans le clocher pour tenter de maîtriser l’incendie : « montés sur des poutres à moitié enflammées, ils firent des efforts inimaginables »25. En vain. À minuit, ils durent abandonner leur poste et le matériel qu’ils avaient emporté. « Vers deux heures, rapporta le préfet, le feu de cette énorme charpente fit subitement explosion ; elle s’écroula avec un épouvantable fracas. Le feu s’élança par toutes les issues du clocher qui parut alors tout en feu, et renouvela les alarmes des habitants »26.

  • 27 Honoré Lejeune, op. cit., p. 60.

En un clin-d’œil, poursuivit Honoré Lejeune, la base de cet énorme cône n’est plus à son intérieur que le cratère d’un volcan, qui se faisant jour par vingt bouches à la fois, vomit horizontalement vingt colonnes de feu qui s’élancent à trente pieds de la tour, qui s’en trouve enveloppée dans toute sa hauteur, et forme tout-à-coup une brillante et énorme pyramide de feu. Au vif éclat de son effrayante lumière, l’obscurité de la nuit disparaît et la ville entière, dépouillée comme par enchantement du voile lugubre qui la dérobait, se trouve spontanément éclairée comme en plein jour pendant plus d’un quart d’heure »27.

19À cet instant, chacun crut que la cathédrale était perdue. En réalité, faute de trouver du combustible, le feu commença à diminuer d’intensité. À quatre heures, le conseil municipal de Chartres lança un appel à la population :

  • 28 Archives municipales de Chartres, arrêtés du maire, 3ème registre, du 2 janvier 1826 au 3 avril 183 (...)

Chartrains, notre cathédrale vient d’être en partie détruite par un horrible incendie qui a menacé d’embraser notre ville. L’activité de tous a suspendu ce dernier désastre. C’est à l’autorité à prendre les mesures qui doivent nous en préserver. Le feu n’a point étendu ses ravages au-delà de l’enceinte de la cathédrale, mais un brasier immense existe sur la voûte restée intacte, et occasionnerait infailliblement de nouveaux malheurs, si nous ne réunissons pas tous nos efforts pour l’éteindre... Pour cela, Chartrains, il faut des bras, des bras nombreux. En conséquence, le maire de Chartres fait un appel à ses concitoyens qui déjà dans la soirée d’hier ont donné tous des preuves de leur courage et de leur dévouement28.

  • 29 Le sort de l’ouvrier charpentier, Julien Husson, fut tragique. Amputé de la jambe droite, à la suit (...)

20Le feu fut définitivement maîtrisé vers 9 heures. Le préfet passa en revue les compagnies de sapeurs-pompiers et l’ensemble des hommes qui avaient contribué à éteindre l’incendie. L’ordre de dispersion fut donné. La cathédrale était sauvée. Tous les hommes qui avaient combattu l’incendie étaient sains et saufs29.

Le temps de la reconstruction et la difficile question du financement

21Le ministre de la Justice et des cultes, Paul-Jean Sauzet, se rendit aussitôt à Chartres, accompagné de l’architecte de l’église de la Madeleine, Jean-Jacques Huvé. Une commission parlementaire fut nommée dans la foulée. Mais que fallait-il restaurer ? Un lieu de culte ou un monument national ? Les hommes de Juillet optèrent pour la seconde solution, provoquant l’ire des légitimistes et du clergé. À l’État la restauration de la toiture et de la charpente, à l’évêché celle des cloches.

  • 30 Le 14 février 1831, les légitimistes voulurent organiser un service funèbre à Saint Germain l’Auxer (...)

22À vrai dire, le débat commençait dans un contexte difficile. L’émeute de Saint Germain l’Auxerrois et la mise à sac de l’archevêché et de Notre-Dame de Paris en février 1831 par les opposants à Charles X avait attisé les passions30. En exigeant la restauration de Notre-Dame de Paris, les légitimistes pouvaient à la fois rappeler les dévastations commises pendant la Révolution et revendiquer l’union sacrée autour de l’autel. Dès le lendemain de l’incendie de la cathédrale de Chartres, le marquis de Larochejacquelein prit le relais et, dans un article publié dans La Gazette de France, en appela à l’unité nationale autour de l’autel :

  • 31 La Gazette de France, 7 juin 1836

Un des plus beaux monuments de la France, un des plus anciens de la chrétienté, vient d’être la proie des flammes. C’est ici vraiment que l’on peut en appeler au véritable patriotisme de tous ceux pour qui les grandes conceptions de nos pères sont un titre de gloire que nous devons tous revendiquer. Comme monument religieux, comme monument d’art, comme gloire du pays, la cathédrale de Chartres rappelle les plus grands souvenirs, et parle à toutes les sympathies31.

  • 32 L’évêque de Chartres avait démis de ses fonctions l’abbé Ledru, curé de Lèves, adepte de l’Église f (...)
  • 33 AD d’Eure-et-Loir, série V75, lettre de Mgr Clausel de Montals au préfet Gabriel Delessert en date (...)
  • 34 Ibid.
  • 35 AD d’Eure-et-Loir, série V 63, lettre du ministre de la Justice au préfet en date du 10 août 1836.

23Sur le plan local, les dissensions éclatèrent au grand jour. Si les Chartrains avaient pris des risques considérables pour sauver leur cathédrale, une partie d’entre eux n’en restait pas moins hostile au pouvoir épiscopal. L’émeute qui avait suivi le schisme de l’église de Lèves en 1833 demeurait l’un des faits marquants de l’histoire chartraine32. L’évêque de Chartres, Mgr Clausel de Montals, fidèle à la dynastie des Bourbons, ouvrit les hostilités au lendemain de l’incendie. Dès le 24 juin, il publia un mandement dans lequel il fit appel à la générosité des fidèles. Le préfet, Gabriel Delessert, le rappela aussitôt à l’ordre en lui signalant que les initiatives privées risquaient d’inciter la Chambre des députés à minorer le montant du budget destiné à la restauration de la cathédrale. La réponse de Mgr Clausel de Montals fut sans appel : « Il est impossible de comprendre que le zèle de la chambre soit refroidi par le soin que d’autres prendront de faire face à des dépenses dont elle déclare formellement qu’elle ne veut point se charger, c’est-à-dire dont elle ne veut point charger l’État »33. Ce parti pris, sans doute empreint d’amertume, trahissait une fracture profonde entre le pouvoir orléaniste et l’intransigeant évêque de Chartres, mis à mal sur son propre terrain. « Une cathédrale, ajouta-t-il, n’est un monument des arts que d’une manière secondaire et accessoire. La vraie destination est le culte, elle est l’église de l’évêque... Quand elle souffre quelque dommage, c’est à lui à élever le premier la voix pour exciter les fidèles à y remédier »34. Alerté dès le 2 juillet, le ministre de la Justice accueillit la nouvelle avec circonspection. Dans une lettre adressée au préfet, il rappela « que suivant les dispositions des articles 107, 108 et 109 du décret du 30 décembre 1809 et l’instruction ministérielle du 12 septembre 1820, il ne saurait être exécuté à l’édifice aucuns travaux que le projet régulier n’en ait été préalablement soumis au Conseil des Bâtiments Civils »35.

24Pourtant l’évêché, contraint de prendre à sa charge les travaux de reconstruction des cloches, commença à faire ses comptes et, en dépit des fonds récoltés après la vente d’une maison canoniale, dut lancer une quête auprès des fidèles. Le journaliste républicain, Jean-Baptiste Sellèque, propriétaire du Glaneur d’Eure-et-Loir, ne tarda pas à persifler l’initiative prise par l’évêque :

  • 36 Le Glaneur d’Eure-et-Loir, n° 29, 21 juillet 1836.

On dit que (la quête) a été très productive, il est vrai qu’aucun moyen n’a été négligé pour qu’il en soit ainsi... Maintenant, qui sera chargé de l’emploi de ces fonds ? C’est ce que l’on ignore... Parmi les souscripteurs, il s’en trouve probablement un certain nombre qui seraient satisfaits de ne plus être étourdis par un carillon de cloches, tel que celui qui existait avant l’incendie ; et il est probable que leur argent ne leur procurera pas cette satisfaction36.

  • 37 Article publié par l’abbé Sevrin dans le journal « La Vérité d’Eure-et-Loir » les 12 et 19 juin 193 (...)
  • 38 Il s’agit de l’architecte César Daly, disciple de Fourier et maître d’oeuvre de la restauration de (...)

25Sellèque avait-il visé juste ? Sans doute. Selon l’abbé Sevrin, l’article du Glaneur eut un effet dévastateur sur la population chartraine37 : « Le clergé de Chartres fit une quête à domicile qui fut contrariée, peut-être, par les injurieux soupçons d’un journal local à ce sujet ». Fermement décidé, de surcroît, à ne pas laisser l’évêché s’engager seul sur le terrain du financement, Sellèque relaya l’action menée par le journal fouriériste la Phalange et lança, à son tour, un appel à la générosité privée. Dès le 14 juillet 1836, le Glaneur informa ses lecteurs que les dessins réalisés par l’architecte César Daly seraient mis en vente, afin de participer au financement de la restauration de la cathédrale38 : « Voici l’œuvre généreuse à laquelle le Phalanstère a attaché son talent... Tous les frais sont avancés par le Phalanstère ; l’œuvre accomplie, une souscription sera ouverte, et le produit sera consacré à concourir à la restauration de la cathédrale ».

Le débat parlementaire : les lois des 5 juillet 1836 et 18 juillet 1837

  • 39 Chambre des députés, procès-verbaux, 1836, « exposé des motifs et projet de loi tendant à ouvrir au (...)

26En réalité, le gouvernement entendait rester maître du dossier. La chose était d’autant plus facile que, depuis le Concordat de 1801, les cathédrales étaient devenues propriété de l’État. Le ministre de la Justice, Paul-Jean Sauzet, se présenta devant les députés le 10 juin, afin d’obtenir un premier crédit de 400 000 francs. « L’incendie de la cathédrale de Chartres, annonça-t-il d’emblée, vient de frapper l’État dans un de nos plus précieux édifices. Le sentiment national lui-même s’en est vivement ému ». La sauvegarde de la cathédrale de Chartres, poursuivit-il, était le devoir du pays tout entier. « Conserver les monuments nationaux dans les diverses parties du territoire français, conclut-il, c’est maintenir partout cette grandeur du pays non moins précieuse dans le domaine des sentiments moraux que dans celui des intérêts matériels d’un peuple, c’est consacrer cette unité nationale »39.

  • 40 Ibid.

27Le discours du Garde des Sceaux était une véritable profession de foi politique. Il fallait certes rendre la cathédrale au culte, mais à l’union du trône et de l’autel, Sauzet opposait l’union de la Nation. Ce postulat heurtait de plein fouet la sensibilité légitimiste. La religion n’était pas absente du discours du Garde des Sceaux. Elle était seulement une composante parmi d’autres. L’incendie du 4 juin avait failli « déposséder le sol français, la religion, les arts et l’histoire du pays de l’un de ses plus magnifiques monuments »40. La patrie l’emportait sur la religion.

  • 41 Ses membres étaient : MM. Paganel, Delaborde, Saint-Marc-Girardin, Aroux, d’Amilly, Adelphe Chasles (...)
  • 42 Chambre des députés, projet de loi, séance du 23 mai 1837.

28Une commission fut aussitôt nommée41. L’objectif assigné aux architectes était triple : il fallait restaurer ce qui avait été détruit, prévenir les accidents futurs et conserver parmi les décombres ce qui méritait de l’être, en prenant soin de dissocier les parties techniques (la charpente et la toiture) des œuvres d’art. Les premières ne servaient qu’à mettre en valeur les secondes, elles étaient périssables, leur disparition ne pouvait constituer une perte autre que financière, les œuvres d’art, en revanche, étaient uniques, rares et irremplaçables. Pour le ministre de la Justice et des cultes, l’incendie de 1836 n’était finalement qu’un « simple accident »42. En conséquence, cette segmentation de l’édifice n’imposait pas qu’on redonnât son aspect d’origine à la charpente et à la toiture.

  • 43 Rapport fait au nom de la Commission chargée d’examiner le projet de loi tendant à ouvrir au Minist (...)
  • 44 Dans le rapport établi à la demande du Garde des Sceaux par les architectes François Debret, Jean-J (...)

29De surcroît, comme le souligna Ludovic Vitet, « il n’y a ni flèche à reconstruire (allusion à la cathédrale de Rouen), ni embellissements à introduire dans l’édifice »43. Pour les hommes de Juillet, la démarche n’était pas d’ordre esthétique, elle était purement technique, puisqu’à leurs yeux, la charpente qui s’était consumée dans les flammes n’avait aucune valeur archéologique ou artistique44. Il s’agissait d’une restauration a minima d’un édifice que les ans et la fureur révolutionnaire avaient relativement épargné. Il fallait protéger la cathédrale et rien d’autre.

30Une partie du clergé ne fut pas loin de penser la même chose.

  • 45 Mgr Pie Notice historique concernant la sonnerie ancienne et moderne de l’église cathédrale de Char (...)

Le sinistre de 1836, écrivit Mgr Pie, n’a rien détruit qui ne pût et qui ne dût prochainement être réparé. Aussi pouvons-nous ajouter... que ce désastre a été un malheur providentiel, puisqu’il est arrivé à un moment où la charpente, s’affaissant de toutes parts, allait exiger d’année en année des travaux onéreux qui n’eussent pas été faits avec autant de zèle peut-être45.

  • 46 Le Glaneur d’Eure-et-Loir du 9 juin 1836. La datation de l’édifice posait un sérieux problème. Sell (...)
  • 47 Ibid. Honoré Lejeune se rangea à cet avis. Il qualifia la charpente de « forêt merveilleuse », op.  (...)

31Personne ne pleura sur le sort de la charpente disparue, à l’exception de Victor Hugo et de Jean-Baptiste Sellèque, qui vanta « l’œuvre merveilleux d’habileté et de patience »46. Sans doute ce dernier était-il sensible au témoignage laissé par les hommes du passé : « Prodiguez donc, pauvres mortels, vos forces, votre activité, votre intelligence pour laisser une trace durable de votre passage sur la terre, un souvenir à la postérité ! Une étincelle, un souffle va tout effacer »47.

  • 48 Victor Hugo « Guerre aux démolisseurs », Revue des Deux Mondes, 1832.
  • 49 A cette heure, François Guizot était provisoirement retiré des affaires politiques. Il ne devait re (...)
  • 50 « Rapport fait au nom de la Commission chargée d’examiner le projet de loi tendant à ouvrir au Mini (...)
  • 51 Cette peur avait également été entretenue par la presse nationale qui, dans les jours qui suivirent (...)

32Pour l’heure, la désignation de Ludovic Vitet comme rapporteur de la commission parlementaire était de bon augure. Nommé en 1830 inspecteur général des monuments historiques par François Guizot et encensé par Victor Hugo dans son pamphlet « Guerre aux démolisseurs », il avait dénoncé les démolitions opérées sur la cathédrale de Reims lors du sacre de Charles X en 182548. Celle de Chartres ne pouvait trouver meilleur défenseur49. Fidèle à ses convictions, il débuta son discours à la Chambre, le 13 juin, par une célébration de l’art gothique et du style à ogives, dont Chartres était, disait-il, « un des premiers essais ». Il loua « l’éblouissante richesse de ses vitraux » et rappela que la cathédrale était « un temple sublime et un musée religieux et historique, que le passé seul a pu produire, et qu’à aucun prix le présent ne pourrait remplacer »50. Le message était clair. Pour les hommes de la Commission parlementaire, l’enjeu était double : la cathédrale de Chartres devait être sauvée pour des raisons artistiques, mais aussi pour préserver un témoignage de l’histoire, de la civilisation et de la mémoire nationales. Mais d’autres motivations prévalaient également : les témoins de l’incendie de 1836 avaient cru que la cathédrale ne résisterait pas aux assauts du feu et cette peur avait laissé des traces51. Dès lors, il fallait écarter tout matériau périssable qui risquait de nuire à la survie de l’édifice. Dans ce vaste projet de reconstruction, il n’y avait pas de place pour une nouvelle charpente en bois, trop fragile, exposée à un nouvel incendie dont la cathédrale ne se relèverait peut-être pas. Il fallait également renoncer à refaire une toiture en plomb, semblable à celle que le feu avait détruite. Pour la charpente, le choix du métal, incombustible, s’imposa sans discussion. Celle conçue pour l’église de la Madeleine à Paris servirait d’exemple.

  • 52 Lettre à Adèle Hugo du 18 juin 1836.Victor Hugo, France et Belgique, Alpes et Pyrénées, Voyages et (...)

33Mais le travail de restauration ne s’arrêtait pas là : la préservation de l’édifice passait nécessairement par l’élimination de certaines traces du passé. Pour qu’une mémoire puisse se construire et survivre, une autre devait s’effacer. Dans ces conditions, la charpente médiévale était irrémédiablement condamnée. Seul Victor Hugo s’opposa à cette décision. « Je dis que le dégât est immense dans toute la partie supérieure de l’église et, qui plus est, irréparable, écrivit-il. Pour la forêt, cela va sans dire... La matière première et l’ouvrier manquent. On fera un comble en fer, triste expédient, qui, heureusement au moins, ne se verra pas du dehors comme ce déplorable clocher de Rouen »52.

  • 53 Chambre des députés, projet de loi, séance du 23 mai 1837.
  • 54 AD d’Eure-et-Loir, série V75, « Cathédrale de Chartres. Devis approximatif du déblai à opérer sur l (...)

34La mémoire archéologique s’intéressa fort peu aux matériaux détruits pendant l’incendie ou à ceux qui avaient subsisté. La nécessité de préserver le monument prévalait sur le reste. En 1837, la Commission parlementaire demanda que les combles des bas-côtés, bien que restés intacts, soient également remplacés. « Les mêmes chances existent à l’égard de ceux qui surmontent les bas-côtés, affirma le ministre des Cultes, et les conséquences de l’incendie de ces derniers seraient, sans aucun doute, beaucoup plus funestes, puisque cet incendie entraînerait la destruction des vitraux peints. Or, des voûtes, des maçonneries si importantes qu’elles soient, peuvent se reconstruire à prix d’argent : mais la perte d’objets d’art est irréparable »53Pour l’heure, ordre fut donné de récupérer les métaux tombés lors de l’incendie, afin de les réutiliser lors de la restauration ou de les vendre54. Quant aux morceaux calcinés de la charpente, ils devaient être déblayés et détruits.

  • 55 Le Glaneur d’Eure-et-Loir du 23 juin 1836.

35Fort de ces arguments, Ludovic Vitet demanda à ses collègues d’adopter à l’unanimité le projet de loi présenté par le Garde des Sceaux. Il ne fut pas entendu. Sur les 263 députés présents, 30 s’y opposèrent. Ce vote eut peu de retentissement dans la presse nationale, désormais plus préoccupée par les affaires d’Algérie que par le sort de la cathédrale de Chartres. Seul Jean-Baptiste Sellèque manifesta sa désapprobation. « Nous croyons que ces trente honorables seraient fort embarrassés, si on leur demandait les motifs de leur vote, écrivit-il. Autant eût valu voter la destruction immédiate du monument »55.

  • 56 Rapport fait au nom de la Commission chargée d’examiner le projet de loi tendant à ouvrir au Minist (...)

36La question religieuse refit provisoirement surface dans les débats. En guise de conclusion, Ludovic Vitet rappela que ce vote était une occasion « de faire comprendre à nos populations religieuses, combien notre révolution de Juillet sait respecter profondément les objets de leur vénération »56. Cet argument ne fut pas entendu par tous. Le Garde des Sceaux avait placé le débat sur le terrain politique. C’est sur ce terrain que lui répondirent ses opposants. Lors de la présentation du projet de loi devant la Chambre des Pairs, le 29 juin, le marquis de Dreux-Brézé exigea du gouvernement qu’il prît également à sa charge la restauration de l’église Saint-Germain l’Auxerrois endommagée lors de la célébration de l’anniversaire de l’assassinat du duc de Berry. « Il est bien de réparer la cathédrale de Chartres, qu’un accident malheureux a failli détruire, déclara-t-il, il serait encore mieux, dans l’intérêt de l’ordre et de la morale, de replacer le signe vénéré de notre religion sur une église dévastée par suite de nos orages révolutionnaires ».

  • 57 Le National du 30 juin 1836.
  • 58 Les membres de cette commission étaient : le baron de Schonen, le colonel Paixhans, Poulle (Emmanue (...)

37Cette déclaration provoqua quelques remous dans l’assemblée. Le Garde des Sceaux lui répondit que si la religion devait rester « puissante et révérée », elle ne pouvait pas devenir « un instrument politique ». Le projet de loi fut adopté à une écrasante majorité : 86 voix pour et 4 contre57. Rien d’étonnant à ce que ce projet de loi, hautement politique, n’emporta pas l’adhésion de tous. La loi fut promulguée le 5 juillet. Le montant du budget était exceptionnellement élevé. Il s’avéra pourtant rapidement insuffisant et le ministre de la Justice dut, à nouveau, se présenter devant la Chambre des députés. Il y avait urgence car les travaux avançaient et les fonds commençaient à manquer. Ce fut au tour du député-maire orléaniste de Chartres, Adelphe Chasles, de présenter le rapport de la commission parlementaire58. La dépense était désormais évaluée à 1.587.976, 95 francs. Le devis initial calculé d’après les dépenses effectuées pour l’église de la Madeleine à Paris s’avéra complètement inopérant. La reconstruction des combles en fonte et en fer laminé était désormais évaluée à 694.311, 61 francs. La construction de la couverture en cuivre était estimée à 308 220, 17 francs mais la commission s’engageait déjà à trouver une solution moins onéreuse. Il fallait également réparer les murs calcinés, reconstruire la charpente du clocher neuf et restaurer le clocher vieux. Par souci d’économie, la commission parlementaire dut renoncer à la reconstruction de la charpente des bas-côtés évaluée à 193.878 francs. « On voudrait rendre l’édifice complètement incombustible, déclara Adelphe Chasles, et préserver surtout d’une ruine irréparable les magnifiques vitraux peints qui décorent les grandes fenêtres placées au-dessus des bas-côtés ».

  • 59 Ibid.
  • 60 Après examen, il s’avéra que le zinc devait être posé selon le système dit de feuilles cannelées. C (...)
  • 61 Le Figaro et Le Constitutionnel du 28 juin 1837.

38Le budget final amendé par la Commission parlementaire s’élevait à 1.300.000 francs59. Le projet de loi fut présenté à la Chambre des députés lors de la séance du 27 juin. La Commission proposa de réduire le montant de ce budget en choisissant de construire une couverture en zinc. L’économie proposée s’élevait à 150 000 francs60. Le gouvernement céda. Le projet de loi fut adopté sans discussion. Sur les 231 députés présents, 64 votèrent contre61.

  • 62 Aucune mention ne fut publiée dans Le Journal des Débats du 12 juillet, Le Constitutionnel et Le Mo (...)

39Le projet de loi fut également adopté par la Chambre des pairs le 11 juillet : 97 voix pour et 4 contre. La question ne donna lieu à aucun débat. L’événement ne passionna pas davantage la presse nationale, qui préféra rendre compte des débats qui précédèrent le vote de la loi sur le sucre62.

Reconstruction de la charpente et de la couverture

  • 63 Bertrand Lemoine, L’architecture du Fer, France XIXème siècle , Coll. milieux, Champ Vallon, 1986.
  • 64 AD d’Eure-et-Loir, série V 75. Lettre du préfet à l’entrepreneur Jules Renaux en date du 23 juillet (...)
  • 65 Charles Eck, Traité de l’application du fer, de la fonte et de la tôle dans les constructions civil (...)
  • 66 La correspondance entre le préfet et le ministre de la Justice conservée aux archives départemental (...)
  • 67 Dans sa thèse, Sayuri Kawase soutient que l’architecte du département, Baron, fut, en réalité, l’au (...)
  • 68 Ces derniers eurent plus de chance ailleurs puisque leur projet (charpente métallique et couverture (...)

40Le choix du métal n’était pas une nouveauté et avait connu des précédents (cathédrale de Rouen, Théâtre français...)63. Encore l’administration entendait-elle user de procédés connus et ne pas faire « l’essai de systèmes qui n’ont pas encore été éprouvés par un grand nombre d’expériences »64. Toutefois les arguments qui prévalaient en faveur du fer et de la fonte étaient connus et avaient déjà été développés par Jean-Antoine Alavoine, lors de la construction de la flèche de la cathédrale de Rouen : solidité des matériaux, rapidité de la construction. Dans son ouvrage paru en 1841 « Traité de l’application du fer, de la fonte et de la tôle »65, l’architecte Charles Eck reprit cette argumentation. Mais, ajouta-t-il, la rigidité de ces matériaux permettait aussi de dégager l’espace, ce qu’une construction en bois n’autorisait pas. D’autre part, il fallait entamer les travaux de restauration au plus vite, afin de rassurer une population chartraine qui avait désormais sous les yeux une cathédrale étrangement dénudée66. Les voûtes avaient été considérablement fragilisées par l’incendie et les intempéries risquaient de porter préjudice à la solidité de l’édifice. L’urgence l’emportait sur le reste. Le projet retenu fut celui d’Émile Martin et du serrurier Mignon67, aux dépens des entrepreneurs Roussel et Leturc68. Plus onéreux que celui des autres candidats, il avait l’avantage d’offrir un comble en forme d’ogive qui devait rappeler l’architecture médiévale.

  • 69 De nombreux articles parus dans les Annales Archéologiques sous la plume d’Adolphe-Napoléon Didron (...)
  • 70 « Saint Denis, restauration de l’église royale » par le baron de Guilhermy, Annales Archéologiques (...)

41Mais à l’heure où Charles Eck vantait les mérites du fer et de la fonte, émergeait un autre courant hostile aux techniques industrielles et soucieux de revenir aux pratiques anciennes. A peine posées, la couverture en cuivre et la charpente métallique de Chartres étaient sous le feu des critiques formulées, en partie, il est vrai, pour justifier la cabale menée contre l’architecte de Saint-Denis, François Debret, qui avait eu recours aux mêmes procédés69. Le baron de Guilhermy prôna un retour aux techniques médiévales assurant, de surcroît, que la couverture en cuivre de Chartres n’était pas étanche et qu’il fallait désormais disposer des sceaux dans la charpente pour éviter les inondations, les jours de forte pluie70.

  • 71 Note rédigée en décembre 1849 (Archives Nationales, F19 7227), citée par Jean-Michel Leniaud Les ca (...)
  • 72 Jean-Michel Leniaud rappelle que parfois certaines des observations formulées par Viollet-le-Duc à (...)
  • 73 Querelle qui opposa les partisans de l’architecture néo-classique (le Conseil des Bâtiments civils) (...)
  • 74 Arnaud Timbert a souligné combien le choix des matériaux effectués lors des travaux de restauration (...)
  • 75 Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l’architecture, « Restauration », 1866, cité par Arnaud Ti (...)
  • 76 Voir Sayuri Kawase, op. cit, chapitre IV, p. 231 et suivantes.

42Viollet-le-Duc, pour sa part, ne fut guère plus charitable. Dans un rapport rédigé en 1849, il signala que le comble de Chartres commençait à rouiller et que les voûtes risquaient d’être endommagées71. Ces critiques étaient-elles réellement fondées ou émanaient-elles seulement d’un architecte ambitieux, désirant faire table rase de tout ce qui avait été entrepris avant lui72 ? Bénéficiant assurément de la querelle qui opposa le Conseil des Bâtiments civils à la Commission des monuments historiques73, il sut néanmoins proposer une vision nouvelle sur les principes de restauration des monuments du Moyen-Âge : on ne devait plus regarder l’architecture gothique comme un assemblage de parties distinctes et de qualité variable, mais comme un tout homogène et indissociable. Dans ces conditions, il n’était pas envisageable de reconstruire les charpentes des cathédrales autrement qu’en utilisant les matériaux d’origine au nom de l’unité du style. Non qu’il rejetât en bloc l’usage du fer ou de la fonte74, il alla même jusqu’à regretter que les architectes du XIIIe siècle n’aient pas pu en faire meilleur usage, assurant ainsi aux édifices une meilleure protection contre les incendies75. L’opposition de Viollet-le-Duc et de Jean-Baptiste Lassus à l’emploi des matériaux nouveaux, bien que revendiquée, fut mise à mal lors de la construction de la charpente de la nouvelle sacristie de Notre-Dame de Paris, inspirée de celle conçue pour la cathédrale de Chartres76.

43La définition du monument historique voulue par Guizot et ses disciples imposait, lors de la restauration des monuments anciens, le choix des matériaux nouveaux parce que jugés indestructibles. La vision de Lassus et de Viollet-le-Duc, loin des préoccupations de l’emblématique ministre de Louis-Philippe, se fondait pour le premier, sur le respect de la forme primitive et pour le second, sur l’unité du style.

44Comme le souligne Sayuri Kawase, le débat était aussi esthétique. Que fallait-il privilégier ? Une vision bi-dimensionnelle qui s’attachait à la forme extérieure (à cet égard, la charpente métallique de Chartres répondait idéalement à cet objectif) ou une vision autre qui mettait-en-valeur la combinaison des pièces, c’est-à-dire le retour aux techniques du passé ?

La cathédrale de Chartres dans l’Histoire

  • 77 AD d’Eure-et-Loir, série V54, lettre du Garde des Sceaux au préfet du 6 novembre 1847.
  • 78 Abbé Hamon, Notre-Dame de France ou Histoire du culte de la Sainte Vierge en France depuis l’origin (...)

45Les travaux de restauration de la cathédrale de Chartres furent achevés en 1840 avec la pose de la couverture en cuivre. La nomination de Jean-Baptiste Lassus comme architecte diocésain ouvrit une page nouvelle. Il ne s’agissait plus seulement de restaurer la cathédrale, mais de lui assurer une postérité. L’architecte fut chargé par le ministère de l’Instruction publique de rédiger une monographie de la cathédrale. Dans le même temps, Lassus entreprit de rassembler les fragments sculptés de l’ancien jubé détruit en 1763 et désormais « employés au dallage de la cathédrale ». Les travaux commencés sous la monarchie de Juillet « dans l’intérêt de l’art »77, selon les mots du Garde des Sceaux, furent poursuivis par la République. Face à l’émergence de cette science laïque, l’Église ne fut pas en reste. Des ouvrages relatant les miracles qui avaient eu lieu dans la cathédrale furent régulièrement publiés. La destruction de la cathédrale de Fulbert, lors de l’incendie de 1194, trouva une explication nouvelle : « En 1194, la sainte Vierge, comme si elle eût été mécontente de la forme moins grandiose de son sanctuaire, permit qu’il devînt la proie des flammes »78.

46Le souvenir de l’incendie de 1836 provoqua également une nouvelle passe d’armes entre l’évêché et le Glaneur d’Eure-et-Loir. L’évêque fit exposer un bas-relief représentant la Vierge et les anges venant au secours de la cathédrale en flamme. La riposte du Glaneur fut immédiate :

  • 79 Le Glaneur d’Eure-et-Loir du 7 janvier 1847.

Il se passe des miracles sous nos yeux et nous sommes assez aveugles pour ne pas les voir (…) Nous autres habitants qui y étions, qui avons tout vu, qui avons travaillé aux pompes, nous nous figurions tout simplement que le feu avait été mis à la charpente par l’imprudence d’ouvriers couvreurs, et que l’incendie (…) ne s’était éteint que quand il ne lui est plus rien resté à consumer : c’est ce que toute la population de Chartres peut attester... Eh bien, c’est là une double erreur79.

  • 80 « Nous défendons à tous les prêtres approuvés de ce diocèse d’accorder l’absolution aux personnes, (...)
  • 81 Le Glaneur d’Eure-et-Loir du 7 janvier 1847. L’article était signé par KO, membre de la Société de (...)
  • 82 Jean-Claude Farcy, La Terre et le Ciel. Croyances populaires, Église et État en Eure-et-Loir au XIX (...)

47Pour toute réponse, l’évêque de Chartres prononça l’excommunication des lecteurs du journal80. Mais la querelle était aussi religieuse. L’auteur de l’article du Glaneur fustigea l’enseignement dispensé par l’église catholique : « Ce ne sont pas des fictions poétiques que les fidèles vont chercher dans les églises, ajoutait-il, c’est la vérité, c’est l’enseignement religieux. Quand ils voient retracer les faits principaux de l’histoire sainte, ils doivent les regarder comme des réalités historiques et non comme des allégories »81. Mais cet ultime coup de force de l’évêché ne sembla pas avoir de grand retentissement dans un département, au demeurant, assez peu religieux. L’intransigeance de l’évêque, l’évocation du châtiment divin, loin de provoquer le retour à la piété attendu par l’Église, contribuèrent à éloigner les fidèles, désormais plus sensibles aux progrès du siècle qu’à la promesse d’une vie éternelle. Comme le rappelle Jean-Claude Farcy, « entre la Terre et le Ciel, les habitants d’Eure-et-Loir ont manifestement choisi la première »82.

  • 83 AD d’Eure-et-Loir, série V55, ministère de l’Instruction publique et des cultes, « Devis descriptif (...)
  • 84 La ligne de chemin de fer Paris-Chartres fut inaugurée le 5 juillet 1849.
  • 85 Alexandre Billard de Saint-Laumer avait été nommé maire de Chartres par Mac-Mahon le 2 février 1874 (...)
  • 86 AD d’Eure-et-Loir, série V55. « Œuvre du dégagement des abords de la cathédrale. Souscription spéci (...)

48Mais la cathédrale de Chartres ne fit jamais les frais de ce recul de la religion, au contraire. Elle devint au fil des ans un lieu d’attraction de plus en plus important. Le parvis fut réaménagé83, afin d’offrir aux visiteurs (pèlerins et touristes) toujours plus nombreux, un visage plus flatteur de la cité84. L’Église, inquiète de voir proliférer des touristes plus soucieux de curiosité artistique que de piété religieuse, tenta de reprendre la main, à la faveur des incertitudes politiques qui suivirent la chute du Second Empire. Le retour aux affaires en 1874 de l’ancien maire, Billard de Saint-Laumer, raviva ses espoirs85. Une pétition fut lancée, afin de financer l’aménagement de la rue qui menait à la cathédrale, car, pouvait-on lire, « le chemin de l’Église est une annexe de l’Église »86. Mais la victoire du camp républicain aux élections municipales d’août 1876 mit un terme au projet.

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Notes

1 Sayuri Kawase, Les charpentes métalliques des cathédrales au XIXe siècle (1836-1897) : à partir de l’exemple de la Cathédrale de Chartres. Le fer dans la restauration des architectures gothiques et le regard de la France sur la matière, thèse d’histoire de l’art sous la direction de Jean-Michel Leniaud soutenue le 23 février 2021 à l’École pratique des hautes études.

2 Disgrâce au demeurant toute relative, comme le démontre Sayuri Kawase dans sa thèse. En effet, Viollet-le-Duc lui-même succomba aux attraits du métal.

3 Les documents conservés aux archives départementales d’Eure-et-Loir apportent également un éclairage important sur les acteurs qui luttèrent contre le feu qui ravagea la cathédrale (les pompiers) et ceux qui œuvrèrent à sa restauration : ouvriers, architectes, clergé... De surcroît, la correspondance des préfets révèle l’importance que le pouvoir politique accordait aux réactions de l’opinion publique, réactions à la fois contrôlées et redoutées.

4 Cité par l’abbé Bulteau, Monographie de la Cathédrale de Chartres, Chartres, Société archéologique d’Eure-et-Loir, 1887, 2ème édition, 3 volumes, volume 1, p. 240-241.

5 Ibid. « En 1771, le Chapitre fit badigeonner sa cathédrale par les Milanais Borani ; de sorte que, depuis lors, murs, piliers, colonnes, chapiteaux, formerets, arcs-doubleaux, nervures, voûtes, tout est couvert d’une épaisse couche de badigeon beurre-frais ». Volume 1, p. 219. Notre-Dame de Paris avait subi un sort identique. Dans son article « Guerre aux démolisseurs » paru en 1832 dans la Revue des Deux Mondes, Victor Hugo écrivait : « À Paris...le vandalisme a badigeonné Notre-Dame ».

6 Françoise Choay, L’Allégorie du Patrimoine, Paris, Seuil, 1992, p. 92. Voir en particulier « l’Instruction sur la manière d’inventorier et de conserver, dans toute l’étendue de la République, tous les objets qui peuvent servir aux arts, aux sciences et à l’enseignement ». Texte proposé par la Commission temporaire des arts et adopté par le Comité d’Instruction publique de la Convention nationale, Paris, imprimerie nationale, an second de la République. Ce texte est attribué à Félix Vicq-d’Azyr, médecin et anatomiste.

7 « Note sur la destruction des monuments en France », 1825, préface de Notre-Dame de Paris, édition de 1832 et « Guerre aux démolisseurs », Revue des Deux Mondes, 1832.

8 Victor Hugo, « Guerre aux démolisseurs », Revue des Deux Mondes, 1832.

9 François Furet, La Révolution (1770-1880), de Turgot à Jules Ferry, Paris, Hachette, Histoire de France, 1988, p. 356.

10 Laurent Theis, « Guizot et les institutions de mémoire » dans Pierre Nora (dir.) Les Lieux de Mémoire, Tome II « La Nation », Paris, Gallimard, Bibliothèque illustrée des Histoires, 1986, p. 578-579.

11 Charles-Olivier Carbonell, « Guizot, homme d’État, et le mouvement historiographique français du XIXème siècle », Colloque François Guizot 1974, 22-25 octobre, Guizot et l’enseignement, Paris, Société de l’histoire du protestantisme français, 1976, p. 219 à 237.

12 Ludovic Vitet (1802-1873) : ce proche de Guizot fut l’un des fondateurs, en 1827, de la société « Aide-toi, le Ciel t’aidera » destinée à favoriser la victoire du parti libéral. Nommé inspecteur général des Monuments historiques en 1830, il céda sa place à Prosper Mérimée. En 1834, il fut élu député de la Seine-Inférieure.

13 André Fermigier, « Mérimée et l’Inspection des Monuments Historiques » dans Pierre Nora (dir.) Les Lieux de Mémoire, Tome II « La Nation », Paris, Gallimard, Bibliothèque illustrée des Histoires, 1986, p. 593-611.

14 Un projet de restauration avait vu le jour en 1829. Mais la chute de Charles X, l’année suivante, avait mis un terme au projet. L’incendie de 1836 allait rebattre les cartes. AD d’Eure-et-Loir, série V54, copie du rapport dressé en 1829 par l’architecte Charles Gourlier, architecte des Bâtiments civils.

15 Dominique Poulot, « L’archéologie de la civilisation », Colloque organisé par la fondation Guizot-Val Richer, François Guizot et la culture politique de son temps, Val Richer, 1987, Paris, Gallimard, 1991, p. 265-289, p. 283.

16 AD d’Eure-et-Loir, série 3U1/796, jugements correctionnels, tribunal de 1ère instance de Chartres, audience du 22 juin 1836. Louis Magdonal, âgé de 14 ans lors des faits, fut acquitté. Joseph Russily fut condamné à 60 francs d’amende et aux dépens.

17 Précis sur l’incendie de la cathédrale de Chartres, donné par M. Gabriel Delessert préfet du département d’Eure-et-Loir. Archives municipales de Chartres, série C 17 3, arrêtés du maire, 3ème registre, du 2 janvier 1826 au 3 avril 1837.

18 Ibid.

19 Ibid.

20 Ibid.

21 Honoré-Félix-André Lejeune, Historique de la cathédrale de Chartres, premier appendice, comprenant ses sinistres jusqu’à celui du 4 juin 1836 inclusivement, Chartres, Garnier, 1839, p. 52.

22 Archives municipales de Chartres, rapport du préfet Gabriel Delessert.

23 Il s’agit de Jean-Baptiste Sellèque rédacteur en chef et propriétaire du journal républicain, le Glaneur d’Eure-et-Loir.

24 Honoré Lejeune, op. cit., p. 53.

25 Rapport du préfet, Gabriel Delessert.

26 Ibid.

27 Honoré Lejeune, op. cit., p. 60.

28 Archives municipales de Chartres, arrêtés du maire, 3ème registre, du 2 janvier 1826 au 3 avril 1837.

29 Le sort de l’ouvrier charpentier, Julien Husson, fut tragique. Amputé de la jambe droite, à la suite d’un accident de travail, il ne survécut pas à ses blessures. « Il ne serait peut-être pas inexact de dire que l’incendie de la cathédrale est pour quelque chose dans son malheur : en effet, par suite de ce sinistre où il travaillait ardemment et dans des endroits où il était très exposé, comme commandant la pompe de Jouy, cet homme a passé les deux nuits du samedi et du dimanche, à travailler à la cathédrale, son ouvrage s’en sera trouvé arriéré d’autant et peut-être l’absence de sommeil, l’aura empêché de prendre les précautions nécessaires, pour éviter de se trouver atteint par les mécaniques de l’usine dans laquelle il travaillait les jours suivants ; le pied (a) été arraché » . AD Eure-et-Loir, série V75, lettre du maire de Fontaines au préfet en date du 17 juin 1836.

30 Le 14 février 1831, les légitimistes voulurent organiser un service funèbre à Saint Germain l’Auxerrois en mémoire du duc de Berry. Des émeutiers firent irruption. La croix de la façade fut détruite. Ils se dirigèrent ensuite vers Notre-Dame. Le mobilier de l’archevêché fut détruit. Le lendemain, les émeutiers s’attaquèrent au trésor de la cathédrale. Des vitraux furent brisés. Roger Limouzin-Lamothe, « La dévastation de Notre-Dame et de l’archevêché de Paris en février 1831 » Revue d’histoire de l’Église de France, tome 50, n° 147, 1964. pp. 125-134.

31 La Gazette de France, 7 juin 1836

32 L’évêque de Chartres avait démis de ses fonctions l’abbé Ledru, curé de Lèves, adepte de l’Église française. La foule raccompagna à Chartres son remplaçant nommé par l’évêque, envahit l’évêché et détruisit une partie des biens de l’évêque aux cris de « Vive le roi ». Une partie de la garde nationale rejoignit les émeutiers.

33 AD d’Eure-et-Loir, série V75, lettre de Mgr Clausel de Montals au préfet Gabriel Delessert en date du 21 juin 1836.

34 Ibid.

35 AD d’Eure-et-Loir, série V 63, lettre du ministre de la Justice au préfet en date du 10 août 1836.

36 Le Glaneur d’Eure-et-Loir, n° 29, 21 juillet 1836.

37 Article publié par l’abbé Sevrin dans le journal « La Vérité d’Eure-et-Loir » les 12 et 19 juin 1936 : « Un douloureux centenaire. L’incendie de la Cathédrale de Chartres le 4 juin 1836 ».

38 Il s’agit de l’architecte César Daly, disciple de Fourier et maître d’oeuvre de la restauration de la cathédrale d’Albi. Françoise Choay, « la Revue générale de l’Architecture et César Daly », dans Maurice Agulhon (dir.), Histoire de la France Urbaine, tome 4 « la ville de l’âge industriel », Paris, Seuil, 1983,p. 187 à 191.

39 Chambre des députés, procès-verbaux, 1836, « exposé des motifs et projet de loi tendant à ouvrir au Ministère des cultes un crédit de 400.000 francs, pour être affecté à la réparation de la cathédrale de Chartres » par M. Le Garde des Sceaux, séance du 10 juin 1836.

40 Ibid.

41 Ses membres étaient : MM. Paganel, Delaborde, Saint-Marc-Girardin, Aroux, d’Amilly, Adelphe Chasles, député-maire de Chartes, Mallet, François Delessert (frère du préfet d’Eure-et-Loir) et Ludovic Vitet. Le Glaneur d’Eure-et-Loir du 16 juin 1836. Tous étaient proches du pouvoir, à l’exception du député Aroux, qui s’était présenté comme indépendant.

42 Chambre des députés, projet de loi, séance du 23 mai 1837.

43 Rapport fait au nom de la Commission chargée d’examiner le projet de loi tendant à ouvrir au Ministère des cultes un crédit de 400.000 francs pour être affecté à la réparation de la cathédrale de Chartres par M. Vitet, député de la Seine-inférieure, Chambre des députés, session 1836, séance du 13 juin 1836.

44 Dans le rapport établi à la demande du Garde des Sceaux par les architectes François Debret, Jean-Jacques Huvé et Drillon, les auteurs affirmaient que « le comble incendié (est) sans intérêt ». AN, série F19 7677, rapport du 9 juin 1836.

45 Mgr Pie Notice historique concernant la sonnerie ancienne et moderne de l’église cathédrale de Chartres, 2ème édition, Chartres, Garnier, 1841, p. 22.

46 Le Glaneur d’Eure-et-Loir du 9 juin 1836. La datation de l’édifice posait un sérieux problème. Sellèque lui-même, pourtant féru d’histoire, décrivit la charpente comme une « œuvre merveilleux d’habileté et de patience, produit du onzième siècle ».

47 Ibid. Honoré Lejeune se rangea à cet avis. Il qualifia la charpente de « forêt merveilleuse », op. cit., p. 50. Dans une lettre adressée au ministre de la Justice, l’évêque de Chartres souligna que « sous le rapport de l’art, la charpente de l’église était un chef-d’œuvre ». Lettre du 6 juin 1836, AN, série F19 7677.

48 Victor Hugo « Guerre aux démolisseurs », Revue des Deux Mondes, 1832.

49 A cette heure, François Guizot était provisoirement retiré des affaires politiques. Il ne devait retrouver son portefeuille de ministre de l’Instruction Publique que le 6 octobre 1836.

50 « Rapport fait au nom de la Commission chargée d’examiner le projet de loi tendant à ouvrir au Ministère des cultes un crédit de 400.000 francs pour être affecté à la réparation de la cathédrale de Chartres » par Ludovic Vitet, député de la Seine-inférieure, Chambre des députés, session 1836, séance du 13 juin 1836. Pour L. Vitet, l’ogive représentait l’apothéose de l’art gothique, c’est-à-dire l’apothéose d’un art urbain, national, populaire, donc laïc. Viollet-Le-Duc développa ce point de vue : parce qu’il avait été conçu par des architectes issus du peuple, il incarnait le triomphe de la raison sur la théocratie symbolisée par les ordres monastiques. Voir Jean-Michel Leniaud, Viollet-Le-Duc ou les délires du système, Paris, Menges, 1994, p. 42 et suivantes.

51 Cette peur avait également été entretenue par la presse nationale qui, dans les jours qui suivirent l’incendie, avait annoncé que la cathédrale de Chartres était presque entièrement détruite. Voir Le Moniteur Universel du 6 juin, Le Constitutionnel du 7 juin, Le Journal des Débats et Le National du 6 juin. Comme le souligne Bertrand Lemoine, « la substitution du fer au bois dans les charpentes fut bien souvent décidée après de graves sinistres ». Bertrand Lemoine, L’architecture du Fer, France XIXème siècle , Coll. milieux, Champ Vallon, 1986.

52 Lettre à Adèle Hugo du 18 juin 1836.Victor Hugo, France et Belgique, Alpes et Pyrénées, Voyages et excursions, Œuvres complètes, Paris, Librairie Ollendorf, 1910, Tome 2., p. 6.

53 Chambre des députés, projet de loi, séance du 23 mai 1837.

54 AD d’Eure-et-Loir, série V75, « Cathédrale de Chartres. Devis approximatif du déblai à opérer sur les voûtes et galeries de la cathédrale ».

55 Le Glaneur d’Eure-et-Loir du 23 juin 1836.

56 Rapport fait au nom de la Commission chargée d’examiner le projet de loi tendant à ouvrir au Ministère des cultes un crédit de 400.000 francs pour être affecté à la réparation de la cathédrale de Chartres par M. Vitet, député de la Seine-inférieure, Chambre des députés, session 1836, séance du 13 juin 1836.

57 Le National du 30 juin 1836.

58 Les membres de cette commission étaient : le baron de Schonen, le colonel Paixhans, Poulle (Emmanuel), Génoux, Lemaire, Lerouge, Chasles, Salvage, Laurence. Tous appartenaient à la majorité au pouvoir, à l’exception des députés Genoux et Salvage, élus sous l’étiquette centre gauche. Salvage, cependant, ne tardera pas à rejoindre le camp orléaniste, dès novembre 1837, lors de la 4ème législature. Chambre des députés, session 1837, « Rapport fait au nom de la Commission chargée d’examiner le projet de loi relatif aux réparations de la Cathédrale de Chartres », séance du 17 juin 1837.

59 Ibid.

60 Après examen, il s’avéra que le zinc devait être posé selon le système dit de feuilles cannelées. Ce système, finalement très onéreux, fut abandonné. Le choix d’une couverture en cuivre s’imposa enfin. AD d’Eure-et-Loir, série V65, lettre du ministre de la Justice et des cultes au préfet du 23 août 1839.

61 Le Figaro et Le Constitutionnel du 28 juin 1837.

62 Aucune mention ne fut publiée dans Le Journal des Débats du 12 juillet, Le Constitutionnel et Le Moniteur, de leur côté, se contentèrent de publier les résultats du vote.

63 Bertrand Lemoine, L’architecture du Fer, France XIXème siècle , Coll. milieux, Champ Vallon, 1986.

64 AD d’Eure-et-Loir, série V 75. Lettre du préfet à l’entrepreneur Jules Renaux en date du 23 juillet 1836.

65 Charles Eck, Traité de l’application du fer, de la fonte et de la tôle dans les constructions civiles, industrielles et militaires, Paris, 1841. Le chapitre 1 du titre III est entièrement consacré à la restauration des combles de la cathédrale de Chartres.

66 La correspondance entre le préfet et le ministre de la Justice conservée aux archives départementales demeure, à cet égard, extrêmement révélatrice : il fallait veiller à ne pas froisser une opinion publique, toujours prompte à dénoncer l’incurie du gouvernement. Certains choix (la couverture provisoire en plomb posée en 1837 à la demande de l’évêque contre l’avis des architectes) seront faits uniquement pour désamorcer une possible critique. AD d’Eure-et-Loir, série V67, lettre du préfet au ministre de la Justice en date du 10 août 1837 et lettre du ministre de la Justice au préfet en date du 14 août 1837 : « Cette précaution quelque surabondante qu’elle puisse être, écrivit le Garde des Sceaux, paraît être réclamée par le public que les chutes d’eau qui se sont manifestées ont alarmé sur la conservation de l’édifice ».

67 Dans sa thèse, Sayuri Kawase soutient que l’architecte du département, Baron, fut, en réalité, l’auteur des différents projets soumis aux architectes du Conseil des Bâtiments civils. Théophile Mignon et Émile Martin furent les exécutants du projet final. Sayuri Kawase, op. cit.

68 Ces derniers eurent plus de chance ailleurs puisque leur projet (charpente métallique et couverture en cuivre) fut retenu par François Debret pour la restauration de la basilique de Saint-Denis.

69 De nombreux articles parus dans les Annales Archéologiques sous la plume d’Adolphe-Napoléon Didron et de l’archéologue Ferdinand de Guilhermy attaquèrent les choix effectués par F. Debret pour restaurer la basilique. La querelle reposait essentiellement sur les peintures faites à l’intérieur de la basilique. La question de la tour nord fit le reste. Debret démissionna en 1846 et fut remplacé par Viollet-le-Duc. Voir Jean-Michel Leniaud « Une simple querelle de clocher ? Viollet-le-Duc à Saint-Denis (1846) », Revue de l’Art, 1993, n° 101. p. 17-28.

70 « Saint Denis, restauration de l’église royale » par le baron de Guilhermy, Annales Archéologiques de 1844, p. 408-409.

71 Note rédigée en décembre 1849 (Archives Nationales, F19 7227), citée par Jean-Michel Leniaud Les cathédrales au XIXème siècle, Economica, 1993, p. 42.

72 Jean-Michel Leniaud rappelle que parfois certaines des observations formulées par Viollet-le-Duc à propos des travaux entrepris par Debret à Saint-Denis n’étaient pas systématiquement étayées par des observations faites sur site. Voir Jean-Michel Leniaud, « Ambitions et limites du rationalisme néo- gothique : les premiers travaux de Viollet-le- Duc à Saint-Denis (1846-1851) », Revue suisse d’art et d’archéologie, 1997.

73 Querelle qui opposa les partisans de l’architecture néo-classique (le Conseil des Bâtiments civils) aux partisans de l’archéologie médiévale (la Commission des Monuments historiques). Voir Jean-Michel Leniaud, Les Cathédrales au XIXe siècle, Economica, 1993, p. 38-40.

74 Arnaud Timbert a souligné combien le choix des matériaux effectués lors des travaux de restauration par Viollet-le-Duc était également motivé par des conditions pratiques parfois en opposition avec les affirmations du théoricien. Arnaud Timbert, « L’étude du chantier de restauration. Le cas de la Bourgogne et de Viollet-le-Duc », in Restaurer au XIXème siècle sous la direction de Bruno Phalip et Jean-François Luneau, Presses Universitaires Blaise Pascal, Coll. Histoires croisées, 2012.

75 Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l’architecture, « Restauration », 1866, cité par Arnaud Timbert, Viollet-le-Duc et Pierrefonds, histoire d’un chantier, Septentrion, p. 180.

76 Voir Sayuri Kawase, op. cit, chapitre IV, p. 231 et suivantes.

77 AD d’Eure-et-Loir, série V54, lettre du Garde des Sceaux au préfet du 6 novembre 1847.

78 Abbé Hamon, Notre-Dame de France ou Histoire du culte de la Sainte Vierge en France depuis l’origine du christianisme jusqu’à nos jours, Paris, 1861. L’abbé Sainsot et l’abbé Bulteau publièrent, de leur côté, des ouvrages historiques très documentés : Abbé Sainsot, La Cathédrale de Chartres pendant la Terreur, 1886, Chartres, imprimerie Garnier et Abbé Bulteau, Monographie de la Cathédrale de Chartres, Société archéologique d’Eure-et-Loir, 1887.

79 Le Glaneur d’Eure-et-Loir du 7 janvier 1847.

80 « Nous défendons à tous les prêtres approuvés de ce diocèse d’accorder l’absolution aux personnes, d’ailleurs fidèles à la Religion, qui poussés par une curiosité téméraire et coupable, se permettraient de lire Le Glaneur ou d’en conseiller la lecture ». Lettre pastorale de Mgr Clausel de Montals du 1er mars 1847, Chartres, Garnier imprimerie. Autres sujets de discorde entre le journal et l’évêché : le repos dominical et les ressources de l’Église.

81 Le Glaneur d’Eure-et-Loir du 7 janvier 1847. L’article était signé par KO, membre de la Société de l’Histoire de France. Il s’agirait de A.S. Morin, auteur en 1872 d’un ouvrage intitulé le Prêtre et le Sorcier, statistique de la superstition, dans lequel il reprendra toutes les théories exposées dans l’article du Glaneur.

82 Jean-Claude Farcy, La Terre et le Ciel. Croyances populaires, Église et État en Eure-et-Loir au XIXème siècle, CDDP 28, 1988, p. 10.

83 AD d’Eure-et-Loir, série V55, ministère de l’Instruction publique et des cultes, « Devis descriptif des travaux de grosses réparations à exécuter en 1856 ».

84 La ligne de chemin de fer Paris-Chartres fut inaugurée le 5 juillet 1849.

85 Alexandre Billard de Saint-Laumer avait été nommé maire de Chartres par Mac-Mahon le 2 février 1874. Il démissionna le 6 juin 1876. Voir Roger Joly, « Petite histoire des maires de Chartres depuis 1789 », Bulletin des Sociétés archéologiques d’Eure-et-Loir, n° 24, 111ème année, 1er trimestre 1967, 86 p.

86 AD d’Eure-et-Loir, série V55. « Œuvre du dégagement des abords de la cathédrale. Souscription spéciale pour ouvrir une rue large et spacieuse depuis l’Évêché jusqu’à la Préfecture et réunir ensemble les rues du Cheval-Blanc et de l’Étroit-Degré ». Cette nouvelle rue devait porter le nom du seul roi sacré à Chartres, Henri IV. À l’heure où les monarchistes tentaient de rappeler le comte de Chambord, cette appellation n’était pas le fruit du hasard.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Claire Depambour, « Restaurer, conserver, préserver : incendie et restauration de la cathédrale de Chartres (1836-1840) »Revue d’histoire culturelle [En ligne], 6 | 2023, mis en ligne le 08 juillet 2023, consulté le 16 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/rhc/6115 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rhc.6115

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Auteur

Claire Depambour

Docteure en histoire de l’université Paris VII, Claire Depambour a soutenu en 1993 une thèse sous la direction de Michelle Perrot intitulée « Un département exemplaire : grandeurs et misères de la réforme carcérale en Seine-et-Oise (1870-1914) ». Elle a collaboré au séminaire de recherches sur la Prison Républicaine dirigé par Michelle Perrot et Robert Badinter à l’École des Hautes Études en Sciences sociales de 1986 à 1990. Ses travaux de recherches portent sur l’incendie de la cathédrale de Chartres, en 1836, et les enjeux politiques de sa restauration.depambour.claire@laposte.net

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