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Texte intégral

1Ce colloque qui s’est tenu au musée Train World à Bruxelles, le 24 mai 2018, constitue le dernier événement du programme de recherche « Vingt années sous la Manche, et au-delà ? ». Le lieu choisi est riche de significations. Le programme est en effet souvent présenté, à tort, comme essentiellement franco-britannique ; or le projet transmanche est, depuis son origine, également un projet belge. Le tunnel n’arrive certes pas sur le territoire belge, mais les services qui ont justifié la construction de cet ouvrage, qui ont participé à son plan d’affaires et qui ont permis de boucler, du moins en théorie au départ, le tour de table financier permettant la construction du tunnel, incorporaient dès l’origine des services impliquant les chemins de fer belges. L’aventure du transmanche est bien une aventure de trois pays : la Grande-Bretagne, la France et la Belgique, même s’il était prévu dès l’origine quelques extensions vers l’Allemagne et les Pays-Bas. La présence des partenaires belges a toujours été d’une grande importance.

2Il y a plus de trois ans, Rails & histoire, avec Laurent Bonnaud et Marie-Noëlle Polino, a pensé qu’il était bon de commencer, vingt ans après l’ouverture du tunnel, et beaucoup plus que vingt ans après l’amorce des réflexions et des travaux de préparation du plus grand chantier d’infrastructure à l’époque, d’entamer un premier programme de recherches historiques, en espérant que ces premiers travaux donneront des idées à d’autres chercheurs. C’est un moment où la mémoire opérationnelle n’est pas entièrement perdue, un moment où beaucoup d’acteurs sont encore présents et peuvent témoigner dans le cadre de recherches historiques, ou dans le cadre d’archives orales, de ce qui s’est produit, un moment où certains peuvent nous léguer des fonds d’archives ou avoir l’idée de les conserver ; on sait que souvent, ces documents précieux pour les historiens peuvent se disperser. À cet égard je voudrais citer l’un de nos soutiens pour ce programme : monsieur Christian Cambier qui, non seulement nous a soutenus financièrement mais qui nous a, en outre, légué des cartons d’archives personnelles sur le tunnel. C’est un moment aussi où l’exploitation du tunnel, sa mise en service, sont sorties des polémiques, des débats et ont été restructurées. Nous pouvons donc nous intéresser à un sujet déjà mûr et mature. Enfin, nous sommes encore dans une période où les enseignements de l’aventure du tunnel sous la Manche, aussi bien la partie infrastructure que les parties service de transport, peuvent être riches d’enseignements pour d’autres projets qui sont en train de voir le jour : les dessertes vers l’Espagne, le Lyon-Turin ou de nombreux autres grands projets ferroviaires. Évidemment dans notre réflexion historique et sur l’à propos de cette réflexion, nous n’avions pas imaginé qu’un autre événement viendrait donner encore un peu plus de relief à notre réflexion et d’incitation à la méditation sur les effets limités des systèmes de transport sur les relations entre les peuples et les nations : le Brexit. Laurent Bonnaud avait été bien avisé d’ajouter « Et au-delà ? » dans les termes du programme de recherche.

3Les intervenants de ce colloque viennent d’horizons divers, portent des regards de disciplines multiples, suivant en cela le souhait initial du programme qui était de ne pas en faire un programme strictement historique, car nous pensons que la réflexion sur les transports fait appel à de nombreux domaines des sciences sociales. Ce programme a été piloté dans cette approche transnationale et pluridisciplinaire par un comité scientifique composé de six membres éminents : Christian de Boissieu, Helen Drake, Terence Gourvish, Émile Quinet, Roger Vickermann et Pauline Schnapper. Il n’aurait par ailleurs pas été possible sans le soutien de généreux mécènes : les ambassades du Royaume-Uni à Paris et de France à Londres ont accueilli des manifestations et ont permis de lancer ce programme sur des bases solides, la Maison des sciences de l’homme et de la société de Lille a accueilli le premier colloque, l’Université européenne du Kent, à Cantorbéry, l’Université Brunel à Londres nous ont aussi accueillis pour des colloques ; les sociétés Eurostar, Bouygues et Vinci qui se sont souvenu de leur rôle dans la construction de cet ouvrage et de leur intérêt renouvelé pour les concessions ferroviaires ainsi que la société KPMG qui a vu dans l’histoire du tunnel une source d’enseignement pour les réflexions sur le financement de projet aujourd’hui ; le cabinet Rise Conseil et Christian Cambier. Grâce au soutien de l’ensemble des partenaires, grâce à la mobilisation des chercheurs et des enseignants, ce programme « Vingt années sous la manche, et au-delà ? » aura amorcé un courant de réflexions et de travaux sur ce très ambitieux projet et cette très grande réalisation, politique d’abord, technique et opérationnelle ensuite.

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Pour citer cet article

Référence papier

David Azéma, « Avant-propos »Revue d’histoire des chemins de fer, 52 | 2019, 9-11.

Référence électronique

David Azéma, « Avant-propos »Revue d’histoire des chemins de fer [En ligne], 52 | 2019, mis en ligne le 01 avril 2022, consulté le 29 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/rhcf/2437 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rhcf.2437

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Auteur

David Azéma

Président de Rails & histoire
contact[at]ahicf.com

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Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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