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Avant-propos : Vingt années sous la Manche, et au-delà ?

Foreword: twenty years under the channel and beyond?
David Azéma
p. 17-20

Texte intégral

  • 1 Ce système de transport unique au monde combine les plus longs tunnels sous-marins réalisés, des in (...)

1Le 11 juin 2014, à l’occasion du 20e anniversaire du tunnel sous la Manche, Rails & histoire a lancé un projet de recherche novateur à l’ambassade de Grande-Bretagne à Paris : Vingt années sous la Manche, et au-delà ? Il avait pour objet le système ferroviaire transmanche Paris-Londres-Bruxelles, pris au sens le plus large1 et, pour propos, de restituer la mémoire industrielle d’un grand projet transnational et de tous ses acteurs, et d’en tirer les enseignements pour les grandes infrastructures. Celles-ci sont, dans tous les pays, un enjeu majeur du xxie siècle, et l’histoire est importante pour la bonne compréhension des grands projets et pour éviter la répétition d’erreurs passées. Nous avions donc une opportunité unique d’étudier non seulement un projet exceptionnel, qui représente le plus grand financement de projet jamais réalisé en Europe, mais aussi les effets du changement le plus significatif de la géographie de notre continent.

2Le moment était propice : après des débuts difficiles, la liaison ferroviaire transmanche atteignait sa maturité. Le recul de deux décennies était adéquat pour dresser un premier bilan et pour solliciter la mémoire des acteurs du projet. Développé sur 2015 et 2016, le travail de recherche coïnciderait avec le 30e anniversaire du traité de Cantorbéry, signé en février 1986 entre Margaret Thatcher et François Mitterrand, qui avait permis le démarrage du projet.

3Le programme avait trois objectifs dès son lancement :

  • établir l’état des connaissances sur la liaison fixe transmanche : expériences, expertises, sources écrites et mémoire orale ;

  • en mesurer les réalisations à l’échelle régionale, nationale et européenne ; expliquer les écarts avec les hypothèses à l’origine du projet ;

  • en tirer les enseignements pour l’avenir, notamment pour le financement et l’exploitation des grands systèmes de transport.

4En présence de l’ambassadeur, S.E. Sir Peter Ricketts, le professeur Terence Gourvish, de la London School of Economics, auteur de l’histoire officielle du tunnel sous la Manche, a exposé les grandes lignes du programme. Jacques Gounon, président d’Eurotunnel, et Nicolas Petrovic, directeur général d’Eurostar, ont défini les premiers enseignements que l’histoire de la liaison ferroviaire transmanche offre aux acteurs d’aujourd’hui, lors d’un débat animé par Christian de Boissieu, professeur à l’université de Paris 1-Panthéon-Sorbonne.

5L’enjeu n’était pas seulement d’écrire l’histoire récente du plus grand projet d’infrastructure européen et d’en perpétuer la mémoire. Il était aussi, comme l’a précisé Christian de Boissieu, de nourrir la prospective et de tirer les nombreuses leçons de la construction et du financement de la liaison ferroviaire transmanche pour les infrastructures de demain : elles sont un enjeu majeur de croissance et de développement.

6Pour écrire cette histoire singulière et pour mener à bien ce travail de prospective, un solide encadrement scientifique, international et pluridisciplinaire, s’imposait. Il se devait de créer un dialogue à tous les niveaux entre acteurs et scientifiques, et de privilégier les visions croisées entre le Royaume-Uni et la France. Un conseil de six membres éminents a été constitué :

  • professeur Christian de Boissieu, université de Paris 1-Panthéon-Sorbonne : économie, histoire financière ;

  • professeur Helen Drake, Loughborough University : civilisation française et européenne ;

  • professeur Terence Gourvish, London School of Economics and Political Sciences : histoire économique ;

  • professeur Émile Quinet, École des Ponts-Paris Tech : économie des transports ;

  • professeur Pauline Schnapper, université de Sorbonne Nouvelle-Paris 3 : civilisation britannique ;

  • professeur Roger Vickerman, University of Kent : économie régionale et européenne, économie des transports.

7Le public présent lors du lancement reflétait la pluralité souhaitée par les initiateurs du programme Vingt années sous la Manche, et au-delà ? : chefs d’entreprises et acteurs du transport et de l’aménagement, des finances et de l’économie, d’une part, et chercheurs, analystes, universitaires, d’autre part. De nombreux acteurs de l’histoire de la liaison ferroviaire transmanche sont également venus apporter leur témoignage.

8Le programme a été mené à bien depuis, sous la coordination de Laurent Bonnaud, historien économiste, et de Marie-Noëlle Polino, puis de Sébastien Barbe, délégués généraux de Rails & histoire. Ce volume en rassemble les principaux acquis, tandis que le site de Rails & histoire2 en documente l’intégralité : communiqués de presse, appels à proposition, programmes, dossiers des colloques et restitutions écrite et sonore des communications. Le site du projet Mémoire orale de l’industrie et des réseaux3, quant à lui, restitue les entretiens réalisés avec les grands témoins de la liaison ferroviaire transmanche.

9Il n’aurait pas été poursuivi sans le soutien constant et multiple de ses partenaires : accueil des manifestations, accompagnement logistique, mécénat financier, dons d’archives, interventions aux colloques et participation à la campagne de mémoire orale. Les ambassades du Royaume-Uni à Paris et de France à Londres, la Maison Européenne des Sciences de l’Homme et de la Société (MESHS) de la ville de Lille, l’université européenne du Kent à Cantorbéry et l’université Brunel de Londres nous ont ainsi accueillis, à tour de rôle, dans des lieux symboliques de l’histoire de la liaison ferroviaire transmanche, avant que le musée Train World de Bruxelles ne mette à disposition la salle des pas perdus de l’ancienne gare de Schaerbeek pour le colloque de clôture, placé sous le haut parrainage de l’ambassade de France en Belgique. Les sociétés Bouygues, Eurostar et Vinci ont été les partenaires de ces événements. Rise Conseil et Monsieur Christian Cambier, en qualité de partenaires Étoile du Nord (2016‑2017 et 2014‑2016), KPMG, en qualité de partenaire Golden Arrow (2014‑2015), ont soutenu l’ensemble du programme.

10Grâce au soutien de ces partenaires, le programme Vingt années sous la Manche, et au-delà ? a rassemblé sur une plate-forme unique trois ans de travaux et d’expertises pluridisciplinaires et internationales. Que tous soient remerciés ici pour leur engagement et leurs contributions, sans lesquels ces travaux n’auraient pu être conduits.

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Notes

1 Ce système de transport unique au monde combine les plus longs tunnels sous-marins réalisés, des infrastructures et services ferroviaires pour le fret et la grande vitesse couvrant aujourd’hui quatre pays européens, et une innovation remarquable : les navettes ferroviaires pour véhicules routiers.

2 www.ahicf.com

3 www.memoire-orale.org

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Pour citer cet article

Référence papier

David Azéma, « Avant-propos : Vingt années sous la Manche, et au-delà ? »Revue d’histoire des chemins de fer, 48-49 | 2018, 17-20.

Référence électronique

David Azéma, « Avant-propos : Vingt années sous la Manche, et au-delà ? »Revue d’histoire des chemins de fer [En ligne], 48-49 | 2018, mis en ligne le 01 avril 2022, consulté le 12 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/rhcf/2668 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rhcf.2668

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Auteur

David Azéma

Président de Rails & histoire
contact[at]ahicf.com

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