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« La vérité est qu’on ne sait plus que devenir ». Années 1890, années néo-chrétiennes

“The truth is that we no longer know what to become”. The 1890s, neo-Christian years
Sylvain Milbach
p. 485-517

Résumés

La dénomination « néo-christianisme » connut dans la France des années 1890 un vrai succès « médiatique », de courte durée (1890‑1894) certes, mais de forte intensité. Les néo-chrétiens voyaient dans l’Évangile, interprété indépendamment des dogmes, le moyen de donner sens à une morale du dévouement susceptible d’accompagner l’affirmation de la démocratie, en encadrant l’essor de l’individualisme et du matérialisme. S’il fut une réponse à une conjoncture, celle du recul de l’empire du positivisme, s’il fut une manifestation d’interrogations protéiformes à l’heure de la laïcité triomphante, il mérite aussi d’être analysé comme une variante du sentiment religieux du xixe siècle : il a été peut-être son ultime quête d’un magistère spirituel qui cherchait, dans un sentiment religieux renouvelé, les moyens d’une réponse à la « question sociale ».

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Plan

Origines et réceptions du néo-christianisme
Les inspirateurs
Un phénomène médiatique
Néo-christianisme et catholicisme
Un nouvel âge du christianisme
Une hétérodoxie à ménager
Radiographie du néo-christianisme
Un « christianisme intérieur »
Le positivisme, voie sans issue
Une morale à refonder

Aperçu du texte

« Notre mal est de nous sentir moins homme qu’on ne l’était il y a soixante ans. L’humanité souffre de son arrêt de croissance », écrit Paul Desjardins en 1892. Soixante ans…, c’était ramener ses contemporains aux années 1830, à l’heure de la victoire politique du libéralisme, de la naissance de la « question sociale » et au « temps de prophètes ». Ceux-là entendaient concilier l’avènement des libertés de l’individu et la cohésion de l’édifice social. La figure du Christ était tutélaire pour une partie d’entre eux : dans la presse d’alors, on parla de « néo-chrétiens ». C’est ce même Desjardins qui contribua, au tout début des années 1890, à ressusciter cette dénomination qui semble servir à désigner des configurations croyantes qui échappent au prescrit des Églises. Elle revêtit dans ces deux moments le même caractère : elle signalait une religiosité vague, de tendance hétérodoxe, un « état d’esprit » ou, comme cela a été beaucoup dit dans les années 1890, un « état d’âme ». Cette ...

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Pour citer cet article

Référence papier

Sylvain Milbach, « « La vérité est qu’on ne sait plus que devenir ». Années 1890, années néo-chrétiennes »Revue de l’histoire des religions, 3 | 2023, 485-517.

Référence électronique

Sylvain Milbach, « « La vérité est qu’on ne sait plus que devenir ». Années 1890, années néo-chrétiennes »Revue de l’histoire des religions [En ligne], 3 | 2023, mis en ligne le 04 janvier 2026, consulté le 30 novembre 2023. URL : http://journals.openedition.org/rhr/12683 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rhr.12683

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Auteur

Sylvain Milbach

Université de Savoie Mont Blanc
Sylvain.Milbach[at]univ-smb.fr

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Droits d’auteur

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